Économie verte

Les installations de Productions Horticoles Demers à Lévis, photographiées mardi

30 mars 2021 13h24 Mis à jour à 18h05

Une nouvelle serre de 70 M$ pour Productions Horticoles Demers [PHOTOS]

Jean-François Tardif

Le Soleil

C’est à Lévis que l’on retrouvera bientôt l’une des plus grandes serres de fruits et légumes au Québec. Les Productions Horticoles Demers ont annoncé la construction d’une nouvelle aire de production d’une superficie de 15 hectares qui permettra à l’entreprise de plus que doubler sa production. Le projet, d’une valeur de 70 millions $, permettra la création de 150 emplois.

«Cette nouvelle serre sera à la fine pointe de la technologie et elle nous permettra d’offrir une plus grande diversité de produits», a mentionné M. Jacques Demers, président-directeur général des Productions Horticoles Demers. «Nous y produirons des tomates, des concombres, des poivrons et des aubergines, des produits frais, goûteux et variés, et ce 12 mois par année.

«Grâce à cette nouvelle serre, nous serons maintenant en mesure d’offrir plus de 175 millions de portions de fruits et de légumes aux Québécoises et aux Québécois chaque année, soit l’équivalent de leurs besoins pour 20 jours (10 portions de fruits et de légumes de 100 g par jour) dans l’année. Plus que jamais les Québécois qui achèteront des légumes pourront faire rouler l’économie d’ici. C’est aussi un pas vers l’autonomie alimentaire. Les Québécois veulent manger des produits d’ici et nous sommes fiers de leur offrir davantage de ces produits.»

De gauche à droite : le président-directeur général des Productions Horticoles Demers, Jacques Demers, le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, et le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, en conférence de presse, mardi

Le Soleil, Patrice Laroche

Le président-directeur général de l’entreprise lévisienne a ajouté que choisir les fruits et les légumes Demers, c’était aussi faire un choix environnemental. Grâce à l’hydroélectricité du Québec Les Productions Horticoles Demers profiteront d’une énergie renouvelable à faible émission de carbone qu’elles transformeront en aliments frais, nutritifs et de qualité pour approvisionner les familles québécoises durant les mois froids de l’année. Une responsabilité que la famille Demers est fière de remplir.

«Avec nos installations de Lévis et de Drummondville, nous réduisons l’importation de produits qui ont très souvent voyagé sur des milliers de kilomètres avant d’arriver sur les tablettes de nos épiceries. L’investissement d’aujourd’hui nous permettra d’offrir encore plus de produits Demers dans les supermarchés québécois et de diminuer l’empreinte carbone à cause de la proximité des marchés.»

Le Soleil, Patrice Laroche

C’est grâce à la participation financière de plusieurs partenaires que Les Productions Horticoles Demers ont pu aller de l’avant avec leur projet. L’entreprise lévisienne a reçu deux prêts remboursables avec intérêt du gouvernement provincial. Un premier par l’entremise d’Investissements Québec de 25,1 millions $ du ministère de l’Économie et de l’Innovation et un second de 5 millions $ d’investissement Québec par le biais de ses propres fonds. S’ajoute une subvention de 2, 5 millions $ de Transition Énergétique Québec. Le Fonds de solidarité FTQ (7,5 millions $), Desjardins Capital (3,7 millions $) et Capital Financière Agricole Inc. (1,1 million $) se sont aussi impliqués financièrement dans le projet. Une fois le complexe de serres en activité, le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation versera une subvention pouvant atteindre un montant maximal de 23,1 millions $ sous la forme d’un rabais d’électricité pour la période allant de 2022 à 2030.

«En plus de générer des retombées économiques considérables pour la région de la Chaudière-Appalaches et le Québec, le nouveau complexe de serre diminuera notre dépendance aux importations de légumes frais», a analysé Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’innovation. «Ce projet rejoint également la volonté du gouvernement du Québec de doubler la superficie de culture en serre pour permettre aux Québécois d’avoir accès à des fruits et des légumes locaux à l’année et augmenter notre autonomie alimentaire. L’appui gouvernemental que nous annonçons viendra consolider nos efforts visant à favoriser la production locale et l’achat québécois au sein du secteur bioalimentaire.»

Prête à l’automne

Fondée il y a plus de 60 ans à Saint-Nicolas par André et Yolande Demers, les Productions Horticoles Demers est une entreprise familiale à propriété 100 % québécoise de troisième génération. Spécialisée dans la culture de légumes en serres, elle cultive aussi pendant la période estivale des fraises, des framboises et des mures. Avant de se lancer dans la construction de leur nouvelle serre, Les Productions Horticoles Demers pouvaient compter à Lévis et Drummondville sur des installations totalisant 12,5 hectares. L’entreprise produisait annuellement 7500 tonnes de fruits et de légumes et offrait de l’emploi à 300 travailleurs pendant la haute saison, soit du mois d’avril au mois de novembre.

Le Soleil, Patrice Laroche

C’est à l’automne que la construction de la nouvelle serre des Productions Horticoles Demers sera complétée. Elle sera construite avec des matériaux de qualité supérieure, notamment en ce qui a trait au verre qui permet de laisser pénétrer la lumière naturelle, et elle profitera d’équipements de haute performance afin de minimiser les pertes de chaleur. Elle utilisera aussi des technologies de pointe pour la production durant les mois d’hiver grâce à l’utilisation de l’hydroélectricité du Québec.

Cet amalgame de technologies jumelé à l’expertise de Demers au cours des 30 dernières années permettront à l’entreprise d’offrir des produits frais, de grande qualité et à un prix compétitif.

«C’est une nouvelle étape que nous franchissons dans la croissance de notre entreprise familiale, une des plus grandes entreprises de production en serres au Québec», a conclu M. Jacques Demers.

Le Soleil, Patrice Laroche
https://www.lesoleil.com/affaires/une-nouvelle-serre-de-70-m-pour-productions-horticoles-demers-photos-a8417a06ecf16542ff25bed0e6cedf98

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La fibre d’asclépiade devient Vegeto

La plante asclépiade, surnommée la soie d’Amérique, est transformée en fibre textile dans des locaux d’Eko-Terre, à Cowansville. « C’est le futur dans la façon de faire du textile. Je crois fermement que l’asclépiade, c’est la fibre de l’avenir », dit Ghislain Bouchard, directeur général de la compagnie.

2 avril 2021 3h00 Mis à jour à 4h19

Billie-Anne Leduc

La Voix de l’Est
Qu’est-ce qui est léger, résistant, chaud et biodégradable ? La fibre Vegeto, le produit isolant d’Eko-Terre, fabriqué à base de plantes d’asclépiade, est enfin prêt à la mise en marché. Non seulement celui-ci fera rayonner le Québec à travers le monde, mais il protégera aussi l’environnement, de par son origine 100 % naturelle, croit Ghislain Bouchard, directeur général de la division asclépiade de l’entreprise.

L’industrie du textile est une des plus polluantes, explique d’emblée M. Bouchard, qui se concentre depuis deux ans sur le développement de Vegeto, la fibre étant au point depuis le mois de janvier.

« De plus en plus, la tendance dans la production est d’éliminer les gaz à effet de serre et d’avoir des produits naturels et biodégradables. C’est le futur dans la façon de faire du textile. Je crois fermement que l’asclépiade, c’est la fibre de l’avenir. »

Tout un processus est nécessaire à la transformation de la plante, dont la forme finale peut servir à isoler les manteaux, sacs de couchage, couettes ou vêtements de plein air.

La Voix de l’Est, Alain Dion

Ce serait, aux dires de M. Bouchard, le seul produit de ce genre fabriqué dans la région, bien que d’autres entreprises à travers le Québec y travaillent également, notamment la Coopérative Monark, qui regroupe entre autres des producteurs en Mauricie et dans le Bas-Saint-Laurent.

Léger (et naturel) comme une plume

Tout un processus est nécessaire à la transformation de la plante (lire encadré), dont la forme finale peut servir à isoler les manteaux, sacs de couchage, couettes, vêtements de plein air, etc. Cinq ou six acheteurs ont déjà manifesté leur intérêt pour le Vegeto, dont la compagnie de vêtement extérieur Atypic, Éco & Éco et la Garde côtière canadienne, selon M. Bouchard.

L’isolation fonctionne avec l’air et la densité, explique celui qui œuvre dans le textile depuis près de quarante ans, ayant entre autres été enseignant dans le domaine pendant 15 ans au Cégep de Saint-Hyacinthe.

« C’est le futur dans la façon de faire du textile. Je crois fermement que l’asclépiade, c’est la fibre de l’avenir. »

— Ghislain Bouchard, DG d’Eko-Terre à Cowansville

En 2019, Louis Bibeau, propriétaire d’Eko-Terre, a racheté l’entreprise en faillite Monark Éco Fibre (Granby) et s’est affairé à développer son expertise et ses équipements, dont la plupart ont été « faits maison ». « Pour travailler ce produit, ça prend beaucoup de passion », soutient Ghislain Bouchard, qui travaille aux côtés de quatre employés.

« J’ai toujours eu cette souche de textile là en moi et cette passion de réaliser ce qui selon moi était le plus beau projet au Québec dans les années 2015. J’ai vu l’évolution et la détérioration. Je me disais qu’on ne pouvait pas laisser aller un projet comme celui-là. »

Eko-Terre achète de l’asclépiade, l’emblème floral de Granby, d’une vingtaine de producteurs à travers le Québec. En 2020, elle s’en est procuré trois tonnes.

123RF

Eko-Terre est une compagnie spécialisée dans la production de fibre végétale, dont l’asclépiade et le chanvre qui est quant à lui produit à partir des installations de Sherbrooke. Louis Bibeau « croit à la l’importance de la biodégradabilité des fibres », affirme M. Bouchard.

Penser local

Le DG de la division asclépiade est d’avis qu’une éducation au consommateur est nécessaire, à savoir, qu’il « ne faut pas avoir peur de la nouveauté » quand il est question d’acheter un produit. « Souvent, les gens rachètent ce qu’ils connaissent déjà, sans oser essayer autre chose. Moi je dis, venez nous rencontrer, essayez notre produit, et vous verrez. »

« De plus en plus, on devrait penser et réagir localement. Les gens qui achètent local, ça aide beaucoup de gens à s’épanouir. »

Les grands rouleaux de trente mètres, bien que très légers, occupent beaucoup d’espace.

La Voix de l’Est, Alain Dion

Pour la suite, il s’agit de « se faire connaître », et de réorganiser le plancher des locaux de Cowansville, puisque les grands rouleaux de trente mètres, bien que très légers, occupent beaucoup d’espace.

« On espère que les gens verront comme moi tout le nouveau potentiel qu’on a là. »

+

DE LA PLANTE AU MANTEAU

La Voix de l’Est a visité les locaux d’Eko-Terre, à Cowansville, où se trouvent des dizaines de rouleaux de trente mètres de Vegeto, fin prêts à la vente.

La Voix de l’Est, Alain Dion

De la plante au produit isolant, tout un processus est nécessaire, qu’Eko-Terre a développé à coups d’essais-erreurs, de recherches et d’inventivité. Eko-Terre achète de l’asclépiade — l’emblème floral de Granby — d’une vingtaine de producteurs à travers le Québec. En 2020, elle s’en est procuré trois tonnes.

Production de la fibre textile

D’abord, l’asclépiade est passée dans un extracteur. « On n’en garde environ que 20 %, il reste 80 % de matières résiduelles », explique Ghislain Bouchard, directeur général de la division asclépiade d’Eko-Terre. La fibre étant volatile, une machine la mélange par la suite à du PLA (acide polylactique), qui est à base de fibres de maïs, toujours dans le but d’avoir un produit 100 % naturel.

Ensuite, le tout passe au « cardage », qui consiste à démêler et à aérer les fibres textiles. Pour finalement terminer sa tournée dans un étaleur-nappeur, puis au four. Quelques techniciens travaillent à la transformation, dont Stan van Doorn, qui était à l’œuvre lors du passage de La Voix de l’Est. Cette fibre, contrairement à l’amiante par exemple, n’est pas dangereuse pour l’humain, assure M. Bouchard.

Le produit peut être de différentes « épaisseurs », soit 100 g, 150 g, 200 g et 250 g, allant du moins au plus isolant. Par exemple, le 250 g est ce qu’on retrouve dans les manteaux destinés aux employés de la Garde côtière, et le 100 g peut aller dans les mitaines.

https://www.lesoleil.com/affaires/la-fibre-dasclepiade-devient-vegeto-b277caf08ef272d82887a1bd1d8d4dde

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Aérospatiale Carburant « vert » : une première usine bientôt en service à Montréal-Est

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Une première usine « verte » commencera à produire du carburant « vert » à Montréal-Est en juillet prochain. Un projet d’avenir, selon Jean Paquin, PDG de SAF+ Consortium.

Produire une énergie « verte » en recyclant les émanations de C02 provenant des cheminées des grands émetteurs industriels : l’idée fait du chemin au Québec, à tel point qu’une première usine entrera en production en juillet prochain à Montréal-Est, dans le secteur des raffineries.

Publié le 10 mai 2021 à 9h00

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Yvon Laprade Yvon Laprade
Collaboration spéciale

« On pense que c’est l’avenir, le carburant synthétique, affirme Jean Paquin, PDG de SAF+ Consortium. C’est la voie à emprunter, dans le secteur de l’aviation, si on veut réduire les émissions de gaz à effet de serre de façon substantielle. »

Il précise sa pensée : « Le carburant synthétique laisse une empreinte carbone jusqu’à 80 % inférieure à celle du carburant traditionnel, le jet fuel de type A. Ce n’est pas rien. »

Un immense potentiel

L’ingénieur de 54 ans ne cache pas son enthousiasme face à ce projet innovant, en droite ligne avec les objectifs que se sont fixés les partenaires de l’entreprise qui misent sur cette technologie « améliorée » pour faire une percée dans la production d’une énergie non polluante.

Il souligne au passage que le consortium est soutenu par des acteurs importants : Air Transat, Aéroports de Montréal et Hydro-Québec, la société d’État ayant décidé d’agir à titre d’observatrice au sein du comité de développement.

« Nous avons une mission commerciale et nous l’assumons, dit-il. Notre intention est de produire du carburant propre en quantités industrielles pour nos clients, avec trois ou quatre usines. »

Production anticipée (en litres) par usine

2025 : 3 millions

2030 : 30 millions

Source : SAF+ Consortium

Nouvelles approches

Il est déjà prévu qu’Air Transat, « partenaire d’affaires » du consortium, achète du carburant synthétique de la nouvelle usine afin de réduire sa consommation de kérosène dans ses appareils.

« Nous avons signé un contrat avec eux [en mars 2020], tout juste avant la pandémie [qui a cloué les avions au sol] », signale Jean Paquin.

D’ailleurs, il ne manque pas de rappeler que la crise sanitaire a amené un important questionnement au sein des grands acteurs de l’industrie.

La pandémie a permis de prendre un pas de recul, pour ainsi dire ‟fermer les moteurs”, pour mieux réfléchir à la suite des choses. C’est un fait que le secteur de l’aviation devra ‟décarboniser” son secteur, y aller de nouvelles approches, préconiser de nouvelles stratégies.

Jean Paquin, PDG de SAF+ Consortium

Miser sur l’Est

À Montréal-Est, la nouvelle usine captera les émissions polluantes de ParaChem, qui émet plus de 100 000 tonnes d’équivalent CO2 par année.

« Nous misons sur l’est de Montréal pour mener à terme nos projets, souligne-t-il. C’est là que se trouvent les infrastructures [lire : les industries émettrices de CO2 en très grande quantité] dont on a besoin pour nos opérations, tant sur le plan énergétique que pour l’accès aux matières premières. »

Chose certaine, le président de SAF+ Consortium ne manque pas d’ambition. Et il ne voit pas « pourquoi on ne ferait pas du Québec un pionnier dans le carburant durable ».

« On nous regarde d’un bon œil au gouvernement et il y a toute une économie qui se développe autour de cela », fait-il valoir.

Une bonne nouvelle pour la petite équipe de sept employés, parmi lesquels des ingénieurs qui ont fait carrière dans le secteur de l’aviation et de l’énergie éolienne.

« On est au bon endroit, résume Jean Paquin, ingénieur hydraulique. L’énergie renouvelable, c’est notre terrain de jeu, on a l’expertise climatique, on comprend l’enjeu des marchés du carbone, les crédits. »
https://www.lapresse.ca/affaires/portfolio/2021-05-10/aerospatiale/carburant-vert-une-premiere-usine-bientot-en-service-a-montreal-est.php

Réduction des gaz à effet de serre Moins de carbone à la pompe dès 2023

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

L’essence vendue au Québec devra incorporer 15 % de « contenu à faible intensité de carbone » au 1er janvier 2030.

La proportion de carburants « à faible intensité de carbone », tels que l’éthanol, dans l’essence et le diesel augmentera à partir de 2023 au Québec, a appris La Presse, ce qui équivaudra à retirer un peu plus de 700 000 voitures à essence des routes, selon le gouvernement Legault.

Publié le 12 mai 2021 à 5h00

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Jean-Thomas Léveillé Jean-Thomas Léveillé
La Presse

Québec veut ainsi éviter l’émission de près de 2,5 millions de tonnes de gaz à effet de serre (GES) et contribuer à l’atteinte de sa cible de réduction de 37,5 % sous le niveau de 1990 en 2030.

Un projet de règlement sur le sujet a été approuvé par le Conseil des ministres et sera prépublié ce mercredi dans la Gazette officielle du Québec.

Il prévoit que l’essence vendue au Québec devra incorporer 15 % de « contenu à faible intensité de carbone » au 1er janvier 2030, tandis que le carburant diesel devra en contenir 10 % à la même date ; la proportion augmentera progressivement à partir du 1er janvier 2023.

Elle devra alors être de 10 % pour l’essence et de 3 % pour le diesel, un seuil qui sera haussé d’environ 2 % tous les deux ans jusqu’à l’atteinte de la cible finale.

À l’heure actuelle, le taux de contenu à faible intensité de carbone exigé est de 5 % dans l’essence et de 2 % dans le diesel — il s’agit de la norme fédérale, puisque le Québec ne dispose pas de sa propre exigence.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Jonatan Julien, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles

« C’est un geste qui peut passer sous le radar, mais qui est majeur en termes de réduction de GES », a déclaré à La Presse le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, pour qui cette mesure est « complémentaire » à l’électrification des transports.

Une « annonce positive »

Une telle augmentation de la proportion de biocarburants correspond, du moins pour l’essence, à ce qu’a proposé une coalition d’organisations environnementales canadiennes, le mois dernier, pour que le Canada réduise davantage que prévu ses émissions de GES.

« C’est une annonce qui est positive », a déclaré à La Presse Émile Boisseau-Bouvier, analyste des politiques climatiques à Équiterre, qui faisait partie de cette coalition.

La coalition a toutefois proposé que le taux de carburant renouvelable dans le diesel atteigne 34 % à l’horizon 2030.

Il y a toujours moyen de faire mieux, mais c’est important de souligner les bons coups ; on s’en va dans la bonne direction.

Émile Boisseau-Bouvier, Équiterre

La norme est plus exigeante pour l’essence que pour le diesel parce qu’« on ne part pas de la même place », justifie le ministre Julien.

Pas n’importe quel biocarburant

La notion de « carburant à faible intensité de carbone » inclut les biocarburants produits à partir du maïs, de la biomasse forestière, des matières organiques ou des déchets de plastique.

Équiterre appelle à privilégier les biocarburants de deuxième génération, produits à partir de déchets, plutôt que des carburants de première génération, comme l’éthanol, dont la culture du maïs rivalise avec l’agriculture nourricière.

Le ministre Julien répond que le règlement ne forcera pas le recours à des biocarburants de deuxième génération, mais qu’il comprendra « des mécanismes qui font en sorte que ce sera favorisé ».

Il souligne que le règlement valorise la « faible intensité de carbone » des carburants de remplacement, afin qu’ils aient la plus faible empreinte carbone possible.

« On met une double pression », illustre le ministre Julien, reconnaissant que les carburants de remplacement n’ont pas tous la même valeur écologique.

Le ministre précise que la production d’éthanol devra être préalablement autorisée par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation.

L’inclusion de « carburants renouvelables », comme l’hydrogène vert, entre également dans la définition de « carburant à faible intensité de carbone », mais Québec n’a pas encore statué sur son inclusion, indique le ministre.

Favoriser l’économie nationale

Le gouvernement voit aussi dans cette politique une façon de favoriser le développement des bioénergies au Québec, en garantissant une stabilité et une prévisibilité pour le marché.

Il s’agit d’une « bonne chose », croit le titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal, Pierre-Olivier Pineau, qui souligne que le Québec et le Canada sont de grands importateurs d’éthanol et de biodiesel.

Pour les producteurs de biocarburants, ça prend des normes minimales pour garantir qu’il y a un marché.

Pierre-Olivier Pineau, HEC Montréal

Dans son Plan pour une économie verte (PEV), présenté l’automne dernier, le gouvernement caquiste s’est donné l’objectif d’augmenter de 50 % la production de bioénergies d’ici 2030 et de réduire de 40 % la consommation de produits pétroliers dans la province.

La Côte-Nord, la Gaspésie, les Îles-de-la-Madeleine, une partie du Bas-Saint-Laurent, l’île d’Anticosti et le Nord-du-Québec ne seront pas assujettis au règlement dans l’immédiat en raison de leur éloignement.
https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2021-05-12/reduction-des-gaz-a-effet-de-serre/moins-de-carbone-a-la-pompe-des-2023.php

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Une grosse commande d’autobus électriques pour Lion

PHOTO ALAIN ROBERGE, LAPRESSE

Un autobus scolaire en construction dans les installations de Lion à Saint-Jérôme.

La Compagnie Électrique Lion a décroché une commande pour 260 autobus scolaires électriques, ce qui, selon l’entreprise établie à Saint-Jérôme, représente le plus important contrat obtenu auprès d’un seul client.

Publié le 17 mai 2021 à 7h37

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Julien Arsenault
La Presse

Le constructeur de camions et d’autobus électriques en a fait l’annonce, lundi, parallèlement au dévoilement de ses résultats du premier trimestre terminé le 31 mars, qui s’est soldé par une perte nette de 16 millions $ US, ou 15 cents US par action.

C’est First Student qui a commandé les 260 autobus, qui seront utilisés par sa filiale Transco, présente au Québec. First Student devrait ainsi devenir le plus grand exploitant d’autobus scolaires zéro émission en Amérique du Nord, selon Lion.

Les livraisons devraient débuter au cours de la deuxième moitié de l’année et s’échelonner jusqu’en 2023.

« Aujourd’hui marque une nouvelle étape dans l’adoption des autobus scolaires zéro émission » a souligné le président-directeur général et cofondateur de Lion, Marc Bédard.

Pour les trois premiers mois de l’année, Lion a généré un chiffre d’affaires de 6,2 millions $ US, comparativement à 1,2 million US au cours de la même période en 2020. La compagnie, dont les actions se négocient à la Bourse de Toronto et Wall Street, a livré 24 véhicules, comparativement à deux il y a un an.

En date du 14 mai, Lion avait reçu 817 commandes, soit 209 pour des camions ainsi que 608 pour des autobus. La valeur totale des commandes était estimée à plus de 225 millions $ US. Elle comptait plus de 650 employés.

« Notre objectif est d’accélérer notre croissance et de mettre en œuvre notre stratégie à long terme, notamment en construisant notre usine de fabrication aux États-Unis et nos projets d’usine de batteries, en continuant de constituer notre carnet de commandes, en accélérant les livraisons de véhicules et en renforçant davantage notre équipe », a fait valoir M. Bérard.

L’entreprise québécoise avait annoncé, le 7 mai dernier, qu’elle comptait implanter son usine américaine de fabrication de camions et autobus électriques en banlieue de Chicago, dans l’Illinois. La production devrait débuter au cours de la deuxième moitié de 2022.

Lion exploite déjà une usine d’assemblage à Saint-Jérôme, dans les Laurentides, dont la capacité de production est estimée à 2500 véhicules par année. Elle compte toujours ouvrir une usine de batteries au Québec. Saint-Jérôme et Mirabel sont sur les rangs.

C’est à l’automne dernier que Lion avait indiqué qu’elle comptait faire son entrée en Bourse par l’entremise d’une fusion avec la société d’acquisition à vocation spécifique Northern Genesis, dont les actions étaient négociées à New York. L’opération a permis à la société d’obtenir près d’un demi-milliard de dollars américains pour financer sa croissance.
https://www.lapresse.ca/affaires/entreprises/2021-05-17/une-grosse-commande-d-autobus-electriques-pour-lion.php

Fait inusité : lorsque les portes des autobus scolaires électriques ouvrent, il y a les même trois notes que dans le métro.

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17 juin 2021 | mise à jour le: 17 juin 2021 à 16:15 temps de lecture: 2 minutesPar : Nicolas Brasseur Métro

Une première station de recharge électrique à Montréal

Une première station de recharge électrique à Montréal

Photo: GracieusetéUne première borne de recharge à Montréal a été installée dans un supermarché de Saint-Henri.

Un pas de plus vers l’électrification des transports dans la métropole. Le Sud-Ouest accueille la première station de recharge électrique à Montréal au Supermarché IGA Saint-Henri situé sur la rue Notre-Dame Ouest.

Cette station de service réinventée propulsée par le Fonds Éco IGA permettra aux propriétaires de tous les véhicules électriques de bénéficier de deux bornes de recharge rapide de niveau 3.

En une vingtaine de minutes, les automobiles auront accumulé suffisamment d’énergie pour rouler entre 200 et 300 kilomètres. Elles ont également une puissance de 62,5 kilowatts (kW).

Accessibilité

«L’accès à des bornes sur le domaine privé multiplie les options de recharge pour les citoyens, complète les initiatives publiques et réduit la pression sur le domaine public. Chacun faisant sa part, nous serons en mesure de déployer un vaste réseau où l’électromobilité sera simple et facilement accessible», a indiqué la conseillère de la Ville et Membre du comité exécutif, Sophie Mauzerolle.

De plus, un partenariat avec EcoTank Canada permettra d’ajouter aux bornes un service de remplissage de lave-glace zéro déchet.

Des bancs et des espaces verts ont été aménagés afin de permettre aux utilisateurs de se reposer pendant la recharge du véhicule.

«Nous voulons faciliter la vie des électromobilistes qui pourront faire leur épicerie le temps de recharger leur véhicule», affirme le directeur du Supermarché IGA Saint-Henri, Michel Minard.

RechargÉco est un réseau de 100 bornes de recharges rapides de l’organisme Jour de la Terre Canada déployées dans des sites IGA du Québec et du Nouveau-Brunswick.

L’initiative est évaluée à un peu plus de 14 M$, avec l’aide et la participation financière de Fondaction, Investissements Québec, Tapestry Capital Solidaire et du ministère des Ressources naturelles du Canada.

Pour le moment, une quinzaine de bornes sont déjà en service au Québec.

D’ici la fin de 2021, ce sont 100 bornes RechargÉco qui seront mises en place dans ces deux provinces.

33 000

Quantité de gaz à effet de serre évitée sur les dix ans d’opérations de RechargÉco.
https://journalmetro.com/local/sud-ouest/2656582/une-premiere-station-de-recharge-electrique-a-montreal/

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Hydro-Québec inaugure ses toutes premières centrales solaires | Radio-Canada.ca

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Je possède justement un rush vidéo en drone de la centrale solaire de La Prairie (pas de moi, de Evans Simard). Je m’occuperai sans doute du montage dans les prochains jours / semaines, mais voici des captures d’écran.

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Le lundi 28 juin

Actualités

L’Est du Québec

Pour l’instant, LM Wind Power produit surtout des pales de 42 à 47 mètres. Avec l’expansion prochaine, l’usine compte produire des pales allant jusqu’à 107 mètres.

28 juin 2021 3h00 Mis à jour à 4h01

Expansion majeure imminente à l’usine de LM Wind Power à Gaspé

Simon Carmichael

Initiative de journalisme local - Le Soleil

Gilles Gagné

Gilles Gagné

Collaboration spéciale

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C’est à la fois le secret le mieux et le moins bien gardé de Gaspé. L’usine de pales d’éoliennes LM Wind Power devrait annoncer à la mi-juillet d’importants investissements pour agrandir ses installations et se lancer dans la fabrication de pales pour des éoliennes en mer, selon plusieurs sources proches du dossier consultées par Le Soleil. Le projet nécessiterait un investissement de près de 100 millions $. Entre 100 et 200 emplois seraient créés.

Après un important agrandissement en 2016-2017, la compagnie LM Wind Power de Gaspé devrait annoncer une nouvelle phase d’expansion dans les prochaines semaines, possiblement vers la mi-juillet. Le projet serait en partie financé par les gouvernements de Québec et d’Ottawa.

Selon les informations obtenues par Le Soleil auprès de nombreuses personnes bien au fait du projet, la filiale de GE Renewable Energy vise à tripler la superficie de son usine gaspésienne pour se lancer dans la production de pales liées à l’aménagement de parcs éoliens en mer, notamment pour répondre à la demande du Nord-est américain et de l’Europe. Jointe par courriel, la compagnie a refusé de commenter le dossier. «Nous n’avons aucun commentaire à faire en la matière», s’est contenté de répondre par courriel le porte-parole Timothy Brown.

Le projet, qui est dans l’air depuis plus de deux ans, aurait été retardé en raison de craintes liées à de possibles tarifs ou des restrictions pour l’exportation des pales vers les États-Unis. Or, seulement quelques détails resteraient à ficeler avant l’annonce officielle. Les détails du projet auraient déjà été communiqués aux employés de l’usine, laissant croire qu’une annonce est imminente.
https://www.lesoleil.com/actualite/en-region/expansion-majeure-imminente-a-lusine-de-lm-wind-power-a-gaspe-104aae41a4c1deb4ba43558004c5e420?utm_source=omerlo&utm_medium=mailer&utm_campaign=Aujourd%E2%80%99hui%3A+les+p%E2%80%99tits+monstres+de+madame+Ann-Marie

Sachant que le mat du stade olympique fait 165m, ce sont d’immenses pales!

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Les pales les plus longues au monde sont en ce moment fabriqué par LM Wind Power en Normandie (le 107m visé par l’usine à Gaspé)

Cependant, si on se fie à la tendance où les pales deviennent de plus en plus longues, il n’est pas impossible d’imaginer des pales plus longues que le mat du Stade Olympique dans quelques années

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Je ne m’y connais pas du tout dans le domaine, quelle est la différence recherchée avec une plus longue pale?

Plus de force du vent = + de couple = + de puissance générée = + d’énergie. C’est plus rentable, à divers points de vue, aujourd’hui, dans les zones appropriées, de mettre une seule méga-éolienne que 3-4 plus petites également.

Bon par contre, est-ce que les éoliennes sont vraiment vertes… bof. Ca demande une quantité incroyable de béton pour le socle, d’acier pour le mat et les produits chimiques d’enduit sont extrêmement toxiques pour l’environnement et la santé humaine (les travailleurs de LM qui enduisent les pales ont de grotesques maladies après des années de dur labeur). On ne sait pas recycler les matières composites des pales à proprement parler non plus (tout comme la peau des fuselages d’avion).

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Lors d’applications ‘‘offshore’’, la seule grande limitation de la puissance générée par une éolienne est d’être capable de construire des pales assez grosses.

Plus les pales sont longues, plus elles sont efficaces (Moment = Force x Distance) pour la même vitesse de vent. Des nouvelles techniques de fabrication et matériaux permettent donc de créer des pales de plus en plus longues et par conséquent des éoliennes significativement plus puissantes.

Pour apporter une nuance aux propos de Florilege, il est en effet vrai que construire des éoliennes est loin d’être ‘‘vert’’. Cependant, l’énergie éolienne tourne autour (hihi) d’environ 11g de CO2eq par kWh, ce qui est plus bas que l’hydro à 24, le solaire à 45, la biomasse à 230, le gaz naturel à 490 et le charbon à 820. La fission, quant-à-elle, est à 12.

Produire de l’électricité, c’est jamais vert. Mais, en ce moment, c’est le plus ‘‘vert’’ qu’il y a.

Source pour les émissions et site intéressant en même temps: Electricity Maps | Live 24/7 CO₂ emissions of electricity consumption

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Je ne suis d’accord qu’en partie. Ce n’est pas que le bilan carbone qui importe. Just in-Shore, on coule des quantités phénoménales de béton au beau milieu de champs, forêts ou montagnes. Ce béton il va rester là après le démantèlement. Pour une éolienne classique, il y a plus de 900 m^3 de béton… assez pour construire 8-9 maisons et leurs fondations.

Lorsque tu mentionnes l’emprunte de l’hydro, est-ce que ça inclue les GES émis par la décomposition des végétaux lors de l’inondation du réservoir, ou seulement la construction des installations?

Microréseau électrique Hydro-Québec teste l’avenir à Lac-Mégantic

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Vue aérienne des installations d’Hydro-Québec et de ses panneaux solaires sur le toit du centre sportif de la ville de Lac-Mégantic

Les microréseaux permettront de diminuer le recours aux centrales thermiques. D’atténuer les pointes de consommation. D’éviter la construction de nouvelles infrastructures de transport. Hydro-Québec inaugurera ce mardi son tout premier, à Lac-Mégantic, qui fera office de laboratoire. La Presse l’a visité récemment.

Publié le 6 juillet 2021 à 5h00

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Jean-Thomas Léveillé

Jean-Thomas Léveillé La Presse

À quelques reprises au cours des dernières semaines, Hydro-Québec a débranché une partie du centre-ville de Lac-Mégantic de son réseau.

Littéralement.

Avec un gros disjoncteur installé derrière l’édifice de la municipalité régionale de comté (MRC).

Mais les usagers concernés n’ont rien perçu, car durant ces quelques heures, les bâtiments du secteur étaient alimentés en électricité par des panneaux solaires et des batteries géantes.

C’est là le tout premier « microréseau » de la société d’État.

« C’est comme une île au milieu de la mer, isolée du reste du réseau électrique », illustre l’ingénieur Simone Soldati, chef de projets chez Hydro-Québec, qui a montré les installations à La Presse, en mai.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Simone Soldati, ingénieur chargé de projets pour Hydro-Québec

Sans lien avec l’extérieur, il faut donc « amener la production de l’énergie à l’intérieur ou à proximité », poursuit-il.

C’est comme ramener les centrales localement, là où la consommation se fait.

Simone Soldati, ingénieur d’Hydro-Québec

De la tragédie à l’innovation

La tragédie ferroviaire, survenue le 6 juillet 2013, a offert l’occasion d’implanter un microréseau électrique à Lac-Mégantic, et d’en faire un laboratoire grandeur nature.

Lors de la reconstruction du centre-ville, le réseau électrique a aussi été refait, offrant ainsi une boucle facilement « îlotable », qui peut être séparée du reste du réseau, explique M. Soldati.

L’idée de faire un microréseau a germé il y a un peu plus de trois ans dans l’esprit de la municipalité, qui a approché Hydro-Québec.

Des panneaux solaires ont été installés sur le toit des bâtiments nouvellement construits, ainsi que sur celui du centre sportif, situé juste en dehors du « périmètre îlotable », d’où on peut apercevoir l’ensemble du secteur et le lac en arrière-plan.

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D’autres seront ajoutés sur la caserne de pompiers à être construite dans le périmètre, si bien que le microréseau de Lac-Mégantic en comptera à terme 2200, totalisant 800 kilowatts de puissance.

La clef : le stockage

Le stockage est un élément fondamental pour compenser le caractère intermittent des sources d’énergie utilisées sur un microréseau.

Celui de Lac-Mégantic compte deux unités de stockage d’une capacité de 700 kWh qui peuvent être rechargées par le réseau principal ou par les panneaux solaires lorsque la totalité de leur production n’est pas utilisée.

Lors d’une panne ou d’un débranchement planifié, l’énergie emmagasinée dans les unités de stockage est envoyée dans le microréseau, au même titre que l’énergie produite par les panneaux solaires.

Ces échanges complexes sont gérés par un système de commande centralisé.

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Consommer moins d’énergies fossiles

Hydro-Québec voit dans les microréseaux une façon de diminuer le recours aux énergies fossiles pour ses 22 réseaux autonomes, comme ceux des villages du Grand Nord ou celui des Îles-de-la-Madeleine.

C’est pourquoi celui de Lac-Mégantic a été doté d’une génératrice, pour pouvoir tester dans des conditions réelles « le couplage » des énergies fossiles et renouvelables.

Car les centrales au diesel demeureront une composante des réseaux autonomes, pour sécuriser l’approvisionnement, « mais l’objectif, c’est de les utiliser le moins possible », explique Simone Soldati.

On va carrément transposer [dans les réseaux autonomes] ce qu’on apprend ici.

Simone Soldati, ingénieur d’Hydro-Québec

La société d’État diminuera ainsi ses émissions de gaz à effet de serre, bien sûr, mais aussi ses frais d’exploitation, étant donné l’abordabilité croissante des énergies renouvelables.

Et contrairement aux réseaux autonomes éloignés du siège social d’Hydro-Québec, Lac-Mégantic est accessible en quelques heures de route, et il est facile d’y acheminer de l’équipement et des ressources en cas de besoin.

Aplatir la courbe de la consommation

Le concept de microréseau peut aussi bénéficier au réseau principal d’Hydro-Québec, en permettant l’« écrêtage » des pointes de consommation hivernales, indique Simone Soldati.

Le recours à des sources d’énergie locales et à de l’énergie stockée sur un microréseau lorsque la demande en électricité est très forte permet d’aplatir la courbe de consommation du réseau principal, illustre-t-il en faisant référence à une notion de santé publique aujourd’hui bien connue.

Hydro-Québec prévoit aussi avoir recours aux microréseaux dans les régions à fort taux de pannes, ou encore pour celles où la demande excède la capacité des lignes de transport.

« Ça peut être une solution plutôt que construire de nouvelles lignes », affirme M. Soldati, qui prévoit que les microréseaux seront nombreux au Québec d’ici 2050.

L’exportation des surplus d’Hydro-Québec sur les marchés nord-américains promet aussi de rehausser l’intérêt pour les microréseaux, ajoute Patrick Martineau, ingénieur de projet chez Hydro-Québec.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Patrick Martineau, ingénieur de projet chez Hydro-Québec

Même si ces marchés sont « complémentaires » avec celui du Québec — la demande y est plus forte quand elle est ici plus basse, par exemple —, la transition énergétique modifiera la demande, anticipe-t-il.

« Raccorder des véhicules électriques, illustre-t-il, ça crée des défis, mais aussi des occasions. »

Symbole fort pour Lac-Mégantic

Avec ce tout premier microréseau québécois, Lac-Mégantic veut se positionner comme un acteur de la transition énergétique, un symbole fort pour cette ville dont l’histoire a été tragiquement marquée par les énergies fossiles. « Ça va nous mettre sur la map pour autre chose que la tragédie », lance Fabienne Joly, responsable du développement en transition énergétique à la Ville. « Là, on passe dans la phase concrète, les apprentissages vont commencer », s’enthousiasme-t-elle, évoquant l’intérêt d’universités et d’entreprises évoluant dans le contrôle d’énergie des bâtiments. Le microréseau a fait germer bien des idées, comme celle d’une hydrolienne sur la rivière Chaudière, qui prend sa source dans le lac Mégantic, ou encore d’un approvisionnement énergétique à partir de la biomasse, dans le parc industriel, où l’industrie de la transformation du bois domine. Mais il a été le déclencheur d’une stratégie qui dépasse l’énergie et touche le transport actif comme la gestion des matières résiduelles, explique Mme Joly : « La Ville souhaite être écoresponsable et exemplaire. »
https://www.lapresse.ca/actualites/2021-07-06/microreseau-electrique/hydro-quebec-teste-l-avenir-a-lac-megantic.php

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Pourquoi Énergir accepte de perdre de l’argent

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

« Énergir consent à ce que la moitié de ses clients québécois réduise massivement sa consommation de gaz naturel au profit de l’énergie plus verte d’Hydro-Québec », écrit notre chroniqueur.

Francis Vailles

Francis Vailles La Presse

La décision est vraiment extraordinaire. Comme disent les Anglais, on a « pensé en dehors de la boîte ».

Publié le 16 juillet 2021 à 19h30

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Non seulement l’entente fera économiser 1,5 milliard de dollars aux Québécois, mais elle permettra aussi de réduire les gaz à effet de serre (GES) de 540 000 tonnes par année d’ici 2030, l’équivalent de l’émission de 150 000 voitures.

En plus, elle exige que le distributeur de gaz naturel Énergir accepte une baisse significative de son volume d’affaires, ce qui est contre nature. Wow !

De quoi s’agit-il ? D’une entente tripartite entre le gouvernement, Hydro-Québec et Énergir (l’ex-Gaz Métro) pour proposer de la biénergie aux Québécois. La nouvelle a été annoncée le 14 juillet.

Sa particularité ? Énergir consent à ce que la moitié de ses clients québécois réduise massivement sa consommation de gaz naturel au profit de l’énergie plus verte d’Hydro-Québec. Plus précisément, l’entente prévoit que 100 000 clients résidentiels, commerciaux et institutionnels d’Énergir réduiront leur volume de consommation de gaz de 70 % d’ici 2030.

Comment est-ce possible ?

D’abord, il faut savoir que le gouvernement du Québec subventionnera les clients d’Énergir pour qu’ils convertissent leurs installations en unités biénergie, qui fonctionnent au gaz naturel et à l’électricité. Québec déboursera jusqu’à 125 millions de dollars pour financer possiblement entre 75 % et 100 % de la conversion.

L’investissement est intéressant pour le gouvernement, dans la mesure où il fera réduire les GES de 540 000 tonnes au coût moyen de seulement 26 $ la tonne, soit l’équivalent du prix du carbone sur le marché.

En comparaison, les subventions aux autos électriques reviennent à entre 200 $ et 400 $ la tonne de GES économisée. Autre comparaison : le REM de l’Est contribuera à faire réduire les GES de 35 000 tonnes par année, soit 15 fois moins que l’initiative Hydro-Québec–Énergir–Québec.

Ensuite, il faut comprendre la dynamique des coûts d’Hydro-Québec. Pour la société d’État, servir un client coûte très peu cher durant le printemps et l’été, quand ses barrages sont remplis et que la demande est faible. En revanche, la période de pointe hivernale (de 100 à 400 heures par année) coûte extrêmement cher.

En vertu de l’entente, essentiellement, Hydro-Québec fournira aux clients de l’énergie durant les mois où elle a des surplus (70 % du total), tandis qu’Énergir prendra la relève durant les pointes d’hiver (30 % du total). Ce faisant, Hydro fera de grandes économies à la pointe, qu’elle partagera avec Énergir.

Par rapport à une conversion à l’électricité à 100 %, l’entente procurera une économie nette de 1,5 milliard de dollars pour l’ensemble des parties d’ici 2030. Quand même !

Cela dit, malgré la compensation d’Hydro, la transaction aura pour effet de faire diminuer les profits d’Énergir. Pas énormément, puisque l’autre moitié des clients québécois d’Énergir qui n’est pas visée par l’entente – essentiellement les industriels – apporte le plus gros du volume d’affaires de l’organisation. Mais tout de même, il y aura une baisse.

Pourquoi accepter de perdre de l’argent ? D’une part, Énergir pourra refiler la perte – l’excédent de coûts – à l’ensemble de sa clientèle avec une hausse de tarifs, tel que le lui permettent les règles de la Régie de l’énergie. La hausse sera modeste, soit l’équivalent de l’inflation, et sera faite dans le contexte où le gaz naturel est bien meilleur marché que les autres sources d’énergie.

D’autre part, Énergir fait le calcul qu’elle aurait éventuellement perdu une bonne part des clients visés, compte tenu des ambitions canadiennes et mondiales de réductions de GES. Et que cette perte, à long terme, aurait été plus dommageable pour elle.

« On veut faire partie de la solution pour décarboner l’économie. Ne rien faire aurait été pire », explique la porte-parole d’Énergir, Catherine Houde.

Selon Mme Houde, la transaction a été approuvée par le conseil d’administration d’Énergir, et donc par son actionnaire de contrôle, soit la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Même la pétrolière Enbridge – actionnaire indirecte d’Énergir – a appuyé l’entente, précise Mme Houde. « Le conseil est très à l’aise avec la décision, qui fait partie de notre stratégie de diversification de nos sources d’énergie et de verdissement de notre gaz naturel. »

Début juin, la Caisse a annoncé le rachat éventuel de la participation indirecte de la pétrolière Enbridge dans Énergir pour la somme de 1,14 milliard de dollars. La transaction, une fois approuvée dans quelques mois, fera de la Caisse l’actionnaire indirect à 65,7 % d’Énergir. Parmi les autres actionnaires se trouve aussi le Fonds de solidarité FTQ.

Pour Hydro-Québec et Énergir, le partenariat pour la biénergie est unique au monde, fait valoir le communiqué. Une telle transaction aurait-elle été possible, n’eût été la proximité des parties et leur caractère public ou quasi public ?

« Le fait que ce soit deux sociétés à propriété collective ou quasi collective a été une condition gagnante, qui a permis de discuter avec ouverture dès le départ. Ç’aurait été plus compliqué avec deux sociétés cotées en Bourse », dit Marc-Antoine Pouliot, porte-parole d’Hydro-Québec.

Bref, le genre d’entente qui nous fait apprécier le modèle québécois, en quelque sorte. Chapeau !
https://www.lapresse.ca/affaires/chroniques/2021-07-16/pourquoi-energir-accepte-de-perdre-de-l-argent.php

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Ferme piscicole des Bobines Le plus important site d’élevage de truites au Canada

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Normand et Clément Roy, de la Ferme piscicole des Bobines

Jean-Philippe Décarie

Jean-Philippe Décarie La Presse

Le Québec recense quelque 28 000 fermes de tailles et de productions diverses. Si on assiste à l’émergence de nombreuses petites exploitations agricoles bios ou de proximité, la réalité économique est que ce sont moins de 30 % des fermes québécoises qui produisent près de 80 % des denrées que l’on retrouve en épicerie. On vous propose de découvrir quelques-unes de ces grandes entreprises agricoles intégrées et diversifiées du Québec.

Publié le 20 juillet 2021 à 6h30

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(East Hereford) Normand Roy a commencé bien modestement l’élevage des truites mouchetées dans le sous-sol de la maison de la ferme laitière de ses parents à Saint-Malo, dans les Cantons-de-l’Est. Aujourd’hui, 56 ans plus tard, la Ferme piscicole des Bobines, à East Hereford, toujours en Estrie, est le plus important producteur de truites au Québec et deviendra prochainement le plus important site d’élevage de truites en bassins fermés au Canada, alors que la production passera de 210 à 460 tonnes de truites par an.

Après les premières expérimentations des débuts à la ferme de ses parents, Normand Roy et sa conjointe, Doris Brodeur, poursuivent leur passion naissante sur une terre qu’ils achètent à Saint-Malo avant de s’établir en 1980 à Sainte-Edwidge-de-Clifton, à proximité du ruisseau des Bobines, qui servira à nommer l’entreprise.

« On était limités à 18 tonnes par année. On vendait pour l’ensemencement des lacs et on distribuait des truites entières à certains magasins Provigo de la région, mais on voulait produire à plus grande échelle. Après plusieurs recherches, on a trouvé un site alimenté en sources souterraines de grande qualité et à grand débit à East Hereford. C’est là qu’on a entrepris notre expansion », relate Normand Roy.

Quand on arrive dans le village d’East Hereford, tout juste à la frontière américaine, on peut difficilement manquer la Ferme piscicole des Bobines, avec sa dizaine de bâtiments blancs qui forment un tout uniforme dans le vallon où ils sont situés, au sud de la petite localité.

C’est ici qu’arrivent les œufs de truites déjà fécondés qui se transformeront en alevins qui seront à leur tour élevés dans deux pouponnières jusqu’à l’âge de 6 mois.

Ces bébés truites fréquenteront par la suite des bassins de préengraissement jusqu’à ce qu’ils atteignent la taille de sept pouces, avant de migrer dans les bassins d’engraissage où ils poursuivront leur croissance durant deux ans jusqu’à ce qu’ils atteignent un poids de 1 kg. On dénombre quelque 110 bassins sur le site des Bobines.

À 28 mois environ, les truites sont mûres pour passer à l’usine de transformation, où elles seront découpées en filets ou transformées en pâtés. Tout est fait sur place. Une quinzaine d’employés sont nécessaires pour réaliser tout le processus.

Une entreprise en transformation

« On s’est installés ici parce que l’eau de source est de très grande qualité et on a entrepris de faire l’élevage en bassins 12 mois par année. On a construit une usine de biofiltration et une usine d’épuration, ce qui nous permet d’éliminer plus de 90 % du phosphore des déjections des truites, bien au-delà des normes du ministère de l’Environnement », précise Normand Roy.

Depuis 1989, le site d’East Hereford a connu des transformations successives qui culmineront bientôt avec l’ajout d’une vingtaine de bassins d’engraissement et le démarrage d’un nouveau système de production qui permettra de doubler la production annuelle.

Ce projet est copiloté par Clément Roy, le fils de Normand qui s’est joint à l’entreprise familiale comme actionnaire minoritaire en 2005, puis est devenu actionnaire majoritaire en 2011. Et bientôt, il sera actionnaire unique, à la suite d’un processus rigoureux de transfert qui a été convenu à l’époque.

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« J’ai fait mes études et j’ai même pratiqué le droit agricole et le droit en environnement durant un an avant de revenir à l’entreprise. J’y travaille depuis que je suis tout jeune et avec ma conjointe, Véronique Fontaine, on est ici à temps plein depuis 2005. On souhaite poursuivre son développement », m’explique Clément Roy.

Le repreneur est particulièrement fier du projet d’expansion qui est en voie d’être finalisé. Pour doubler la production de 210 à 460 tonnes de truites par an, la Ferme piscicole des Bobines a dû implanter un nouveau système qui maintiendra la température de l’eau à 12 degrés.

« Avec de l’eau à température plus élevée, même l’hiver, on réduit de 28 à 18 mois le temps qu’il faut pour rendre une truite mature à 1 kg. On a construit un nouveau bâtiment avec un système de chauffage par géothermie et panneaux solaires. On a réduit de 60 % nos coûts énergétiques », souligne Clément Roy.

Une production écoresponsable

Des coûts de chauffage réduits et une utilisation de l’eau augmentée considérablement grâce à l’ajout d’une usine de filtration à l’entrée du processus qui permet d’utiliser 95 % de la même eau, comme dans un aquarium géant, image le producteur.

« Cette technique nous permet d’élever nos truites sans hormones de croissance ni antibiotiques, grâce à notre eau de source de très grande qualité. »

Les déjections des truites, essentiellement composées de phosphore, sont récupérées et valorisées en servant à engraisser les champs de grandes cultures de la région.

Cela fait des années qu’on n’arrive pas à répondre à la demande, qui est toujours en croissance. Un kilo de truite donne deux filets de 500 grammes. On vend 70 % de notre production en filets de truite congelés, 10 % en filets fumés, 10 % en produits transformés et 10 % en truites d’ensemencement pour les lacs de la pourvoirie Réal Massé.

Clément Roy

L’ancienne aquaculture que Normand Roy avait démarrée avec sa conjointe à Sainte-Edwidge-de-Clifton a par ailleurs été rachetée par sa fille Johanne et son conjoint, qui poursuivent la production pour l’ensemencement des lacs.

« On prévoit atteindre une production de 330 tonnes en 2023 et de 460 tonnes en 2025, ce qui fera de la Ferme piscicole des Bobines le plus important site d’élevage de salmonidés en bassins fermés au Canada », confirme l’éleveur.

À 70 ans, Normand Roy est très heureux de transmettre le flambeau à son fils. Il estime qu’il était temps. Va-t-il pour autant commencer à passer ses hivers en Floride ?

« Ce n’est pas son genre. Il va être encore très présent ici, soyez sûr de ça », répond sur un ton convaincu son fils Clément.
https://www.lapresse.ca/affaires/chroniques/2021-07-20/ferme-piscicole-des-bobines/le-plus-important-site-d-elevage-de-truites-au-canada.php

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