Économie verte

Énergie propre Une filiale de Power Corporation lance un fonds de 1 milliard

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Les investissements seront principalement effectués dans des projets d’énergie solaire et d’énergie éolienne.

Une filiale de Power Corporation lance un partenariat en infrastructure énergétique pour investir massivement dans le secteur des énergies renouvelables en Amérique du Nord. Cette plateforme d’investissement de Power Sustainable entend déployer 1 milliard de dollars d’ici trois ans.

Publié le 19 janvier 2021 à 6h00

Partager

Richard Dufour Richard Dufour
La Presse

Les investissements seront principalement effectués dans des projets d’énergie solaire et d’énergie éolienne, des sources d’énergie dont les coûts de développement et d’exploitation ont beaucoup diminué dans les dernières années.

« L’opportunité est énorme », dit Pierre Larochelle, associé directeur du Partenariat Power Sustainable en infrastructure énergétique.

« Entre 1000 et 2000 milliards de dollars américains seront investis dans les énergies renouvelables d’ici cinq ans à travers le monde. C’est un montant astronomique », dit-il.

PHOTO ROBERT SKINNER, LAPRESSE

Pierre Larochelle dirigeant de Power Sustainable. Pour le lancement d’un nouveau fonds d’investissement de un milliard de dollars.

« Il y a encore beaucoup de charbon dans le monde, et les gens réalisent que c’est extrêmement polluant. Une des sources importantes pour remplacer le charbon est l’énergie renouvelable. »

Il ajoute que la pression est forte pour combattre les changements climatiques et effectuer la transition énergétique, ce qui stimule la croissance dans le développement de l’énergie propre.

Le partenariat en infrastructure énergétique vise le développement, la construction, le financement et l’exploitation d’actifs dans le secteur des énergies renouvelables au Canada et aux États-Unis.

Les investissements de départ sont des actifs déjà en exploitation au sud de la frontière (solaire), en Ontario (solaire), ainsi qu’en Alberta et en Saskatchewan (éolien).

Pierre Larochelle espère réaliser des transactions d’une taille qui se situera entre 25 et 100 millions. « Avec 1 milliard, tu veux que chaque investissement ait une certaine taille sans être trop concentré dans un projet. »

« C’est le premier de plusieurs projets que nous entendons lancer au cours des prochaines années dans le marché des investissements durables », souligne Olivier Desmarais, président du conseil et président et chef de la direction de Power Sustainable.

« Nous souhaitons devenir une force de premier plan du développement durable. C’est l’impact que nous recherchons et c’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’investir notre propre capital dans cette initiative », dit-il.

Le Mouvement Desjardins, la Banque Nationale, la Great-West Lifeco et la société européenne Après-demain sont les quatre investisseurs institutionnels initiaux qui se joignent à Power Sustainable à titre de partenaires dans l’initiative.

Outre cette nouvelle plateforme d’infrastructure énergétique, Power Sustainable possède deux autres plateformes : une qui investit dans les marchés d’actions chinoises et une qui détient des placements dans les entreprises québécoises Lion Électrique et Lumenpulse.https://www.lapresse.ca/affaires/2021-01-19/energie-propre/une-filiale-de-power-corporation-lance-un-fonds-de-1-milliard.php

Commande record d’autobus électriques pour Lion Électrique

PHOTO ALAIN ROBERGE, LAPRESSE

Un autobus scolaire émet 23 tonnes de gaz à effet de serre (GES) par année. Quand la commande sera complétée, Autobus Séguin calcule que 1380 tonnes de GES seront éliminées chaque année.

Lion Électrique a signé aujourd’hui avec Autobus Groupe Séguin une entente pour l’acquisition de 60 autobus scolaires électriques. Elle constitue la plus importante commande d’autobus scolaires 100 % électriques de l’histoire de Lion Électrique… et de l’histoire de l’industrie en Amérique du Nord, précise le constructeur de Saint-Jérôme.

Publié le 19 janvier 2021 à 11h25

Partager

Marc Tison Marc Tison
La Presse

L’entreprise lavalloise Autobus Groupe Séguin, qui dessert sept centres de services scolaires, réceptionnera progressivement les 10 premiers véhicules en 2021, à temps pour la rentrée de 2021.

Les 50 autres véhicules seront livrés jusqu’en 2026.

« À terme, notre ambition est d’électrifier la totalité de notre flotte de 310 autobus scolaires d’ici 2030 », a indiqué Stéphane Boisvert, président d’Autobus Groupe Séguin, par voie de communiqué.

Le Programme de soutien au déploiement des autobus scolaires électriques au Québec, qui s’inscrit dans le Plan d’action en électrification des transports du gouvernement du Québec, a contribué à la concrétisation de cette commande.

Un autobus scolaire émet 23 tonnes de gaz à effet de serre (GES) par année. Quand la commande sera complétée, Autobus Séguin calcule que 1380 tonnes de GES seront éliminées chaque année.https://www.lapresse.ca/affaires/entreprises/2021-01-19/commande-record-d-autobus-electriques-pour-lion-electrique.php

Le rêve américain d’Hydro-Québec

Si l’entrée en fonction du président américain Joe Biden a sonné la fin des travaux de construction de l’oléoduc Keystone XL, ce qui est un coup dur pour l’économie albertaine, les perspectives sont tout autres chez nous, où Hydro-Québec pourrait entreprendre rapidement la construction d’une nouvelle ligne de transmission et alimenter la ville de New York en énergie propre et renouvelable, un rêve que n’a cessé de caresser l’ancien premier ministre Robert Bourassa.

Publié le 21 janvier 2021 à 6h30

Partager

Jean-Philippe Décarie Jean-Philippe Décarie
La Presse

Il y a plus de 30 ans, en janvier 1988, Robert Bourassa annonçait la signature d’une entente de principe entre Hydro-Québec et l’État de New York pour la vente et l’exportation de 1000 mégawatts d’électricité pour une durée de plus de 20 ans, un contrat de plus de 17 milliards.

Pour des raisons protectionnistes de la part des producteurs locaux d’énergie et d’acceptabilité sociale – notamment le contentieux avec les Cris de la Baie-James –, l’entente ne s’est jamais matérialisée.

L’élection d’un nouveau président démocrate n’a rien à voir avec l’embellie des perspectives d’expansion d’Hydro-Québec aux États-Unis, c’est plutôt l’engagement ferme du gouverneur Andrew Cuomo de « décarboniser » l’économie de l’État de New York qui ouvre ainsi les horizons à notre société d’État.

La semaine dernière, l’État de New York a officiellement lancé des appels d’offres pour la réalisation de trois projets de lignes de transmission d’énergie renouvelable, dont une ligne qui relierait le réseau de l’État américain à celui d’Hydro-Québec.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

L’État de New York veut relier son réseau local d’électricité à celui d’Hydro-Québec.

Cet État voisin a adopté il y a quelques années des lois environnementales strictes qui prévoient que l’électricité utilisée sur son territoire doit être d’ici 2030 à 70 % renouvelable. L’objectif étant d’éliminer le maximum d’énergie fossile pour combler ses besoins internes.

Pour arriver à ses objectifs, l’État de New York souhaite multiplier l’utilisation de l’énergie éolienne et solaire, mais a aussi admis l’hydroélectricité comme source d’énergie renouvelable. Le fabricant québécois de tours d’éoliennes Marmen a d’ailleurs annoncé la semaine dernière qu’il allait implanter une usine d’assemblage de tours offshore à Albany pour satisfaire les ambitions de l’État.

D’ici à ce que les parcs d’énergie éolienne que l’on souhaite mettre en place au large des côtes de l’Atlantique deviennent significativement contributifs dans le bilan énergétique de l’État de New York, l’hydroélectricité présente un avantage nettement plus intéressant et immédiat.

Surtout pour la ville de New York, qui dépend à plus de 70 % des combustibles fossiles pour combler ses besoins en électricité. Avec la fermeture prochaine de la centrale nucléaire Indian Point, les besoins de la mégalopole en électricité propre vont devenir plus criants encore.

Un rêve aussi américain

On se souvient qu’il y a bientôt deux ans, le maire de New York, Bill de Blasio, avait lancé un appel à Hydro-Québec en affirmant qu’il souhaitait conclure une entente d’approvisionnement à long terme avec le producteur québécois d’énergie propre.

L’appel d’offres que vient de lancer l’État pourra donc permettre au maire de la plus importante ville américaine de concrétiser son rêve de décarboniser à 100 % ses besoins en électricité. Selon la commission des services publics de l’État de New York, l’appel d’offres doit être conclu d’ici le 16 février, et les résultats finaux seront connus au cours du troisième trimestre de l’année.

PHOTO BEBETO MATTHEWS, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le maire de New York, Bill de Blasio, aimerait voir sa ville utiliser de l’énergie renouvelable à 100 %.

Au cours des deux dernières années, la délégation du Québec à New York a travaillé sans relâche, de concert avec Hydro-Québec, pour convaincre tous les acteurs importants de la fiabilité et de la crédibilité de l’hydroélectricité comme source d’énergie renouvelable.

Avec ses surplus abondants, Hydro-Québec a largement les capacités pour répondre à la demande de l’État de New York.

La société d’État est déjà associée au groupe américain Transmission Developers, une division du groupe d’investissement Blackstone, dans un partenariat pour construire la Champlain Hudson Power Express Line.

Cette ligne de transmission sera capable de livrer jusqu’à 1200 mégawatts d’électricité et ses câbles seront enfouis sur l’essentiel du territoire américain, notamment dans le lac Champlain et le fleuve Hudson.

Hydro-Québec vend déjà de l’électricité à l’État de New York, mais essentiellement sur le marché spot (marché libre). Il s’agira donc d’un contrat de vente ferme d’électricité à cet État populeux. La société d’État a déjà signé un contrat de vente ferme d’électricité avec le Vermont et a conclu une nouvelle entente de vente ferme avec le Massachusetts, semblable à celle qu’elle souhaite conclure avec New York.

« La différence entre un contrat de vente ferme et de vente spot, c’est que l’écart de prix est significatif. Quand je vends sur le marché spot, le marché ne reconnaît pas les attributs environnementaux de l’hydroélectricité, je vends au même prix que n’importe quel type d’énergie fossile.

« Quand on réalise une vente ferme, c’est qu’on veut payer pour de l’énergie propre et renouvelable », m’explique Dave Rhéaume, directeur principal, développement, stratégies et relations commerciales hors Québec. Mine de rien, Hydro pourra obtenir 60 % de plus pour ses ventes fermes à l’exportation qu’elle en reçoit sur les ventes actuelles qu’elle réalise sur le marché spot.

Contrairement à Keystone XL, qui a perdu mercredi le permis présidentiel qui lui permettait de poursuivre les travaux de construction de son pipeline pour relier l’Alberta au Texas, Hydro-Québec ne risque pas de perdre le permis présidentiel qu’elle a déjà en poche, puisque le nouveau président démocrate souhaite lui aussi décarboniser le secteur énergétique américain. C’est une belle prévisibilité qui se présente pour notre société d’État.
https://www.lapresse.ca/affaires/2021-01-21/chronique/le-reve-americain-d-hydro-quebec.php

De l’hydrogène produit avec la lumière du Soleil

PHOTO FOURNIE PAR TOMBEINRS

Enceinte sous vide où les nanotubes d’oxyde de titane sont décorés avec des nanoparticules d’oxyde de cobalt en utilisant la technique d’ablation laser dans les laboratoires de Varennes

L’hydrogène vert est fortement demandé partout sur la planète, et des chercheurs de l’Institut national de la recherche scientifique, à Varennes, ont trouvé une nouvelle façon d’en produire, avec la simple lumière du Soleil.

Publié le 21 janvier 2021 à 8h00

Partager

Hélène Baril Hélène Baril
La Presse

« On est en train de tracer une voie plus verte que verte », résume le professeur My Ali El Khakani, qui a dirigé l’étude de l’équipe multidisciplinaire qui signe cette découverte.

L’hydrogène est de plus en plus considéré pour la transition énergétique depuis qu’il est possible d’en produire avec des sources d’énergie renouvelables, comme l’hydroélectricité, ou même avec de l’électricité générée par des éoliennes ou des parcs solaires. Le gouvernement du Québec a d’ailleurs annoncé cette semaine un investissement de 15 millions dans le développement de cette filière.

La densité énergétique élevée de l’hydrogène, trois fois supérieure à celle de l’essence, rend ce carburant intéressant pour des secteurs difficiles à électrifier, comme le camionnage et les transports publics, quand il est produit avec de l’énergie propre.

Le Soleil, source d’énergie propre et pas chère, peut servir à produire directement et efficacement de l’hydrogène propre, concluent le professeur El Khakani, spécialiste des nanomatériaux, et les chercheurs de l’INRS après de nombreuses années de travail.

PHOTO FOURNIE PAR L’INRS

Le professeur My Ali El Khakani estime que le Québec pourrait se positionner stratégiquement dans le secteur énergétique d’avenir.

La recette

Ils ont utilisé le dioxyde de titane, matériau disponible en quantité au Québec et au Canada, et dont la particularité est d’être sensible aux rayons ultraviolets émis par le soleil. Ils ont amélioré cette photosensibilité pour l’étendre à la lumière visible émise par le soleil afin de produire une électrode pouvant absorber 50 % de la lumière du soleil.

À cette électrode composée de nanotubes de dioxyde de titane, des catalyseurs ont été ajoutés pour en augmenter l’efficacité. La méthode dite de photocatalyse, inspirée du phénomène naturel de la photosynthèse, permet à l’électrode placée sous le rayonnement du Soleil de briser la molécule d’eau en atomes d’oxygène et d’hydrogène.

L’avenir

Le résultat pourrait mener à ce qui est encore inimaginable aujourd’hui : des parcs de production d’hydrogène, comme on a des parcs éoliens et des parcs solaires qui produisent de l’électricité.

« On n’est pas encore rendus à pouvoir mettre des stations de production chez soi », a tempéré le chercheur lors d’un entretien avec La Presse. Mais en se projetant dans l’avenir, on peut imaginer que ça roulerait de la façon dont la photosynthèse fait pousser les plantes, illustre-t-il.

L’avantage de cette découverte est bien sûr un coût de production moins élevé, explique My Ali El Khakani. La production d’hydrogène par l’électrolyse, comme Hydro-Québec projette de le faire à Varennes, est énergivore et exige des investissements importants.

En plus de réduire le coût de production de l’hydrogène, l’avenue que vient ouvrir la recherche de l’INRS permet en plus de « s’approcher de l’équilibre naturel », selon lui, en se servant d’une source d’énergie qui a moins d’impact sur l’environnement que toutes les autres, y compris l’hydroélectricité.

Les résultats des travaux de l’équipe, dont fait partie l’Institut de chimie des procédés pour l’énergie, l’environnement et la santé, ont fait l’objet d’une publication de la revue Solar Energy Materials and Solar Cells en novembre dernier.

Agriculture hivernale Des légumes qui poussent dans la terre… en janvier

Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos

Le discours entourant l’importance de « manger local » se heurte rapidement à notre réalité nordique. Mais en plein cœur de l’hiver, de plus en plus de producteurs maraîchers québécois s’aventurent à cultiver des légumes biologiques dans la terre, sous des abris, avec très peu de chauffage, voire aucun.

Publié le 31 janvier 2021 à 5h00

Partager

Daphné Cameron Daphné Cameron
La Presse

Dehors, le mercure a plongé plusieurs degrés en-dessous zéro. Charlotte Giard-Laliberté soulève une immense couverture blanche. Sous cette bâche de textile isolant, un tableau foisonnant se révèle : des épinards, des bok choy, de la laitue et de la roquette. Malgré le froid polaire qui s’est installé sur le Québec, ils poussent à même le sol, dans une serre qui n’est pas chauffée.

« C’est le chaînon manquant de l’alimentation locale, explique l’agronome. Il y a des purs et durs qui vont juste manger des patates et des navets l’hiver, mais c’est quand même le fun d’avoir de la verdure, surtout quand elle est produite avec peu ou pas de chauffage. »

Charlotte Giard-Laliberté est chercheuse au Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité (CETAB+), rattaché au cégep de Victoriaville. C’est la responsable de la « vitrine technologique sur la culture de légumes de climat frais sous abris ».

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Claudia Thibodeau, technicienne en agriculture nordique, et Charlotte Giard-Laliberté, chercheuse au Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité (CETAB+)

Il s’agit du premier projet de recherche appliquée financé par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) sur l’agriculture maraîchère d’hiver.

Cet investissement coïncide avec la volonté du gouvernement Legault d’accroître l’autonomie alimentaire du Québec de 10 %, notamment en doublant la superficie des serres d’ici cinq ans.

Lors du dévoilement de sa stratégie des serres, à la fin de novembre, le gouvernement Legault a annoncé que les agriculteurs qui voudront utiliser cette approche – qu’ils ont baptisée « grands tunnels » – pourront recevoir une aide financière allant jusqu’à 60 000 $ pour se procurer les équipements nécessaires.

« De plus en plus, les producteurs sont intéressés et veulent développer cet aspect-là de leur production, explique Mme Giard-Laliberté. C’est une façon écologique de s’alimenter en hiver. »

Du Maine au Québec

L’agriculture hivernale a été développée dans le nord-est des États-Unis par Eliot Coleman, personnage culte de l’agriculture naturelle à petite échelle. Son ouvrage, The Winter Harvest Handbook, publié en 2009, est considéré comme la Bible des agriculteurs qui voudraient se lancer dans l’aventure d’une production sur quatre saisons.

Petit à petit, l’idée a traversé la frontière et s’est frayé un chemin jusque dans les fermes du Québec. Mais plusieurs questionnements particuliers à notre terroir demeurent en suspens.

« Certains producteurs ont leurs calculs à eux, mais on n’a pas encore d’idée ou de consensus dans la communauté agricole à savoir quand tu plantes une culture en octobre dans une serre non chauffée, quand tu vas pouvoir la récolter et combien de coupes tu vas pouvoir faire », explique Mme Giard-Laliberté.

L’an prochain, l’expérience sera répétée avec les mêmes légumes-feuilles dans une serre chauffée à 5 degrés Celsius.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

L’agronome Charlotte Giard-Laliberté

Amortir le coût d’une serre avec autre chose qu’une culture verticale très payante comme la tomate ou le poivron, c’est difficile. Il y a toute une question économique derrière ça et c’est, entre autres, le but de notre projet. Évaluer la rentabilité d’un chauffage minimal, c’est la question que tous les producteurs me posent.

Charlotte Giard-Laliberté

« À quel point on va gagner du rendement ? À quel point on va rentabiliser le coût de l’énergie, à quel point ça vaut la peine ? C’est une interrogation à laquelle les producteurs n’ont pas de réponse et qui les freine à se lancer », dit Mme Giard-Laliberté.

Chauffées à 2 degrés

Des céleris, des rabioles, des rapinis, du chou frisé (kale), de la bette à carde : 20 légumes différents poussent dans les trois serres froides de la ferme Coq à l’âne de Bury, en Estrie. Une diversité étonnante pour des serres chauffées à seulement 2 degrés Celsius afin d’éviter le gel la nuit.

Frédéric Verville et Marilyn Ouellet vivent le calendrier typique de l’agriculteur (travail sans relâche l’été, vacances l’hiver) à l’envers. Même si c’est leur première année en culture hivernale, ils ont désormais décidé d’offrir leurs paniers biologiques l’hiver seulement.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Frédéric Verville et Marilyn Ouellet

« L’idée, c’est de ralentir en été et de mieux utiliser notre temps durant l’hiver, explique Frédéric Verville. On avait beaucoup de temps en hiver et on se tournait un peu les pouces alors que l’été, c’est vraiment intense. C’est stressant, surtout avec la météo qui devient de plus en plus extrême. »

La serre est chauffée avec les surplus d’énergie de la chaudière de la maison du couple qui fonctionne à la biomasse.

« Deux degrés, ce n’est pas chaud, mais c’est suffisant. C’est sûr que ça ne pousse pas très vite, mais le facteur limitant, ce n’est pas tant la chaleur que la lumière, étant donné qu’il y a beaucoup moins de soleil. Mais ça pousse quand même, c’est étonnant », ajoute Frédéric Verville, qui possède une maîtrise en agronomie.

Il y a des choses qu’on a récoltées en décembre qu’on a déjà récolté de nouveau en janvier.

Frédéric Verville

Membres du réseau des Fermiers de famille, le couple a véritablement ressenti l’engouement envers l’achat local engendré par la pandémie.

« On ne fournit pas. On a rempli nos abonnements de paniers d’hiver en un mois. On aurait pu en prendre beaucoup plus. On refuse énormément de propositions de mise en marché parce que la demande est vraiment forte », explique Marilyn Ouellet.

Chauffées de 3 à 5 degrés

Le quatuor derrière Le Jardin des Funambules, en Estrie, s’est aussi lancé cette année dans un projet de serres froides.

« On dirait qu’il y a vraiment eu une poussée cette année pour l’agriculture hivernale », remarque Vincent Lafleur-Michaud, l’un des copropriétaires de la ferme avec sa conjointe et un autre couple.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Vincent Lafleur-Michaud récolte du céleri.

« Depuis la publication du livre d’Eliot Coleman, c’est un sujet qui est toujours présent dans nos discussions, mais on n’était jamais rendus là, parce qu’il fallait apporter notre entreprise à un certain stade de maturité », ajoute-t-il.

Dans le cadre de son projet de recherche, Charlotte Giard-Laliberté fera aussi une étude de cas au Jardin des Funambules. Elle va suivre l’évolution des rendements selon les températures mesurées dans les serres.

Une variété étonnante

10/10

« Ça va apporter beaucoup de clarté, de réponses et de pistes de solution. […] Pour les nouveaux producteurs qui vont vouloir démarrer, au moins, il va y avoir une référence. Je trouve que pour nous, c’était plate d’avoir des références américaines juste dans un livre. »

Mesclun, oignons verts, céleri, chou kale, épinards : une douzaine de cultures se dressent dans quatre de leurs cinq serres dotées d’un système alimenté au propane, mais chauffées à des températures allant de 3 à 5 degrés.

« Je ne suis pas intéressé par l’agriculture hivernale qui consiste à chauffer des serres à 20 degrés Celsius, à utiliser de la lumière artificielle et à produire des plantes tropicales. Ça, pour moi, c’est aller de l’autre bord de mes valeurs et ça me fait un peu peur que ce soit ça qu’il se passe avec les subventions qui arrivent », souligne M. Lafleur-Michaud au sujet de la stratégie d’aide financière du gouvernement Legault, dotée d’un budget de 91 millions de dollars, qui vise aussi les grands complexes serricoles et les serres de moyenne taille.

« Il y a quand même des nuances à apporter lorsque l’on amène l’idée de manger local. Produire localement des plantes relativement en saison, c’est-à-dire des plantes qui résistent bien au froid, c’est ce qui manque dans le discours de toute cette promotion récente que l’on voit. »
https://www.lapresse.ca/actualites/2021-01-31/agriculture-hivernale/des-legumes-qui-poussent-dans-la-terre-en-janvier.php

1 « J'aime »

Camions lourds Une solution économique « 100 % électrique »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

David Arsenault, président et directeur général d’Effenco

De l’hybride à l’entièrement électrique. L’entreprise montréalaise Effenco, spécialisée dans l’électrification de véhicules lourds industriels, annoncera ce lundi une stratégie de croissance « agressive », a appris La Presse. Au menu : la commercialisation d’une solution 100 % électrique qui sera offerte au même prix que celles fonctionnant au diesel.

Publié le 8 février 2021 à 7h00

Partager

Henri Ouellette-Vézina Henri Ouellette-Vézina
La Presse

« On sent que le marché est prêt. La pandémie a joué un rôle important au niveau de la conscientisation des gens aux changements climatiques. Le secteur du camionnage est relativement conservateur, mais là, tout le monde a vu l’impact du virus sur sa vie. Si, avant, on croyait en l’électrification, maintenant, on est vraiment dans l’action. Le marché est prêt pour une adoption massive de nos technologies », explique le président et directeur général de l’organisation, David Arsenault.

D’ici 2025, son groupe vise à produire jusqu’à 20 000 systèmes électrifiés pour des camions lourds, sur une base annuelle. Le tout, incluant le camion, coûtera entre 150 000 $ et 200 000 $ l’unité, ce qui équivaut grosso modo au même prix qu’un camion au diesel, dans l’objectif d’atteindre le fameux seuil de « zéro émission » de gaz à effet de serre (GES).

On est les premiers à arriver avec une parité au niveau du prix. On supprime ainsi la barrière à l’entrée qu’est le coût. C’est donc assez exceptionnel. Les gens vont vraiment faire le saut.

David Arsenault, président et directeur général d’Effenco

Technologie de « supercondensateurs »

Jusqu’ici, l’entreprise a déployé un peu plus de 400 camions avec sa technologie hybride électrique, pour un total de 5 millions de kilomètres parcourus. Essentiellement, le cœur de l’offre d’Effenco repose sur sa technologie de « supercondensateurs » intelligents, qui stockent des charges électriques. Ainsi, le camion se recharge « au fur et à mesure qu’il circule », et ce, jusqu’à 10 fois plus rapidement qu’une batterie au lithium traditionnelle, tout en réduisant les impacts de la pollution sonore.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Essentiellement, le cœur de l’offre d’Effenco repose sur sa technologie de « supercondensateurs » intelligents, qui stockent des charges électriques.

Le tout est combiné à un algorithme qui prédit la route que le véhicule prendra, permettant de positionner des points de recharge sans fil tout au long de son parcours. L’ensemble de sa technologie « s’installe facilement », affirme l’organisation.

« L’exemple des transits dans un port, où les véhicules font essentiellement toujours la même route, est le meilleur. La nature utilitaire de nos camions fait en sorte qu’on peut appliquer cette méthode. Évidemment, ce ne serait pas possible partout », illustre M. Arsenault à ce sujet. « Au final, on s’adaptera en fonction de la réponse de nos clients. Mais dans le marché, on s’attend à ce que la demande excède l’offre pour ce genre de produit », ajoute-t-il.

Du recrutement massif en vue

Qui dit phase de croissance dit recherche de nouveaux talents. Ainsi, Effenco prévoit d’augmenter son bassin d’employés au cours des prochains mois pour prévoir la production de ses nouveaux camions. L’effectif sera ainsi doublé, triplé, quadruplé ? « Peut-être même plus », répond le PDG en riant. Pour l’instant, son entreprise compte 80 salariés, mais elle prévoit atteindre la barre des 800 employés d’ici un peu moins de trois ans.

Ingénieurs, techniciens, préposés au marketing, vendeurs ; les besoins seront grands et dans tous les domaines, promet l’entreprise, en invitant les personnes intéressées à lui envoyer leur candidature. « On parle d’un plan de croissance assez majeur, donc on cherche beaucoup de candidats », résume David Arsenault.

Les véhicules produits par Effenco sont ce qu’on appelle des camions lourds vocationnels, soit des camions de collecte ou encore des camions-bennes, voire des tracteurs portuaires servant à déplacer de la marchandise d’un lieu fixe à un autre. On compte environ 10 millions de ces camions commerciaux dans le monde.

« On ne les voit pas toujours. C’est vraiment du B2B [business-to-business], donc ces camions-là travaillent souvent pour des entreprises dans l’ombre. Mais il y en a beaucoup plus que des bus scolaires ou des bus urbains au final », poursuit M. Arsenault.

Contexte facilitant

Fondée en 2006, Effenco est établie rue Saint-Patrick, dans le sud-ouest de Montréal, non loin de l’usine de traitement de l’eau Atwater. Elle a déjà des activités dans plus d’une dizaine de pays, et a notamment un bureau à Kongsberg, en Norvège.

En octobre, la PDG de la grappe de transports Propulsion Québec, Sarah Houde, affirmait que l’objectif est de faire du Québec un « leader mondial » en matière d’électrification. « Le gouvernement s’intéresse beaucoup à notre industrie, a-t-elle expliqué. Et l’électrification des transports fait partie de sa stratégie pour relancer l’économie. Ce que nous proposons, c’est que le gouvernement donne l’exemple en remplaçant ses différentes flottes de véhicules par du matériel électrique fabriqué au Québec. »

Québec a annoncé en novembre que son Plan pour une économie verte 2030 (PEV) consacrera 3,6 milliards au secteur des transports, qui est responsable de 43 % des émissions de GES du Québec, sur une enveloppe totale de 6,7 milliards de dollars.
https://www.lapresse.ca/affaires/entreprises/2021-02-08/camions-lourds/une-solution-economique-100-electrique.php

1 « J'aime »

Il faut vraiment miser sur l’électrification des véhicules lourds, puisque c’est le mode qui émet le plus de GES dans le secteur des transports.

1 « J'aime »

Planète bleue, idées vertes La magie des saules

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Francis Allard, président de Ramea, dans son champ de saules à Saint-Roch-de-l’Achigan, dans Lanaudière

L’idée est simple : utiliser les plantes pour résoudre des problèmes environnementaux. Cette idée n’est pas de Francis Allard, mais c’est celle qu’il s’efforce de mettre en application.

Publié le 8 février 2021 à 6h00

Partager

Suzanne Colpron Suzanne Colpron
La Presse

Depuis une quinzaine d’années, l’ingénieur de 38 ans fait pousser des saules sur la terre familiale, à Saint-Roch-de-l’Achigan, un joli village situé à 50 kilomètres de Montréal, dans Lanaudière. Son père faisait pousser des carottes, lui a opté pour une autre sorte de plante.

« Au début, je ne voulais pas reprendre la ferme familiale, mais au fil du temps, je me suis dit que c’était dommage de ne pas continuer », explique-t-il.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Vue aérienne d’un des champs de saules de l’entreprise Ramea

C’est un peu par hasard qu’il est tombé sur les travaux de recherche de Michel Labrecque, chercheur à l’Institut de recherche en biologie végétale du Jardin botanique et prof à l’Université de Montréal, et qu’il a décidé de se lancer en affaires. Il fabrique entre autres des écrans antibruit composés d’acier, de mélèze, de laine de roche et de tiges de saule tressées, une solution beaucoup plus écolo que les murs en béton, pour couper la pollution sonore.

« C’est intéressant comme technologie et ç’a beaucoup de mérite à plusieurs égards, souligne M. Labrecque. Sur le plan esthétique, c’est certainement plus joli, un mur vivant avec du vert. Et ce n’est pas moins efficace. C’est probablement plus efficace. »

Dès qu’on travaille avec des matériaux organiques, comme de la terre, des branches de saule et tout ça, c’est des matériaux qui absorbent bien le son et qui ne le réfléchissent pas, contrairement à des surfaces minérales ou dures.

Francis Allard, président de Ramea

Le hic, c’est que ça demande quand même un peu d’entretien.

« Les gens qui travaillent en infrastructure routière sont assez réfractaires et pas très habitués d’avoir des objets servant aux routes qui doivent être entretenus, soignés et éventuellement changés parce que ça peut mourir, des plantes », précise le professeur Labrecque.

La durée de vie de ces écrans végétaux composés de tiges « vivantes » est de huit à dix ans. « Cependant, fait remarquer le chercheur, quand on pense qu’une structure comme celle-là peut coûter 50, si ce n’est pas 100 fois moins cher qu’un mur de béton, s’il faut la refaire au bout de 10 ans, c’est quand même économique. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Mur antibruit végétal composé d’acier, de laine de roche et de tiges de saule tressées et séchées

Il y a une autre façon de les réaliser, qui prolonge leur vie d’au moins dix ans : avec des tiges de saule séchées. C’est peut-être moins joli parce que le bois grisonne avec le temps, mais c’est plus facile d’entretien et tout aussi efficace pour bloquer le bruit. Autre avantage : ces structures, qu’elles soient composées de tiges vivantes ou mortes, sont à l’abri des graffiteurs.

En outre, le bois est moins sensible à la dégradation au sel que le béton.

Une technologie très complexe

Ramea, l’entreprise dirigée par Francis Allard, a réalisé plusieurs projets au Québec et vient de décrocher un premier contrat en Californie pour ériger un mur antibruit.

« Les plantes, c’est une technologie très, très complexe quand on y pense, lance l’entrepreneur. Ça fait des millions d’années que ça se développe. Nous, dans le fond, on applique les plantes pour régler des problèmes environnementaux. Notre modèle est très axé sur l’économie circulaire. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Un mur antibruit végétal a été construit en bordure de l’autoroute des Laurentides, près du boulevard Henri-Bourassa.

M. Allard offre d’autres solutions pour soigner la planète.

Il fait pousser des saules à croissance rapide sur sa terre de Saint-Roch-de-l’Achigan, mais il en fait aussi pousser sur des terrains dégradés, comme des sablières en fin de vie ou d’anciennes mines, pour les réhabiliter. Les saules ont la propriété de pousser très vite, de 10 à 15 pieds par année, dans différents types de milieux, et contribuent à dépolluer les sols. C’est simple : ils absorbent les contaminants en poussant. Ce procédé s’appelle la phytoremédiation.

« On a un projet sur le site d’enfouissement à Sainte-Sophie, dans les Laurentides, illustre-t-il. On a planté des arbres sur la cellule de déchets qui est fermée. »

Les eaux usées issues de la percolation des précipitations à travers les déchets en décomposition sont traitées grâce aux saules. Les tiges absorbent les nutriments et les eaux usées chargées en éléments toxiques. Puis, les plants sont coupés et utilisés pour fabriquer différents produits : clôtures, murs antibruit, paillis horticole…

Quand il y a un problème environnemental, souvent la solution qu’on trouve va générer une nouvelle solution pour une autre problématique, donc c’est vraiment de l’économie circulaire environnementale.

Francis Allard, président de Ramea

L’utilisation des saules n’est pas nouvelle. En Suède, elle a fait son apparition dans les années 1970 pour produire de l’électricité. « Par rapport à la Scandinavie, on était en retard de 25 ans pour la culture des saules, au Canada, fait remarquer Francis Allard. Il n’y en avait pas avant qu’on décide de se lancer là-dedans.

« Le bois devrait prendre une place beaucoup plus importante dans les structures de génie civil, mais le béton est ancré dans les pratiques, ajoute-t-il. Pourtant, il y a de la place pour d’autres technologies qui ont fait leurs preuves en Europe, notamment, avec des durées de vie semblables. J’aimerais ça qu’on se questionne sur nos façons de faire. »

Consultez le site de Ramea
https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2021-02-08/planete-bleue-idees-vertes/la-magie-des-saules.php

3 « J'aime »

8 février 2021 | mise à jour le: 8 février 2021 à 17:41 temps de lecture: 6 minutesPar: Zacharie GoudreaultMétro

Plaidoyer pour un centre-ville plus vert, abordable et attrayant

Plaidoyer pour un centre-ville plus vert, abordable et attrayant

Photo: Josie Desmarais | MétroLe centre-ville de Montréal dépend surtout de travailleurs qui résident à l’extérieur de celui-ci.

Le manque de commerces indépendants, de logements abordables et d’espaces verts sont quelques-uns des enjeux auxquels font face plusieurs centres-villes, incluant celui de Montréal. La pandémie pourrait toutefois donner l’occasion de relancer ceux-ci de façon plus inclusive et durable.

Plusieurs experts de divers domaines prendront part lundi après-midi à un grand panel virtuel portant notamment sur la vitalité des centres-villes, l’accessibilité au logement et le développement immobilier écologique. Métro a discuté avec certains d’entre eux, en prévision de cet événement organisé par le groupe G15+.

À lire aussi:

La relance du Grand Montréal se profile, mais la tâche est «colossale»

Le Bois-des-Pères, un écosystème menacé

«C’est un peu triste de voir le climat ambiant où on dit que c’est la fin des centres-villes alors qu’on peut penser qu’après la pandémie, les gens auront envie de se voir, d’aller dans les musées, d’être ensemble. S’il y a un endroit où ça va se passer, c’est bien au cœur des villes et des villages», soulève d’emblée Olivier Legault, le coordonnateur de projets à Rues principales.

Plus de commerces indépendants au centre-ville

Dans un récent rapport, le groupe G15+, composé d’experts de différents domaines, propose qu’Investissement Québec crée un fonds destiné à soutenir les entreprises indépendantes qui choisissent de s’installer dans les centres-villes de la province.

Sur certaines artères commerciales, comme la rue Sainte-Catherine, on retrouve surtout de grandes chaînes de vêtements et de restauration, celles-ci ayant la capacité financière de payer des loyers commerciaux élevés, contrairement à plusieurs petits commerces indépendants.

«À part de financer des commerces indépendants locaux, il faut s’assurer qu’il y a un contrôle de la flambée des prix des locaux commerciaux», analyse Olivier Legault, dont l’organisme est spécialisé en développement économique et en aménagement.

Vendredi, tant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain que la mairesse de Montréal, Valérie Plante, ont d’ailleurs interpellé Québec et Ottawa pour leur demander d’offrir davantage de soutien financier aux commerces de la métropole.

Rendre le centre-ville attrayant

Alors que le commerce en ligne prend de l’ampleur, Olivier Legault souligne aussi l’importance de rendre les centres-villes plus attrayants, afin que les citoyens continuent de s’y rendre physiquement pour effectuer des achats. Il constate d’ailleurs que la pandémie a donné l’occasion à plusieurs villes d’innover en matière d’aménagements publics.

«Je pense que la pandémie va donner de la légitimité à des élus d’aller de l’avant avec certains projets où ils voyaient moins d’acceptabilité sociale avant, alors que maintenant, il y en a», ajoute-t-il.

À Montréal, la Ville a notamment transformé l’avenue du Mont-Royal en une rue piétonne l’été dernier. Elle a aussi créé un vaste réseau de pistes cyclables temporaires et autorisé des commerces à aménager des terrasses plus larges sur plusieurs artères commerciales. Des mesures temporaires qui pourraient faire leur retour cet été, du moins en partie.

«Je suis convaincu qu’à court ou à moyen terme, certains de ces aménagements pourront devenir permanents, que ça soit à Montréal ou ailleurs.»-Olivier Legault, coordonnateur de projets à Rues principales

Des centres-villes habités

D’autre part, le manque de résidents dans certains centres-villes explique en partie pourquoi ceux-ci ont écopé plus durement des répercussions économiques de la pandémie, qui a fait chuter le tourisme et stimulé le télétravail. Le centre-ville de Montréal, par exemple, compte en temps normal 300 000 travailleurs, mais seulement 60 000 résidents.

Or, les loyers ont augmenté l’an dernier à un seuil inégalé depuis 2003, à Montréal, une situation notamment attribuable au fait que les logements locatifs neufs qui ont récemment pris forme au coeur de la métropole sont offerts à un prix beaucoup plus élevé que la moyenne. Dans ce contexte, le centre-ville et ses environs deviennent de moins en moins accessibles pour les membres de la classe moyenne.

«La pandémie nous montre qu’on doit faire autrement et se mobiliser pour répondre à ce problème de société», évoque à Métro le directeur général de l’Association des groupes de ressources techniques du Québec (AGRTQ), Éric Cimon.

Pendant ce panel, auquel prendra d’ailleurs part la ministre de l’Habitation, Andrée Laforest, M. Cimon pressera donc Québec d’investir dès maintenant dans l’aménagement de 10 000 unités de logement abordable que son association serait «prête» à sortir de terre, si les fonds nécessaires étaient au rendez-vous. Environ 40% de ces logements prendraient forme dans le Grand Montréal.

Le groupe G15+, dont est membre l’AGRTQ, réclame par ailleurs la création d’un programme d’achat public de terrains «stratégiquement situés» dans les différentes villes du Québec afin d’y aménager des logements sociaux et communautaires. Plus de mesures réglementaires sont aussi nécessaires pour contrer l’insalubrité des logements, croit le groupe d’experts.

«Ce n’est pas parce que le logement existe qu’il répond aux besoins.»-Éric Cimon, directeur général de l’AGRTQ

Des logements plus verts

Le développement immobilier, dans le contexte de la relance économique, devrait par ailleurs s’accompagner de mesures de verdissement afin de prévenir la création d’îlots de chaleur, estime la directrice générale pour le Québec et l’Atlantique à la Fondation David Suzuki, Sabaa Khan.

Cette dernière propose que 1% du budget annuel de Québec soit dédié aux infrastructures naturelles et aux phytotechnologies. Concrètement, il s’agirait notamment d’aménager des jardins destinés à absorber l’eau de pluie, de même que de munir les logements de toitures et des murs végétalisés.

«En ce qui concerne les immeubles, on peut dire que la végétalisation n’a jamais été au cœur de la stratégie d’aménagement. Ça doit changer», croit Mme Khan. Cette dernière estime d’ailleurs que la Ville de Montréal pourrait faire sa part à cet égard, par exemple en modifiant ses règlements afin d’obliger les promoteurs à inclure des espaces verts dans leurs projets immobiliers.

«Si on pouvait ajouter la densification verte dans nos réglementations au niveau municipal, ce serait une excellente stratégie pour faire avancer le verdissement urbain», fait valoir l’experte. Une telle initiative pourrait par ailleurs contribuer à réduire les inégalités qui persistent sur le territoire de Montréal, comme dans d’autres villes, dans l’accès à des espaces verts. «C’est une question de justice sociale», ajoute Mme Khan.
https://journalmetro.com/actualites/montreal/2612612/plaidoyer-pour-un-centre-ville-plus-vert-abordable-et-attrayant/

1 « J'aime »

They got the figures wrong for downtown population (I’m pretty sure DT-MTL is 120K+ in population) but other than that, definitely agree with having a more sustainable downtown. More parks/green space will be great, more transit after REM phases are done would be cool too. Higher density development that has a lot of life at the pedestrian level ( I want to see more bars/restos and services).
I will say for more affordable housing, the 20/20/20 rule will make developers less likely to come downtown, so I would propose tax credits in exchange for integrating or building affordable housing units and maintaining them. They do this in the U.S and it has worked wonders so far. I think the government of Quebec should give these powers to MTL so they can do it or just grant it themselves by making downtown a special economic zone of sorts.

Projet Apuiat et prix de l’énergie C’est le début d’un temps nouveau

Combien ? 6 cents le kilowattheure ? Je suis tombé en bas de ma chaise quand j’ai vu le prix que paiera Hydro-Québec pour l’énergie éolienne du projet Apuiat, sur la Côte-Nord.

Publié le 10 février 2021 à 6h21

Partager

Francis Vailles Francis Vailles
La Presse

Seulement 6 cents ? Le chiffre ne dit probablement rien au commun des mortels, mais il représente un moment charnière, au Québec, pour ceux qui suivent un peu l’industrie. Et c’est une excellente nouvelle pour l’environnement.

Depuis toujours, les grands projets éoliens et solaires ont été nettement plus coûteux que l’hydroélectricité au Québec. Ils étaient vus comme des produits qu’il fallait développer à perte, dans l’espoir qu’un de ces jours, le prix allait être compétitif, grâce aux améliorations technologiques. Ou encore pour créer des emplois en région.

Au Québec, cette période d’attente serait longue, étant donné notre très faible coût de production hydroélectrique.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Hydro-Québec paiera 6 cents le kilowattheure pour l’énergie éolienne du projet Apuiat, sur la Côte-Nord.

Or, 25 ans après les débuts de l’éolien, les 6 cents le kilowattheure du projet Apuiat changent la donne.

Le prix est 43 % plus bas que le prix payé par Hydro pour l’énergie achetée aux projets privés précédemment réalisés au Québec (10,6 cents en moyenne), qu’ils soient éoliens, de biomasse ou autres (1).

Et surtout, il est maintenant plus bas que celui du dernier projet hydroélectrique majeur, La Romaine (6,4 cents le kilowattheure).

Et alors ? Le recul signifie que la nouvelle énergie verte devient rentable à produire, même au Québec. Elle est moins coûteuse que celle des nouveaux projets hydroélectriques et elle s’approche rapidement du coût de l’énergie fossile, comme le gaz naturel, qui revient entre 4,3 et 6 cents le kilowattheure.

Oui, mais en moyenne, me diront les plus futés, notre hydroélectricité continue de coûter nettement moins cher à produire que ces 6 cents, non ?

Effectivement, le coût de production moyen de l’ensemble des centrales d’Hydro, construites à une autre époque et sur des rivières extraordinaires, demeure beaucoup moins élevé. En moyenne, c’est 2 cents, m’indique Hydro, ce qui est ridiculement bas.

Mais ce qui compte pour juger de la rentabilité des nouveaux projets, ce n’est pas la comparaison avec le coût moyen, mais avec le coût marginal, celui de la dernière centrale, dans ce cas-ci La Romaine.

Nos gros surplus ?

Oui, mais monsieur Vailles, n’avons-nous pas d’énormes surplus ? Pourquoi en ajouter, d’autant que si on paie 6 cents pour la nouvelle énergie, elle fera augmenter le prix moyen ? (2)

Eh bien voilà, Hydro-Québec a récemment conclu une méga-entente de 20 ans avec le Massachusetts, de l’ordre de 10 TWh par année. Tous les permis sont en règle aux États-Unis, me confirme Hydro-Québec, tous les papiers sont signés.

Ce n’est pas tout. Il y a de bonnes chances que notre société d’État fasse de même avec l’État de New York pour des quantités semblables. Le processus d’appels d’offres débute dans une semaine, le 16 février.

En résumé, avec ces deux contrats, c’est 2,5 fois La Romaine qui est en jeu !

La première année du contrat, le Massachusetts paiera l’équivalent de 6,5 cents le kilowattheure (5,15 cents US) et une moyenne de 8,35 cents sur 20 ans (6,6 cents US).

Bref, désormais, l’énergie éolienne du Québec ne sera pas produite à perte, mais à un coût (6 cents) inférieur au prix que paieront les nouveaux clients d’Hydro, ce qui change la donne.

Et encore, le contrat avec Apuiat a été conclu de gré à gré. Le prix du prochain contrat sera vraisemblablement plus bas dans le cadre d’un appel d’offres concurrentiel.

Ailleurs dans le monde

Ce changement de paradigme, il se vit encore bien davantage ailleurs qu’au Québec. Parlez-en à Michel Letellier, président de la firme Innergex, de Longueuil, qui a des projets éoliens, solaires ou hydroélectriques dans six États américains, de même qu’en France et au Chili, en plus du Canada, totalisant 8 TWh.

Le projet éolien Foard City de l’entreprise, au Texas, a été vendu à un prix d’environ 4,5 cents le kilowattheure. Et en Alberta, où il y a de bons vents et des terrains plats, le prix est descendu aux environs de 3,5 à 4,0 cents (Innergex n’a pas de projets en Alberta), soit plus bas que bien des projets gaziers.

« C’est très encourageant pour l’environnement », me dit M. Letellier au téléphone.

Diverses raisons expliquent le revirement de situation. L’éolien et le solaire ont bénéficié de progrès technologiques importants ces dernières années, avec des tours plus hautes et des unités plus résistantes et plus performantes, permettant d’amortir les projets sur 30 ans au lieu de 25, par exemple.

À cela s’ajoute notamment la baisse des coûts de financement des projets.

Pendant ce temps, l’hydroélectricité vit l’inverse. Les turbines, qui représentent 20 % de la facture, ne progressent plus beaucoup, et le reste (béton, routes, main-d’œuvre, etc.) subit des pressions inflationnistes.

Oui, mais monsieur Vailles, si l’éolien est si intéressant, pourquoi les Américains veulent notre électricité ?

Pour deux raisons, essentiellement. D’abord, notre énergie verte est stable et garantie à long terme. L’éolien est intéressant, mais sujet à de grandes variations, au gré des vents, ce qui oblige les acheteurs à trouver une source alternative pour combler les trous, comme le gaz naturel, pas très vert.

Hydro-Québec n’a pas ce problème, pouvant faire varier le niveau d’eau de ses barrages pour s’ajuster aux fluctuations de ses achats éoliens.

Deuxièmement, la Nouvelle-Angleterre n’a généralement pas aussi facilement accès à des projets éoliens ou solaires peu coûteux, comme dans le sud des États-Unis.

En résumé, le prix de 6 cents le kilowattheure change la donne. Au Québec comme ailleurs, on pourrait dire que c’est le début d’un temps nouveau, comme le chantait Renée Claude…

  1. Je fais référence aux approvisionnements appelés post-patrimoniaux. Tous les prix de ce texte excluent le coût de transport.

  2. Les surplus sont estimés à 40 TWh, mais Hydro-Québec exporte 85 % de cette énergie sur le marché de court terme (spot) à un prix de 4,3 cents le kilowattheure (prix de 2019).
    Projet Apuiat et prix de l’énergie | C’est le début d’un temps nouveau | La Presse

Ahuntsic Des serres pour favoriser l’autonomie alimentaire

IMAGE TIRÉE DU SITE DE LA VILLE DE MONTRÉAL

Les élus municipaux ont annoncé jeudi la création d’un projet de serre productive et éducative sur le site Louvain Est, dans le quartier Ahuntsic, à Montréal.

Là où se trouve actuellement un terrain vague, dans le quartier Ahuntsic, des légumes pousseront bientôt dans des serres dont la production est destinée à la consommation locale.

Publié le 11 février 2021 à 15h01

Partager

Isabelle Ducas Isabelle Ducas
La Presse

Les élus municipaux ont annoncé jeudi la création d’un projet de serre productive et éducative sur le site Louvain Est.

Ce site, d’une superficie équivalant à huit terrains de football, tout près du collège Ahuntsic, est laissé en friche depuis qu’il n’est plus utilisé comme fourrière municipale. On y planifie, à terme, la construction d’un « écoquartier » qui comptera de 800 à 1000 logements abordables, avec services de proximité.

En attendant que ce nouveau quartier voie le jour, on va de l’avant avec l’installation de serres d’une superficie de 550 m2.

« Le fait d’occuper des sites municipaux vacants et d’appuyer l’agriculture urbaine, ça fait partie de nos objectifs depuis plusieurs années, et c’est ce qu’on annonce aujourd’hui, pour le printemps et pour l’été », a expliqué Émilie Thuillier, mairesse de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville.

« On va pouvoir commencer à produire des fruits et des légumes frais. On est dans un désert alimentaire ici. On a des populations marginalisées qui ont besoin de manger des fruits et des légumes frais à faible coût. »

Un modèle pouvant être reproduit dans d’autres quartiers

Les serres seront exploitées par l’organisme Ville en vert et recevront le soutien financier de Feed Montréal, fondation qui appuie des projets visant à combattre la faim.

Le montage financier du projet n’est pas encore terminé, mais Éric Alan Caldwell, responsable de l’urbanisme et de la mobilité au sein du comité exécutif, évoque une facture de « quelques centaines de milliers de dollars ».

Cette expérimentation se veut un modèle pouvant être reproduit dans d’autres quartiers, qui s’inscrit dans les objectifs d’autonomie alimentaire poursuivis par la Ville, indiquent les élus.

En 2019, un bureau de projet réunissant la Ville de Montréal, l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville et la table de concertation Solidarité Ahuntsic a été mis sur pied afin de planifier le futur « écoquartier ».

« Voici comment on transforme une ville quand on veut garder des familles à Montréal, quand on veut créer des milieux vivants », souligne M. Caldwell.

Le projet sera bientôt soumis à l’Office de consultation publique de Montréal.
https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2021-02-11/ahuntsic/des-serres-pour-favoriser-l-autonomie-alimentaire.php

2 « J'aime »

L’élargissement de la consigne ne devrait pas trop chambouler les habitudes des consommateurs québécois, qui pourront rapporter leurs contenants vides à proximité des lieux d’achat, notamment à la Société des alcools du Québec (SAQ), a appris La Presse.

C’est ce que prévoit la proposition présentée jeudi au ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, par les « embouteilleurs », à qui la réforme confie la mise sur pied et la gestion du nouveau système.

Leur « plan opérationnel », dont la version finale devra être déposée d’ici un mois, prévoit une participation significative de la SAQ dans la récupération des contenants consignés, dont les bouteilles de vin et spiritueux feront désormais partie.

Longtemps opposée à la consigne sur les bouteilles de vin, la SAQ avait créé la surprise en changeant son fusil d’épaule en 2019 en raison du faible taux de recyclage du verre au Québec, tout en s’opposant au retour des bouteilles vides à l’intérieur de ses succursales.

Par contre, la société d’État se disait ouverte à accueillir l’infrastructure nécessaire à la collecte des contenants consignés à l’extérieur de ses commerces qui disposent de l’espace nécessaire.

Elle a ainsi réalisé une évaluation du nombre de succursales où un projet-pilote pourrait être mené, a-t-elle confirmé à La Presse.

Le dispositif de ramassage pourrait être installé dans le stationnement, illustre le ministre Benoit Charette, qui envisage qu’une proportion « très, très importante » de succursales puisse accueillir les équipements en question.

Accessibilité et technologie

Le système imaginé par les fabricants de jus, les brasseurs et les autres entreprises qui produisent des boissons, de concert avec les détaillants qui vendent leurs produits, mise sur l’accessibilité des points de collecte des contenants consignés.

Ils seront situés « le plus près possible du lieu d’achat », pour éviter aux consommateurs d’avoir à faire « un parcours du combattant » pour rapporter leurs contenants, explique le ministre Charette.

Un commerce pourra reprendre les contenants consignés chez lui ou encore s’associer avec des commerces voisins pour se doter d’un centre de dépôt commun, précise le ministre, qui donne l’exemple de « deux, trois épiceries qui sont quasiment face à face avec une succursale de la SAQ » et qui partageraient une infrastructure commune.

Le plan veut aussi inclure les entreprises d’économie sociale, comme la coopérative des Valoristes, qui pourraient se voir confier la gestion d’un centre de dépôt dans un milieu « très densifié », où se trouvent plusieurs petits commerces qui n’ont pas la capacité de gérer le retour d’un grand volume de contenants.

Les embouteilleurs ont par ailleurs opté pour une solution visant à limiter au maximum la manutention.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Benoit Charette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques

C’est un système qui va être largement, largement automatisé.

Benoit Charette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques

S’il regrette que le Québec soit dans les derniers au Canada à instaurer un système de consigne élargie, le ministre Charette souligne que cela a l’avantage de lui permettre de se doter d’équipements nettement plus évolués.

« Peu importe que ce soit un contenant de verre, de plastique ou d’aluminium, on le met dans la même machine et c’est la machine qui va faire le tri », explique-t-il.

Les bouteilles de bière, qui font déjà l’objet d’une consigne privée et distincte, continueront cependant d’être collectées séparément, essentiellement parce qu’elles sont à usages multiples et qu’elles ne doivent pas être brisées.

Écofrais

Les embouteilleurs souhaitent pouvoir facturer des écofrais pour certains types de contenants, une idée qui n’enchante pas le ministre Charette, qui croit à la possibilité que le système s’autofinance, mais pour laquelle il n’y a « aucune décision d’arrêtée ».

Leur demande d’exclure de la consigne certains contenants faits de matériaux qui se recyclent ou se valorisent mal a aussi surpris le ministre.

Je leur ai dit : ‟Vous n’avez pas compris, c’est vous qui n’avez pas intérêt à mettre en marché des contenants qui ne se récupèrent ou valorisent pas bien”.

Benoit Charette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques

Le ministre n’exclut pas que la réforme fasse en sorte qu’on voie de moins en moins certains types de contenants dont le « potentiel de valorisation » est plus faible, comme les multicouches dans lesquels sont vendus certains jus, laits, soupes et bouillons.

Ces contenants bénéficient d’ailleurs d’un sursis de deux ans ; ce n’est qu’à la fin de 2024 qu’ils seront consignés, alors que tous les autres le seront progressivement à partir de l’automne 2022.

Si leur recyclage coûte trop cher aux yeux des entreprises qui les utilisent pour vendre leurs produits, ce sera un incitatif afin d’opter pour un autre type de contenant, souligne le ministre Charette.

Les embouteilleurs, dont beaucoup s’opposaient à l’élargissement de la consigne, « ne sont pas enthousiastes au même niveau », admet le ministre, « mais tous reconnaissent que c’est la direction dans laquelle il faut aller ».

L’unanimité des partis politiques sur la nécessité de cette réforme aide grandement, pense-t-il.

« Les parties prenantes savent fort bien qu’il n’y a plus de possibilité de retourner en arrière », affirme Benoit Charette.

La consigne élargie couvrira tous les contenants de boissons prêtes à boire de 100 millilitres à 2 litres, qu’ils soient en plastique, en verre, en métal ou en carton, ce qui représentera 4 milliards de contenants annuellement.

Six projets-pilotes

Six projets-pilotes démarreront à différents endroits au Québec dès la fin de février ou le début de mars, afin de tester différents types d’infrastructures et différents emplacements. « L’équipement est acheté », indique le ministre Benoit Charette. Les dépôts volontaires de verre qui ont vu le jour un peu partout au Québec depuis quelques années pourront continuer d’exister pour les contenants non consignés, mais le ministre reconnaît que la réforme les touchera. « Je salue ces initiatives, dit-il. Elles ont sans doute aidé à vendre le concept de consigne. »
https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2021-02-15/une-consigne-automatisee-a-deux-pas-de-la-saq.php

1 « J'aime »

La montréalaise Spark veut vous débarrasser du Bluetooth

PHOTOMONTAGE LA PRESSE

La puce de Spark repose sur une technologie consommant 40 fois moins d’énergie, avec une latence 60 fois inférieure et une bande passante 10 fois supérieure au Bluetooth.

Les mélomanes et les amateurs de jeux vidéo connaissent les faiblesses du Bluetooth, incapable de transférer de grandes quantités de données avec une latence imperceptible. Et ce standard très répandu a la fâcheuse habitude de vider les piles des téléphones, des claviers et des écouteurs qui l’utilisent. La solution pourrait venir de Spark, entreprise montréalaise qui s’apprête à commercialiser d’ici la fin de l’année une puce qu’elle présente comme « la prochaine révolution industrielle ».

Publié le 16 février 2021 à 5h00

Partager

Karim Benessaieh Karim Benessaieh
La Presse

Ses arguments sont convaincants : la puce repose sur une technologie consommant 40 fois moins d’énergie, avec une latence 60 fois inférieure et une bande passante 10 fois supérieure au Bluetooth.

Pour assumer ses ambitions, Spark annoncera ce mardi matin avoir obtenu 17,5 millions lors d’une ronde de financement dirigée par Cycle Capital Management, à laquelle Real Ventures, Exportation et développement Canada et des investisseurs privés ont participé.

Puce à 1 $

Signe de l’intérêt de cette technologie, deux ex-PDG de géants des semiconducteurs, Paul Jacobs (Qualcomm) et Sanjay K. Jha (GlobalFoundries), ont également embarqué.

« C’est prêt à être pleinement commercialisé », affirme Fares Mubarak, PDG de Spark Microsystems. « Nous avons déjà des preuves de concept avec des fabricants d’équipements de jeux vidéo, nous avons envoyé des dizaines de milliers d’unités à de petites entreprises de l’industrie. »

PHOTO TIRÉE DU SITE DE SPARK MICROSYSTEMS

Toute l’innovation de Spark se trouve dans une puce de 16 mm2 vendue 1 $ l’unité, la SR1000, dont on a produit deux modèles et qui a nécessité sept ans de recherche.

Toute l’innovation de Spark se trouve dans une puce de 16 mm2 vendue 1 $ l’unité, la SR1000, dont on a produit deux modèles et qui a nécessité sept ans de recherche. C’est en 2009 qu’un professeur en génie microélectronique de l’Université du Québec à Montréal, Frédéric Nabki, décide de s’attaquer aux faiblesses d’une technologie universellement utilisée, le Bluetooth. « Quand vous avez un tel standard à succès, vous ne voulez pas jeter le bébé avec l’eau du bain, explique M. Nabki. Ça fait 20 ans qu’on sait que le Bluetooth draine les piles, qu’il n’est pas fiable, mais le standard est puissant, et ce n’est pas dans l’intérêt des fabricants d’innover. »

En 2016, M. Nabki a fondé Spark et recruté à la Silicon Valley l’année suivante un vétéran de l’industrie des semiconducteurs passé par Samsung, AMD et Actel, Fares Mubarak. Les deux hommes sont aujourd’hui respectivement directeur de la technologie et PDG de Spark, qui compte une quarantaine d’employés.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Andrée-Lise Méthot, fondatrice et directrice associée chez Cycle Capital Management, et Frédéric Nabki, directeur de la technologie chez Spark

Réinventer les ondes

Le nom même de l’entreprise reflète la trouvaille qu’on s’apprête à commercialiser. En résumant grossièrement, on a repris le concept des toutes premières transmissions sans fil, notamment l’émetteur à étincelles (sparks) utilisé par Marconi en 1901 pour la première liaison transatlantique. Cette idée d’un signal par des impulsions brèves, plutôt qu’avec une onde radio continue comme en utilisent le Bluetooth et le wifi, a permis de trouver une solution sur laquelle bien des chercheurs ont buté depuis deux décennies.

PHOTO FOURNIE PAR SPARK MICROSYSTEMS

Fares Mubarak, PDG de Spark Microsystems

« Il a fallu réinventer toute la façon dont les ondes radio sont utilisées. Personne n’avait réussi, [mais] je crois que nous y sommes arrivés, affirme M. Mubarak. Évidemment, nous n’utilisons pas d’étincelles, mais nous n’avons plus besoin d’une onde constante qui consomme beaucoup d’énergie et limite la capacité de données. »

Alors que le Bluetooth utilise la bande de fréquences très fréquentées autour de 2,4 GHz, les impulsions du SR1000 de Spark se promènent sur une plage bien plus large, entre 3,1 GHz et 10,6 GHz, d’où sa désignation d’ultra-wide band. « C’est de toute évidence une bonne chose en termes d’interférences : au lieu de rouler sur la même autoroute que tout le monde, vous sautez d’une autoroute à l’autre », explique M. Nabki.

Les appareils connectés, qui ne dépensent plus d’énergie à maintenir un contact constant par onde radio, voient quant à eux leur consommation électrique divisée par 40. C’est notamment ce dernier aspect qui a convaincu Cycle Capital Management, fonds d’investissement en technologies vertes, de mener la plus récente ronde de financement.

L’« internet des objets », ces 75 milliards d’appareils et de capteurs qu’on prévoit d’ici cinq ans, générera une avalanche de piles avec des technologies aussi énergivores que celles utilisées aujourd’hui, estime Andrée-Lise Méthot, fondatrice et directrice associée de Cycle Capital.

« On parle beaucoup d’investissement d’impact ; ça, ça peut avoir un impact gigantesque. On n’est pas rendus au succès planétaire, mais on a un beau potentiel. On est au début de l’histoire. »

Expertise montréalaise

Impossible évidemment de prédire si les grands fabricants voudront acheter cette nouvelle technologie. Apple et Samsung, dans les deux dernières années, ont ajouté la technologie UWB à leurs plus récents téléphones, mais uniquement pour obtenir plus de précision dans la localisation. Alors que le Bluetooth a une précision d’au mieux 2 m pour la localisation, celle de l’UWB descend jusqu’à 10 cm.

Dans un premier temps, Spark vise des marchés précis : le jeu vidéo, les réalités virtuelles et augmentées ainsi que l’audio. Cette technologie permet un taux de transfert allant jusqu’à 20 Mb/s, là où le Bluetooth plafonne à 2 Mb/s dans les meilleures conditions. La latence, elle, passe de 3 ms au mieux à moins de 50 millionièmes de seconde.

Le fait que c’est à Montréal qu’on a inventé cette technologie qui pourrait bouleverser nos vies n’étonne pas Frédéric Nabki. « C’est une ville très innovante, avec des incubateurs et un écosystème très fort. Et ce n’est pas très connu, mais on a une longue expérience en fréquences radio. Peut-être est-ce quelque chose dans l’eau ! »https://www.lapresse.ca/affaires/entreprises/2021-02-16/entreprises/la-montrealaise-spark-veut-vous-debarrasser-du-bluetooth.php

2 « J'aime »

Ça permettrait enfin d’avoir une bonne qualité audio sur les écouteurs bluetooth.

Ça aurait été bien aussi si le monde n’avait pas été obligé de changer pour des écouteurs avec électronique, batterie, et durée de vie limitée pour une moins bonne qualité de son, parce qu’on a éliminé le mini-jack de nos appareils… Le sans-fil à ses avantages mais aussi ses inconvénients, c’est dommage de pousser tout le marché vers des appareils plus polluants et moins durables sans laisser le choix.

Cela étant dit, la technologie qu’on parle ici à l’air vraiment intéressante, je ne vais pas pleurer si ça remplace le Bluetooth, mais le gros défi sera de percer le marché et avoir cela sur des appareils en masse. La clientèle ne voudra pas se risquer facilement sur une technologie qui n’est pas aussi universel.

Comme dans tout l’innovation bouscule et sème le doute. Toutefois si les qualités du produit sont reconnues, elles pourraient révolutionner l’industrie. Ici il semble que les avantages soient suffisamment intéressants pour convaincre les intervenants dans le domaine, d’aller plus loin dans leur réflexion.

La recherche et développement est une avenue que l’on doit absolument prioriser au Québec, surtout quand on découvre des technologies vraiment avant-gardistes. Bien sûr il faudra faire appel aux fonds spécialisés en capital de risque, cas l’argent est le nerf de la guerre.

Arctic Gardens Des légumes « testés pour les résidus de pesticides »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Robert Deschamps (à gauche), directeur agricole de Bonduelle Amériques Longue Conservation, et Christian Malenfant, vice-président au marketing, à la recherche et développement et à la responsabilité sociale d’entreprise

Alors que les consommateurs sont de plus en plus soucieux de ce qu’ils mangent, Bonduelle lancera au cours des prochaines semaines une gamme de légumes surgelés « testés pour les résidus de pesticides ». Dorénavant, le maïs sucré, les petits pois et les haricots verts de sa marque Arctic Gardens porteront cette mention, utilisée pour la première fois au Québec pour des aliments distribués à grande échelle.

Publié le 19 février 2021 à 6h00

Partager

Daphné Cameron Daphné Cameron
La Presse

Chaque lot sera testé par des laboratoires indépendants pour détecter la présence éventuelle de résidus de plus de 300 pesticides.

« C’est une exigence supplémentaire qu’on s’est donnée de façon volontaire », explique Christian Malenfant, vice-président au marketing, à la recherche et développement et à la responsabilité sociale d’entreprise chez Bonduelle. « Ça indique qu’on n’a trouvé aucune trace de pesticides pour plusieurs pesticides qu’on a testés à l’aide de laboratoires indépendants. Et on a exigé les équipements de tests les plus sophistiqués sur le marché. Dans la limite de ces tests, on a mis en marché seulement les légumes pour lesquels on n’a trouvé aucune trace de ces pesticides. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Dorénavant, le maïs sucré, les petits pois et les haricots verts de sa marque Arctic Gardens porteront la mention « testés pour les résidus de pesticides », utilisée pour la première fois au Québec pour des aliments distribués à grande échelle.

La mention « testé pour les résidus de pesticides » est permise par la loi fédérale sur l’étiquetage. Il ne s’agit pas d’une appellation officielle reconnue par le Conseil des appellations réservées et des termes valorisants comme l’appellation « biologique ».

L’allégation “testé pour les résidus de pesticides”, c’est un engagement de résultat, contrairement au bio qui est un engagement de moyens. Alors nous, on s’est engagés à avoir un résultat et ce qui compte ici, c’est qu’à la suite de la récolte, on teste et on met en marché seulement ce qui n’a pas de traces de pesticides.

Christian Malenfant, vice-président au marketing, à la recherche et développement et à la responsabilité sociale d’entreprise chez Bonduelle

En France, Bonduelle a lancé une gamme de maïs « testé pour les résidus de pesticides » il y a environ un an. Le premier marché visé par cette approche en Amérique du Nord est celui du Québec.

Pour expliquer ce choix, Christian Malenfant cite un sondage commandé en 2016 par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) qui a révélé que 86 % des Québécois se disent préoccupés par la présence de pesticides dans leur alimentation.

« Non seulement on est convaincus que les consommateurs le souhaitent, on est convaincus qu’en ayant une approche d’agriculture raisonnée et durable et des initiatives pour diminuer l’usage de pesticides, en tant qu’entreprise responsable, on est dans la bonne voie. »

Agriculture raisonnée

Agriculture conventionnelle, biologique ou raisonnée : dans quel genre de système agricole les légumes « testés pour les résidus de pesticides » ont-ils été cultivés ?

L’agriculture biologique est soumise à des normes très rigoureuses interdisant le recours aux OGM, aux pesticides synthétiques et aux engrais chimiques. Une production biologique doit respecter les normes d’un organisme de certification.

En revanche, l’agriculture dite conventionnelle permet l’usage d’engrais chimiques, de pesticides et de semences génétiquement modifiées. Les pesticides utilisés servent à combattre les ravageurs des cultures comme les insectes, les mauvaises herbes ou les champignons nuisibles.

De plus en plus d’agriculteurs québécois s’identifient désormais à la mouvance de l’agriculture raisonnée, qui ne rejette pas le recours aux pesticides lorsqu’ils sont jugés nécessaires, mais qui mise plutôt sur des techniques de « lutte intégrée contre les ravageurs ».

Pour sa gamme de produits « testés pour les résidus de pesticides », Bonduelle s’inscrit dans cette dernière catégorie.

« Nous avons plusieurs stratégies qui sont mises de l’avant pour réduire l’utilisation des pesticides », affirme le directeur agricole de Bonduelle Amériques Longue Conservation, Robert Deschamps.

Il cite le désherbage mécanique, l’utilisation de pièges à insectes, la substitution des fongicides par un champignon qui attaque les autres champignons, ainsi que le recours à des insectes prédateurs des insectes qui s’attaquent aux cultures.

« À la base, on s’inscrit dans une démarche de développement durable », explique-t-il.

Rémy Lambert, professeur d’économie agroalimentaire à l’Université Laval et spécialiste des appellations réservées, affirme que les consommateurs sont de plus en plus soucieux de la provenance des produits qu’ils achètent. S’il voit avant tout l’étiquette « testé pour les résidus de pesticides » comme un positionnement marketing, il estime que des consommateurs seront rassurés par cette mention.

« On va chercher celui qui se préoccupe de la consommation de matières dommageables pour sa santé. On n’interdit pas l’utilisation du pesticide, ce n’est pas ce qui est dit non plus. On montre qu’on l’utilise de façon raisonnable, de façon raisonnée, et en même temps, on dit : « On a fait les tests et il n’y a pas de résidus. » »

La présence de résidus de pesticides est-elle fréquente ?

Les trois quarts des fruits et légumes issus de l’agriculture conventionnelle analysés par le MAPAQ entre 2016 et 2017 contenaient des résidus de pesticides. Et sur les 544 échantillons analysés, 26 (donc 5 %) comprenaient des particules chimiques à des concentrations qui dépassaient les normes canadiennes. En 2018-2019, la proportion des aliments non conformes était de 3 %.

Qui fera les tests ?

Puisque les laboratoires commerciaux du Québec ne sont pas équipés pour détecter tous les pesticides, chaque lot sera envoyé en France. Ils seront testés par l’entreprise Phytocontrol. Son site web précise que « la majorité des analyseurs est couplée à des détecteurs de spectrométrie de masse en tandem ». La spectrométrie de masse est une technologie qui permet de détecter des seuils très bas de molécules chimiques. La limite de détection est égale à la moitié de la limite de quantification qui s’exprime en centièmes de milligramme par kilogramme pour les molécules testées, nous a précisé Bonduelle.

Pourquoi ne pas utiliser la mention « sans résidus de pesticides » ?

L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) juge « trompeuse » l’utilisation de l’allégation « sans résidus de pesticides », considérant la possibilité que les pesticides puissent demeurer ou se déplacer dans l’environnement avant les récoltes. « Des produits frais peuvent être exposés à des pesticides présents dans le sol ou l’eau provenant d’une contamination précédente, de l’air contaminé chimiquement ou par l’écoulement des eaux », souligne l’ACIA.
https://www.lapresse.ca/affaires/entreprises/2021-02-19/arctic-gardens/des-legumes-testes-pour-les-residus-de-pesticides.php

1 « J'aime »

Production d’hydrogène vert Un autre projet verra le jour au Québec

PHOTO ÉTIENNE RANGER, ARCHIVES LE DROIT

Le barrage hydroélectrique de Brookfield, dans la région de Gatineau, alimentera l’électrolyseur de 20 mégawatts pour la production d’hydrogène vert.

Deux géants canadiens du secteur de l’énergie, Brookfield et Enbridge, se sont associés pour produire au Québec de l’hydrogène vert qui sera injecté dans le réseau de distribution de gaz naturel de Gatineau.

Publié le 25 février 2021 à 5h00

Partager

Hélène Baril Hélène Baril
La Presse

L’investissement d’Evolugen, filiale de Brookfield Energy, et de Gazifère, filiale d’Enbridge, dans la filière de l’hydrogène vert fera l’objet d’une annonce ce jeudi au congrès annuel de l’Association québécoise de la production d’énergie renouvelable (AQPER).

Il s’agit d’une première pour les deux entreprises dans le secteur de l’hydrogène dit vert, c’est-à-dire produit avec de l’énergie renouvelable. Les discussions qui ont conduit à leur association ont duré plus d’un an, a expliqué Josée Guibord, chef de la direction d’Evolugen, lors d’un entretien avec La Presse.

Brookfield Energy, société mère d’Evolugen, est un producteur d’énergie renouvelable présent partout dans le monde. Gazifère, distributeur gazier de l’Outaouais, est une des entreprises d’Enbridge, établie à Calgary et spécialisée dans le transport du pétrole et du gaz.

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Un réservoir d’hydrogène d’Enbridge à Markham, en Ontario

Quelque 60 millions sur la table

Evolugen investira 50 millions dans la construction d’un électrolyseur de 20 mégawatts à Gatineau, à proximité de ses centrales hydroélectriques, qui l’alimenteront en énergie. Gazifère, de son côté, construira une conduite de 15 kilomètres pour acheminer l’hydrogène à son réseau de distribution de gaz naturel qui dessert 45 000 clients à Chelsea et à Gatineau. L’investissement de Gazifère est estimé à une dizaine de millions de dollars, pour lequel une aide gouvernementale est attendue.

Il s’agit d’une première au Canada, souligne Jean-Benoit Trahan, directeur général de Gazifère. L’hydrogène produit par Evolugen sera injecté directement dans le réseau de distribution de Gazifère, et aura des effets immédiats sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

L’usine de production d’hydrogène à partir de l’électrolyse de l’eau nécessitera 20 mégawatts d’énergie produite par les centrales d’Evolugen sur la rivière La Lièvre, dont la capacité de production totale est de 250 mégawatts.

L’injection d’hydrogène dans le réseau de Gazifère rendra le gaz plus vert et permettra d’éviter l’émission de 15 000 tonnes de GES par année.

« C’est un partenariat parfait », estime Jean-Benoit Trahan.

Selon lui, un des avantages importants du partenariat est la création d’un réseau qui intègre la production, la distribution et la consommation d’hydrogène vert à l’échelle d’une région.

Le projet servira d’ailleurs de banc d’essai pour les deux entreprises, qui pensent déjà à répéter l’expérience ailleurs au Canada.

Un troisième projet au Québec

Le projet d’Evolugen et de Gazifère est le troisième investissement dans la filière de l’hydrogène vert annoncé au Québec en quelques mois.

La capacité de production de l’électrolyseur, à 20 mégawatts, égalera celle de la multinationale française Air Liquide, qui a inauguré en janvier un électrolyseur de 20 mégawatts à Bécancour, présenté alors comme le plus gros du monde.

Le plus important projet de production d’hydrogène vert reste celui annoncé par Hydro-Québec, qui veut construire une usine de production d’une capacité de 80 mégawatts à Varennes. Il s’agit de la première incursion de la société d’État dans cette filière énergétique.

L’objectif est d’alimenter en énergie l’usine de transformation des matières résiduelles en biocarburants que veut construire Enerkem à Varennes.

L’hydrogène peut maintenant être produit à partir d’une source d’énergie renouvelable à un coût compétitif, et la demande augmente parce qu’il permet de remplacer des sources d’énergie polluantes et d’électrifier des procédés industriels qui ne pourraient pas l’être directement.
https://www.lapresse.ca/affaires/economie/2021-02-25/production-d-hydrogene-vert/un-autre-projet-verra-le-jour-au-quebec.php

2 « J'aime »

Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles Un nouveau règlement de zonage plus vert

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

En vertu du nouveau règlement de l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, l’espace minimal qui doit être végétalisé en cour avant pour les nouvelles habitations passera de 10 % à 20 %.

L’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles se prépare à adopter un nouveau règlement de zonage comportant plusieurs dispositions pour mieux lutter contre les changements climatiques.

Publié le 8 mars 2021 à 5h00

Partager

Éric-Pierre Champagne Éric-Pierre Champagne
La Presse

Au nombre des mesures qui seront mises de l’avant, les nouvelles aires de stationnement pour les unités résidentielles devront être précâblées afin d’accueillir des bornes de recharge pour véhicules électriques.

L’arrondissement dirigé par la mairesse Caroline Bourgeois souhaite ainsi se préparer pour 2035, année à partir de laquelle la vente de véhicules à essence neufs sera interdite au Québec.

Le gouvernement Legault a d’ailleurs annoncé qu’il souhaitait augmenter à 30 % d’ici 10 ans la proportion de voitures électriques sur les routes. Un bond considérable considérant que seulement 1,3 % du parc automobile actuel est constitué de véhicules électriques.

Au nombre des changements à venir, l’arrondissement veut aussi réduire la proportion de surfaces asphaltées au profit d’espaces végétalisés.

« On a constaté qu’il n’y a pas beaucoup de verdissement dans les nouveaux projets de développement. Tout est asphalté. Ça respecte bien sûr la règlementation en vigueur, mais c’est une pratique qu’on ne veut plus voir en 2021 », signale Caroline Bourgeois.

L’arrondissement estime que de 8000 à 12 000 unités d’habitation pourraient s’ajouter sur son territoire au cours des prochaines années.

Accroître la surface végétalisée

L’espace minimal qui doit être végétalisé en cour avant pour les nouvelles habitations passera de 10 % à 20 %. Divers éléments végétaux (arbres, arbustes, haies, etc.) devront obligatoirement être aménagés entre un espace de stationnement et la voie publique pour les habitations de trois unités et plus.

La nouvelle règlementation sera aussi plus stricte pour les aires de stationnement des espaces commerciaux qui sont supérieures à 1000 m2. Au moins 25 % de leur superficie devra être végétalisée.

Ces mesures pourraient contribuer à diminuer les îlots de chaleur urbains, d’autant plus qu’on s’attend à une hausse des épisodes de chaleur extrême dans le Grand Montréal au cours des prochaines décennies.

Je m’attends à ce que ça soit bien reçu par le public. Les gens aiment Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles. On a des parcs extraordinaires, on a la rivière, on a le fleuve.

Caroline Bourgeois, mairesse de l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles

Même son de cloche du côté de Yann Lessnick, conseiller en planification pour l’arrondissement. « On donne aussi l’exemple auprès des promoteurs avec nos projets. »

Il cite en exemple le stationnement écologique de l’aréna Rodrigue-Gilbert. Le nouvel aménagement comprend notamment 34 % de surface perméable permettant d’absorber et de filtrer l’eau de pluie.

L’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles compte un peu plus de 100 000 habitants, soit 6 % de la population de Montréal. En matière de densification, on y retrouve 2525 habitants au kilomètre carré.

Le nouveau règlement devrait être adopté mardi en conseil d’arrondissement avant d’être officiellement entériné par Montréal au début du mois de mai.
https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2021-03-08/riviere-des-prairies-pointe-aux-trembles/un-nouveau-reglement-de-zonage-plus-vert.php

2 « J'aime »