Densité et étalement urbain

Les urbanistes s’inquiètent depuis des décennies de l’étalement urbain. Pourtant, la banlieue continue de croître à la vitesse grand V, beaucoup plus vite que le cœur des villes. Le Canada est une nation banlieusarde, concluent les travaux d’un chercheur. Oubliez la société distincte… le Québec l’est aussi ! Et les politiciens l’ont bien compris. Un dossier de Gabriel Béland

Résumé

Contexte

Une nation banlieusarde

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Saint-Apollinaire est la ville de plus de 5000 habitants avec la plus forte croissance au Québec.

(Saint-Apollinaire) Jonathan Moreau a grandi dans un village. Il est aujourd’hui maire d’une ville… et il n’a pas déménagé !

Publié à 5h00

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Gabriel Béland
Gabriel Béland La Presse

« En face de chez moi, quand j’étais petit, c’était un champ. On partait à vélo et on revenait à la brunante. Maintenant, devant chez mes parents, c’est un quartier résidentiel », lance le maire de Saint-Apollinaire.

La municipalité de quelque 9000 habitants croît plus vite que son ombre. Sa population a augmenté de 30,4 % en cinq ans, entre les recensements de 2016 et de 2021. C’est la ville de plus de 5000 habitants avec la plus forte croissance au Québec, la quatrième au Canada.

Sa croissance, Saint-Apollinaire la doit en bonne partie à son emplacement. La ville est collée à l’autoroute 20, à moins de 30 minutes – lorsqu’il n’y a pas de congestion – de Lévis et du pont Pierre-Laporte, qui mène à Québec.

Saint-Apollinaire n’est pas une anomalie. Les quatre autres villes canadiennes qui ont crû le plus entre les deux derniers recensements sont des banlieues en périphérie de Toronto, de Victoria et de Winnipeg.

Les récents travaux d’un chercheur canadien ne laissent aucun doute : la banlieue domine largement au pays, et elle gagne sans cesse du terrain.

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE L’UNIVERSITÉ QUEEN’S

David Gordon, professeur d’urbanisme de l’Université Queen’s

Le Canada est une nation banlieusarde. Les banlieues ont une croissance supérieure à celle des villes, malgré toutes nos politiques d’urbanisme.

David Gordon, professeur d’urbanisme, Université Queen’s

Une tendance qui se confirme

Ce professeur d’urbanisme à l’Université Queen’s est devenu obsédé par la banlieue il y a quelques années. En entrevue, il raconte qu’il avait été consulté à titre d’expert par le gouvernement fédéral. Ottawa voulait mettre en place un fonds d’infrastructure pour les transports en commun.

« Un haut fonctionnaire avait dit : “Le recensement vient de nous dire que le Canada est à 82 % urbain, alors on a besoin de métros, de métros, de métros…” »

David Gordon avait sursauté. Ce n’était pas de métros qu’il fallait, mais de trains légers, car il était évident, à ses yeux, que la croissance avait lieu en banlieue.

Le haut fonctionnaire n’en démordait pas. Il avait même demandé des chiffres au professeur Gordon sur la population canadienne qui vivait en banlieue. Mais ces chiffres n’existaient pas.

Le pugnace universitaire s’est mis en tête, avec son équipe, de répondre à cette question. Ça n’a pas été facile. Ça a pris cinq ans.

Il a dû passer au peigne fin les 41 régions métropolitaines du recensement. En étudiant les cartes une à une, son équipe et lui ont divisé les régions métropolitaines en quatre zones : les « centres actifs », où il existe plusieurs options de transport autres que la voiture ; les banlieues avec transports en commun bien développés, comme certains quartiers de Longueuil ; les banlieues où l’automobile domine ; et les secteurs périurbains, des endroits presque ruraux où plus de la moitié des travailleurs font du navettage vers la ville.

Vous habitez en ville ou en banlieue ? Consultez la carte du professeur Gordon et de son équipe (en anglais)

Sa conclusion ? « Le Canada est aux deux tiers banlieusard », lâche M. Gordon. La dernière mise à jour de son étude, publiée récemment, indique précisément que 66 % des Canadiens vivent en banlieue.

Ce phénomène ne s’essouffle pas. Entre 2016 et 2021, 66 % de la hausse de population dans les régions métropolitaines a eu lieu dans les banlieues dépendantes de l’auto, et 16 % dans les secteurs périurbains, encore plus lointains.

Dans l’ensemble du pays, les chiffres du dernier recensement passés dans l’outil d’analyse du professeur montrent que 82 % de la population canadienne vit dans un endroit où la voiture domine, avec peu ou pas d’options de transports en commun.

L’idéal du bungalow

Pourquoi s’intéresser à l’étalement urbain ? Les experts s’entendent pour dire que ce phénomène a des répercussions importantes sur la société.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Fanny Tremblay-Racicot, docteure en urbanisme et professeure agrégée à l’École nationale d’administration publique (ENAP)

« C’est important pour des raisons environnementales. Si on habite plus en banlieue, c’est sûr qu’on va conduire davantage, émettre davantage de CO2, utiliser plus d’espace. Donc, ça a un impact sur la congestion, sur les terres agricoles, le développement social aussi, la qualité de vie, le tissu social… », énumère Fanny Tremblay-Racicot, docteure en urbanisme et professeure agrégée à l’École nationale d’administration publique (ENAP).

« Ça a aussi un impact pour les pouvoirs publics. C’est plus cher en infrastructures, plus intensif en infrastructures publiques », dit-elle.

David Gordon y voit aussi un enjeu avec le vieillissement de la population.

Il y a une question d’équité sociale. Si vous êtes trop pauvre, trop jeune ou trop vieux, la banlieue ne marche pas pour vous, car vous ne pouvez pas conduire une auto.

David Gordon, professeur d’urbanisme, Université Queen’s

Force est de constater que, malgré des politiques gouvernementales aux sigles exotiques, quoique bien québécois, comme PNAAT ou OGAT*, l’étalement urbain se poursuit.

« Pour beaucoup de gens, l’American way of life avec l’automobile et la possession d’une maison unifamiliale reste un idéal très fort, note Gérard Beaudet, professeur d’urbanisme à l’Université de Montréal. On le sait, pour 90 % des familles avec de jeunes enfants, l’idéal, c’est le bungalow. Ça reste un idéal très puissant. »

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Des maisons neuves, il en pousse par dizaines à Saint-Apollinaire. Lors de notre passage, rue du Geai-Bleu, des ouvriers s’affairent. Un quartier entier est en train de naître.

Une recherche rapide permet d’y trouver sur l’internet un jumelé flambant neuf à vendre, avec cinq chambres, pour 298 000 $. Une aubaine, par les temps qui courent. Le prix des maisons en ville est hors d’atteinte pour la majorité des familles.

« On ne se le cachera pas, plus tu t’éloignes, plus les terrains sont abordables. Alors ce sont beaucoup de jeunes familles qui cherchent une première demeure », note Jonathan Moreau.

Le maire s’attend, lors du recensement de 2026, à une croissance semblable à celle des dernières années. À terme, il pense que Saint-Apollinaire peut accueillir 13 000 personnes dans son périmètre urbain, soit 4000 de plus qu’aujourd’hui.

« On reste dans notre zone blanche. On a pensé demander un agrandissement de notre périmètre urbain. On sait que les règles se sont resserrées. Mais la municipalité est sensible à ça, de ne pas s’étaler pour rien », dit le maire.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

La municipalité mise notamment sur les multiplex pour se densifier.

« Alors, on fait de la densification ! », dit-il. Une douzaine d’immeubles de 20 logements sont en construction dans la municipalité.

Mais il reste que les habitants ici sont dépendants de la voiture pour se rendre en ville. Les options de transports en commun sont minces. Le maire aimerait se connecter au réseau lévisien. Entre-temps, la congestion peut être difficile aux heures de pointe.

Que pense le maire Jonathan Moreau des débats sur l’étalement urbain ? Il comprend les préoccupations des experts, mais il fait valoir l’argument de la liberté individuelle.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Jonathan Moreau, maire de Saint-Apollinaire

On ne peut pas nous empêcher d’exister. La municipalité existe depuis plus de 150 ans. On ne peut pas dire aux gens : “Ne venez plus ici, allez tous à Québec.”

Jonathan Moreau, maire de Saint-Apollinaire

« Je pense que chaque municipalité a le devoir de densifier et d’éviter l’étalement, estime M. Moreau. Mais c’est difficile de commencer à dire : “Toi, tu vas aller rester là et toi, tu vas aller rester là !” Rendu là, c’est du communisme, quant à moi. Les gens ont la liberté de choisir, mais il faut minimiser l’impact sur l’environnement. Ça, je suis d’accord. »

Le professeur David Gordon est sensible à l’argument de la liberté individuelle. « Je m’inquiète, car mes recherches sont souvent utilisées par la droite libertarienne pour dire : “Voyez, tout le monde aime la banlieue, on devrait simplement en construire davantage, cessez de vous en faire avec ces trucs d’urbanisme.” »

Mais selon lui, cet argument est incomplet. La croissance exponentielle des banlieues ne reflète pas uniquement une préférence des consommateurs, dit-il. « Elle découle aussi d’un choix du gouvernement. Il y a plein de subventions, d’aménagements, qui facilitent l’utilisation de la voiture et rendent plus difficiles les transports en commun. On pensait que c’était la bonne chose à faire après la Seconde Guerre mondiale. On ne savait pas que ça ne marchait pas.

« En tant qu’urbanistes, il faut reconnaître que c’est désiré par la majorité de la population, mais trouver de meilleures options. »

  • Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire (PNAAT) et orientations gouvernementales en aménagement du territoire (OGAT)

La banlieue, clé des élections ?

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Les ponts de Québec et Pierre-Laporte, qui lient Québec à Lévis. Le troisième lien autoroutier entre les deux villes illustre parfaitement le poids politique grandissant de la banlieue.

Oubliez les sempiternels « Il faut gagner l’Ontario » ou « Il faut gagner le Québec ». Qui gagne en banlieue gagne les élections fédérales. C’est la thèse que défend l’un des principaux sondeurs au pays.

Publié à 5h00

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Gabriel Béland
Gabriel Béland La Presse

« La croissance démographique canadienne a lieu dans les banlieues tout-à-l’auto. C’est là que les immigrants s’installent. Les banlieues ont une population plus jeune, davantage de naissances », a récemment écrit sur X Darrell Bricker, président-directeur d’Ipsos Public Affairs. « La clé de la victoire est désormais la banlieue tout-à-l’auto. Ceux qui gagnent sur ce terrain gagnent les élections. »

Cette grille d’analyse, qui gagne en popularité au pays, peut nous aider à comprendre certaines dynamiques politiques. Les attaques de la Coalition avenir Québec (CAQ) contre les taxes orange de Québec solidaire (QS) ont particulièrement porté aux dernières élections. Rappelons que le parti de gauche proposait de taxer les véhicules énergivores.

L’exemple du troisième lien

La semaine dernière, le chef conservateur Pierre Poilievre a annoncé qu’il n’investirait pas « une cenne d’argent fédéral dans un projet de tramway à Québec ». « Trudeau et le Bloc sont obsédés par la guerre à l’auto et ignorent les gens des banlieues et des régions », a-t-il ajouté.

PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le chef conservateur Pierre Poilievre

« Les conservateurs de gros bon sens continueront de respecter les automobilistes québécois en appuyant un troisième lien pour les voitures », a martelé M. Poilievre, à propos du controversé projet autoroutier interrives que les experts de CDPQ Infra déconseillaient au gouvernement.

Pour Gérard Beaudet, le thème du troisième lien illustre parfaitement le poids politique grandissant de la banlieue.

Le troisième lien est peut-être le meilleur exemple de ce calcul politique où, contre vents et marées, même si aucun expert n’a soutenu ce projet, on s’est quand même entêté.

Gérard Beaudet, professeur d’urbanisme de l’Université de Montréal

Sans surprise, le thème de l’auto colle à la banlieue. « Si vous vivez en banlieue, à cause de la manière dont la banlieue a été conçue, vous devez être pro-automobiles. Personne ne peut s’y déplacer sans elles. Il n’y a pas de choix. Là, on essaye d’ajouter des choix en banlieue, mais c’est un long processus très inefficace », note le professeur d’urbanisme à l’Université Queen’s David Gordon.

Le professeur Gordon résume le paysage politique canadien de cette façon : « Si les banlieues votent avec les régions rurales, alors les conservateurs l’emportent. Si les banlieues votent avec le cœur des villes, alors les libéraux l’emportent. »

De manière générale, M. Gordon pense que les « politiciens qui peuvent diviser les électeurs de la banlieue et ceux de la ville auront une majorité substantielle aux élections ».

Par exemple, il est permis de se demander si la récente querelle entre les maires des villes et le gouvernement Legault sur le financement des transports en commun ne servirait pas précisément la CAQ. Qualifier les maires et mairesses de « quêteux », est-ce une erreur ou un coup payant ?

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PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Les ponts de Québec et Pierre-Laporte, qui lient Québec à Lévis. Le troisième lien autoroutier entre les deux villes illustre parfaitement le poids politique grandissant de la banlieue.

Oubliez les sempiternels « Il faut gagner l’Ontario » ou « Il faut gagner le Québec ». Qui gagne en banlieue gagne les élections fédérales. C’est la thèse que défend l’un des principaux sondeurs au pays.

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Gabriel Béland
Gabriel Béland La Presse

« La croissance démographique canadienne a lieu dans les banlieues tout-à-l’auto. C’est là que les immigrants s’installent. Les banlieues ont une population plus jeune, davantage de naissances », a récemment écrit sur X Darrell Bricker, président-directeur d’Ipsos Public Affairs. « La clé de la victoire est désormais la banlieue tout-à-l’auto. Ceux qui gagnent sur ce terrain gagnent les élections. »

Cette grille d’analyse, qui gagne en popularité au pays, peut nous aider à comprendre certaines dynamiques politiques. Les attaques de la Coalition avenir Québec (CAQ) contre les taxes orange de Québec solidaire (QS) ont particulièrement porté aux dernières élections. Rappelons que le parti de gauche proposait de taxer les véhicules énergivores.

L’exemple du troisième lien

La semaine dernière, le chef conservateur Pierre Poilievre a annoncé qu’il n’investirait pas « une cenne d’argent fédéral dans un projet de tramway à Québec ». « Trudeau et le Bloc sont obsédés par la guerre à l’auto et ignorent les gens des banlieues et des régions », a-t-il ajouté.

PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le chef conservateur Pierre Poilievre

« Les conservateurs de gros bon sens continueront de respecter les automobilistes québécois en appuyant un troisième lien pour les voitures », a martelé M. Poilievre, à propos du controversé projet autoroutier interrives que les experts de CDPQ Infra déconseillaient au gouvernement.

Pour Gérard Beaudet, le thème du troisième lien illustre parfaitement le poids politique grandissant de la banlieue.

Le troisième lien est peut-être le meilleur exemple de ce calcul politique où, contre vents et marées, même si aucun expert n’a soutenu ce projet, on s’est quand même entêté.

Gérard Beaudet, professeur d’urbanisme de l’Université de Montréal

Sans surprise, le thème de l’auto colle à la banlieue. « Si vous vivez en banlieue, à cause de la manière dont la banlieue a été conçue, vous devez être pro-automobiles. Personne ne peut s’y déplacer sans elles. Il n’y a pas de choix. Là, on essaye d’ajouter des choix en banlieue, mais c’est un long processus très inefficace », note le professeur d’urbanisme à l’Université Queen’s David Gordon.

Le professeur Gordon résume le paysage politique canadien de cette façon : « Si les banlieues votent avec les régions rurales, alors les conservateurs l’emportent. Si les banlieues votent avec le cœur des villes, alors les libéraux l’emportent. »

De manière générale, M. Gordon pense que les « politiciens qui peuvent diviser les électeurs de la banlieue et ceux de la ville auront une majorité substantielle aux élections ».

Par exemple, il est permis de se demander si la récente querelle entre les maires des villes et le gouvernement Legault sur le financement des transports en commun ne servirait pas précisément la CAQ. Qualifier les maires et mairesses de « quêteux », est-ce une erreur ou un coup payant ?

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Je trouve que les tours à Repentigny jurent beaucoup dans le paysage. Je suis très en faveur de la densification, mais je pense pas que les tours soient appropriées partout. Du 4-5-6 étages peut très bien faire l’affaire dans des endroits avec peu de densité présentement.

Et toute cette nouvelle densité est très rarement optimisée en introduisant une mixité des usages intéressantes, avec des commerces de proximité accessibles à pieds. À quoi bon habiter dans une tour si tu dois quand même prendre la voiture pour aller acheter une pinte de lait?

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Faut aussi se souvenir que Repentigny, tout comme la majorité des villes de première couronne, n’ont pas eu d’autorisation pour dézoner davantage. Au point que St-Roch-L’Achigan est prêt à dézoner des forêts puiqu’elles n’entrent pas dans les terres agricoles.
Par contre, les 2e et 3e couronnes dézonent allègrement les terres agricoles…
https://www.lapresse.ca/actualites/2020-10-19/mrc-de-montcalm-dans-lanaudiere/dezonage-autorise-malgre-l-avis-de-trois-ministeres.php

Juste comme ça, St-Roch-de-l’Achigan c’est pas mal la 4e couronne / la campagne. C’est hors-CMM, donc la réglementation marginalement plus stricte de la CMM ne s’y applique pas.

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Kingston a misé sur le logement étudiant pour réduire la pression sur le marché locatif
Il y a 30 000 étudiants à l’université Queens pour 5000 unités dans des résidences étudiantes.

Logement : Kingston, un modèle à suivre?

En Ontario, la ville de Kingston s’est donnée comme mission de devenir un exemple en matière de lutte contre la crise du logement. L’an dernier, la municipalité a dépassé ses cibles de nouvelles unités construites en misant notamment sur les résidences privées pour étudiants. Une façon de libérer d’autres types de logements pour les familles et les aînés.

Le reportage de Yasmine Mehdi

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3 articles
Tony Accurso hante toujours Terrebonne

Sorti de prison en février, l’ex-entrepreneur corrompu Tony Accurso a toujours à son actif près de 50 millions de dollars en propriétés à lotir. Au grand dam de Terrebonne, qui veut éviter de payer des millions à sa société pour protéger un milieu naturel. Et à Deux-Montagnes, son fils envisage la construction d’immeubles de 15 étages sur le site même du grand domaine familial.

Résumé

Deux villes, deux préoccupations

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Tony Accurso lors de son procès pour corruption à Laval, en 2017

Terrebonne et Deux-Montagnes doivent composer avec l’homme d’affaires déchu à propos de développement immobilier

Publié à 5h00

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Hugo Joncas
Hugo Joncas Équipe d’enquête, La Presse

À peine sorti du pénitencier, Tony Accurso se retrouve à nouveau au cœur de grosses discussions sur ses propriétés dans deux villes de la couronne nord de Montréal. Terrebonne tente tant bien que mal d’éviter de lui payer des millions de dollars pour exproprier son entreprise d’un terrain inclus dans son « Corridor de la biodiversité ». Et à Deux-Montagnes, son fils veut profiter du nouveau zonage pour construire 10 immeubles résidentiels de 3 à 15 étages, en lieu et place du vaste domaine familial au bord du lac.

Jusqu’en février, Accurso purgeait sa peine pour corruption. Pour sortir de prison, il a promis qu’il ne toucherait plus aux contrats publics et assuré n’avoir « aucune intention d’exploiter une entreprise ». La Commission des libérations conditionnelles lui a toutefois accordé une exception de taille : il peut « conseiller » ses enfants et gérer les vastes propriétés qu’il possède déjà, qui totalisent 47 millions de dollars en évaluation municipale.

Stratégiquement situées, ces propriétés lui appartiennent toujours, à lui-même ou à ses entreprises. Au terme de longues et complexes procédures d’insolvabilité, l’ex-magnat de la construction a réussi à les préserver des griffes de ses créanciers, Québec, Ottawa et les villes de Montréal et de Laval, qui lui réclamaient 139 millions au total.

Aujourd’hui, Tony Accurso, 72 ans, compte les revendre, avec la bénédiction de la Commission des libérations conditionnelles.

La Presse a tenté de s’entretenir avec Tony Accurso ou son fils Giovanni, 35 ans, dans le cadre de ce reportage. Ils ont décliné nos demandes par l’entremise des avocats du patriarche.

Sauvé par un ex-associé

Tony Accurso a réussi à conserver le gros de ses propriétés grâce à un ancien associé, Walter Martinello, ex-président de son ancienne entreprise Louisbourg Pipelines. C’est lui qui lui a prêté tout près de 50 millions pour rembourser ses créanciers publics, à travers une fiducie anonyme, rapportait La Presse en octobre 2023.

Les gouvernements réclamaient presque trois fois plus, mais ils ont accepté cette somme pour éviter d’avoir à poursuivre de coûteuses procédures judiciaires pour prouver leurs créances.

Aujourd’hui, Accurso doit toutefois trouver l’argent pour rembourser son ancien partenaire.

Terrains du Quartier chinois

En plus des terrains de Terrebonne et de Deux-Montagnes qui se retrouvent au cœur des discussions avec ces deux municipalités, ces actifs sauvés de la faillite incluent un lieu de choix à Montréal, à l’angle des boulevards Saint-Laurent et René-Lévesque, au pied de la tour d’Hydro-Québec.

La société en commandite 1111 Saint-Laurent d’Accurso l’a mis sur le marché, mais la Ville a inscrit un droit de préemption sur les terrains, « aux fins d’habitation, notamment de logement abordable ».

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Le terrain vague du Quartier chinois qu’une société de Tony Accurso tente de vendre

La municipalité n’a toutefois aucun plan précis pour les lots, qu’elle évalue à 15 millions. « La Ville ne fait pas de planification spécifique sur les immeubles visés par le droit de préemption, explique le porte-parole Hugo Bourgoin. La Ville analyse les opportunités au moment où cette transaction lui est soumise. »

Il précise également que l’arrondissement de Ville-Marie n’a reçu « aucune demande de permis, ni présentation de projet » pour les lots.

Avec la collaboration de Louis-Samuel Perron, La Presse

Les tours du TOD LaSalle se démarquent de plus en plus dans le skyline du sud-ouest

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Je ne savais pas où mettre ce sujet.

Je trouvais cela intéressant.

Selon ce site, la région métropolitaine de Montréal viendrait d’atteindre 4,5 millions d’habitants !

En influant Toronto, Montréal serait au 15e rang en Amérique du Nord venant de dépasser Detroit

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Mais selon ce site, le 4,5 millions serait pour le 1er juillet 2023. Donc on peut estimer que c’est encore plus un an plus tard.

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Attention quand on se compare aux villes américaines. Leur définition de région métropolitaine (Metropolitan Statistical Area) est complètement différente et même ridicule, ce qui fait que par exemple la région métropolitaine de Boston ou Détroit est plus du double de la superficie de Montréal. Eux ils rajoutent un compté au complet dans une MSA aussitôt que seulement 25% de la population active du compté travaille dans la MSA de la ville centre.
Ici, on y va municipalité par municipalité et il faut que 50% de la population active se déplace dans une RMR pour pouvoir l’inclure dans la RMR de la ville centre. Ainsi au final les régions métropolitaines américaines sont grandement surévaluées par rapport aux régions métropolitaines canadiennes.

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Nouvelle vidéo de Oh The Urbanity!

Canada’s Densest Boroughs: Is the Plateau Really on Top?

In talking up the density of low-rise walk-up apartments, many people claim that the Plateau in Montreal is the densest borough or neighbourhood in all of Canada. I’m not sure where this originally came from but the assertion even shows up on the Wikipedia page. At 13,000 people per square kilometre, the Plateau is pretty dense. But is it really the densest in the country?

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Dans La Tribune de Trois-Rivières