Densité et étalement urbain

Des promoteurs immobiliers s’unissent «pour faire pression» sur Sorel-Tracy


Photo: Adil Boukind Le Devoir
Les milieux naturels boisés sont menacés par l’étalement urbain à Sorel-Tracy.

Zacharie Goudreault
10 h 09

Des promoteurs se liguent pour faire accélérer le développement immobilier à Sorel-Tracy, où la protection des milieux naturels boisés menacés par l’étalement urbain est en voie de devenir le grand enjeu de la course à la mairie prévue cet automne , a constaté Le Devoir.

Un regroupement de promoteurs immobiliers s’est inscrit au Registre des lobbyistes du Québec jeudi après-midi dans le but d’entamer des « démarches » auprès de cette ville de Montérégie pour y développer « une meilleure compréhension commune et prévisible dans le développement domiciliaire durable ». Plusieurs projets résidentiels sont prévus sur des terrains boisés de Sorel-Tracy acquis par des investisseurs.

« Nous souhaitons mettre sur pied une table de discussion avec la Ville pour discuter des enjeux, de nos constats de la situation et trouver les meilleurs outils possibles et pratiques, tout en tenant compte de la réalité régionale », ajoute l’inscription, qui précise que le regroupement de promoteurs souhaite pouvoir développer « un guide, des orientations ou autres pratiques » afin de « favoriser un développement immobilier harmonieux » à Sorel-Tracy.

Le lobbyiste du regroupement n’a pas voulu préciser quels sont les promoteurs derrière ce rassemblement, dont les membres se sont rencontrés pour la première fois cette semaine. Une autre rencontre aura lieu mardi prochain, selon nos informations.

Ce sont en tout « sept ou huit promoteurs » qui feraient partie de cette alliance, a appris Le Devoir, de source sûre.

Celle-ci prend forme au moment où Sorel-Tracy est en voie de devenir le prochain secteur chaud pour le développement immobilier en Montérégie, un manque de sites à développer se faisant sentir dans la ville de Contrecoeur, plus proche de Montréal, notent plusieurs promoteurs de la région. Elle survient aussi un peu plus de deux mois après la destitution de l’ancien maire Serge Péloquin, qui sera remplacé le 20 novembre au terme d’une nouvelle course à la mairie.

Ligne directrice

« On veut faire pression parce qu’on dirait que la Ville n’a pas de ligne directrice dans le développement domiciliaire », lance au Devoir un des promoteurs immobiliers membres de ce regroupement, le p.-d.g. de l’entreprise AJL Construction, Alain Bourgeois. Ce dernier compte parmi les hommes d’affaires derrière l’acquisition d’immenses terrains boisés à Sorel-Tracy ces dernières années.

Sous l’ancienne administration, les permis de construction étaient souvent approuvés « à la pièce » et de façon expéditive par la Ville, indiquent plusieurs sources. Or, actuellement, « le développement domiciliaire est au ralenti et la demande est très forte », déplore M. Bourgeois. « Ça n’avance pas du tout ! Les urbanistes veulent avancer, mais les politiciens les ralentissent », renchérit le promoteur, qui déplore que « pour des niaiseries, des permis sont retardés ».

Pourtant, les projets immobiliers sur la glace actuellement pourraient rapporter d’importants revenus fonciers à Sorel-Tracy, évoque-t-il. « Si on a l’accord et l’aval de la Ville, on va aller de l’avant et on va injecter 500 millions d’investissements dans le budget de prestation de la Ville de Sorel-Tracy », insiste M. Bourgeois, qui additionne ainsi la valeur de l’ensemble des projets immobiliers mis de l’avant par les promoteurs membres du regroupement.

Politique de l’arbre

On ignore actuellement quand ce groupe de promoteurs rencontrera les représentants de la Ville, qui ont pris connaissance des démarches devant le Registre des lobbyistes du Québec après avoir été joints par Le Devoir.

Chose certaine, la Ville de Sorel-Tracy souhaite revoir l’encadrement du développement immobilier sur son territoire pour éviter que l’étalement urbain ne ravage ses espaces verts. Une Politique de l’arbre a notamment été adoptée en juillet dernier par les élus municipaux : elle donne à la Ville des cibles en matière d’augmentation de la canopée et de réduction des îlots de chaleur.

Un plan d’action suivra cet automne, et il pourrait prévoir l’imposition d’amendes salées aux promoteurs qui enfreindront cette politique, entrevoit le maire suppléant, Martin Lajeunesse. « On est conscients qu’il y a une grande demande dans la région pour des logements, relève-t-il en entrevue, mais on veut qu’il y ait un respect de l’environnement. »

Le promoteur Alain Bourgeois critique pour sa part fermement cette politique. Il n’écarte d’ailleurs pas d’entamer des « procédures légales » contre la Ville pour faire avancer certains de ses projets.

« Nous autres, on a acheté des terres qui sont en zones blanches, qui sont zonées résidentielles. Quand on a acheté ces terres-là, on a rencontré la Ville pour être sûrs que le développement était possible. Tout était beau, tout était correct. […] Et là, c’est rendu qu’on dépose des plans d’investissements et c’est refusé parce qu’il y a des arbres matures. À un moment donné, des arbres, on peut en replanter d’autres ! »

Course à la mairie

Les deux aspirants à la mairie de Sorel-Tracy déjà sur les rangs voient pour leur part d’un bon oeil l’idée d’améliorer la communication entre la Ville et les promoteurs immobiliers, à condition que la protection de l’environnement soit assurée.

« Ce n’est pas vrai qu’on peut négocier avec la Ville seulement sur le concept de valeur foncière », lâche l’ancienne conseillère municipale Corina Bastiani, qui compte tenter sa chance pour succéder à Serge Péloquin. « Il faut des espaces verts dans les nouveaux développements. Il faut cesser de tout considérer comme des friches », insiste-t-elle.

« Il faut inventorier, protéger et maintenir des milieux naturels dans la ville de Sorel-Tracy, c’est évident », assure aussi l’autre aspirant maire, Patrick Péloquin. Pour ce faire, un meilleur encadrement du développement immobilier s’impose, croit-il. « On en veut des logements. On en veut du développement. Mais pas à n’importe quel prix. »

Avec la collaboration d’Ulysse Bergeron

Something cool, but the area bordering Guy to Peel & St. Cat to St. Antoine was the fastest growing area in Montreal between 2016-2021, growing at 383%.

Take that doubters who thought everyone buying units near the Bell Centre were foreigners.

You can find it here under “more maps”

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How is it calculated though?

Census data

Comparaison entre les six grandes villes du pays (même échelle). Surprenant comment la partie dense de Montréal est grande; elle tient même la route comparée à Toronto.


Source

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Densifier nos villes à échelle humaine

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Les deux duplex du projet de densification Les répliques, à droite, ont été construits dans une ancienne cour arrière, comme celles que l’on voit sur la gauche, avenue Charlemagne, dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie.

Nous ne sommes ni les premiers ni les derniers à le dire : nous vivons une crise importante du logement au Québec.

Publié hier à 15h00

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Maxime Rodrigue

Maxime Rodrigue Président-directeur général de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec

À l’heure où on se parle, il manque 100 000 logements au Québec.1 La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) mentionne même qu’il faudrait construire 620 000 unités de plus d’ici 2030 pour retrouver une certaine abordabilité. Il est urgent de trouver des solutions permettant à l’ensemble de la population d’avoir un logement abordable et qui répond à ses besoins.

Et s’il était possible, pour les propriétaires de maisons unifamiliales, d’ajouter des logements accessoires à leur habitation, tels qu’un logement additionnel au sous-sol, au-dessus d’un garage ou encore en arrière-lot ? Densifier un parc immobilier ne signifie pas nécessairement de construire de nouveaux bâtiments : cela peut simplement consister à utiliser les infrastructures existantes de manière optimale.

Alors que de nombreuses voix s’élèvent pour lutter contre l’étalement urbain, cette simple mesure, si elle était permise plus facilement par les autorités municipales, pourrait faire une différence considérable dans notre vision de l’aménagement du territoire et dans un contexte difficile d’accession à la propriété, elle faciliterait les remboursements de prêts hypothécaires pour certains ménages par la location d’un logement.

La densification, oui, mais encore ?

Si l’on souhaite éviter l’étalement urbain, on doit davantage miser sur la densification. Inspirées par plusieurs juridictions à l’international, bon nombre d’organisations proposent différentes mesures de densification pour accommoder la croissance de la demande de logements.

On pourrait notamment opérer une vaste réforme du zonage, tel que le suggère Vivre en Ville, de manière à autoriser de plein droit, partout où la demande est forte, des bâtiments de trois étages, ou encore permettre l’accueil d’une unité d’habitation accessoire (UHA) ou intergénérationnelle.

Heureusement, l’heure est à la discussion pour la mise en place d’une stratégie efficace de densification. Qu’il s’agisse des consultations sur la Politique métropolitaine d’habitation de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), du Sommet municipal sur l’habitation, ou encore du plan d’action de la nouvelle Politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire (PNAAT), les occasions seront nombreuses. D’ailleurs, nous saluons la clairvoyance de cette nouvelle politique du gouvernement du Québec concernant les UHA, et nous avons bon espoir que de nombreuses municipalités emboîtent le pas et ajustent leur réglementation afin de permettre cette addition à leur parc immobilier existant.

Une mesure qui pourrait réduire de moitié le déficit de logements

Nos villes font face à un défi de taille : il est primordial de réfléchir stratégiquement aux manières d’accueillir la croissance démographique en s’attaquant à la fois à la crise du logement et à la crise climatique. Appuyer sur l’accélérateur de la densification, là où l’empreinte carbone est déjà faible et là où il est possible de l’alléger à moindre coût, est l’une des solutions qui s’imposent.

Le Québec compte présentement 1,8 million de maisons unifamiliales. Si seulement 2 à 3 % accueillaient un logement accessoire, ce serait environ 50 000 unités ajoutées au parc immobilier ! Bien entendu, il n’est pas réaliste de s’attendre à combler le déficit en une seule année. Comme l’Ontario, le Québec devra y consacrer une décennie.

L’ajout de 50 000 logements accessoires en 10 ans s’avère alors des plus réaliste, et on ne peut s’attendre à ce que tout ceci se réalise sans changer les milieux de vie existants. Bien sûr, de telles transformations peuvent poser des défis liés à l’acceptabilité sociale. Il faut donc travailler de concert avec la population et veiller à une intégration harmonieuse, et surtout, à échelle humaine.

1. Consultez l’étude de l’APCHQ

What do you mean with foreigners? People from out of Montreal, province or Canada can put their appartments on the rental market or leave them unoccupied, or else. We can’t really conclude anything about that with only population growth data.

Plus, according to the census data, out of the 5006 dwellings in that area, only 3510 are occupied by usual residents; which mean that roughly 1500 or 30% of those units were unoccupied; on the short-term rental market or lived in by students or out-of city workers.

While population rose by 383%, the number of dwellings increased by 457% during that span.

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I can guarantee you 30% are not unoccupied. We have to remember covid made a lot of people leave the downtown area (they are now returning). Plus, another reason why this is a higher number is because TDC2/3 still have plenty of empty units since they are very new to the market. If you look at density per hectare further, you will see this. The YUL lot for example has 1k+ people with about 1K units.

My comment was based towards activists who said all the units are foreign owned/no one lives in them, this is proven false. Once the 2026 census comes out, it will further prove that this area is a highly desirable area for people who are not foreign investors.

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My point still stands: foreign investors, whoever that is, can rent out their appartements. We have to separate foreign investors and unoccupied dwellings matters altogether.

Some critics were also about investors (foreign or domestic) buying these properties with no intent to live in them or rent them long-term. There are a bunch of units, empty or emptied, in all of these projects that are currently on sale but not from their original promoters.
Plus if you take a look at the census district of the orignal Rocabella towers with l’Avenue; more mature projects; more than 25% of the dwellings are still unoccupied by usual residents (619/840).
I believe those critics are somewhat valid; even though it does not directly relate with the attractiveness of the area; for I agree with you on that point. It is a highly desirable place to live for many people. Unfortunately, it does not mean that it has not been or is not being hoarded by a bunch of speculators nonetheless; but I guess we can’t know for sure with census data only.

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Deux articles dans Le Devoir sur l’étalement urbain (c’est une série de 3 textes, mais le 3e n’est pas encore publié)

Texte complet

Vers les villes satellites et plus loin encore


Photo: Julien Cadena Le Devoir
«Finalement, on a trouvé notre petit paradis, sourit Catherine Montmagny-Grenier, qui a délaissé son appartement à Montréal il y a huit mois pour s’installer sur une ancienne terre agricole à Mandeville. On s’est dit : si on quitte Montréal, c’est vraiment pour aller à l’extrême», ajoute la chargée de cours à l’Université de Montréal, qui a saisi l’occasion du télétravail en contexte pandémique pour déménager à la campagne. «Et je pense qu’on n’a jamais été aussi heureux.»

Zacharie Goudreault
30 août 2022

La banlieue et la campagne sont devenues le nouvel eldorado d’un nombre croissant de résidents des grands centres, stimulant un étalement urbain qui menace milieux naturels, terres agricoles et approvisionnement en eau potable, en plus d’augmenter la pression sur des municipalités appelées à gérer une croissance effrénée de leur population avec des ressources limitées. Deuxième article d’une série de trois sur l’étalement urbain qui gruge le Québec.

Des logements moins dispendieux, plus spacieux, l’accès à des espaces verts et à un milieu de vie plus tranquille : les raisons sont multiples pour justifier le départ massif, dans les dernières années, de milliers de résidents de villes comme Québec et Montréal vers la banlieue ainsi qu’en milieu rural.

« Finalement, on a trouvé notre petit paradis », sourit Catherine Montmagny-Grenier, qui a délaissé son appartement à Montréal il y a huit mois pour s’installer sur une ancienne terre agricole à Mandeville. La municipalité de Lanaudière d’un peu plus de 2300 âmes a vu sa population augmenter de 8 % en cinq ans, entre 2016 et 2021. « On s’est dit : si on quitte Montréal, c’est vraiment pour aller à l’extrême », ajoute la chargée de cours à l’Université de Montréal, qui a saisi l’occasion du télétravail en contexte pandémique pour déménager à la campagne. « Et je pense qu’on n’a jamais été aussi heureux. »

« J’ai 42 ans et je trouvais que j’avais fait le tour de Montréal, de ses activités. Et la verdure me manquait », confie pour sa part Corine Morin, qui a quitté pendant la pandémie son appartement du quartier Ville-Émard, à Montréal, pour s’exiler à Sainte-Marie-de-Beauce, dans la région de Chaudière-Appalaches.

Elle demeure aujourd’hui avec son copain dans une luxueuse copropriété locative incluse dans un vaste projet immobilier baptisé « Quartier Orée », qui prévoit à terme l’aménagement de quatre immeubles de cinq étages comptant chacun 60 logements locatifs dans une municipalité d’à peine 13 500 habitants.

« On vit dans un endroit où nos pièces sont très grandes », renchérit Mme Morin, qui se réjouit de bénéficier du « confort d’une ville » tout en demeurant à proximité de la nature. Elle a d’ailleurs acheté un terrain à Sainte-Marie afin d’y construire sa future demeure. « J’étais incapable d’acheter à Montréal », confie-t-elle.

Empiéter sur les terres agricoles

Les plus récentes données démographiques de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) témoignent d’ailleurs de façon éloquente de cet exode de citadins. L’ISQ entrevoit ainsi une croissance d’environ 16 à 21 % de la population d’ici 2041 dans les Laurentides, en Estrie, en Montérégie et dans Lanaudière, non loin de Montréal, où la population devrait connaître une maigre croissance de 3 % en 20 ans.

Or, « il n’y a plus de terrains à bâtir, donc si ça continue [cette croissance démographique] _, il faudra empiéter sur les terres agricoles, lance Martine Demers, une courtière immobilière qui gère la vente de propriétés et de terrains dans Lanaudière.

Une situation qui n’est pas étrangère à la spéculation immobilière qui a cours dans les grands centres, selon elle. « Les gens vont plus loin parce que ce n’est plus possible pour eux d’être proches des centres et des attraits principaux », relève Mme Demers. Elle constate que même à l’Assomption et à Joliette, la valeur des propriétés monte rapidement, incitant des acheteurs à se tourner vers de plus petites municipalités, plus éloignées, comme Saint-Calixte-de-Kilkenny.

« La banlieue se fuit elle-même », illustre ainsi Gérard Beaudet, professeur à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal . Une fois qu’un certain seuil de développement est atteint dans une municipalité, on se déplace plus loin « pour continuer d’atteindre cet idéal de la banlieue », ajoute l’urbaniste.

L’attrait de la banlieue et des régions éloignées fait d’ailleurs écho à « un idéal » typique du « rêve américain », bien ancré dans la culture populaire : celui de vivre dans une maison, avec une cour et un garage. « C’est très ancré dans l’imaginaire. C’est ça, le défi de la densification, c’est de changer cette image-là, mais c’est très puissant », soulève le professeur et membre du Centre de recherche sur le développement territorial à l’Université du Québec à Chicoutimi, Martin Simard.

Surenchère en campagne

La surenchère autour de Montréal vient d’ailleurs en bonne partie des résidents de la métropole en quête d’exil, constate la courtière Martine Demers. « Souvent, les grosses offres à des prix plus élevés, ce sont des acheteurs qui viennent de Montréal », note-t-elle, ceux-ci étant prêts à payer un prix plus élevé pour se loger.

« C’est sûr que pour un même montant, on peut avoir quelque chose de beaucoup plus intéressant à un meilleur prix », confirme Camille Blouin, qui a quitté Montréal pour s’établir à Saint-Sauveur en février dernier. Celle qui se spécialise dans les investissements immobiliers a d’ailleurs commencé à déménager ses billes de la métropole québécoise vers cette municipalité des Laurentides, où elle a acquis « quelques portes », jusqu’à maintenant. « Mais j’aspire à développer ça davantage », relate-t-elle.

Plus à l’est, dans la région métropolitaine de Québec, où on entrevoit une croissance de la population de 12,4 % d’ici 20 ans, selon l’ISQ, l’attrait de la banlieue et de la campagne est également plus fort que jamais, constate la courtière immobilière Chantale Létourneau, bien présente dans Chaudière-Appalaches.

« Les fermettes et les grands terrains avec vue sur l’eau, c’est vraiment nos gros vendeurs », note Mme Létourneau, qui constate que beaucoup d’acheteurs « veulent devenir autonomes » sur le plan alimentaire en élevant par exemple des poules ou quelques vaches sur leur terrain. « C’est vraiment pour eux autres, leur propre consommation et devenir plus autonomes », explique-t-elle.

La courtière immobilière remarque, elle aussi, que les acheteurs des grands centres sont ceux qui contribuent le plus à la surenchère des prix de l’immobilier dans cette région au sud de Québec, au détriment des résidents de longue date du secteur. « Les gens du coin en pâtissent », relève Mme Létourneau.

Texte complet

Les nouvelles banlieues ont soif


Photo: Marie-France Coallier Le Devoir
À Saint-Esprit, dans Lanaudière, de nouvelles résidences ont été construites à proximité de champs agricoles.

Ulysse Bergeron
30 août 2022

La banlieue et la campagne sont devenues le nouvel eldorado d’un nombre croissant de résidents des grands centres, ce qui stimule un étalement urbain qui menace milieux naturels, terres agricoles et approvisionnement en eau potable, en plus d’augmenter la pression sur des municipalités appelées à gérer une croissance effrénée de leur population avec des ressources limitées. Premier article d’une série de trois sur l’étalement urbain qui gruge le Québec.

En grugeant les milieux naturels et les terres agricoles, l’étalement urbain fait pression sur les réserves hydriques du Québec. Déjà, plusieurs municipalités sont aux prises avec de sérieux problèmes d’approvisionnement et, à ce rythme, certaines régions risquent d’épuiser une réserve d’or bleu qui leur semblait jusqu’à ce jour infinie, selon de nombreux spécialistes.

Au cours de la dernière année, Saint-Lin–Laurentides et Sutton ont limité la construction résidentielle par crainte de pénurie d’eau. En Montérégie, Saint-Rémi a manqué de la précieuse ressource tandis que Saint-Georges-de-Clarenceville a demandé à ses citoyens d’écrire au premier ministre du Québec pour lui demander de construire les infrastructures nécessaires au transport d’eau.

Dans le Bas-Saint-Laurent, Rivière-Ouelle doit prolonger son réseau d’aqueduc parce que des propriétés s’approvisionnent « en eau de piètre qualité », ce qui fait craindre pour « la pérennité de leur source d’eau », lit-on dans des documents déposés à la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ). Pour sa part, Lanoraie veut creuser un puits afin de pomper 16 % plus d’eau, alors que Saint-Hippolyte, dans les Laurentides, contraint les promoteurs immobiliers qui doivent creuser plus de quatre puits à déposer une étude hydrogéologique.

L’effet domino de l’étalement urbain est bien connu : il mène à une croissance démographique des régions qui se traduit par une hausse de la quantité d’eau consommée, résume Kim Marineau, présidente de Biodiversité conseil, une firme de consultants scientifiques. Une réalité préoccupante, d’autant plus que chaque Québécois consomme en moyenne 262 litres par jour à des fins résidentielles, soit plus de 2,5 fois que la quantité pour être dans un « réel confort », selon l’Organisation mondiale de la santé.

Ce qui est plus complexe à évaluer, c’est l’impact de l’étalement sur la quantité et la qualité de l’eau. Les nouveaux quartiers se font souvent au détriment d’espaces verts : coupes de boisés, assèchement de milieux humides, pertes de terres agricoles. « Nous devons absolument comprendre que ces milieux ont leur utilité pour que l’eau reste une ressource renouvelable. Ils permettent de capter l’eau [aussi bien la neige qui fond que les pluies]. Ces milieux servent aussi à filtrer les impuretés de l’eau », explique-t-elle.

La « destruction de milieux humides » et l’imperméabilisation — qui a pour effet de détourner l’eau des réserves souterraines — « fragilisent non seulement les aquifères, mais aussi les cours d’eau », tient à rappeler Frédéric Lasserre, expert en géopolitique de l’eau et directeur du Conseil québécois d’études géopolitiques de l’Université Laval.

« Si les niveaux des aquifères viennent à baisser, les rivières voient souvent leur débit diminuer aussi », observe-t-il. Par conséquent, l’ensemble du mécanisme hydrique est bouleversé. Et c’est ce qui se produit déjà dans certaines régions. « Je pense que trop de municipalités sont trop insouciantes face à la ressource en eau », indique le spécialiste, soulignant l’importance de planifier le développement des lieux d’habitations en considérant la capacité qu’a la ressource de se renouveler.

Asphalter des milieux naturels pour l’autoroute 25

Son de cloche similaire de la part de l’hydrogéologue Julie Gauthier, vice-présidente chez Laforest Nova Aqua. Lorsqu’il est question d’étalement urbain et de la disponibilité de l’eau, « force est de constater qu’on navigue à vue », rappelle-t-elle. « Il n’y a personne au Québec qui a pris la responsabilité de quantifier en détail la ressource pour qu’on puisse dire, lorsqu’on veut développer tel secteur ou telle région : “Voilà, on a tant de mètres cubes d’eau souterraine par année de disponibles sans qu’on tombe dans la surexploitation”. »

Le cas de Lanaudière est ici intéressant. Les besoins s’y font déjà sentir, alors que la population devrait croître de 16 % d’ici 20 ans, selon les plus récentes projections de l’Institut de la statistique du Québec. Or, c’est justement dans cette région que le gouvernement du Québec compte prolonger l’autoroute 25, entre Saint-Esprit et Saint-Julienne, en facilitant ainsi l’accès.

Le tracé de quatre voies, qui s’étirera sur 9,2 kilomètres, doit passer à travers l’espace forestier Saint-Esprit de Montcalm, qui a été présenté comme « exceptionnel » par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques dans une note acheminée au ministère des Transports : « Ce peuplement constitue une forêt rare, ainsi qu’une forêt refuge d’espèces menacées ou vulnérables qui sera traversée par l’emprise de la route nationale. »

Julie Gauthier avance des questions sans pour autant avoir de réponse : « La région peut-elle assumer une augmentation par cinq de la consommation d’eau, par exemple ? Quelle est la capacité des aquifères de Lanaudière, une région qui est dans le granit [ce qui change la capacité de recharge des réserves] ? On ne le sait pas. »

Charles-Félix Ross est directeur général de l’Union des producteurs agricoles (UPA). Lorsqu’on évoque les projets de construction de quartiers dans diverses régions, il répond : « On continue le développement de la même façon qu’on le faisait dans le temps, c’est-à-dire en faisant du cas par cas. » Les plans d’aménagement — comme celui adopté en 2012 par la Communauté métropolitaine de Montréal — n’ont pas fait disparaître la pression sur les terres agricoles : « On nous disait qu’il y avait assez de place en zone blanche [zone destinée au résidentiel, au commercial et à l’industriel]. Mais on nous revient toujours avec des empiétements en zone agricole, soit pour des raisons économiques, soit pour construire des autoroutes ou des écoles parce que la population augmente. »

« On développe comme dans les années 1960 »

Un exemple parmi d’autres ? En 2019, à la demande de la Ville de Mirabel, la CPTAQ a ordonné l’exclusion de la zone agricole d’un terrain de 7 hectares —équivalent de 11 terrains de football canadien — pour construire une école secondaire. En janvier de cette année, la municipalité revenait à la charge avec une demande d’exclusion d’un terrain de près de quatre hectares en zone agricole pour construire une voie de contournement près de l’école secondaire. La CPTAQ lui a donné l’autorisation d’utiliser ce terrain à des fins autres qu’agricoles. L’UPA avait pour sa part souligné qu’il s’agissait là d’un « cas flagrant de mauvaise planification d’aménagement du territoire ».

Même le gouvernement du Québec y va de décrets pour autorisation des entreprises à s’installer dans des zones agricoles, dit M. Ross : « Ça n’arrive pas souvent, mais ça arrive. Ç’a été le cas de Google, qui a reçu le feu vert pour s’installer à Bécancour » sur un territoire de 62 hectares, soit l’équivalent de plus de 100 terrains de football.

Or, ces décisions « à la pièce » qui se prennent aujourd’hui sans études hydrogéologiques auront un impact sur l’approvisionnement en eau dans les prochaines années, rappelle Kim Marineau : « Ici, on développe toujours comme dans les années 1960, et ce n’est pas parce qu’on ne se questionne pas sur ces questions depuis des années. »

Pour preuve, elle a fait parvenir au Devoir une étude publiée en 1968 par le Service d’urbanisme de la Ville de Montréal portant sur « l’expansion urbaine ». Si l’analyse ne détaille pas les enjeux liés à l’eau spécifiquement, elle souligne à grands traits les inconvénients provenant d’une « croissance quelque peu désordonnée [et] de l’absence d’une politique de planification bien arrêtée ».

On peut lire dans ce document de près de 55 ans : « De nouveaux quartiers se construisent, des banlieues surgissent en périphérie de l’agglomération montréalaise, les superficies bâties s’étalent en tache d’huile et en longues antennes au hasard des routes, des rivières et des voies ferrées… et parfois, selon le bon plaisir des sociétés immobilières. »

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Dans le 2e texte, concernant Saint-Rémi, on a été choqué (ou pas vraiment en fait?) lorsqu’on a rencontré la mairesse vanter la destruction de leur quartier plus historique au profit de développements immobiliers et que l’eau ne sera pas un problème “puisque les promoteurs vont payer pour”. C’est ridicule cette manière d’aménager le territoire.

Quand on compare avec Saint-Isidore, à côté, la petite municipalité s’engage activement à gérer l’eau pour moins déteriorer la rivière Saint-Régis, pour être moins vulnérable aux sécheresses. C’est pas mal la seule entité municipale qui s’implique réellement dans le coin et ça doit changer.

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Le 3e texte dans Le Devoir sur l’étalement urbain

Comment freiner les dommages de l’étalement urbain?


Photo: Marie-France Coallier Le Devoir
Lanaudière est un exemple de région où l’étalement urbain pèse lourd.

Ulysse Bergeron et Zacharie Goudreault
31 août 2022

La banlieue et la campagne sont devenues le nouvel eldorado d’un nombre croissant de résidents des grands centres. Cela stimule un étalement urbain qui menace milieux naturels, terres agricoles et approvisionnement en eau potable, en plus d’augmenter la pression sur des municipalités appelées à gérer une croissance effrénée de leur population avec des ressources limitées. Troisième et dernier article de notre série sur l’étalement urbain qui gruge le Québec.

Révision de la fiscalité municipale, protection accrue des terres agricoles et des milieux naturels, création d’un « bureau des ressources hydriques » : au moment où de plus en plus de Québécois quittent les villes pour les banlieues et la campagne, les pistes de solutions affluent pour juguler une urbanisation dommageable pour l’environnement.

L’heure est à la réforme, selon Gérard Beaudet, professeur à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal. Pour freiner l’étalement urbain, le gouvernement du Québec devrait tout d’abord réviser la fiscalité des villes, estime-t-il. Actuellement, les municipalités continuent de dépendre largement de la taxe foncière pour remplir leurs coffres.

Le propriétaire d’une copropriété d’une valeur de 400 000 dollars à Montréal est d’ailleurs exposé à la même charge fiscale qu’une maison de plain-pied ayant la même valeur, illustre M. Beaudet, selon qui les résidents qui font le choix de vivre dans « des immeubles denses » devraient bénéficier d’avantages fiscaux afin d’encourager ce mode de vie. Les schémas d’aménagement et les plans d’urbanisme des villes de la province pourraient aussi être revus pour encourager la densité.

« Tout ça peut être utilisé pour encadrer l’étalement urbain. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de volonté politique », soupire l’expert. « Quand le gouvernement lui-même donne le mauvais exemple, c’est difficile de demander aux municipalités d’agir différemment », ajoute-t-il.

Dans les dernières décennies, « toutes les politiques publiques ont encouragé l’étalement urbain », lâche d’ailleurs le professeur et membre du Centre de recherche sur le développement territorial, à l’Université du Québec à Chicoutimi, Martin Simard, qui croit lui aussi qu’une révision de la fiscalité municipale s’impose.

Protection du territoire agricole

Or, la solution ne pourra pas qu’être fiscale. Le gouvernement devrait resserrer lois et règlements pour protéger davantage le territoire, observe M. Simard.

Il cite l’exemple des trop nombreuses terres agricoles menacées par le développement immobilier. Adoptée en 1978, la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles laisse la porte ouverte à des changements de zonage pour des projets immobiliers de la part des villes auxquelles des promoteurs en font la demande, selon lui : « Dans certains cas, on a le dézonage trop facile. »

Directeur général de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Charles-Félix Ross est bien au fait de la pression qu’exerce l’étalement sur les superficies cultivables. D’autant plus que le phénomène n’est pas nouveau. Depuis des décennies, l’urbanisation gruge dans les terres agricoles, qui ne représentent dans les faits que 2 % du territoire québécois et se situent essentiellement dans la vallée du Saint-Laurent.

Devrait-on revoir la loi qui protège les terres cultivables ? : « On devrait surtout s’organiser pour que l’esprit de la loi actuelle soit respecté et qu’on arrête de se tourner vers les terres agricoles pour construire tel ou tel projet ou toutes les infrastructures qui accompagnent l’urbanisation », répond-il.

Au sujet d’une réforme fiscale, M. Ross ne s’y oppose pas, dénonçant du même souffle l’immobilisme : « Si c’est le financement des municipalités le problème, bougeons ! Trouvons des solutions. Sur le plan de la fiscalité, ça ne bouge pas. Le lobby des maires, ça ne bouge pas. On établit des plans d’aménagement, puis on les respecte plus ou moins. Et on continue de développer de la même façon qu’on le faisait dans le temps : au cas par cas. »

Et les espaces naturels ?

Les milieux naturels devraient aussi être davantage considérés dans l’aménagement du territoire, note Kim Marineau, présidente de Biodiversité conseil, une firme de consultants scientifiques : « Chaque fois qu’on construit, on fait disparaître des milieux naturels qui sont des habitats pour des animaux, des insectes et des bactéries. Ce sont aussi des écosystèmes qui jouent un rôle pour capter et filtrer l’eau qu’on consomme, par exemple. »

Faudrait-il faire comme le gouvernement ontarien en 2005, lorsqu’il a protégé plus de 8000 km2 d’espaces verts dans la région métropolitaine de Toronto ? Aucun bâtiment ne peut être construit dans cette « ceinture verte », qui inclut aussi bien des terres agricoles que des rivières et des habitats fragiles.

« C’est peut-être une partie de la solution, même si ça déplace le problème. Ici, on a pu l’observer dans une certaine mesure ; l’encadrement pour la Communauté métropolitaine de Montréal n’a pas empêché l’attrait pour des municipalités qui se trouvent un peu plus loin », dit Kim Marineau.

La solution passe surtout par une compréhension du rôle que les milieux jouent, selon elle, accompagnée d’actions de la part aussi bien du fédéral que du provincial et des municipalités. Les décisions que ces dernières prennent aujourd’hui façonneront les défis que les villes devront relever dans les prochaines années. Elle cite une fois de plus l’exemple de l’approvisionnement en eau.

Un patrimoine naturel à surveiller

Au sujet de la gestion de l’eau, le président de l’Ordre des géologues du Québec (OGQ), Carlos Pelletier-Martinez, avance : « Nous sommes inquiets sur l’apparent laxisme des lois et du renvoi aux municipalités et aux MRC, la responsabilité de définir et de réglementer les usages et la conservation de ce patrimoine naturel. »

Selon lui, le « fardeau professionnel et scientifique » ne doit pas être assumé que par les municipalités. C’est au gouvernement du Québec d’agir, selon l’OGQ. Et la solution ? La création d’un Bureau des ressources hydriques du Québec qui ferait des travaux et recherches pour évaluer les quantités et la qualité de l’eau et l’usage qui en est fait. Celui-ci pourrait arbitrer les conflits d’utilisation et avoir un pouvoir de vérification des usages et de mise à l’amende des utilisateurs aux comportements délétères vis-à-vis d’une loi bonifiée.

La mairesse de Cowansville, Sylvie Beauregard, est d’ailleurs consciente du rôle des municipalités pour freiner les contrecoups de l’étalement urbain. Elle entend pour sa part procéder à une « refonte » du plan d’urbanisme en vigueur dans cette municipalité de l’Estrie afin d’y assurer la protection à long terme des espaces verts. Selon les données de Statistique Canada, la population de cette municipalité, qui avait déjà grimpé de 8 % entre 2011 et 2016, a bondi de 11,6 % les cinq années suivantes.

« Oui, on souhaite beaucoup densifier, mais pas n’importe où dans la municipalité », lance la mairesse, en poste depuis 2017, qui confie devoir jongler avec des positions discordantes auprès des résidents du secteur. Ceux-ci souhaitent « protéger les espaces verts », mais « ne veulent pas trop de bâtiments en hauteur », constate la mairesse, qui souhaite notamment « encadrer davantage les nouvelles constructions » pour éviter que celles-ci empiètent dans les secteurs verts de la municipalité.

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Longueuil veut une « densification douce » de son territoire

Le 30 août 2022 à 13 h 15 min

François Laramée

La mairesse de Longueuil a participé au Sommet de l’habitation 2022 qui se tenait à Laval

Initié par la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier et son collègue de Laval, c’est sous le thème Notre avenir en tête que le Sommet de l’habitation 2022 s’est tenu vendredi dernier. L’événement panquébécois visait à trouver des solutions structurantes et innovantes à la crise en habitation. Au terme du Sommet, les hôtes de l’événement, soit la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier et le maire de Laval, Stéphane Boyer, accompagnés des mairesses et des maires des 10 grandes villes du Québec, ont adopté une déclaration commune pour un passage à l’action sans précédent et pour l’abordabilité de l’habitation pour tous.

La déclaration rappelle la nécessité pour le Québec de se doter d’une vision stratégique commune et conjointe, et d’un arsenal d’actions structurantes, concertées et adaptées à l’ampleur des besoins en habitation.

Les mairesses et les maires des municipalités signataires souhaitent donc réitérer les recommandations et les demandes formulées par l’UMQ dans sa Déclaration municipale sur l’habitation de février 2022 et rappeler la nécessité pour le Québec de se doter d’une vision stratégique et d’un arsenal d’actions structurantes, concertées et adaptées à l’ampleur des besoins en habitation.

Les signataires soit les maires des 10 grandes villes du Québec s’engagent à initier ou à contribuer à la réalisation, dans la prochaine année, de projets innovants ou structurants qui contribueront à accroître l’accès à des logements réellement abordables, durables et adaptés aux besoins de leurs concitoyennes et de leurs concitoyens.

Les signataires de cette déclaration encouragent toutes les municipalités qui souhaitent y adhérer à la faire adopter par leur conseil municipal et à s’engager elles aussi à mettre en place une action structurante ou innovante en habitation.

Dans le cas de Longueuil, la déclaration officielle indique que la Ville s’engage à mobiliser plusieurs leviers pour favoriser une densification douce et différenciée sur son territoire ce qui signifie une utilisation mieux planifiée des espaces.« Longueuil optera désormais pour une vision d’utilisation optimale des espaces hors des milieux naturels, des zones agricoles ainsi que des parcs actuels et prévus, tout en s’intégrant harmonieusement à chaque secteur. Il existe toute une gamme d’options entre la tour à condos et la maison unifamiliale : pensons à la subdivision d’une maison pour permettre un logement intergénérationnel, ou encore la construction d’une unité accessoire sur un terrain assez grand pour le permettre. Nous allons nous donner les moyens de réaliser ce genre de projets » a déclaré Catherine Fournier, mairesse de Longueuil.

https://www.lareleve.qc.ca/2022/08/30/longueuil-veut-une-densification-douce-de-son-territoire/

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Hier, à la séance du conseil, on apprenait qu’il y a un premier projet d’unité d’habitation accessoire sur le territoire de Sainte-Catherine, plusieurs mois après l’adoption du règlement. J’espère qu’on en verra plus mais malheureusement ça semble être assez peu populaire.

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Montréal face aux défis de la densification urbaine

Portail Constructo | 21 septembre 2022 | Par Isabelle Pronovost

Montréal face aux défis de la densification urbaine

Après être passée par diverses phases de développement, Montréal fait aujourd’hui l’objet de nombreux débats quant à son aménagement. Réflexions d’un architecte et urbaniste sur l’avenir de la métropole.

Montréal a connu trois grandes phases de croissance. Il y a d’abord eu la fondation de Ville-Marie au 17e siècle, marquée par le développement de bourgs fortifiés le long du fleuve Saint-Laurent. Quelque deux cents ans plus tard, l’industrialisation vient modifier le paysage montréalais. « On est partis d’une économie de transport, tête de proue de la colonie, à une ville qui commence à s’industrialiser. C’est une période vraiment importante, qui a donné la configuration de la majeure partie des quartiers centraux de Montréal », raconte François Racine, architecte, urbaniste et professeur au Département d’études urbaines et touristiques de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal.

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François Racine, architecte, urbaniste et professeur au Département d’études urbaines et touristiques de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. Crédit : Émilie Tournevache, UQAM

L’apparition de grands ensembles d’usines, notamment aux abords du canal de Lachine, s’accompagne d’un boom de construction résidentielle sur d’anciennes terres agricoles. C’est à ce moment que naissent les duplex et triplex, une forme d’habitation typique de l’ère industrielle et qu’on retrouve aussi dans quelques villes comme Sherbrooke et Shawinigan. Les municipalités qui n’ont pas connu d’industrialisation sont plutôt passées directement de village à banlieue.

Dans la région montréalaise, le développement des banlieues, d’abord vers les secteurs est et ouest de l’ile, puis dans les couronnes nord et sud, est lié à la mise en place des réseaux d’autoroutes dans les années 60 et 70. Cette troisième période de croissance se démarque par l’apparition d’ensembles pavillonnaires.

Une ville axée sur les services

À mesure que les grandes industries périclitent et que l’étalement urbain prend de l’ampleur, le centre-ville se spécialise pour devenir un pôle tertiaire. Apparaissent alors les tours de bureaux, dont l’emblématique Place Ville Marie. « C’est là qu’on a commencé à avoir une autre façon de vivre, d’instaurer un mode de vie plus axé sur une économie tertiaire où la ville devient le lieu de travail et les gens habitent la banlieue », explique François Racine. Montréal demeure tout de même attractive en raison de sa grande concentration de services, de la qualité de ses universités, de ses centres de recherche.

Elle se démarque des autres municipalités de la province par son infrastructure de transport public de très grande qualité, qui permet bien souvent de vivre sans voiture. La ville agit également comme porte d’entrée à la fois pour les immigrants et les gens des régions venus acquérir un mode de vie plus urbain. « Montréal est vraiment un centre d’intégration économique et aussi sociale », souligne l’architecte et urbaniste.

Repenser le logement

Malgré ses nombreux atouts, Montréal a connu des années difficiles. « Dans les années 80-90 à 2000, c’était plutôt une période de marasme économique, justement à cause de la désindustrialisation de Montréal et de la fuite des familles de la classe moyenne vers la banlieue. La ville a été plutôt laissée à l’abandon. Et là, on est en train de faire un rattrapage assez phénoménal », indique François Racine. Un rattrapage qui concerne surtout la construction résidentielle, un secteur longtemps négligé au profit du développement de bureaux.

Bien que la nécessité de construire plus de logements fasse l’unanimité, plusieurs questions se posent quant au type d’habitation à privilégier. Est-ce du locatif, de la copropriété ou bien d’autres formes d’habitat ? Dans quel barème de prix ? Mais surtout, à quel niveau de densification ? François Racine pense qu’on pourrait s’inspirer du Plateau-Mont-Royal, où la densité moyenne de 40 à 50 logements par hectare est tout à fait adéquate pour les familles, contrairement à Griffintown qui, avec des plateaux de 100 à 150 logements par hectare, offre un style d’habitation qui ne répond pas à tous les besoins. Il évoque aussi le Faubourg Québec, ce quartier à l’est du Vieux-Montréal qui, en combinant divers types de bâtiments, favorise une certaine mixité sociale. « Il y a vraiment à réfléchir sur une façon de faire du développement dense où on retrouve des gabarits de quatre ou cinq étages, qui peuvent aussi être des gabarits plus hauts de huit ou neuf étages, et qui auraient la même densité que si on mettait 10 tours une à côté de l’autre. »

Intégrer le développement durable

Densifier, oui, mais densifier les secteurs bâtis existants le long des pôles de transport collectif s’avère essentiel afin de contrer l’étalement urbain et les problèmes environnementaux qu’il entraine. D’ailleurs, la place de la voiture est de plus en plus remise en question. Dans plusieurs arrondissements, on élargit les trottoirs, on aménage des rues partagées ou on retire des cases de stationnement pour créer des pistes cyclables. « Sur le plan du génie routier, il y a toute une nouvelle réflexion qui intègre des notions de qualité du design urbain et des notions de partage de la rue où on n’est plus juste dans le paradigme des années 70, qui voit celle-ci comme un tube pour faire passer les autos le plus vite possible », soutient François Racine.

L’urbaniste croit que les solutions d’aménagement ne doivent pas seulement venir des promoteurs immobiliers, mais d’une concertation avec la population, les experts et les élus. C’est en réalisant des exercices de codesign qu’il sera possible de développer des quartiers qui intègrent du transport, des services et des parcs, et qui feront en sorte que « vivre en ville, ça devienne quelque chose de désirable et valorisé ».

MONTRÉAL EST-ELLE SATURÉE ?

Non, croit François Racine. Selon lui, il reste énormément d’emprises, de surfaces et de bâtiments sous-utilisés. Il compare d’ailleurs Montréal à une courtepointe inachevée, pleine de trous. L’architecte et urbaniste donne l’exemple de la Place Simon-Valois, dans Hochelaga-Maisonneuve, une ancienne emprise industrielle parsemée de terrains vacants transformée en place publique bordée d’habitations et de commerces. Il propose également de redévelopper de petits mails commerciaux en déclin. « On fait le recyclage de nos objets; la ville aussi, on peut la recycler. Il y a beaucoup de possibilités. Ça prend juste un peu d’imagination, un bon design urbain et une culture politique pour refaire la ville sur elle-même. »

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J’aurais aimé qu’il nomme cependant les difficultés que pose cette approche dues à l’opposition locale. Je pense entres autres au triplex dans Rosemont rejeté parce que “trop haut” ou au moratoire de Longueuil sur les conversions en Plex dans un secteur zoné expressément pour ce type de densification. Dans la mesure où le principal enjeux était l’intégration architecturale des nouveaux logements, j’ai l’impression qu’un PIIA aurait été beaucoup plus approprié.

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Le coût caché de notre éloignement


PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE
La ville a retrouvé son dynamisme. Ceux qui l’ont quittée pendant la pandémie vont-ils vouloir s’y réinstaller ?

Vague après vague de COVID-19, nombreux sont ceux qui ont réinventé leur vie en banlieue ou à la campagne. Mais au moment où la ville, ses tours, restaurants et salles de spectacle grouillent à nouveau de monde, certains pourraient-ils avoir des regrets ? Devrait-on se méfier du « biais de proximité », qui pourrait nous défavoriser ?

Publié à 12h00
Simon Chabot
LA PRESSE

Loin des yeux, loin du cœur, veut le dicton. Biais de proximité, disent les psychologues pour parler en gros de la même chose : « la tendance inconsciente à accorder un traitement préférentiel aux personnes et à ce qui se trouve dans notre entourage immédiat », selon les mots de la Dre Christine Grou, présidente de l’Ordre des psychologues du Québec.

Dans la vie de tous les jours, on va ainsi plus facilement penser à inviter pour une sortie un ami qui habite tout près qu’un autre qui vit plus loin. Tout comme on va favoriser les commerces de son quartier, par exemple. « Ce biais a toujours existé, précise la Dre Grou. Il n’est pas né avec la pandémie. »

N’empêche, la crise sanitaire a perturbé bien des « entourages », poussant certains à quitter la ville et beaucoup d’autres à réorganiser leur vie autour du télétravail. Or, à mesure que les gens renouent avec une vie sociale et professionnelle plus riche, le biais de proximité s’invite dans de nombreuses réflexions.

« Pour quelqu’un qui est un fervent de la Place des Arts ou qui va régulièrement au restaurant, ce n’était peut-être pas la meilleure chose de s’en aller de la ville », illustre la psychologue.

Ceux qui ont idéalisé la campagne sans trop mesurer les effets d’un déménagement sur leurs activités et leurs fréquentations sont plus susceptibles de se retrouver isolés et d’avoir des regrets, maintenant que la peur des autres s’atténue.

« Tout changement risque d’engendrer une remise en question », rappelle la Dre Grou. Il peut être très sain, à ce stade-ci, de revoir certains choix faits dans un contexte de confinement qui ne correspondent plus nécessairement à ses objectifs de vie, évalue-t-elle.


PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE
« Nos clients qui ont quitté la ville nous disent qu’ils sont très heureux de leur décision », dit François Mackay, président fondateur de l’agence immobilière Groupe Mackay.

Pas encore de retour

Pour l’instant, les courtiers immobiliers n’observent pas un mouvement de retour vers la ville. De l’avis de plusieurs, l’attrait pour la banlieue ou la campagne reste même fort, dans un marché bousculé par la hausse des taux d’intérêt.

« Nos clients qui ont quitté la ville nous disent qu’ils sont très heureux de leur décision, dit François Mackay, président fondateur du Groupe Mackay, une agence active dans l’île et hors de celle-ci. Et on reçoit encore des offres multiples en banlieue, pas en ville. »

Yannick Sarrazin, qui dirige une équipe de courtiers surtout présents dans les quartiers centraux, s’attend toutefois à un retour prochain des acheteurs à Montréal. « Ma boule de cristal n’est pas meilleure que celle des autres, mais je pense que ça va venir », dit-il.

Simon Léger, dirigeant d’agence et associé chez Bardagi équipe immobilière, croit également à un probable regain d’intérêt pour la ville. Parce qu’elle retrouve ses attraits, mais aussi parce que certains n’auront pas le choix. « J’ai des amis qui ont été rappelés au travail en présentiel, dit-il. Ça ne fonctionnait plus pour eux, la vie dans les Laurentides. »


PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE
Selon une enquête menée aux États-Unis, 67 % des gestionnaires considèrent que les télétravailleurs sont plus facilement remplaçables que ceux qui se déplacent sur les lieux de leur travail.

Aller au bureau ou pas ?

Là où le télétravail est possible, beaucoup d’employeurs misent sur un mode hybride, ce qui laisse une certaine latitude aux employés. Mais avec cette souplesse vient un dilemme : le biais de proximité risque-t-il de favoriser les adeptes du présentiel ?

Ceux qui travaillent au bureau semblent le croire. Les deux tiers (63 %) d’entre eux estiment que leur présence leur offre de meilleures occasions d’avancement, révèle un sondage réalisé par Maru Public Opinion et ADP Canada en décembre 2021.

Plus inquiétant pour ceux qui choisissent de rester à la maison : selon une autre enquête menée aux États-Unis la même année par la Society for Human Resource Management, 67 % des gestionnaires considèrent que les télétravailleurs sont plus facilement remplaçables que les autres.

Vite, tous au bureau ? Pas si vite, croit la Dre Grou. « Le biais de proximité existe aussi sur les lieux de travail, entre employés du même étage par exemple, et la solution n’est pas de revenir au modèle qu’on avait avant. »

Aux employeurs qui autorisent le télétravail de traiter leurs employés équitablement, poursuit la psychologue. « Pour les discussions et communications importantes, ou pour des évènements sociaux, la modalité doit être la même pour tous, en présence ou à distance, dit-elle. Comme ça, on n’introduit pas de biais. »

EN SAVOIR PLUS

  • 48 300
    Montréal a perdu plus de 48 000 habitants au profit des autres régions entre le 1er juillet 2020 et le 1er juillet 2021.

SOURCE : INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

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Voici un intéressant et très inspirant reportage à voir sur la densification urbaine à Rotterdam, au Pays-Bas, présenté ce soir au TJ 22hres. :+1:

Je verrai tellement ce type de redéveloppement pour le secteur Bridge-Bonaventure. :smiley:

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Ça ressemble énormément au concept de l’esplanade Cartier. J’y voit aussi un peu du 21ème arrondissement.