Densité et étalement urbain

Chronique de Paul Journet au sujet de la déclaration du ministre des Transports

Ceci n’est pas un débat de valeurs


PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE
En zone urbaine, les infrastructures coûtent 1416 $ par ménage. En zone périphérique, la facture est 2,4 fois plus élevée.

Paul Journet
La Presse
Publié à 5h00

En matière de citation qui pourrit un débat, il est difficile de faire mieux.

« Je suis qui, moi, pour dire à une jeune famille : vu que la mode est à la densification, tu vas aller vivre dans une tour de 12 étages ? »

Elle vient du ministre des Transports, François Bonnardel, qui se défendait contre les critiques sur l’étalement urbain accéléré par le troisième lien Québec-Lévis.

Pour ceux qui ont manqué quelques épisodes, il n’existe pas encore de police militaire qui emprisonne les familles dans des gratte-ciels où la La semaine verte est diffusée en boucle*.

La liberté demeure, autant en matière de lieu de résidence que de divertissement télévisuel. Mais il n’y a rien d’hérétique à orienter le choix des gens.

Il y a une expression pour cela : faire de la politique.

Les caquistes aiment caricaturer les urbanistes en snobs qui méprisent les banlieues. De grâce, ne tombons pas dans ce piège.

Freiner l’étalement urbain, cela ne signifie pas que tout le monde doive habiter au centre-ville, et encore moins dans un gratte-ciel. Des banlieues comme Terrebonne peuvent aussi être densifiées.

Vous rêvez d’une maison à prix raisonnable avec une petite cour arrière ? Un arbre et des oiseaux ? Une piscine hors terre ? C’est correct. Il n’y a pas de mal à ça.

Le rapport du comité d’experts sur les changements climatiques ne contient aucun jugement de valeur. Il rappelle un fait : nos décisions individuelles ont aussi un coût collectif.

Le besoin d’espace des citoyens est légitime, mais l’État doit y répondre avec une vision d’ensemble qui sert l’intérêt public. Dans ce cas-ci, en trouvant la meilleure façon d’occuper le territoire.

En ce moment, ça ne fonctionne pas bien.

Quelques exemples :

  • En 2018, la congestion routière a coûté 4,2 milliards de dollars dans le Grand Montréal. En ajoutant les coûts indirects, la facture s’élève à 7,6 milliards.

  • Le transport routier – en excluant le camionnage – coûte entre 43 et 51 milliards par année.

  • En zone urbaine, les infrastructures (rues, distribution d’eau, égouts, distribution d’électricité) coûtent 1416 $ par ménage. En zone périphérique, la facture est 2,4 fois plus élevée.

  • Les VUS sont deux fois plus souvent impliqués dans des collisions avec des piétons qu’une voiture standard. Et lors des accidents avec d’autres véhicules, ils ont 28 % plus de risques de tuer**.

Lisez le rapport du comité d’experts sur les changements climatiques

Le comité d’experts pose la question : est-ce le modèle à privilégier ?

De toute évidence, non. Surtout pas quand on considère aussi l’impact sur l’environnement.

L’étalement urbain n’est pas une fatalité. De 2006 à 2016, Toronto s’est densifié. Mais Montréal et Québec se sont étalés. Leur deuxième couronne a bondi de 11 % et de 19 % respectivement par rapport à leur ville centrale.

Les voitures sont plus grosses et elles parcourent des distances plus grandes. Les maisons prennent également du volume.

Quant aux milieux humides et naturels, ils rétrécissent, ce qui augmente les risques d’inondations. Et le territoire agricole rapetisse, ce qui nuit à notre autonomie alimentaire.

Bien sûr, l’impact de cette bétonisation ne se mesure pas seulement en dollars. La nature ne se réduit pas à son utilité. Elle a aussi une valeur intrinsèque.

Le rapport du comité d’experts rappelle simplement que même en fonction d’une analyse économique, notre urbanisme est malade.

Le gouvernement Legault déposera bientôt sa Politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire.

En l’attendant, on ne peut que le juger sur son bilan.

Sa vision est clientéliste. Le meilleur exemple : le plan vert qui repose surtout sur l’électrification des transports.

Il promet une révolution verte en changeant peu de choses, à part le type de moteur dans notre véhicule.

Vrai, il offre une option de rechange, le transport collectif. À Québec, le projet de tramway avance. Et à Montréal, la ligne bleue du métro sera prolongée, et le projet de REM de l’Est est à l’étude. Mais les routes restent deux fois plus financées que les transports en commun. Les dés sont encore pipés.

Si le nombre d’automobiles, même électriques, continue d’augmenter plus vite que la population, il y aura plus de congestion, d’étalement et de destruction de milieux naturels et de terres agricoles. Sans oublier le déficit commercial qui résulte de l’achat de voitures importées.

Les gens sont libres de choisir leur résidence et leur mode de déplacement. Mais l’État a un rôle : s’assurer que ces gestes individuels ne donnent pas une facture collective trop salée. Il doit établir des règles qui servent le bien commun.

À la question que se posait M. Bonnardel, on peut donc répondre assez facilement. Qui êtes-vous ? Mais vous êtes le ministre !

Heureusement, une nouvelle génération de mairesses et de maires assume ses responsabilités. Elle veut densifier et végétaliser les villes, favoriser le transport actif et collectif, assainir l’air et réduire la pollution sonore.

Cela peut exister hors du Plateau Mont-Royal. Comme à Drummondville, Granby ou Longueuil, dirigés par des mairesses vertes.

Elles ne jugent pas leurs citoyens. Elles ne veulent pas les séquestrer dans des tours. Elles cherchent simplement un autre modèle pour améliorer leur qualité de vie.

Ce n’est pas un jugement de valeur, c’est un projet rassembleur.

  • À noter que s’il fallait choisir une émission à regarder à perpétuité, La semaine verte ne serait pas un mauvais choix.

** Cette statistique sur les VUS vient d’Équiterre, et non du comité d’experts.


Et une de Stéphanie Grammond

Oui, dans ma cour !


PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE
Les mises en chantier ont explosé l’an dernier dans les zones rurales.

STÉPHANIE GRAMMOND
LA PRESSE
Publié à 5h00

Pas dans ma cour ! Même si ce réflexe est humain, la densification intelligente des villes reste la meilleure façon de faire d’une pierre deux coups en s’attaquant à deux crises plutôt qu’une : celle du logement et celle de l’environnement.

Deux crises dont la Coalition avenir Québec (CAQ) peine à reconnaître l’ampleur, à en juger par les déclarations malheureuses de ses ministres.

En mars, Éric Caire a dû s’excuser d’avoir accusé le maire de Québec de « polluer la vie des automobilistes ». Mais cette semaine, François Bonnardel ne regrette pas un instant d’avoir qualifié de simple « mode » la densification urbaine, malgré la réprobation des maires de plusieurs villes.

N’en déplaise à la CAQ, la densification n’est pas du tout une tendance passagère. Le problème est structurel. Les jeunes ont du mal à acheter une maison tellement les prix ont grimpé depuis le début de la pandémie. Ils roulent de plus en plus loin pour trouver un nid qui correspond à leur rêve et à leur budget, propulsant ainsi l’étalement urbain.

On le voit, les maisons poussent comme des champignons dans les zones rurales où les mises en chantier ont explosé de 56 % l’an dernier, contre 21 % dans les centres urbains.

Ce mouvement fait en sorte que le Québec s’artificialise à la vitesse grand V. En 13 ans, c’est l’équivalent de l’île de Laval qui est passée sous les bulldozers, s’inquiète le Comité consultatif sur les changements climatiques, dans un avis sur l’aménagement du territoire présenté au gouvernement lundi1.

L’effet est doublement néfaste.

Non seulement l’étalement urbain détruit des terres agricoles et naturelles qui absorbent le carbone, mais il augmente le recours à l’automobile puisque les travailleurs s’éloignent du boulot et que la voiture en solo devient leur mode de transport privilégié.

Alors bonjour la congestion routière ! Tout le temps perdu derrière le volant coûte 4,2 milliards par année, selon la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). Et en construisant de nouvelles routes, on ne fait que creuser notre tombe, car toutes les études démontrent que cela engendre davantage de circulation. Après 5 à 10 ans, ça bloque encore autant.

Pas le choix, il faut faire marche arrière. Au lieu d’étendre le périmètre urbain, favorisons les espaces vacants dans les quartiers centraux qui bénéficient déjà de tous les services, des services qui coûtent beaucoup moins cher à fournir en ville (1416 $ par ménage) qu’en périphérie (3462 $) en raison de la densité.

Le hic, c’est que les municipalités sont accros aux taxes foncières qui composent 70 % de leur assiette fiscale. Pour hausser leurs revenus, elles créent de nouveaux quartiers… ce qui nécessite un réseau de distribution d’eau, de l’électricité, des égouts, etc. Alors, pour payer ces dépenses, elles ouvrent d’autres quartiers, et ça devient presque un Ponzi.

Pour casser cette spirale, la CMM a mis en place un programme de compensation qui donne une redevance aux municipalités rurales qui laissent tomber l’étalement urbain.

Il s’agit d’une initiative inspirante. Mais quand une région impose des limites à l’étalement, ses voisines peuvent continuer d’être laxistes, ce qui ne fait que repousser la construction dans des patelins encore plus éloignés.

Pour éviter cette concurrence malsaine, il faut davantage de concertation à l’échelle provinciale.

On espère que la Politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire, qui doit être déposée par Québec ce printemps, amènera des solutions concrètes, même si le temps commence à manquer avant les élections pour mettre en branle une réforme en profondeur.

Il faut inverser la tendance actuelle. La lutte contre le réchauffement climatique passe par la densification des villes, car le transport routier et le secteur des bâtiments sont responsables de presque la moitié (44 %) des émissions de GES au Québec.

Il faut miser sur une densification douce et intelligente qui verrait naître des milieux de vie agréables pour les familles avec des parcs, des écoles et des services à quelques minutes de marche.

Bien sûr, c’est plus compliqué que de construire au beau milieu d’un champ, sans contraintes municipales et sans levée de boucliers de la part des résidants de longue date.

Mais si on croit à l’environnement, il faut changer nos mentalités et cultiver le réflexe du : oui, dans ma cour !

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Difficile d’en rajouter, tout est dit dans ces articles récents. Ne reste que de les diffuser partout où on pourra sensibiliser les gens sur la nécessité d’intervenir, afin de renverser la vapeur et ainsi mieux occuper notre territoire. C’est en même temps une question de santé publique à grande échelle, pas seulement ici au pays mais partout sur la planète. D’un côté grâce à une plus grande concentration urbain, on préserve nos terres agricoles, nos forêts et nos marais qui ont la capacité d’absorber les trop pleins lors de grandes précipitations ou durant les fontes printanières. Mais en même temps on protège notre agriculture et les écosystèmes indispensables pour un environnement écologique sain et durable.

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François Bonnardel continue de voir la densification comme une «mode»

Jeanne Corriveau
10 mai 2022

Le ministre québécois des Transports, François Bonnardel, persiste et signe. Selon lui, le concept de densification est bel et bien une « mode » et ne convient pas à toutes les familles.

En marge d’une allocution qu’il prononçait lundi midi à Montréal à l’occasion du dîner-bénéfice annuel de Trajectoire Québec, le ministre Bonnardel est revenu sur sa vision de la densification. « Le long des axes de transport collectif, il est normal qu’on densifie. Il y a des familles qui s’y retrouvent dans cette densification-là, mais il y en a d’autres qui ne s’y retrouvent pas », a-t-il expliqué en parlant d’un « équilibre » à trouver dans le développement des territoires.

Le mois dernier, alors qu’il dévoilait la nouvelle version du projet de troisième lien entre Québec et Lévis, François Bonnardel avait indiqué qu’il ne pouvait dicter à une famille d’aller vivre dans une tour de 12 étages « vu que la mode est à la densification ».

Le mot « mode » était-il approprié pour qualifier la densification ? « Absolument », a-t-il affirmé lundi aux journalistes. « La densification est là. Je ne l’ai pas niée et elle existe. Et elle va exister encore pendant un certain temps. »

Il a alors évoqué la nécessité pour certaines villes, qui n’ont plus de terrains disponibles, d’agrandir leur périmètre urbain pour le développement immobilier. Ce processus d’autorisation est encadré par le ministère des Affaires municipales, a-t-il rappelé. « Je vais laisser ça dans la cour de ma collègue [Andrée Laforest]. »

Financement sur cinq ans

Le ministre Bonnardel a profité de son passage à Montréal pour annoncer que le gouvernement québécois entendait proposer aux villes un cadre financier pour le transport collectif qui s’échelonnerait sur cinq ans, de 2023 à 2028. « En agissant ainsi, nous voulons répondre à une demande du milieu municipal et offrir davantage de prévisibilité, surtout dans le contexte où la pandémie a forcément bouleversé ce secteur », a-t-il indiqué.

Il va falloir trouver de nouvelles sources de financement, mais on est satisfaits qu’il y ait une volonté de travailler là-dessus

— Sarah V. Doyon

Il n’a cependant pas chiffré cet engagement ni annoncé de nouvelles sources de financement pour le transport collectif, comme le réclament depuis des années les municipalités québécoises et les sociétés de transport. Pourtant, son ministère mène des consultations à ce sujet depuis au moins trois ans. « Je sais jusqu’à quel point pour eux, c’est important d’être capable d’avoir de nouvelles sources de financement. […] Je ne peux pas vous annoncer rien aujourd’hui, mais c’est dans le plan de match. »

Le ministre a cependant pris soin de mentionner que ce financement sur cinq ans serait assorti de l’application d’indicateurs de rendement. « Un effort soutenu [de restriction des] dépenses doit être déployé, et l’exemplarité dans la gestion des fonds publics va être une préoccupation constante », a-t-il dit. « Le soutien financier de Québec ne doit pas entraîner un désengagement financier [des villes]. »

Pour la directrice générale de Trajectoire Québec, Sarah V. Doyon, l’annonce du ministre est un « premier pas dans la bonne direction », mais Québec devra en faire davantage, selon elle. « On sait qu’il manque d’argent. Il va falloir trouver de nouvelles sources de financement, mais on est satisfaits qu’il y ait une volonté de travailler là-dessus. »

Des bus électriques pour Exo

François Bonnardel a aussi fait savoir que le modèle d’affaires d’Exo, qui gère les trains de banlieue de la région métropolitaine, sera modifié afin que l’organisation puisse acquérir un parc d’autobus électriques. À l’heure actuelle, Exo exploite 241 lignes d’autobus dans la région métropolitaine ainsi que sept terminus, mais les autobus appartiennent à des transporteurs privés. « Cette situation complique grandement l’électrification des services d’autobus, puisqu’[elle] exigerait que le secteur privé investisse des sommes colossales dans les infrastructures et les autobus électriques », a expliqué le ministre Bonnardel.

Ainsi, afin de faciliter l’électrification de la flotte, Québec investira 338 millions, dans le cadre de la première phase du programme Exobus, pour l’achat d’une centaine de véhicules destinés à Exo.

Ce qui est dangereux avec le ministre Bonnardel, c’est que sa vision de la densification se résume à “empiler dans familles dans des tours”. Chaque fois que je parle avec des amis qui vivent en banlieue/en région et qu’on discute de densification (oui, ça me passionne assez que j’en parle avec mes amis :stuck_out_tongue: ), c’est souvent ça qui revient: “Je ne serais pas capable de vivre entouré de béton”, “j’ai besoin de ma cours”, “j’aime ça quand c’est plus tranquille”, etc.

La densification peut se faire de mille autres façons que de se mettre à construire des tours partout. Juste réduire la taille des lots aurait un impact majeur sur le nombre d’habitations dans certains quartiers…

Le pire, c’est que la CAQ n’a rien à perdre avec ce discours. Au contraire, une densification soft permettrait d’augmenter le nombre d’habitants dans leurs circonscriptions forteresses.

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Sur le site de l’OCPM (pour le ministre :wink:)

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:see_no_evil: :hear_no_evil:

Aménagement du territoire Pour « servir les régions, ça prend des routes », dit le gouvernement


PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE | Le premier ministre François Legault a répliqué qu’il est d’accord avec l’idée que les grandes villes « doivent se densifier », mais il ajoute que « les régions ont le droit de se développer » et que Québec solidaire « veut faire un moratoire sur le développement des régions ».

(Québec ) Ce qu’on appelle de l’étalement urbain peut également être du développement régional, prévient le gouvernement Legault, qui souligne que pour « servir les régions, ça prend des routes ».

10 mai 2022 | Publié à 15h55 | CHARLES LECAVALIER | LA PRESSE

« Il faut être prudent. Quand on parle d’étalement urbain, il faut se poser la question : est-ce qu’on fait du développement régional ? L’important, c’est de créer des bons milieux de vie », a prévenu la ministre des Affaires municipales Andrée Laforest mardi à l’Assemblée nationale.

La ministre doit déposer dans les prochaines semaines une politique d’aménagement du territoire très attendue par une nouvelle génération de maires et mairesses, qui demandent à Québec d’avoir les outils pour densifier leurs villes et lutter efficacement contre les changements climatiques.

Ceux-ci estiment que la densification est inévitable pour construire la ville de demain, et s’opposent à la vision du ministre des Transports François Bonnardel, qui croit plutôt que la densification est une « mode ».

La ministre Laforest demande aux maires d’être patients, et affirme que sa politique sera déposée dans les prochaines semaines. Elle défend toutefois son collègue : « dans le développement urbain, oui, il y a des tendances », a-t-elle dit.

« Dans les dernières décennies, il y a eu des condos, il y a eu des résidences, c’est ce que vous avez construit durant les dix et dernières années. Maintenant, il y a moyen de construire autrement. Il y a des plex, il y a des maisons en rangée, il y a des maisons multigénérationnelles. Donc, oui, il y a des moyens. On va y réfléchir. On va déposer notre vision, notre politique, prochainement, et vous allez voir que c’était très, très audacieux », a-t-elle dit.

Des idées des années 50

En chambre, le gouvernement Legault a été qualifié de passéiste par les partis d’opposition. « La densification, ça ne veut pas dire élever une famille dans un condo au centre-ville », a lancé le leader parlementaire libéral, André Fortin, qui a dénoncé les « idées sorties tout droit des années 50 » du ministre Bonnardel.

Pour le chef parlementaire de Québec solidaire, deux visions s’affrontent. « Il y a la vision du passé : plus d’étalement urbain, plus de pollution dans l’air et donc plus de trafic. Et il y a la vision d’avenir : plus de densité, plus de protection de l’environnement et donc plus de qualité de vie », a-t-il dit.

La péquiste Méganne Perry Mélançon, députée de Gaspé, affirme de son côté qu’une « bonne politique d’aménagement du territoire est un outil essentiel pour favoriser le dynamisme des communautés, l’abordabilité des logements et la protection des milieux naturels. » « Pourtant, le ministre des Transports n’en finit plus de faire des déclarations qui révèlent sa vision passée date de l’aménagement et de la protection du territoire québécois », a-t-elle déploré.

Le premier ministre François Legault a répliqué qu’il est d’accord avec l’idée que les grandes villes « doivent se densifier », mais il ajoute que « les régions ont le droit de se développer » et que Québec solidaire « veut faire un moratoire sur le développement des régions ».

« Nous, on pense qu’il faut développer les régions. Puis, pour servir les régions, bien oui, ça prend des routes », a-t-il ajouté.

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Donc Andrée Laforest tombe dans le même discours arriéré que ses collègues. On n’est pas sortis du bois. Hé misère.

Des Promoteurs Immobiliers qui propose un Ministère…

On est toujours dans une Démocratie Right ?!

Tout frais tout chaud de La Presse !

Un superministère du Territoire pour lutter contre l’étalement ?:

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On rit, mais le gouvernement Couillard avait étudié la possibilité de créer un “ministère de l’Intérieur” en fusionnant la sécurité publique et les affaires municipales, à l’image du gouvernement français.

Fait intéressant: en France, les transports sont sous la responsabilité du ministre de la Transition Écologique.

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J’anticipe une catastrophe au niveau de cette politique d’aménagement et qu’une bonne partie du travail sera à refaire le jour qu’il quitteront le pouvoir (reste à savoir quand).

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«Il y a moyen de construire autrement», reconnaît Andrée Laforest


Photo: Jacques Boissinot Archives La Presse canadienne — La ministre Laforest a rappelé qu’elle s’apprêtait à déposer la politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire.

Marie-Michèle Sioui à Québec
Correspondante parlementaire
10 mai 2022

La ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, a déclaré mardi qu’il existait des « tendances » dans le développement urbain, sans pour autant affirmer — comme son collègue ministre des Transports — que la densification est une « mode » se manifestant par l’envoi de familles dans des tours de logements.

« Dans le développement urbain, oui, il y a des tendances », a-t-elle avancé lors de la période des questions à l’Assemblée nationale. « Maintenant, il y a moyen de construire autrement. Il y a des “plex”, il y a des maisons en rangée, il y a des maisons multigénérationnelles. Donc, oui, il y a des moyens », a-t-elle poursuivi.

La ministre Laforest a rappelé qu’elle s’apprêtait à déposer la politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire, un plan « très audacieux » qui doit notamment réformer la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme, inchangée depuis plus de 40 ans.

« Laissez-nous quelques jours ou quelques semaines. Et oui, on va avoir une vision maintenant pour le Québec au niveau de l’aménagement », a-t-elle promis. Andrée Laforest doit donner un avant-goût de cette politique vendredi, dans le cadre du congrès de l’Union des municipalités du Québec. L’entièreté de la vision caquiste sera, quant à elle, dévoilée plus tard au printemps.

Malaise autour du mot « mode »

La ministre a répondu mardi aux questions des oppositions, qui ont cherché à savoir si elle partageait le point de vue du ministre des Transports, François Bonnardel, qui persiste à dire que la densification urbaine est une « mode ».

Le 15 avril, l’élu présentait une nouvelle version du troisième lien entre Québec et Lévis, un projet autour duquel s’est dégagé un vaste consensus scientifique sur le fait qu’il contribuera à accroître l’essor des banlieues. « Je suis qui, moi, pour dire à une jeune famille : “vu que la mode est à la densification, tu vas aller vivre dans une tour de 12 étages” ? » avait alors lancé M. Bonnardel.

Sa déclaration a causé un malaise chez des mairesses et des maires, qui ont déclaré à La Presse que la densification urbaine demeure, pour eux, un moyen nécessaire pour freiner les changements climatiques. À cela s’est ajouté lundi l’avis du principal groupe chargé de conseiller le gouvernement en matière d’environnement. Celui-ci a publié un document dans lequel il insiste sur la nécessité de densifier le tissu urbain.

« La densification est nécessaire, elle est indispensable. Et non, non, monsieur le ministre, la densification, ça ne veut pas dire élever une famille dans un condo au centre-ville. Il y a toutes sortes de façons de procéder, et vous le savez », a lancé mardi le député libéral André Fortin. Il a reproché au ministre Bonnardel d’avoir « des idées sorties tout droit des années 1950 ».

Un parti « passé date »

Gabriel Nadeau-Dubois, de Québec solidaire, a référé à la même décennie. « Il faut aussi freiner l’étalement urbain, il faut développer notre territoire de manière différente. On ne peut plus répéter les recettes des années 1950 », a-t-il plaidé.

Au Salon bleu, il a rappelé que le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a déclaré en mars que le troisième lien pourrait servir de frein à l’étalement urbain. Il a reproché au premier ministre, François Legault, de hausser les seuils acceptables de concentration de nickel dans l’air malgré l’avis défavorable des 18 directeurs régionaux de santé publique du Québec, entre autres.

« Ça, c’est le résultat de quatre ans de gouvernement, d’un parti qui est “passé date”. Sur trop de dossiers en environnement, on stagne. Sur d’autres, on recule », a pesté M. Nadeau-Dubois.

M. Legault a répondu en plaidant pour un « équilibre ». « On est tous d’accord pour dire que les grandes villes doivent se densifier, mais il y a des régions qui ont le droit de se développer, il y a des Québécois qui ont le droit d’habiter dans les régions du Québec », a-t-il souligné, en reprochant au chef parlementaire de Québec solidaire de tenir un discours différent à Montréal et en région.

« Québec solidaire veut faire un moratoire sur le développement des régions. Nous, on pense qu’il faut développer les régions. Et pour servir les régions, bien oui, ça prend des routes », a-t-il aussi lancé.

« Ce n’est pas une bataille entre les villes et les régions, a répliqué M. Nadeau-Dubois. Ce n’est pas une bataille entre les villes et les banlieues. C’est une bataille qu’il faut qu’on mène tout le monde ensemble au Québec, peu importe où on habite, parce que c’est une bataille pour assurer que nos enfants aient un avenir. »

Au Parti québécois, la députée Méganne Perry Mélançon a dénoncé les propos du ministre Bonnardel, qui « n’en finit plus de faire des déclarations qui révèlent sa vision “passée date” de l’aménagement et de la protection du territoire québécois », à son avis.

« La différence entre la densification urbaine et la CAQ : l’un n’est pas une mode, l’autre risque d’en être une, a aussi lancé son collègue Pascal Bérubé. La densification urbaine décrite comme une mode par le ministre des Transports, qui s’ingère dans un dossier municipal, doit être notée. »

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Étalement urbain Québec doit changer son discours « fallacieux », selon Bruno Marchand


PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL | Bruno Marchand, comme beaucoup d’autres maires nouvellement élus en novembre dernier, fait de la lutte aux changements climatiques l’une des priorités de son administration.

(Québec) Le gouvernement Legault doit changer son discours « fallacieux », « populiste » et « dangereux » sur la question de la lutte à l’étalement urbain et la densification, demande le maire de Québec Bruno Marchand, qui n’hésitera pas, s’il le faut, à prendre le rôle d’opposition.

11 mai 2022 | Publié à 12h49 | CHARLES LECAVALIER | LA PRESSE

« Quand on nous dit que c’est une mode, quand on nous dit “on est qui, nous, pour dire aux gens où habiter?”, et surtout quand on confond occupation du territoire et densification… Le gouvernement ne peut pas aller jouer dans ce discours populiste, qui est vraiment dangereux », a dénoncé M. Marchand mercredi lors de la conférence de presse de présentation des Assises 2022 de l’Union des municipalités du Québec, qui se dérouleront jeudi et vendredi à Québec.

M. Marchand, comme beaucoup d’autres maires nouvellement élus en novembre dernier, fait de la lutte aux changements climatiques l’une des priorités de son administration. Et pour les villes, cela passe par l’aménagement du territoire et la densification urbaine, a-t-il rappelé. Il s’oppose à un modèle de développement où les gens s’établissent à plusieurs dizaines de kilomètres de leur lieu de travail, pour faire la navette en auto-solo.

Il réplique à « certains ministres », dont le ministre des Transports François Bonnardel, qui a affirmé le mois dernier: « Je suis qui, moi, pour dire à une jeune famille : vu que la mode est à la densification, tu vas aller vivre dans une tour de 12 étages ? ». Il a réitéré cette affirmation lundi.

Mardi, la ministre des Affaires municipales Andrée Laforest a également affirmé qu’il fallait éviter de confondre « étalement urbain » et « développement régional », et le premier ministre François Legault a accusé Québec solidaire, en faveur de la densification urbaine, de vouloir un « moratoire » sur le développement des régions

« La densification n’est pas en opposition avec l’occupation du territoire. Quand j’entends le gouvernement nous servir cet argument-là, je pense que c’est fallacieux », a-t-il dénoncé.

Crise du logement

Lors de ses assises, l’Union des municipalités explorera deux thèmes majeurs : la crise du logement et la lutte contre les changements climatiques. Elle estime qu’il manque entre 40 000 et 60 000 logements au Québec pour trouver un point d’équilibre. Le maire de Québec voit un lien direct entre les deux sujets.

« Comment fait-on pour densifier si on n’est pas capable d’avoir des logements sociaux et abordables dans les centres-ville ? Comment on fait pour dire aux gens: “venez habiter dans les centres-ville” si on n’est pas capable de rétablir un équilibre ? Toutes les municipalités vivent des problèmes de logements sociaux et abordables dans l’ensemble », affirme-t-il.

Il s’attend à ce que le gouvernement Legault « saisisse l’urgence » et que son discours soit conséquent avec cette urgence. Ses actions doivent être « vigoureuses », pour que les villes puissent agir maintenant, et pas dans « quatre ans, huit ans, ou douze ans ».

Il est rare que l’on observe un choc aussi frontal entre le gouvernement du Québec et le maire d’une grande ville. Est-ce que M. Marchand ou d’autres maires sont en train de prendre la place des partis d’opposition ?

« Dépendamment du résultat de l’élection, peut-être que les maires devront plus taper du pied. […] S’il le faut, on le sera. On ne répond pas à un intérêt individuel, on répond à un intérêt des citoyens et aux enjeux qu’ils vivent au quotidien, et pour lesquels le monde municipal, sans l’appui du gouvernement du Québec, n’est pas capable d’aller aussi vite et aussi loin que les citoyens l’exigent », a-t-il lancé.

Engagements électoraux

Le maire de Gaspé et président de l’UMQ, Daniel Côté, affirme de son côté que la densification doit se faire partout sur le territoire, bien que cette densification ne se fait pas de la même façon à « Gaspé, Québec ou Montréal ». « C’est une tendance lourde, mondiale », a-t-il souligné.

Le premier ministre François Legault prononcera un discours devant les maires jeudi, et les chefs des partis d’oppositions feront la même chose vendredi. M. Côté s’attend à des engagements en vue de la campagne électorale. Dans le cas du premier ministre, il affirme que l’UMQ a sensibilisé son personnel politique pour qu’il comprenne que l’UMQ a des ententes concernant la lutte et l’adaptation aux changements climatiques et la crise du logement, les deux principaux thèmes des Assises 2022 de l’UMQ.

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Aménagement du territoire : Québec fait une place à la densification

Le gouvernement évoque la nécessité de créer des quartiers plus compacts, mais en respectant le mode de vie des citoyens.

La politique d’aménagement du territoire sera bientôt présentée par la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation du Québec, Andrée Laforest.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Alexandre Duval (accéder à la page de l’auteur)Alexandre Duval

Alexandre Duval

à 4 h 00

Récemment qualifiée de « mode » par le ministre des Transports François Bonnardel, la densification occupera une place importante dans la politique d’aménagement du territoire que le gouvernement Legault dévoilera sous peu, a appris Radio-Canada. Sa mise en œuvre devra toutefois attendre 2023 au plus tôt.

Selon nos informations, la politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire tient sur un peu plus d’une trentaine de pages.

Bien que l’expression étalement urbain, objet de vigoureux débats à l’Assemblée nationale ces jours-ci, soit presque absente du document, cette question y est bel et bien abordée, mais sous l’angle de la densification.

La politique évoque en effet la nécessité de créer des quartiers plus compacts et de faire une utilisation plus intelligente du territoire, mais tout en respectant le mode de vie des citoyens.

Décrite comme l’étape initiale d’une importante entreprise collective, la politique du gouvernement se décline en quatre axes principaux :

  • des milieux de vie de qualité qui répondent aux besoins des citoyens;
  • un aménagement qui préserve et met en valeur les milieux naturels et les terres agricoles;
  • des communautés dynamiques et authentiques partout au Québec;
  • un plus grand souci du territoire et de l’architecture dans l’action publique.

Récemment, Québec s’est engagé à maintenir la vocation agricole des terres des Sœurs de la Charité (archives).

Photo : Radio-Canada / Guillaume Croteau-Langevin

Patience

Sans surprise, le gouvernement ne prévoit pas détailler tout de suite la façon dont ces grandes idées prendront forme de manière concrète.

Selon nos informations, il faudra attendre 2023, donc après les élections générales de l’automne prochain, avant que ne soit adopté un plan de mise en œuvre de cette politique, si la Coalition avenir Québec conserve le pouvoir.

Il semble aussi que Québec attendra avant de présenter de nouvelles orientations gouvernementales en matière d’aménagement du territoire (OGAT).

Ces orientations sont pourtant fondamentales puisqu’elles guident notamment les MRC dans le développement de leurs schémas d’aménagement ainsi que les municipalités dans l’élaboration de leurs plans d’urbanisme.

Hormis certains ajouts réalisés au cours des 20 dernières années, les OGAT actuellement en vigueur au Québec ont été adoptées au milieu des années 1990 et sont donc jugées dépassées par plusieurs observateurs.

Attentes élevées

Issue d’une vaste démarche de consultation, la politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire est attendue de pied ferme dans les milieux environnemental et municipal, entre autres.

Ayant siégé au comité consultatif durant l’élaboration de cette politique, le responsable du comité aménagement du Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec, Alexandre Turgeon, s’attend à une vision claire.

Notre attente par rapport à la politique, c’est qu’elle donne la voie, qu’on puisse dire : “Dorénavant, on va aller dans cette direction-là et on va arrêter de scrapper notre territoire parce qu’on gâche nos paysages.”

« Plein de villes le disent, des élus le disent de plus en plus fort depuis un certain temps que c’est une catastrophe, la façon dont ils ont développé leur propre territoire. »

— Une citation de Alexandre Turgeon, responsable du comité aménagement du Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec

Alexandre Turgeon a siégé au comité consultatif pendant l’élaboration de la politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire.

Photo : Radio-Canada / Érik Chouinard

M. Turgeon ne croit pas que le fait de limiter l’étalement urbain suffira. Il faut stopper l’étalement urbain, affirme-t-il. Selon lui, le Québec peut subvenir à ses besoins d’urbanisation au cours des 25 prochaines années uniquement en requalifiant des terrains plutôt qu’en en aménageant de nouveaux.

Il va falloir qu’on fasse des choix : c’est quoi, les endroits stratégiques qu’on veut réparer sur notre territoire pour améliorer la qualité de vie des citoyens? dit-il.

« Donner l’exemple »

Le président de l’Ordre des urbanistes du Québec, Sylvain Gariépy, qui a aussi siégé à ce comité consultatif, croit d’ailleurs qu’un des principes fondamentaux devra être l’exemplarité de l’État.

Nous croyons fermement que l’État doit donner l’exemple, c’est-à-dire changer ses critères de localisation de ses infrastructures publiques afin d’éviter l’étalement dans le territoire, affirme-t-il.

« Quand on va implanter un hôpital à tel endroit, est-ce qu’on a le transport collectif, une desserte autoroutière suffisante? »

— Une citation de Sylvain Gariépy, président de l’Ordre des urbanistes du Québec

Le président de l’Ordre des urbanistes du Québec, Sylvain Gariépy, a aussi siégé au comité consultatif.

Photo : Radio-Canada

Selon M. Gariépy, pour avoir des effets concrets, la politique devra miser sur une révision de l’ensemble des lois qui affectent l’aménagement du territoire, sur une meilleure entente avec les peuples autochtones pour l’utilisation du territoire et sur de meilleurs mécanismes de financement pour les municipalités.

Alexandre Turgeon, pour sa part, souhaite que le changement se mette en branle le plus rapidement possible après le dévoilement de la politique.

Personnellement, j’aurais souhaité que la politique soit déjà déposée, que le plan de mise en œuvre soit déjà déposé, que les nouvelles orientations gouvernementales en matière d’aménagement soient déjà adoptées, admet-il.

À son avis, le Québec fait fausse route année après année en aménageant des milieux de vie qui misent sur l’automobile et qui, en plus des problèmes environnementaux, risquent de réserver de mauvaises surprises avant longtemps.

Un des risques, c’est que des quartiers qui ont émergé dans les 10 dernières années, il n’y a personne qui veuille aller vivre dans un endroit comme ça dans 15 ou 20 ans, parce que ce sont des milieux qui ont été extrêmement moches, et ce sont des gens qui vont avoir de la misère à revendre leurs propriétés, évoque-t-il.

Avec la collaboration de Martine Biron

Alexandre Duval (accéder à la page de l’auteur)

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Assises de l’UMQ : François Legault prône la densification et défend le 3e lien


Le premier ministre François Legault a prononcé un discours lors de la cérémonie d’ouverture des Assises de l’Union des municipalités du Québec.
PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / JACQUES BOISSINOT

Radio-Canada
à 12 h 53

François Legault a reconnu l’importance de « densifier » les villes et de « limiter » l’étalement urbain lors de la cérémonie d’ouverture des Assises de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), alors que son gouvernement s’est fait conseiller de décréter un « moratoire » sur ce modèle de développement du territoire. Il a toutefois défendu la nécessité de projets qui font la promotion du développement économique régional, comme le controversé projet de tunnel Québec-Lévis.

Le premier ministre a d’abord insisté sur les 320 millions de dollars investis par son gouvernement pour décontaminer des terrains jugés stratégiques dans différentes villes du Québec, une façon de réutiliser des terrains plutôt que de s’étaler et d’accueillir des entreprises dans des domaines d’avenir .

Sans surprise, le premier ministre s’est rapidement tourné vers le projet du troisième lien, critiqué de toutes parts comme étant un incitatif à l’étalement urbain).

On a de grandes ambitions pour Québec , a déclaré le premier ministre. Oui, il y a une partie qui va se faire avec la densification. Mais il va falloir s’assurer qu’on continue de développer Chaudière-Appalaches, il va falloir qu’on continue de développer les régions.

Si on veut que les gens prennent le transport collectif de Lévis à Québec, centre-ville à centre-ville, on ne peut pas leur demander de faire le grand tour , a affirmé le premier ministre, critiquant l’emplacement des deux ponts actuels, collés l’un sur l’autre .

Le maire de Québec, ville hôte de ces assises de l’UMQUnion des municipalités du Québec, se dit en accord avec la volonté du gouvernement d’occuper et de développer le territoire québécois. Or, il estime que le 3e lien n’est pas cohérent avec cet objectif.

Occuper le territoire, ce n’est pas nécessairement faire en sorte que gens habitent un espace pour se diriger 50, 100 km plus loin pour y travailler ou faire ce qu’ils ont à faire dans leur vie personnelle , a affirmé Bruno Marchand en mêlée de presse.

Il émet également de sérieuses réserves sur l’impact environnemental du projet, au moment où il y a une urgence d’agir pour combattre les changements climatiques.

« Quand on dit qu’on veut rééquilibrer l’est de Chaudière-Appalaches avec l’Est, ce n’est pas quelque chose qui fonctionne actuellement avec la logique de diminuer nos gaz à effet de serre. Il n’y a pas un scientifique qui pourrait être d’accord avec ça. »

— Une citation de Bruno Marchand, maire de Québec

Son homologue de Lévis, Gilles Lehouillier, n’estime pas que le projet de troisième lien va à l’encontre de l’objectif de densification du gouvernement, qu’il appuie.

Le 3e lien répond à une limite de capacité qu’on n’a plus. L’idée du 3e lien, il ne faut pas l’oublier, c’est de relier des autoroutes existantes et de favoriser le transport entre les deux rives , soutient-il.

Sur la question du territoire, le maire de Lévis est toutefois d’avis qu’il serait préférable que le gouvernement Legault publie ses orientations gouvernementales en matière d’aménagement du territoire avant les prochaines élections. Ces orientations guident les MRCMunicipalité régionale de comté dans le développement de leurs schémas d’aménagement et les municipalités dans la conception de leurs plans d’urbanisme.

Le gouvernement Legault dévoilera bientôt une politique en matière d’aménagement du territoire, mais les orientations qui la soutiennent ne seront pas adoptées avant 2023, soit après les prochaines élections.

Favoriser la construction de logements

Lors de son allocution à Québec, le premier ministre François Legault s’est également engagé à légiférer rapidement afin d’élargir le droit de préemption des municipalités, leur permettant de saisir en priorité des terrains ou des immeubles pour y construire des logements sociaux ou abordables.

À l’heure actuelle, seule la Ville de Montréal est dotée de tels pouvoirs.

On va vous donner un droit de préemption sur les terrains dans vos municipalités et ce , d’ici la fin de la présente session a-t-il promis.

Le premier ministre devra bouger très rapidement pour atteindre cet objectif, car il ne reste que trois semaines de travaux avant l’ajournement du 10 juin.

Dans un éventuel deuxième mandat, il s’engage aussi à faciliter par voie législative le processus d’expropriation entrepris par les municipalités.

Je suis déçu dapprendre que la politique d’aménagement qu’on attend tout avec grande hate est juste une vision et qu’il faudra encore patienter pour voir la mise en oeuvre.

De l’autre coté c’est peut etre mieux de voir la vision, juger de ca pertinance et de son ampleur, de débattre et d’apporter des révisions avant de la mettre en pratique.

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Assez étonnant de voir ma ville être utilisée comme exemple dans cet article. En effet, cette année, la ville a développé une règlementation permettant la construction d’unités d’habitation accessoire. C’est bon pour la densification douce du territoire, mais concrètement, je doute qu’elle apporte bien des changements. Le nombre d’UHA sera sans doute faible, tandis qu’il n’y a pratiquement plus de terrains disponibles pour le développement résidentiel.

De plus, je trouve qu’on donne trop d’importance à l’argumentant de la protection du caractère des quartiers pour justifier cette règlementation. Il est très dur de définir des caractères uniques aux quartiers, la ville est extrêmement pauvre en patrimoine, le cadre bâti correspond presque exclusivement à des quartiers d’unifamiliales développés entièrement en deux - trois ans selon les périodes de croissance. Ce qui lie le plus les quartiers, ce sont les noms de rues, se rattachant tous au même thème.

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La Ville de Sainte-Catherine était aussi un sujet de reportage radio à l’émission L’heure du monde

Les maires du Québec : la prochaine opposition ?

PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

Le maire de Québec, Bruno Marchand, et la mairesse de Montréal, Valérie Plante, à Québec le 11 mai dernier

Michel C. Auger

Michel C. Auger Collaboration spéciale

Après les prochaines élections, les maires du Québec deviendront-ils, de facto, la véritable opposition au gouvernement de la CAQ ? La question est pertinente pour deux raisons. D’abord en raison de notre système électoral, qui pourrait bien donner près d’une centaine de députés à la CAQ avec les 42 % ou 43 % des voix que lui accordent actuellement les sondages.

Publié à 6h00

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Avec quatre partis qui se disputeront environ deux douzaines de sièges, l’opposition parlementaire risque d’être faible et éparpillée. En plus, dans l’état actuel des choses, aucun des chefs des quatre partis de l’opposition n’est certain d’être élu dans sa circonscription. Cela pourrait signifier une ou plusieurs courses au leadership qui vont prendre beaucoup de temps et d’énergie… à l’extérieur du Parlement.

Dans les circonstances, la nature ayant horreur du vide, l’opposition à la CAQ pourrait bien se manifester ailleurs qu’à l’Assemblée nationale.

On a déjà commencé à le voir au cours du dernier congrès de l’Union des municipalités du Québec, il y a actuellement une nouvelle génération de maires et d’élus municipaux qui n’ont pas du tout les mêmes priorités que le gouvernement Legault.

Contrairement à leurs aînés, ces maires n’ont pas du tout l’intention de se coller au parti au pouvoir dans l’espoir de faire avancer leurs dossiers. En particulier en matière d’environnement et de réchauffement climatique, ils et elles estiment qu’ils et elles ont le droit de parler haut et fort, même si cela ne fait pas l’affaire du gouvernement en place.

On en a vu plusieurs exemples au cours des derniers mois. La résistance tranquille mais persistante de Valérie Plante a forcé le gouvernement à larguer la Caisse de dépôt et à considérer un autre projet de transport en commun pour l’est de Montréal.

PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

Bruno Marchand répond aux questions des journalistes

Le maire de Québec, Bruno Marchand, n’a tout simplement pas l’intention de garder le silence sur le projet du troisième lien qu’il juge irrecevable, tant sur le plan de l’environnement que du développement urbain.

Et surveillez bien la complicité qui unit la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, et le maire de Laval, Stéphane Boyer, tant sur les questions du logement que de l’aménagement du territoire.

On pourrait en citer bien d’autres, parce que c’est toute une nouvelle génération de politiciens municipaux qui ont été élus en novembre dernier et qui sont beaucoup plus préoccupés d’enjeux environnementaux et de qualité de vie que leurs prédécesseurs.

Le président de l’Union des municipalités du Québec et maire de Gaspé, Daniel Côté, a bien résumé la situation en disant que les changements climatiques ne sont pas un enjeu parmi tant d’autres : « C’est la priorité qui doit guider nos décisions… Toutes les municipalités sont solidaires sur cet enjeu d’importance, on y tient. C’est le défi numéro un de notre époque. »

Or, on le voit depuis le début de son mandat, « le défi numéro un de notre époque » est loin d’être une priorité pour le gouvernement de la CAQ. En cette fin de mandat, c’est même devenu plus que jamais son angle mort.

On ne peut pas sérieusement prétendre que le troisième lien ne va pas être un facteur d’étalement urbain du côté de Lévis. La même chose est vraie pour la construction d’autoroutes. Encore cette semaine, le Comité consultatif sur les changements climatiques – qui conseille le gouvernement du Québec en ces matières – a publié un rapport qui conseille de stopper le développement des autoroutes au Québec.

Mais, au Québec, qui dit campagne électorale dit promesses de nouvelles autoroutes. L’encre n’était pas sèche sur le rapport que le premier ministre Legault avait clairement indiqué qu’il n’avait pas l’intention de suivre cette recommandation.

Il y a un autre enjeu, financier celui-là, qui va devenir un contentieux entre le gouvernement du Québec et les municipalités, soit celui de la fiscalité municipale qui condamne les villes à être dépendantes presque exclusivement de l’impôt foncier.

C’est un vieux débat. L’impôt foncier était un bon instrument quand il s’agissait de donner des services à la propriété : voirie, police, pompiers, etc. Mais les villes font maintenant beaucoup plus que cela et doivent s’occuper de toutes sortes d’autres enjeux, qui vont du culturel aux services aux aînés et au développement économique.

Non seulement l’impôt foncier n’est pas adapté à ces responsabilités, mais il a aussi un effet pervers : il favorise l’étalement urbain, puisque le meilleur moyen pour une ville d’avoir de nouveaux revenus est encore d’aménager de nouveaux quartiers, qui sont nécessairement toujours plus loin du centre.

Là-dessus aussi, le premier ministre est intraitable : les villes pourront avoir plus de pouvoirs – en matière d’expropriation, par exemple –, mais pas question de revoir la fiscalité municipale.

Les villes et le gouvernement du Québec sont déjà sur une trajectoire de collision. Alors, si après les élections du 3 octobre, l’opposition parlementaire devait être réduite à sa plus simple expression, il ne faudra pas s’étonner si les maires du Québec deviennent, par la force des choses, une sorte d’« opposition officieuse ».

Densification urbaine « Pas dans ma cour » à Saint-Lambert ?

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Une partie des terrains désaffectés de l’ancienne quincaillerie Matériaux Coupal (Rona) visés par un projet immobilier qui soulève les passions à Saint-Lambert.

Un important projet immobilier est en péril

Publié à 6h00

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Maxime Bergeron

Maxime Bergeron La Presse

L’enjeu de la densification urbaine atterrit à l’avant-scène dans la banlieue cossue de Saint-Lambert. La nouvelle administration déposera lundi soir un projet de règlement de zonage qui pourrait compromettre la réalisation d’un complexe de 1135 logements évalué à 500 millions de dollars, a appris La Presse. Les promoteurs crient au syndrome du « pas dans ma cour ».

« La Ville de Saint-Lambert agit complètement à sens contraire du développement durable, c’est totalement irresponsable », fulmine Philippe Bernard, coprésident et fondateur de Pur Immobilia.

Son entreprise a conclu en 2021 des ententes pour redévelopper deux des derniers terrains disponibles à Saint-Lambert : celui de la biscuiterie Dare et celui de l’ancienne quincaillerie Matériaux Coupal (Rona). Le groupe espère y construire une série d’immeubles de trois à huit étages tout près de la gare de train, ainsi que des commerces de proximité et plusieurs espaces verts.

Le complexe respecte les balises du projet particulier d’urbanisme (PPU) proposé par l’ancienne administration en 2021, en vue de requalifier ce secteur industriel qui a plutôt grise mine. La nouvelle mairesse Pascale Mongrain et son équipe craignent toutefois une trop forte densification et prendront des moyens concrets pour renverser la vapeur.

Ils proposeront deux motions à la séance du conseil municipal de lundi soir pour réviser en profondeur le plan d’urbanisme et le règlement de zonage de toute la municipalité. La Ville pourra « régir, dans chaque zone, l’occupation du sol, notamment en prohibant ou en autorisant les constructions et les usages », indique une ébauche du document obtenue par La Presse.

PHOTO FOURNIE PAR PASCALE MONGRAIN

La mairesse de Saint-Lambert, Pascale Mongrain

Sans entrer dans les détails, la mairesse Mongrain a dit en entrevue que les propositions de la Ville représenteraient un « compromis » entre les visées du promoteur et ce que les résidants actuels du quartier sont prêts à accepter.

« Dans notre projet de refonte, on est allés avec une certaine densification. Est-ce que ça conviendra à Pur Immobilia ? On ne le sait pas », indique Mme Mongrain.

Brûlant d’actualité

Le bras de fer qui se dessine à Saint-Lambert survient alors que le dossier de l’étalement urbain – et de la densification nécessaire pour le limiter – occupe une place centrale dans l’actualité québécoise. Le ministre des Transports, François Bonnardel, a affirmé en avril que la densification était une « mode », une déclaration surprenante qui a amené les maires de plusieurs grandes villes à faire front commun dans les pages de La Presse la semaine dernière.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre des Transports et ministre responsable de la région de l’Estrie, François Bonnardel, pendant une mêlée de presse récente

Au-delà du choix du vocabulaire, la question soulève son lot d’enjeux concrets dans plusieurs villes québécoises. Devrait-on construire des immeubles plus ou moins hauts sur les rares terrains disponibles ? Intégrer des logements sociaux à chaque projet, et si oui, combien ? Quelle place devrait être réservée aux parcs et autres services communautaires ?

À quelques kilomètres de Saint-Lambert, dans le secteur montréalais de Bridge-Bonaventure, ces questions s’entrechoquent avec fracas depuis plusieurs semaines. L’administration de Valérie Plante propose d’y ériger 3800 logements (dont 1270 sociaux), alors que les promoteurs immobiliers en voudraient au moins 12 000. Ils craignent une sous-utilisation de ces terrains de 2,3 km⁠2 stratégiquement situés, parmi les derniers disponibles près du centre-ville.

Pur Immobilia redoute un scénario similaire à Saint-Lambert. Philippe Bernard craint que la Ville opte pour le minimum de densité actuellement requis dans ce secteur, soit 60 habitations par hectare – très loin de ce que son groupe propose. « La nouvelle administration veut couper 80 % de ce projet, littéralement, lance-t-il. On passerait d’un projet de 1135 logements à 225 logements, sur les deux terrains au total. »

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Philippe Bernard et Yann Lapointe, coprésidents de Pur Immobilia, espèrent construire un projet de 1135 logements sur deux terrains industriels de Saint-Lambert en voie de requalification.

Une telle réduction rendrait le projet non viable, affirme-t-il, d’autant plus que « des millions » devront être investis pour décontaminer les deux terrains industriels totalisant 61 000 mètres carrés. Le promoteur ne mâche pas ses mots au sujet de la position de la Ville et des citoyens farouchement opposés au chantier. « C’est le classique ‟pas dans ma cour”. »

Citoyens inquiets

Il reste que le projet de Pur Immobilia soulève des inquiétudes bien réelles chez des riverains depuis son annonce, en mai 2021. Il est même devenu l’un des thèmes centraux de la campagne municipale de l’automne dernier.

Plusieurs craignent une explosion de la circulation automobile dans le secteur Saint-Charles, enclavé par une voie ferrée où passent des dizaines de trains chaque jour. D’autres s’inquiètent de la disparition des espaces de stationnement sur rue, de la surutilisation des infrastructures souterraines désuètes, ou encore de l’ombrage qui sera généré par les immeubles. Certains préféreraient enfin que les terrains fassent place à une école et à une garderie – deux services qui manquent dans la ville de 22 000 habitants.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

La biscuiterie Dare de Saint-Lambert devrait définitivement cesser ses activités dans les prochains mois.

Le Lambertois Karl Villeneuve, qui a tenté de se faire élire à la mairie l’an dernier, estime que le travail a été fait « à l’envers » dans la conversion de ce secteur industriel. « On veut densifier, mais on n’a rien pour supporter [ce projet] au niveau des infrastructures, des CPE, des écoles et de la circulation. »

Le dossier est ultrasensible pour la mairesse Mongrain, en poste depuis six mois. Elle reconnaît que le redéveloppement urbain est « la question de l’heure au Québec » et croit que « la densification fait partie de l’équation ». Mais trouver le bon équilibre sera délicat dans sa ville où les (grosses) maisons avec piscine occupent le haut du pavé.

IMAGE TIRÉE DU SITE PROJETDARECOUPAL.COM

Une vision préliminaire de ce à quoi pourrait ressembler le projet de Pur Immobilia

« C’est fini, l’idée de construire des cottages avec de belles grandes cours en arrière, dit-elle. Il faut permettre plus de hauteur, mais on est sensibles aux considérations de nos citoyens. On ne veut pas construire des tours de 15, 20 étages. »

L’élue reconnaît du même souffle que Saint-Lambert doit à tout prix accroître ses sources de revenus. La municipalité s’est défusionnée de Longueuil en 2006 tout en continuant à payer une importante quote-part à l’agglomération. Elle n’a aucune industrie lourde pour garnir ses coffres ; l’essentiel de ses recettes provient des impôts fonciers résidentiels, déjà élevés. Les infrastructures craquent de partout au moment où la Ville est au bord du gouffre financier, résume la mairesse.

On n’a plus une cenne, on n’a pas de coussin, on n’a pas de buffer.

Pascale Mongrain, mairesse de Saint-Lambert

Le groupe Pur Immobilia est très conscient de cette réalité et estime à des dizaines de millions de dollars les retombées de son projet pour la Ville dans les prochaines années. La mairesse Mongrain réitère pour sa part que Saint-Lambert fera « des compromis de densification », mais « pas pour faire plaisir à un promoteur ». Ni le projet de Pur Immobilia ni le PPU du secteur Saint-Charles n’ont été approuvés par l’administration précédente, précise-t-elle.

Les citoyens pourront se prononcer au cours des prochains mois sur les nouvelles règles de zonage et d’urbanisme qui seront proposées par la Ville. Pascale Mongrain espère que toutes les étapes auront été franchies en vue de leur adoption d’ici la fin de 2022.

Pas de logements sociaux

Le projet que souhaite réaliser Pur Immobilia à Saint-Lambert comporterait environ 730 appartements locatifs et 390 copropriétés, de même que 15 maisons de ville, selon les plans initiaux. Une partie des logements seraient considérés comme « abordables » en vertu des critères assez élastiques de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), mais aucun logement social n’y est prévu. Les promoteurs croient que le complexe permettra surtout de répondre à la demande provenant de personnes plus âgées qui cherchent à vendre leur propriété pour vivre dans un logis moins grand, et de jeunes Lambertois qui n’ont pas les moyens d’acheter une maison, mais veulent rester dans le secteur. « La majorité de nos clients vont être des gens de Saint-Lambert, croit le coprésident Yann Lapointe. Les gens qui vont vivre dans ce projet-là vont conduire les mêmes voitures que les gens qui vivent à quelques coins de rue de là. » Le projet dessiné par la firme Huma Architecture prévoit une rue partagée, des parcs, de l’agriculture urbaine et une importante canopée, mais peu d’images officielles ont filtré jusqu’ici.

Les deux terrains à développer et les projets dessus ont des sujets sur le forum:
Propositions de projets à Saint-Lambert sur AgoraMTL

On est très loin des tours de 15 à 20 étages dont parle la mairesse, sauf si les plans qu’ils ont vu sont radicalement différents.

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