Consommation

Il y a des facteurs fondamentaux qui peuvent expliquer les mouvements de prix du pétrole et de l’essence. Mais il n’y a que l’arrogance d’une industrie aussi dominante que celle du pétrole pour expliquer l’imposition, d’un coup sec, d’une hausse brutale de 10 % à ses clients, soit de 15 à 20 cents le litre, en quelques heures.

Peu d’entreprises peuvent se permettre un tel affront.

Résumé

AnalyseL’arrogance de l’industrie pétrolière

Une pompe à essence affiche le prix de 189,9 cents le litre pour de l'essence ordinaire et le prix de 209,9 cents le litre pour de l'essence Plus.

Le prix de l’essence a bondi le jeudi 18 avril 2024 au Québec et en Ontario.

Photo : Radio-Canada

Publié à 4 h 00 HAE

Il y a des facteurs fondamentaux qui peuvent expliquer les mouvements de prix du pétrole et de l’essence. Mais il n’y a que l’arrogance d’une industrie aussi dominante que celle du pétrole pour expliquer l’imposition, d’un coup sec, d’une hausse brutale de 10 % à ses clients, soit de 15 à 20 cents le litre, en quelques heures.

Peu d’entreprises peuvent se permettre un tel affront.

L’explication que donne l’industrie pour justifier la hausse du prix à la pompe, c’est que l’essence d’été coûte plus cher que l’essence d’hiver en raison de l’ajout de certains éléments dans la composition de l’essence afin de la rendre moins volatile.

Sur le web, le Guide de l’auto indiquait récemment qu’en hiver, on utilise du butane pour permettre un allumage plus rapide par temps froid, alors que l’été, on produit de l’essence alkylate, qui réduit la volatilité et dont le coût de production atteindrait de 5 à 8 cents de plus par litre.

De ce fait, au printemps, l’arrivée des beaux jours entraîne une augmentation des déplacements routiers. Et plus on avance vers les beaux mois d’été, plus la demande augmente alors que la saison des vacances s’amorce. Cette demande supplémentaire entraîne alors une pression à la hausse sur les prix de l’essence.

AILLEURS SUR INFO : Procès criminel de Donald Trump : « Nous avons maintenant notre jury »

Comme l’explique Anne-Marie Lecomte dans un texte publié jeudi matin sur notre site, les tensions géopolitiques provoquent aussi une hausse de l’incertitude. La réaction attendue d’Israël face à l’attaque de l’Iran la fin de semaine dernière suscite beaucoup de préoccupations et d’inquiétudes.

L’Iran est un acteur de premier plan en matière de production et d’exportation de pétrole. Un blocage du détroit d’Ormuz par Téhéran pourrait avoir un effet sur le tiers des exportations mondiales de pétrole, soit environ 20 millions de barils par jour. C’est colossal.

Et l’incertitude qui persiste sur la suite des choses fait également pression sur les prix des produits pétroliers.

Le poids des taxes

Maintenant, plusieurs pointent les taxes qui s’appliquent sur l’essence pour expliquer cette hausse. Ce n’est pas tout à fait exact.

Sur chaque litre d’essence que nous achetons, environ 30 % du prix va aux taxes. Prenons l’exemple de Montréal. Mercredi, le prix du litre d’essence s’y élevait à 176,6 cents, alors que jeudi, il est monté à 190,5 cents. Le niveau de taxe est passé de 55,2 cents à 57 cents d’une journée à l’autre.

Selon les estimations de la Régie de l’énergie du Québec, ce qui a monté de mercredi à jeudi, c’est la marge du détaillant. Elle est passée de 9,8 cents le litre à 22,5 cents à Montréal. Or, la moyenne annuelle est de 11,2 cents.

Par ailleurs, la tarification fédérale du carbone est passée de 65 à 80 $ la tonne le 1er avril. Sur le prix de l’essence, l’effet est de 3,3 cents, pour un total de 17,6 cents.

Ce n’est donc pas cette taxation qui explique la majeure partie de la hausse du prix de l’essence cette semaine. Et je vous rappelle que la tarification fédérale sur le carbone ne s’applique pas au Québec.

Variations brutales

Dans toute cette histoire, le problème fondamental, c’est la variation brutale à la hausse du prix de l’essence. C’est sur ce point que les gouvernements devraient intervenir pour encadrer les variations de prix et pour obliger les pétrolières et les stations-service à mieux informer le consommateur des mouvements à l’œuvre.

Il n’y a pas de raisons logiques pour expliquer que, mercredi après-midi, le prix du litre pouvait s’établir à 1,76 $ et que, jeudi, il devait se retrouver à 1,91 $. Il n’y a pas eu de catastrophe mercredi soir sur le marché du pétrole. Même qu’on constate que le prix du pétrole n’explose pas.

Pourquoi? Selon The Economist, deux grands facteurs expliquent la hausse plutôt lente du prix du pétrole.

D’abord, la production de pétrole, de nos jours, est moins concentrée au Moyen-Orient qu’elle ne l’était il y a 50 ans. En 1974, cette région représentait 37 % de la production. Aujourd’hui, c’est 29 %.

Les États-Unis et le Canada occupent aujourd’hui une place plus importante dans l’offre mondiale de pétrole.

Ensuite, la production et les exportations de la Russie se sont maintenues malgré les sanctions imposées par les pays occidentaux à la suite de l’invasion de l’Ukraine. De plus, les membres de l’OPEP ont une capacité de production excédentaire de 4,5 millions de barils par jour, l’équivalent de la production de l’Irak.

La demande demeure aussi très forte, mais la croissance économique mondiale est faible. Et la Chine connaît également un ralentissement de sa croissance économique.

La réalité, c’est que l’évolution des prix pétroliers était déjà connue par l’industrie. Entre les tensions géopolitiques et l’arrivée de l’essence d’été, tous les mouvements attendus sur les prix sont prévisibles pour l’industrie, qui aurait dû mieux communiquer l’information aux clients ou mieux calibrer ces mouvements en les appliquant progressivement.

Rien d’urgent ne s’est produit au cours des dernières heures et, donc, rien ne justifie une hausse aussi forte, une majoration surprenante et choquante pour les consommateurs.

Il faut bien reconnaître que nous sommes encore, en grande partie, dépendants de l’industrie pétrolière, qui n’hésite pas un seul instant à profiter de cet avantage concurrentiel.

Les pétrolières affichent des profits exceptionnels.

Lorsque les véhicules électriques occuperont une place conséquente sur nos routes, probablement d’ici une décennie, l’industrie ne pourra pas afficher la même arrogance envers sa clientèle, en appliquant des hausses brutales de 15 à 20 cents en quelques secondes. Cette époque achève.

En attendant, que peuvent faire les gouvernements?

Il est inutile de penser que l’État va contrôler le prix de l’essence, à moins de nationaliser toute l’industrie. Toutefois, il est certainement envisageable d’exiger de la part des pétrolières une plus grande transparence et une plus grande prévisibilité dans l’établissement des prix afin d’éviter les variations trop brusques.

À lire aussi :

Même si la pratique est dénoncée depuis des années, des commerçants continuent de détruire de la marchandise flambant neuve avant de la jeter aux poubelles, comme je l’écrivais à la fin de l’hiver. Je n’étais pas au bout de mes surprises. On m’a appris qu’Ottawa, loin de décourager ce gaspillage, verse plutôt de l’argent aux entreprises qui sortent les ciseaux.
Publié à 1h22 Mis à jour à 6h30

Résumé

Ottawa favorise la destruction de marchandises neuves

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Des détaillants jettent encore de la marchandise neuve… mais habilement et volontairement lacérée.


Marie-Eve Fournier
Marie-Eve Fournier La Presse

Même si la pratique est dénoncée depuis des années, des commerçants continuent de détruire de la marchandise flambant neuve avant de la jeter aux poubelles, comme je l’écrivais à la fin de l’hiver. Je n’étais pas au bout de mes surprises. On m’a appris qu’Ottawa, loin de décourager ce gaspillage, verse plutôt de l’argent aux entreprises qui sortent les ciseaux.

Publié à 1h22 Mis à jour à 6h30

Partager

Vous avez bien lu.

Un magasin de vêtements qui se retrouve avec des piles de pantalons qui n’intéressent pas ses clients peut les détruire et obtenir le remboursement des droits de douane qu’il a payés lors de leur importation. C’est assez tentant, car s’il en fait don à un organisme de charité, il n’obtiendra pas un sou⁠1.

L’ampleur du phénomène de la destruction demeure un mystère, malheureusement.

L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), qui gère ce programme, dit n’avoir aucune idée de la valeur totale des biens qui sont détruits, bon an, mal an. Elle affirme aussi ne pas savoir quelles industries se prévalent de cette mesure ni quels types de produits sont les plus concernés.

C’est assez curieux, puisque le formulaire K32 que les entreprises doivent remplir pour toucher un remboursement (drawback, dans le jargon de l’ASFC) contient des cases dans lesquelles il faut justement décrire la marchandise détruite « avec suffisamment de détails » et en préciser la valeur.

L’Agence sait uniquement que depuis quatre ans, elle a remis tout près de 20 millions de dollars à des entreprises dans le cadre de son « Programme de marchandises surannées ou excédentaires ».

L’évaluation à partir de ce montant de la valeur des biens saccagés est hasardeuse, puisque chaque catégorie de biens est frappée d’un tarif douanier précis. Pour les vêtements qui ne sont pas importés des États-Unis ou du Mexique (pays avec lesquels il y a un accord de libre-échange), le taux est de 18 %. Une chaise de bureau : 7,5 %. Un sac à dos : 11 %. Des chaussures : 20 %, révèle l’outil en ligne d’évaluation des tarifs douaniers d’Ottawa⁠2.

Ce qui est clair, en revanche, c’est que la quantité de biens neufs qui finissent leur vie dans un conteneur est forcément considérable. Et que leur valeur se compte en millions de dollars.

Quelle est la logique derrière tout ça ? Ottawa répond qu’il veut aider les entreprises à être concurrentielles à l’échelle internationale en ne les obligeant pas à ressortir la marchandise excédentaire du Canada pour récupérer les droits de douane payés. « En autorisant la destruction de ces marchandises, m’a expliqué l’Agence par courriel, les frais d’expédition liés à l’exportation de marchandises sans valeur sont ainsi éliminés. »

Équiterre, qui a découvert l’existence du « Programme de marchandises surannées ou excédentaires » en même temps que moi, juge qu’il est « sorti d’une autre époque » et « immoral ». De fait, que ce soit pour des raisons écologiques ou sociales, il n’est pas normal qu’il soit plus payant de jeter que de donner aux personnes dans le besoin.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Amélie Côté, analyste en réduction à la source chez Équiterre

C’est hyper choquant qu’un programme du fédéral accentue la crise du gaspillage. Jeter des biens dans un contexte comme le nôtre, c’est absurde.

Amélie Côté, analyste en réduction à la source chez Équiterre

Dans une lettre transmise le 11 avril, Équiterre a d’ailleurs exhorté la ministre des Finances, Chrystia Freeland, « à mettre fin à ce programme absurde, pour que le gaspillage éhonté des objets neufs cesse ».

À l’heure actuelle, toute entreprise qui détient des biens « surannés ou excédentaires » peut récupérer les droits de douane payés, si trois autres conditions sont remplies. Les articles ne peuvent pas être utilisés au Canada, ils doivent être « non endommagés avant leur destruction » et « détruits selon les instructions de l’ASFC ».

L’Agence m’a précisé que les vêtements retournés en magasin à cause d’une fermeture éclair cassée ou d’un rétrécissement, par exemple, ne se qualifient donc pas. Ils sont plutôt considérés comme des marchandises usagées ou endommagées. Les directives pour une destruction conforme aux règles ne m’ont pas été communiquées. Aucune photo des biens détruits n’est exigée.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Des détaillants jettent encore de la marchandise neuve… mais habilement et volontairement lacérée.

Difficile de dire, donc, si tous les vêtements et les trois paires de bottes découpés⁠3 qui se trouvaient dans le conteneur d’un Winners visité par ma copine en février ont donné droit à un chèque d’Ottawa. Mais pourquoi détruirait-on des retours de marchandises si ça ne procure aucun avantage pécuniaire ?

Certaines personnes qui travaillent dans la vente au détail m’ont dit que cela empêchait ceux qui fouillent dans les poubelles, mieux connus sous le nom de dumpster divers, de se faire rembourser de la marchandise jetée. Le stratagème frauduleux peut certainement être déjoué avec un peu d’imagination et de bonne volonté.

Avec ces deux qualités, le gouvernement pourrait, de son côté, interdire la destruction de vêtements neufs, comme l’a fait l’Union européenne, ou du moins encourager les dons.

« Le plus durable, c’est de donner », comme me l’a si bien dit le président des magasins Aubainerie, Jean-Frédérick Pépin. Mais il faut quand même donner un élan à la durabilité.

  1. Le don de marchandises faisant partie des stocks d’une entreprise peut donner droit à un crédit d’impôt, si l’organisme de charité lui fournit un reçu. Or, l’entreprise doit alors inclure, dans ses revenus, la juste valeur marchande des marchandises données. L’augmentation est alors compensée par la déduction du don, de sorte que le résultat net est nul.

2. Consultez la page web « Estimer les droits et les taxes » de l’ASFC 3. Lisez « Détruire des biens neufs à l’exacto : ça suffit ! »

Trouver un livre de recettes pour seulement 4,25 $ au Village des Valeurs, ou encore un range-couvert à 2,85 $ chez Renaissance, ça peut sembler être des aubaines… sauf si l’étiquette de Winners encore collée sur le livre prouve qu’il ne vaut que 2,99 $ et que le site web d’IKEA indique que le range-couvert ne coûte que 0,99 $.

Résumé

Friperies Quand un article d’occasion coûte plus cher qu’un neuf

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Des objets du Dollarama vendus plus cher dans les friperies Renaissance

Trouver un livre de recettes pour seulement 4,25 $ au Village des Valeurs, ou encore un range-couvert à 2,85 $ chez Renaissance, ça peut sembler être des aubaines… sauf si l’étiquette de Winners encore collée sur le livre prouve qu’il ne vaut que 2,99 $ et que le site web d’IKEA indique que le range-couvert ne coûte que 0,99 $.

Publié à 1h32 Mis à jour à 5h00

Partager


Tatiana Mulowayi-Pelletier
Tatiana Mulowayi-Pelletier La Presse

« C’est spécial quand je vois ça ; en dessous, tu vois l’étiquette du Dollarama, 4 $ ou 3 $, puis là, tu vois que [le Village des Valeurs] l’a mis à 4,99 $. »

Jessica Laplante-Tremblay magasine souvent dans les friperies afin de trouver des articles abordables pour décorer sa maison et habiller ses trois jeunes enfants. Toutefois, les prix des articles vendus dans des commerces comme le Village des Valeurs lui font douter qu’acheter de seconde main soit toujours une aubaine, surtout lorsque ces friperies revendent des articles d’autres enseignes plus cher que leurs prix originaux.

Sa vidéo « Vient au Village des Voleurs » dénonçant ce problème a accumulé près de 75 000 visionnements sur TikTok.

Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos

Elle n’est pas la seule à avoir constaté ces disparités de prix dans les magasins d’occasion. « Une paire de leggings : on a regardé la grandeur et on a vu l’étiquette du Dollarama qui était 4 $, et le pantalon était rendu 9,97 $ [au Village des Valeurs] », dénonce Annie Lavallée, éducatrice au primaire qui achète dans les friperies par souci écologique.

Un problème répandu

Dans la semaine du 10 juin, La Presse a visité trois succursales du Village des Valeurs et six succursales de Renaissance à Montréal et à Laval. Dans toutes sauf une, nous avons trouvé des articles d’autres commerces arborant encore leur étiquette originale montrant un prix moins élevé que celui de revente dans les friperies.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Village des Valeurs du boulevard Pie-IX

Dollarama, IKEA, Winners, Walmart : les articles surfacturés proviennent souvent de détaillants facilement reconnaissables.

Un ensemble de salière et poivrière en piteux état était affiché à 5,99 $ au Village des Valeurs du boulevard Pie-IX. Le même ensemble neuf chez Dollarama ? 4,25 $.

Une tasse à café vendue 4,97 $ chez Walmart est revendue 8,85 $ au Renaissance du quartier Côte-des-Neiges.

En cherchant sur le site web d’IKEA, on découvre rapidement que le pot à plante Socker, revendu à 2,99 $ au Village des Valeurs, vaut 1,99 $ chez l’entreprise suédoise.

50 ¢… 1 $… 3 $

Ces différences de prix peuvent sembler minimes, mais pour certains clients, c’est une question de principe.

Ça me choque, je me dis : c’est des dons qu’ils reçoivent, pourquoi les vendre plus cher ?

Annie Lavallée, éducatrice au primaire

Ce n’est pas la première fois que de telles disparités de prix ont été remarquées dans les grandes chaînes de friperies. En février 2024, CBC a notamment fait un reportage sur un problème similaire dans les succursales du Value Village (société parente du Village des Valeurs au Canada) à Toronto.

Lisez le reportage de CBC (en anglais)

« Pour les consommateurs, ça crée un malaise parce qu’il y a une incohérence entre le positionnement, l’orientation de l’enseigne de seconde main, et la pratique en tant que telle, [soit] le prix qui est affiché », affirme Myriam Ertz, experte en consommation durable et en marketing.

Plusieurs de ces articles mal étiquetés identifiés par La Presse ont été trouvés dans des succursales de Renaissance, qui est pourtant un organisme à but non lucratif ayant pour mission la réinsertion socioprofessionnelle. Ce statut lui permet d’ailleurs de ne pas imposer de taxes sur ses articles.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Friperie Renaissance du boulevard Pie-IX

Les politiques de prix par catégories pourraient avoir joué un rôle dans ce phénomène, estime Mme Ertz. « Le prix minimum pour vendre un livre dans certaines friperies, ça va être peut-être 1 $ ou 4 $ […], mais ça s’avère [que] c’est plus élevé que le prix de vente dans l’enseigne de type Dollarama. »

L’inflation, qui affecte aussi l’économie de seconde main, pourrait être un autre facteur. « Les coûts sont plus élevés pour les friperies et elles doivent répercuter ça sur leur prix de vente », explique la professeure de l’Université du Québec à Chicoutimi.

Des erreurs d’étiquetage ?

Une représentante de Renaissance soutient qu’il s’agit simplement d’erreurs d’étiquetage.

« Ce sont des humains. On a beaucoup de participants [employés] à chaque magasin. Chaque friperie est un lieu d’apprentissage pour les gens qu’on réinsère sur le marché du travail », affirme Linda Pimparé, directrice adjointe, communications et marketing, de Renaissance.

Elle affirme que les clients qui remarquent ces différences de prix peuvent négocier un ajustement de prix. « Il faut qu’ils aillent à la caisse et on va trouver une solution », assure Linda Pimparé.

Le Village des Valeurs abonde dans le même sens. « En moyenne, un magasin Value Village/Village des Valeurs au Canada fixe le prix et la marchandise d’environ 30 000 articles par semaine », explique pour sa part Sara Gaugl, directrice des communications de l’entreprise américaine. « Nous invitons nos clients à discuter avec un responsable du magasin s’ils pensent qu’un article a été mal évalué par inadvertance, afin que nous puissions y remédier rapidement. »

Virginie Tremblay en a fait l’expérience. Pour cette mère de famille, ces prix disparates ne sont pas si graves. « Je pense que les gens au tri en voient beaucoup et des fois, ils peuvent ne pas porter attention », soutient celle qui visite des friperies depuis sa jeunesse, en fouillant parmi la sélection de vêtements pour bébés d’un Renaissance. « Tu peux leur dire : hé, ça, c’est pas la bonne valeur, est-ce qu’il y a une erreur ? Des fois, ils vont t’accommoder, des fois, non. »

La Presse a aussi fait le test et les réponses ont été variées. Lors de nos trois tentatives chez Renaissance, deux articles ont été réduits. Au Village des Valeurs, un article a été réduit, l’autre non.

Que dit la loi ?

L’article 224c) de la Loi sur la protection du consommateur énonce qu’« aucun commerçant, fabricant ou publicitaire ne peut, par quelque moyen que ce soit, exiger pour un bien ou un service un prix supérieur à celui qui est annoncé ». « Ainsi, le consommateur est en droit d’exiger le prix le plus bas indiqué, peu importe si l’étiquette collée sur l’article provient d’un autre magasin. En cas de refus de la part du commerçant, le consommateur pourrait communiquer avec l’Office [de la protection du consommateur] afin de porter plainte », assure Marie-Pier Duplessis, conseillère en communication de l’organisme provincial.

Personnellement je n’ai rien changé dans mes bonnes habitudes de pourboires, au resto c’est 15% et ça restera à ce niveau, d’autant qu’avec l’inflation le montant du pourboire a lui aussi automatiquement augmenté.

Quant à la restauration rapide, là aussi les prix sont dorénavant nettement supérieurs. Il n’y a d’ailleurs aucune raison de cliquer sur les options présentées dans le terminal. J’inscris alors pas de pourboire et offre 1 ou 2 dollars généralement en monnaie si je suis satisfait de la célérité du service.

De toute façon avec le terminal rien ne garantit que l’argent ira au personnel. J’ai travaillé dans des restaurants dans mes jeunes années et certains propriétaires ne se gênaient pas de piger dans les pourboire ou d’exiger un % des sommes recueillies à la fin de la journée.

Rien n’a véritablement changé de ce côté là, puisqu’il y aura malheureusement toujours de la cupidité par des pratiques d’abus bien dissimulées. Tout cela par un relâchement plus répandu des règles dans une majorité d’activités commerciales qui vont maintenant jusqu’au logement. :frowning_face:

1 « J'aime »

La décision de Loblaw de supprimer les rabais sur les achats multiples chez Maxi pourrait égaliser les règles du jeu pour tous les consommateurs, mais les effets à long terme sur les prix et le choix restent aléatoires. Même si certains perçoivent cette mesure comme une victoire, elle pourrait priver les grandes familles et les groupes d’une chance d’économiser.

Résumé

Panier d’épicerie Fin des rabais sur les achats multiples : une bonne affaire, vraiment ?

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

La semaine dernière, Loblaw a annoncé la fin des rabais pour les achats à volume, par exemple, « 2 pour 5 $ » ou « 3 pour 10 $ ».


Sylvain Charlebois
Sylvain Charlebois Directeur principal, Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire, Université Dalhousie, collaboration spéciale

La décision de Loblaw de supprimer les rabais sur les achats multiples chez Maxi pourrait égaliser les règles du jeu pour tous les consommateurs, mais les effets à long terme sur les prix et le choix restent aléatoires. Même si certains perçoivent cette mesure comme une victoire, elle pourrait priver les grandes familles et les groupes d’une chance d’économiser.

Publié à 0h55 Mis à jour à 6h30

Partager

La semaine dernière, Loblaw a annoncé la fin des rabais pour les achats à volume, par exemple, « 2 pour 5 $ » ou « 3 pour 10 $ ». Cette stratégie créait un sujet de discorde parmi les consommateurs depuis des années. Le Comité parlementaire et le Bureau de la concurrence ont longtemps critiqué cette pratique, et même le ministre François-Philippe Champagne a appelé à sa fin.

Plusieurs groupes démographiques, notamment les personnes vivant seules ou les personnes âgées qui consomment moins de nourriture, considéraient cette pratique, connue sous le nom de « rabais sur le volume », comme discriminatoire. Selon un sondage mené par l’Université Dalhousie et Caddle l’année dernière, 38,1 % des Canadiens n’aimaient pas cette stratégie et souhaitaient sa fin. La seule autre stratégie de l’industrie plus détestée était la réduflation, lorsque la quantité d’un produit alimentaire est réduite tandis que le prix demeure le même.

Les rabais sur le volume ont fait leur apparition il y a des années en réponse à une augmentation des achats en gros par les consommateurs. Un modèle largement inspiré par Costco, qui encourageait les consommateurs à acheter en grande quantité, soutenant l’idée que des quantités plus importantes offraient de meilleures affaires. À mesure que les rabais sur le volume gagnaient en popularité, les critiques se multipliaient. Beaucoup affirmaient que cela conduisait à plus de gaspillage alimentaire, car les consommateurs se voyaient obligés d’acheter plus de nourriture pour obtenir une meilleure affaire.

Cependant, une étude récente publiée dans l’European Economic Review a révélé que la fin des rabais sur le volume avait des conséquences inattendues. Les épiciers dans certaines régions d’Europe ont commencé à offrir plus de rabais sur les unités individuelles, motivant les ménages à haute consommation à faire leurs courses plus fréquemment et à acheter davantage. Loblaw a probablement lu cette étude.

Inversement, une étude dans Health Economics suggérait que les achats multiproduits incitaient davantage de consommateurs à acheter de plus grandes quantités d’aliments malsains.

Mettre fin à cette pratique découle certainement d’une décision politique astucieuse pour Loblaw et sera probablement considéré comme une victoire par de nombreux consommateurs. Cependant, les véritables répercussions dépendront de la façon dont Maxi fixera ses prix à l’avenir. Les achats multiproduits ou les rabais sur le volume bénéficiaient à la fois aux détaillants et aux fournisseurs ayant des excédents de stock ou souhaitant promouvoir certains produits. Il est donc fort possible que les relations entre Loblaw et ses fournisseurs aient changé.

Ce changement ne garantit pas une baisse des prix et ne signifie pas que les offres deviendront plus abordables pour les petits ménages. Il assure simplement que tout le monde se verra traité de la même manière, ce qui ne se traduit pas nécessairement par un traitement bonifié ou plus abordable.

En fin de compte, nul ne sait si cette décision est la meilleure pour les consommateurs, car elle pourrait en priver certains de l’occasion d’économiser grâce aux rabais sur le volume. Les grandes familles et les groupes tiraient des avantages de ces réductions. Les rabais sur le volume aidaient également la chaîne d’approvisionnement à gérer les stocks plus efficacement. La solution idéale serait d’offrir la même remise au prix unitaire à ceux qui la demandent. Une pratique déjà en vigueur chez certains épiciers.

Les prix chez Maxi devront faire l’objet d’une surveillance accrue pour déterminer si ce changement profite réellement aux consommateurs. Si Loblaw promet des bas prix, en particulier chez Maxi, l’entreprise devrait honorer cette promesse sans les rabais sur les achats multiples et éviter d’utiliser cette décision pour augmenter les prix pour tous, simplement pour apaiser une minorité vocale. Il sera également pertinent de voir si d’autres épiciers suivront cet exemple.

Le fardeau de l’inflation ne touche pas de la même façon riches et pauvres. La hausse des prix pour les produits bon marché est presque deux fois plus marquée que celle pour les produits haut de gamme depuis quatre ans, selon une étude de chercheurs affiliés à la Banque du Canada. Cette inégalité appelée « cheapflation » s’observe autant au Canada qu’ailleurs dans le monde.

Non seulement les plus nantis résistent mieux que d’autres aux aléas de la hausse des prix, mais celle-ci les concerne bien moins que leurs concitoyens plus pauvres.

Le prix des produits « haut de gamme » a augmenté de 11 % en moyenne entre 2020 et 2024. Les produits « bas de gamme », eux, ont vu leur valeur bondir de 25 % durant la même période. Autrement dit, le coût d’un panier d’épicerie d’aliments de basse qualité a augmenté presque deux fois plus vite que celui d’un panier de produits « premium ».

Les chercheurs nomment ce phénomène « cheapflation », que l’on pourrait traduire par « inflation inégalitaire » ou « inflation à deux vitesses ».

3 articles

Les algues d’ici De la mer à l’assiette

Bien qu’on les côtoie depuis des millénaires et qu’elles suscitent un intérêt récent chez les foodies et les adeptes de « superaliments », les algues demeurent peu connues de ce côté-ci du globe. Leur potentiel en cuisine reste un vaste territoire à sonder, comme celui des côtes de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent dont elles colorent abondamment les fonds. De quoi vouloir faire une saucette en eau salée pour y faire la lumière.

Résumé

Alimentation

Les algues d’ici L’herbier salin du Saint-Laurent

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Algues des rives du parc Forillon, en Gaspésie

La question qui s’impose dans un article à caractère gourmand est de savoir si nos algues se mangent ou non. « On ne connaît pas de spécimens qui soient toxiques dans les grandes algues du Saint-Laurent », répond Éric Tamigneaux, qui enseigne au programme d’aquaculture du Cégep de la Gaspésie et des Îles.

Publié à 11h00

Partager


Isabelle Morin
Isabelle Morin La Presse

Considérant que Pêches et Océans Canada en répertorie plus de 200 espèces au Québec, le terroir ou « merroir » à défricher est grand. Ce recensement serait par ailleurs sous-estimé, selon notre intervenant. « Les travaux qui s’intéressent aux algues se sont arrêtés dans les années 1980, alors que leur identification se faisait essentiellement sur la base de la forme et de la couleur. Depuis, les techniques d’identification génétique nous ont permis de comprendre que certaines algues se ressemblent, mais appartiennent à des espèces totalement différentes. »

Cela dit, parmi celles que l’on connaît, toutes n’ont pas le même intérêt en cuisine. Certaines sont insipides ou inintéressantes par leur texture ou leur forme. Plusieurs recèlent toutefois des saveurs uniques qui commencent tout juste à piquer notre curiosité.

Quand Éric Tamigneaux a commencé à s’intéresser aux algues du Québec, il y a 15 ans, il passait encore pour un rêveur.

Il y avait une certaine aversion pour le produit. On me répondait qu’on ne ferait jamais manger d’algues aux Québécois. On cultivait alors les moules, les pétoncles et la mye sur nos côtes, mais pas d’algues.

Éric Tamigneaux, professeur-chercheur en aquaculture au Cégep de la Gaspésie et des Îles

Le chercheur réalise un premier projet de culture d’algues en bassin qui ouvrira la porte à d’autres initiatives.

L’industrie bouge vite et de nouveaux acteurs apparaissent, constate-t-il. Ils sont cependant encore peu nombreux et concentrés principalement en Gaspésie, bien que des projets émergent sur la Côte-Nord et aux Îles-de-la-Madeleine.

Le « merroir » du Saint-Laurent

Longtemps confinées aux comptoirs à sushis, les algues ont progressivement fait leur apparition sur les rayons des épiceries. Le contexte est favorable, mais l’erreur à ne pas commettre est de vouloir importer des idées d’Asie sans chercher à les adapter à la culture nord-américaine, estime Éric Tamigneaux.

La gaspésienne Seabiosis vise un certain confort culinaire pour conquérir de nouvelles papilles. L’entreprise se spécialise dans la transformation d’algues, qu’elle vend sous forme de relish, de marinades, de salades, d’épices ou de pestos, « des produits que les consommateurs peuvent utiliser même s’ils n’ont jamais entendu parler d’algues ou de façons de les apprêter », mentionne la cofondatrice Élisabeth Varennes, qui s’approvisionne auprès de cueilleurs d’algues et d’aquaculteurs locaux.

Il y a beaucoup d’éducation et de démocratisation à faire. La ressource en elle-même est chère, mais il faut comprendre que chaque algue est cueillie à la main dans des conditions difficiles.

Élisabeth Varennes, cofondatrice et directrice de la recherche et du développement, Seabiosis

Si l’intérêt et la demande pour le produit augmentent, le décalage entre les tendances culinaires et ce que l’on met au menu de tous les jours reste grand, selon celle qui est directrice de la recherche et du développement de Seabiosis.

« Les gens font souvent une association négative entre les algues échouées qu’ils ont vues sur des plages nauséabondes et les algues comestibles. Mais ce qu’on propose, ce sont des algues pêchées directement en mer, qui sont fraîches, pleines de saveurs, de minéraux et de bienfaits. » Élisabeth Varennes préfère d’ailleurs parler des algues comme de « légumes de mer » qui s’apprêtent comme on le ferait pour une asperge ou un cornichon. Question de perception.

Un potager en mer

« Il y a la même diversité d’espèces et autant de différences entre une algue verte, rouge ou brune qu’entre un poisson, un crustacé et un mollusque », indique Antoine Nicolas, qui exploite Océan de saveurs, considéré au Québec comme le pionnier en matière de cueillette d’algues. Le producteur gaspésien est aussi le seul à bénéficier de l’entente de Fourchette bleue avec 200 supermarchés Metro, où ses produits sont désormais vendus.

Sans être des plantes, car elles ne possèdent ni fruits, ni graines, ni racines, les algues partagent avec les végétaux terrestres cette façon de synthétiser l’énergie lumineuse par photosynthèse, explique-t-il. C’est pourquoi, dans nos conditions et selon la transparence des eaux, on les trouve dans des profondeurs de 0 à 40 m, là où la luminosité est encore présente.

« Elles n’ont pas le même secteur de vie, les mêmes comportements ou la même physiologie que les plantes. Il y a des milliards d’années de différence dans leur apparition. On est sur des formes de vie qui sont plus primitives », précise le chasseur d’algues qui, depuis ses débuts en 2012, a alimenté plus de 150 restaurants de la province. L’ouverture envers le produit est présente chez nos chefs, observe-t-il. Le bacon de mer est un favori, comme la laitue de mer au goût d’oseille ou d’épinard, pour donner dans des comparaisons familières. Leur goût est toutefois unique.

Des produits à découvrir

Des produits à découvrir

1/5

L’herbier luxuriant du Saint-Laurent

Pour séduire le consommateur, les acteurs du secteur ne manquent pas d’arguments. L’éventail de saveurs et des textures associées aux algues est large. L’un des intérêts des algues est ce côté umami qui provient de leur teneur en glutamate naturel, cet exhausteur de saveurs qui permet de rehausser les plats, les sauces et les bouillons. Et sur ce plan, comme d’un point de vue gustatif, les algues d’ici se comparent facilement à la moyenne des algues provenant du Japon, comme l’a conclu un projet mené l’an dernier par Éric Tamigneaux. La faible densité de population et d’industrialisation de nos régions côtières fait par ailleurs en sorte que la qualité de l’eau y est exceptionnelle.

Sur le plan nutritionnel, les algues sont des éponges qui absorbent les minéraux des eaux par toutes les parties de leur anatomie. Elles sont riches en azote, en phosphore et en iode, mais également en molécules antioxydantes qu’elles développent pour se défendre contre les ultraviolets. Certaines sont particulièrement riches en protéines – le nori, par exemple, qui rivalise avec le bœuf sur ce plan. Elles ont toutefois l’avantage d’être pauvres en lipides et riches en fibres. Puisqu’elles ont développé des alginates qui leur permettent de retenir l’eau et d’éviter de trop se déshydrater à marée basse, elles sont aussi utilisées pour leurs propriétés épaississantes dans plusieurs produits alimentaires.

« Autrement dit, résume Éric Tamigneaux, il y a peu de raisons de ne pas manger d’algues d’un point de vue diététique et beaucoup d’arguments sur le plan gustatif ! »

Consultez le site de Seabiosis Consultez le site d’Océan de saveurs

Résumé

Les algues d’ici Savourer le potager de mer

1/5

Salées ou légèrement sucrées, croquantes ou en flocons, les algues sont un « herbier » d’une riche diversité sur le plan culinaire, et de plus en plus accessible pour qui souhaite s’y initier et l’intégrer à son assiette au quotidien.

Publié à 11h00

Partager


Isabelle Morin
Isabelle Morin La Presse

On retrouve les mêmes trois familles d’algues où que l’on soit dans le monde – les brunes, les vertes et les rouges. Chacune a sa propre lignée évolutive et a développé un mode de survie, une physiologie et une composition moléculaire qui lui sont propres.

Du point de vue des textures, les algues brunes, particulièrement riches en iode, sont souvent plus charnues et croquantes. Une fois cuites, elles perdent leur pigmentation brune pour passer au vert. Elles ont alors l’apparence d’un légume et peuvent s’y substituer. Quant aux algues rouges et vertes, généralement en forme de feuilles, elles sont souvent vendues en flocons. Riches en protéines, elles en contiennent entre 30 et 50 % de leur poids.

Des bienfaits et des saveurs

L’approche la plus simple pour inscrire les algues au menu sans changer ses habitudes alimentaires est de les réduire en poudre ou en flocons une fois séchées, pour les saupoudrer ou les incorporer à un plat. Les algues contiennent du sel de potassium qui n’a pas les effets nocifs connus du chlorure de sodium. En tant qu’exhausteurs de goût, elles se substituent au sel de table ou au sucre pour rehausser les saveurs. On trouve différentes versions d’épices et de fines herbes à base d’algues sur le marché.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Antoine Nicolas, photographié en 2018 au parc Forillon, en Gaspésie

Pour aller chercher un maximum de bienfaits, le secret est d’en incorporer de petites quantités tous les jours dans son alimentation, propose Antoine Nicolas, d’Océan de saveurs. « Dans une grosse pincée, vous avez assez d’oligo-éléments au quotidien. On peut en saupoudrer partout, du cocktail à la poutine en passant par les smoothies, les poke bols et la crème glacée. Je fais la mienne avec de la crème fouettée, des fruits congelés et du kombu royal. L’effet sucrant est subtil, mais le côté umami et les sels minéraux viennent renforcer le goût des fruits. »

Cuisiner les légumes de mer

PHOTO TIRÉE DU SITE D’OCÉAN DE SAVEURS

Plusieurs recettes sont présentées sur les sites des entreprises qui proposent des produits à base d’algues. Ici, le pesto aux algues du chef Daniel Vézina, sur Océan de saveurs.

Les algues sont souvent vendues séchées, entières ou en flocons. Apprêtées telles quelles ou réhydratées, elles peuvent être utilisées en salade, comme légume d’accompagnement, dans une soupe, une omelette, une sauce, un pesto… Marinées, elles se dégustent comme des olives, des cornichons ou des câpres. Grillées, elles gagnent un goût fumé. On peut aussi les utiliser comme aumônières pour envelopper des légumes, une viande ou un poisson.

[/details]

Tous les principaux épiciers canadiens adhèrent désormais à un code de conduite, ouvrant la voie à des lignes directrices de l’industrie en préparation depuis plusieurs années.

Les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux de l’Agriculture en ont fait l’annonce jeudi lors de leur réunion annuelle à Whitehorse, indiquant que les récalcitrants Walmart et Costco avaient désormais accepté de signer le code.

“Il s’agit d’une étape positive vers plus d’équité, de transparence et de prévisibilité dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire et pour les consommateurs”, ont déclaré les ministres dans un communiqué.

Résumé

Le dernier obstacle est levé au code de conduite des épiciers

Un sac d'épicerie réutilisable vert est rempli de fruits et de légumes.

Les cinq plus grands épiciers du Canada ont subi d’intenses pressions publiques et politiques alors que les prix des produits d’épicerie ont augmenté de plus de 22% en quatre ans. (Photo d’archives)

Photo : iStock

La Presse canadienne

Publié hier à 22 h 03 HAE

Tous les principaux épiciers canadiens adhèrent désormais à un code de conduite, ouvrant la voie à des lignes directrices de l’industrie en préparation depuis plusieurs années.

Les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux de l’Agriculture en ont fait l’annonce jeudi lors de leur réunion annuelle à Whitehorse, indiquant que les récalcitrants Walmart et Costco avaient désormais accepté de signer le code.

Il s’agit d’une étape positive vers plus d’équité, de transparence et de prévisibilité dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire et pour les consommateurs, ont déclaré les ministres dans un communiqué.

La confirmation du soutien des cinq principaux détaillants — Loblaw, Walmart, Costco, Metro et Empire, propriétaire de Sobeys et IGA — constitue une étape importante, a déclaré Michael Graydon, chef de la direction de Food, Health & Consumer Products of Canada et président du conseil provisoire du Bureau du Code de conduite.

Il était essentiel que tous les détaillants s’impliquent, car c’est un secteur très compétitif, a-t-il souligné. C’était en quelque sorte une situation de tout ou rien. Et je pense qu’ils ont tous respecté cela et sont venus à la table.

Le code volontaire sur les produits d’épicerie vise à uniformiser les règles du jeu pour les fournisseurs et les petits détaillants en mettant en place des lignes directrices pour des négociations équitables.

En plus de l’adhésion des épiciers, des fournisseurs clés de toutes tailles ont accepté le code, a déclaré mercredi le conseil provisoire du Bureau du Code de conduite aux ministres dans un rapport, ajoutant que son objectif est de mettre en œuvre le code d’ici juin prochain.

Le ministre fédéral de l’Agriculture, Lawrence MacAulay, s’est dit ravi.

Maintenant, nous avons les cinq grands détaillants qui ont signé, c’est une bonne nouvelle pour l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, a-t-il déclaré.

M. MacAulay a affirmé qu’il croyait que le code apporterait plus de transparence, d’équité et de prévisibilité dans l’industrie alimentaire, bien qu’il ait souligné qu’il n’était pas destiné à faire baisser les prix des produits alimentaires.

Les progrès du code semblaient compromis l’automne dernier alors qu’il était presque terminé, certains grands détaillants affirmant qu’ils n’étaient pas prêts à y adhérer.

Les dirigeants de Loblaw et de Walmart Canada avaient déclaré aux députés lors d’une réunion d’un comité de la Chambre des communes qu’ils craignaient que le code n’entraîne une hausse des prix de détail.

Par conséquent, les appels à rendre le code obligatoire se sont multipliés, le comité de la Chambre des communes étudiant les prix des aliments disant à Loblaw et Walmart en février que s’ils ne signaient pas, il recommanderait que le code ait force de loi — une option que le ministre fédéral de l’Agriculture disait explorer.

En mai, Loblaw a déclaré qu’il accepterait le code à condition que d’autres acteurs de l’industrie fassent de même, affirmant que ses inquiétudes avaient été atténuées par les modifications apportées au document.

Le code est désormais équitable et il n’entraînera pas une hausse des prix, avait alors déclaré le chef de la direction, Per Bank.

Après l’annonce de Loblaw, l’attention s’était tournée vers Walmart Canada et Costco, mais les deux détaillants ont maintenant convenu d’appuyer le code.

Au bout d’une longue chaîne d’approvisionnement

Les cinq plus grands épiciers du Canada ont subi d’intenses pressions publiques et politiques alors que les prix des produits d’épicerie ont augmenté de plus de 22 % en quatre ans, se traduisant par des accusations de profits exagérés et l’appel au boycottage de Loblaw par certains consommateurs plus tôt cette année.

Les épiciers se sont défendus contre ces accusations, affirmant aux députés que leurs entreprises n’étaient pas responsables de la hausse des prix des denrées alimentaires.

La vérité est que nous sommes au bout d’une très longue chaîne d’approvisionnement alimentaire qui comporte des intrants économiques à chaque étape et à chaque niveau, a déclaré le président et chef de la direction d’Empire, Michael Medline, au comité en mars 2023.

Plus récemment, M. Bank et le président de Loblaw, Galen Weston, ont repoussé ce qu’ils ont qualifié de `critiques malavisées’ à l’encontre de l’épicier alors que les appels au boycottage prenaient de l’ampleur en ligne.

Les entreprises d’alimentation ont également étendu leur présence du côté des produits au rabais pour répondre à la demande croissante des consommateurs en faveur de prix plus bas, et ces magasins ont été des moteurs majeurs de la croissance des ventes.

Au milieu des pressions exercées sur les épiciers pour qu’ils stabilisent les prix et acceptent le code de l’épicerie, le Bureau de la concurrence a également lancé des enquêtes sur les sociétés mères de Loblaw et Sobeys pour comportement anticoncurrentiel présumé.

Le bureau examine l’utilisation de contrôles de propriété dans le secteur, des dispositions dans les baux commerciaux visant à restreindre les autres locataires potentiels et leurs activités. Il soutient que de telles dispositions limitent la concurrence non seulement pour les petits épiciers canadiens, mais également pour les nouveaux venus étrangers potentiels dans le secteur.

Le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a déjà déclaré qu’il souhaitait la venue d’un épicier étranger pour contribuer à renforcer la concurrence.

Je trouve ça très intéressant qu’on commence à exploiter notre territoire. Le problème reste que ces produits sont inaccessibles pour la majorité de la population autant en terme de distribution que de prix.

2 articles
Fixation des prix du pain Des excuses de 500 millions

Loblaw et sa société mère George Weston s’excusent et paieront 500 millions pour régler deux actions collectives concernant leur implication dans un stratagème de fixation des prix du pain. Qu’est-ce que ça implique pour les consommateurs et pour Loblaw ? Éléments de réponse.

Résumé

De l’argent pour les clients lésés

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Pendant une quinzaine d’années, de 2001 à 2015, plusieurs géants canadiens du domaine de l’alimentation se seraient entendus pour fixer le prix du pain tranché, le faisant gonfler artificiellement.

La nouvelle a dû faire plaisir à bon nombre de consommateurs : Loblaw et sa société mère Weston devraient finalement verser 500 millions en raison de leur participation au stratagème de fixation du prix du pain. Cette victoire judiciaire remettrait de l’argent dans les poches des clients floués, et d’autres gains pourraient suivre. Voici ce qu’il faut savoir.

Publié hier à 20h00

Partager


Camille Dauphinais-Pelletier
Camille Dauphinais-Pelletier La Presse

De quel scandale est-il question ?

Pendant une quinzaine d’années, de 2001 à 2015, plusieurs géants canadiens du domaine de l’alimentation se seraient entendus pour fixer le prix du pain tranché, le faisant gonfler artificiellement.

L’histoire a commencé à faire les manchettes en 2017, quand le Bureau de la concurrence a ouvert une enquête visant plusieurs entreprises.

L’affaire a fortement ébranlé la population, notamment parce que la plupart des grands acteurs du marché alimentaire canadien étaient visés. Les propriétaires des épiceries Loblaws, Provigo, Maxi, IGA, Metro et Super C étaient tous concernés par l’enquête, tout comme Walmart Canada, Tigre Géant et Canada Bread.

Que vient-il de se passer ?

Alertés par l’enquête du Bureau de la concurrence, des consommateurs ont voulu obtenir réparation et se sont tournés vers les tribunaux. Une action collective a notamment été approuvée par la Cour supérieure du Québec en 2019.

C’est sur ce plan qu’il vient d’y avoir un développement. Les cabinets d’avocats qui représentent les demandeurs ont annoncé jeudi que Loblaw et Weston s’apprêtent à conclure une entente avec eux, par laquelle ils s’engageront à verser 500 millions de dollars.

Ce règlement mettrait fin pour Loblaw et Weston à toutes les réclamations des demandeurs dans cette affaire.

« Au nom du groupe de compagnies Weston, nous présentons nos excuses quant à la pratique de fixation de prix que nous avons découverte et que nous avons signalée en 2015. Cette situation n’aurait jamais dû se produire », a déclaré Galen G. Weston, président du conseil de Loblaw et président du conseil et chef de la direction de George Weston.

Si tout va comme prévu et que le tribunal approuve l’entente, il s’agira du règlement antitrust le plus important de l’histoire canadienne.

N’y a-t-il pas déjà eu des cartes Loblaw distribuées ?

Dès 2017, Loblaw et Weston avaient avoué publiquement leur participation au stratagème et lancé un programme de distribution de cartes de 25 $ aux clients admissibles qui s’inscrivaient en ligne.

Ces cartes pouvaient être utilisées pour l’achat d’articles vendus dans des supermarchés appartenant à Loblaw.

Les 96 millions qui ont déjà été versés aux consommateurs dans le cadre de ce programme seront retirés de la somme prévue dans l’entente. Ce sont donc en fait 404 millions qui devront être versés.

Le programme de cartes Loblaw est maintenant fermé et il n’est plus possible d’en demander une.

Combien recevront les consommateurs ?

Les 404 millions, moins les dépenses approuvées par le tribunal, seront redistribués en argent aux consommateurs admissibles. Il s’agit d’un vaste groupe, puisque l’action collective concerne les personnes, sociétés et associations résidant au Québec « qui ont acheté au moins un emballage de pain à partir du 1er janvier 2001 et jusqu’au 19 décembre 2019 » dans l’un des commerces visés, à l’exclusion du pain surgelé et du pain cuit sur place.

Il n’est pas possible actuellement de savoir quelle somme cela représentera par personne ni la procédure qu’il faudra suivre pour recevoir l’argent. Plus de détails devraient être diffusés d’ici la fin de l’année.

L’an dernier, le directeur du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie, Sylvain Charlebois, expliquait à La Presse que le stratagème avait coûté de 350 $ à 400 $ aux familles canadiennes en moyenne1.

À l’échelle du pays, il s’agirait de sommes dans une fourchette de 4,3 à 4,9 milliards, avait-il ajouté.

Et les autres marchands impliqués ?

Il pourrait bien s’agir du premier règlement d’une longue série, puisque d’autres marchands sont toujours visés par les demandeurs.

Les avocats du groupe se préparent maintenant pour le procès faisant suite aux actions collectives en cours contre Sobeys, Metro, Walmart Canada, Tigre Géant et Canada Bread.

« Il est important de noter que l’entente de règlement [avec Weston et Loblaw] prévoit l’accès à des éléments de preuve qui seront utilisés dans le cadre de la procédure engagée contre les autres défenderesses », a déclaré Jim Orr, associé au cabinet Orr Taylor. « L’attente est que cela se traduise par des recouvrements monétaires significatifs additionnels pour les consommateurs canadiens. »

Le Bureau de la concurrence a-t-il avancé dans son enquête ?

Le Bureau de la concurrence, qui enquête sur le sujet depuis 2017, a fait condamner l’an dernier l’entreprise Canada Bread, qui commercialise notamment les pains POM, Villagio et Bon Matin, à une amende de 50 millions par la Cour supérieure de l’Ontario. Cet argent ne retourne toutefois pas dans les poches des consommateurs.

Weston et Loblaw avaient annoncé en 2017 avoir reçu une immunité contre des poursuites pénales en échange de leur coopération avec le Bureau de la concurrence.

Le Bureau continue d’enquêter sur les allégations de fixation des prix visant les autres entreprises.

1. Lisez « Fixation des prix du pain : un petit coup de baguette sur les doigts » Consultez l’action collective contre la fixation des prix de pain emballés

Résumé

Un impact financier « très gérable »

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Compte tenu de la situation financière de Loblaw et Weston et des liquidités disponibles pour les deux entreprises, le stratège Nicholas Kim, de la BMO, considère que les montants des règlements sont « très gérables ».

Le règlement des actions collectives sur la fixation des prix du pain a eu une incidence négative de 121 millions de dollars sur les profits des mois printaniers dévoilés par Loblaw jeudi, un coup à absorber qui n’alarme pas les observateurs financiers.

Publié hier à 20h00

Partager


Richard Dufour
Richard Dufour La Presse

Loblaw a révélé jeudi que l’entreprise paiera 156,5 millions de dollars, en plus des 96 millions déjà versés sous forme de cartes-cadeaux à des clients, pour tenter de tourner la page sur le scandale du prix de produits de boulangerie emballés. Weston, la maison mère de Loblaw, s’est aussi entendue avec les avocats des plaignants et paiera de son côté 247,5 millions de dollars.

Les investisseurs avaient probablement oublié ce dossier, souligne l’analyste Irene Nattel, de RBC. « Ce règlement devrait, espérons-le, mettre un terme à cette affaire pour Loblaw et Weston », ajoute-t-elle dans une note envoyée à ses clients.

« Dans l’ensemble, ce règlement de 500 millions de dollars est conforme à nos hypothèses », commente pour sa part l’analyste Michael Van Aelst, de la TD.

Compte tenu de la situation financière de Loblaw et Weston et des liquidités disponibles pour les deux entreprises, le stratège Nicholas Kim, de la BMO, considère que les montants des règlements sont « très gérables ».

« Ça ne devrait pas modifier les plans d’allocation de capital de l’une ou l’autre société », soutient quant à elle sa collègue et analyste Tamy Chen, chez BMO.

Fin de l’incertitude

Irene Nattel, de RBC, abonde dans le même sens et estime que le règlement ne devrait pas avoir d’incidence sur les dépenses d’investissement effectuées par Loblaw, ni sur la cadence des rachats d’actions à des fins d’annulation, ou sur les dividendes versés aux actionnaires.

Au lieu d’afficher une progression sur un an, le profit net du trimestre printanier de Loblaw a reculé de 10 % à 457 millions par rapport à la même période l’an passé, une diminution découlant essentiellement de charges relatives à l’accord.

En excluant le montant du règlement et d’autres ajustements, le bénéfice net ajusté de Loblaw s’affiche en hausse de 6 % sur un an à 664 millions, l’équivalent de 2,15 $ par action, un niveau relativement conforme aux attentes du marché.

Loblaw a augmenté son chiffre d’affaires de 1,5 % à 13,9 milliards de dollars au cours du deuxième trimestre de son exercice financier.

Pour les actionnaires, le règlement annoncé jeudi dissipe l’incertitude entourant l’action collective.

L’action de Loblaw a terminé la séance de jeudi en léger repli (-0,41 %) à 168,30 $ à la Bourse de Toronto. Le titre de Weston a lui aussi reculé de façon très modeste (-0,22 %) pour clôturer à 213,58 $.

Weston présentera à son tour mardi prochain ses plus récents résultats financiers.

Climatisation Le prix à payer pour rester au frais

Les records de chaleur se succèdent et tout indique que la tendance s’accentuera au cours des prochaines années. Quand le ventilateur et le climatiseur de fenêtre ne font plus le travail, il est légitime de rêver à un système de climatisation plus performant. Mais quelle est l’incidence de ce confort sur le portefeuille ? On explore ces questions.

Résumé

Finances personnelles

Climatiser… dépense ou économie ?

PHOTO NANCY PAUWELS, GETTY IMAGES

Les factures s’empilent, et on en vient à se demander où file l’argent. Le climatiseur pèse-t-il lourd dans la balance ?

Les factures s’empilent, et on en vient à se demander où file l’argent. Le climatiseur pèse-t-il lourd dans la balance ? Avant de se résigner à avoir chaud pour économiser, il faut prendre le temps d’étudier la question. Parce qu’il se pourrait bien qu’au contraire, climatiser fasse économiser… à condition de faire des choix efficaces.

Publié à 5h00

Partager


Camille Dauphinais-Pelletier
Camille Dauphinais-Pelletier La Presse

Les Québécois sont de plus en plus nombreux à se doter d’un appareil de climatisation. « Il y a eu au cours des années une augmentation. De 2006 à 2018, le taux de diffusion de la climatisation au Québec dans le secteur résidentiel a augmenté de 20 % », souligne Cendrix Bouchard, porte-parole d’Hydro-Québec.

En 2023, les trois quarts de la population canadienne avaient accès à de l’air conditionné à la maison, selon Statistique Canada. Avec la multiplication des journées chaudes et les carnets de commandes qui débordent chez les marchands, on peut se douter que ces chiffres continuent d’augmenter.

Côté consommation d’énergie, ce confort vient avec une facture moins élevée que ce qu’on pourrait penser.

En moyenne, les coûts de climatisation représentent 5 % de la facture annuelle des gens qui vivent à l’air conditionné, selon les données d’Hydro-Québec. Il s’agit donc d’un poste de consommation plutôt marginal, surtout quand on le compare au chauffage de l’espace (55 %) et à l’eau chaude (20 %).

Hydro-Québec n’a pas pu nous fournir d’estimation en dollars du coût de l’utilisation mensuelle d’un climatiseur. En Colombie-Britannique, B. C. Hydro estime que l’utilisation d’une unité centrale de climatisation coûte autour de 20 $ par mois si on programme la température de référence à 25 degrés. Il faut compter quelques dollars de plus par degré de moins.

Les climatiseurs ne se vendent presque plus

Là où il y a carrément des économies à faire, c’est si on se tourne vers les thermopompes. Ces appareils, qui permettent de climatiser l’été et de chauffer l’hiver, ne sont utilisés que par 7 % des ménages canadiens, selon Statistique Canada. Mais ils gagnent tellement en popularité que les climatiseurs ordinaires ne se vendent presque plus chez les détaillants spécialisés.

« Un client sur dix qui nous appelle pour un climatiseur va rester avec cette idée ; les neuf autres, on va les convertir à la thermopompe, explique le responsable marketing d’Enviro Confort, Paul Pocquet. Souvent, c’est parce que les gens ne connaissent pas ça, mais quand on leur explique tous les bienfaits d’une thermopompe, ils finissent par décider d’embarquer. » Dans cette entreprise de Lévis, plus de 90 % des clients optent pour une thermopompe.

PHOTO FOURNIE PAR ENVIRO CONFORT

Paul Pocquet, responsable marketing chez Enviro Confort, fait remarquer que plus de 90 % de la clientèle se tourne maintenant vers une thermopompe plutôt qu’un climatiseur.

Chez EXPAIR, à Québec, c’est le même constat : autour de 98 % des clients choisissent une thermopompe, affirme le directeur adjoint des opérations, Raphaël Beausoleil.

Et on n’a pas à se fier aux promesses des vendeurs. Hydro-Québec constate la même chose.

On conseille absolument aux gens qui ont l’intention d’utiliser la climatisation de faire l’acquisition d’une thermopompe. Elle permet aussi de chauffer en hiver, de façon beaucoup plus efficace que les plinthes électriques qui sont très répandues au Québec.

Cendrix Bouchard, porte-parole d’Hydro-Québec

Remplacer le chauffage aux plinthes par une thermopompe permet d’économiser jusqu’à 40 % de la facture de chauffage, qui est le nerf de la guerre pour réduire sa facture d’hydroélectricité.

La subvention

Hydro-Québec offre avec son programme LogisVert une subvention pouvant aller jusqu’à 6700 $ pour l’achat d’une thermopompe. La somme obtenue dépend de la puissance de la thermopompe, qui se mesure en British Thermal Unit (BTU).

Attention, toutefois : ça ne veut pas dire qu’il faut opter automatiquement pour le modèle le plus puissant que l’on trouve.

« Certains veulent aller chercher le paquet et faire installer par exemple une thermopompe de 18 000 BTU dans un quatre et demie, mais c’est beaucoup trop gros, ça ne va pas bien travailler. Certains entrepreneurs peuvent en profiter parce que c’est plus payant de vendre de grosses machines, mais sur le long terme, pour le consommateur, ce n’est vraiment pas gagnant », met en garde Raphaël Beausoleil, d’EXPAIR.

PHOTO GETTY IMAGES

Un climatiseur de fenêtre, un modèle plus classique, moins coûteux, mais également beaucoup moins performant.

Bien sûr, on peut aussi se tourner vers les climatiseurs classiques de fenêtre, beaucoup moins performants, mais qui ne coûtent que quelques centaines de dollars. Ce n’est pas optimal du point de vue du confort, mais pour les locataires ou les gens qui ne souffrent pas trop de la chaleur, ça peut faire une bonne différence.

La piscine, forte consommatrice

Il y a un coupable qui vient peser de façon plus importante que la climatisation sur les factures d’électricité : la piscine.

La consommation d’énergie reliée à celle-ci est bien plus importante que celle qui passe dans la climatisation. Là, il y a des gains importants à faire, souligne Cendrix Bouchard.

L’été, la consommation d’une piscine, ça peut représenter jusqu’à 70 % de la facture estivale.

Cendrix Bouchard, porte-parole d’Hydro-Québec

Cette consommation est essentiellement liée au chauffe-eau ainsi qu’au système de pompe et de filtration.

Il y a des solutions : une toile solaire permet d’économiser jusqu’à 45 % des coûts de chauffage de l’eau. Et pour les piscines non chauffées, on peut utiliser une minuterie pour que la pompe ne fonctionne que de 6 à 12 heures par jour, ce qui permet d’éliminer jusqu’à 45 % des frais d’utilisation de la pompe, en ayant encore une bonne qualité d’eau.

Le prix d’une thermopompe

Thermopompe centrale

PHOTO GETTY IMAGES

Pour une thermopompe centrale, il faut prévoir de 9000 $ à 15 000 $ pour l’achat et l’installation de l’appareil, selon le choix du modèle.

Dans une maison qui comprend déjà des conduits pour transporter l’air chauffé et conditionné, on opte généralement pour une thermopompe centrale. Il faut alors prévoir de 9000 $ à 15 000 $* pour l’achat et l’installation de l’appareil, selon le choix du modèle. Côté entretien, il faut changer les filtres environ trois fois par année. Cette opération se fait bien par soi-même, et il faut prévoir autour de 150 $* en filtres par année.

Thermopompe murale

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

La majorité des appareils muraux disposent de filtres que l’on doit nettoyer régulièrement pour en préserver l’efficacité… et la durabilité.

Les thermopompes murales sont composées d’un condensateur à l’extérieur de la maison ainsi que d’une ou plusieurs unités réparties à l’intérieur de celle-ci. Pour une thermopompe murale avec une seule tête, il faut compter de 4000 $ à 5500 $* pour un modèle de base, ou 8000 $* pour aller dans le plus haut de gamme. On ajoute quelques milliers de dollars supplémentaires par tête. Pour l’entretien, il faut nettoyer les filtres en plastique une fois par mois en les passant à l’eau, ce qui ne coûte rien. On peut faire faire un nettoyage en profondeur tous les cinq ans pour éviter l’accumulation de poussière et la formation de moisissures. Il faut alors prévoir autour de 300 $* pour l’opération.

Dans un condo

PHOTO GETTY IMAGES

Dans le cas d’un condo, on peut opter pour un climatiseur ordinaire, qui se vend autour de 3500 $.

Pour un condo, on peut prévoir un peu moins de 4000 $* pour l’installation d’une thermopompe. Mais attention, ce qui risque de compliquer la démarche, c’est la charte de copropriété, qui bien souvent ne permet pas l’installation de thermopompes. Dans ce cas, on peut opter pour un climatiseur ordinaire, qui se vend autour de 3500 $*, et qui n’est pas concerné par les programmes de subventions.

*Les fourchettes de prix proviennent de données récoltées lors d’entrevues avec des professionnels du domaine. Elles peuvent varier selon les besoins et les régions.

Résumé

Faire baisser sa facture sans faire de compromis (ou presque)

PHOTO GETTY IMAGES

On programme parfois une valeur de consigne presque au hasard, mais tentez de mettre le chiffre le plus haut avec lequel vous êtes confortables. Les économies s’additionneront.

Même si, sur toute l’année, les coûts liés à la climatisation sont faibles, durant les mois de juin à septembre, ils peuvent représenter autour de 16 % de la facture pour une maison de taille moyenne. Certains gestes simples permettent de réduire ce montant, que vous ayez un climatiseur ou une thermopompe. Voici les principaux trucs suggérés par Hydro-Québec et les détaillants à qui nous avons parlé.

Publié à 5h00

Partager


Camille Dauphinais-Pelletier
Camille Dauphinais-Pelletier La Presse

Se servir du ventilateur de plafond

Les gens qui ont un ventilateur de plafond ont tout intérêt à le faire fonctionner et à augmenter d’un ou deux degrés la température de consigne sur leur climatiseur (température demandée à l’appareil). Le sentiment de fraîcheur sera le même, mais il viendra avec des économies d’énergie de 14 %.

Fermer les rideaux

Au Québec, les fenêtres certifiées Energy Star sont conçues pour laisser entrer le plus possible la chaleur du soleil. C’est normal : dans un pays nordique, une fenêtre efficace est une fenêtre qui nous aide à faire monter la température de la maison !

« Nos besoins en chauffage en hiver sont bien au-delà de nos besoins en climatisation l’été. Si on regarde par exemple au Texas, où il fait très chaud, une fenêtre Energy Star va être conçue au contraire pour bloquer la lumière du soleil », souligne le porte-parole d’Hydro-Québec Cendrix Bouchard.

Ça vaut donc réellement le coup de fermer ses rideaux et ses stores pour bloquer le soleil, surtout dans les périodes les plus chaudes de la journée. On peut s’en tenir aux pièces dans lesquelles on ne se trouve pas si on ne veut pas se priver de lumière.

Augmenter la température de consigne d’un degré

On programme parfois une valeur de consigne presque au hasard, mais tentez de mettre le chiffre le plus haut avec lequel vous êtes confortables. Les économies s’additionneront.

Penser portes et fenêtres

Plus la température à l’intérieur de votre maison reste stable, moins votre climatiseur ou votre thermopompe devra dépenser de l’énergie pour l’amener au point de consigne.

Il faut donc éviter d’ouvrir les fenêtres et les portes de façon abusive.

« Si on est 12 dans la maison, qu’on fait du barbecue, qu’on sort cinq ou six fois chacun, c’est sûr qu’il y a plus de consommation, pas parce que la machine tire plus d’énergie, mais parce qu’elle fonctionne plus longtemps pour atteindre le point de consigne parce que plein de facteurs viennent affecter la performance », explique Raphaël Beausoleil, d’EXPAIR à Québec.

Nettoyer ou changer le filtre

La température extérieure qui augmente demande un peu plus de travail aux thermopompes et climatiseurs, mais moins qu’un filtre mal entretenu. « Peu importe le degré de chaleur à l’extérieur, un climatiseur mal entretenu et obstrué va avoir un plus gros impact sur votre facture », souligne Paul Pocquet, responsable marketing d’Enviro Confort.

Avant de faire venir un technicien…

Dernier conseil : si vous avez un pépin avec votre appareil, avant de payer pour faire venir un technicien, essayez d’allumer et d’éteindre le disjoncteur, de changer les piles de votre télécommande et vérifiez si votre entretien est à jour.

« On a beau installer une machine chez un client et lui dire tout ça, il n’y pense pas forcément, parce qu’il y a toujours un tas d’entretien à faire dans une maison ! Mais environ 70 % des appels reliés au service sont dus à des filtres qui sont mal nettoyés », souligne Paul Pocquet.

Après la réduflation, la stretchflation

La tactique de la « stretchflation » consiste à augmenter quelque peu la quantité d’un produit, mais à augmenter son prix de façon disproportionnée. Une méthode encore plus sournoise pour déjouer les sens du consommateur.

Un exemple de « stretchflation » ? Un paquet de fromage en tranches qui se vendait originalement en format de 620 grammes et se retrouve maintenant à 750 grammes, une augmentation de 20 % en poids. Mais le prix pour 750 grammes dépasse maintenant les 15 $, une augmentation de plus de 25 %.

3 « J'aime »

Bien sûr certaines entreprises en profitent parce qu’elles savent qu’une majorité de consommateurs ne prennent pas le temps de comparer les prix. Une façon avisée d’y voir clair c’est de lire sur l’étiquette de la tablette le prix du produit au 100 g et vérifier la même valeur avec les produits concurrents. Je le fais souvent particulièrement pour les spéciaux et compare avec les produits maisons équivalents, car encore là les spéciaux peuvent être trompeurs.

Avec l’utilisation répandue des modules de paiement, les pourboires versés aux serveurs sont de plus en plus élevés. Or, cette grande générosité des clients, qui laissent parfois une grosse somme malgré eux, nuit à la rentabilité du restaurant, a constaté François Pageau, professeur de gestion à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ).

Résumé

Quand les pourboires élevés appauvrissent les restaurateurs

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Sur les terminaux de paiement, « les restaurateurs mettent le pourboire après les taxes », indique François Pageau, professeur de gestion à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec.

Avec l’utilisation répandue des modules de paiement, les pourboires versés aux serveurs sont de plus en plus élevés. Or, cette grande générosité des clients, qui laissent parfois une grosse somme malgré eux, nuit à la rentabilité du restaurant, a constaté François Pageau, professeur de gestion à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ).

Publié à 1h48 Mis à jour à 5h00

Partager


Nathaëlle Morissette
Nathaëlle Morissette La Presse

Plus les pourboires donnés aux serveurs sont importants, plus les propriétaires de restaurants… s’appauvrissent, affirme-t-il. Des terminaux de paiement proposent des options de pourboires élevés qui commencent à 18 % et peuvent aller jusqu’à 22 %. « Il y a des charges qui sont reliées aux pourboires. Et quand les restaurateurs mettent le pourboire après les taxes, c’est encore pire. En faisant ça, ils se tirent dans le pied », se désole le professeur Pageau.

Lorsqu’un client règle la note avec sa carte de crédit, le propriétaire doit payer aux Visa et Mastercard de ce monde une somme équivalant en moyenne à 2,5 % ou 3 % du montant total de la facture. Il verse également aux différents ordres de gouvernement des charges sociales imposées sur le pourboire et la masse salariale.

Cela représente environ 18 % du montant de la facture, selon l’analyse de François Pageau.

Pour illustrer son point de vue, M. Pageau nous a présenté une simulation. Une facture totale de 200 $ (avant taxes et pourboire) passera à 229,50 $ avec la TPS et la TVQ. Si le client donne un pourboire de 15 %, soit 34,43 $, le montant final à payer sera de 263,93 $. En tenant compte des frais de carte de crédit de 3 % – si la note est réglée de cette façon – et des avantages sociaux à remettre sur les pourboires et la masse salariale (vacances, Régime de rentes du Québec, assurance-emploi…), le restaurateur devra payer de son côté 24,20 $.

Si le client laisse un pourboire de 18 %, le montant que le gestionnaire déboursera s’élève à 25,64 $. S’il donne 20 %, ce sera 26,60 $. Si le consommateur appuie sur l’option 22 %, le restaurateur paiera 27,57 $.

Le professeur tient toutefois à préciser que son calcul est « basé sur des ratios moyens de l’industrie et qu’il ne s’applique pas à toutes les entreprises de la même façon ». Il ne tient pas compte non plus du crédit d’impôt provincial qui permet de récupérer 75 % des déductions à la source que les restaurateurs peuvent réclamer sur les pourboires. Selon lui, les propriétaires d’établissements n’en font pas tous la demande. Une information confirmée par l’Association Restauration Québec (ARQ).

À noter que, sur les terminaux de paiement, le montant total inclut systématiquement les taxes. Le pourboire est ensuite ajouté par le client. Or, normalement, il devrait être calculé avant l’ajout de la TPS et de la TVQ. Donc un consommateur qui appuie sur l’option 15 % donne dans les faits un pourboire plus élevé. Plusieurs terminaux offrent des options qui vont de 18 % à 22 %. Pour certains clients, il peut paraître compliqué, voire intimidant, d’entrer manuellement la somme qu’ils souhaitent remettre, nous a-t-on souvent rapporté.

Un sujet délicat

Les conclusions de M. Pageau sont justes, selon les restaurateurs interrogés. « C’est mathématique », reconnaît Pierre Moreau, PDG de Restos Plaisirs (Cochon dingue, Lapin sauté, Café du monde). « Au Québec, on est parmi les rares législations qui paient des charges sociales sur le pourboire, ajoute-t-il.

Et dans nos restaurants, environ 80 %-90 % des transactions se règlent électroniquement. Donc, on paie des frais de cartes de crédit et des frais au gouvernement.

Pierre Moreau, PDG de Restos Plaisirs

Le sujet semble néanmoins créer un malaise chez plusieurs propriétaires qui ne veulent pas soulever l’ire de leurs employés sur le plancher en programmant par exemple les terminaux de paiement pour qu’ils offrent des pourcentages de pourboires moins élevés.

« On ne va pas mettre 10 %, 12 %, 15 %, parce que là, ce sont [les employés] de service qui vont se plaindre, soutient Éric Lefebvre », président-directeur général de MTY, qui compte environ 6600 restaurants en Amérique du Nord, appartenant notamment à des chaînes comme Bâton Rouge, Mikes et Thaï Express. « C’est leur gagne-pain, donc je peux comprendre. Ce qui est difficile, c’est de trouver un équilibre [pour les employés et pour les clients]. »

« Oui, c’est certain que ça nous coûte plus de sous, admet-il, mais si le pourboire est élevé, ça veut peut-être dire qu’on a donné un meilleur service, une meilleure expérience et que le client est peut-être prêt à revenir. Ça nous coûte quelques dollars de plus, mais si ça fait en sorte que le client revient la semaine prochaine, on va aussi y trouver notre compte comme restaurateur. »

Des solutions

Fort de ce constat, François Pageau invite les restaurateurs à programmer leurs terminaux de paiement pour qu’ils affichent uniquement la possibilité d’entrer manuellement le pourboire.

Il est également possible de demander à son fournisseur de décider des pourcentages de pourboires qui apparaissent à l’écran, a confirmé l’entreprise Moneris, par courriel.

De son côté, l’ARQ réfléchit en ce moment à une façon de « sensibiliser les exploitants » dans ce dossier et de les aider à améliorer leur rentabilité, explique son vice-président affaires publiques et gouvernementales, Martin Vézina.

On veut casser le mythe qui laisse croire que quand le pourboire est élevé, ça fait l’affaire du propriétaire.

Martin Vézina, vice-président affaires publiques et gouvernementales à l’ARQ

Martin Guimond, propriétaire de la Brasserie Saint-Bock à Montréal, ne cache pas son malaise devant les options de pourboires élevés.

« C’est vraiment insultant pour le client, lance-t-il. En ce moment, les clients n’ont pas beaucoup d’argent. Les machines pourraient proposer 13 %, 17 %, 20 %. »

Pour Pierre Moreau, au-delà des terminaux, une meilleure rentabilité passe inévitablement par un partage des pourboires entre la cuisine et la salle à manger. Une décision que seuls les employés peuvent prendre pour le moment.

« La technologie, les augmentations du salaire minimum, les augmentations de coûts, les charges. On pense que le pourboire devrait être réparti entre la salle et la cuisine. Ça va nous aider pour la rétention du personnel de cuisine et pour son recrutement. Perdre un employé et le remplacer, c’est extrêmement dispendieux. »

Terminal de paiement : quelques suggestions pour donner le juste pourboire

  • Comme le montant inscrit sur le terminal inclut les taxes, un client qui souhaiterait donner au serveur 15 % de pourboire peut choisir d’entrer manuellement 13 %.
  • En calculant le montant des deux taxes, il est également possible d’arriver au montant qui équivaut à 15 % de la facture (avant taxes). Le consommateur peut donc entrer manuellement le pourboire qu’il veut donner.
  • À noter que donner 15 % de pourboire est une norme sociale, selon l’ARQ. Rien n’empêche un client satisfait de remettre 18 %, 20 %, voire 22 %. Il est également possible de donner moins en cas de mauvais service.
Résumé

La réduflation frappe encore le jus d’orange

Les anciennes et nouvelles bouteilles de jus d'orange.

Des nouveaux formats de jus d’orange Tropicana réduits à 1,36 l et à 325 ml arrivent en épicerie.

Photo : Radio-Canada / Josselin Pfeuffer

Radio-Canada

Publié à 4 h 00 HAE

Souvent considéré comme un symbole de la réduflation, le jus d’orange rétrécit à nouveau. Une bouteille modifiée de la marque Tropicana, propriété de PepsiCo, fait son entrée sur les tablettes des épiceries sous un format réduit à 1,36 litre. La compagnie justifie ce changement par un effort d’offrir aux consommateurs « un emballage facile à ouvrir, à incliner pour verser et à ranger ».

Au fil des ans, le contenant de jus d’orange a subi plusieurs réductions successives.

De 2 l il y a plus d’un quart de siècle, il a rétréci à 1,89 l, puis à 1,75 l, 1,65 l et 1,54 l. Voilà maintenant que Tropicana abaisse le format standard à 1,36 l.

L'évolution des bouteilles de jus d'orange de la marque Tropicana.

De 2 litres à 1,36 litre, le contenant de jus d’orange a rétréci de 32 %, une réduction de format qui a été étalée sur plus d’un quart de siècle.

Photo : Radio-Canada / Josselin Pfeuffer

La majorité des produits de la marque sont touchés, des jus d’orange purs à 100 % aux boissons aux fruits en passant par les jus sans sucre et ceux réduits en sucre. Les petits formats passent quant à eux de 355 ml à 325 ml. Ils seront tous vendus au même prix qu’avant.

Comme beaucoup d’entreprises, Tropicana n’échappe pas aux réalités de l’inflation et aux pressions importantes sur les coûts dans l’industrie du jus d’orange, indique Pierre Tremblay, directeur principal, commercialisation et opérations francophone chez Tropicana Canada, dans une déclaration envoyée par courriel.

Pour atténuer ces pressions, nous avons optimisé le format de nos bouteilles et le prix au détail suggéré n’a pas été augmenté.

Prix réduits aux États-Unis

Tropicana a aussi modifié ses contenants aux États-Unis. Chez nos voisins du sud, toutefois, les réductions de format s’accompagnent d’un prix réduit de 40 à 70 cents. Cela représente 4 % de moins par once (ou 29,6 ml) sur le prix de ses jus et un prix équivalent pour ses boissons. Le petit format conserve le même prix et revient donc plus cher qu’avant aux consommateurs, reconnaît l’entreprise.

Le coût des activités commerciales est beaucoup plus élevé au Canada qu’aux États-Unis, en raison notamment d’un marché plus petit avec moins de concurrence, ainsi que de pressions inflationnistes et économiques plus élevées, explique Pierre Tremblay, au sujet de la stratégie de prix différente entre les deux pays.

Aucun changement n’est prévu pour le format de 2,63 l dans un avenir immédiat. Le jus de pommes, le cocktail de canneberge framboise et les boissons Tropics conservent aussi leur ancien emballage de 1,75 l.

Tropicana assure sinon ne pas avoir modifié ses recettes pour compenser ses coûts.

Notre objectif est toujours d’offrir des produits de la plus haute qualité à un prix compétitif. Et nous y parvenons sans modifier notre recette de jus d’orange, peut-on lire sur une page de son site Internet expliquant les changements.


Une bannière redirigeant vers le Radio-Canada.ca/reduflation.

Des bouteilles plus commodes

Dans sa note explicative en ligne, Tropicana indique que l’inflation n’est pas la principale raison pour laquelle les bouteilles ont été modifiées.

En fait, l’entreprise affirme plutôt avoir mené des recherches approfondies pour comprendre ce que les consommateurs souhaitent en matière d’emballage. Résultat : après plus d’un an de travail, les nouvelles bouteilles se sont distinguées parmi une centaine de modèles et reflètent finalement les préférences des consommateurs.

Ces bouteilles sont aussi fabriquées avec 14 à 18 % moins de plastique, et pas juste parce que leur taille a été réduite. Ce serait plutôt les nouveaux bouchons, moins volumineux, qui contiennent moitié moins de plastique qu’avant.

À lire aussi :

Ces arguments ergonomiques et environnementaux sont souvent associés à la réduflation.

Au fil de ses réductions, Tropicana avait d’ailleurs déjà remplacé son carton par une bouteille de plastique effilée, plus facile à saisir, pour plusieurs de ses jus.

On peut difficilement présumer des mauvaises intentions des entreprises, estime Sylvain Allard, directeur du programme de design graphique à l’Université du Québec à Montréal. Mais c’est certain que la tentation peut être grande de réduire aussi de quelques millilitres ou grammes lorsqu’on change un emballage.

Et chez la concurrence?

Jusqu’à présent, les autres marques de jus d’orange, comme Oasis, Simply Orange ou encore Minute Maid se détaillent toujours en formats de 1,54 l à 1,75 l. Idem pour les marques maison appartenant aux détaillants, telles que Compliments, Irresistibles, Le choix du Président et Great Value.

Emboîteront-elles le pas à Tropicana?

C’est inévitable, selon l’agronome et économiste Pascal Thériault. Surtout que les cultures d’oranges sont à la merci des conditions météorologiques et des maladies.

Tous les joueurs paient leurs oranges au même prix, poursuit le professeur à l’Université McGill. La matière première, c’est 40 % des coûts. Et le prix des oranges a tellement augmenté que les autres n’auront pas le choix de suivre.

Selon lui, les justifications supplémentaires avancées par Tropicana ne sont qu’une façon de partager le blâme entre le consommateur et le transformateur.

L’évolution du prix de l’orange, c’est complètement fou, reprend Pascal Thériault, qui ne voit aucun signe de ralentissement à court terme.

C’est vraiment du côté du Brésil, l’exportateur principal d’oranges, que ça va mal, explique l’expert. Et on prévoit une autre baisse de 25 % du rendement dans le prochain cycle de récolte à cause des maladies.

Toujours dans sa note explicative, Tropicana affirme que l’imprévisibilité croissante des conditions météorologiques causée par le réchauffement climatique a entraîné une hausse de 327 % du coût de ses produits de base pour le jus d’orange concentré depuis 2019.

Les répercussions se font aussi sentir sur le prix du jus d’orange pour les consommateurs.

Interrogé par courriel, le principal concurrent de PepsiCo, Coca-Cola, ne s’est pas avancé sur une éventuelle réduction de format. Nous nous efforçons de proposer nos produits dans une gamme complète de formats d’emballage différents, avec des options de coûts adaptées aux besoins des clients, s’est-on contenté de répondre.

Quant à Metro, qui commercialise les jus de marque Irresistibles, pas question d’en réduire le format pour le moment, même si on souligne que les orangers brésiliens ont été affectés par la maladie du dragon jaune ayant un impact sur la production.

Aucune des autres entreprises à qui appartiennent les marques de jus d’orange citées plus haut n’a répondu à nos demandes.

La seule option envisageable

La réduflation, c’est la seule façon de limiter la hausse de coût apparente du produit, rappelle Pascal Thériault, soulignant que l’ensemble de la chaîne de production a subi des pressions économiques au cours des dernières années.

Et avec un produit de consommation courante comme le jus d’orange, les entreprises préfèrent habituellement réduire les formats plutôt que d’augmenter les prix. C’est dû à l’élasticité des prix, selon Maryse Côté-Hamel, professeure spécialisée en sciences de la consommation à l’Université Laval.

La demande peut diminuer rapidement après une augmentation, même modérée, des prix, explique-t-elle. Les entreprises vont donc préférer opter pour une option comme la diminution de la taille pour rentabiliser leurs opérations tout en limitant les hausses de coût.

Ce n’est pas le cas pour des produits de luxe, comme les vêtements, les parfums ou les voitures, par exemple, pour lesquels les consommateurs ont plus de chance d’être encore au rendez-vous malgré des prix à la hausse.

À lire aussi :

Ce n’est probablement pas le premier magasin qui vous vient en tête lorsqu’arrive le temps de remplacer votre vieux sofa ou votre laveuse déclarée irréparable. Or, avec une appréciation générale de 9 sur 10, Costco trône au sommet du palmarès de Protégez-Vous publié en ligne avec tous les détails ce mardi et en magasin dès le 30 août.

Résumé

Enquête Protégez-Vous Costco, le favori pour les meubles

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Costco est le choix préféré des Québécois lorsqu’ils achètent des meubles et des électroménagers, selon une enquête du magazine Protégez-Vous menée auprès de 3269 consommateurs.

Costco est le choix préféré des Québécois lorsqu’ils achètent des meubles et des électroménagers. C’est ce que révèlent les résultats d’une enquête du magazine Protégez-Vous menée auprès de 3269 consommateurs.

Publié à 0h40 Mis à jour à 7h00

Partager


Isabelle Dubé
Isabelle Dubé La Presse

Ce n’est probablement pas le premier magasin qui vous vient en tête lorsqu’arrive le temps de remplacer votre vieux sofa ou votre laveuse déclarée irréparable. Or, avec une appréciation générale de 9 sur 10, Costco trône au sommet du palmarès de Protégez-Vous publié en ligne avec tous les détails ce mardi et en magasin dès le 30 août.

La multinationale est aussi la seule à obtenir une excellente note pour le service après-vente, notamment parce qu’il est facile de ramener un produit qui ne satisfait pas. Même s’ils qualifient le service à la clientèle et la variété des produits d’« acceptables », les consommateurs sont séduits par l’expérience d’achat en ligne, la qualité des produits, l’excellent rapport qualité-prix et la quantité de produits en stock.

IMAGE FOURNIE PAR PROTÉGEZ-VOUS

Dans son numéro de septembre-octobre, Protégez-Vous met les consommateurs en garde contre l’achat de garanties prolongées, jugées inutiles, puisqu’au Québec, les biens sont déjà protégés par les garanties légales prévues dans la Loi sur la protection du consommateur (LPC).

Le regroupement de magasins indépendants Accent Meubles, chapeauté par la société montréalaise Cantrex Nationwide, arrive en deuxième position avec une appréciation générale de 8,7 sur 10, suivi en troisième place par deux enseignes qui ont obtenu 8,6 sur 10 : JC Perreault et Les Spécialistes de l’électroménager.

Protégez-Vous, qui réalise ce type d’enquête sur les magasins de meubles et d’électroménagers environ tous les quatre ans, a dressé une longue liste de magasins à la suite d’une étude de marché.

Les 3269 répondants qui font partie des 25 000 consommateurs du Panel de Protégez-Vous ont participé ensuite au sondage du 25 mars au 4 avril 2024 en choisissant l’enseigne avec laquelle ils avaient fait affaire.

Pour pouvoir donner des notes au magasin, il fallait avoir au moins 25 répondants pour que ça ait une valeur, statistiquement. Donc, c’est possible que des magasins que les gens connaissent et fréquentent ne se retrouvent pas dans le palmarès parce qu’on n’a pas eu le nombre requis de réponses.

Frédéric Perron, rédacteur en chef du magazine Protégez-Vous

Cinq détaillants de meubles et d’électroménagers ferment le palmarès avec une note d’appréciation générale dans les 7 sur 10 : Best Buy, Brault & Martineau, Brick, Meubles RD et EconoMax.

Brick et Brault & Martineau (converti l’an dernier en Tanguay) affichent la pire note en ce qui concerne le service après-vente.

« On voit que les bannières qui se démarquent, c’est grâce à la qualité de leur service à la clientèle. Les consommateurs apprécient de pouvoir parler à des gens en magasin, de se faire expliquer des produits et aussi de ne pas être exposés à une vente sous pression », observe Frédéric Perron.

Financements à zéro intérêt mon œil !

Plusieurs répondants de l’enquête ont raconté à Protégez-Vous « qu’ils s’ennuyaient de la simplicité des plans Accord D sans frais ni intérêts ». Desjardins facturait des frais lors de retards de paiement, mais le taux était « humain », car « il ne dépassait jamais celui d’une carte de crédit, même en cas de retard », relatent des consommateurs au magazine.

« Après plus de 20 ans d’existence, le financement Accord D chez le commerçant a pris fin de manière progressive depuis le 1er mai 2020, explique par courriel Desjardins à La Presse. De nombreux travaux d’analyse nous ont permis de conclure que le financement Accord D chez le commerçant n’est plus en lien avec nos ambitions stratégiques, particulièrement au chapitre de l’expérience que nous voulons faire vivre à nos membres et clients. »

Ce sont les entreprises Affirm de San Francisco, Flexiti de Toronto et la Financière Fairstone, dont le siège social est à Montréal, qui ont pris le relais. Cependant, Protégez-Vous prévient les consommateurs d’être vigilants, car les taux d’intérêt facturés peuvent atteindre jusqu’à 35 %, soit plus que la moyenne du taux des cartes de crédit à 20 %.

Une répondante du Panel raconte au magazine qu’elle a acheté pour 3500 $ chez Brault & Martineau (aujourd’hui connu sous le nom de Tanguay), qu’elle a opté pour le financement avec la Financière Fairstone et « a vu des intérêts de plus de 840 $ apparaître d’un seul coup sur son relevé de compte ». Protégez-Vous précise que les intérêts peuvent courir « rétroactivement à la date d’ouverture de votre financement ».

Dans son numéro de septembre-octobre, Protégez-Vous met aussi les consommateurs en garde contre l’achat de garanties prolongées, jugées inutiles, puisqu’au Québec, les biens sont déjà protégés par les garanties légales prévues dans la Loi sur la protection du consommateur (LPC).

Résumé

Vérification faite

Les piles durent-elles moins longtemps qu’avant?

Par Jean-François Cliche, Le Soleil

30 août 2024 à 04h45|

Mis à jour le30 août 2024 à 09h23

De manière générale, tout indique que l’industrie des piles n’a pas de raison de réduire la qualité de ses produits pour maintenir ses prix.|800x703.125

De manière générale, tout indique que l’industrie des piles n’a pas de raison de réduire la qualité de ses produits pour maintenir ses prix. (David Boily/Archives La Presse)

L’affirmation: «En cette ère de “réduflation” et de “réduqualité” dans la grande majorité des produits consommables, est-il possible que les piles AA et AAA soient elles aussi touchées par le phénomène? Il me semble, en tout cas, que les piles Kirkland et Duracell, pour ne nommer que celles-là, durent moins longtemps qu’avant. Est-ce mon imagination ou est-ce qu’on se fait passer un sapin?» demande Pierre Gauvin, de Gatineau.


Les faits

La «réduflation» est cette tactique de marketing qui consiste, en période d’inflation, à réduire la taille des paquets afin de maintenir l’illusion d’un prix stable — le prix du paquet ne change pas, mais comme il y en a moins dedans, le consommateur en a moins pour son argent. Les entreprises peuvent aussi rogner sur la qualité plutôt que sur la quantité dans le même but ce qui, pour les piles, pourraient théoriquement avoir une incidence sur leur capacité.

Je n’ai pas pu faire de tests sur des piles qui auraient été fabriquées avant 2020, mais rien n’indique que ces produits ont été affectés par la «réduflation», indique Julian Self, professeur adjoint de génie chimique à l’École polytechnique de Montréal et spécialiste de la chimie des batteries.



«Si l’on va aujourd’hui sur les sites de marques connues pour les piles AA, disons Energizer et Duracell, on voit qu’ils rapportent tous deux une capacité autour de 2000 milliampères-heure [mAh, donc un courant de 2000 milliampères (ce qui correspond à un certain nombre d’électrons passant par un point donné à chaque seconde) qui serait maintenu pendant une heure]», dit-il, en précisant que ces chiffres valent pour les piles dites «alcalines».

(123RF)

Or justement, poursuit M. Self, un «manuel des batteries» datant de 2011, donc avant la poussée d’inflation qui a débuté pendant la pandémie, indiquait que ce type de pile avait à l’époque une capacité tournant typiquement autour de 1500 mAh, donc un peu moins qu’aujourd’hui.


Démarrez la conversation

Exprimez-vous. Laissez un commentaire ci-dessous et faites-nous part de votre opinion.

Soyez le premier à commenter


Il ne semble donc pas y avoir une réduction, mais au contraire une amélioration de la capacité des piles, ce qui est d’ailleurs cohérent avec les tendances de l’industrie. Ce même manuel montre en effet que la capacité des piles alcalines bas de gamme a augmenté d’environ 8 % entre 1998 et 2007, et de 35 % dans le haut de gamme.

Dans la même veine, ajoute M. Self, la tendance globale pour les dispositifs de stockage d’énergie va clairement dans le sens d’une réduction des prix plutôt que d’une inflation. «Par exemple, a-t-il illustré lors d’un échange de courriels, le prix des batteries lithium-ion, que l’on retrouve dans les laptops, téléphones cellulaires et les voitures électriques, a diminué par un facteur d’environ 5 entre 2013 et 2023.»

De manière générale, donc, tout indique que l’industrie des piles n’a pas de raison de réduire la qualité de ses produits pour maintenir ses prix.

Il y a toutefois un certain nombre de choses qui peuvent donner l’impression que les piles durent moins longtemps. Toutes ne sont fabriquées de la même manière : les piles alcalines durent en général plus longtemps que les autres mais, même à l’intérieur de cette catégorie, le haut et le bas de gamme n’ont pas la même capacité non plus, comme on vient de le voir. Un même appareil pourra donc épuiser ses piles plus vite si on change le type ou la qualité de ses piles.

De plus, une même sorte de pile n’aura pas la même durée dans tous les appareils. Ceux-ci ne tirent pas tous la même quantité de courant par seconde, si bien qu’ils épuisent leurs piles à des rythmes très différents — la manuel cité plus haut donne l’exemple de piles AA qui durent 6 heures dans un lecteur CD, mais seulement 2,5 heures dans une brosse à dent électrique.

Ces différences peuvent donner l’impression que les piles sont de moins bonne qualité qu’avant, même si rien ne permet de croire que c’est vraiment le cas.

Verdict

Très peu probable. La tendance générale dans l’industrie des piles n’est pas à l’inflation, mais plutôt à l’inverse. En outre, les spécifications des piles AA de 2024 indiquent plutôt une légère augmentation de leur capacité comparé à avant la pandémie, et non une réduction.

Résumé

Votre recharge de téléphone risque-t-elle de mettre le feu à votre maison?

Par Marie-Christine Bouchard, équipe d’enquête

3 septembre 2024 à 04h00

Vos fils et vos recharges murales pour vos appareils électroniques sont-ils certifiés et sont-ils en bon état?|800x510.86405305246734

Vos fils et vos recharges murales pour vos appareils électroniques sont-ils certifiés et sont-ils en bon état? (Maxime Picard/La Tribune)

Carine Lewis allait se mettre au lit lorsqu’une odeur de plastique brûlé l’a soudainement alarmée. Qu’est-ce qui était en train de chauffer? Elle a vite trouvé le coupable : un fil de recharge de téléphone. La chaleur intense qu’il dégageait avait déjà commencé à brûler son divan.


La surchauffe de cette recharge de téléphone achetée sur le site Temu a bien failli déclencher un incendie chez Carine Lewis.

La surchauffe de cette recharge de téléphone achetée sur le site Temu a bien failli déclencher un incendie chez Carine Lewis. (Carine Lewis)

«Si j’étais montée deux minutes plus tôt pour me coucher, le divan aurait pris en feu et ensuite… Je n’ose même pas l’imaginer», raconte avec effroi la mère de famille.

L’appareil fautif était une recharge pour téléphone cellulaire achetée à bas prix sur le site de vente en ligne Temu. Arrivée par la poste, la recharge avait coûté moins de 10 $. «Je veux sensibiliser les gens aux dangers quand ils achètent des fils de recharge électronique bon marché», dit-elle.



Que serait-il arrivé si Carine Lewis et sa famille avaient été endormies au moment où le fil a surchauffé?

Que serait-il arrivé si Carine Lewis et sa famille avaient été endormies au moment où le fil a surchauffé? (Carine Lewis)

Un appareil certifié?

Les appareils électriques — c’est-à-dire tout ce qui se branche dans un mur — qui sont vendus au Canada doivent porter le sceau d’un organisme de certification reconnu par le Conseil canadien des normes, comme CSA, cUL ou cETL. Ce n’était pas le cas du «cube» de recharge acheté par le conjoint de Carine Lewis.

La vérification d’une trentaine de chargeurs en vente sur le site Temu a d’ailleurs permis de constater que seulement deux d’entre eux affichaient clairement être certifiés par des organismes reconnus.

Les Coops de l’information ont commandé un fil similaire à celui acheté par Mme Lewis. La page du produit n’indiquait pas qu’il était certifié. Mais le fil à 8 $ livré à domicile, dix jours plus tard, affichait un logo de certification. Une bonne surprise dans ce cas-ci.

«Finalement, c’est un coup de dés quand on achète un produit à bas prix.»

— Carine Lewis

Le danger des fils abimés

Les fils de recharge abimés devraient aussi trouver le chemin de la poubelle. Une famille de Val-Bélair l’a appris à ses dépens, à l’hiver 2020.

Leur adolescent faisait charger son téléphone déposé sur son lit. Le fil endommagé s’est mis à surchauffer et a mis le feu au matelas.

Un fil de recharge abimé a complètement détruit un matelas. Les conséquences auraient pu être bien pires. (Service des incendies de la Ville de Québec)

C'est ce fil cassé qui a déclenché l'incendie dans un matelas.

C’est ce fil cassé qui a déclenché l’incendie dans un matelas. (Service des incendies de la Ville de Québec)

Le début d’incendie a été maîtrisé par les membres de la famille avant l’arrivée des pompiers. Certains d’entre eux ont dû être traités pour de l’inhalation de fumée.

Les conséquences auraient pu être beaucoup plus graves, si la surchauffe avait eu lieu durant la nuit ou alors que les occupants de la maison étaient absents.

Le Commissariat aux incendies du Québec a procédé à 17 enquêtes en 2022 pour des fils de téléphones endommagés et des problématiques de chargeurs non homologués, contre 11 en 2023 et sept durant les huit premiers mois de 2024.

Pas d’inspecteurs dans les magasins

Au Québec, les recharges de cellulaire achetées dans un supermarché, au dépanneur ou dans d’autres types de commerces devraient toutes être certifiées et donc sécuritaires. En fin de compte, c’est le magasin qui est l’ultime responsable et qui doit s’assurer que ses produits sont conformes aux normes canadiennes.

En pratique, toutefois, il n’y a pas de surveillance, et des chargeurs non certifiés ont déjà été trouvés dans des magasins québécois.



Les chargeurs que vous avez à la maison sont-ils certifiés? (Maxime Picard/La Tribune)

C’est Santé Canada qui est chargée de réglementer les produits de consommation, dont les chargeurs USB. Mais attention, vous ne verrez pas d’inspecteurs dans les magasins.

«C’est à l’industrie de s’assurer que les produits de consommation qu’elle fabrique, importe et vend ou dont elle fait la publicité sur le marché canadien sont conformes à la Loi et à ses règlements et ne présentent aucun danger pour la santé et la sécurité humaines.»

— Une porte-parole de Santé Canada

Il vaut donc mieux être toujours prudents à l’achat. Il serait donc souhaitable de vérifier les appareils que l’on veut acheter, ou ceux qui sont déjà branchés à la maison.

Les journalistes des Coops de l’information ont visité plusieurs dizaines de commerces au cours des derniers mois, de grandes bannières comme Dollarama, Canadian Tire et Walmart, ainsi que plusieurs autres chaines de dépanneurs, pharmacies et épiceries. Nous avons seulement trouvé des chargeurs certifiés.

+++

Rapportez les incidents

Les consommateurs sont invités à faire des déclarations d’incidents quand ils constatent un problème avec un produit. Cela s’applique à tous les produits, bien au-delà des chargeurs pour téléphone. Tous les détails et le formulaire de déclaration d’incident se trouvent ici.

Cela peut mener à des rappels, qui sont envoyés par courriel dans le cas des produits qui ont été achetés en ligne, mais qui ne se rendront pas aux propriétaires des chargeurs achetés dans les magasins quand une carte de membre n’est pas utilisée.

1 « J'aime »

Dépôt du Projet de loi 72 aujourd’hui pour réformer la Loi sur la protection du consommateur

Les grandes lignes :

  • Les pourboires sur les terminaux de paiement devront être calculés sur le montant avant taxes
  • Hausse du montant de 10$ à 15 $ pour obtenir un article gratuit en cas d’erreur d’affichage du prix
  • Meilleure indication à l’épicerie des articles taxables ou non
  • Une quantité/unité unique pour permettre de comparer les produit

Pour le texte du PL 72 (Loi protégeant les consommateurs contre les pratiques commerciales abusives et offrant une meilleure transparence en matière de prix et de crédit) : https://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/projets-loi/projet-loi-72-43-1.html

10 « J'aime »