Fortes pluies : un problème pour les infrastructures municipales
Les fortes pluies de mardi ont inondé des viaducs et des routes à Montréal, en plus d’une centaine de sous-sols de résidences (Archives).
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Radio-Canada
Avec les informations de Karine Bastien
Publié à 9 h 42
Les fortes pluies qui se sont abattues mardi sur la grande région de Montréal ont causé des dommages, inondant une centaine de sous-sols de résidences et forçant l’interruption temporaire du service sur la ligne orange du métro. Mais elles soulignent aussi la désuétude des infrastructures qui ne sont pas en mesure de faire face à des quantités de pluie aussi importantes.
En fin de journée mardi, il est tombé de 80 à 100 millimètres de pluie en très peu de temps sur la région métropolitaine. Une inondation a été rapportée par le Collège Notre-Dame-de-Lourdes à Longueuil, ce qui force sa fermeture mercredi. Le Collège Durocher de Saint-Lambert est lui aussi fermé en raison des fortes précipitations de mardi.
À Longueuil, les secteurs de la rue Saint-Charles et du quartier Laflèche ont été particulièrement touchés.
À Montréal, minimalement cinq viaducs ont été inondés, a dit le porte-parole de la Ville de Montréal Philippe Sabourin à l’émission D’abord l’info diffusée à ICI RDI mercredi matin. Il y a aussi eu plusieurs refoulements d’égouts et des dégâts dans des résidences. Il a déclaré que de nombreuses équipes d’urgences ont été interpellées mardi, et qu’il y a eu près de 1400 appels de citoyens pour signaler des problèmes aux services de la Ville.
Toujours à Montréal, plusieurs sections de routes ont été fermées en raison des fortes pluies, notamment dans Rosemont, sur Le Plateau-Mont-Royal, ainsi que dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.
Les intempéries auraient aussi causé un décès. Un homme de 52 ans des Laurentides aurait perdu la maîtrise de son véhicule à Morin-Heights et est mort, possiblement à la suite d’un aquaplanage.
Les infrastructures vieillissantes en cause
Le professeur au département de géographie à l’UQAM et directeur du Réseau Inondations InterSectoriel du Québec, Philippe Gachon, a indiqué que ces événements seront de plus en plus fréquents avec le changement climatique, et cela constitue un problème pour nos infrastructures. Il a fait cette déclaration à l’émission Tout un matin diffusée sur les ondes d’ICI Première mercredi matin.
Pour M. Gachon, la réalité nous rattrape. Le climat se réchauffe, et on va voir des événements comme ceux-là de plus en plus, a-t-il expliqué. Les études montrent que le climat se réchauffe plus rapidement qu’anticipé il y a quelques années, et que le système [d’infrastructures] actuel n’est pas capable d’accumuler ou d’évacuer très rapidement cette eau qui tombe avec une intensité très grande.
Or, lorsque les infrastructures pluviales ont été conçues, on ne tenait pas compte du changement climatique ni de l’intensité des précipitations, a-t-il rappelé.
Les infrastructures municipales qui doivent faire face à ces précipitations de forte intensité sont désuètes, a ajouté M. Gachon, et elles auraient besoin d’investissements majeurs.
Il a mentionné que les systèmes d’égouts ne sont pas adéquats, et qu’une partie des eaux usées se retrouvent dans le fleuve et dans les cours d’eau, et que bien souvent, lors des événements de fortes pluies, il y a des surverses des eaux pluviales.
« Il faut revoir une partie des infrastructures pour s’assurer qu’on respecte notre environnement [et] que les eaux soient traitées. »
— Une citation de P hilippe Gachon, professeur au département de géographie de l’UQAM
D’après M. Gachon, les eaux pluviales à Montréal vont dans les égouts, et lors des épisodes de fortes pluies, elles se retrouvent dans le fleuve sans être traitées. Il faudrait donc des investissements, parce qu’on fait du “patchage” à l’heure actuelle, a estimé le professeur de l’UQAM. Et il faudrait également des investissements dans la recherche pour colliger des données, plutôt que d’utiliser des hypothèses pour prévoir les besoins des infrastructures.
Mardi, l’Union des municipalités du Québec (UMQ) a demandé au prochain gouvernement du Québec d’investir 2 milliards de dollars par année pendant cinq ans pour aider les municipalités à mettre à niveau leurs infrastructures vulnérables au changement climatique.