Résumé
La saison de motoneige se fait attendre
Par Nicolas T. Parent, La Voix de l’Est
12 janvier 2025 à 04h00
Dans la région, la saison débute normalement à la mi-janvier. (Jocelyn Riendeau/Archives Le Soleil)
Les adeptes de motoneiges et de véhicules tout-terrain devront patienter encore avant de sillonner un vaste réseau de sentiers. Dans les Cantons-de-l’Est, on espère la chute d’une bonne bordée de neige qui permettrait aux dameuses de bien faire le travail.
C’est la réalité depuis environ une dizaine d’années. La saison commence habituellement à la mi-janvier. Dans la région qui nous concerne, la neige n’est pas encore suffisante pour entamer les travaux dans les sentiers. La température évolutive et les vents s’ajoutent aux conditions défavorables.
«Le vent a lancé le couvert blanc un peu partout. La neige est tellement folle qu’elle a rempli quelques fossés et sous-bois. Et beaucoup de champs sont carrément sur la terre. Sur notre territoire et chez nos voisins. À Cowansville, Farnham, Saint-Hyacinthe… nous sommes tous dans la même situation», affirme Jean-Maurice Saumier, président du Club des motoneigistes du corridor permanent.
Certains segments de sentiers sont fonctionnels, mais un club ne peut pas œuvrer dans ces conditions. On mise sur la sécurité des usagers et sur le respect des propriétaires privés. La machinerie est sortie et les chemins sont bien nettoyés. Les responsables n’attendent que les précipitations pour actionner les grosses dameuses et les traîneaux.
«Dans le meilleur des mondes, on parle d’un 30 cm de neige. On pourrait faire quelque chose de bien avec une bordée de 20 cm. Une neige avec un minimum d’humidité pour s’assurer qu’elle reste collée au sol.»
— Jean-Maurice Saumier, président du Club des motoneigistes du corridor permanent
On nous confirme que les changements climatiques ont changé la donne. La saison de motoneige a été lancée en décembre pour se terminer à la fin mars, à une époque pas si lointaine. À présent, on ferme les livres au début mars, voire même en février.
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En outre, on rappelle que la saison dernière a été inexistante avec la pluie et les températures bien trop clémentes. Une première expérience du genre pour M. Saumier, qui préside le club depuis 25 ans. Il se passionne pour les loisirs motorisés depuis la tendre enfance, témoin des aléas et changements au sein de l’industrie qui le concerne dès le milieu des années 1970.
«La dernière fois que nous avons commencé en décembre? Je dirais il y a une quinzaine d’années! C’est les changements climatiques. Il neige, puis vient un redoux pour quelques jours. On perd tout, on recommence à zéro.»
— Jean-Maurice Saumier, à propos des conséquences des changements climatiques
Jean-Maurice Saumier est président du Club des motoneigistes du corridor permanent, responsable de près de 300 km de pistes sur le territoire de la Montérégie et de l’Estrie. (Archives La Voix de l’Est)
Les experts du «peu de neige»
À l’échelle du Québec, la saison accuse un retard d’environ deux semaines depuis quatre ans.
«Certains clubs ont commencé à ouvrir les sentiers, notamment dans le coin de Valcourt. J’ai vu qu’on a publié certaines photos dans le coin de Saint-Hyacinthe. Sans faire de miracle. Les bonnes quantités de précipitations doivent être au rendez-vous. Et le froid doit rester», mentionne d’entrée de jeu Stéphane Desroches, directeur général de la Fédération des clubs de motoneigistes du Québec (FCMQ).
On nous explique que certaines régions de la province ont obtenu une bonne quantité de neige avant la période des Fêtes. Des clubs ont donc sorti les surfaceuses pour créer un fond assez dur. La pluie et les redoux ont suivi, sans toutefois compromettre l’ouverture de sentiers avec le peu d’accumulations.
Oui, les changements climatiques entrent en ligne de compte. Mais avec six ou huit pouces de neige, on peut toujours pratiquer son loisir motorisé dans certains secteurs du Québec.
«On retrouve des experts dans le domaine en Estrie et en Montérégie! On peut écraser les labours pour créer une surface lisse à l’image d’une belle autoroute asphaltée. Avec quelques pouces de neige, on se retrouve avec un petit plateau sécuritaire pour les motoneigistes. Cependant, à d’autres endroits, on a besoin de quelques pieds de neige au sol», ajoute le directeur général.
On peut faire des miracles avec les surfaceuses. Aussi, les experts peuvent créer des passages dans les milieux humides sans endommager la flore, sans créer d’érosion, souligne M. Desroches. Ce dernier est d’avis que le monde de la motoneige a bien évolué au niveau des connaissances et des pratiques depuis les cinq dernières décennies. Le tout pour offrir un service rapide aux membres.
«Beaucoup de clubs vont travailler cette fin de semaine. Ça nous prend de la neige, mais les bénévoles bossent fort! Il faut faire attention, respecter les propriétaires des terrains. C’est le message que l’on souhaite partager aux usagers.»
— Stéphane Desroches, directeur général de la FCMQ
Certains secteurs sont accessibles en ce moment, mais la neige doit être au rendez-vous pour étendre davantage le réseau provincial. Dans les circonstances, Stéphane Desroches appelle les usagers à la prudence, au respect des propriétaires, règlements et droits de passage. (FCMQ)
Le membership en baisse
La FCMQ constate une baisse de son membership. Son directeur général affirme que tout s’est bien déroulé au niveau des ventes l’année dernière, mais la saison a été catastrophique sur le terrain.
«La création d’une pré-prévente a été somme toute bénéfique pour nous, mais on s’est attendu à une baisse évaluée à 5 %. Finalement, elle est d’environ 10 % cette année. Si la saison vient avec la neige espérée, la situation pourrait bien se redresser à travers la province. Nous avons observé une hausse des ventes, et battu des records dans les trois dernières années pour les droits d’accès journaliers.»
La saison dernière, en date du 9 décembre 2023, la FCMQ a atteint les 91 000 droits d’accès vendus. À pareille date en 2024, l’organisme en a compté 81 000.
— Selon les chiffres fournis par la FCMQ
Son de cloche similaire pour le Club des motoneigistes du corridor permanent, qui observe une baisse de membership avec les aléas de la saison dernière.
«L’économie entre en ligne de compte, tout est maintenant plus dispendieux. Nous avons une centaine de membres de moins cette année, soit environ 400 au total. En retournant en arrière, on a compté sur environ 650, voire 700 membres, il y a une quinzaine d’années. Les hivers que l’on connaît maintenant n’aident pas», confirme le président Jean-Maurice Saumier.
Somme toute, on espère que les précipitations seront au rendez-vous dans les prochains jours. (Archives La Voix de l’Est)