Ce fil est dédié spécifiquement aux changements climatiques avec photos, vidéos et articles et réflexions diverses sur le sujet.
Image par Freepik
Ce fil est dédié spécifiquement aux changements climatiques avec photos, vidéos et articles et réflexions diverses sur le sujet.
IMAGE TIRÉE DU PROJETQIKIQTARUK : ARCTIC AT RISK
Glissement de terrain du pergélisol, recréé par réalité virtuelle
Des falaises qui s’effondrent dans la mer, des sites archéologiques inondés : les effets du réchauffement climatique dans l’île Herschel Qikiqtaruk, au nord du Yukon, sont spectaculaires. Pour en exposer l’ampleur, un groupe de recherche a transformé ses données en expérience de réalité virtuelle.
Publié à 0h01 Mis à jour à 5h00
« L’été dernier, il a fait jusqu’à 25 oC. On pouvait nager dans l’océan durant deux heures, du jamais vu. C’était surréaliste », raconte la responsable du groupe de recherche Team Shrub, Isla Myers-Smith, par entrevue vidéo.
Professeure à l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) et à l’Université d’Édimbourg, Mme Myers-Smith travaille dans l’île Herschel Qikiqtaruk depuis 15 ans.
« Après une ou deux semaines de temps doux, on a vu un gros bout de terrain se détacher et dévaler la pente. C’est la première fois que je voyais un changement si rapide ! »
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Consciente que les articles scientifiques sont « plutôt arides et ennuyeux », la chercheuse s’est demandé comment faire en sorte que les données récoltées soient plus vivantes, et suscitent davantage d’interactions avec le public.
C’est d’autant plus important à ses yeux que son terrain est peu accessible. Le parc territorial de l’île Herschel (Qikiqtaruk) est situé dans la mer de Beaufort, à 5 kilomètres au large de la côte nord du Yukon. Il est ouvert aux touristes seulement de la mi-juin à la mi-septembre, et ceux-ci doivent être équipés pour faire du camping autonome en milieu arctique. Des Inuvialuits (Inuits de l’ouest de l’Arctique canadien) ont encore des activités de chasse et de pêche traditionnelles dans l’île, mais plusieurs n’ont pas les moyens de s’y rendre.
PHOTO JEFFREY KERBY, FOURNIE PAR L’UNIVERSITÉ DANOISE AARHUS
Glissement du pergélisol dans la mer, sur les côtes de l’île Herschel (Qikiqtaruk), au Yukon
La réalité virtuelle s’est imposée comme un moyen de mettre « les communautés et les gens qui n’ont pas l’occasion de visiter le site si souvent » en contact avec les changements qui s’y produisent.
Le projet Qikiqtaruk : Arctic at Risk est né durant la pandémie, alors que les chercheurs avaient un peu de temps libre et ne pouvaient aller dans l’île.
PHOTO GERGANA DASKALOVA, FOURNIE PAR L’UNIVERSITÉ DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE
Isla Myers-Smith, professeure à l’Université de la Colombie-Britannique et à l’Université d’Édimbourg, responsable du groupe de recherche Team Shrub, avec un drone utilisé dans le cadre de ses travaux en Arctique
Mme Myers-Smith et son collègue Jeff Kerby, de l’université danoise Aarhus, ont recruté un spécialiste de la réalité virtuelle et obtenu un premier financement de la National Geographic Society, auquel d’autres fonds se sont ajoutés. Le conservateur principal du parc, un Inuvialuit, et des chercheurs des Territoires du Nord-Ouest (TNO) font aussi partie du projet.
Les paysages de l’île ont été recréés en assemblant des photos captées avec un drone par les chercheurs et en y ajoutant de l’animation. « À l’origine, ces photos n’ont pas été prises pour créer un environnement en réalité virtuelle, elles faisaient partie de notre collecte de données. Donc tout repose sur des données scientifiques. Et comme les données brutes avaient l’air pixélisées, des éléments comme les plantes et les caribous ont été produits avec de l’animation. » Les bâtiments, eux, ont été recréés en utilisant des balayages lidars réalisés par une équipe d’archéologues.
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Les communautés d’Aklavik et d’Inuvik, dans les TNO, dont les autochtones fréquentent l’île, ont été parmi les premières à découvrir la vidéo immersive. Les images montrant les bâtiments historiques de l’île attaqués par la montée des eaux ont suscité des réactions particulièrement vives.
C’est qu’en plus des bâtiments en dur, témoins des activités commerciales et administratives passées (baleiniers américains, GRC, etc.), le site recèle des vestiges de huttes de terre traditionnelles inuvialuites datant de plusieurs centaines d’années.
L’été dernier, nous étions là alors qu’une équipe d’archéologues excavait deux de ces huttes de terre situées à la limite de la plage, parce qu’ils avaient l’impression qu’elles auraient disparu d’ici la fin de l’été. C’est en effet ce qui s’est passé : en juin, ils excavaient, et en août, le site était rendu sous l’eau. Ça s’est produit sous nos yeux !
Isla Myers-Smith, professeure et chercheuse de l’Université de la Colombie-Britannique et de l’Université d’Édimbourg
L’érosion côtière est spectaculaire. L’île de 116 km2 perd jusqu’à un mètre par année en moyenne, parfois plus par endroits. « En 2017, on a vu environ 30 mètres d’érosion sur un site. C’est énorme quand on y pense, c’est comme votre terrain en façade au complet ! »
PHOTO JEFFREY KERBY, FOURNIE PAR L’UNIVERSITÉ DANOISE AARHUS
Érosion côtière dans l’île Herschel (Qikiqtaruk), au Yukon, en 2019
L’équipe espère lancer sa vidéo immersive au Forum économique mondial de Davos, en janvier prochain – en collaboration avec l’organisme scientifique Arctic Base Camp, qui plante ses tentes aux abords du Forum pour sensibiliser les participants à l’évolution de l’Arctique.
En une quinzaine d’années, Mme Myers-Smith a vu des zones de sol dénudé verdir, et la végétation de la toundra (en particulier les arbustes) gagner en hauteur.
Et depuis le début des années 2000, la floraison commence environ une semaine plus tôt. Or, beaucoup de plantes de la région dépendent des pollinisateurs, et si toutes les fleurs sortent rapidement en même temps, les bourdons et les abeilles n’auront peut-être pas le temps de tout butiner, explique la chercheuse.
« Avec le réchauffement de ces systèmes, il y aura des espèces gagnantes et des espèces perdantes, et il se pourrait que les abeilles pollinisatrices soient parmi les perdantes. Tout dépendra de leur capacité à s’adapter. »
PHOTO SANDRA ANGERS BLONDIN, FOURNIE PAR L’UNIVERSITÉ DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE
Un bœuf musqué se prélasse sur fond de réchauffement du pergélisol.
Et si l’île n’abrite ni orignaux ni castors, ces animaux ont été vus sur le versant nord du Yukon, dans la zone arctique des TNO et dans le nord de l’Alaska. Les changements climatiques et la prolifération des arbustes semblent donc attirer ces espèces vers le nord, ce qui risque d’en affecter l’environnement.
« Les étangs de castors dégagent davantage de méthane que la toundra intacte, donc la présence accrue des castors dans les écosystèmes de la toundra fera probablement augmenter les émissions de méthane », résume Mme Myers-Smith en citant une étude publiée l’été dernier.
Consultez le Guide du parc territorial de l’île Herschel Qikiqtaruk
Lisez un article scientifique sur les émissions de méthane des étangs de castors (en anglais)
PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE
La patinoire de l’étang du parc Jarry ne sera pas aménagée cet hiver.
« Fermée – Attention, glace mince » : de la Gaspésie à l’Abitibi, en passant par le Saguenay, la majorité des patinoires extérieures de la province sont impraticables à cause du temps doux et de la pluie. Et avec le mercure qui a fracassé des records en 2023, Montréal a même renoncé à aménager cet hiver une glace sur l’étang du parc Jarry, pourtant un classique hivernal, lieu emblématique prisé par les patineurs depuis des années.
Publié à 1h29 Mis à jour à 5h00
À Lebel-sur-Quévillon, l’une des villes du Nord-du-Québec les plus touchées par les incendies de forêt l’été dernier, il n’y a pas de patinage extérieur comme le veut pourtant la tradition durant le congé de Noël. Le maire de cette municipalité de la Jamésie de 2091 habitants raconte avec dépit que la pluie a eu raison de la neige du début de l’hiver, puis de la glace.
« D’habitude, un beau sentier glacé est aménagé pour patiner par nos équipes de la voirie », explique le maire Guy Lafrenière, joint chez lui, entouré de sa famille. « Cette année, notre sentier est fermé aux patineurs. Il est sur le gravier. Quand je regarde par la fenêtre de mon salon, je vois de la pelouse sur 80 % de mon terrain. Je n’ai pas encore réussi à sortir ma motoneige ni mes raquettes. »
L’aréna est normalement fermé durant le temps des Fêtes, mais on a décidé de faire un spécial. De l’ouvrir pour permettre aux familles de patiner. C’est plate pour nos enfants.
Guy Lafrenière, maire de Lebel-sur-Quévillon
Dans l’île de Montréal, à peine une demi-douzaine de glaces extérieures sur un total de 200 sont ouvertes au patinage – toutes sont réfrigérées. Au parc Jarry, la fameuse patinoire sur l’étang est à l’eau. L’endroit est désert. Un écriteau annonce que l’arrondissement a renoncé à l’ouvrir cet hiver en raison des soubresauts de la météo.
PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE
« Les gels et dégels successifs qui caractérisent nos hivers rendent la glace de l’étang du parc Jarry instable », peut-on lire sur cette affiche.
Dans le parc du Mont-Royal, la fameuse patinoire réfrigérée du lac aux Castors est ouverte. Mais elle est déserte en ce mercredi midi. Des marcheurs se promènent ici et là, avec leurs chiens, notamment autour de l’anneau de glace du parc Duquette, à Verdun, fermé lui aussi.
Les conditions « ne sont pas optimales », convient Philippe Sabourin, premier porte-parole à la Ville de Montréal. Mais les équipes seront prêtes à aménager les autres patinoires dès que le temps le permettra, assure-t-il. « Ce n’est pas tant la chaleur que la pluie, le plus grand problème. »
À Matane, aux portes de la Gaspésie, il est quasiment impossible de patiner à l’extérieur. Sur une page de la municipalité, les administrateurs préviennent les usagers que la patinoire est fermée jusqu’à nouvel ordre. « Il y a des parties sur l’asphalte. Pour votre sécurité, nous vous recommandons de ne pas patiner », est-il indiqué.
Ces municipalités sans patinoire
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L’absence de patinoires extérieures déçoit petits et grands. « Généralement, je fais une patinoire dans ma cour. Cette année, je ne peux pas en faire, parce qu’il n’y a pas de neige, et surtout, il ne fait pas froid », dit Denis Thomas, rencontré mercredi à l’aréna Étienne-Desmarteau, dans le quartier Rosemont, à Montréal. Il assistait à l’entraînement de son fils Jérémie, 10 ans, qui fait partie de l’équipe de hockey Montréal Élite. Le père de famille envisage d’acheter une glace synthétique pour permettre à ses enfants de patiner malgré la température. « Surtout qu’ils n’ont pas d’école. »
PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE
Que du gazon entre les bandes de ce qui devait être une patinoire, au parc Jarry
Quelques mètres plus loin, Merlange Antoine se désole que les patinoires extérieures publiques ne soient pas ouvertes. « Ça m’affecte pour eux », dit-elle en pointant les jeunes hockeyeurs devant elle. « On voit vraiment l’impact des changements climatiques. C’est palpable. » Son fils Andy, 10 ans, est un grand adepte de la patinoire extérieure située en face de leur domicile. Puisqu’elle est fermée, il doit se contenter de ses entraînements à l’aréna.
La Ville de Saguenay a annoncé par communiqué, mardi, la fermeture de toutes ses glaces en raison des conditions climatiques. Dans le secteur de Chicoutimi, au parc de la Rivière-du-Moulin, il est « obligatoire de porter des crampons » dans les sentiers, où une sorte de croûte s’est formée.
C’est dangereux. On est sur une sorte de croûte glacée à grandeur. On n’a plus de ski de fond, plus de raquette. Les patinoires, c’est un éternel recommencement à cause de la pluie. On a ouvert la petite portion familiale, mais de peine et de misère.
Myriam Painchaud. préposée au parc de la Rivière-du-Moulin
Dans les Laurentides, la saison de patinage n’a pas encore commencé sur le lac Masson. À Magog, dans les Cantons-de-l’Est, patinoires, glissades et sentiers sont fermés. En Mauricie, la majorité des glaces extérieures sont également fermées. Un patineur et employé de l’aréna Fernand-Asselin, à Trois-Rivières, raconte que la patinoire est achalandée de l’ouverture à la fermeture.
« C’est toujours achalandé durant le temps des Fêtes, mais cette année, c’est incroyable. C’est complet pour le hockey libre et les heures de patinage libre », explique Dominique Roberge.
Mais il n’y a pas que le manque de glace qui change les plans de milliers de Québécois en vacances. Un peu partout, on se désole de ne pas pouvoir pratiquer ses sports d’hiver pendant le temps des Fêtes. Comme Lise Roche, qui a réservé cinq nuits à l’auberge au Domaine Saint-Bernard à Mont-Tremblant, terrain de jeu bien bien connu des fondeurs et raquetteurs. « Ça fait des années qu’on veut y aller pour le ski de fond. C’est 80 km de sentiers. Le paradis ! », s’exclame-t-elle. Elle avait loué un chalet qui pouvait accueillir les 16 membres de la famille Roche, tous amateurs de sports d’hiver.
CAPTURE D’ÉCRAN TIRÉE DE FACEBOOK
Domaine Saint-Bernard, à Mont-Tremblant
Sauf que… les sentiers de ski de fond sont fermés jusqu’à nouvel ordre. « J’ai parlé mercredi matin avec la responsable et c’est une croûte de glace et elle fond. Et il n’y a pas un brin de neige d’annoncé », se désole Mme Roche. Et la famille ne pourra pas enfiler ses patins non plus.
PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE ROCHE
La famille Roche dans un sentier du mont Sutton lors du temps des Fêtes de 2022
Il n’y a rien. Les lacs ne sont pas gelés et les patinoires extérieures ont fondu.
Lise Roche
La famille se résignera à jouer à la pétanque et au hockey bottine et à faire des marches, en misant sur ce qui compte le plus : « L’important, c’est d’être tout le monde ensemble », souligne Mme Roche. Elle a toutefois une pensée « pour les entreprises qui vivent de l’hiver et qui manquent cette période-là ».
Et pour cause. Les températures des dernières semaines ont aussi un impact sur les centres de ski alpin. Au total, 47 des 73 stations de ski de la province sont ouvertes. « Les stations qui ont des canons à neige de plus vieille technologie ou qui n’en ont pas du tout se voient dans l’obligation de retarder leur ouverture », explique Josée Cusson, directrice des communications et du marketing à l’Association des stations de ski du Québec.
PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE
Le parc Jarry, à Montréal
Et les stations ouvertes « se retrouvent avec des conditions printanières à cause des températures plus douces », indique Mme Cusson. Le domaine skiable tourne autour de 30 à 40 % dans la plupart des stations. « Habituellement, l’objectif, pour Noël, c’est d’avoir environ 60 % de domaine skiable, donc on est un petit peu en dessous des normales. La pluie, lundi avant Noël, a eu un impact sur le nombre de pistes ouvertes. »
Selon les prévisions d’Environnement Canada, le temps froid et la neige ne s’installeront pas sur la province avant plusieurs jours. Et l’arrivée de plus en plus tardive de l’hiver n’est pas qu’une impression.
PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE
Cette patinoire du Plateau-Mont-Royal n’était pas praticable au passage de La Presse, le 17 décembre.
Des données rendues publiques par la Ville de Montréal montrent que, depuis cinq ans, la métropole reçoit en moyenne moins de 8 centimètres de neige en décembre. Même phénomène en mars. En revanche, les précipitations sont plus importantes en janvier et février.
Juste avant les Fêtes, la mairesse Valérie Plante a été questionnée en point de presse sur ses projets de réfrigération des patinoires extérieures. Notamment pour aménager un anneau de glace dans le parc Angrignon, à LaSalle. Est-ce que ce sont des projets d’avenir ? lui a-t-on demandé.
La mairesse de Montréal avait alors rappelé que des dizaines de millions de dollars avaient dû être investis ces dernières années pour débarrasser les arénas de leurs systèmes de réfrigération au fréon, un gaz nocif pour la couche d’ozone. Elle a invité la population à profiter de la patinoire illuminée de l’esplanade Tranquille, dans le Quartier des spectacles, au centre-ville.
40 jours d’ici 2090
En 2015, des chercheurs de l’Université Wilfrid-Laurier à Waterloo, en Ontario, ont prédit qu’il ne resterait qu’une quarantaine de jours de patinage en moyenne, à Montréal et à Toronto, d’ici 2090. Afin de parvenir à ces conclusions, les professeurs Colin Robertson et Robert McLellan avaient décortiqué les données du projet citoyen Rink Watch, formé de patineurs qui chaque hiver documentent la qualité de la glace et leurs observations.
Source : Université Wilfrid-Laurier
Au Téléjournal
L’année qui s’achève a été la plus chaude de l’histoire
Jamais le climat ne s’est autant déréglé qu’en 2023. Les records de chaleur se poursuivent en ce congé des Fêtes, alors que la neige tarde à arriver dans de nombreuses villes.
Un hiver doux qui n’épargne pas l’industrie du tourisme et les amateurs de sports de glisse qui doivent s’adapter à ce qui pourrait devenir une nouvelle réalité.
Le reportage de Gabrielle Proulx.
à CBC
Nova Scotia endured a year of extreme weather in 2023
Mild temperatures in January started 2023 on an unfamiliar foot. What followed over the next 11 months made for a year of extremes that Nova Scotians won’t soon forget.
On voit bien le phénomène de réchauffement climatique un peu partout dans le monde et les statistiques détaillées ne mentent pas. Années après années nous sommes témoins de nouveaux records de chaleur et la tendance semble s’accentuer d’une décennie à l’autre.
Les personnes plus âgées comme moi qui ont toujours pratiqué des sports d’hiver, peuvent témoigner de cette évolution qui a commencé à vraiment se faire sentir dans la région montréalaise autour des années 80. Grand adepte de ski alpin à l’époque, les redoux et la pluie devenaient plus fréquents, surtout au sud de la métropole. Puis peu à peu le nord de Montréal a connu à son tour le même genre de variations.
D’ailleurs aujourd’hui la plupart des dépressions hivernales sont devenues des cocktails météo, chose très rare dans ma jeunesse. Profitant de ma retraite en 2011 j’ai décidé de fuir les mauvaises conditions de neige au sud du Québec pour me réfugier dans Charlevoix. J’ai peu à peu abandonné le ski alpin pour me dédier au ski de fond et à la raquette, deux sports toutefois plus dépendants de la neige naturelle.
Voilà que maintenant, 12 ans plus tard, l’instabilité hivernale a gagné nos régions. Il pleut plus souvent et les crampons deviennent parfois indispensables au lieu des raquettes. Tandis que les sentiers de ski de fond ouvrent de plus en plus tard et ferment plus souvent après un épisode de pluie. En conséquence les passes de saisons sont moins avantageuses et les centres de plein air doivent dépenser plus pour maintenir les sentiers et sécuriser les pistes.
Voilà la triste réalité qui se déploie lentement mais sûrement devant nous. Le déluge du 18 décembre dernier (123 mm de pluie) a lessivé les 40 cm de neige de Charlevoix et nous a ramené au gazon en moins de 24h. Aujourd’hui à peine 3 cm de neige tombée le 30 décembre couvre le sol et la glace, tout juste assez pour marcher sans trop de risque. Finalement un indice qui ne trompe pas, il n’y a pas de glace sur le fleuve, ni les rivières. Elle se forme de plus en plus tard contribuant grandement à l’érosion permanente des berges et au recul des côtes.
Conclusion: notre monde change à vitesse grand V, une tendance lourde qui nous prend de plus en plus au dépourvu. On ne peut pas alors rester indifférent à ce spectacle désolant sans réagir vigoureusement. Car il en va de la qualité de vie de tous où que nous soyons sur cette planète.
Mon plus grand souhait pour l’année 2024: en plus du retour à la paix dans les multiples conflits à l’international, une prise de conscience généralisée de nos gouvernements vis à vis de l’urgence climatique. Parce que plus le temps passe plus il sera difficile de limiter les effets destructeurs du monde tel que nous le connaissons. On peut encore agir, mais il n’est déjà plus permis d’hésiter…
J’étais en Gaspésie pour le nouvel an, c’était surréel de voir l’entiereté du pays passer un nouvel an sur le gazon (ou presque). Étant parti des hauteurs de Val-David, il n’y avais que là que la neige possédait une certaine épaisseur (mais de très mauvaise condition pour la pratique de sports hivernaux).
Partout aussi, le manque de neige est un sujet récurrant, certains ont hâte de pouvoir enfin commencer leur saison de ski de fond, d’autres s’inquiètent beaucoup de voir aussi peu de neige pour une deuxième année consécutive et ce que le futur nous attend.
Ici dans Charlevoix c’est pareil, en dépit du fait que la région charlevoisienne est généralement plus froide que la Gaspésie, avec son climat plutôt maritime. Avant le déluge (123 mm de pluie) du 19 décembre nous avions déjà une bonne quarantaine de cm au sol en moyenne.
Après la pluie toute la neige a disparu et nous sommes restés avec un mince couvert de glace et quelques zones légèrement enneigées en forêt et montagne. Résultat, aucune piste de ski de fond ouverte par manque crucial de neige sur un fond de glace. Aujourd’hui je retourne dans un centre de plein air pour faire un sentier en montagne aux Éboulements, où normalement le ski de fond et la raquette se pratique dès début décembre.
Ce sera ma troisième randonnée en crampons (au lieu de raquette) en une semaine, le seul moyen sécuritaire pour évoluer dans les importants dénivelés du secteur. Tandis que la plage à BSP est libre de glaces et révèle un beau sable encore meuble à certains endroits.
Heureusement pour nous, la tempête de demain devrait réparer en partie les mauvaises conditions. Mais il faudra une deuxième tempête pour que les pistes de ski de fond soient ouvertes sur l’ensemble de leur parcours, couvrant enfin les roches, racines et troncs qui jonchent les sentiers.
On parle donc de quelques précieuses semaines de perdues en matière de sports d’hiver, cela inclut la motoneige (que je ne pratique pas) mais qui est très prisée dans mon coin de pays.
Pour résumer la situation, depuis 2011 année où je me suis installé dans Charlevoix, la saison hivernale tarde de plus en plus et depuis 2016 il pleut souvent aux Fêtes, phénomène notable rarissime avant.
Alors oui les changements climatiques sont bien rendus à nos portes. Si la tendance se poursuit, nos hivers deviendront de plus en plus imprévisibles et instables avec toutes les conséquences naturelles et économiques d’une saison écourtée. Un défi majeur pour l’industrie touristique régionale de tout l’est du Québec, dont le tourisme hivernal est encore pour plusieurs l’industrie principale .
2023 was hottest year on record, new data confirms
According to the European Union’s Copernicus Climate Change Service, 2023 was 1.48 C warmer than the pre-industrial average from 1850-1900, beating 2016’s record of 1.25 C.
2023, l’année la plus chaude de l’Histoire
Mois après mois, on annonce que le mois a été le plus chaud. 2023 est sans surprise l’année la plus chaude avec une augmentation de 1,48 degré Celsius.
Le reportage de Jacob Côté.
Vue satellitaire des Grands Lacs. (Archives)
Photo : Agence spatiale européenne/Copernicus Sentinel-3
Publié à 5 h 25 HNE
Les Grands Lacs commencent l’année 2024 avec la plus faible couverture de glace depuis le début des mesures en 1973. L’ampleur du phénomène est telle que des spécialistes se disent pris au dépourvu et tirent la sonnette d’alarme sur ses potentielles conséquences environnementales.
Seulement 1,17 % de la surface de l’ensemble des cinq lacs est couverte selon le relevé du 9 janvier de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), contre environ 15 % en moyenne à cette époque de l’année.
La chaleur emmagasinée l’été dernier et la douceur actuelle influencée par le phénomène El Niño empêchent l’eau de geler, selon David Phillips, climatologue principal à Environnement et Changement climatique Canada.
Nous avons connu les mois de mai à septembre les plus chauds jamais enregistrés, avec beaucoup de chaleur résiduelle dans les lacs, les rivières et les terres, dit-il. La température de l’eau se situe entre 4 et 6 °C, quand elle devrait être autour de 0 °C [dans un début d’hiver normal]. Il faut se débarrasser de toute cette chaleur avant que la glace puisse se former.
Une fine couche de glace sur le lac Supérieur. (Photo d’archives)
Photo : NOAA
Outre les risques que pose une glace pas suffisamment solide pour certains loisirs hivernaux sur des plans d’eau plus petits, l’anomalie sur les Grands Lacs peut avoir des conséquences environnementales.
La glace fait partie de la vie des Grands Lacs. On a besoin des périodes de glace pour de nombreuses fonctions, relève Jérôme Marty, directeur général de l’Association internationale de recherche sur les Grands Lacs (AIRGL).
Parmi les rôles attribués à la glace se trouve la lutte contre l’érosion. Sans couche gelée sur les rives, certaines zones côtières sont exposées aux vagues amenées notamment par le nordet, ce puissant vent d’hiver qui souffle du nord-est.
Climat : les berges du lac Érié risquent l’érosion.ÉMISSION ICI PREMIÈRE.Matins sans frontières.
Durée de 9 minutes 27 secondes9:27
La partie ouest du lac Érié fait partie des zones vulnérables, raconte le directeur administratif de l’Office de protection de la nature de la région d’Essex, Tim Byrde. La glace joue un rôle de barrière et abrite considérablement nos côtes des vents d’hiver, qui peuvent se révéler parmi les plus dévastateurs.
Or, de nombreux escarpements existent dans la région, dans la ville de Kingsville et d’Essex, et des parties importantes de falaises exposées - et habitées - s’affaissent régulièrement dans le lac Érié lors des tempêtes, explique-t-il.
M. Byrde ajoute que le manque de glace actuel présage des difficultés à venir.
Nous avons plus de 140 km de rivage dans la région d’Essex. Chacun de ces kilomètres est potentiellement menacé. Ce sera un défi auquel nous devrons faire face, avec un régime climatique changeant au fil du temps. Beaucoup de ces zones pourraient bientôt ne pas convenir à une occupation humaine.
Une citation de Tim Byrne, directeur administratif de l’Office de protection de la nature de la région d’Essex
Durant l’hiver 2022, le photographe David Piano avait été témoin d’une avancée de l’érosion d’une « de 6 à 10 mètres » sur 3 mois sur la rive nord du lac Érié, mettant en péril plusieurs propriétés. (Archives)
Photo : X/David Piano
L’équilibre de l’écosystème local est lui aussi en jeu, car la glace et une eau froide servent de sanctuaires pour la ponte de certaines espèces de poissons, reprend Jérôme Marty.
À l’inverse, l’activité biologique est plus élevée si les eaux sont plus chaudes. On a des problèmes d’algues dans plusieurs Grands Lacs et sans la période d’hivernation, au printemps, on aura probablement encore plus d’algues et encore plus de problèmes associés.
Le scientifique surveille particulièrement l’algue bleu-vert, capable de proliférer très rapidement et qui devient toxique dans certaines conditions. Ça peut produire des cas extrêmes, alors que l’eau des Grands Lacs sert d’eau potable à des millions de personnes, continue-t-il.
À l’été 2014, les résidents de l’île Pelée, dans le sud-ouest ontarien, et ceux de la ville de Toledo, en Ohio, ont été privés d’eau potable pendant plusieurs jours à cause de la concentration d’algue bleu-vert dans le lac Érié.
Cet échantillon d’eau du lac Érié prélevé en 2017 présentait une quantité importante d’algues bleu-vert. (Photo d’archives)
Photo : Associated Press / Haraz N. Ghanbari
La cartographie des zones inondables sera mise à jour dès l’automne 2024, ce qui risque d’entraîner une série de mauvaises nouvelles, comme l’incapacité dans certains cas d’assurer sa propriété.
Le Québec a fait face à plusieurs inondations majeures depuis 2017, forçant la province à revoir sa stratégie de prévention. (Photo d’archives)
Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz
Publié à 6 h 07 HNE
L’année 2024 sera synonyme de mauvaises nouvelles pour des propriétaires riverains du Québec. Le gouvernement s’apprête à dévoiler son nouveau règlement encadrant les usages permis (ou non) sur les terrains situés en zones inondables.
Ce cadre normatif sera présenté au printemps, confirme le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.
Il est prévu que le projet de règlement permanent encadrant l’aménagement du territoire en zones inondables soit prépublié au printemps 2024. La période de consultation officielle sera d’une durée de 45 jours alors que l’adoption du règlement doit avoir lieu à l’automne 2024, indique le Ministère, à la demande de Radio-Canada. La date exacte de ce grand dévoilement n’est pas encore connue.
L’adoption du cadre réglementaire permettra ensuite au gouvernement de présenter progressivement les nouvelles cartes de zones inondables à compter de la fin de l’année, ajoute-t-on.
Photographie aérienne lors des inondations du Québec, en 2019. (Photo d’archives)
Photo : Pierre Lahoud
Couvrant les territoires où vit 85 % de la population de la province, ces cartes sont le fruit d’un travail amorcé après les inondations majeures survenues au Québec en 2017 et en 2019. Huit mandataires, dont les communautés métropolitaines de Montréal et de Québec, ont été chargées de récolter des données et de produire de nouvelles cartes, dont les versions finales seront élaborées par le Ministère.
Pour chaque région, l’ensemble des catastrophes vécues depuis, comme à Baie-Saint-Paul au printemps 2023, seront aussi prises en compte dans la détermination des zones inondables.
Ces cartes auront par la suite une influence sur les schémas d’aménagement des villes et des MRC ainsi que sur les usages permis ou non dans les secteurs jugés vulnérables. Pour faciliter la transition, Québec a créé dix bureaux de projets régionaux pour veiller à l’accompagnement des communautés locales.
Pascale Biron, hydrogéomorphologue et professeure à l’Université Concordia, rappelle que les changements apportés par le gouvernement sont majeurs.
D’abord, l’utilisation des cotes de crue 0-20 ans et 0-100 ans seront abandonnées au profit d’une échelle utilisant des niveaux de risque comme faible, modéré ou élevé.
Plutôt mal compris, selon Mme Biron, le système de cotes de crue laisse croire, à tort, qu’une inondation pourrait ne survenir qu’une fois aux 20 ans ou aux 100 ans. Or le risque revient chaque année, fixé à 1 % pour les zones 0-100 ans et 5 % pour les zones 0-20 ans.
L’utilisation de la nouvelle échelle permettra de mieux refléter le risque réel et le niveau de dangerosité de chaque cours d’eau, explique Mme Biron. La grande nouveauté de la méthodologie est de combiner la fréquence et la profondeur pour déterminer des niveaux de risque.
La profondeur d’eau sera une variable majeure dans les nouvelles cartes de zones inondables du gouvernement du Québec. (Photo d’archives)
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
La profondeur, à savoir le niveau que peut atteindre l’eau dans un secteur donné selon la topographie, a une importance majeure dans l’élaboration des nouvelles cartes.
Pour un même cours d’eau et une même fréquence potentielle d’atteindre le seuil d’inondation majeure, unique à chaque cours d’eau et fixé par la mesure du débit en mètres cubes par seconde, les risques ne seront pas nécessairement les mêmes selon la profondeur projetée en fonction du relief et des infrastructures (maisons, routes, etc.).
Les débordements anticipés de quelques centimètres à un endroit ou d’un mètre à un autre ne seront pas traités de la même manière. On peut être dans un secteur qui a la même probabilité d’être inondé à chaque année et ne pas être dans une même zone de risque, précise Pascale Biron.
Ébranlé par les catastrophes à répétition au cours des dernières années, Québec avait déjà signifié son intention de sortir la population des plaines inondables plutôt que de favoriser leur maintien avec des programmes de dédommagement.
Par ce changement de philosophie, Québec souhaite favoriser un aménagement du territoire plus résilient, et ainsi assurer une meilleure protection des personnes, des biens et de l’environnement en général.
Le cadre normatif et les cartes de zones inondables pourraient donc être difficiles à avaler pour plusieurs propriétaires riverains. Si certains se doutent de leur sort après avoir été récemment inondés ou soumis à la zone d’intervention spéciale en vigueur après les crues de 2017 et de 2019, d’autres pourraient ne pas voir venir le coup.
Selon les régions, plusieurs municipalités misaient sur de vieilles cartes ou des cartes aux contours imprécis, voire aucune carte. Il n’existait pas non plus de méthodologie commune pour les constituer, contrairement aux nouvelles cartes, standardisées.
Des débris ont été laissés par les eaux sur les terrains des résidences de l’île Enchanteresse.
Photo : Radio-Canada / Marika Wheeler
Plusieurs propriétaires riverains pourraient ainsi se retrouver en zone inondable du jour au lendemain, ou encore dans une zone plus risquée qu’anticipé (et vice-versa).
Il va y avoir beaucoup de mauvaises nouvelles, prévoit Marc Fafard, premier vice-président au Regroupement d’organismes de bassins versants du Québec (ROBVQ). La pression sur les propriétaires viendra selon lui des compagnies d’assurances, lesquelles risquent de ne plus offrir de couverture à leurs clients.
L’inaccès à l’assurance va faire en sorte que les gens vont être obligés de déménager.
Une citation de Marc Fafard, premier vice-président au ROBVQ
M. Fafard croit également que certaines municipalités pourraient grogner puisque les plus beaux terrains se trouvent souvent près des cours d’eau. Les nouvelles cartes de zones inondables et le changement de philosophie du gouvernement dans l’aménagement du territoire pourraient donc les priver de revenus de taxes.
Pour plusieurs, ça risque d’être mal reçu, convient aussi l’hydrogéomorphologue Pascale Biron, qui parle d’un exercice émotif pour la population qui sera affectée.
Le centre-ville de Beauceville a été inondé par la crue de la rivière Chaudière, en 2019. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Guillaume Croteau-Langevin
Ce fut d’ailleurs le cas lors de la présentation de la zone d’intervention spéciale, en 2019. La présentation du gouvernement du Québec avait choqué plusieurs résidents de Beauceville,de la région de Montréal et en Outaouais.
L’exercice de la relocalisation ne sera pas chose simple non plus, note Mme Biron, en particulier dans les régions plus urbanisées où l’espace et les terrains se font plus rares.
Le sérieux des mesures à prendre commande un plan de communication clair et cohérent de la part du gouvernement, croit Pascale Biron. Cette dernière déplore au passage les retards accumulés par Québec dans l’élaboration des cartes, qui devaient au départ entrer en vigueur en 2023.
En n’adoptant ses cartes que vers la fin 2024, le gouvernement a pris au moins un an de retard sur son échéancier prévu au Plan de protection du territoire face aux inondations.
Ces délais ont provoqué certains pièges que Québec devra éviter, selon l’experte. Des initiatives de cartographie du secteur privé sont notamment devenues alléchantes pour certaines municipalités pressées d’agir.
Pascale Biron, hydrogéomorphologue et professeure à l’Université Concordia. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada
Mme Biron craint qu’il n’y ait de la confusion entre le cartes du gouvernement et celles provenant du privé. Dans un contexte où ce sera sans doute assez difficile d’annoncer aux citoyens qu’ils se trouvent dorénavant dans une zone à risque d’inondation, c’est le genre de confusion qu’il faudrait éviter.
Bernard Motulsky, professeur au Département de communication publique et sociale à l’Université du Québec à Montréal, abonde dans le même sens. Quand on touche à l’endroit où vous habitez, on vient vous chercher dans ce que vous avez de plus précieux, souligne-t-il. D’où l’importance de fournir les explications les plus claires et transparentes possible.
On arrive du jour au lendemain, et on annonce à des gens qu’on a pris une décision et on n’en a pas discuté avec eux.
Une citation de Bernard Motulsky, professeur en communication publique et sociale à l’UQAM
Pour lui, les efforts du gouvernement devront être mis sur le chemin qui a permis d’en arriver aux cartes inondables, et non aux cartes elles-mêmes. Les gens vont se braquer sur la conclusion. Le seul chemin que je vois, c’est d’expliquer comment on en arrive à cette conclusion.
La vulgarisation scientifique sera d’une importance capitale, croit-il, d’autant, ajoute-t-il, que les changements climatiques représentent un sujet sensible pour certains.
Le temps aidera à faire passer la pilule, dit-il, mais ça ne se fait pas en claquant des doigts.
Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche pourrait marquer un recul considérable pour la lutte contre les changements climatiques, non seulement aux États-Unis, mais partout sur la planète.
Donald Trump lors d’un meeting de campagne au Michigan Sports Stars Park à Washington en novembre 2020, peu avant son élection à la présidence.
Photo : Reuters / CARLOS BARRIA
Publié à 4 h 00 HNE
Dans un article paru récemment dans une revue scientifique de renom, des scientifiques suggèrent de créer une nouvelle catégorie pour qualifier les ouragans : la catégorie 6. Contrairement à ce que certains ont écrit à la blague sur les réseaux sociaux, ce n’est pas en prévision d’un retour éventuel de Donald Trump à la Maison-Blanche.
Non. C’est une vraie proposition scientifique, qui serait rendue nécessaire afin de mieux classifier les ouragans de plus en plus puissants, qui surpassent les limites traditionnelles des cinq catégories de l’échelle Saffir-Simpson existante, un phénomène en grande partie attribué aux changements climatiques.
Au-delà de la boutade, il n’en reste pas moins qu’un retour de Donald Trump à la tête de la première puissance économique mondiale pourrait jeter à terre l’architecture sur laquelle repose l’action climatique, non seulement aux États-Unis, mais à l’échelle de la planète entière.
Sur le plan intérieur, comme l’explique bien ma collègue Valérie Boisclair dans cet article, Donald Trump arriverait à Washington beaucoup mieux préparé qu’en 2016 pour déconstruire tout ce qui a été fait par son prédécesseur dans le domaine de la transition énergétique et de la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).
Le programme climatique duquel Donald Trump compte s’inspirer pour y arriver est déjà écrit, rédigé sur mesure par la très conservatrice Heritage Foundation, et sobrement baptisé Project 2025. C’est ni plus ni moins un guide pour défaire entre autres toute la structure de la lutte contre les changements climatiques et de la protection de l’environnement aux États-Unis : abrogation de l’Inflation Reduction Act*,* le plan climatique le plus ambitieux de l’histoire américaine mis en place par Joe Biden, qui a permis un développement très rapide de toute la filière des énergies renouvelables aux États-Unis; démantèlement planifié des pouvoirs de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) et éviction des scientifiques qui guident les politiques publiques de l’institution; décomposition de l’infrastructure scientifique de l’appareil gouvernemental; et plein gaz dans la croissance de l’industrie des énergies fossiles partout sur le territoire, sur terre comme en mer. Drill, baby, drill.
Les effets d’un retour éventuel de l’ouragan Trump à la Maison-Blanche se feraient en outre sentir bien au-delà des frontières américaines. Les conséquences seraient planétaires.
La circulation à l’heure de pointe le long de l’autoroute Schuylkill, à Philadelphie
Photo : The Associated Press / Jacqueline Larma
Les États-Unis sont aujourd’hui au deuxième rang des plus grands émetteurs de GES du monde, après la Chine. Ils en ont longtemps été les premiers, jusqu’en 2007, en plus de détenir le record de premier émetteur historique de GES depuis le début de l’ère industrielle.
Cette position de premier pollueur du monde leur a donné un rôle unique dans la lutte contre les changements climatiques au fil des décennies. Ils sont, malgré eux, les leaders obligés de l’action pour protéger l’environnement. Comme ils sont les premiers responsables du problème, ils sont forcés de prêcher par l’exemple s’ils sont sérieux dans leur volonté de le régler.
Cette position particulière qu’occupent les États-Unis a défini l’action climatique mondiale. Quand les Américains se désengagent, quand ils refusent de prendre le leadership, ou pire, quand ils bloquent les progrès possibles, les autres pays se disent : si le premier pollueur ne fait pas d’effort, si le pays le plus riche du monde ne le fait pas, pourquoi imposerais-je des sacrifices à mon pays pour sauver l’environnement?
L’histoire a montré que chaque fois que les Américains se sont désintéressés de la diplomatie environnementale et de la lutte contre les changements climatiques, le monde entier en a subi les conséquences. Et quand ils se sont impliqués, la planète en a profité.
Le président des États-Unis George Bush alors qu’il signe l’engagement pour la Terre lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, le 12 juin 1992.
Photo : AP / M. Frustino
Par exemple : le fameux Sommet de la Terre de Rio en 1992 n’aurait pas eu autant de succès sans l’implication et le rôle de l’administration de George Bush père – un républicain – dans le processus. Malgré quelques réticences, il y croyait. C’est à ce sommet qu’est née la convention de l’ONU sur les changements climatiques. Un cadre qui a donné naissance au premier traité international sur le climat en 1997, le protocole de Kyoto, et à sa version moderne conclue en 2015, l’Accord de Paris.
Même s’il exprimait certaines réticences quant à ce processus, George Bush père a mis beaucoup de poids dans la machine, et les résultats ont été marquants.
Le fils Bush, toutefois, a fait exactement le contraire une décennie plus tard. Les Américains avaient signé le protocole de Kyoto, mais ne l’avaient jamais ratifié. En 2001, George W. Bush a mis le dernier clou dans le cercueil en retirant pour de bon son pays du traité. Le premier pollueur mondial s’étant retiré, l’accord a perdu toute sa pertinence et les émissions mondiales de GES ont explosé dans la décennie 2000.
Manifestation contre le rejet par le président Bush fils du protocole de Kyoto sur le climat au Japon en février 2002.
Photo : Associated Press
En 2009, le monde s’est donné rendez-vous à Copenhague pour remplacer le désuet protocole de Kyoto et signer une nouvelle entente internationale sur le climat.
Les attentes étaient grandes. Le nouvel accord devait, pour la première fois, exiger de la Chine qu’elle participe aussi à l’effort mondial. Avec un nouveau président progressiste fraîchement arrivé au pouvoir à Washington, Barack Obama, tous les espoirs étaient permis.
Toutefois, le président américain avait d’autres préoccupations, dont celle de régler la grande crise financière qui frappait son pays. De passage à Copenhague pendant quelques heures seulement, il n’a jamais poussé pour la signature d’un accord ambitieux. Le scénario attendu s’est produit de nouveau : voyant les Américains peu enclins à montrer l’exemple, les Allemands, les Français, les Canadiens et tous les autres pays industrialisés ont plié bagage.
Résultat : la montagne a accouché d’une souris. La conférence de l’ONU sur le climat de Copenhague est passée à l’histoire pour l’ampleur de son échec. On en a retenu une chose : le désengagement des États-Unis, qui a nourri l’intransigeance de la Chine, a fait reculer la lutte contre les changements climatiques de plusieurs années.
Le président américain Barack Obama lors d’une cérémonie de bienvenue organisée par le président chinois Xi Jinping au Grand Hall du Peuple à Pékin, en novembre 2014.
Photo : The Associated Press / Andy Wong
La signature de l’Accord de Paris en 2015 est le meilleur exemple du rôle crucial que peuvent jouer les Américains dans l’action mondiale pour protéger le climat. Ayant tiré les leçons de son rendez-vous manqué au sommet de Copenhague, Barack Obama a mis toute la gomme pour qu’un nouvel accord naisse à Paris. Et le premier geste concret qu’il a posé, c’est d’aller rencontrer son homologue chinois, Xi Jinping, à Pékin, pour le convaincre de monter dans le train climatique avec lui.
Son idée était simple : prêcher par l’exemple et montrer au monde entier que les deux plus grands émetteurs de GES du monde allaient faire leur part. Le président chinois est même allé à Washington à quelques semaines de la conférence de Paris, la fameuse COP21, pour réaffirmer le pacte climat Chine–États-Unis.
Combinée au savoir-faire diplomatique du président de la COP21, Laurent Fabius, et de l’architecte de l’Accord de Paris, Laurence Tubiana, qui ont su atténuer les grands désaccords, la ténacité du président Obama a pavé la voie au tout premier accord universel (signé par tous les pays du monde) sur le climat. Un accord qui a fixé noir sur blanc le seuil de réchauffement à ne pas dépasser – 1,5 degré Celsius – et qui guide aujourd’hui encore toute l’action climatique.
Sans la fermeté des Américains, l’Accord de Paris ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui.
Ce n’est pas rien.
Mais l’engouement n’a duré que quelques mois.
J’ai un souvenir très vif de la douche glacée qui s’est abattue sur la COP22 à Marrakech en novembre 2016, au Maroc, quand les délégués sur place ont appris l’élection inattendue de Donald Trump. La nouvelle a eu l’effet d’une bombe sur les négociations. Personne ou presque n’avait osé l’imaginer.
L’élan mondial qu’on avait vu naître à Paris l’année précédente s’est brisé d’un seul coup.
Le président américain Donald Trump annonce sa décision de retirer les États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat, dans la roseraie de la Maison-Blanche, à Washington, le 1er juin 2017.
Photo : Reuters / KEVIN LAMARQUE
Le reste de l’histoire est bien connu : quelques mois plus tard, Donald Trump éjectera les États-Unis de l’Accord de Paris, un geste qui va plomber les négociations climatiques pendant ses années de mandat.
Face à l’attitude des Américains, la Chine s’est de nouveau isolée, et d’importants émetteurs de GES comme l’Inde, le Brésil, l’Indonésie ou l’Australie en ont profité pour lever le pied sur l’action climatique.
Un vent d’optimisme a recommencé à souffler un peu sur la diplomatie climatique à l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche en 2021. Les canaux de communication entre Pékin et Washington ont été ravivés. L’émissaire spécial du président sur les changements climatiques, l’ancien secrétaire d’État John Kerry, a fait la navette entre les deux pays afin de sceller un nouveau partenariat. Le duo, qui compte pour 40 % des émissions mondiales, coopère de nouveau pour renforcer la transition énergétique.
Mais surtout, ces puissances montrent au reste du monde que les deux plus grands pollueurs de la planète sont prêts à faire leur part.
Si Donald Trump reprend le pouvoir, on peut s’attendre à ce que le scénario de 2016 se reproduise, mais avec des conséquences peut-être encore plus grandes que la première fois pour la lutte mondiale contre les changements climatiques.
S’il est réélu, il va vraisemblablement retirer de nouveau son pays de l’Accord de Paris et rompre le pacte avec les Chinois. Et ça ne serait qu’une première étape.
Il couperait probablement aussi tous les canaux d’aide internationale pour le climat. Des fonds qui vont normalement aux pays les plus vulnérables pour leur permettre de réaliser leur propre transition énergétique, de se relever après avoir subi une catastrophe climatique ou encore de s’adapter aux effets des bouleversements du climat.
Un geste qui, ici encore, pourrait en quelque sorte donner la permission aux autres pays de rompre leurs promesses financières.
Ce serait un recul monumental. Depuis la COP27 en 2022, les négociations ont enfin fait débloquer le dossier complexe de l’aide aux pays en développement, une question qui avait fait stagner les discussions climatiques pendant des décennies.
Des militants écologistes tiennent une banderole avec le slogan Pertes et dommages, financez maintenant, lors d’une action de grève pour le climat à Paris, en France, le 23 juin 2023.
Photo : Reuters / STEPHANIE LECOCQ
Sans cet argent, les pays du Sud n’auront jamais les moyens de réaliser leur transition énergétique et de sortir des énergies fossiles. Quand ces pays sont forcés de puiser continuellement dans leurs budgets pour l’éducation ou la santé afin de réparer les infrastructures mises à mal par des catastrophes climatiques, le besoin d’investir dans les énergies renouvelables et l’adaptation vient très loin dans la liste des priorités. Sans cette aide, de grands pollueurs comme l’Inde, l’Indonésie ou le Brésil seront très réticents à enclencher leur transition hors des énergies fossiles.
C’est pourquoi l’aide financière internationale est beaucoup plus qu’un simple caprice. C’est un élément fondamental de la protection du climat mondial.
Le retour de Donald Trump pourrait effacer des années d’efforts qui ont permis de construire cette solidarité climatique.
Mais il y a plus. Le retour du turbulent candidat républicain coïnciderait avec deux phénomènes qui heurtent l’action climatique.
D’une part, la confiance du public envers le processus des COP et des négociations sur le climat en général est ébranlée. Les résultats sont perçus comme minces en regard de l’ampleur de l’événement, et la présence croissante des lobbyistes de l’industrie des énergies fossiles laisse planer des doutes sur leur influence. En outre, l’Azerbaïdjan accueillera en novembre prochain la grande conférence climatique, ce qui en fait le troisième État producteur d’énergies fossiles de suite à en assumer la présidence, après l’Égypte en 2022 et les Émirats arabes unis en 2023.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, le président de l’Azerbaïdjan, Ilham Heydar oglu Aliyev, et le président des Émirats arabes unis, Sheikh Mohamed bin Zayed Al Nahyan, posent pendant la Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP28) à l’Expo City de Dubaï, aux Émirats arabes unis, le 1er décembre 2023.
Photo : via reuters / Handout .
D’autre part, l’arrivée de Trump coïnciderait avec la vague de déni climatique qui frappe tout l’Occident. La montée des courants populistes en Europe, en Amérique latine et en Amérique du Nord, conjuguée à l’effritement certain du pouvoir d’achat des citoyens, fragilise les politiques climatiques dans tous les pays. Le retour de Trump comme dirigeant de la plus grande puissance économique mondiale ne ferait qu’accélérer cette tendance de fond.
Par conséquent, si on peut se risquer à une prévision politicoclimatique, c’est que s’il frappe, l’ouragan Trump balaiera tous les continents.
PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE
Chrystia Freeland
Des militants de Greenpeace occupent les bureaux torontois de la vice-première ministre et ministre des Finances du Canada Chrystia Freeland pour réclamer des mesures de lutte contre les changements climatiques plus vigoureuses, jeudi.
Publié à 11h24
Jean-Thomas Léveillé La Presse
Ce « sit-in » dans le local de circonscription de Mme Freeland, députée de University—Rosedale, au centre-ville de Toronto, devrait durer « aussi longtemps que nécessaire pour que la ministre Freeland comprenne l’urgence de prendre des mesures climatiques ambitieuses », affirme l’organisation écologiste.
« En matière d’action climatique, plus tard est trop tard », écrit Greenpeace dans une lettre destinée la ministre, dont La Presse a obtenu copie.
Greenpeace s’y dit préoccupée par le fait que le gouvernement fédéral « retarde ou annule des politiques climatiques promises depuis longtemps », citant l’exception décrétée récemment à la taxe carbone pour le chauffage au mazout.
Elle demande à la ministre des Finances de cesser de freiner ainsi l’action climatique fédérale et d’annoncer dans le budget 2024 des mesures cohérentes avec la cible de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré Celsius.
« Les coûts de l’inaction face au changement climatique sont partout autour de nous » écrit Greenpeace, qui a déposé dans le bureau de la ministre une collection de photos d’incendies de forêt et des restes brûlés de l’incendie de Lytton en 2021.
« Nous reconnaissons que votre gouvernement est confronté à une campagne agressive du lobby de l’industrie pétrolière et de leurs alliés politiques pour empêcher l’élimination progressive des combustibles fossiles, écrit Greenpeace. Nous sommes résolus à nous montrer tout aussi féroces dans la défense de l’introduction progressive de solutions énergétiques vertes d’une manière qui protège les personnes et la planète. »
PHOTO MYRIAM FEHMIU, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE
Les stocks de crevettes nordiques sont à leur plus bas niveau depuis plus de 30 ans.
Les changements climatiques bouleversent l’écosystème du fleuve Saint-Laurent et les entreprises de pêche qui en dépendent. Les stocks de crevettes nordiques sont à leur plus bas niveau depuis plus de 30 ans, tandis que les sébastes sont si nombreux qu’ils mangent leurs petits. Au cœur de la tempête : les crevettiers, qui viennent de recevoir le plus faible quota de pêche de leur histoire. Annoncée en même temps, la levée du moratoire sur la pêche commerciale au sébaste imposé en 1995 est une bouée insuffisante, déplorent-ils.
Publié à 1h05 Mis à jour à 5h00
« C’est le découragement total dans la flotte. On s’en va assurément vers une faillite de peut-être bien 80 % de nos membres », regrette Vincent Dupuis, crevettier et président de l’Association des capitaines-propriétaires de la Gaspésie (ACPG).
« Le moral est au plus bas, il y a de la frustration. Moi, j’ai passé ma vie dans les pêches, j’ai 61 ans, j’ai tout mis là-dedans […]. Alors quand tu dis qu’aujourd’hui, je me prépare pour une faillite, c’est incroyable. Je fais n’importe quoi pour garder le moral et ne pas tomber en dépression. C’est ça qu’il se passe actuellement dans les pêches. Tous les gars, on est pareil », a-t-il ajouté.
L’ACPG manifestera son mécontentement ce mardi matin lors d’un rassemblement qui se tiendra devant le bureau de circonscription de la ministre fédérale des Pêches, des Océans et de la Garde côtière, Diane Lebouthillier, à Grande-Rivière, près de Percé.
Le 26 janvier, la ministre a annoncé une « baisse marquée » du total autorisé des captures de crevettes nordiques dans le Saint-Laurent pour la saison 2024 : 3060 tonnes. Un quota qui assurera une pêche « modeste ».
À titre comparatif, le quota était de 14 524 tonnes l’an dernier. En 2015, il avait atteint 31 549 tonnes.
Le réchauffement des eaux profondes du Saint-Laurent, la baisse d’oxygène dans l’eau et la prédation du sébaste – un poisson de fond – seraient à blâmer pour l’effondrement des stocks.
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Le réchauffement de l’eau semble avoir eu l’effet inverse sur le sébaste, dont la biomasse est aujourd’hui estimée à près de 2 millions de tonnes, alors qu’elle était de 138 000 tonnes en 1994, tout juste avant le décret du moratoire.
Fin janvier, la ministre Lebouthillier a aussi annoncé la levée du moratoire sur la pêche au sébaste. Elle a alors décrété un quota « plancher » de 25 000 tonnes, dont 10 % iront aux crevettiers.
« L’annonce pour la crevette était prévisible, mais l’annonce pour la répartition de quotas de sébastes vient plus ou moins signer l’arrêt de mort de notre flottille », soupire Patrice Element, directeur de l’Office des pêcheurs de crevette du Québec.
« À un moment donné, soit qu’elle révise les allocations de sébastes ou qu’elle finance une rationalisation, [c’est-à-dire un] rachat de permis et d’entreprises. Parce que là, pour la quasi-totalité de la flotte, c’est la faillite qui s’en vient », ajoute-t-il.
En incluant le Québec, Terre-Neuve-et-Labrador, le Nouveau-Brunswick et les Premières Nations, il y a entre 80 et 90 permis de pêche à la crevette dans le golfe du Saint-Laurent, explique-t-il.
Il calcule donc que, par entreprise de pêche, cette allocation représente environ 70 000 livres de sébaste. Or, il souligne qu’il faut environ une journée et demie de pêche pour capturer ce volume. « Il n’y a rien là pour nous autres. »
PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE
La levée du moratoire sur la pêche au sébaste a été annoncée fin janvier.
« Actuellement, on ne peut même pas se permettre de mettre nos bateaux à l’eau pour essayer de pêcher ça. C’est comme si je disais à un chauffeur de taxi : tu vas avoir droit à deux runs dans ton mois. Ça ne paye même pas les assurances et le gaz », illustre pour sa part le capitaine Dupuis.
Le reste des allocations de la pêche au sébaste a été attribué au secteur de la flottille côtière (14,84 %), au secteur de la flottille semi-hauturière (5,72 %) et au secteur de la flottille hauturière (58,69 %) dans les quatre provinces de l’Atlantique et au Québec.
Les bateaux hauturiers sont des navires de 30,5 mètres (100 pieds) et plus.
« Le sébaste, la ministre avait dit qu’elle allait prioriser les entreprises qui font vivre les communautés côtières et qu’elle ne voulait pas avoir de pêcheurs de salon. […] Elle a plutôt priorisé quelques grosses compagnies de offshore, de bateaux-usines », déplore Vincent Dupuis.
Au Québec, une seule entreprise de pêche détient un permis de bateau hauturier, mais elle n’en possède pas un dans les faits.
« Aujourd’hui, ça n’existe plus au Québec », a confirmé le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, André Lamontagne.
« C’est complexe, ce qui s’en vient, et c’est pour ça que, sans que ce soit la panacée, la reprise de la pêche au sébaste au Québec, on voyait là une opportunité de venir mitiger et apaiser un peu les défis causés par ce qu’il se passe avec la pêche aux crevettes. On avait vraiment demandé au gouvernement fédéral, dans l’allocation des différents quotas, de porter une attention spéciale à nos crevettiers qui sont en difficulté. On est très déçus », a-t-il expliqué en entrevue avec La Presse.
C’est sûr qu’on va tout faire pour qu’il y ait un changement de cap.
André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec
Pêches et Océans Canada n’a pas été en mesure de nous indiquer combien il y avait de bateaux hauturiers qui seraient autorisés à pêcher le sébaste et dans quelles provinces ils étaient situés.
« On déplore le partage parce qu’il y a 60 % du sébaste qui va aller à des grandes corporations et non à des pêcheurs côtiers qui font vivre l’est du Québec et du Canada », précise en revanche Geneviève Myles, la coordonnatrice au développement des affaires à l’ACPG. « Ce qu’il faut savoir, c’est que ces grandes corporations peuvent être détenues à 49 % par des intérêts étrangers. […] Donc on est en train de vendre notre golfe du Saint-Laurent plutôt que de le manger chez nous. »
Appelé à réagir, le cabinet de la ministre Lebouthillier nous a fait parvenir un énoncé produit au début de février en réponse aux doléances des crevettiers.
PHOTO JUSTIN TANG, LA PRESSE CANADIENNE
Diane Lebouthillier, ministre fédérale des Pêches, des Océans et de la Garde côtière
Dans ce texte, la ministre souligne qu’un comité consultatif a été mis en place pour évaluer la pertinence de hausser le quota de sébaste plancher de 25 000 tonnes. Elle se dit prête à le hausser si l’industrie, les communautés autochtones et les gouvernements provinciaux se mettent d’accord.
« En ce qui concerne la répartition par flottille, il faut comprendre que la part historique des bateaux hauturiers de plus de 100 pieds, les fameux offshores comme on appelle, a fondu de 74 % en 1994 à 59 % en 2024, et ce, au profit de plus petites flottilles, les crevettiers et les communautés autochtones. Bref, la décision annoncée la semaine dernière offre encore plus d’opportunités aux plus petits joueurs, qui voient leur rapport de force considérablement augmenter depuis le moratoire. Tenter de prétendre l’inverse est tout simplement faux », a déclaré la ministre.
Yan Bourdages, un crevettier de Rivière-au-Renard, affirme qu’il tentera sa chance à pêcher le sébaste cet été. Son bateau est déjà équipé pour le faire, car il pêche ce poisson depuis trois ans en vertu d’un quota scientifique.
« Je vais essayer, mais je le sais, je le fais à perte. J’y vais pour faire travailler les trois employés qui me restent, donc on ne peut pas être heureux de ça, on ne peut pas avoir un bon moral. Je m’endors très tard et je me réveille très tôt. Je vais voir mon village, considéré comme la capitale des pêches, s’effondrer », craint-il.
Une espèce en déclin
Bilan de santé
La crevette nordique est pêchée dans le Saint-Laurent depuis 1965, mais elle est gérée par quota depuis 1982. « Le quota de 2024 est le plus petit quota de l’histoire de cette pêche », affirme Hugo Bourdages, biologiste en évaluation des stocks de crevettes à l’Institut Maurice-Lamontagne de Pêches et Océans Canada. Le stock est en déclin continu année après année, et ce, depuis 2005. « L’automne dernier, on a fait le bilan de santé des stocks de crevettes nordiques du golfe du Saint-Laurent et la situation est que les stocks sont à leurs plus bas niveaux d’abondance que l’on a mesurés depuis 1990. »
Le Saint-Laurent se réchauffe
La crevette nordique, son nom le dit, est une espèce qui aime l’eau froide. « Il y a 20 ans passé, la crevette nordique, on la retrouvait à des profondeurs de 150 à 300 mètres dans le golfe du Saint-Laurent, à des températures d’eau entre 4 et 6 oC. Aujourd’hui, à ces profondeurs-là, l’eau est rendue à plus de 6 oC et même, à des endroits, à plus de 7 oC. L’augmentation de 1 à 2 oC de la température de l’eau a influencé négativement la productivité des stocks de crevettes », explique Hugo Bourdages. Résultat, l’habitat naturel de l’espèce rétrécit car la crevette tente de migrer vers la couche intermédiaire froide, qui est plus élevée.
Pourquoi ?
Le positionnement des courants marins a été bouleversé par le réchauffement planétaire. Il y a deux grands courants dans l’océan Atlantique : le Gulf Stream, qui est chaud et pauvre en oxygène, et le courant du Labrador, qui est froid et riche en oxygène. « Il faut voir ça comme un lavabo avec deux robinets, illustre Hugo Bourdages. Aujourd’hui, c’est vraiment le robinet d’eau chaude qui est ouvert, donc c’est une proportion beaucoup plus grande d’eau chaude qui rentre à l’entrée du golfe du Saint-Laurent. Et ça, on observe ça depuis 15 ans. »
Retour en force du sébaste
« C’est sûr que le réchauffement de l’eau, ça fait des gagnants et des perdants. […] Les sébastes ont l’air à plutôt bien s’en sortir », souligne Caroline Senay, biologiste en évaluation de stocks de sébaste à l’Institut Maurice-Lamontagne. Les sébastes qui sont aujourd’hui à maturité sont nés entre 2011 et 2013. Ils mesurent entre 22 et 25 centimètres en moyenne. « La raison exacte de l’arrivée de ces grosses cohortes-là, c’est encore mystérieux », précise-t-elle cependant. L’hypothèse privilégiée est le pic de chaleur dans l’eau survenu autour de l’année 2011.
Déjà en déclin
Il y aurait en ce moment environ 2 millions de « biomasse » de sébaste dans le fleuve, ce qui représente près de 13 milliards d’individus ! « Le maximum de poissons qu’on a estimé dans notre relevé, c’est en 2019 où on était alors à 4,3 millions de tonnes », précise cependant Caroline Senay. « Pêche, pas pêche, dans six à neuf ans, on croit qu’il va rester moins de 10 % de la biomasse initiale », ajoute-t-elle. Il y a tellement de sébastes dans le fleuve qu’ils ont commencé à se cannibaliser. Il y a donc peu de relève et de moins en moins de poissons qui se rendent à l’âge adulte. « On croit que c’est parce qu’ils se font manger par les autres sébastes dans le système », dit-elle.
Pêche au chalut
La pêche au sébaste et la pêche à la crevette se ressemblent. Ce sont deux pêches pratiquées au chalut. « Ça se fait à peu près de la même façon avec les mêmes bateaux et à peu près les mêmes engins de pêche. Pour un crevettier, on parle d’un investissement entre 50 000 $ et 100 000 $ », explique Patrice Element. « On est les plus aptes à pêcher ce poisson-là. D’autant plus que c’est nous les plus affectés par la prolifération du sébaste. On devrait penser à nous avant de penser aux autres », ajoute-t-il.
En savoir plus
SOURCE : Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
Montréalais profitant du beau temps dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, mardi
Chaque vendredi, nous revenons sur la semaine médiatique d’une personnalité, d’une institution ou d’un dossier qui s’est retrouvé au cœur de l’actualité
Publié à 1h41 Mis à jour à 6h00
« Mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver. » Elle est fantastique, cette formule de Gilles Vigneault. Le problème, c’est qu’elle est… de moins en moins vraie.
À mes yeux, elle résume depuis longtemps la véritable nature du Québec. Notre hiver nous définit en tant que province. En tant que peuple. Qu’on le veuille ou non, c’est un marqueur identitaire fort.
Mais le sera-t-il encore ?
On a battu des records de chaleur cette semaine. Et en dépit d’une baisse soudaine du mercure après ce redoux hallucinant, la température va grimper de nouveau.
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE
Le redoux des derniers jours a provoqué la fermeture de nombreuses patinoires extérieures, comme ici à Val-David, dans les Laurentides.
Mon premier réflexe a été de donner un coup de fil à Alain Bourque, le directeur général d’Ouranos – le consortium québécois sur l’adaptation aux changements climatiques –, pour en discuter.
Il confirme que l’hiver québécois est en train de subir une transformation fondamentale. Mais il précise que la chaleur des derniers jours ne l’a pas surpris le moins du monde.
Tout ce qu’on voit là – et je ne dis pas que la période de redoux est exclusivement due aux changements climatiques – est tout à fait cohérent avec le changement du climat.
Alain Bourque, directeur général d’Ouranos
Justement, je lui ai demandé jusqu’à quel point le phénomène climatique El Niño joue un rôle dans la situation actuelle. Il est « probable » qu’il y contribue cette année, confirme l’expert.
« Mais dans un monde où l’on s’attend de toute façon à un réchauffement soutenu du climat, ce qu’El Niño vient faire, c’est qu’il nous donne une sorte d’aperçu de ce que va être un hiver normal dans quelques années ou, au maximum, deux décennies » au Québec.
Et oui, « ça va venir changer notre identité », reconnaît Alain Bourque.
L’hiver à Montréal, par exemple, ressemblera davantage à celui de Toronto. Et l’impact de la hausse des températures se fera forcément ressentir sur la pratique de divers sports (patin, ski, etc.) et autres activités hivernales (pêche sur glace, motoneige, etc.) dans la métropole et dans plusieurs régions du Québec.
Mais ça ne s’arrête pas là.
Même si les températures sont plus clémentes, on ne devrait surtout pas se réjouir, prévient Alain Bourque, car l’hiver québécois est un peu l’équivalent du canari dans la mine. Il nous alerte quant à « la monstruosité de ce qui s’en vient ».
Plus précisément, il préfigure : « les transformations du climat qui engendrent des transformations de notre environnement naturel et des écosystèmes, qui provoquent une hausse des températures de l’eau tant dans les lacs et les rivières que dans les océans ».
J’ai par ailleurs cherché à savoir quel impact peut avoir cette transformation dans un domaine très spécifique, mais également lié à notre identité : l’industrie du sirop d’érable.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE
Le réchauffement climatique aura-t-il raison de la saison des sucres ?
« Il est trop tôt » pour estimer qu’il y a un lien entre les changements climatiques d’un côté et, de l’autre, « qualité et quantité de production de sirop d’érable ». C’est ce qu’explique le porte-parole des Producteurs et productrices acéricoles du Québec, Joël Vaudeville, qui m’a offert un bon résumé de la situation qui prévaut dans ce secteur.
« Ça reste sur notre écran radar et de très bons spécialistes travaillent là-dessus, précise-t-il. Mais les recherches ne démontrent pas encore que les changements climatiques vont faire diminuer le nombre de jours où il y a gel et dégel. »
Cette variation de température entre la nuit (gel) et le jour (dégel) est cruciale pour la production du sirop.
Pour l’instant, ce qui inquiète le plus l’industrie de l’érable, ce sont deux autres impacts du dérèglement du climat : les catastrophes naturelles – en particulier les vents violents et le verglas – et les insectes ravageurs qui trouvent ici des conditions plus favorables qu’autrefois.
Les défis à relever en ce qui concerne la transformation de nos hivers sont nombreux tant à court qu’à long terme, reconnaît-on à la Ville de Montréal.
« Dans le court terme : comment on réagit à des phénomènes […] comme une pluie suivie d’un gel et d’une température de -15oC ? C’était déjà arrivé, mais maintenant ça arrive plus souvent », explique Sidney Ribaux, directeur du Bureau de la transition écologique et de la résilience.
« On a vu des veilles de verglas et de grésil qui nous tiennent sur un pied d’alerte parce que c’est très difficile de garder le contrôle de l’entretien des trottoirs dans ces périodes-là », ajoute Marie-Andrée Mauger, membre du comité exécutif responsable de la transition écologique et de l’environnement.
Parmi les défis à long terme : comment prévoir ce que Montréal devra changer dans son approche pour faire face à ce que les hivers de l’avenir nous réservent ?
« Montréal va ressembler davantage à Toronto et à Philadelphie dans 10, 20 ou 30 ans. Ces villes-là ne sont pas équipées comme nous le sommes pour s’occuper d’une tempête de neige, me fait remarquer Sidney Ribaux. Est-ce qu’on va s’équiper autant pour faire face à des évènements qui vont avoir lieu beaucoup moins souvent ? »
Quant à l’idée que l’hiver nous définit, ils laissent tous les deux entendre que des changements importants sont à prévoir.
« Je vous rejoins en disant que l’hiver fait partie de l’identité montréalaise, dit M. Ribaux. Je suis quelqu’un de très sportif. J’allais jouer au hockey sur les patinoires extérieures naturelles, je faisais du ski de fond. Depuis quelques années, ça devient de plus en plus difficile de pratiquer ces activités-là. Et cette année, ça a été presque impossible. »
« On travaille à adapter la ville et l’offre de loisirs de la Ville », renchérit Marie-Andrée Mauger. Elle reconnaît toutefois que « d’un point de vue personnel, il y a comme un deuil à faire » en constatant que certains traits distinctifs de l’hiver dans la métropole sont en voie de disparition.
« Le statu quo n’est pas possible, déclare l’élue. Et je trouve que la réalité qu’on vit cet hiver nous force à accepter la transition dans laquelle on est plongé. J’espère que ça va nous amener à prendre conscience des changements climatiques et de ce qu’on a besoin de faire collectivement. »
Dans l’est du Canada, quelle ville est le plus durement affectée par le climat en raison de son urbanisation ? Tout indique que Montréal remporte ce triste palmarès, selon une étude canadienne.
PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE
Le centre-ville de Montréal
Dans l’est du Canada, quelle ville est le plus durement affectée par le climat en raison de son urbanisation ? Tout indique que Montréal remporte ce triste palmarès, selon une étude canadienne.
Publié à 6h00
Éric-Pierre Champagne La Presse
Entre les villes de Québec, Montréal, Ottawa et Toronto, laquelle est le plus affectée par les aléas climatiques dont les effets sont aggravés par l’urbanisation ? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre des chercheurs de l’UQAM et de l’Université de Calgary dans une étude publiée dans la revue Urban Climate en décembre dernier. La doctorante Cécile Carton, les professeurs Florent Barbecot et Jean-François Hélie (UQAM) et Jean Birks (Université de Calgary) ont conclu que Montréal était la ville où l’urbanisation a eu le plus d’impact sur les températures et les précipitations. Signalons que l’étude couvre une période de 30 ans, soit entre 1988 et 2017.
« Le changement climatique dans le sud du Québec, c’est très simple. Tout va bien jusqu’au début des années 1990, et là, la température se met à monter. Ça veut dire que le changement climatique, on baigne dedans depuis 30 ans », souligne Florent Barbecot, professeur au département des sciences de la Terre et de l’atmosphère à l’UQAM et coauteur de l’étude. « On sait que tout le sud du Québec est en changement climatique, mais comment se comportent les villes dans ce changement ? On sait que les villes sont beaucoup plus sensibles [au changement climatique]. C’est ça, l’objectif de l’étude », précise-t-il.
Les chercheurs ont pu analyser les données quotidiennes de température minimale et maximale ainsi que les données de précipitations pour chacune des quatre villes. Les quantités de précipitations (pluie et neige) ainsi que leur fréquence ont été prises en compte. En parallèle, Toronto, Ottawa, Montréal et Québec ont vu leur population augmenter au cours des 30 dernières années, entraînant une hausse des permis de construction. À Montréal, par exemple, le nombre de permis de construction a doublé entre 2001 et 2018, souligne-t-on. Une tendance qui a fait apparaître plusieurs îlots de chaleur dans la métropole. La minéralisation des grandes villes est d’ailleurs l’un des principaux facteurs des températures à la hausse en milieu urbain.
Entre 1988 et 2017, Montréal a enregistré une hausse de la température minimale moyenne de 2,4 degrés, suivi de Québec (2,3 degrés), d’Ottawa (2,1 degrés) et de Toronto (1,6 degré). Québec et Montréal ont aussi affiché des températures minimales moyennes de 2,0 °C et 1,5 °C supérieures aux zones rurales avoisinantes pendant cette même période, loin devant Toronto (0,9 °C) et Ottawa (0,3 °C). Les deux villes québécoises ont également connu une baisse plus importante de la fréquence des précipitations, bien que les quantités totales soient demeurées relativement stables. Rappelons que le consortium québécois Ouranos prévoit que les températures moyennes pourraient grimper de plus de 4 °C à Montréal et à Québec d’ici la fin du siècle dans un scénario d’émissions élevées de gaz à effet de serre (GES).
« On peut faire une analogie entre une ville et un humain. Les deux fonctionnent de la même manière. Tant qu’on est capables de transpirer, on est capables de réguler la température de notre corps. La ville, c’est exactement la même chose. Si la ville est capable de transpirer, si elle a de l’eau pour transpirer, elle va se comporter comme le reste de l’environnement », explique Florian Barbecot. Or, la clé pour favoriser cette évapotranspiration, ce sont les végétaux, ajoute-t-il. Selon lui, la ville a besoin de plus d’arbres, de bâtiments et de toits végétalisés. « On ne va pas inventer des matériaux ultra technologiques alors qu’on a une technologie verte qui marche déjà : les arbres ! »
Lisez l’étude parue dans la revue Urban Climate (en anglais)
(Washington) Pour un neuvième mois consécutif, la Terre a battu des records de chaleur à l’échelle mondiale : le mois de février, l’hiver dans son ensemble et les océans de la planète ont établi de nouvelles marques de température élevée, selon l’agence climatique de l’Union européenne Copernicus.
PHOTO CHARLIE RIEDEL, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
(Washington) Pour un neuvième mois consécutif, la Terre a battu des records de chaleur à l’échelle mondiale : le mois de février, l’hiver dans son ensemble et les océans de la planète ont établi de nouvelles marques de température élevée, selon l’agence climatique de l’Union européenne Copernicus.
Publié hier à 9h33
Seth Borenstein Associated Press
Parmi les derniers records battus dans le cadre de cette vague de chaleur mondiale alimentée par le changement climatique, les températures de surface des océans n’ont pas seulement été les plus chaudes du mois de février, mais ont éclipsé tous les mois enregistrés, dépassant la marque du mois d’août 2023 et continuant à augmenter à la fin du mois. Le mois de février, ainsi que les deux mois d’hiver précédents, ont largement dépassé le seuil fixé au niveau international pour le réchauffement à long terme, a prévenu mercredi Copernicus.
Le dernier mois qui n’a pas établi de record de chaleur a été mai 2023, juste derrière 2020 et 2016. Les records de Copernicus sont tombés régulièrement à partir de juin.
En février 2024, la température moyenne a été de 13,54 degrés Celsius, battant l’ancien record de 2016 d’environ un huitième de degré. Selon les calculs de Copernicus, le mois de février a été plus chaud de 1,77 degré Celsius que la fin du XIXe siècle. Seul le mois de décembre dernier a été plus chaud que février par rapport aux niveaux préindustriels.
Dans l’accord de Paris de 2015, le monde s’est fixé pour objectif de maintenir le réchauffement à 1,5 degré Celsius ou en dessous. Les chiffres de Copernicus sont mensuels et ne correspondent pas tout à fait au système de mesure du seuil de Paris, dont la moyenne est calculée sur deux ou trois décennies. Mais les données de Copernicus montrent que les huit derniers mois, à partir de juillet 2023, ont dépassé 1,5 degré de réchauffement.
Les climatologues affirment que la majeure partie de ce record de chaleur est due au changement climatique provoqué par l’homme et aux émissions de dioxyde de carbone et de méthane provenant de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz naturel. La chaleur supplémentaire provient d’un phénomène naturel, El Niño, un réchauffement du Pacifique central qui modifie les schémas météorologiques mondiaux.
« Compte tenu de l’intensité du phénomène El Niño depuis le milieu de l’année 2023, il n’est pas surprenant que les températures mondiales soient supérieures à la normale, car El Niño pompe la chaleur de l’océan vers l’atmosphère, ce qui fait augmenter les températures de l’air. Mais l’ampleur des records battus est alarmante », a estimé Jennifer Francis, climatologue au Woodwell Climate Research Center, qui n’a pas participé aux calculs.
« Nous constatons également l’existence d’un “point chaud” au-dessus de l’Arctique, où le réchauffement est beaucoup plus rapide que sur l’ensemble du globe, ce qui entraîne une cascade d’effets sur les pêcheries, les écosystèmes, la fonte des glaces et la modification des courants océaniques, qui ont des conséquences durables et de grande ampleur », a ajouté Mme Francis.
Selon Francesca Guglielmo, climatologue senior chez Copernicus, les températures record de l’océan en dehors du Pacifique, où se concentre El Niño, montrent qu’il ne s’agit pas seulement d’un effet naturel.
La température de surface de la mer dans l’Atlantique Nord a atteint un niveau record ― par rapport à une date précise ― chaque jour pendant une année entière depuis le 5 mars 2023, « souvent avec des marges apparemment impossibles », selon Brian McNoldy, spécialiste des sciences tropicales à l’université de Miami.
Ces autres zones océaniques « sont un symptôme de la chaleur piégée par les gaz à effet de serre qui s’accumule depuis des décennies, a expliqué Mme Francis dans un courriel. Cette chaleur émerge maintenant et pousse les températures de l’air vers des territoires inexplorés. »
« Ces températures anormalement élevées sont très inquiétantes, a déclaré Natalie Mahowald, climatologue à l’université de Cornell. Pour éviter des températures encore plus élevées, nous devons agir rapidement pour réduire les émissions de CO2. »
Cet hiver – décembre, janvier et février – a été le plus chaud de près d’un quart de degré, battant ainsi 2016, qui était également une année El Niño. La période de trois mois a été la plus chaude jamais enregistrée au cours d’une saison par rapport aux niveaux préindustriels dans les archives de Copernicus, qui remontent à 1940.
Mme Francis a déclaré que sur une échelle de 1 à 10 pour évaluer la gravité de la situation, elle donne à ce qui se passe actuellement « un 10, mais bientôt, nous aurons besoin d’une nouvelle échelle, car ce qui est un 10 aujourd’hui sera un 5 à l’avenir, à moins que la société ne parvienne à stopper l’accumulation des gaz qui retiennent la chaleur ».
Selon Mme McKenna, les libéraux ont laissé le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, prendre le contrôle du message en plaçant entre autres le slogan Abolir la taxe au cœur de sa plateforme. Je ne sais pas pourquoi ils lui ont cédé la parole […]. Il ne parle jamais de la manière dont l’argent […] est retourné aux gens, affirme-t-elle.
L’ex-ministre libérale, qui travaille maintenant comme présidente-directrice générale de la firme Climate and Nature Solutions, fait référence à la redevance tirée des recettes du prix sur le carbone, qui est versée aux Canadiens tous les trois mois. Le directeur parlementaire du budget estime qu’environ 8 ménages sur 10 reçoivent plus d’argent qu’ils n’en dépensent, avec la tarification.
Selon une nouvelle étude, l’écosystème avec lequel les humains sont devenus familiers, comprenant des oiseaux urbains, des insectes et d’autres animaux, devrait connaître un bouleversement en raison du changement climatique.
PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE
Une outarde se promène sur le boulevard LaSalle, à Montréal.
Selon une nouvelle étude, l’écosystème avec lequel les humains sont devenus familiers, comprenant des oiseaux urbains, des insectes et d’autres animaux, devrait connaître un bouleversement en raison du changement climatique.
Publié hier à 22h05
Bob Weber La Presse Canadienne
« La nature avec laquelle les gens interagissent n’est pas celle de Banff ou d’un parc provincial », a expliqué Alessandro Filazzola, auteur principal d’un article publié mercredi dans la revue PLOS One. « Elle se trouve dans leur cour. »
« Les villes ne bougent pas. Si vous restez immobile pendant que le monde bouge autour de vous, qu’arrivera-t-il à toute la faune sauvage que vous connaissez ? »
Pour répondre à cette question, M. Filazzola, du Centre des environnements urbains de l’Université de Toronto, a mené une simulation combinant huit modèles climatiques différents avec un énorme ensemble de données détaillant les observations de 2019 espèces différentes provenant de 60 villes d’Amérique du Nord.
Cette combinaison a permis à lui et ses collègues, d’estimer la fréquence de chaque animal dans son environnement actuel, son étendue de répartition et la manière dont les changements climatiques tels que la température et les précipitations pourraient affecter son avenir.
D’une part, les villes aux climats tempérés comme celles du Canada pourraient accueillir de nouveaux animaux.
D’ici la fin du siècle, des villes comme Ottawa et Edmonton pourraient devenir accueillantes pour des centaines de nouvelles espèces tout en perdant leur habitat pour une vingtaine d’entre elles.
La ville de Québec est la championne. La simulation de M. Filazzola suggère que la capitale québécoise pourrait abriter plus de 500 nouvelles espèces.
« Lorsque nous obtenons ces températures légèrement plus chaudes et ces changements dans les régimes de précipitations, beaucoup plus d’espèces vont arriver que partir », a-t-il soutenu.
En revanche, les animaux les plus susceptibles d’en profiter sont ceux déjà répandus. Les espèces régionales risquent d’être perdantes.
« Si une espèce est largement répandue, comme les ratons laveurs, la probabilité que le changement climatique les fasse quitter une ville est très faible. C’est dans les espèces locales-celles que l’on ne voit que dans quelques villes-que l’on constate un changement ».
Et bon nombre de ces nouveaux arrivants sont probablement des insectes. Des variétés de mille-pattes, de papillons, d’araignées et de cafards sont susceptibles d’apparaître dans des endroits où ils ne sont jamais allés auparavant, suggère M. Filazzola.
La répartition des oiseaux chanteurs est susceptible de diminuer. Celle des renards aussi. Mais le nombre de pélicans et de plusieurs espèces de lézard est susceptible d’augmenter.
Selon l’étude, les villes les plus susceptibles de perdre plus d’espèces qu’elles n’en gagnent se trouvent généralement dans le sud-est des États-Unis. C’est la ville d’Atlanta qui en souffrira le plus.
M. Filazzola prévient que les projections de son étude ne se réaliseront pas nécessairement. Le climat n’est pas le seul facteur qui influence l’endroit où une espèce peut vivre.
Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles une espèce vivrait ou non dans une ville. Il se peut qu’il n’y ait pas de nourriture lorsqu’elle y arrive, il pourrait y avoir un prédateur qui la mange.
Alessandro Filazzola, auteur principal de l’article
Mais des changements sont à venir, dit-il, et pas seulement dans les grands paysages auxquels nous avons tendance à penser lorsque nous parlons de nature.
« Nous tenons pour acquis ce qui se passe dans notre jardin. Mais il s’y passe beaucoup de choses en plus de quelques espèces communes. »
Le changement radical qui pourrait se produire a des implications pour la lutte antiparasitaire et d’autres services qui dépendent de l’environnement. Et cela pourrait changer la façon dont nous percevons notre propre habitat.
« Imaginez entendre différents oiseaux le matin lorsque vous sortez prendre votre café, a supposé M. Filazzola. C’est un (changement) très important. »