Changements climatiques

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Changements climatiques en Gaspésie La mer frappe à la porte

La Gaspésie est aux premières loges des changements climatiques. C’est le cas d’une rue de Maria, un petit « paradis » sur le bord de la baie des Chaleurs qui a été secoué au cours de l’hiver par trois tempêtes majeures, du jamais vu.
Publié hier à 5h00

Résumé

« Le pire hiver de notre vie »

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Selon les projections des autorités, la rue des Tournepierres serait submergée dans 50 ans.

(Maria, Gaspésie) Rue des Tournepierres, certains veulent rester. D’autres ont choisi de partir. Tous se demandent ce qui les attend. Pour beaucoup, « c’est vraiment un drame », lâche le maire de Maria.

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Texte : Gabriel Béland
Texte : Gabriel Béland La Presse


Photos : François Roy
Photos : François Roy La Presse

Debout sur sa terrasse, Joanne Audet fait un geste vers la baie des Chaleurs privée de glace. « L’été, c’est un paradis ici. »

Le « paradis » en question s’appelle la rue des Tournepierres, à Maria. Imaginez une quarantaine de maisons le long de la baie, l’odeur de la mer, le bruit des vagues.

Joanne et son conjoint, Marcel, se sont installés ici en 2015 avec l’idée de couler leurs vieux jours. Mais tout s’apprête à changer.

Après un hiver durant lequel leur petite maison a bravé trois tempêtes majeures – du jamais vu ici –, ils ont reçu une lettre du gouvernement : leur propriété est menacée par un risque imminent. Sept autres propriétaires de la rue ont reçu la lettre.

Ils sont prêts à partir. Ils ne sont pas les seuls.

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Marcel Breton et sa conjointe Joanne Audet sur leur terrasse face à la mer. Leur petite maison a essuyé trois tempêtes majeures durant l’hiver.

Ç’a été le pire hiver de notre vie. La mer a débordé partout. C’est rentré de partout. C’était la panique.

Joanne Audet, 64 ans, résidante la rue des Tournepierres, à Maria

« La mer éclaboussait la porte-patio », se souvient Marcel Breton, 71 ans. Ils ont dû être évacués par les pompiers. « C’était notre retraite, ici », laisse tomber l’homme, d’un air dépité.

Quand les premiers habitants de la rue des Tournepierres se sont installés ici il y a plus de 40 ans, il y avait encore de la glace sur la baie des Chaleurs en hiver. Il y en avait encore un peu il y a 30 ans quand la municipalité a construit le réseau de distribution d’eau et les égouts de la rue.

Mais la glace sur la baie se fait de plus en plus rare. Et avec le réchauffement du climat et de l’océan, les experts s’attendent à en voir de moins en moins. C’était cette glace qui protégeait la rue des tempêtes hivernales.

Rue des Tournepierres, tous se demandent ce qui les attend. En octobre, lors d’une rencontre organisée par Maria et le ministère de la Sécurité publique (MSP), on a présenté aux citoyens des cartes qui prédisaient que la rue serait submergée dans 50 ans.

« Dans 50 ans, moi, je vais être morte », lâche Danielle Cyr, 76 ans, rencontrée pendant qu’elle faisait sa marche dans l’air salin du petit matin.

Mme Cyr fait partie de ceux qui veulent rester. Certaines maisons de la rue sont moins affectées par les tempêtes… pour l’instant.

On n’est pas les seuls. Tout le tour de la Gaspésie, il y a des gens sur le bord de la mer. Est-ce qu’ils vont exproprier tout le monde autour de la Gaspésie ?

Danielle Cyr, 76 ans, résidante la rue des Tournepierres, à Maria

Des millions pour sécuriser la berge

« En Gaspésie, ils ont perdu la morue, la crevette, le train, l’autobus et maintenant ils vont perdre leur maison ? », se demande, incrédule, l’un des propriétaires de la rue, Henri-Pierre Laridan. Ce néo-Gaspésien d’origine corse a bien l’intention de rester. Sa maison n’a pas connu de dégâts. Et il attend avec impatience une annonce sur des investissements pour protéger la rue.

Maria s’est fait promettre 10 millions de Québec pour aménager des protections côtières en 2022. La ministre de la Sécurité publique d’alors, Geneviève Guilbault, s’était même déplacée sur place pour l’annonce.

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Le secteur commercial de Maria est également jugé à risque.

Les ingénieurs du ministère de la Sécurité publique (MSP) et la municipalité de Maria sont en train de concevoir des solutions techniques pour protéger la rue, mais aussi le secteur commercial de la municipalité, qui est à risque et où se trouve l’unique épicerie.

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Gilles Savoie a passé un seul hiver rue des Tournepierres en tant que locataire, et ce sera son dernier. Il a dû évacuer la maison deux fois. « C’est une belle place. Les gens qui vont perdre ça vont perdre beaucoup. »

Mais l’océan n’attend pas les analyses. Les trois tempêtes de l’hiver ont décidé le MSP à envoyer d’urgence à huit propriétaires une lettre les informant que leur propriété est menacée par un « risque imminent ». D’autres lettres du genre pourraient suivre dans la rue des Tournepierres, selon nos informations.

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Le ministère de la Sécurité publique a informé huit propriétaires de la rue des Tournepierres que leur résidence court un « risque imminent ».

Selon la valeur des propriétés, certains pourraient recevoir jusqu’à 385 000 $ en dédommagement s’ils choisissent de partir. Les fonds proviendront du Programme général d’assistance financière (PGAF) lors de sinistres du MSP.

Joanne et Marcel ont l’intention d’accepter l’offre du gouvernement et de quitter leur rue adorée. « On a beaucoup de peine, c’est dur, mais on sait qu’il faut partir », lâche Joanne. « On sait qu’on ne peut pas aller contre ça. La mer veut reprendre sa place. »

Ceux qui restent

Maria et le MSP vont organiser une rencontre en mai ou en juin pour présenter aux habitants les solutions techniques qui existent pour protéger les berges. Mais le maire de Maria ne s’attend pas à un miracle. « Si vous êtes assis dans votre cuisine et qu’il y a un mur de pierre en avant et vous ne voyez rien, ce n’est peut-être pas une solution », lâche Jean-Claude Landry.

Il faudra faire des choix. Et le temps presse : la décision de Québec d’offrir à huit propriétaires un dédommagement pour quitter la rue sans attendre cette rencontre en est la preuve.

« On ne voudrait surtout pas qu’il se présente un évènement comme à Baie-Saint-Paul au printemps, prévient le maire. Les pompiers ont dû intervenir. Deux sont morts noyés. »

Le maire indique que la municipalité veut créer un lotissement dans les terres où des habitants de la rue qui le souhaitent pourraient se reloger.

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Jean-Claude Landry, maire de Maria

Il y a des retraités là depuis 25 ans. Ils sont très attachés au milieu, à la baie des Chaleurs. Pour eux, avoir à déménager sera tout un deuil. C’est vraiment un drame.

Jean-Claude Landry, maire de Maria

Ceux qui veulent partir de la rue ne sont pas les seuls à se faire du mauvais sang. Ceux qui restent se demandent ce qui subsistera de leur milieu de vie quand de nombreux voisins seront partis.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

La maison du Dr Philippe Aubin lui sert également de lieu de travail.

« Le pire qui puisse arriver, ce serait que la municipalité abandonne l’aqueduc, arrête d’entretenir la route et les citoyens qui sont là vont s’arranger », lâche le Dr Philippe Aubin.

Ce médecin de famille nous accueille dans sa maison de la rue des Tournepierres, là même où il reçoit ses patients pour des consultations. La maison baignée de lumière est la plus haute de la rue. Le Dr Aubin dit comprendre ceux qui font le choix de partir. Lui ne craint pas la montée des eaux. Il se prépare à rester.

Au cours de l’hiver, sa maison n’a pas subi de dégâts, mais a été entourée d’eau deux fois. Il a été forcé d’annuler une poignée de rendez-vous : les patients ne pouvaient tout simplement pas se rendre chez lui.

Le Dr Aubin dénonce une communication alarmiste de la municipalité. Selon lui, « les émotions ont pris le dessus ».

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Si la maison du Dr Philippe Aubin a été épargnée lors des tempêtes de l’hiver, elle s’est tout de même retrouvée entourée d’eau à deux reprises.

La municipalité laissait croire qu’une catastrophe imminente allait se passer ici, comme un tsunami. Mais ce qui nous arrive ici, ce n’est pas un tsunami.

Le Dr Philippe Aubin, résidant de la rue Tournepierres

« Les gens ici sur la rue ont compris que la municipalité voulait les forcer à s’en aller. »

Plusieurs sont de l’avis du Dr Aubin et ont choisi de rester. D’autres rêvent de partir, mais se sentent coincés. Une dame rencontrée devant sa maison explique, dépitée, qu’elle n’a pas reçu la fameuse lettre du gouvernement. Comment vendre sa maison après les évènements de l’hiver ?

« J’ai 76 ans, penses-tu que je veux vivre le reste de ma vie à regarder la mer monter au mois de novembre ? J’ai d’autres choses à faire », lâche celle qui a demandé de ne pas être nommée.

La dame a appelé au MSP. Elle a demandé si elle allait aussi recevoir une compensation pour partir. Elle n’a pas eu de réponse satisfaisante. En attendant, elle dit se sentir « prise » dans une « espèce d’anxiété ». Si le gouvernement lui faisait une offre « raisonnable », elle partirait demain matin.

« Ça fait 18 ans que je suis là, 18 ans de belle vie. C’est beau ici, c’est magnifique, ça me crève le cœur de partir. »

« Désastre », « catastrophe », les partis d’oppositions réclament que le gouvernement Legault dépose un plan d’adaptation et d’aide pour les riverains qui feront face aux changements climatiques avec sa nouvelle carte des zones inondables.

Publié à 15h40


Charles Lecavalier
Charles Lecavalier La Presse

« Des gens pourraient perdre énormément d’argent sur la valeur de leur maison. Leur terrain ne vaudra plus rien. Des villages entiers pourraient se dévitaliser. C’est catastrophique », affirme la députée libérale Virginie Dufour.

Résumé

Nouvelles zones inondables Les partis d’opposition craignent une « catastrophe »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Les nouvelles cartes des zones inondables doivent être rendues publiques prochainement par le ministère de l’Environnement.

« Désastre », « catastrophe », les partis d’oppositions réclament que le gouvernement Legault dépose un plan d’adaptation et d’aide pour les riverains qui feront face aux changements climatiques avec sa nouvelle carte des zones inondables.

Publié à 15h40

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Charles Lecavalier
Charles Lecavalier La Presse

« Des gens pourraient perdre énormément d’argent sur la valeur de leur maison. Leur terrain ne vaudra plus rien. Des villages entiers pourraient se dévitaliser. C’est catastrophique », affirme la députée libérale Virginie Dufour.

Le député de Québec solidaire Etienne Grandmont est du même avis : « Ce n’est pas aux gens qui se sont installés en toute légalité dans ces endroits de payer seuls le coût de notre inaction collective [face aux changements climatiques]. C’est au gouvernement du Québec de prendre acte », laisse-t-il tomber.

Les deux élus demandent au gouvernement du Québec de rassurer les dizaines de milliers, voir centaines de milliers de personnes qui résident dans les zones qui seront étiquetées comme inondables avec la refonte des règles qui sera annoncée prochainement par le ministre de l’Environnement Benoit Charette.

La Presse rapportait au matin l’histoire de Suzanne Leblanc, une femme en perte d’autonomie, contrainte d’utiliser une toilette sèche et de se laver à la débarbouillette, car elle ne peut adapter sa maison en raison des règles de zone inondable. Malgré le soutien de sa municipalité, le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) ne permet aucune exception.

Lisez notre dossier « Prisonniers des zones inondables »

Multiplier par quatre la superficie des zones inondables

Restrictions réglementaires, perte de valeur, difficulté à vendre sa résidence et à s’assurer. De nombreux propriétaires pourraient se retrouver pris avec leur maison en raison des nouvelles cartes de zones inondables en préparation, selon des élus municipaux et des experts.

Le nouveau règlement en préparation au ministère de l’Environnement ajoutera une troisième zone, celle de « 100-350 ans », selon un document obtenu par La Presse. Il y aura également un « relèvement généralisé des cotes de crues » pour prendre en compte la fréquence des crues des dernières années et les impacts des changements climatiques, notamment les risques de défaillance des efforts de retenue d’eau par Hydro-Québec dans le Nord.

« Ça va être énorme », laisse tomber la libérale Virginie Dufour, qui connaît bien le dossier. Cette ancienne élue municipale à Laval a travaillé sur ce dossier en 2020, lorsque l’État québécois a donné un coup de barre après les inondations de 2017 et 2019.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Virginie Dufour

Avec le 0-350 an, elle estime qu’on va « élargir de trois à quatre fois les zones couvertes par le 0-100 an ». Elle craint que les assureurs et les prêteurs hypothécaires se servent de cette information pour quitter ces marchés, comme Desjardins l’a fait dans le 0-20 an. « Ça fait peur. Toutes ces propriétés seront à risque de ne plus être hypothéquées. C’est inquiétant. Ces gens vont-ils perdre leur maison ? Je n’entends pas le gouvernement sur cet enjeu. Est-il prêt à prendre la relève ? », laisse-t-elle tomber.

Le REM en zone inondable ?

Elle croit même que « des quartiers entiers se construisent en ce moment » dans des zones qui seront jugées à risque. « Le REM de l’ouest à Laval, il passe dans des zones comme ça. On est en train d’ouvrir, peut-être, une boîte de Pandore. Mais je ne vois pas où on pousse vers la résilience », dit-elle. Elle estime que l’État devrait promouvoir la construction de digues et de murets pour « protéger physiquement » les quartiers.

Quant au carcan réglementaire qui a empêché Mme Leblanc de s’aménager une salle de bain, « elle est loin d’être la seule dans sa situation », affirme Mme Dufour. « Des citoyens m’ont déjà contacté à ce sujet. Des gens se sont retrouvés prisonniers, à ne pas pouvoir faire ce qu’ils pensaient pouvoir faire avec leur terrain », dit-elle.

Quelqu’un qui voudrait construire une maison sur pilotis ou une maison résiliente, il ne peut pas plus le faire. Certains secteurs sont complètement paralysés, alors qu’il y a des solutions. On n’est pas le seul endroit dans le monde à vivre des inondations.

Virginie Dufour

« Elle est où notre adaptation ? Je ne la vois pas. Ça fait cinq ans que le gouvernement planche là-dessus. C’est trop long », laisse-t-elle tomber.

Mme Dufour doute également des cartes du ministère de l’Environnement. La prévision des crues est une « science complexe ». Pour contester les cotes du ministère, la ville de Laval avait dû payer une étude au coût de 1,5 million de dollars « pour une seule rivière ».

Elle craint que les cartes soient faites avec un « trait très grossier ». « C’est important de connaître notre territoire, mais je suis loin d’être convaincue que les cotes qui vont sortir de cet exercice vont refléter la réalité », affirme-t-elle.

Aide financière

De son côté, le solidaire Etienne Grandmont demande que l’État québécois dénombre les résidences qui seront en zone inondable avec son nouvel exercice de cartographie. Pour l’instant, les ministères de la Sécurité publique et de l’Environnement l’ignorent.

« La donne a changé [avec les changements climatiques]. Ce n’est pas les personnes qui sont fautives. On demande de mettre en place un inventaire des résidences touchées par la nouvelle cartographie, pour mesurer l’ampleur du phénomène, et établir les fonds qu’on doit rendre disponibles », affirme-t-il.

Il estime que l’État québécois doit être là pour aider financièrement les propriétaires touchés. Sans quoi il craint que ces derniers se retrouvent « prisonniers » de leur demeure. « Ils ne pourront jamais la revendre. […] Il faut que le gouvernement soit la pour rassurer tout le monde », dit-il.

Dans une déclaration écrite, le député du Parti québécois Joël Arseneau demande lui aussi de l’aide pour les citoyens. « Il est clair que le dépôt d’un nouveau cadre, d’une nouvelle cartographie des zones inondables exigera des mesures d’adaptation et de soutien aux communautés et aux propriétaires de résidences touchés. On ne peut faire porter sur leurs seules épaules cette conséquence des changements climatiques », a-t-il expliqué.

Il souligne également que son parti avait proposé lors de la dernière campagne électorale « un Fonds de transition juste pour aider les citoyens à faire face aux impacts des changements climatiques pour qu’ils ne soient pas les seuls à porter ce fardeau ».

Réchauffement des océans Les scientifiques sonnent l’alarme

PHOTO ROMEO GACAD, ARCHIVE AGENCE FRANCE-PRESSE

La température des océans, qui recouvrent 70 % de la Terre et jouent un rôle clé dans la régulation du climat mondial, a atteint un nouveau record absolu en mars, avec 21,07 °C de moyenne mesurés en surface, hors zones proches des pôles, selon l’observatoire européen Copernicus.

(Barcelone) L’augmentation vertigineuse de la température des océans alarme les scientifiques, qui appellent à renforcer la recherche sur les changements à l’œuvre et craignent des effets dévastateurs sur le climat dans son ensemble.

Publié à 7h01

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Réchauffement des océans Les scientifiques sonnent l’alarme

PHOTO ROMEO GACAD, ARCHIVE AGENCE FRANCE-PRESSE

La température des océans, qui recouvrent 70 % de la Terre et jouent un rôle clé dans la régulation du climat mondial, a atteint un nouveau record absolu en mars, avec 21,07 °C de moyenne mesurés en surface, hors zones proches des pôles, selon l’observatoire européen Copernicus.

(Barcelone) L’augmentation vertigineuse de la température des océans alarme les scientifiques, qui appellent à renforcer la recherche sur les changements à l’œuvre et craignent des effets dévastateurs sur le climat dans son ensemble.

Publié à 7h01

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Rosa SULLEIRO Agence France-Presse

« Les changements se produisent si rapidement que nous ne sommes pas en mesure d’en suivre l’impact », reconnaît Vidar Helgesen, secrétaire exécutif de la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO, pour qui « s’attaquer au réchauffement des océans est urgent ».

« Un effort beaucoup plus important d’observation et de recherche en temps réel est nécessaire », a-t-il dit à l’AFP lors de la conférence de la Décennie des Océans qui s’achève vendredi à Barcelone et a réuni 1500 scientifiques, représentants d’États ou d’organisations.

La température des océans, qui recouvrent 70 % de la Terre et jouent un rôle clé dans la régulation du climat mondial, a atteint un nouveau record absolu en mars, avec 21,07 °C de moyenne mesurés en surface, hors zones proches des pôles, selon l’observatoire européen Copernicus.

Cette surchauffe, qui ne cesse mois après mois de s’aggraver depuis un an, menace la vie marine et entraîne une humidité plus importante dans l’atmosphère, synonyme de conditions météorologiques plus instables, comme des vents violents et des pluies torrentielles.

Capacité pas « infinie »

Selon les spécialistes, les océans ont absorbé depuis le début de l’ère industrielle 90 % de l’excès de chaleur provoqué par l’activité humaine. Les milieux marins, qui produisent près de la moitié de l’oxygène que nous respirons, ont ainsi permis à la surface de la Terre de rester habitable.

« L’océan a une capacité thermique beaucoup plus grande que l’atmosphère, il absorbe beaucoup plus de chaleur, mais il ne peut pas l’absorber à l’infini », avertit Cristina González Haro, chercheuse à l’Institut des sciences de la mer de Barcelone.

Selon une étude de référence publiée en janvier, les océans ont encore absorbé en 2023 une quantité d’énergie colossale, pouvant faire bouillir des « milliards de piscines olympiques ».

L’un des objectifs majeurs de la Décennie de l’océan (2021-2030) est de tenter d’élargir les connaissances sur le réchauffement et de décrypter ses multiples implications, pour tenter de les limiter.

« Nous ignorons encore beaucoup de choses sur les océans. Nous n’avons cartographié qu’environ 25 % des fonds marins de la planète et, dans le même temps, nous devons cartographier et surveiller en direct les changements qui se produisent en raison du changement climatique », souligne M. Helgesen.

Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), une agence de l’ONU, plus de 90 % des océans de la planète ont connu à un moment de l’année 2023 des vagues de chaleur, avec un impact direct sur le climat et les écosystèmes sur l’ensemble de la planète… quelle que soit la distance qui les sépare de la mer.

« On est sur une trajectoire qui interroge beaucoup les scientifiques et on se demande si on n’a pas sous-estimé le réchauffement climatique à venir », a mis en garde à Barcelone Jean-Pierre Gattuso, spécialiste au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) français.

Tout compte

Les difficultés de mise en œuvre des grands accords internationaux sur l’environnement, comme l’Accord de Paris conclu en 2015 pour tenter de limiter le réchauffement climatique, n’invitent cependant pas à l’optimisme, selon les scientifiques.

« Nous sommes nombreux à être quelque peu frustrés de voir que, malgré les démonstrations scientifiques du changement climatique et de ses conséquences, la mise en œuvre de l’accord de Paris soit aussi lente, aussi difficile, aussi douloureuse. Ça n’augure rien de bon » pour le futur, a déploré M. Gattuso.

Les chercheurs font toutefois état de quelques signaux positifs, comme l’adoption en 2023 par les États membres de l’ONU – après quinze ans de discussions – d’un traité historique de protection de la haute mer.

« Si je pouvais adresser un message aux décideurs, présidents, premiers ministres ou chefs d’entreprise, je pense que ce serait : “prenez un moment dans votre agenda chargé et regardez dans les yeux vos enfants et petits-enfants” », a exhorté M. Helgesen.

Un appel relayé par Jean-Pierre Gattuso : « chaque dixième de degré compte, chaque année de gagnée compte et il n’est jamais trop tard. Il ne faut absolument pas se démobiliser ».

Au moment où le réchauffement planétaire s’accélère, l’idée de manipuler le climat de notre planète apparaît de plus en plus séduisante pour certains experts. Un débat qui divise cependant la communauté scientifique quant aux éventuelles percées de la géoingénierie. Faut-il tout miser sur la technologie pour compenser notre échec collectif à réduire nos émissions de gaz à effet de serre ?

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Géoingénierie Des sorciers du climat

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De la fumée et de la lave s’échappent du Ruang, en Indonésie, le 17 avril.

Au moment où le réchauffement planétaire s’accélère, l’idée de manipuler le climat de notre planète apparaît de plus en plus séduisante pour certains experts. Un débat qui divise cependant la communauté scientifique quant aux éventuelles percées de la géoingénierie. Faut-il tout miser sur la technologie pour compenser notre échec collectif à réduire nos émissions de gaz à effet de serre ?

Publié à 1h17 Mis à jour à 5h00

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Éric-Pierre Champagne
Éric-Pierre Champagne La Presse

L’idée en soi n’est pas nouvelle. La nature offre elle-même des exemples de géoingénierie qui peuvent s’avérer très efficaces pour ralentir la hausse des températures sur Terre. C’est le cas notamment des volcans : lors d’une éruption, le panache de cendres peut contribuer à refroidir l’atmosphère en bloquant les rayons du Soleil.

L’éruption du Pinatubo, aux Philippines, en 1991, avait ainsi entraîné une baisse de la température mondiale de 0,5 °C en 1992. Mais elle avait aussi tué des centaines de personnes, déplacé des milliers d’autres tout en frappant durement l’économie du pays, faut-il souligner.

Dans une série d’articles publiés sur le thème « Gagner du temps » (Buying time), le journaliste Christopher Flavelle, du New York Times, s’est intéressé récemment aux nouvelles percées de la géoingénierie. L’idée avancée par certains scientifiques, c’est qu’il faut se donner plus de temps pour réduire nos émissions polluantes alors qu’il est presque certain qu’il sera impossible de limiter le réchauffement à 1,5 °C, voire 2 °C au-dessus du niveau enregistré au début de l’ère préindustrielle.

Dans cette optique, le recours à la géoingénierie serait temporaire, le temps justement de procéder aux changements nécessaires dans nos sociétés pour atteindre la carboneutralité. Un exemple serait de relâcher des aérosols dans l’atmosphère pour bloquer les rayons solaires. Une stratégie, comme d’autres, qui est loin de faire l’unanimité cependant.

PHOTO DAVID GRAY, ARCHIVES REUTERS

Centrale électrique au charbon à Pékin

Deux camps s’opposent

En janvier 2022, une soixantaine de chercheurs ont publié un projet d’accord de non-utilisation de la géoingénierie solaire, qui a recueilli depuis l’appui de plus de 500 scientifiques partout dans le monde, dont le climatologue Michael Mann.

PHOTO PETE MAROVICH, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Le climatologue Michael Mann

Leur argument principal, c’est que « le déploiement de la géoingénierie solaire ne peut être régi de manière équitable au niveau mondial et présente un risque inacceptable s’il est mis en œuvre en tant qu’option future de la politique climatique ».

Un an plus tard, en février 2023, une centaine de scientifiques, dont le climatologue américain James Hansen, ont publié une lettre ouverte appelant au contraire à mener plus de recherches sur la géoingénierie. « Le niveau actuel des connaissances sur les interventions de MRS [modification du rayonnement solaire] n’est pas suffisant pour détecter, attribuer ou prévoir leurs conséquences sur les risques climatiques. […] Si nous soutenons pleinement la recherche sur les approches MRS, cela ne signifie pas que nous soutenons l’utilisation des MRS », ont-ils néanmoins précisé dans leur missive.

PHOTO MICHAEL NAGLE, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Le climatologue James Hansen

On pourrait avoir l’impression que la communauté scientifique est divisée sur cet enjeu, mais ce n’est pas vraiment le cas, estime Alejandro Di Luca, professeur au département des sciences de la Terre et de l’atmosphère à l’UQAM.

Ce n’est pas vraiment divisé en deux camps égaux. La majorité des scientifiques sont dans le camp du non.

Alejandro Di Luca, professeur au département des sciences de la Terre et de l’atmosphère à l’UQAM

« En raison de la complexité du système climatique, c’est l’argument principal pour lequel beaucoup d’entre nous sont très mal à l’aise avec l’utilisation de la géoingénierie », ajoute-t-il. Un enjeu qui lui fait d’ailleurs penser au film Déni cosmique (Don’t Look Up) où les autorités décident de recourir à la technologie pour récupérer les précieux métaux présents sur une comète qui va détruire la Terre. Une stratégie qui mène d’ailleurs à la destruction de notre planète dans cette fiction du cinéaste Adam McKay.

PHOTO LUISA GONZALEZ, ARCHIVES REUTERS

Le réservoir du lac San Rafael, en Colombie, à sec au début du mois d’avril

Une solution qui n’est pas une panacée

Alain Létourneau, professeur de philosophie de l’Université de Sherbrooke, rappelle que la géoingénierie ne permet pas de s’attaquer au problème, mais plutôt de contrôler les symptômes du changement climatique. « Tout le monde est d’accord sur le fait qu’il faut réduire nos émissions. C’est la chose principale à faire. Mais force est de constater que l’on continue, année après année, d’augmenter la production de gaz à effet de serre », signale-t-il.

C’est d’ailleurs dans ce contexte qu’il envisage la possibilité de recourir à la géoingénierie. « Si à un moment donné, on avait des outils technologiques qui nous permettent de se donner quelques années de marge de manœuvre supplémentaire pour arriver à une véritable transition, je pense que ce n’est pas non plus une possibilité qui est à rejeter du revers de la main. »

L’envers de la médaille, estime-t-il, c’est de faire croire que la technologie nous éviterait de modifier nos comportements pour atteindre la carboneutralité. À ce sujet, la communauté scientifique semble d’ailleurs unanime : la géoingénierie ne constituerait qu’un outil d’appoint dans la lutte contre les changements climatiques.

En plus des enjeux technologiques, une autre question demeure si nous avions vraiment la possibilité de manipuler le climat : qui décide quoi, où et quand nous avons recours à la géoingénierie ? Le hic, selon Alain Létourneau, c’est que nous ne disposons pas actuellement d’un cadre de gouvernance efficace pour gérer des enjeux à l’échelle planétaire.

Si on n’est même pas capables de gérer la diminution des gaz à effet de serre, puis qu’on n’est pas capables de gérer l’adaptation au changement climatique, alors comment veux-tu qu’on commence à gérer adéquatement l’enjeu du génie climatique ?

Alain Létourneau, professeur de philosophie à l’Université de Sherbrooke

Malgré tout, Alejandro Di Luca et Alain Létourneau reconnaissent qu’on ne devrait pas se priver de faire de la recherche sur les différentes techniques de géoingénierie pour mieux en mesurer les tenants et aboutissants.

« Il y a aussi des dangers à ne pas faire de recherches, alors je suis un peu partagé face à tout ça », admet Alejandro Di Luca. Selon lui, certaines technologies pourraient s’avérer utiles à petite échelle, mais le diable est dans les détails, précise-t-il.

« On voit bien qu’il y a une transition énergétique qui est effectivement en cours. On est en train de faire des choses, fait remarquer Alain Létourneau. On peut penser qu’on pourrait y arriver [réduire nos GES] dans un délai raisonnable, de l’ordre de 20 ans. Mais actuellement, on nous dit qu’on a 10 ans pour le faire. Si on avait des façons de se donner quelques années de plus… »

« Je ne suis pas en train de dire qu’on va faire de la géoingénierie. Ce que je dis, c’est que ça va nous coûter plus cher de ne pas effectuer les recherches adéquates pour bien juger des différentes technologies. Je pense qu’on n’a pas le choix, mais il faut le faire dans la communauté scientifique, en lien avec la communauté démocratique », ajoute M. Létourneau.

Quelques techniques envisagées

Imiter les volcans

PHOTO HENDRA AMBALAO, ASSOCIATED PRESS

Un panache de fumée s’échappe du volcan de Ruang, en Indonésie, le 18 avril.

L’une des techniques de géoingénierie consiste à imiter les volcans, qui dispersent un panache de cendres lors d’une éruption. En 2022, l’homme d’affaires américain Luke Iseman, fondateur de la société Make Sunsets, a relâché deux ballons dans le ciel, dans la péninsule de la Basse-Californie, au Mexique. Les ballons contenaient du dioxyde de soufre, la substance aussi relâchée par un volcan en éruption. Son expérience a suscité un tollé dans la communauté scientifique.

Faire briller les nuages

PHOTO IAN C. BATES, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Une expérience a été menée au début du mois d’avril en Californie lorsqu’on a relâché des aérosols à partir de l’eau de mer.

Une expérience a été menée au début du mois d’avril en Californie lorsqu’on a relâché des particules atmosphériques naturelles (bioaérosols et embrun marin). L’objectif du projet piloté par des chercheurs de l’Université de Washington était de rendre les nuages plus brillants afin qu’ils reflètent les rayons du Soleil.

Du fer dans les océans

PHOTO TANVEER BADAL, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Injecter du fer dans les océans pourrait avoir de très sérieuses conséquences pour les écosystèmes marins.

En injectant du fer dans les océans, on stimulerait la production de phytoplancton, ce qui augmenterait la capacité des océans à absorber du CO2. Une idée qui semble toute simple à première vue, mais dont les conséquences pourraient être très sérieuses pour les écosystèmes marins.

Un parasol pour la Terre

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Une autre solution imaginée par des astronomes et des physiciens serait de déployer un parasol géant dans l’espace, qui bloquerait ainsi une partie des rayons du Soleil qui réchauffent notre planète.

La danse de la pluie

PHOTO CHRISTOPHER PIKE, ASSOCIATED PRESS

Inondations à Dubai en raison de pluies diluviennes, le 18 avril dernier

Injecter de l’iodure d’argent dans les nuages pour provoquer la pluie constitue une autre variation de la géoingénierie, qui pourrait être utilisée dans le cas d’une importance sécheresse, par exemple. Une technique controversée, que des scientifiques qualifient même de fraude à l’occasion. Après les pluies diluviennes survenues la semaine dernière dans les Émirats arabes unis, des rumeurs ont circulé voulant que le programme d’ensemencement des nuages de l’État arabe serait à l’origine de cette catastrophe. « Il n’existe aucune technologie capable de créer ou même de modifier gravement ce type de précipitation », a déclaré le professeur Maarten Ambaum, de l’Université de Reading, au Royaume-Uni, au média spécialisé New Scientist.

Pour la 26e année consécutive, le Québec a connu une anomalie de température positive. Et 2023 s’impose comme l’une des années les plus chaudes jamais enregistrées dans la province, avec des températures moyennes de 2,7 degrés supérieures à celles du XXe siècle.

Publié à 1h05 Mis à jour à 5h00


Nicolas Bérubé
Nicolas Bérubé La Presse

Résumé

L’année 2023 nettement plus chaude que la normale

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Les modèles du consortium Ouranos prévoient une hausse marquée des journées à 30 degrés et plus.

Pour la 26e année consécutive, le Québec a connu une anomalie de température positive. Et 2023 s’impose comme l’une des années les plus chaudes jamais enregistrées dans la province, avec des températures moyennes de 2,7 degrés supérieures à celles du XXe siècle.

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Nicolas Bérubé
Nicolas Bérubé La Presse

2,7 degrés en plus

Les effets du réchauffement planétaire sont bien perceptibles au Québec, et ce, depuis plusieurs décennies. Causé par la hausse des gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère, ce réchauffement provoque des anomalies. En 2023, cette anomalie atteignait 2,7 degrés en plus par rapport à la moyenne historique enregistrée dans la province, selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).

26 ans

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Pour la 26e année consécutive, en 2023, le Québec a enregistré une anomalie de température positive.

Sarah Roy-Milliard, de l’ISQ, note que depuis 1998, les anomalies de température sont « systématiquement positives », alors que ce n’était pas le cas historiquement. « Avant, c’était positif, négatif, positif, négatif… La plus longue série d’anomalies semblables était de 6 ans. Maintenant, ça fait 26 ans qu’on a une anomalie positive de la température. »

Chaleur et inondations

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Les épisodes d’inondations sont appelés à être plus fréquents avec le réchauffement climatique.

Christopher McRay, spécialiste en science du climat au consortium Ouranos, note qu’on peut s’attendre à plus de vagues de chaleur au Québec. « On entend parfois dire qu’une chaleur plus élevée peut être agréable pour le Québec. Mais nos modèles projettent une hausse énorme des journées à 30 degrés et plus dans le sud du Québec. On prévoit plus d’inondations dans les villes, plus d’orages intenses, etc. »

Les transports, le défi du Québec

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Au Québec, le secteur des transports est responsable d’une part considérable de la pollution.

Ces données nous rappellent que le combat contre les changements climatiques est loin d’être terminé, note Christopher McRay. « On n’en fait pas assez. Chaque année, l’ONU fait un bilan des politiques en place, et on se dirige vers 3 degrés de réchauffement moyen planétaire pour la fin du siècle. Les accords de Paris fixent un maximum de 1,5 degré. C’est une différence majeure. Chaque 0,1 degré devient plus drastique sur le plan des conséquences », dit-il. L’expert avance par ailleurs qu’au Québec, « c’est le transport qui pollue le plus ». « C’est aussi le secteur où c’est le plus difficile de réduire à court terme. C’est le prochain secteur auquel il va falloir s’attaquer. »

Hausse à prévoir d’ici 2050

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Une hausse de la température moyenne annuelle est à prévoir d’ici 2050 au Québec.

L’ISQ signale qu’au Québec, « les changements climatiques pourraient entraîner une hausse de la température moyenne annuelle de 1,7 à 4,6 °C dans le sud et de 1,9 à 5,8 °C dans le nord d’ici 2050, selon deux scénarios mis de l’avant par Ouranos ». Une tendance qui est défavorable au progrès, note Sarah Roy-Milliard. « Pour le capital naturel, il faut que le climat soit stable dans le temps. Donc le climat n’est pas stable, et en conséquence nous jugeons que c’est une tendance défavorable au progrès pour le Québec. »

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(New York) Les principaux géants mondiaux du pétrole et du gaz savaient depuis « au moins » les années 1960 que les énergies fossiles allaient entraîner un réchauffement de la planète, mais ils ont persisté à le nier et même pratiqué la désinformation, selon un rapport de parlementaires américains.
Publié à 15h52

Résumé

Changement climatique Les géants pétroliers savaient depuis « au moins » les années 1960, selon un rapport

PHOTO SERGIO FLORES, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

(New York) Les principaux géants mondiaux du pétrole et du gaz savaient depuis « au moins » les années 1960 que les énergies fossiles allaient entraîner un réchauffement de la planète, mais ils ont persisté à le nier et même pratiqué la désinformation, selon un rapport de parlementaires américains.

Publié à 15h52

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Agence France-Presse

« Pendant plus d’un demi-siècle, les “Big Oil” ont trompé le public américain au sujet de leur rôle dans la crise climatique, en faisant tout ce qui était en leur pouvoir pour que les États-Unis et le monde entier restent dépendants de leurs produits polluants », dénonce le rapport d’une commission d’enquête d’élus démocrates de la Chambre des représentants, publié mardi.

Les « Big Oil » sont les six géants et organismes passés au crible pendant cette enquête lancée en septembre 2021 : ExxonMobil, Chevron, BP America, Shell, l’American Petroleum Institute (API) – représentant du secteur pétrolier – et la Chambre de commerce.

« Tous les six […] ont fait obstruction et retardé » cette enquête en refusant de se soumettre « malgré des assignations », souligne le rapport de 65 pages intitulé « Dénégation, désinformation, et double langage : évolution des efforts des “Big Oil” pour esquiver la responsabilité du changement climatique ».

Après avoir qualifié le changement climatique de « canular » et avoir nié son existence même, relève le rapport, le secteur pétrolier a été contraint de « changer de posture » face à la science « qui devenait trop écrasante pour continuer à nier ».

Ils ont alors, poursuit-il, « élaboré une campagne de tromperie et de double langage – soutenu par une armada d’organismes professionnels – en affirmant publiquement soutenir l’action pour le climat, mais en effectuant des actions en coulisses pour l’éviter ».

Responsabilités

Et aussi, indiquent les élus, en affirmant que le gaz naturel était « sûr » pour le climat et qu’il pourrait servir « d’énergie de transition vers un avenir sans énergie fossile ».

« Il est plus que temps de placer les “Big Oil” devant leurs responsabilités pour leur campagne de tromperie et de prendre des actions pour remédier aux dégâts qu’ils ont causés », conclut le rapport.

Il s’agit « de vieilles allégations qui ont déjà été abordées lors d’auditions au Congrès sur ce sujet et lors de poursuites en justice », a réagi ExxonMobil auprès de l’AFP.

« Comme nous l’avons répété à maintes reprises, le changement climatique est réel et une branche entière de notre groupe est dédiée à la réduction des émissions – les nôtres et celles des autres », a-t-il poursuivi, affirmant que son budget annuel représentait le tiers de celui de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA).

De son côté, un porte-parole de l’API a relevé que le secteur se « concentrait sur la fourniture fiable et à prix abordable de pétrole et de gaz aux Américains tout en développant la prochaine génération de technologies à basses émissions comme l’hydrogène et la captation de CO2 ».

« Toute suggestion du contraire est inexacte », a-t-il affirmé.

Ce n’est pas la première fois qu’il ressort que les groupes pétroliers connaissaient depuis plusieurs décennies l’effet néfaste des énergies fossiles sur le climat.

Le sujet a été abordé lors d’auditions menées par cette commission parlementaire, devant laquelle les majors pétrolières avaient notamment été passées au gril.

En janvier 2023, une étude publiée dans la revue Science a révélé la justesse remarquable des prédictions des scientifiques d’ExxonMobil en termes de hausse des températures, certaines remontant à 1977.

Mais, en 2000, le PDG du groupe Lee Raymond affirmait ne pas avoir « une compréhension scientifique suffisante du changement climatique pour faire des prédictions raisonnables. »

Plusieurs procédures en justice ont déjà été lancées, notamment contre l’entreprise aux États-Unis.

Électrification, transition industrielle, désinvestissement des énergies fossiles, plantation d’arbres : différentes mesures ont été annoncées mardi au Sommet Climat Montréal.
Publié à 12h06 Mis à jour à 15h10

Résumé

Lutte contre les changements climatiques La centrale thermique de Montréal sera électrifiée

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Québec attribue une subvention de 10 millions de dollars à Énergir chaleur et climatisation urbaines (ECCU), qui exploite la centrale thermique située à la sortie de l’autoroute Bonaventure, pour ce projet de décarbonation de 24 millions.

Électrification, transition industrielle, désinvestissement des énergies fossiles, plantation d’arbres : différentes mesures ont été annoncées mardi au Sommet Climat Montréal.

Publié à 12h06 Mis à jour à 15h10

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

(Montréal) La centrale thermique qui alimente plus du tiers du centre-ville de Montréal en chauffage, en eau chaude et en climatisation sera électrifiée, une initiative « louable », mais qui fait « diversion » face aux défis plus grands qui s’imposent, estiment des organisations écologistes.

Québec accorde une subvention de 10 millions de dollars à Énergir chaleur et climatisation urbaines (ECCU), qui exploite la centrale thermique située à la sortie de l’autoroute Bonaventure, pour ce projet de décarbonation de 24 millions.

« On aide Énergir à nous aider à atteindre nos objectifs » de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), a déclaré le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs Benoit Charette, mardi, en faisant cette annonce à l’ouverture du Sommet Climat Montréal.

Énergir remplacera une « immense chaudière au gaz » par deux chaudières électriques et augmentera la performance de son système de récupération et de valorisation de la chaleur provenant des cheminées avec des thermopompes, a expliqué sa vice-présidente directrice pour le Québec, Stéphanie Trudeau.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Stéphanie Trudeau, vice-présidente directrice pour le Québec chez Énergir

L’entreprise installera également de plus petites chaudières au gaz, plus efficaces, qui ne seront utilisées qu’une centaine d’heures par année lors des périodes de pointe de consommation électrique.

« On est très, très convaincus que les bénéfices qui sont associés [au projet] sont aussi importants que les investissements », a déclaré Mme Trudeau.

Le projet, qui devrait être achevé d’ici le début de 2027, permettra de réduire des émissions de gaz à effet de serre de la centrale de près de 10 000 tonnes par année.

« C’est l’équivalent de décarboner une ville de 35 000 habitants, a illustré le ministre Charette. C’est majeur ! »

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette

En service depuis 1976, la centrale thermique alimente de grands édifices du centre-ville comme Place Ville Marie, la gare Centrale et l’École de technologie supérieure, totalisant près de deux millions de mètres carrés, à travers l’un des plus importants réseaux thermiques souterrains au Canada.

Louable, mais décevant, disent les écologistes

L’initiative est « louable », estime le directeur des relations gouvernementales d’Équiterre, Marc-André Viau, qui déplore toutefois que Québec subventionne un distributeur d’énergie fossile.

« On donne de l’argent à une compagnie pour qu’elle fasse la job qu’elle devrait faire elle-même, c’est-à-dire ne pas produire de GES », dit-il, estimant que cet argent serait mieux investi dans la production d’énergies renouvelables ou dans des mesures d’efficacité et de sobriété énergétiques.

« C’est une bonne nouvelle qu’on électrifie, parce que c’est ce qu’on doit faire », croit lui aussi le responsable de la campagne climat-énergie de Greenpeace Canada, Patrick Bonin, mais il estime qu’il s’agit d’une diversion.

C’est une goutte d’eau dans toute la pollution que génère Énergir avec les nouveaux branchements [au réseau gazier] qu’elle pousse et les appareils existants qu’elle renouvelle et qui vont polluer pendant des dizaines d’années.

Patrick Bonin

Québec aurait pu opter pour une réglementation forçant l’électrification de la centrale thermique d’Énergir plutôt que de la payer pour le faire, estime M. Bonin, soulignant que les besoins sont « criants » en matière de transport collectif et d’adaptation aux changements climatiques.

Cette « mesurette » démontre que le gouvernement ne prend pas au sérieux la crise climatique, assène Patrick Bonin, qui reproche au ministre Charette de se présenter au Sommet Climat Montréal en n’ayant « rien ou presque à annoncer, à part un partenariat avec une gazière ».

Troisième Sommet Climat Montréal

Le Sommet Climat Montréal, qui se tient mardi et mercredi dans le Vieux-Port de Montréal, se définit comme le rendez-vous climatique annuel de la collectivité montréalaise. Organisé par le Partenariat Climat Montréal, qui regroupe une centaine d’organisations économiques, communautaires, institutionnelles et philanthropiques voulant contribuer à ce que la métropole devienne carboneutre d’ici 2050, le sommet vise à faire connaître des solutions et à mesurer l’avancement des progrès accomplis. Pour sa troisième année, le sommet propose cette année diverses conférences, dont un échange entre la mairesse de La Nouvelle-Orléans, LaToya Cantrell, et celle de Montréal, Valérie Plante, mercredi.

D’autres annonces

Diversifier l’approvisionnement énergétique de Montréal

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Panneaux solaires sur le toit d’un édifice de Montréal

Les réseaux thermiques urbains comme celui d’Énergir sont un exemple de solutions envisagées par la Ville de Montréal, Hydro-Québec et le gouvernement québécois pour diversifier l’approvisionnement énergétique de la métropole. Ils ont annoncé mardi la création d’un comité stratégique consacré au développement de tels « écosystèmes énergétiques régionaux ». La production et l’utilisation d’énergie en circuit court, à partir de géothermie, de panneaux solaires ou de rejets thermiques, favorisent « un aménagement urbain durable » et représentent une réponse concrète aux défis du changement climatique et de l’urbanisation croissante, indique la Ville, qui envisage d’en mettre en place dans plusieurs secteurs en développement, comme ceux de Lachine-Est ou de Namur-Hippodrome.

Transition juste pour le secteur industriel

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Jean-Denis Charest, PDG de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal, au Sommet Climat, mardi

L’est de Montréal fera l’objet d’un chantier sur la transition industrielle dans le but d’identifier des solutions pour décarboner ce secteur énergivore. Piloté par le Partenariat Climat Montréal et la Chambre de commerce de l’Est de Montréal, ce chantier ambitionne de planifier comment combler autrement les besoins énergétiques de ce bassin industriel et manufacturier dont s’amorce la revitalisation. « Cette approche permettra d’utiliser l’est de Montréal comme laboratoire et d’identifier des initiatives et approches qui pourront éventuellement être appliquées à d’autres territoires industriels », a déclaré Jean-Denis Charest, président-directeur général de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal. Le secteur industriel représente près de 30 % des émissions de gaz à effet de serre du Québec.

287 000 arbres et arbustes pour l’est de Montréal

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Selon Ottawa chaque dollar investi dans l’adaptation et la préparation aux catastrophes liées au climat peut rapporter entre 13 et 15 dollars de bénéfices.

Quelque 230 000 arbres et 57 000 arbustes seront plantés dans l’est de Montréal pour contrer les îlots de chaleur et améliorer la qualité de l’air dans ce secteur de la métropole, ont annoncé mardi la Ville de Montréal et le gouvernement du Canada, qui investiront respectivement 40 millions de dollars et 27 millions dans le projet. « Ce projet permettra de renforcer les infrastructures naturelles existantes dans ce secteur et d’offrir l’accès à des milieux naturels », a indiqué Ottawa dans un communiqué, soulignant que chaque dollar investi dans l’adaptation et la préparation aux catastrophes liées au climat peut rapporter entre 13 et 15 dollars de bénéfices.

Sortir les caisses de retraite des énergies fossiles

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

La mairesse de Montréal, Valérie Plante

La Ville de Montréal entreprend de désinvestir les fonds de retraite de ses employés du secteur des énergies fossiles, en collaboration avec la Caisse commune des régimes de retraite des employés municipaux. La presque totalité de la gestion des placements de la Caisse, valorisés à 10 milliards de dollars, sera rapatriée à Montréal dans le but de favoriser l’économie verte et locale. Seulement 23 % de ces actifs sont gérés localement, actuellement. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de « l’Accélérateur du réseau C40 », une alliance d’une centaine de maires et mairesses de grandes villes du monde vouée à combattre la crise climatique et dont Valérie Plante est la vice-présidente.

En savoir plus

  • 1500
    Nombre de participants et participantes au Sommet Climat Montréal 2024

Source : Partenariat Climat Montréal

À Zone économie

Réduction de GES : Montréal est-elle assez ambitieuse? | Zone économie

La 3e édition du Sommet Climat Montréal s’est ouverte dans le Port de la métropole avec plus de 900 acteurs économiques et environnementaux.

«Il y a beaucoup d’ambitions, mais on doit toujours avoir un plan […] On a besoin de tout le monde, dont les compagnies» explique l’ancienne ministre fédérale de l’environnement Catherine McKenna en entrevue à Zone économie

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Communiqué de la Ville

Afin de faire face aux épisodes de pluies intenses qui seront de plus en plus fréquents en raison des changements climatiques, la Ville a développé un ambitieux plan d’action pour rendre la ville plus résiliente. Grâce à la collaboration du Service de l’Eau, du Service de l’habitation, du Service de l’urbanisme et de la mobilité, et de plusieurs autres entités municipales, ce plan d’action représente une stratégie intégrée et complète qui permettra d’atténuer les impacts des changements climatiques sur la ville et ses habitants. Ce plan s’articule en trois volets :

  • Soutenir les propriétaires dans le processus d’adaptation de leurs immeubles ;
  • Miser sur la prévention en adaptant la réglementation ;
  • Saisir toutes les occasions pour poursuivre la construction d’infrastructures résilientes, dites « éponges

Sur la page FB de la mairesse

Liste des parcs éponges

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Reportage sur ÉCCU

Changements majeurs à la centrale qui réchauffe le centre-ville de Montréal

C’est une infrastructure méconnue des Montréalais. La centrale d’énergie de Montréal trône à l’entrée de la ville, sur le boulevard Robert-Bourassa.

Depuis 1947, elle alimente le cœur du centre-ville. Des chaudières au gaz naturel chauffent de l’eau, qui se transforme en vapeur, et qui envoyée par tuyaux jusqu’aux édifices du centre-ville : la Place Bonaventure, l’École de technologie supérieure, le 1000 de la Gauchetière, la place Ville-Marie… Ces chaudières seront converties à l’électricité, grâce à une subvention de 10 millions de dollars de Québec.

Le reportage de Carla Oliveira

Le projet, qui devrait être achevé d’ici le début de 2027, permettra de réduire des émissions de gaz à effet de serre de la centrale de près de 10 000 tonnes par année.

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(Ottawa) Depuis la crête d’une petite colline située à moins d’une heure de route du point le plus à l’est de Terre-Neuve-et-Labrador jusqu’à un flanc de montagne couvert de sapins à seulement dix kilomètres du détroit de Géorgie, le Canada est désormais équipé d’un réseau de tours radar Doppler de grande puissance conçues pour identifier et transmettre tout ce que Dame Nature invoque.

Résumé

Environnement Canada Les nouveaux radars Doppler meilleurs pour détecter les temps violents

PHOTO FRANK GUNN, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Les systèmes Doppler ont aidé à prédire la trajectoire empruntée par la tempête tropicale Fiona à travers le Canada atlantique à 100 mètres près.

(Ottawa) Depuis la crête d’une petite colline située à moins d’une heure de route du point le plus à l’est de Terre-Neuve-et-Labrador jusqu’à un flanc de montagne couvert de sapins à seulement dix kilomètres du détroit de Géorgie, le Canada est désormais équipé d’un réseau de tours radar Doppler de grande puissance conçues pour identifier et transmettre tout ce que Dame Nature invoque.

Publié à 18h05

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Mia Rabson La Presse Canadienne

Toutes les six minutes, les 32 stations météorologiques d’Environnement Canada balayent une superficie de plus de quatre millions de kilomètres carrés, utilisant des impulsions d’énergie micro-ondes pour détecter les vents violents et la présence de pluie, de neige, de glace ou de grésil.

Il s’agit d’une superficie quatre fois plus grande que celle couverte par l’ancien réseau de 31 stations radars météorologiques, que le gouvernement fédéral a remplacé au cours des six dernières années au coût de 180 millions.

« Ce type d’investissement sauve des vies », a affirmé vendredi le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, alors qu’il visitait la station radar de Blainville, au Québec.

Il a déclaré que les systèmes ont aidé à prédire la trajectoire empruntée par la tempête tropicale Fiona à travers le Canada atlantique à 100 mètres près.

« Il s’agit d’un système radar de première classe pour augmenter notre capacité à prédire la météo, mais aussi à mieux anticiper les évènements météorologiques extrêmes et à pouvoir protéger les Canadiens », a-t-il dit.

Chaque tour est équipée d’une sphère blanche de douze mètres de diamètre qui abrite l’équipement de pointe Doppler. Les sphères sont installées sur des tours en acier dont la hauteur varie de 16,2 mètres à 34,4 mètres, dépendamment de la topographie qui les entoure.

Des stations sont installées partout à travers le pays. Dans le sud de l’Alberta se trouve la station Schuler, située dans les prairies, juste à l’ouest de Medicine Hat.

À une heure au nord de Kelowna, en Colombie-Britannique, la station Silver Star Mountain surplombe une station de ski voisine. Elle a dû être construite sur une base surélevée, car la zone est très enneigée.

La station de Marble Mountain, également située à proximité d’une station de ski, a dû être construite très solidement pour résister aux vents incessants de l’ouest de Terre-Neuve.

« À la pointe de la technologie »

Les changements climatiques augmentent la fréquence et la gravité des tempêtes, notamment les tornades, les ouragans et les orages dévastateurs qui peuvent parfois provoquer des crues soudaines.

Toutes les nouvelles tours, sauf une, ont remplacé celles existantes qui dataient de plus de vingt ans et étaient devenues peu fiables et obsolètes.

La seule tour desservant une nouvelle zone a été construite près de Fort McMurray, en Alberta, pour améliorer la couverture dans le nord de l’Alberta et le nord-ouest de la Saskatchewan, une région qui connaît plus que sa juste part de conditions météorologiques extrêmes.

La station d’Aldergrove en Colombie-Britannique a été terminée juste à temps pour aider les météorologues à faire face à la rivière atmosphérique qui a dévasté la vallée du Fraser à l’automne 2021.

Les anciennes tours prenaient dix minutes pour effectuer une analyse complète et ne pouvaient détecter que dans un rayon de 250 kilomètres. Elles n’étaient pas assez puissantes pour analyser lors d’une forte tempête et voir si davantage de pluie ou de glace arriveraient.

La nouvelle technologie fournit dix fois plus de données, permet de mieux distinguer les types de précipitations et peut même détecter la présence d’oiseaux, d’essaims d’insectes ou de débris de tornades.

Un examen plus rapide et des données plus précises peuvent aider Environnement Canada à détecter les conditions météorologiques dangereuses et à envoyer des avertissements aux Canadiens plus rapidement. Cela devrait donner aux Canadiens plus de temps pour se mettre à l’abri lorsque des conditions météorologiques extrêmes sont imminentes.

M. Guilbeault a stipulé que les nouveaux systèmes sont « à la pointe de la technologie ».

« En fait, certains pays nous disent qu’ils tirent des leçons de ce que nous avons fait et peut-être qu’éventuellement ils copieront ce que le Canada a fait », a-t-il affirmé.

Le système couvre presque tout le sud du Canada, mais le Nord est laissé de côté, principalement parce que les stations nécessitent un accès routier régulier, de l’électricité fiable et un accès à de l’internet haute vitesse pour fonctionner.

Environnement Canada a déclaré que la plupart des communautés du nord disposent d’une station météorologique de surface à proximité et d’une couverture satellite complète. Ils sont également couverts par le réseau national de détection de la foudre.

La majorité des entreprises manufacturières du Québec estiment qu’il est urgent de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), mais la moitié d’entre elles ne font rien pour y arriver et les deux tiers ne prévoient pas prendre d’engagement en matière climatique.

Résumé

Lutte contre les changements climatiques Les entreprises manufacturières du Québec reculent

PHOTO KACPER PEMPEL, ARCHIVES REUTERS

Plus des deux tiers des entreprises manufacturières du Québec n’ont pas d’engagement formel en matière de réduction d’émissions et ne prévoient pas en avoir non plus, selon le Baromètre de la transition des entreprises.

La majorité des entreprises manufacturières du Québec estiment qu’il est urgent de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), mais la moitié d’entre elles ne font rien pour y arriver et les deux tiers ne prévoient pas prendre d’engagement en matière climatique.

Publié à 1h45 Mis à jour à 5h00

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Hélène Baril
Hélène Baril La Presse

C’est ce que constate le Baromètre de la transition des entreprises réalisé par Québec net positif, un organisme à but non lucratif voué à l’accélération de la transition énergétique.

Cette deuxième édition du Baromètre rendue publique aujourd’hui est un recul par rapport à celle de l’an dernier, alors qu’encore moins d’entreprises disent faire des gestes pour l’environnement.

Les données du Baromètre proviennent d’un sondage réalisé par la firme Léger auprès de 202 dirigeants d’entreprises manufacturières du Québec à la demande de Québec net positif. Ces données ont été comparées à celles recueillies auprès de 596 dirigeants d’entreprises de tous les secteurs d’activité.

Les résultats indiquent que seulement 3 % des entreprises manufacturières ont fait des avancées dans la mesure des GES qu’elles émettent, comparativement à 7 % un an auparavant. Plus des deux tiers n’ont pas d’engagement formel en matière de réduction d’émissions et ne prévoient pas en avoir non plus. C’est un peu plus (70 %) qu’il y a un an (69 %).

Au total, la moitié des entreprises sondées disent qu’elles ne mettent en œuvre aucune action climatique et les deux tiers ne prennent pas de mesures pour accroître leur efficacité énergétique.

« Ça ne progresse pas au rythme que la crise climatique impose », reconnaît la directrice générale de Québec net positif, Anne-Josée Laquerre. Selon elle, toutefois, le nombre d’entreprises qui sont conscientes de l’urgence d’agir, qui y voient des risques mais aussi des occasions, est en hausse. « C’est encourageant, estime-t-elle, mais pour ce qui est de la mise en œuvre, on n’est pas au niveau qu’on voudrait voir. »

Du travail à faire

L’aide financière mise à la disposition des entreprises peut les encourager à passer à l’action, mais les programmes existants sont peu connus et peu utilisés, révèle aussi l’étude.

La majorité des entreprises manufacturières disent ne connaître aucun des programmes existants.

Le plus connu de ces programmes est Solutions efficaces d’Hydro-Québec. Une proportion de 22 % des entreprises dit le connaître, mais seulement 11 % l’utilisent. Les subventions pour l’efficacité énergétique offertes par le distributeur gazier Énergir sont connues par 16 % des répondants, mais seulement 8 % les utilisent.

Investissement Québec gère le programme ESSOR, qui est aussi peu connu et peu utilisé par les entreprises, de même qu’une initiative appelée Compétivert, qui l’est encore moins, selon le sondage.

Plusieurs entreprises connaissent pourtant Compétivert, puisque ce programme a financé pour plus de 1 milliard de dollars d’initiatives climatiques dans des entreprises de tous les secteurs, selon Gladys Caron, première vice-présidente, stratégies et communications externes, d’Investissement Québec. La cible de départ du programme, fixée à 375 millions, a été rehaussée pour répondre à la demande.

Selon elle, beaucoup d’entreprises qui en ont bénéficié ne savent tout simplement pas le nom du programme. Les changements climatiques sont un sujet qui intéresse de plus en plus les entreprises, selon elle. « On le voit sur le terrain. Les entreprises sont encore timides parce que la pression réglementaire n’est pas encore assez grande. »

« On peut être un peu découragé en voyant les données, mais c’est un grand virage pour les entreprises, estime Gladys Caron. Quand on se met dans leur peau, on peut comprendre qu’il y ait encore une certaine hésitation, surtout dans une période économique comme celle où l’on est. »

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Alors que la planète a connu les températures les plus chaudes jamais enregistrées l’an dernier, les principales banques canadiennes se distinguent par leur aide « démesurée » à l’industrie des combustibles fossiles et continuent d’être parmi les plus grandes bailleuses de fonds de ce secteur au niveau mondial, selon les données de la plus récente étude de Banking on Climate Chaos.

L’aide financière des 60 plus grandes banques du monde au secteur des combustibles fossiles aurait atteint 708 milliards de dollars américains pour l’année 2023, portant le total depuis l’Accord de Paris à 6900 milliards $ US.

Sur ces 6900 milliards $ US octroyés depuis 2016, « une contribution démesurée » de 911 milliards de dollars provient des cinq principales banques canadiennes selon le dernier rapport de Banking on Climate Chaos, publié lundi par un consortium de groupes écologistes.

https://www.ledevoir.com/economie/812778/banques-canadiennes-illustrent-aide-demesuree-industrie-fossile

Le financement accordé par les cinq plus grandes banques au pays à l’industrie de l’énergie fossile a atteint près de 104 milliards de dollars américains en 2023, une diminution par rapport à l’année précédente, révèle le plus récent rapport Banking on Climate Chaos.

Au cours des sept dernières années, le financement accordé à l’industrie par les principales banques canadiennes – la RBC, CIBC, Banque Scotia et TD – atteint un total de 911 milliards de dollars américains. En 2023, ce chiffre atteignait environ 133 G$ US.

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Nouvelle section sur le site de la Ville qui explique les parcs-éponges et saillies drainantes

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J’ai l’impression que Montréal est en avance dans ce domaine du développement durable mais ça reste à prouver. Il y a bien sûr beaucoup de produit de terrassement bétonné offert sur le marché un peu partout dans le monde, mais une politique aussi définie en aménagements spécifiques du territoire semble pour le moment moins évident. J’ai cependant trouvé d’autres exemples (Paris) où on travaille sur le développement technique du concept de ville-éponge. Je regarderai aussi éventuellement ce qui se fait ailleurs dans le monde. Un domaine qui touche plusieurs aspects environnementaux de l’aménagement du territoire devenus incontournables notamment en planification urbanistique.

https://www.adaptaville.fr/action-ecologique

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(Paris) L’année 2023, la plus chaude jamais enregistrée dans le monde, a encore battu un nouveau record : les scientifiques ont pu établir que l’été dans l’hémisphère Nord a été le plus chaud en 2000 ans, selon une étude publiée mardi.

Résumé

Hémisphère Nord L’été 2023 a été le plus chaud en 2000 ans

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

(Paris) L’année 2023, la plus chaude jamais enregistrée dans le monde, a encore battu un nouveau record : les scientifiques ont pu établir que l’été dans l’hémisphère Nord a été le plus chaud en 2000 ans, selon une étude publiée mardi.

Publié hier à 11h08

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Linda GIVETASH Agence France-Presse

« 2023 a représenté l’été le plus chaud dans l’hémisphère Nord extratropical sur les dernières 2000 années », écrivent mardi dans la revue Nature les auteurs, qui ont reconstitué les températures du passé pour les mois de juin à août.

« Nous ne devrions pas être surpris », a dit à l’AFP Jan Esper, professeur de climatologie à l’université Gutenberg de Mayence, en Allemagne, et auteur principal de l’étude. « Pour moi, c’est seulement la continuation de ce que nous avons commencé en relâchant des gaz à effet de serre », avec l’utilisation massive des énergies fossiles depuis l’ère industrielle, souligne-t-il.

Pour cette étude, les scientifiques ont utilisé des données issues des cernes des arbres pour estimer les températures avant qu’elles ne soient relevées par des instruments de mesure, avant 1850 et jusqu’en l’an 1 de notre ère.

L’analyse des cernes de croissance –– les anneaux concentriques qui se dessinent au fil du temps au cœur de l’arbre - permet en effet de reconstituer avec précision les anciennes conditions climatiques, selon une discipline appelée dendrochronologie.

Il en ressort que la période estivale de 2023 a été au moins un demi-degré Celsius plus chaude que l’été de l’an 246, le plus chaud de cette période avant les relevés instrumentaux.

Ce chiffre tient compte d’une certaine marge d’incertitude pour les données du passé. Sans elle, l’été 2023 serait même 1,19 °C plus chaud que celui de 246.

L’écart avec le passé se creuse encore plus si l’on considère les années les plus froides, soulignant l’aspect exceptionnel du réchauffement récent. Ainsi, l’été 2023 a été quasiment 4 °C plus chaud que l’été de l’an 536, lorsque les températures ont plongé en raison d’une éruption volcanique.

Chaleurs mortelles

Des étés plus chauds ont également des conséquences sur la santé : dans une autre étude publiée mardi dans le journal Nature Communications, les chercheurs ont établi que des dizaines de millions de personnes de plus de 69 ans seront exposées à des journées de chaleur extrême dangereuse pour leur santé d’ici à 2050.

Aujourd’hui, 14 % des seniors sont exposés à des journées durant lesquelles les thermomètres grimpent au-dessus de 37,5 °C, ce qui peut aggraver un certain nombre de problèmes médicaux et même conduire à la mort. Ce chiffre devrait monter à 23 % en 2050, selon l’étude.

« Différents pays du monde sont confrontés à des problèmes similaires », commente auprès de l’AFP Giacomo Falchetta, du Centre euro-méditerranéen sur le changement climatique de Venise, l’auteur principal. « Mais les niveaux de préparation, la capacité d’adaptation des personnes et de la société sont différents », note-t-il.

L’Europe, le continent qui se réchauffe le plus rapidement, va ainsi être confronté à un changement plus brutal, même si les gouvernements y ont mis en place des mesures de soutien aux populations pendant les canicules dans la plupart des pays.

Certaines régions de l’Afrique et de l’Asie sont pour leur part déjà habituées à des températures extrêmes, mais manquent à l’inverse de ressources – eau potable ou système de santé – pour aider les plus âgés.

Si le milieu du siècle peut sembler encore lointain, Giacomo Falchetta souligne qu’une partie des personnes qui seront alors vulnérables à la chaleur ont la quarantaine aujourd’hui.

S’il est impossible d’empêcher le vieillissement de la population, le monde peut en revanche réduire drastiquement d’ici à 2050 les émissions de gaz à effet de serre issues de l’utilisation du pétrole, du gaz et du charbon. « Cela peut réduire dans une certaine mesure l’exposition à la chaleur qui sera ressentie », insiste le chercheur.

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La saison de camping qui s’amorce au Bivouak de Saint-Élie-de-Caxton se fait sous le signe de la reconstruction, après que d’importantes inondations qui ont eu lieu l’automne dernier aient fait disparaître le lac, un des attraits importants de cette entreprise familiale.

Les pluies torrentielles d’octobre dernier ont fait céder une digue, ce qui a mené au drain d’un petit lac artificiel qui se trouvait au centre du camping.

Dans un rapport de 74 pages dévoilé mardi, le groupe de 14 experts propose une vingtaine de recommandations au ministre québécois de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), Benoit Charette. « Un des gros défis pour le gouvernement, c’est d’être cohérent », rappelle Alain Bourque, directeur général du consortium Ouranos et coprésident du groupe d’experts.

« Il va falloir en faire beaucoup plus et beaucoup plus rapidement », soutient le professeur Alain Webster, l’autre coprésident du comité mandaté en septembre dernier par le ministre Charette pour faire des recommandations au gouvernement du Québec.

Le rapport intitulé « Agir dès aujourd’hui pour que le Québec s’adapte à la réalité des changements climatiques qui s’accélèrent » s’articule autour de cinq axes :

  1. Assurer une gestion préventive des écosystèmes naturels et des services écosystémiques ;

  2. Protéger la santé, la sécurité et le bien-être de tous et de toutes ;

  3. Adapter les bâtiments et les infrastructures et assurer la résilience des systèmes essentiels ;

  4. Favoriser l’adaptation des activités économiques et du système financier face aux risques ;

  5. Soutenir urgemment la capacité d’adaptation et le passage à l’action de tous les acteurs.

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La lenteur des États à agir pour réduire les émissions de gaz à effet de serre risque de provoquer un réchauffement qui dépassera facilement les 4 °C dans le sud du Québec bien avant la fin du siècle, prévient le Groupe d’experts en adaptation aux changements climatiques (GEA) mandaté par le gouvernement Legault.

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Pour un territoire comme le Québec, s’adapter aux changements climatiques n’est pas une option mais un impératif. C’est ce que montre de façon très documentée le rapport du Groupe d’experts en adaptation (GEA), déposé cette semaine.

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AnalyseAdaptation aux changements climatiques : éviter l’ingérable, gérer l’inévitable

Pour un territoire comme le Québec, s’adapter aux changements climatiques n’est pas une option mais un impératif. C’est ce que montre de façon très documentée le rapport du Groupe d’experts en adaptation (GEA), déposé cette semaine.

Une femme est assise sur une chaise longue sur une plage devant le rocher Percé.

La plage de Percé, un site transformé afin de s’adapter aux aléas du climat.

Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat

Publié à 4 h 00 HAE

Quand il est arrivé au pouvoir, en octobre 2018, François Legault s’est rapidement retrouvé dans la tourmente en ce qui a trait à la question environnementale. Pendant plusieurs semaines, il a dû se défendre de ne pas faire des changements climatiques un sujet prioritaire.

Fortement critiqué, il a dû corriger le tir au cours des premiers mois. C’est dans cet esprit qu’il a convoqué des experts reconnus dans le domaine des changements climatiques afin d’avoir un portrait juste de la question.

Selon des sources bien informées, quand ces experts ont souligné la nécessité de faire davantage d’efforts pour s’adapter aux changements climatiques, M. Legault aurait tiqué. Selon lui, admettre qu’il fallait déjà s’adapter pouvait envoyer un mauvais message selon lequel les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) étaient inutiles.

À sa décharge, cette opinion selon laquelle le discours sur l’adaptation est défaitiste est assez répandue parmi les responsables politiques de la planète. Selon cette rhétorique, l’adaptation monopoliserait des ressources nécessaires à la réduction des émissions de GES.

C’est ce qui explique en partie le fait que les projets d’adaptation dans le monde ne recueillent qu’une petite part des investissements mondiaux consacrés à la protection du climat. À l’échelle mondiale, à peine 10 % des fonds consacrés à la lutte contre les changements climatiques vont à l’adaptation, la part du lion allant à la réduction des émissions.

Des militants participent à une manifestation lors du sommet climatique de l'ONU COP28, en décembre 2023, à Dubaï, aux Émirats arabes unis.

Des militants participent à une manifestation lors du sommet climatique de l’ONU COP28, en décembre 2023, à Dubaï, aux Émirats arabes unis.

Photo : AP / Peter Dejong

Le Québec ne fait pas exception à la règle : sur les neuf milliards de dollars sur cinq ans consacrés à la plus récente version du Plan pour une économie verte (PEV), à peine 861 millions sont consacrés aux projets d’adaptation.

La bonne nouvelle, c’est que l’approche du gouvernement Legault semble avoir évolué. Avec les inondations du printemps 2023 dans la région de Charlevoix, les feux de forêt records de l’été dernier et le déplacement forcé de citoyens à cause de l’érosion croissante de nos côtes, l’impératif de l’adaptation s’est imposé comme une nécessité pour Québec.

La science comme guide, la nature comme outil

L’adaptation aux changements climatiques est une opération ardue, car elle commande de prendre aujourd’hui des décisions dont on ne verra les effets que dans plusieurs décennies. Comment concevoir nos infrastructures actuelles pour qu’elles soient toujours viables dans un demi-siècle face aux bouleversements provoqués par le climat changeant? Comment aménager dès maintenant le territoire qui sera transformé dans 30, 50, 60 ans?

Ainsi, mandater un comité d’experts était la bonne chose à faire de la part du gouvernement pour entamer ce virage. Cela permet d’avoir en main les assises scientifiques nécessaires pour guider des décisions complexes et coûteuses.

Le Québec, comme la plupart des territoires nordiques, se réchauffe plus vite que la moyenne mondiale. Dans leur rapport, les experts rappellent que le sud du Québec se dirige vers un réchauffement de 4,3 degrés d’ici la fin du siècle. Ce bouleversement provoquera des changements inévitables, précisent les experts; il faut donc s’y adapter.

Une tempête cause des dommage sur la promenade de Percé.

Les dommages causés par une tempête à Percé ont forcé l’administration municipale à aborder les choses autrement.

Photo : Radio-Canada / Radio Gaspésie Ariane Aubert Bonn

Quelle est l’ampleur des changements physiques qui attendent le Québec au cours des prochaines décennies avec une telle augmentation des températures? Quelles actions faut-il prioriser pour ne pas dépenser l’argent inutilement?

Regarder en face le défi de l’adaptation du Québec aux changements climatiques, c’est plonger dans un puits sans fond de questions. Il serait plus rapide de faire la liste des secteurs qui ne seront pas touchés : il n’y en a presque pas.

C’est là la grande qualité de ce rapport d’experts : il propose une vision globale de ce qui nous attend, dessine une feuille de route détaillée de ce qu’il faut faire, démontre de façon limpide que tous les phénomènes sont interreliés et propose des pistes de solutions à la clé.

Ainsi, de façon bien concrète, le Groupe d’experts suggère entre autres de modifier nos façons d’aménager la forêt, de revoir nos modes de gestion des ressources en eau, d’adapter nos villes aux risques inondations, de moderniser nos manières de construire les bâtiments, de mieux protéger et régénérer les milieux naturels et de revoir l’aménagement de nos côtes.

Il y est aussi question d’obliger les institutions financières à intégrer les aléas climatiques dans leur appréciation des risques et à s’assurer que l’adaptation profite aux populations les plus vulnérables économiquement. Et, bien sûr, le Groupe recommande d’améliorer l’expertise scientifique sur la question climatique au Québec et d’assurer l’intégration de l’adaptation aux changements climatiques dans la mission de tous les ministères.

Des inondations ont ravagé le village de Saint-Urbain dans la région de Baie-Saint-Paul en mai 2023.

Des inondations ont ravagé le village de Saint-Urbain, dans la région de Baie-Saint-Paul, en mai 2023.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

À la source de toutes ces solutions réside un principe fondamental : la nature restera toujours la meilleure technologie pour se protéger contre les effets des changements climatiques.

Ainsi, nous disent les chercheurs, une adaptation efficace passera d’abord et avant tout par l’arrêt de la destruction des milieux naturels, par la protection des milieux terrestres et marins, par la restauration des terres dégradées et par la limitation de l’artificialisation des sols.

On le comprend, le chantier de l’adaptation a de quoi donner le tournis.

De bonnes raisons d’agir

Si la tâche paraît gigantesque, le gouvernement a pourtant de bonnes raisons de vouloir agir.

D’une part, investir dans l’adaptation, c’est rentable. Selon l’Institut canadien sur le climat (Nouvelle fenêtre), un groupe de recherche indépendant, chaque dollar investi aujourd’hui dans les bonnes mesures d’adaptation rapportera de 13 à 15 dollars en bénéfices directs et indirects dans les années à venir.

Les grandes catastrophes des dernières années ont montré que la réparation des dégâts après coup mobilise des ressources humaines et financières toujours plus grandes, qui ne sont pas vraiment comptabilisées dans les dépenses en matière de protection du climat. C’est sans compter le fait que ces dépenses sont souvent sous-estimées, car on ne calcule pas le manque à gagner lié au fait que l’argent utilisé pour la restauration d’actifs détruits aurait pu servir à financer de nouvelles activités et générer une nouvelle richesse.

Un paysage délimité par une section verdoyante et par une autre zone rasée par les flammes, où les arbres sont noircis.

Les ravages des feux de 2023 dans le secteur de Lebel-sur-Quévillon.

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

D’autre part, les banques et les compagnies d’assurance réagissent promptement à la multiplication des catastrophes, et ce n’est pas à l’avantage des citoyens ni des autorités. Un nombre croissant d’assureurs ne veulent plus assurer les maisons exposées aux effets des changements climatiques, et de plus en plus d’institutions financières refusent de financer les maisons situées dans les zones inondables. Ce mouvement est bien entamé aux États-Unis.

De bonnes mesures d’adaptation, bien qu’elles paraissent chères à court terme, sont un des seuls moyens pour prévenir ces problèmes financiers à long terme.

Bénéfices politiques et bien commun

Un des plus grands obstacles à la mise en œuvre de bonnes mesures d’adaptation, c’est le fait qu’elles sont très peu payantes politiquement, et ce, pour plusieurs raisons.

Ainsi, d’un côté, leurs effets ne se font souvent sentir qu’à moyen ou long terme. Une bonne politique d’adaptation consiste à agir dès maintenant sur un territoire qui pourrait être perturbé seulement dans plusieurs décennies. Comment, par exemple, tirer les bénéfices politiques d’une interdiction de construire des maisons dans une zone inondable nouvellement définie alors que la prochaine inondation pourrait n’avoir lieu que dans 20 ou 30 ans? Les politiciens récolteront plutôt la colère des citoyens.

De l’autre côté, il y a ce qu’on pourrait appeler le syndrome de l’inondation évitée, lorsque de bonnes décisions passent inaperçues, victimes de leur succès. Une mesure d’adaptation bien réalisée aura pour résultat de minimiser les effets d’une catastrophe sur la population.

Une bonne politique de gestion des inondations – grâce à laquelle, par exemple, des milieux naturels restaurés et réaménagés absorberont la majeure partie des surplus d’eau – fera en sorte d’éviter que les zones habitées soient inondées.

Un boisé sur le mont Rigaud.

Un boisé sur le mont Rigaud.

Photo : Nature-Action Québec

La politique est donc efficace, l’argent a été bien investi. Mais personne n’en parle… parce qu’il n’y a aucune catastrophe. Dans ces conditions, alors que les décideurs ont fait exactement ce qu’il fallait faire, il est difficile pour les responsables politiques d’en tirer les bénéfices politiques.

Pour se distinguer en tant qu’élu qui agit pour le climat, il est donc plus payant politiquement d’annoncer un crédit pour l’achat de véhicules électriques ou d’inaugurer de nouvelles stations de recharge pour ceux-ci.

En lisant le rapport du Groupe d’experts, on comprend très bien qu’une bonne politique d’adaptation se joue à long terme, au-delà des cycles électoraux, et c’est là sa principale difficulté.

Elle exige de la part des responsables politiques qu’ils sacrifient un peu de leurs espoirs de réélection au nom de la sécurité économique du territoire à long terme. Et, surtout, au nom du bien commun.

Plus que jamais, il faudra éviter l’ingérable et gérer l’inévitable.