Changements climatiques

Le réchauffement détraque la planète. L’air chaud emmagasine plus d’humidité, alors que l’eau s’évapore davantage des océans. Pendant que certaines régions reçoivent des déluges, il reste moins d’eau pour les régions plus sèches.

Résumé

On ne peut pas détourner le regard

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Stéphanie Grammond
Stéphanie Grammond La Presse

L’exposition annuelle du World Press Photo qui vient de s’installer au Marché Bonsecours, dans le Vieux-Montréal, illustre de façon saisissante tout le paradoxe des bouleversements climatiques qui ont marqué 2023.

Publié à 0h47 Mis à jour à 5h00

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Sur une image, on croit d’abord voir un homme traversant le désert. Mais pourquoi trimbale-t-il une canne à pêche ? Puis, on réalise qu’il marche dans le lit d’une branche du fleuve Amazone, au Brésil, complètement asséchée par la pire sécheresse en 120 ans.

Mais trop d’eau, c’est comme pas assez.

Une autre photo nous transporte aux îles Fidji. Un aîné de 72 ans se tient à l’endroit où se trouvait le rivage lorsqu’il avait l’âge de son petit-fils qu’il tient dans ses bras. Deux générations plus tard, ils ont de l’eau jusqu’aux épaules, à cause du rehaussement du niveau de la mer et de l’érosion du littoral.

Qu’en sera-t-il dans deux autres générations ?

Cette semaine, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, lançait un SOS mondial, lors du Forum des îles du Pacifique. Au rythme où les eaux montent, certaines îles dans ce coin de paradis seront entièrement englouties d’ici 30 ans.

Le réchauffement détraque la planète. L’air chaud emmagasine plus d’humidité, alors que l’eau s’évapore davantage des océans. Pendant que certaines régions reçoivent des déluges, il reste moins d’eau pour les régions plus sèches.

Tout cela rattrape le Québec. On l’a vécu cet été avec la pluie record qui a rempli d’eau nos sous-sols. On l’a vu aussi l’été dernier avec les incendies qui ont dévoré les forêts du Grand Nord.

Une autre image frappante du World Press Photo capte ces heures sombres.

On y voit un pompier, grimpé sur un rocher, qui scrute l’horizon calciné. La photo témoigne de sa bravoure à combattre les flammes. Mais elle peut aussi être perçue comme une métaphore de l’arrogance de l’humain, juché sur un piédestal, alors que la nature est en cendres.

Lutter contre les conséquences des changements climatiques est essentiel. Mais il est encore plus crucial de lutter contre la cause du problème en réduisant nos émissions de gaz à effet de serre.

Pour y arriver, chacun devra changer son mode de vie. Mais en mettant tout le poids sur le dos des individus, on risque de les démoraliser, de les culpabiliser et de les braquer les uns contre les autres.

Agir en solo ne nous mènera nulle part. C’est aux élus d’assumer leur rôle. À eux de déployer les outils pour réduire les GES. Mais les politiciens craignent de déplaire à leurs électeurs.

Cette semaine, le premier ministre Justin Trudeau a choisi de bloquer la route aux véhicules verts fabriqués en Chine, à faibles coûts, pour protéger les emplois dans l’industrie canadienne. Or, cette décision retardera notre virage vers les voitures électriques.

Le chef conservateur Pierre Poilievre fait bien pire. Il claironne « Axe the tax » sur toutes les tribunes… même au Québec où la taxe carbone ne s’applique pas. Jamais il ne dit par quoi il remplacerait cet outil dont l’efficacité est mondialement reconnue. La tarification carbone a le mérite de s’appuyer sur le principe juste et équitable du pollueur-payeur. En mettant un prix sur la pollution, elle décourage les comportements nuisibles et favorise l’innovation.

Mais un vent de populisme économique freine les efforts de décarbonation.

Aux États-Unis, le candidat républicain à la vice-présidence J.D. Vance a même proposé d’éliminer les subventions à l’achat de véhicules électriques pour plutôt offrir une remise de 7500 $ sur tous les camions et les VUS… à essence. Dans la catégorie « contre-productif », c’est dur à battre.

Le Québec peut se targuer d’avoir maintenu une tarification carbone cohérente, depuis déjà 10 ans, malgré le passage de trois partis politiques. Mais notre bourse du carbone a besoin d’un bon tour de vis, comme La Presse l’a déjà plaidé1.

Au lieu d’imposer une taxe, comme ailleurs au Canada, notre système plafonne les droits d’émettre des GES. Chaque année, les grands pollueurs – les fournisseurs de carburants, par exemple – doivent acheter des droits dont le gouvernement réduit graduellement le nombre.

Le hic, c’est que le gouvernement a émis trop de droits au départ. On est donc pris avec une surabondance qui fait que le prix du carbone est trop bas.

En plus, on permet aux entreprises qui veulent continuer à polluer de se procurer des droits compensatoires, un peu comme le voyageur qui voudrait compenser l’effet d’un trajet en avion en plantant des arbres.

Le malheur, c’est que les entreprises québécoises achètent le gros de ces crédits en Californie, qui est partenaire de notre marché du carbone. Or, des études démontrent que les projets de captation de carbone de projets forestiers en Californie donnent des résultats mitigés.

En fin de compte, le Québec envoie de l’argent en Californie au lieu de faire réellement des efforts pour décarboner son économie. Ce n’est pas souhaitable.

Ces droits compensatoires devraient être éliminés. Les surplus de droits devraient être éliminés. Voilà certaines des recommandations présentées mercredi par le Comité consultatif sur les changements climatiques2, chargé d’éclairer le gouvernement.

Écoutons cette voix de la raison.

Ne détournons pas le regard des changements climatiques, dont les conséquences bousculent nos vies, au Québec comme ailleurs.

1. Lisez l’article « Notre bourse du carbone est dans le champ » 2. Consultez les recommandations comité consultatif sur les changements climatiques

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Résumé

Miquelon lutte pour garder la tête hors de l’eau

La mer, gagne-pain des Miquelonnais depuis des siècles, menace de submerger les résidents de l’île française au large de Terre-Neuve. Les changements climatiques forcent la mise en place d’un vaste projet de déplacement et de reconstruction sur des terres plus élevées.

Texte et photos par Patrick Butler

Publié le 4 septembre 2024

C’est un rituel quotidien pour Philippe Detcheverry. La première chose qu’on fait le matin en se levant, c’est de regarder le temps et de regarder la mer, explique le résident de Miquelon, île française à seulement 20 km de Terre-Neuve. Depuis sa cuisine, il fixe l’horizon, une ligne bleue ininterrompue en cette journée ensoleillée de juin. Ça fait quelques jours qu’on ne voyait que du brouillard, dit-il, penché sur le comptoir.

Cette cuisine, cette maison, Philippe Detcheverry les a construites lui-même, une fierté. Mais il s’en départira bientôt.

La mer, jamais loin sur l’île, menace de plus en plus ses 600 habitants. La plupart d’entre eux habitent des maisons bâties à moins de 2 m au-dessus du niveau de l’eau.

Construit sur un isthme de sable et de galets, le village de Miquelon occupe une bande de terre prisée pendant des siècles. Un site idéal pour sécher la morue, mais qui est ces jours-ci particulièrement vulnérable aux tempêtes et à la submersion.

Philippe Detcheverry a pris sa décision. Il sera parmi les premiers résidents à participer à un vaste projet de reconstruction, engendré entièrement pour répondre aux défis posés par les changements climatiques, qui est pour le moment sans parallèle en Amérique du Nord. Le gouvernement français offre de racheter tous les bâtiments de Miquelon, environ 400 au total. En échange, il donnera aux résidents des terres plus en hauteur, à environ 2 km du village actuel.

Philippe Detcheverry dans sa cuisine, à Miquelon Photo : Radio-Canada / Patrick Butler

On se dit qu’on passe Noël 2026 dans la nouvelle maison, souligne Philippe Detcheverry, un vrai Miquelonnais, né sur l’île à l’époque où les accouchements se faisaient encore dans la municipalité isolée. Au départ, sceptique par rapport au projet comme bon nombre de ses voisins le sont toujours, il précise que presque tout le village est inconstructible depuis une décennie, les risques d’inondations étant tellement élevés. Pour lui, le déplacement du village s’impose.

Voici la question qu’on s’est posée, raconte le retraité, dont la cave a déjà été inondée à quelques reprises. Quelle valeur notre bien aura le jour où on le laissera à nos enfants?

Le village compte environ 400 bâtiments. Photo : Radio-Canada / Patrick Butler

Ondes de choc

C’est l’ex-président français François Hollande qui a interdit presque toute nouvelle construction dans le village, en 2014. La décision a été dévoilée sans aucun préavis lors d’une visite à Saint-Pierre-et-Miquelon, dernier territoire français en Atlantique Nord. Les résidents sont pris de court, tout comme le maire de l’époque, et ainsi presque tout projet de construction tombe à l’eau.

« Ça a été très violent, les gens ne s’y attendaient pas. »

— Une citation de Franck Detcheverry, maire de Miquelon

Depuis cette annonce choc, Miquelon se penche sur une façon de se donner un second souffle, explique-t-il, roulant devant des Peugeot et des Renault stationnés près d’un restaurant servant homard frais et crêpes aux Saint-Jacques.

Le déplacement […] on aurait voulu le voir progressif, c’est-à-dire que chaque nouvelle construction aurait été construite sur un site surélevé, en sécurité. Et on se disait que petit à petit la transition se ferait d’elle-même, affirme-t-il.

Le maire du village, Franck Detcheverry Photo : Radio-Canada / Patrick Butler

Toutefois, tout change en 2022, lorsque la tempête Fiona frappe le sud de Terre-Neuve. Une puissante onde de tempête détruit environ 100 maisons, transformant d’un coup le paysage de plusieurs communautés côtières. À Port-aux-Basques, une femme est morte, emportée par la mer.

Quarante-huit heures plus tôt, les prévisions montraient Fiona fonçant sur Miquelon. Si le village a finalement été épargné de justesse, la violence de la tempête n’a pas échappé aux autorités françaises.

Fiona a vraiment accéléré les choses , explique le maire Detcheverry, en poste depuis 2020. L’État s’est engagé à racheter les maisons de tous les résidents qui le souhaitaient. Un site surplombant le village actuel a été choisi pour les premières constructions.

À la mairie, à quelques pas d’une boulangerie vendant croissants et pains au chocolat, Franck Detcheverry imprime les plans des 15 premières parcelles de 800 m2 qui seront offertes aux Miquelonnais. Il montre du doigt le site de l’éventuelle zone refuge, le premier édifice municipal du nouveau village, qui sera construit pour héberger jusqu’à 300 sinistrés en cas de fortes tempêtes.

Le maire souligne que le vaste chantier proposé sera financé par le fonds Barnier, qui aide les Français dont la maison est menacée par les changements climatiques. C’est un fonds d’État prélevé sur l’ensemble des cotisations des […] citoyens français qui paient une taxe sur leur assurance habitation, explique-t-il.

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La majeure partie du territoire du village est à moins de deux mètres au-dessus du niveau de la mer. Photo : Radio-Canada / Patrick Butler

  • Image 1 de 5 : Une rue de Miquelon. Environ 600 personnes habitent à Miquelon, l’une des îles de l’archipel français de Saint-Pierre-et-Miquelon, au large de Terre-Neuve. Photo: Radio-Canada / Patrick Butler.
    Image 2 de 5 : Un cheval dans un champs d’herbe avec la mer en arrière-plan. La majeure partie du territoire du village est à moins de deux mètres au-dessus du niveau de la mer. Photo: Radio-Canada / Patrick Butler.Image 3 de 5 : Des pêcheurs sur un bateau font le tri de coquilles Saint-Jacques. Des pêcheurs de retour au quai après avoir pris la mer, leurs paniers remplis de coquilles Saint-Jacques. Photo: Radio-Canada / Patrick Butler.Image 4 de 5 : Des bateaux de pêche amarrés à un quai de Miquelon. L’économie de Miquelon a pendant longtemps été basée sur la pêche à la morue, dont les stocks se sont effondrés. Photo: Radio-Canada / Patrick Butler.Image 5 de 5 : Deux maisons et deux voiture entouré par un pré. Il y a environ 400 bâtiments dans le village. Photo: Radio-Canada / Patrick Butler.

Le maire précise qu’il faut toujours trancher sur un élément crucial : l’indemnisation exacte qui sera offerte aux résidents. Tout le monde est bien conscient que c’est le nerf de la guerre, soulève le retraité Philippe Detcheverry. Comme plusieurs résidents interviewés par Radio-Canada, il déménage seulement si l’argent offert par l’État permet de payer complètement la reconstruction de sa maison.

À long terme, la municipalité vise à reconstruire des centaines de maisons, l’école de Miquelon, la clinique de santé, le terrain de soccer… Mais qu’en est-il de l’église, un site patrimonial vieux d’un siècle et demi, et du cimetière? Ça, c’est un vrai débat, affirme le maire, admettant que le projet pourrait s’échelonner sur des décennies.

Aujourd’hui, on est les premiers à se déplacer de cette façon dans toute la sphère française, que ce soit en outre-mer ou en métropole. C’est aussi un peu une stratégie de notre part en se disant qu’on est les premiers , explique le maire, soulignant que les résidents pourraient aussi devoir démanteler eux-mêmes leur maison actuelle.

« Il y aura de plus en plus de gens qui ont des problèmes à cause des changements climatiques. Plus il y aura du monde à piocher dans le pot commun, moins on aura d’argent. L’idée, c’est de démarrer dès aujourd’hui pour avoir un projet qui tienne la route. »

— Une citation de Franck Detcheverry, maire de Miquelon

Dans le village de Miquelon, qui occupe un isthme de sable et de galets, la mer n’est jamais loin. Photo : Radio-Canada / Patrick Butler

Un avenir flou

Pour l’instant, les résidents ont encore la possibilité de rester au même endroit. Si une quarantaine de ménages souhaitent reconstruire sur des terres plus élevées, et donc plus sécuritaires, plusieurs résidents sont, eux, sceptiques ou carrément contre le projet.

Croisés devant leur maison, des Miquelonnais racontent leurs projets de rénovation, alors que d’autres peignent leur nouveau patio, construit malgré le projet de reconstruction qui se concrétise. De nouveaux bâtiments sur pilotis sont en construction, une façon de détourner la réglementation actuelle.

Danielle Lebolloch, à vélo devant l’épicerie, les cheveux gris, au vent, est catégorique. Trop âgée pour tout rebâtir, elle ne déménage pas.

Danielle Lebolloch se dit trop âgée pour tout rebâtir. Photo : Radio-Canada / Patrick Butler

Mon compagnon dit toujours que lui, quand il va déménager, ce sera dans une petite caisse et il n’ira pas très loin, explique-t-elle.

Quand on veut construire, fonder un foyer, c’est sûr que c’est pour au moins 50 ans de vie, quoi. […] Nous, ce n’est pas notre problème, soutient-elle, une boîte de flocons de maïs dans le panier de sa bicyclette.Ces céréales, elle les a achetées chez Marina Detcheverry, propriétaire d’une des deux épiceries de Miquelon. La commerçante craint, elle, que son village natal se vide.

On est dans le flou, soutient-elle, rappelant que les gens qui acceptent l’argent du fonds Barnier pourraient finalement décider de quitter l’île plutôt que de reconstruire sur les terres choisies par la mairie.

Marina Detcheverry est propriétaire d’une des épiceries de Miquelon. Elle s’inquiète de l’avenir flou de son village. Photo : Radio-Canada / Patrick Butler

C’est notre crainte, que l’économie de Miquelon parte en fumée, que les gens décident de partir et qu’il n’y ait plus rien ici, exprime la propriétaire, devant les tablettes de son magasin offrant vins et fromages importés de la métropole, mais aussi des légumes et des cannettes de sauce brune St-Hubert venues du Canada.

« L’exode. C’est ce dont on a peur, comme commerçante, comme native du pays. »

— Une citation de Marina Detcheverry

À quelques pas de l’épicerie se trouve la résidence de Cindy et Morgan Hansen. Les parents de trois enfants, assis sur leur divan entouré de jouets au sol, sont plutôt optimistes. Ils croient au projet de reconstruction et à l’élan qu’il pourrait donner au village, dont la population vieillit. Plus de la moitié des résidences sont saisonnières, ces jours-ci.

Arrivés à Miquelon en 2022, les Hansen sont tombés amoureux de l’île et espèrent être parmi les premiers pionniers à reconstruire.

Morgan (à droite) et Cindy Hansen, avec leur fils Jamie, chez eux à Miquelon. Ils espèrent être parmi les premiers à reconstruire leur maison sur un terrain plus élevé. Photo : Radio-Canada / Patrick Butler

Les premiers qui seront là, ce seront ceux qui croyaient vraiment à ce projet, qui avaient vraiment envie de faire partie de cette communauté de pionniers, avec tout le sens que peut avoir ce mot , affirme Cindy Hansen pendant qu’elle aide son plus petit, Jamie, un an, à manger des tranches de pomme.

Elle espère profiter du programme de déplacement du village pour construire une maison moderne et écologique.

« On n’est que 600 et je trouve ça super courageux de pousser le projet aussi loin. »

— Une citation de Morgan Hansen

Philippe Detcheverry soutient qu’à la lumière des tempêtes de plus en plus intenses, il pourrait devenir progressivement plus difficile d’assurer sa maison à Miquelon. Je pense que plus le risque sera grand, plus l’assureur sera exigeant, affirme-t-il.

Franck Detcheverry, le maire, ajoute que Paris refuse de payer des brise-lames ou des digues pour protéger le village actuel, comme plusieurs résidents le suggèrent.

Il y a beaucoup d’endroits où ils font des digues, où ils reconstituent des plages et c’est de l’argent public qui part et qui part tous les ans , indique-t-il. Il faut recommencer, entretenir ses ouvrages. Nous, on a fait le choix de se déplacer et d’être résilients plutôt que de lutter contre les éléments indéfiniment.

Le village de Miquelon est situé au nord de l’île. Photo : Radio-Canada / Patrick Butler

Un nouveau départ

Le temps de parcourir en auto les deux kilomètres séparant la mairie et l’emplacement du nouveau village, Franck Detcheverry souligne que si le projet ne fait pas l’unanimité, il permettra de réimaginer la municipalité. Le maire, fermant la radio qui diffuse un bulletin provenant de Paris, promet des pistes cyclables, des chemins piétons, des maisons mieux isolées.

C’est ici que ça commence, promet-il, stationnant sa voiture sur le bord de la route. Devant lui : des arbustes, des roches et de la tourbe, un terrain vide où pousseront bientôt des maisons, espère-t-il.

À droite, l’emplacement du nouveau village, qui a déjà été choisi. Photo : Radio-Canada / Patrick Butler

Le maire promet que l’extension des réseaux électriques et d’égoûts commencera cette année. Il espère que les premières maisons seront construites d’ici 2026, la fin de son mandat.

On se connaît tous, on est tous plus ou moins de famille. Ce n’est pas toujours évident d’assumer et de défendre un tel projet, mais bon , confie le maire. Il admet que pendant quelques années, cette grande famille miquelonnaise sera peut-être divisée entre l’actuel village et le nouveau, Miquelon bis, en attendant que tous les résidents migrent vers des terres plus élevées et plus sécuritaires.

Philippe Detcheverry croit, pour sa part, que les prochaines tempêtes pourraient accélérer le pas du déménagement. Si on devait subir des dégâts, un peu comme ce que Port-aux-Basques a pu connaître, on nous forcera un petit peu plus la main , soutient-il. Je pense que ce serait le déclic. Que personne ne souhaite, évidemment.

Pour écouter le reportage diffusé à l’émission Tout terrain cliquez ici

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le reportage au Téléjournal

Déménager Miquelon, contre vents en marées

C’est un projet très ambitieux : déménager tout un village pour le mettre à l’abri des violentes tempêtes et de la montée des eaux causées par les changements climatiques. Le projet prend forme tout près du Canada chez nos voisins français de l’archipel Saint-Pierre et Miquelon, qui est situé à une vingtaine de kilomètres de Terre-Neuve.

Michèle Brideau est allée voir comment on va s’y prendre pour déménager les 600 habitants du village de Miquelon.

Pour plus d’informations, lisez notre article sur le sujet : Miquelon lutte pour garder la tête hors de l’eau | Radio-Canada.ca

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Résumé

Portrait global de l’état du Saint-Laurent 2024 Les eaux du fleuve se réchauffent et la quantité d’oxygène diminue

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

La principale conclusion du rapport est que « l’état de santé du fleuve demeure fragile » et certains indicateurs, comme la température de l’eau et la saturation d’oxygène, montrent « des signes de détérioration préoccupants ».

(Montréal) La diminution de la quantité d’oxygène dans les fonds marins du Saint-Laurent préoccupe des chercheurs des gouvernements du Canada et du Québec, qui ont rendu public jeudi le Portrait global de l’état du Saint-Laurent 2024.

Publié à 15h50

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Stéphane Blais La Presse Canadienne

Pour la période de 2018 à 2022, 18 indicateurs qui portent notamment sur la qualité de l’eau, les ressources biologiques présentes dans le fleuve et l’état de ses rives ont été évalués dans le cadre du programme conjoint de suivi de l’état du Saint-Laurent.

La principale conclusion est que « l’état de santé du fleuve demeure fragile » et certains indicateurs, comme la température de l’eau et la saturation d’oxygène, montrent « des signes de détérioration préoccupants ».

Réchauffement de l’eau et hypoxie

Le document souligne que depuis 2015, les températures des couches d’eau profondes du Saint-Laurent atteignent des niveaux records en comparaison des températures enregistrées depuis 1915.

La température moyenne à 300 mètres de profondeur a même dépassé 7 degrés Celsius pour la première fois en 2022.

La température moyenne à 300 mètres de profondeur a même dépassé 7 degrés Celsius pour la première fois en 2022.

Le réchauffement des eaux profondes, observé depuis plusieurs années, contribue à l’hypoxie, donc à la diminution de la quantité d’oxygène.

Il faut savoir que les eaux profondes du Saint-Laurent sont constituées d’un mélange des eaux chaudes du Gulf Stream et des eaux froides du courant du Labrador Est.

Or, il s’avère que les eaux du Gulf Stream, plus chaudes, contribuent de plus en plus à la composition des eaux profondes du Saint-Laurent et ce changement « ne peut qu’empirer la situation d’hypoxie puisque ces eaux sont moins riches en oxygène dissous que les eaux du courant du Labrador ».

Le rapport souligne également que « ce changement est possiblement lié aux changements de la circulation océanique causés par le réchauffement de la planète ».

Le manque d’oxygène dans le Saint-Laurent peut engendrer de graves répercussions sur les écosystèmes, en asphyxiant par exemple les organismes qui vivent dans les fonds marins.

Le Portrait global de l’état du Saint-Laurent 2024 souligne qu’au début des années 1930, « la saturation en oxygène dissous dans les eaux profondes de l’estuaire était à près de 40 % », mais que « depuis 2020, les valeurs moyennes mesurées sont inférieures à 15 %, rendant quasi impossible la survie de plusieurs espèces d’importance commerciale dans les eaux profondes de l’estuaire ».

Le pH : « intermédiaire-mauvais »

Parmi les autres indicateurs de l’état du Saint-Laurent qui montrent des signes de détérioration préoccupants figure le pH, qui est une mesure de l’acidité et de l’alcalinité de l’eau.

Le pH du Saint-Laurent est jugé « dans un état intermédiaire-mauvais ».

Ainsi, « l’acidification des eaux profondes de l’estuaire qui s’est produite sur une courte période peut causer des effets négatifs sur plusieurs organismes », soulignent les chercheurs.

Le pH était de 7,8-7,9 au début des années 1930 dans les eaux profondes de l’estuaire, « ce qui est considéré normal dans un tel écosystème aquatique », mais en 2022, il frôlait 7,5, ce qui représente une diminution de 0,3-0,4 unité de pH.

« Même si les diminutions de pH peuvent sembler peu significatives en chiffre, il importe de rappeler que l’échelle de pH est logarithmique. Ainsi, la diminution d’environ 0,03 unité de pH entre 2018 et 2022 a entraîné une augmentation de l’acidité du milieu de plus de 8 % », peut-on lire dans le document.

Les chercheurs ont également constaté « une légère détérioration » de l’état des milieux humides, « principalement en raison des activités agricoles et de la prolifération d’espèces végétales exotiques envahissantes ».

L’indicateur de l’état du béluga du Saint-Laurent est qualifié « d’intermédiaire-mauvais » pour la période 2018-2023 en raison surtout du « taux de mortalité accru observé depuis 2010 chez les femelles adultes et les nouveau-nés ».

Par ailleurs, plus du tiers des indicateurs du Portrait global de l’état du Saint-Laurent 2024 « affichent un état intermédiaire-bon ou bon ».

Parmi ceux-ci, il y a la contamination de l’eau par les toxiques, la salubrité des eaux coquillières, le suivi des algues toxiques, l’état des communautés phytoplanctoniques et l’état de la population du bar rayé et du grand héron.

This weekend, CBC Radio One ran a special feature on how climate change is having an impact from 3 different perspectives.

Here are the three episodes:

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Reportage au Téléjournal

Changements climatiques : reconstruire autrement après un sinistre

Les ravages de la tempête Debby, il y a un mois, ont bouleversé la vie de milliers de personnes, dont la maison a été inondée.

Les assureurs du Québec ont reçu environ 70 000 réclamations, notamment de propriétaires qui doivent reconstruire leur sous-sol. Les risques de voir se reproduire de tels événements sont plus grands.

Il faut donc rebâtir autrement pour améliorer la résistance des bâtiments. Mais comment? Quelques éléments de réponses avec Jean-Sébastien Cloutier

Atmospheric scientists and hydrologists explain why urban areas are more at risk of flooding, and what can be done about it.

A new study suggests that summer rainstorms are more frequent, more intense and more concentrated over cities than in their surrounding rural areas, resulting in greater flood risk.

“Cities are expected to become more populated and increase in size in the coming decades,” said Herminia Torelló-Sentelles, an atmospheric scientist at the University of Lausanne and the study’s lead author. “Being able to quantify urban flood risk is important for urban planning and when designing urban drainage systems.”

The study, published in the Sept. 10 issue of the scientific journal Earth’s Future, may be of particular interest to the thousands of Quebecers who are still cleaning up and rebuilding their basements after record rainstorms on July 10 and Aug. 9.

Directement lié aux changements climatiques :upside_down_face:

«Il a rapetissé d’environ 70%»: le «glacier de Montréal» qui perdure depuis 2007 a presque fondu cet été

La Ville n’avait jamais réussi à le faire disparaître, mais les canicules, pluies diluviennes et l’hiver sans neige l’ont aidée cet été

principale
Ce glacier de 180 000 mètres cubes est un vestige des tempêtes de neiges généreuses de l’hiver 2007-2008. | Photo LOUIS-PHILIPPE MESSIER

https://www.journaldemontreal.com/2024/09/11/le-glacier-de-montreal-qui-perdure-depuis-2007-a-presque-fondu-cet-ete

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Vraiment fascinant ce phénomène - même si j’aime la neige l’hiver, je souhaite aux travailleurs d’enfin en venir à bout :sweat_smile:

Le 9 août dernier, Montréal a connu un épisode inédit de pluies intenses qui a engorgé les canalisations et a inondé le sous-sol de plusieurs maisons à Ahuntsic-Cartierville. Comment s’adapter à ces événements de plus en plus fréquents dans l’agglomération ?

Selon les données publiées sur le site Web d’Ouranos, consortium sur la climatologie régionale et l’adaptation aux changements climatiques, «un événement de précipitation maximale annuelle qui a historiquement eu 5 % de chances de se produire chaque année, pourrait, dans le futur, vers 2046-2065, avoir de 10 % à 14 % de chances de se produire chaque année.» Une tendance de fond qui oblige les pouvoirs publics à prendre des mesures pérennes.

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Des propriétaires montréalais devront renoncer à conserver des logements en sous-sol en raison des risques accrus d’inondations causées par les changements climatiques, soutient la Ville de Montréal, qui se dit incapable d’effectuer tous les investissements requis pour contrer les refoulements d’égouts.

À l’occasion de l’assemblée du conseil municipal lundi soir, des citoyens du secteur de la rue de Belmont dans Saint-Léonard, qui ont été inondés le 9 août dernier, ont exprimé leur exaspération aux élus.

Propriétaire d’un immeuble situé à l’intersection des rues Belmont et Mériel depuis 1976, Pasquale Agostinelli a relaté qu’au cours des six dernières années, son immeuble avait été inondé deux fois par an. « J’ai quatre locataires dans le sous-sol. Il y en a un qui est parti. J’ai dit à tout le monde : “Allez-vous-en parce que je ne peux plus rien faire. Il n’y a pas d’assurance” », a-t-il expliqué. « Je ne sais plus quoi faire. »

Comme d’autres citoyens de ce secteur, il presse la Ville de procéder à des travaux d’amélioration du collecteur Langelier et de construire un nouveau bassin de rétention de manière à réduire les risques de refoulement d’égouts.

Mais la Ville n’avait pas une réponse susceptible de lui plaire. « Je pense que dans le futur, on ne pourra plus avoir de logements dans le sous-sol », lui a répondu la responsable du dossier de l’eau au comité exécutif, Maja Vodanović. L’élue a expliqué qu’il faudrait attendre peut-être jusqu’à 20 ans pour faire les travaux majeurs demandés par les citoyens. Mais, même une fois réalisés, ils ne suffiraient pas pour contrer les précipitations de 150 mm de pluie en une journée, comme celles survenues le 9 août dernier, a-t-elle ajouté.

Une affirmation de la Ville tout à fait logique dans un monde idéal, mais si on revient à la réalité sur le terrain comment se passer de dizaines de milliers de logements souvent plus abordables que la moyenne, quand on est en pleine crise du logement et qu’il faudra des années et des milliards pour véritablement la résorber?

D’abord les propriétaires ne renonceront jamais à des revenus récurrents en dépit des risques d’inondation. Pareil pour les locataires, plus souvent démunis, qui n’ont pas les moyens de payer plus cher pour se loger.

Quant à la Ville, diminuera-t-elle la valeur foncière des propriétés qui incluent de plein droit des logements en sous-sols? En crise financière elle-même, chaque dollar de revenu est indispensable pour financer ses nombreux budgets déjà trop souvent déficitaires.

Cela dit sans une approche professionnelle, des analyses exhaustives, des consultations dans le milieu et des rencontres avec le gouvernement et tous les autres intervenants pertinents dans cet épineux dossier, inutile de faire des prédictions et prendre des décisions sur de simples prémisses.

Or sans aller au fond des choses et rechercher le plus large consensus possible, on ne fera que pelleter le problème en aval. Car c’est avant tout un défi de société, puis un problème financier qui touche tout le monde dont les locataires sont déjà les premières victimes innocentes.

Encore une fois je reviens avec ma sempiternel critique, c’est au parti au pouvoir, le gouvernement de la CAQ à qui revient l’initiative de prendre ses responsabilités et convoquer tout le monde pour décider d’une politique sérieuse qui révisera tous les aspects techniques de cette problématique complexe.

Mais je rêve puisque ce gouvernement est encore à essayer de réaliser son projet chimérique de 3 ème lien à Québec, par la porte d’en arrière par pure électoralisme, tout en ignorant les vrais défis environnementaux qui nous sautent brutalement dans la face. :rage:

Je ne pense pas qu’on soit proche de retirer ces logements non plus. C’est simplement une lucidité sur le fait que ces logements ne seront plus assurables, vont s’inonder, et que le gouvernement ne dédommagera probablement pas les ménages à chaque fois. Le commentaire s’est fait avec un angle bien précis. Dans un contexte plus large je suis d’accord qu’il faut plus de nuance. Par la force des choses et le temps, plusieurs propriétaires vont probablement utiliser ces espaces différemment, vu le coût de ces événements.

C’est physiquement impossible d’empêcher les inondations au volume d’eau qu’on a vu, même si l’on investissait des dizaines de milliards de dollars pour littéralement doubler la capacité du réseau. C’est un constat fâchant, mais tant qu’une réelle solution n’existe pas, il faut faire avec.

Assurons-nous au moins que les constructions neuves sont plus résilientes. La quantité d’eau de laquelle il faut se protéger est plus grande qu’avant.

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Les précisions pour Ville-Marie: les nouveaux édifices dans les zones de cuvettes n’auront pas de sous-sol. Les logements en sous-sol existants ne sont pas menacés.

La Presse a une carte:

Et une compensation pour ne pas réduire le nombre de logements:

La perte de ces espaces pourrait être compensée en ajoutant des étages aux nouveaux immeubles, pour lesquels des contraintes de hauteur pourraient être retirées, explique le site web de l’arrondissement.

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Voilà qui apporte un peu plus de précisions concernant les zones véritablement à risque. Donc pas de politique mur à mur et des compromis pour compenser les pertes par l’ajout d’étages supérieurs. En même temps on protège les droits acquis tant et aussi longtemps que les sous-sols problématiques n’auront pas été remplacés pour éviter de mettre le monde dans la rue.

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Wow la cuvette au sud d’Ontario dans Centre-Sud est vraiment impressionante, quoique ça fait du sens vu l’angle de la côte Sherbrooke à ce niveau là

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Même par rapport au boulevard Maisonneuve au sud, on dirait qu’il y a un 2-3 mètres plus “creux” à cet endroit selon Google Earth.

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Il y avait le ruisseau Saint-Martin ou du Parc Lafontaine qui coulait par là autrefois. Ce serait intéressant de superposer la carte des cuvettes avec celle des anciens cours d’eau. Je vais essayer de le faire demain.

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Des propriétaires de l’arrondissement de Saint-Léonard déplorent que la Ville de Montréal ne construise pas un bassin de rétention pour éviter les inondations lors de pluies abondantes, telles que vécues durant l’été. Plusieurs d’entre eux se sont présentés au conseil municipal lundi dans l’espoir de se faire entendre.

Or, la Ville a d’autres plans en tête. L’administration Plante a écarté l’idée d’investir pour un bassin de rétention dans ce secteur.

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Dans le Devoir, une traduction d’un article du Washington Post

En l’espace de quelques semaines, des inondations catastrophiques ont balayé quatre continents.

Des typhons ont provoqué des glissements de terrain en Asie du Sud-Est et inondé Shanghai. Une tempête se déplaçant lentement, inhabituelle à cette époque de l’année, a déversé un déluge sur l’Europe centrale. Des mois d’inondations se sont prolongés dans le nord et le centre de l’Afrique, la pluie continuant à tomber sur des paysages normalement plus arides. Aux États-Unis, un système tropical trop désorganisé pour devenir une tempête nommée a néanmoins déversé des pluies historiques sur les Carolines, avec plus de 50 cm à certains endroits.

Des recherches ont rapidement été entreprises pour déterminer dans quelle mesure l’augmentation des températures mondiales due à l’activité humaine a rendu certaines de ces averses plus intenses. Les résultats ne sont pas encore disponibles, mais les scientifiques disent que les signes sont déjà clairs.

La version originale

At this time of year, that flood potential amped up by global warming can become especially evident.

Typhoons triggered landslides across Southeast Asia and inundated Shanghai. A slow-moving storm, unusual for this time of year, sent a deluge over Central Europe. Months of floods wore on in northern and central Africa as rain continued to fall on landscapes that are normally more arid. And in the United States, a tropical system too disorganized to become a named storm nonetheless poured historic rainfall on the Carolinas, with more than 20 inches landing in some spots.

https://www.washingtonpost.com/weather/2024/09/19/global-flooding-events-rising-heat/

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