Changements climatiques

Au Québec, les cartes finales doivent être élaborées pour le printemps, au grand dam des propriétaires touchés. Mais il y a un gros bémol : elles n’incluent pas le risque de refoulements d’égouts causés par les pluies diluviennes, un problème pourtant majeur.

C’est l’une des raisons pour laquelle Amine Ouazad considère que l’évaluation de 10 % des ménages en zone à risque d’inondation à l’échelle du pays est largement sous-estimée.

Les évaluations plus conservatrices estiment qu’au Canada, c’est 20 % des logements qui sont exposés aux risques d’inondation. En ajoutant les risques de feux de forêt, on pourrait atteindre un tiers du stock immobilier affecté, soit 17 millions d’unités de logement. Comment gérer ça? Il va y avoir des choix politiques difficiles à faire, soutient-il.

« On se dirige vers une catastrophe. C’est l’un des plus grands risques économiques des prochaines années pour le Canada si rien n’est fait. »

— Une citation de Maryse Rivard, ancienne présidente du RCCAQ

Des leçons pour le Canada

Le Canada a tout avantage à apprendre des États-Unis. La crise des assurances chez nos voisins du sud résulte de facteurs complexes, dont l’inflation galopante, mais aussi des choix politiques.

Au cours des dernières années, plusieurs États, comme la Floride et la Californie, ont tenté de geler ou de limiter les hausses de primes fulgurantes pour protéger les consommateurs. Ils ont empêché les assureurs d’ajuster leurs tarifs en fonction des risques climatiques réels.

Quand on ne peut pas ajuster les primes face à un risque croissant, les assureurs finissent par quitter le marché, explique Amine Ouazad.

Les décideurs canadiens ne sont pas à l’abri de ces écueils. Pour remédier à la flambée des coûts de l’assurance automobile, le gouvernement albertain a imposé un gel des primes, ce qui a récemment provoqué le départ de plusieurs assureurs de la province.

(…)

Cet appel intervient alors que le retour au pouvoir de Donald Trump, ouvertement climatosceptique, fait craindre un recul dans les sciences du climat.

La principale agence américaine chargée des prévisions météorologiques, de l’analyse du climat et de la conservation marine, la NOAA, est devenue une cible privilégiée de l’administration républicaine, et des centaines de scientifiques et d’experts ont déjà été licenciés.

Donald Trump a également nommé à la tête de cette prestigieuse agence un météorologue, Neil Jacobs, qui avait induit en erreur la population sur le passage d’un ouragan lors de son premier mandat.

« Investir dans la météo »

Ces dernières semaines, l’OMM a souligné le rôle de « leadership » des États-Unis dans le système international qui permet d’établir des prévisions météorologiques essentielles et vitales.

« Nous travaillons avec tous les scientifiques dans le monde pour améliorer la situation des populations » et « espérons que cela continuera malgré les divergences politiques et les changements internes », a indiqué Omar Baddour, qui dirige les services de surveillance du climat de l’OMM, lors de la présentation du rapport.

Scientifiques et défenseurs de l’environnement ont exprimé leur inquiétude face aux licenciements et à un possible démantèlement de la NOAA.

« Investir dans les services météorologiques et hydrologiques nationaux est plus important que jamais pour relever les défis et bâtir des communautés plus sûres et plus résilientes », relève aussi Celeste Saulo.

D’autant que « les signes évidents du changement climatique provoqué par l’homme ont atteint de nouveaux sommets en 2024 », avec des conséquences irréversibles sur des centaines, voire des milliers d’années, souligne l’OMM dans un communiqué.

Résumé

Environnement

L’histoire climatique québécoise inscrite dans les cernes de ses arbres

PHOTO ALEX_UGALEK, ARCHIVES GETTY IMAGES

« Lorsqu’il y a moins de neige, les prédateurs peuvent y accéder plus facilement au début du printemps, lorsque les faons sont plus vulnérables », a expliqué Alexandre Pace, auteur principal de l’étude et doctorant à Concordia.

Des cernes de croissance d’arbres québécois datant de près de 200 ans indiquent que le manteau neigeux des montagnes gaspésiennes a considérablement diminué au cours des dernières décennies. C’est ce que suggèrent des chercheurs de l’Université Concordia dans une étude qui pourrait apporter un éclairage supplémentaire sur la diminution des troupeaux de caribous et les prévisions hydroélectriques.

Publié hier à 22 h 36

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Jordan Omstead La Presse Canadienne

L’étude des cernes des arbres permet d’avoir des informations remontant à 1822, prolongeant de plus de 100 ans les données conservées par les stations météorologiques locales et les hydrographes. Cela permet de souligner comment les changements climatiques ont déjà remodelé la région.

« Cette reconstitution pourrait s’avérer utile pour la faune, les pêches et la gestion des réservoirs hydroélectriques », note l’étude publiée dans le Journal of Hydrology : Regional Studies.

En étudiant les cernes des arbres dans le bassin de la rivière Sainte-Anne, les chercheurs affirment avoir observé, depuis 1937, une baisse des débits printaniers extrêmes et des niveaux d’enneigement, liée aux changements climatiques.

« Le système était à un point de basculement, et il n’a pas fallu beaucoup de réchauffement climatique pour le pousser au point où nous avons perdu les enneigements extrêmes que les montagnes avaient autrefois », a expliqué Jeannine-Marie St-Jacques, coauteure de l’étude et professeure agrégée à l’Université Concordia.

Les résultats, selon l’étude, offrent une perspective à plus long terme concernant les caribous « gravement menacés » de la péninsule gaspésienne, la dernière harde restante au sud du fleuve Saint-Laurent. La population s’est effondrée depuis les années 1950, passant de 1500 à 34 individus, selon les chiffres gouvernementaux.

La dégradation de son habitat pour l’exploitation forestière est considérée comme la menace la plus pressante visant le caribou, mais la diminution de l’enneigement aggrave la situation, affirment les chercheurs. Les caribous se reproduisent dans les zones alpines et les enneigements profonds peuvent offrir une protection contre les prédateurs.

« Lorsqu’il y a moins de neige, les prédateurs peuvent y accéder plus facilement au début du printemps, lorsque les faons sont plus vulnérables », a expliqué Alexandre Pace, auteur principal de l’étude et doctorant à Concordia.

La période plus longue des débits printaniers des rivières peut également contribuer à éclairer les prévisions énergétiques pour l’industrie hydroélectrique québécoise, ont déclaré les chercheurs. Le grand complexe de la Romaine, un ensemble de quatre centrales, se trouve sur la rive opposée de l’estuaire du Saint-Laurent.

Des études similaires des cernes des arbres ont été réalisées dans les bassins des fleuves Potomac, Delaware et Hudson, mais aucune n’a examiné la zone longeant la côte atlantique au nord de l’Hudson jusqu’à Churchill Falls, Terre-Neuve-et-Labrador, ce que suggère l’étude.

Pour combler cette lacune, M. Pace et Mme St-Jacques se sont aventurés durant les étés 2017, 2018 et 2019 dans le parc national de la Gaspésie, qui abrite des montagnes escarpées, des saumons et des caribous. La rivière Sainte-Anne, longue de 70 kilomètres, traverse le parc.

De véritables archives naturelles

Les cernes sont un moyen bien connu de déterminer l’âge d’un arbre. Mais ils contiennent également des indices que les scientifiques utilisent pour reconstituer le climat du passé, en estimant les températures et les précipitations tout au long de la vie d’un arbre.

Des cernes plus fins indiquent un manteau neigeux plus épais qui a mis plus de temps à fondre et a retardé le début de la saison de croissance de l’arbre, explique l’étude. Des cernes plus épais, en revanche, indiquent une fonte précoce et une saison de croissance plus longue.

Mais le manteau neigeux est également étroitement lié au débit de la rivière Sainte-Anne, dans la région, selon l’étude. Un manteau neigeux plus épais signifie un débit plus élevé.

Pour synthétiser l’ensemble, les chercheurs ont modélisé la relation entre l’épaisseur des cernes des arbres et le débit des cours d’eau en mai, juin et juillet, compilée par des hydrographes et d’autres instruments au cours des dernières décennies.

Une fois leurs liens confirmés, ils ont pu appliquer leurs résultats aux cernes d’arbres vieux de plusieurs siècles afin d’établir une chronologie de l’écoulement fluvial depuis 1822.

Cela est particulièrement utile dans une région comme la Gaspésie, où les jauges et les stations météorologiques n’ont commencé à recueillir des données fiables qu’au milieu du 20e siècle, expliquent les chercheurs.

Ils ont comparé leurs résultats à ceux d’autres études de cernes d’arbres menées aux États-Unis le long de la côte atlantique et ont constaté plusieurs périodes de sécheresse concomitantes.

« Ces reconstitutions […] nous donnent une image plus précise de notre climat d’autrefois et nous permettent de comprendre le contexte du changement climatique », a affirmé M. Pace.

L’étude du climat passé à travers les données naturelles est connue sous le nom de paléoclimatologie. Elle peut inclure des analyses de sédiments lacustres, de récifs coralliens et de carottes de glace.

Par exemple, de minuscules bulles emprisonnées dans les carottes de glace de l’Antarctique peuvent offrir un aperçu de la composition en dioxyde de carbone de l’atmosphère terrestre il y a plus de 800 000 ans. Grâce à cela, les scientifiques peuvent comprendre comment le niveau de CO2, qui retient la chaleur, a connu une ascension vertigineuse lorsque l’humanité a commencé à brûler de grandes quantités de combustibles fossiles et se situe aujourd’hui à des niveaux jamais observés auparavant dans l’histoire humaine.

L’étude des arbres établit des chronologies climatiques continues en comparant les cernes à des échantillons de plus en plus anciens, les associant comme des codes-barres. Une étude de 2022 a utilisé les cernes des arbres pour reconstituer l’écoulement des eaux pluviales sur la rivière Santee, en Caroline du Sud, remontant à plus de 1000 ans. D’autres sont allées plus loin.

M. Pace, doctorant à Concordia, explique qu’il travaille sur une chronologie des cernes de cèdre sur 800 ans dans le sud du Québec. Cette recherche, dit-il, souligne une autre raison importante de préserver les forêts anciennes.

« Elles constituent potentiellement des archives naturelles, au-delà de leurs simples services à l’écosystème et de leur beauté. »

La croissance du phytoplancton est en quelque sorte l’équivalent marin de la reforestation pour séquestrer le CO2 de l’atmosphère. Dans les deux cas, ce sont des plantes qui absorbent le CO2.

Résumé

Réchauffement climatique Le pouvoir du phytoplancton sous la loupe

PHOTO TIRÉE DU SITE DE L’UNIVERSITÉ DALHOUSIE

Campagne d’échantillonnage de phytoplancton avec des bouées Argo par l’Université Dalhousie

Les océans capturent le tiers des émissions humaines de CO2. Mais cette « pompe à carbone » est moins efficace qu’on pensait, selon de nouvelles études. Et il y a d’autres mauvaises nouvelles climatiques pour les sept mers.

Publié à 5 h 00

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Mathieu Perreault La Presse

](La Presse | Mathieu Perreault)

Pour comprendre l’immense pouvoir de séquestration de carbone des océans, le chercheur Adam Stoer s’est tourné vers le minuscule : le phytoplancton. L’océanographe de l’Université de Dalhousie, en Nouvelle-Écosse, a utilisé des bouées océanographiques appelées Argo pour mesurer la quantité exacte de ces algues microscopiques.

Ces engins ont réalisé 100 000 allers-retours entre la surface et une profondeur de 2000 mètres pour enregistrer des données. Les résultats ont été publiés en octobre dans la prestigieuse revue savante PNAS.

La photosynthèse, qui fait grandir les végétaux, produit de l’énergie et de l’oxygène à partir du dioxyde de carbone (CO2), un gaz à effet de serre (GES), et de la lumière du soleil. Dans l’océan, le phytoplancton peut faire de la photosynthèse jusqu’à près de 100 mètres de profondeur, en fonction de l’opacité de l’eau. Il utilise le CO2 atmosphérique dissous dans l’océan.

PHOTO FOURNIE PAR ADAM STOER

Adam Stoer, océanographe de l’Université de Dalhousie, durant une expédition de recherche

Les estimations de la quantité de phytoplancton dans l’océan sont très variables, explique M. Stoer. Elles vont de 200 à 2000 mégatonnes de carbone. La quantité de carbone indique combien de matière organique contient un organisme. « Pour connaître la capacité d’absorption du CO2 de l’océan, il faut mieux connaître ce chiffre », explique Adam Stoer.

La croissance du phytoplancton est en quelque sorte l’équivalent marin de la reforestation pour séquestrer le CO2 de l’atmosphère. Dans les deux cas, ce sont des plantes qui absorbent le CO2.

Mais l’identification de la quantité de phytoplancton est difficile parce que les satellites ne voient qu’à une profondeur de 10 à 20 mètres. « C’est pour cette raison que les estimations sont si variables, dit M. Stoer. La quantité que nous avons mesurée est dans le bas de la fourchette, 314 mégatonnes de carbone », prévient-il.

PHOTO FOURNIE PAR ADAM STOER

Une bouée Argo larguée par Adam Stoer, océanographe de l’Université de Dalhousie, durant une campagne d’échantillonnage de phytoplancton

L’étudiant au doctorat prévoit maintenant d’utiliser les bornes Argo pour mesurer les « flux de carbone », la quantité de CO2 qui est captée par le phytoplancton. Cela permettra de voir si la quantité de CO2 absorbé par les océans est surestimée, étant donné qu’il y a moins de phytoplancton que prévu.

Consultez une carte mondiale des bouées Argo (en anglais)

Tempête de neige

Une partie du CO2 atmosphérique capté par les océans est stockée à long terme dans les sédiments marins, quand le phytoplancton coule. Encore là, une étude récente, publiée en octobre dans Science, comporte une mauvaise nouvelle pour le climat.

IMAGE FOURNIE PAR RAHUL CHAJWA

Des agglomérations de « neige marine » captées par les microscopes de Rahul Chajwa, de l’Université Stanford, durant une expédition de recherche

« Le phytoplancton qui coule ressemble à une tempête de neige », dit Rahul Chajwa, de l’Université Stanford, auteur principal de l’étude de Science. « Mais il coule plus lentement que prévu, parce qu’il se crée entre plusieurs particules de phytoplancton un genre de mucus qui ralentit ses mouvements. »

Cette chute plus lente du phytoplancton (et des excréments des animaux marins, une autre composante de la neige océanique) donne plus de temps aux microbes pour digérer ces particules de mucus. Cette digestion relâche des GES.

PHOTO FOURNIE PAR RAHUL CHAJWA

Rahul Chajwa en train de préparer de l’équipement durant une expédition de recherche

M. Chajwa estime que les océans perdent de 5 % à 10 % de leur capacité d’absorption du CO2 atmosphérique liée au phytoplancton. Pire, le mucus se forme plus facilement dans les eaux plus chaudes.

Le physicien californien veut maintenant étudier quel impact aura l’acidification des océans, une autre conséquence des changements climatiques, sur la formation de mucus.

Le facteur pêches

L’industrie de la pêche contribue aussi au réchauffement climatique. Des chercheurs belges ont établi en mars dans Science Advances que le chalut, où des filets raclent les fonds marins, émet des GES en mettant les sédiments en suspension.

La matière organique contenue dans les sédiments est normalement stockée parce qu’elle n’est pas exposée à l’oxygène, nécessaire pour que les microbes la digèrent en émettant des gaz à effet de serre. Mais si cette matière organique sort des sédiments, il y a suffisamment d’oxygène pour que les microbes sous-marins la digèrent.

PHOTO TIRÉE DE WIKIMEDIA COMMONS

Chalutier français dans l’Atlantique

De plus, les sédiments contiennent des métaux qui réagissent en contact avec l’eau de mer, produisant du CO2 durant le processus, explique Filip Meysman, de l’Université d’Anvers. Cela double la quantité potentielle de CO2 émis par le chalut, à environ 20 mégatonnes de carbone par année. C’est un effet dix fois moins important que celui du mucus identifié par M. Chajwa.

« La bonne nouvelle, c’est que les émissions de GES liées au chalutage peuvent être réduites en évitant les zones ayant des sédiments fins, dit M. Meysman. On a des cartes des zones avec des sédiments fins ou plus gros, et les zones de pêche sont surtout composées de zones avec des sédiments plus gros. »

Le biologiste belge étudie aussi la destruction d’anciens marécages qui sont maintenant situés au fond des océans. Le niveau de la mer était il y a 10 000 ans 40 mètres plus bas.

« On détruit ces anciens marécages, qui contiennent beaucoup de matière organique, quand on creuse les fonds marins pour créer des éoliennes ou faire passer des câbles sous-marins. Pour la même superficie, l’effet en matière d’émissions de GES est 100 fois plus important que le chalutage. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de cartes de ces anciens marécages maintenant sous-marins. Il faudrait prévoir une campagne d’échantillonnage dans le processus de planification de ces travaux. »

Atlantification de l’Arctique

Une autre inconnue est le comportement de l’océan Arctique libre de glaces. Une étude publiée en février dans Science Advances par Igor Polyakov, de l’Université de l’Alaska à Fairbanks, montre que la faune, la flore et les microbes de l’Arctique central deviennent de plus en plus semblables à ceux de l’océan Atlantique, à cause de la fonte des banquises. « Ça risque d’avoir un impact sur les émissions ou la captation de GES liées à cette zone qui était jusqu’à maintenant neutre sur le plan climatique, avec très peu de vie. »

Cet impact climatique de l’atlantification de l’Arctique est très peu étudié, contrairement à la question des pêcheries qui fait l’objet de négociations entre les pays riverains. Comme il y a actuellement peu de pêche commerciale dans les eaux internationales de l’Arctique, il faut déterminer les quotas de chaque pays.

On est en train de faire une évaluation de la quantité de base de poissons, pour pouvoir suivre les changements et déterminer le niveau durable de pêche.

Igor Polyakov, de l’Université de l’Alaska à Fairbanks

Les Grands Lacs et le Léman

Une autre étude, par Marie-Élodie Perga de l’Université de Lausanne, montre qu’une stratégie de capture du CO2 atmosphérique aura un effet négatif sur les émissions de GES par les lacs. Il s’agit de l’épandage d’olivine, de la poudre de volcans, sur les rives des lacs.

Le CO2 atmosphérique réagit avec l’olivine pour former des roches, ce qui contre les changements climatiques tout en protégeant les berges de l’érosion. Un projet-pilote d’épandage d’olivine a été proposé autour des Grands Lacs par une entreprise américaine, Vesta.

« Nous avons découvert pourquoi les lacs suisses sont des émetteurs de carbone », dit Mme Perga, qui a publié son étude en octobre dans Science Advances. « On savait pourquoi les lacs comme ceux du Québec sont des émetteurs, parce qu’ils contiennent beaucoup de matière organique. Mais dans les lacs suisses, il n’y a pas beaucoup de matière organique. »

Le mystère a été résolu : les lacs suisses sont des émetteurs de GES parce qu’ils sont alcalins, et que cette alcalinité favorise l’émission de CO2 par une réaction chimique qu’on ne soupçonnait pas. Les eaux alcalines sont des eaux dures, qui provoquent l’entartrage des appareils.

Les Grands Lacs, sauf le lac Supérieur, sont aussi alcalins.

Augmenter l’alcalinité de l’eau avec l’olivine pourrait avoir un effet net émetteur de CO2, prévient cependant Mme Perga. C’est que la captation du CO2 sur les rives des lacs avec l’olivine créera des roches alcalines, qui se dissoudront en partie et augmenteront l’alcalinité de ces lacs. Comme les lacs plus alcalins génèrent plus d’émissions de CO2, il faudrait donc utiliser l’olivine au cas par cas, près des lacs pas trop alcalins, ou pas du tout.

En savoir plus

  • 9,9 gigatonnes
    Émissions humaines de GES, en équivalent carbone, en 2023

Source : Earth System Science Data

405 mégatonnes
Émissions de GES, en équivalent carbone, liées aux forêts en 2023

Source : Earth System Science Data

  • 2 gigatonnes
    Émissions annuelles des lacs et rivières de la Terre, en équivalent carbone

Source : Université de Lausanne

1750 gigatonnes
Quantité de carbone stocké dans les sédiments océaniques, en équivalent carbone

Source : Earth System Science Data

  • 1400 gigatonnes
    Quantité de carbone stocké dans le pergélisol, en équivalent carbone

Source : Earth System Science Data

1700 gigatonnes
Quantité de carbone stocké dans les sols terrestres, en équivalent carbone

Source : Earth System Science Data

  • 450 gigatonnes
    Quantité de carbone stocké dans la végétation terrestre, en équivalent carbone

Source : Earth System Science Data

900 gigatonnes
Quantité de carbone stocké dans les gisements de carburants fossiles, en équivalent carbone

Source : Earth System Science Data

En Europe, le mois de mars a été, de loin, le plus chaud jamais enregistré, selon le bulletin mensuel de l’observatoire Copernicus publié mardi.

Sur le Vieux Continent, celui qui se réchauffe le plus vite, cette anomalie exceptionnelle a épargné le mois dernier la péninsule ibérique et le sud de la France. Et elle s’est accompagnée de précipitations extrêmes, voire record, dans certaines régions, comme en Espagne et au Portugal, tandis que d’autres vivaient un mois historiquement sec comme aux Pays-Bas ou dans le nord de l’Allemagne.

« Extrêmement élevées »

Sur le plan mondial, mars 2025 se classe comme le deuxième plus chaud, derrière mars 2024, prolongeant une série ininterrompue de records ou quasi-records des températures depuis juillet 2023.

Depuis lors, à une exception près, tous les mois ont été au moins 1,5 °C plus chauds que la moyenne de l’ère préindustrielle, mettant les scientifiques au défi d’expliquer cette longue série hors normes.

« Le fait que (mars 2025 soit) encore 1,6 °C au-dessus de l’ère préindustrielle est vraiment impressionnant », estime Friederike Otto, climatologue de l’Imperial College de Londres, jointe par l’AFP. « Nous voilà fermement pris dans l’étau du changement climatique causé par l’humanité » et sa combustion massive des énergies fossiles, dit-elle.

Dans une année avec El Niño, comme ce fut le cas en 2024, la probabilité de rencontrer une telle température annuelle mondiale monte à « une fois tous les 4 ou 5 ans », a calculé le climatologue en faisant tourner les modèles numériques de référence.

Selon le Giec, le monde est en route pour franchir durablement le seuil de 1,5 °C au début des années 2030. Voire avant la fin de cette décennie, selon des études récentes.

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Il y a six mois, des chercheurs de la faculté de gestion Desautels de l’Université McGill ont lancé la plateforme SUSANHub.com, une base de données qui permet de centraliser des recherches et des données sur le climat.

« Initialement, on a créé cette plateforme pour permettre aux chercheurs et aux professionnels du développement durable et des changements climatiques de connecter entre eux », a expliqué Juan Serpa, professeur à la faculté de gestion Desautels, en décrivant la plateforme comme une sorte de « LinkedIn » du développement durable.

Mais depuis quelques semaines, la plateforme a gagné en popularité et s’est dotée d’une nouvelle mission.

« L’objectif est de protéger les données scientifiques contre les menaces du gouvernement américain », a indiqué Juan Serpa.

Le professeur a expliqué qu’environ 39 000 universitaires et chercheurs par semaine se rendent sur la plateforme créée par son équipe.

…Il y a quelques jours, l’administration Trump a congédié les centaines de chercheurs qui travaillaient à la Sixième évaluation nationale du climat, un important rapport, publié tous les cinq ans, sur l’évolution des changements climatiques.

Les licenciements, les compressions budgétaires, les coupes dans les subventions et ce que beaucoup de chercheurs décrivent comme de la censure ont donné naissance au mouvement « Stand Up for Science » aux États-Unis.

À l’étranger, la fronde de Donald Trump contre la science fait également naître des initiatives qui auraient été jugées improbables il y a quelques années.

Par exemple, en France, l’ancien président devenu simple député François Hollande a déposé, le 14 avril, un projet de loi pour créer un statut de « réfugié scientifique », afin de faciliter l’accueil en France des scientifiques menacés par les politiques du président américain.

« Les chercheurs, contraints à l’exil par l’administration Trump, doivent être reconnus comme des réfugiés à part entière », a écrit l’ancien président français dans une tribune du journal Libération, quelques jours avant de déposer son projet de loi.

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Vivez-vous dans une zone de cuvette ?

Pour le savoir, consultez la carte sur le site de la Ville de Montréal.

CAPTURE D’ÉCRAN DU SITE WEB DE LA VILLE DE MONTRÉAL

La carte des cuvettes montre les secteurs où l’eau est plus susceptible de s’accumuler en cas de pluies diluviennes et où les risques d’inondation sont donc plus élevés.

Une fois sur la page web, choisissez l’icône « cartes », décochez l’option « îlots de chaleur », cochez « identification des cuvettes », puis entrez votre adresse dans l’outil de recherche. Il se peut que vous deviez « dézoomer » pour voir apparaître les zones de cuvette autour de l’adresse choisie. Pour aider à l’interprétation, allez dans l’icône « couches » dans le coin supérieur gauche et choisissez l’onglet « légende ».

Consultez la carte

Nombre de propriétaires ont appris à la dure qu’ils vivaient dans une cuvette le 9 août dernier, lorsque la tempête Debby a déversé, en 12 heures, 154 mm de pluie, soit plus que la quantité normalement reçue par Montréal pendant tout un mois d’été (en moyenne 135 mm en juillet). Des rues se sont transformées en rivières, les canalisations municipales étant incapables de tout avaler. L’eau a envahi les sous-sols par les portes et les fenêtres, et par le refoulement des égouts.

Deux autres articles d’intérêt:

Le vrai du faux sur le climat

Publié le 9 nov. 2024 | Mis à jour le 14 mai 2025

L’énergie éolienne est-elle vraiment verte? Les gestes individuels changent-ils quelque chose? Il ne manque pas d’information sur les changements climatiques, mais c’est parfois difficile de s’y retrouver, et surtout de bien comprendre la science. Nos journalistes se sont penchés sur vingt questions qui alimentent souvent le scepticisme chez les gens.

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