Campements urbains et autres enjeux liés à l'itinérance

Il y a certainement un équilibre à atteindre, mais je ne pense pas qu’il passe par le démantèlement systématique des campements et l’absence de ressources de rechange. Les personnes qui vivent dans les campements sont souvent relativement bien organisées et pourraient être de bons candidats pour transitionner en logement, ou encore pour participer à quelque chose comme ça: Dignity Village - Wikipedia.

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malheureusement, la grande majorité de Portland est un extrêmement mauvais exemple de cohabitation. La plupart des résidents de campements la bas ne sont certainement pas à deux pas d’un logement étant donné que presque tous sont des accros au fentanyl (ce n’est pas exagéré malheureusement!), qu’ils subissent des milliers d’overdoses par an et que de nombreuses tentes sont utilisées pour démonter et vendre des biens volés… C’est vraiment un désastre complet. Le vrai problème est le manque de logements, oui absolument. Mais je préfère avoir un refuge géré par le gouvernement plutôt que des campements, même si cela signifie que quelques personnes doivent suivre les règles qui ne le souhaitent peut-être pas. Nous devrions aussi avoir des refuges qui s’occupent des toxicomanes… Mais quant au fait de ne pas vouloir vivre avec des étrangers, eh bien, c’est une sorte de inconfort qui, je pense, est nécessaire comme mesure transitoire. Vivre dans une tente sur un trottoir ne devrait pas être banalisée .

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Mais je préfère avoir un refuge géré par le gouvernement plutôt que des campements, même si cela signifie que quelques personnes doivent suivre les règles qui ne le souhaitent peut-être pas.

La population sans-abri est très diverse. Une certaine partie peut très bien répondre à une approche très impliquée, qui les prend par la main à chaque étape, avec pleins de règles. Mais pour d’autres, une approche qui leur permet une autonomie et une responsabilisation est beaucoup plus efficace. L’exemple que je cite n’est pas un portrait de l’approche à Portland en général, mais juste un exemple qui fonctionne à petite échelle pour une partie de la population itinérante.

Mais quant au fait de ne pas vouloir vivre avec des étrangers, eh bien, c’est une sorte de inconfort qui, je pense, est nécessaire comme mesure transitoire.

Être sans-abri n’est pas un crime en tant que tel, et ces gens ont aussi droit de vivre leur vie comme ils l’entendent, dans la mesure où ils respectent l’espace public et les règles.

Vivre dans une tente sur un trottoir ne devrait pas être banalisée .

Bien entendu, mais on parle ici de gens qui vivent dans des boisés, à l’abri des regards. Pas la même affaire.

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Je pense que nous parlons ici de deux choses différentes. L’article parle de plus de 400 démantèlements, dont la grande majorité dans Ville Marie. Pour autant que je sache, la plupart d’entre eux se trouvent dans des parcs et autres espaces publics. Ce que les gens font dans les forêts, c’est leur affaire je suis d’accord. Mon problème ce sont les individus qui utilisent notre espace urbain (qui est partagé de manière très fragile) pour les campements. Je pense que nous avons aussi une idée différente des comportements que la société devrait contraindre. Je crois honnêtement que même si l’itinérance n’est pas illégale, cela ne devrait pas être la même chose que le tolérance du vagabondage à l’échelle californienne. La majeure partie de la société est maintenue par des règles tacites (aussi fragile faut le dire) qui ne sont pas codifiées dans la loi, mais pour que des millions de personnes vivent côte à côte, nous devons généralement les respecter. Si certains ne veulent pas les respecter malgré notre aide, comme ne vouloir absolument pas rester dans un refuge mais plutôt dans une tente sur le trottoir, je ne crois pas que cela devrait être leur droit. S’ils veulent ensuite déménager dans une zone forestière, c’est ben whatever. Mais il y a aussi l’argument selon lequel ils sont plus éloignés des services sociaux dans les forêts.

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Le dossier épineux des campements pour sans-abri

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Campement de fortune installé à la lisière entre le centre-ville et le Vieux-Montréal, le 6 décembre dernier


Maxime Bergeron
Maxime Bergeron La Presse

C’est un périlleux exercice d’équilibriste que Montréal doit faire dans sa gestion des campements de sans-abri, depuis quelque temps.

Publié à 2h09 Mis à jour à 5h00

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Je parle de Montréal, mais je pourrais aussi citer Gatineau, Québec, Sherbrooke, Granby…

On apprenait mardi, sous la plume de Gabrielle Duchaine et Caroline Touzin, que les autorités de la métropole ont démantelé au moins 460 campements pour sans-abri cette année1. La majorité est située dans l’arrondissement central de Ville-Marie (420).

C’est quatre fois plus qu’en 2021.

Un chiffre énorme, et sans doute sous-évalué, puisque la compilation des statistiques varie d’un quartier à l’autre.

On parle surtout de petits regroupements de tentes, entre une et cinq, agglutinées dans des parcs, sous des ponts, dans des terrains vagues. Et d’autres, plus vastes, comme celui situé sous la structure bétonnée de l’autoroute Ville-Marie, qui a été démantelé en juillet au terme d’un processus judiciaire très médiatisé2.

L’enquête de mes collègues a permis de dresser pour la toute première fois un portrait de la situation. Les données, bien qu’incomplètes, montrent que le phénomène a explosé dans la métropole, signe d’une aggravation épouvantable des conditions de vie de nos plus « poqués ».

Ça peut jouer dur dans ces campements, avec la forte présence de drogues chimiques, les problèmes de santé mentale, les batailles fréquentes, les agressions sexuelles… Il y a aussi les risques d’incendie, posés par les chaufferettes de fortune, et cette possibilité, bien réelle, de mourir de froid.

C’est d’abord pour protéger la population itinérante que la Ville de Montréal démantèle autant de campements, s’est défendue mardi la mairesse Valérie Plante en conférence de presse.

Une question de sécurité publique, en bref. Ça se défend tout à fait.

Au-delà des statistiques, l’enquête de La Presse a mis en lumière un choc des visions dans ce dossier.

Plus précisément : les nuisances causées par ces campements sur leurs voisins devraient-elles peser dans la balance, au moment de les démanteler ? La professeure à l’École de travail social de l’Université de Montréal Sue-Ann MacDonald, interviewée par mes collègues, semble balayer cette considération.

Je la cite : « Mettre des gens dehors quand ils sont déjà dehors, c’est quoi le but ? Plaire aux autres résidants du quartier, aux commerçants ? »

J’aurais envie de dire que l’un n’exclut pas l’autre.

On peut s’inquiéter des risques (très concrets) encourus par les occupants de ces camps ET prendre en compte les impacts sur les riverains. C’est même le devoir des autorités municipales de veiller à l’ordre public.

J’ai reçu dans la dernière année plusieurs messages de Montréalais, surtout de Montréalaises, remplis d’empathie envers les itinérants, mais aussi de plus en plus inquiets de leur forte présence à deux pas de leur domicile et de leur lieu de travail.

Leur sentiment d’insécurité est bien réel et ne devrait pas être minimisé ni exclu de l’équation.

C’est donc sur cette mince ligne, entre la protection des sans-abri et celle de leurs citoyens et commerçants, que doivent naviguer les dirigeants de toutes les grandes villes québécoises. Les solutions diffèrent d’un endroit à l’autre. Mais un peu partout, on en vient à la conclusion que les campements présentent plus de risques que de bénéfices, à défaut d’un meilleur mot.

L’ex-maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin, explique très bien le constat auquel il en est arrivé en 2015. Après un projet pilote de deux ans, qui avait permis de maintenir et d’encadrer un campement au centre-ville, son administration a dû se résoudre à le démanteler3.

Trop ingérable et dangereux, pour tout le monde.

La question qui tue, maintenant. Que faire avec les sans-abri une fois leurs campements démantelés ?

C’est le nerf de la guerre, le nœud du problème, et sans doute la raison pour laquelle les débats sont aussi acrimonieux autour de cette question.

Il manque de place, partout, pour les accueillir. Il manque aussi, et peut-être surtout, d’endroits adaptés pour héberger les plus marginalisés, par exemple ceux qui consomment chaque jour des drogues dures ou possèdent des animaux (plusieurs refuges les refusent). Ceux qui aboutissent le plus souvent dans les campements.

J’ai parlé mardi à des responsables d’organismes d’aide aux sans-abri. Plusieurs s’insurgent contre les démantèlements en série, mais déplorent surtout le peu « d’alternatives » aux campements. Ils sont à bout de souffle et excédés par l’absence de stratégie d’ensemble dans le dossier de l’itinérance.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Le PDG de la Mission Bon Accueil, Sam Watts

« Ça prend un plan, et présentement, on n’a pas de plan », m’a résumé Sam Watts, PDG de la Mission Bon Accueil.

Tout le monde s’entend pour dire qu’il faut construire plus de logements, et fournir les services sociaux qui viennent avec.

Mais d’ici à ce que le rythme réponde peut-être à la demande – on peut toujours rêver –, il faut toujours bien loger ces sans-abri. Maintenant.

Ottawa et Québec ont tous deux confirmé des investissements supplémentaires en itinérance, qui permettront notamment de racheter d’anciennes maisons de chambres et de bâtir quelques nouveaux immeubles. La Ville de Montréal installera aussi un refuge temporaire dans une ancienne résidence pour personnes âgées qu’elle vient d’acheter, à Verdun4.

Le bâtiment vacant a été converti en toute vitesse pour accueillir les sans-abri expulsés du Complexe Guy-Favreau. Il faut multiplier ce genre de conversions éclair, même temporaires, puisque la situation est pire que jamais dans les rues.

Une idée, comme ça. Montréal a un parc de presque 80 bâtiments vacants, qui lui appartiennent5. Pourrait-elle en convertir ne serait-ce qu’une poignée, au moins le temps de quelques hivers ?

L’administration affirme que non, mais plusieurs demandent à être convaincus – moi inclus.

1. Lisez le dossier « Une tente comme un chez-soi »

2. Lisez l’article « Autoroute Ville-Marie : le campement de sans-abri démantelé »

3. Lisez la chronique « Démantèlements : la moins mauvaise décision »

4. Lisez l’article « Itinérance : un refuge passera du centre-ville à Verdun »

5. Lisez l’article « Itinérance à Montréal : aucun bâtiment vacant de la Ville ne peut servir de logement »

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Évincée pour une dette de 500 $

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Aicha, mère de famille monoparentale, a pu profiter du programme Passerelle et être hébergée dans un hôtel du centre-ville depuis son éviction.

Aicha* a cru qu’elle se retrouverait à la rue avec son fils de 10 ans, en septembre dernier, lorsqu’elle a dû quitter son travail en catastrophe pour retourner chez elle, à LaSalle, où des huissiers étaient en train de vider son appartement.

Publié à 5h00

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Isabelle Ducas
Isabelle Ducas La Presse

« Ils avaient sorti toutes mes affaires dans le couloir, tout mis pêle-mêle dans des sacs de poubelle, la nourriture mélangée avec les vêtements et les papiers importants. Un monsieur que je ne connais pas avait pris mes chatons », relate-t-elle, encore secouée par l’évènement.

Pourquoi était-elle évincée du logement qu’elle occupait depuis 2014 ? À cause d’une dette de 500 $ qu’elle avait envers son propriétaire.

Elle s’était pourtant entendue avec lui pour rembourser cette somme le mois suivant. Le propriétaire lui avait dit qu’il renonçait à la traîner devant le Tribunal administratif du logement.

« Je payais souvent mon loyer en retard, mais j’ai toujours fini par le rembourser, avec les intérêts », dit Aicha, qui avait perdu son emploi et s’est retrouvée temporairement prestataire de l’aide sociale, avant de commencer un nouveau travail comme femme de chambre dans un hôtel.

Avec son maigre salaire, elle avait du mal à payer son loyer de 1025 $. L’appartement n’était pas très bien entretenu, mais la mère de famille monoparentale ne voulait pas déménager parce qu’elle vivait près de l’école de son fils et pas trop loin de son travail, à Dorval. De toute façon, les loyers abordables sont très rares, en période de crise du logement.

Sans famille ni amis à Montréal pouvant l’héberger, Aicha était désemparée. Allait-elle se retrouver avec son fils dans un refuge pour sans-abri ?

Bouée de secours

Heureusement, sa patronne savait que l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM) pouvait venir en aide aux ménages se retrouvant sans logement. Aicha a donc pu profiter du programme Passerelle et est hébergée dans un hôtel du centre-ville depuis son éviction.

La situation n’est pas idéale : avant la grève, elle devait aller conduire son fils à l’école à LaSalle avant de se rendre à son travail à Dorval, ce qui l’obligeait à partir à 6 h chaque matin. En raison de ses retards au service de garde en fin de journée, elle a accumulé des amendes salées.

Mais tout cela tire à sa fin : Aicha emménage cette semaine dans un nouveau logement à Lachine où, grâce au programme de soutien au logement (PSL), elle ne paiera que 25 % de son revenu en loyer, le reste étant assumé par le gouvernement.

En plus du programme Passerelle, Aicha a pu profiter du programme de prévention de l’itinérance et de soutien au logement de la Mission Old Brewery, qui a permis de lui trouver un appartement. Elle continuera aussi de recevoir un suivi psychosocial de la part d’une intervenante.

« Je suis tellement contente ! Je ne m’attendais pas à recevoir une telle aide. Je remercie le bon Dieu », s’exclame Aicha, alors qu’elle essuie les larmes qui lui coulent sur les joues, dans sa chambre d’hôtel exiguë.

C’est une bénédiction. Si j’avais été seule, j’aurais pu dormir n’importe où, mais avec mon enfant, je ne pouvais pas m’imaginer me retrouver à la rue. Là, je vais pouvoir passer Noël avec lui dans mon nouveau logement.

Aicha

Le programme de la Mission Old Brewery prévoit même une aide financière pour l’achat de meubles, puisqu’elle n’a pu placer qu’une petite partie de ses biens en entreposage.

Évaluer le risque

« C’est une nouvelle approche qu’on a développée depuis deux ans. On aide les personnes à risque d’itinérance avant qu’elles se retrouvent à la rue, pour éviter qu’elles passent par les refuges », explique Marie Henninger, coordonnatrice des services de prévention et de soutien au logement de la Mission Old Brewery.

Des organismes comme les centres de détention, les centres d’aide aux réfugiés et l’OMHM dirigent vers la Mission Old Brewery des personnes à risque. Elles sont ensuite évaluées selon l’urgence de leur situation.

Si quelqu’un est sur le point d’être évincé de son logement, les intervenants peuvent par exemple négocier une entente avec le propriétaire et faire ensuite avec le locataire un plan budgétaire pour éviter les retards de paiement.

Mais dans bien des cas, il faut relocaliser la personne, ce qui n’est pas une mince affaire en période de pénurie de logements.

Le programme s’est fait recommander environ 300 personnes jusqu’à maintenant et a réussi à replacer la moitié d’entre elles. « Les profils sont très variés, dit Marie Henninger. On a des hommes, des femmes, des personnes âgées, des demandeurs d’asile, et même des familles, qui sont parfois à risque d’itinérance. »

  • Prénom d’emprunt utilisé pour préserver son anonymat

En savoir plus

  • 19
    Nombre de ménages dans le programme d’hébergement d’urgence de l’Office municipal d’habitation de Montréal, dont 2 depuis la période du 1er juillet

SOURCE : Office municipal d’habitation de Montréal

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Ça fait du bien de lire une histoire dans laquelle le système a fonctionné. Ça donne de l’espoir!

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Itinérance dans le Quartier Latin | Des initiatives pour les sans-abri à l’UQAM et à la Grande Bibliothèque


PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE
Deux projets financés par Québec tenteront de soulager la pression qu’exerce l’itinérance sur le Quartier Latin : une halte-chaleur sera offerte à l’UQAM et un intervenant sera en poste à la Grande Bibliothèque, où se réfugient de nombreux sans-abri.

Publié à 14h52
Isabelle Ducas
LA PRESSE

Le gouvernement investit 190 000 $ pour la prochaine année dans ces deux projets-pilotes, a annoncé jeudi, en conférence de presse, la ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’action communautaire, Chantal Rouleau.

« Le nombre de personnes en situation de pauvreté et d’exclusion sociale a augmenté drastiquement depuis la pandémie, il y a vraiment quelque chose qui s’est passé, partout au Québec, a souligné la ministre. Ces personnes sont visibles partout à Montréal, notamment dans le Quartier Latin. »

La Grande Bibliothèque, au cœur du quartier, attire beaucoup d’itinérants qui y passent du temps pour se reposer et se réchauffer. Mais intervenir auprès d’eux n’est pas toujours facile pour les bibliothécaires, explique la présidente-directrice générale de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), Marie Grégoire.

« On a besoin d’avoir accès à des personnes spécialisées dans ce domaine, pour intervenir auprès d’une clientèle plus difficile, dit-elle. Quand des gens sont plus agités, les intervenants spécialisés savent comment faire baisser la pression pour réussir à entrer en relation avec ces personnes. »

Juste à côté, l’UQAM a aussi décidé de faire sa part pour venir en aide aux sans-abri du secteur : lors des nuits de grands froids, une halte-chaleur de 50 places sera ouverte dans un pavillon de l’université, avec l’aide de trois intervenants de la Société de développement social.

« Ils vont y trouver de la chaleur, des boissons chaudes, de la nourriture, des gants, des mitaines, des tuques, des vêtements d’hiver et bien sûr des aires de repos », annonce Stéphane Pallage, recteur de l’UQAM.

Questionnée au sujet de la multiplication des campements de sans-abri dans la métropole, la ministre Rouleau a répondu en expliquant que l’annonce de jeudi était un exemple concret de l’action du gouvernement.

« Mais l’offensive la plus structurante, c’est la construction de nouveaux logements. Tout le gouvernement est en action à ce sujet », a-t-elle assuré.

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Au bord du gouffre, l’Accueil Bonneau réduit ses services

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

L’Accueil Bonneau a reçu une aide d’urgence de 50 000 $ de deux ministères pour maintenir ses services alimentaires pendant les Fêtes.

L’Accueil Bonneau, qui se bat avec un déficit pour une troisième année consécutive, cessera d’offrir des repas les week-ends à partir du 6 janvier, a appris La Presse. Et la survie de l’ensemble du service alimentaire, essentiel chaque jour pour quelque 400 personnes en situation d’itinérance ou précaire, sera « en péril » dès le mois de février sans financement supplémentaire de Québec.

Publié à 2h17 Mis à jour à 5h00

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Charles-Éric Blais-Poulin
Charles-Éric Blais-Poulin Équipe d’enquête, La Presse

Ce qu’il faut savoir

  • L’Accueil Bonneau cessera de fournir des repas aux personnes en situation d’itinérance ou précaire les fins de semaine à partir du 6 janvier.
  • Sans aide de Québec, l’ensemble du service alimentaire sera compromis dès le mois de février.
  • L’organisme fait face à une situation financière « très difficile », du jamais vu depuis près de 150 ans.

La direction de l’organisme du Vieux-Montréal, fondé il y a plus de 150 ans, redoute une « catastrophe qui pourrait avoir de graves conséquences pour l’écosystème de la lutte à l’itinérance dans le Grand Montréal ».

Dans une lettre transmise le 18 décembre au ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, et que La Presse a obtenue, l’Accueil Bonneau demande « une solution pérenne à [son] enjeu de financement récurrent et chronique » pour éviter « un bris de service majeur d’ici quelques semaines », soit à partir de février.

La semaine dernière, le ministre Carmant et son collègue Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux, ont chacun accordé un montant discrétionnaire de 25 000 $ « pour maintenir les services alimentaires de l’Accueil Bonneau durant le temps des Fêtes ».

L’organisme utilisera ce financement de 50 000 $ du Ministère pour servir des repas « à raison de 5 jours par semaine plutôt que 7 comme c’était jusqu’ici le cas, ce qui permettra d’étaler dans le temps les sommes que nous vous avez accordées », expliquent dans leur lettre Chantal Fortin, présidente du conseil d’administration de l’Accueil Bonneau, et Fiona Crossling, directrice générale.

Cette cagnotte d’urgence correspond grosso modo à un mois de distribution de repas.

Sans financement supplémentaire, « en plus de priver 400 personnes quotidiennement d’[un] service essentiel et vital, l’Accueil Bonneau devrait alors procéder à la mise à pied de plusieurs employés ».

Un financement « inadéquat »

Jointe au téléphone, Mme Crossling indique que la fin de la distribution de repas les fins de semaine est une décision « déchirante » et de dernier recours.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Fiona Crossling, directrice générale de l’Accueil Bonneau

L’aide alimentaire « est un service essentiel, mais qui ne cadre pas dans l’enveloppe de financement du PSOC [Programme de soutien aux organismes communautaires], déplore-t-elle. L’Accueil Bonneau offre du logement de transition et à long terme, mais n’offre pas d’hébergement d’urgence 24/7. Puisqu’on ne coche pas cette case-là, nos demandes de rehaussement de catégorie de financement à la mission ne sont pas acceptées. »

L’Accueil Bonneau héberge ou accompagne pourtant plus de 400 personnes par l’entremise de différents logements sociaux.

Bien que Fiona Crossling assure avoir une « bonne écoute » du ministre Lionel Carmant, la situation est intenable, juge-t-elle. Les coûts de main-d’œuvre, la fin des aides pandémiques, l’inflation et la hausse des besoins sociaux sont autant de facteurs qui plombent les finances du refuge.

L’organisme a enregistré des déficits d’environ 400 000 $ en 2021 et en 2022 et de plus de 600 000 $ en 2023, des sommes que la Fondation Accueil Bonneau – qui a dû liquider ses placements – n’est plus en mesure d’absorber.

La direction assure en outre avoir fait le maximum pour réduire son budget de gestion.

Mme Crossling chiffre l’aide publique nécessaire à 700 000 $ par année pour les services alimentaires et à 1,2 million pour l’ensemble de la mission, qui inclut entre autres des interventions psychosociales, des soins de santé ainsi que de l’accompagnement financier et juridique.

« Les repas sont la porte d’entrée principale pour que les gens sortent de la rue, explique la directrice générale. Ils viennent manger, puis ils rencontrent nos intervenants qui les dirigent vers un logement et tout un continuum de services. »

Des utilisateurs inquiets

Attablés dans un coin de la cafétéria, Jean-François Guilbault, Pierre Boyer et Peter sont consternés lorsqu’ils apprennent que les services d’aide alimentaire de l’Accueil Bonneau sont en danger.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Pierre Boyer

La fin de semaine, il y a des files à tous les matins ici. Je ne sais pas où ils vont aller trouver leur bouffe. Moi, je suis résidant à la Maison Eugénie-Bernier, donc ça va, j’ai des cartes d’aide alimentaire. Mais pour les non-résidants, c’est insensé. Je ne comprends pas.

Pierre Boyer, bénéficiaire des services de l’Accueil Bonneau

Le service de repas permet aux personnes en situation d’itinérance non seulement de « se nourrir, mais aussi de briser l’isolement », note Jean-François Guilbault, qui a recours aux services de l’Accueil Bonneau depuis quatre ans. Un seul évènement, dit-il, l’a mené à la consommation, puis à la rue. « L’itinérance, ça peut arriver à n’importe qui », fait-il savoir, en rappelant que même la proverbiale « classe moyenne » peine à joindre les deux bouts.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Jean-François Guilbault

Frédéric Michaud, chef cuisinier à l’Accueil Bonneau, voit d’ailleurs de plus en plus de familles converger rue de la Commune en quête d’un repas chaud.

Les bénéficiaires que nous avons rencontrés sont unanimes : la fin des repas poserait des enjeux non seulement de santé physique, mais aussi de sécurité publique dans le quartier. « Si les gens ont faim et n’ont rien à manger, il y a pas mal plus de chances qu’ils volent leur nourriture ou qu’ils commettent des méfaits », lance Peter, qui nous demande de taire son nom de famille pour ne pas être exposé au jugement de sa famille.

« Je crains d’abord pour la santé physique et mentale des personnes », dit pour sa part Fiona Crossling, directrice générale de l’Accueil Bonneau. « Elles dépendent de ces services pour leur survie. Ce sont des gens comme vous et moi, très intelligents, qui ont besoin d’un soutien pour sortir de la misère. L’itinérance à Montréal a beaucoup augmenté, et la raison principale, c’est parce que les gens n’ont pas pu payer leur loyer et qu’ils ont perdu leur logement. Ça rend des gens en situation de précarité encore plus vulnérables. »

Le ministre Lionel Carmant n’était pas disponible pour répondre à nos questions vendredi après-midi.

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Je suis découragé de voir ce qui se passe à la grande bibliothèque.

Peut-être devrait-on y libérer un grand espace (un étage?) pour y faire un refuge de jour - avec des employés spécialisés, et aussi avec plus d’agents de sécurité?

La fonction refuge est peut-être plus prioritaire que la fonction “bibliothèque”? (il n’y a pas de sarcasme içi, malheurement).

Personnellement j’ai cessé d’aller à la grande bibliothèque.

Mais je peux parfaitement comprendre ceux qui y trouve refuge - ça fait une énorme différence pour eux.

Je lance le débat - merci de ne pas me lancer trop de tomates…

Considérant le nombre d’immeubles vacants dans ce coin, je ne vois pas pourquoi on voudrait convertir une partie de cet immeuble en refuge.

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C’est le Ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale qui a déchargé cette fonction sur la BanQ et l’UQÀM. Je suis d’avis que ça n’a pas à faire partie de la mission des institutions académiques et culturelles du secteur et qu’il y a d’autres acteurs à qui revient ce rôle et le financement pour y parvenir. Oui la BanQ et l’UQÀM ne peuvent pas être complètement passives et détachées de la crise, mais je ne suis pas convaincu par les orientations prises et le provincial semble largué beaucoup de ses responsabilités sur elles, sans déployer les ressources là où elles sont les plus critiques.

C’est quand même particulier, l’enjeu ici fait certainement plus de mal à l’université francophone du centre-ville et l’attrait des francophones pour Montréal que tout ce que la CAQ et le PQ pourraient mettre sur le dos des vilains universitaires anglophones.

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En tant qu’usager, bien d’accord que sacrifier une partie de la Grand Bibliothèque est un non-sense.

Et comme Micheal le mentionne, larguer ce rôle à des institutions non adaptés à cette tâche est une bien mauvaise utilisation des ressources.

En attandant d’avoir suffisament d’espace refuge dans le quartier, doit-on continuer à mettre sur la Grande Bibliothèque ce rôle de refuge - au travers de l’usage “bibliothèque”? C’est quoi le point d’équilibre?

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Marie Grégoire, PDG de BAnQ, était en entrevue radio ce midi

L’idée n’est pas d’étiqueter les gens mais de refuser certains comportements et incivilités qui n’ont pas leur place dans les bibliothèques. Ainsi toute personne qui souhaite profiter des précieux services, que ce soit d’une bibliothèque de quartier ou de la Grande Bibliothèque l’accueil doit être le même.

Toutefois le rôle de ces lieux de culture ne doit pas être détourné de leur mandat principal, qui est de répondre aux attentes des citoyens en matière de fréquentation, de recherches, de consultation, d’information, de divertissement, d’activités diverses et d’apprentissage, dans une atmosphère paisible et détendue favorable aux échanges, à l’écoute, à l’enrichissement personnel et à la réflexion.

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C’est sur Atwater entre Saint-Jacques et Saint-Antoine.
Les travaux devaient commencer l’an dernier. Le projet est de plein droit. C’est le gouvernement fédéral qui a financé l’achat de l’immeuble.

Resilience Montreal shelter’s plans for new location up in the air due to rising costs


Resilience Montreal was set to open in a new, permanent location but unexpected high costs have put the plan in jeopardy. (Olivia O’Malley/CTV News)

Unexpected costs put shelter’s future in jeopardy

Olivia O’Malley
CTV News Montreal Videojournalist
Published Jan. 2, 2024 6:07 p.m. EST

The plans for a new, permanent space for Resilience Montreal have been drawn up and renovations should have started in September, but due to a rise in construction costs the project is delayed.

The day shelter serving the homeless community had purchased a building but unexpected costs have forced the non-profit organization back into fundraising mode.

“When we did the call to tender, the bids came back at quite a lot more than what was estimated,” explained executive director David Chapman.

Chapman says Resilience Montreal needs an additional $6 million. The money will be used to help transform the three-storey building on Atwater Avenue into a facility for the homeless with a focus on wellness.

“We’re hoping to just move this forward as fast as possible. especially given the fact that we cannot remain forever in our current location,” Chapman said.

The non-profit serving mostly Indigenous clients is currently renting a former restaurant across from Cabot Square.

The permanent site is a less than 10-minute walk down the street and Chapman says it will be double the size.

Nakuset, Resilience Montreal’s development and philanthropy director, says “it’s going to be a gamechanger” and said cutting corners is not an option.

Plans for the space include a healing room made to look like a Mohawk longhouse and bathing room. Nakuset, who uses one name, says medical and counselling services will also be offered under one roof.

“We basically want to have all the important services happening within this building because of the systemic racism that Indigenous people face,” she said.

Nakuset and Chapman say the day centre will be a welcome change for the population used to church basements and granola bars.

“I think the people who step in are just going to be in awe. They’re going to be like, ‘Wow you did this for me?’” she said.

Resilience Montreal hopes anyone who can help will step forward and is determined to raise the funds to start renovations on the building that.they believe will change the future of homeless services.


Unexpected costs delay renovation of new Resilience Montreal day centre

Another $6 million is needed so the old Rowntree Antiques building can be transformed into an innovative centre for unhoused people.

Author of the article:
Katelyn Thomas • Montreal Gazette
Published Dec 31, 2023 • Last updated 23 hours ago • 3 minute read


Resilience Montreal executive director David Chapman leaves the site of the new shelter on Atwater Ave. on Dec. 12, 2022. PHOTO BY JOHN KENNEY /Montreal Gazette files

If all had gone as planned, Resilience Montreal’s new day centre on Atwater Ave. would have been halfway through renovations by now — but because of unexpected costs, work hasn’t even begun.

Construction was supposed to begin in September, but bids for the project came in a lot higher than expected, said Resilience Montreal’s executive director, David Chapman. That means initial funding from various levels of government and donors no longer covers the bill: another $6 million is needed before the old Rowntree Antiques building can be transformed into an innovative day centre for unhoused Indigenous people.

Those behind the project say they need help to make it happen.

“We are looking for anyone who wants to help with fundraising … if they have a potential lead that I’m not aware of,” said Nakuset, the centre’s director of development and philanthropy, and the director of the Native Women’s Shelter of Montreal.

“Let us know,” she said. “We are happy to write the proposals, we’re happy to meet with people and do the work, but what we’re running out of is the leads.”

The new centre will be Resilience Montreal’s permanent home, and a welcome upgrade from the temporary space it uses in a former restaurant on the corner of Atwater Ave. and Ste-Catherine St. across the street from Cabot Square. The new Atwater Ave. location was designed to offer all services under one roof, in a dignified space that feels safe and welcoming, where users have established trust with staff.

“When you treat people in a good way, when you show them that we think they’re worthy, they act differently,” Nakuset said. “We’re putting all the services. You have to remember, systemic racism is still a huge issue for Indigenous people.”

The space is going to look and feel like a wellness centre — a departure from the norm for services provided to the unhoused population. The last thing the centre wants is to have to skimp on some of the important details over a lack of funding, Nakuset said. Some of those details include measures to ensure cohabitation with neighbours.

“There’s a reason why it’s expensive, but we’re raising the bar of what homeless shelters should look like,” Nakuset said. “What we want to do is fully support the homeless population so that they become well enough that they no longer need us. And through the years of my work in this field, there’s this concept where all you need is a church basement and a granola bar and the homeless will be fine. But this is going to be completely different and it was very well thought out, every single space of it.”

a rendering of a healing room
A sketch of the healing room at the future Resilience Montreal day shelter. PHOTO BY CLAIRE DAVENPORT ARCHITECTE INC. /Photo courtesy of David Chapman/

Though the provincial and federal governments contributed funds to the project initially, the hope is they’ll decide to pitch in some more given the increase in costs.

“As well, we’re reaching out to private foundations, some of whom have committed funding in the past to the building,” Chapman said. “We’re also trying to find new partners at the moment, to see if we can move this forward.”

In a statement, Maxime Tardif, presse attaché for Quebec Indigenous Affairs Minister Ian Lafrenière, said they are working closely with Resilience Montreal and that they intend to increase funding.

“However, we have not yet confirmed how high,” Tardif said. “The government will be there, and Resilience Montreal is aware that it must also continue its search for private financing.”

Finding financing is especially hard as a relatively new organization, Chapman said.

“When you’re new, you’re always chasing money,” he said. “Resilience only opened in 2019, so we don’t have the benefit of having been around for 50 years where you develop all kinds of connections. Fundraising is an ongoing challenge.”

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Itinérance Un sursis jusqu’en mars pour l’Accueil Bonneau

PHOTO RYAN REMIORZ, LA PRESSE CANADIENNE

À la fin du mois de décembre, La Presse a révélé que l’Accueil Bonneau, vieux de près de 150 ans, était au bord du gouffre après trois années de déficits.

Une « aide d’urgence » allouée mercredi par Québec permettra à l’Accueil Bonneau de maintenir ses services d’aide alimentaire sept jours sur sept pendant « quelques mois », le temps de trouver « des solutions pérennes » au manque de financement chronique de l’organisme.

Publié à 17h02

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Charles-Éric Blais-Poulin
Charles-Éric Blais-Poulin Équipe d’enquête, La Presse

L’établissement du Vieux-Montréal craignait de devoir cesser la distribution de repas dès février, susceptible d’engendrer, disait-il, « une catastrophe qui pourrait avoir de graves conséquences pour l’écosystème de la lutte à l’itinérance dans le Grand Montréal ».

Le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, a rencontré mercredi matin la directrice générale de l’Accueil Bonneau, Fiona Crossling, pour éviter un bris de service dans la distribution quotidienne de quelque 400 repas, rue de la Commune.

« C’est certes un soulagement tant pour les personnes qui bénéficient d’un repas chaud chaque jour que pour les employés dont les postes étaient jusqu’ici menacés par cette situation », a déclaré Mme Crossling dans un communiqué à l’issue de la rencontre.

Selon nos informations, l’organisme d’aide aux personnes en situation d’itinérance ou de précarité pourra piger dans un fonds de quelque 7 millions qui sera géré par le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.

Ce financement in extremis permettra à l’Accueil Bonneau de maintenir ses services jusqu’au 31 mars, « le temps que la problématique à long terme soit réglée grâce à un financement annuel à la mission adéquat, prévisible et récurrent ».

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

L’organisme avait annoncé qu’il mettrait fin à ses services de repas les week-ends dès le 6 janvier. Grâce à l’aide annoncée mercredi matin, la distribution alimentaire reprendra sept jours sur sept à partir de la mi-janvier.

À la fin du mois de décembre, La Presse a révélé que l’Accueil Bonneau, vieux de près de 150 ans, était au bord du gouffre après trois années de déficits. Ses dépenses – coûts de main-d’œuvre, inflation, hausse des besoins sociaux – ont augmenté ces dernières années, mais ses revenus ont plafonné, voire diminué en raison de la fin des aides pandémiques.

Lisez notre article « Au bord du gouffre, l’Accueil Bonneau réduit ses services »

L’offre alimentaire « est un service essentiel, mais qui ne cadre pas dans l’enveloppe de financement du PSOC [Programme de soutien aux organismes communautaires] », expliquait la directrice générale, Fiona Crossling, en entrevue.

« L’Accueil Bonneau offre du logement de transition et à long terme, mais n’offre pas d’hébergement d’urgence 24/7. Puisqu’on ne coche pas cette case-là, nos demandes de rehaussement de catégorie de financement à la mission ne sont pas acceptées. »

L’organisme avait annoncé qu’il mettrait fin à ses services de repas les week-ends dès le 6 janvier. Grâce à l’aide annoncée mercredi matin, la distribution alimentaire reprendra sept jours sur sept à partir de la mi-janvier.

Des questions en suspens

À l’issue de la rencontre, le ministre Carmant a écrit sur X que lui et Mme Crossling avaient « convenu que le service de repas serait maintenu par le biais d’une aide d’urgence », mais que le développement de services ouverts 24/7 s’avérait nécessaire à long terme, ce qui ouvrirait la porte à du financement additionnel.

« C’est un élément fondamental si l’on souhaite offrir les meilleurs services possibles et aider les personnes en situation d’itinérance à sortir de la rue », a-t-il commenté. « Les discussions se poursuivent afin de trouver une solution pérenne aux enjeux de financement de l’Accueil Bonneau. C’est une priorité pour notre gouvernement. »

« Les discussions avec le gouvernement du Québec se poursuivant, l’Accueil Bonneau n’émettra pas d’autres commentaires pour le moment », a pour sa part fait savoir Fiona Crossling.

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Démantèlement des campements de sans-abri Une bataille juridique débute contre Saint-Jérôme

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

La Ville de Saint-Jérôme agit-elle dans l’illégalité en démantelant systématiquement les campements de sans-abri sur son territoire ? La question sera débattue en Cour supérieure, à Montréal, ce vendredi matin.

La Ville de Saint-Jérôme agit-elle dans l’illégalité en démantelant systématiquement les campements de sans-abri sur son territoire ? La question sera débattue en Cour supérieure, à Montréal, ce vendredi matin. Une décision juridique qui pourrait avoir des répercussions ailleurs dans la province.

Publié à 0h48 Mis à jour à 5h00

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Lila Dussault
Lila Dussault La Presse

L’itinérance est un dossier chaud à Saint-Jérôme. Après avoir reçu un rapport accablant du Centre d’assistance et d’accompagnement aux plaintes des Laurentides l’automne dernier, la plus grande municipalité des Laurentides se retrouve devant les tribunaux ce vendredi matin.

Un organisme juridique de défense des droits des personnes itinérantes plaide que la Ville contrevient aux droits fondamentaux des sans-abri, car elle n’offre pas de solution de rechange adéquate aux campeurs expulsés.

La ville ne compte que six lits d’urgence, pour une population d’environ 40 à 50 personnes sans domicile fixe vivant dehors.

De plus, le fonctionnement du seul refuge d’urgence, la Hutte, fait en sorte que certaines personnes ne peuvent y accéder, par exemple si elles ont les capacités affaiblies ou ont des enjeux de comportement, indiquent les documents juridiques consultés par La Presse.

Malgré tout, la Ville s’est dotée de règlements municipaux interdisant à toute personne de dormir « sur les rues, trottoirs, parcs, terrains de jeux ainsi qu’à toute autre place publique », peut-on lire.

En 2022, la municipalité a aussi interdit l’érection de campements à toute autre fin que récréative. Depuis, les campements des personnes en situation d’itinérance sont régulièrement démantelés, dénoncent des intervenants et personnes itinérantes du milieu cités par le recours.

Incarcérés pour amendes impayées

C’est la Clinique juridique itinérante (CJI) qui mène la bataille juridique pour faire invalider ces règlements municipaux qui, selon elle, contreviennent aux droits fondamentaux des personnes en situation d’itinérance.

En plus des démantèlements et du manque de ressources, la CJI déplore que plusieurs sans-abri jérômiens aient été incarcérés après qu’ils eurent été incapables de payer des amendes reçues en contravention des règlements municipaux.

Ces amendes vont de 150 $ pour une première infraction à plusieurs milliers de dollars.

La CJI est l’organisme de défense de droit qui a défendu les campeurs sous l’autoroute Ville-Marie à Montréal, en 2023. Ces derniers ont finalement été évincés en juillet pour permettre des travaux du ministère des Transports, après plusieurs mois de sursis.

Lisez « Autoroute Ville-Marie : le campement de sans-abri démantelé »

Les règlements municipaux à Saint-Jérôme « mettent la vie, la liberté et la sécurité [des personnes sans-abri] en danger d’une manière non conforme aux principes de justice fondamentale », indique la CJI dans son action juridique.

Ni la CJI ni le maire de Saint-Jérôme, Marc Bourcier, n’ont voulu commenter le dossier jeudi étant donné les procédures judiciaires en cours.

La Ville critiquée par le passé

Ce n’est pas la première fois que la Ville de Saint-Jérôme est critiquée pour sa gestion de l’itinérance.

Les personnes sans domicile fixe y sont victimes de maltraitance systémique et organisationnelle, si l’on en croit un rapport du Centre d’assistance et d’accompagnement aux plaintes (CAAP) des Laurentides, ainsi que le rapportaient des médias locaux à la fin septembre. Selon ce rapport, il y aurait des dizaines de sans-abri dans les rues de la ville qui ne cadrent pas dans les ressources existantes.

Le rapport s’appuie sur des entrevues avec les gens de la rue, des policiers, des intervenants sociaux et du personnel du CISSS des Laurentides.

Le dossier a été déposé au Protecteur du citoyen, rapportait alors une journaliste du réseau CIME.

Dans une entrevue accordée à la même journaliste fin novembre, le maire de Saint-Jérôme, Marc Bourcier, a défendu le modèle de lutte contre l’itinérance de la ville. « Il n’y a pas de campements à Saint-Jérôme, on ne veut pas de campement dans les parcs, pour des questions de sécurité », a-t-il notamment assuré.

L’exemple de l’Ontario ?

À la fin du mois de janvier 2023, un juge ontarien a statué qu’il était inconstitutionnel d’empêcher une personne de vivre à l’extérieur s’il n’y avait pas d’endroit accessible et disponible à l’intérieur.

La décision a empêché la région de Waterloo d’expulser une cinquantaine de personnes vivant sur un terrain vague. En raison du manque de places en refuge, le règlement local contrevenait aux droits fondamentaux des sans-abri, a statué ce juge.

« Il y a fort à parier qu’en cas de contestation, la Cour supérieure arriverait à une conclusion similaire à celle de l’Ontario [et, précédemment, de la Cour d’appel de Colombie-Britannique] », avait alors indiqué à notre chroniqueur la professeure du département de sciences juridiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Lucie Lamarche.

Lisez la chronique « Planter sa tente à Montréal pour de bon ? »