« Culture » de l’itinérance : des propos qui « déshumanisent les gens qui sont à la rue »
Les propos de Napoléon Woo, restaurateur du quartier Saint-Roch qui porte les couleurs du parti Leadership Québec dans le district de Saint-Roch–Saint-Sauveur, dénonçant une soi-disant « culture » de l’itinérance, ont fait sourciller certains acteurs du milieu communautaire à Québec.
C’est soit de l’ignorance, ou soit, je dirais, au pire, de la médisance, souffle Benoît Côté, directeur général du Programme d’encadrement clinique et d’hébergement (PECH), lorsque questionné sur le sujet. Ça déshumanise les personnes qui sont à la rue.
“C’est très étonnant d’entendre des propos, en 2025, de cette nature-là”, dit-il. “Les gens qui sont dans la rue ont des enjeux de santé [mentale ou physique] réels.”
Véhiculer des propos comme ça, comme si c’était la vie de millionnaire dans la rue, ça n’a aucun bon sens.
Une citation de Benoît Côté, directeur général du Programme d'encadrement clinique et d'hébergement
Pour Boromir Vallée Dore, directeur général du Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec (RSIQ), “c’est une bonne chose que, dans le cadre de la campagne électorale en cours, on parle des questions d’itinérance, de vivre-ensemble”.
“Par contre, on pense que les préjugés n’ont pas leur place”, poursuit-il. “On le voit, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans nos quartiers centraux, [mais] on ne pourra pas arriver avec des solutions simplistes à un phénomène qui est aussi complexe que l’itinérance.”
La Ville de Montréal a inauguré aujourd’hui son premier projet d’habitations modulaires avec accompagnement, proposant ainsi une solution concrète et humaine en réponse à la crise de l’itinérance. Rendues possibles grâce à la participation financière des gouvernements du Canada et du Québec et à l’implication de l’organisme Mission Old Brewery, ces nouvelles habitations offriront un toit sécuritaire à 30 personnes vulnérables qui se trouvent dans une situation sociale stable et qui sont en attente d’un logement.
À défaut des 20 000 logements promis il y a 13 ans sur le site de l’ancien hippodrome, un premier projet d’« habitations modulaires avec accompagnement » pour une trentaine d’itinérants a été présenté aux médias lundi.
Ce grand ensemble de maisons mobiles a été conçu en réutilisant des bureaux de chantiers ayant servi à Hydro-Québec lors de la construction du complexe de la Romaine, sur la Côte-Nord. Il s’agit de la première installation du genre.
Deux autres projets, dans les arrondissements d’Ahuntsic-Cartierville et Outremont, doivent voir le jour d’ici le printemps 2026. La trentaine de personnes, hommes, femmes et couples qui y seront hébergés pour une période de moins de six mois seront en transition vers un logement permanent.
Montreal opens first modular housing for homeless residents
The city has unveiled a new complex at the former Hippodrome site to provide temporary housing and support services for people experiencing homelessness.
Montreal’s first modular transitional housing project opens
“Thinking outside of the box,” said Valérie Plante, mayor of Montreal, on the opening of the city’s first modular transitional housing project, at the former Hippodrome site, for people who have experienced homelessness. Gareth Madoc-Jones reports.
L’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve va planter une « microforêt urbaine » dans une petite section où se trouvent des tentes du campement de la rue Notre-Dame, entre les rues Leclaire et Théodore.
Sur une autre nouvelle, situation près du Square Cabot
Sécurité au centre-ville: des aînés craignent de sortir de chez eux près du Square Cabot
Des aînés du centre-ville de Montréal se considèrent prisonniers de leur logement. Ils craignent de sortir de chez eux en raison de la présence de personnes en situation d’itinérance parfois intoxiquées devant l’entrée de leur immeuble qui se trouve tout près du Square Cabot.
L’incendie majeur lors duquel un homme de 77 ans est mort la fin de semaine dernière sur Le Plateau-Mont-Royal, à Montréal, aurait été allumé par un itinérant qui souhaitait se réchauffer.
Le suspect, Brandon Gagné, 28 ans, a comparu lundi sous une accusation d’incendie criminel mettant en danger la vie humaine. Un chef d’homicide involontaire a été ajouté lors de son retour en cour mercredi, au palais de justice de Montréal.
## L’affirmation: «Quand on se compare, on se console. Ce n’est pas une raison pour festoyer, mais, par rapport à d’autres villes au Canada, on est dans une meilleure posture [en ce qui concerne l’itinérance]», a déclaré le maire sortant, Bruno Marchand, il y a quelques jours.
M. Marchand a notamment cité le cas d’Edmonton où, dit-il, on dénombrerait près de 5000 sans-abris, ce qui serait cinq fois plus qu’à Québec pour une population approximativement comparable.
Les faits
On ne peut pas dire qu’il est faux qu’Edmonton compte près de 5000 «sans-abri». Selon l’organisme qui gère les besoins en logement de la ville, le Homeward Trust, il y avait en date d’août dernier 4877 personnes qui étaient, disons, «techniquement sans-abri». C’est vraisemblablement de là que vient le chiffre cité par M. Marchand.
Sauf que ça n’est pas directement comparable au nombre d’itinérants qu’il y a à Québec, soit près de 1000. Ce chiffre provient en effet d’un décompte effectué la nuit du 11 octobre 2022, quand des bénévoles avaient dénombré 927 personnes qui devaient dormir dans la rue, dans des refuges ou qui étaient «logés temporairement» dans des ressources de transition (entre le refuge et le logement permanent), des centres de thérapie, des hébergements pour la violence conjugale, etc.
Or, le Homeward Trust utilise une définition plus large d’«accommodement provisoire» et inclut également les gens qui font du couch surfing, qui sont en colocation, mais sans avoir leur nom sur le bail, qui sont hébergés provisoirement par des proches, etc.
J’ignore exactement combien de gens supplémentaires cela représente: les chiffres du Homeward Trust ne le disent pas. En outre, comme Edmonton a connu une véritable explosion de sa population itinérante depuis la pandémie, il y a quelque chose d’un peu faux dans l’idée de comparer le décompte de 2025 d’Edmonton à celui de 2022 à Québec. Quand on utilise les chiffres de 2022, le nombre de sans-abri dans la capitale albertaine baisse à environ 2500 personnes (ici encore, Edmonton inclut plus de situations différentes dans ses décomptes).
Idée de base vraie
Cela dit, cependant, l’idée générale qu’évoquait le maire Marchand, soit qu’il y a proportionnellement moins de sans-abri ici que dans la plupart des autres grandes villes du Canada, demeure vraie. On en voit quelques exemples dans la liste ci-dessous. La plupart des dénombrements utilisent des définitions équivalentes, mais il faut garder en tête qu’il peut y avoir des exceptions, comme on vient de le voir.
Vrai dans l’ensemble. Les chiffres cités par M. Marchand au sujet d’Edmonton ne se comparent pas bien à ceux de la Ville de Québec. Mais l’idée de base qu’il y a moins d’itinérants à Québec que la moyenne des grandes villes canadiennes, quand on tient compte de la population, est véridique.
Environ 10 000 personnes étaient en situation d’itinérance au Québec lors du dernier dénombrement provincial, en 2022, un bond de 44 % en 5 ans. La situation se dégrade depuis. L’année dernière, 108 de ces personnes sont mortes, a récemment dévoilé La Presse[1].
« Je ne vois pas pourquoi ça arrêterait. Ça me fait peur », avoue James Hughes, président de la Mission Old Brewery, située à Montréal. « On est arrivés à un point de rupture. On risque de perdre notre ville, nos places publiques. Personne ne souhaite ça, y compris les personnes en situation d’itinérance. »
Au cours des dernières années, l’itinérance a gonflé dans presque toutes les régions du Québec. « L’écho qu’on a du terrain, c’est que de plus en plus de personnes vont cogner aux portes des organismes, et ces organismes n’ont jamais accompagné autant de personnes pour sortir de la rue », rapporte le directeur général du Réseau solidarité itinérance du Québec (RSIQ), Boromir Vallée Dore.
Two warming shelters for the unhoused in Montreal that were criticized by community groups as suboptimal will be reopening in November. Over the spring and summer, the city made major renovations to the basement of the Lucien-Saulnier building as well as a temporary building in the St-Laurent borough that once served as a work site trailer for the construction of the STM’s Côte-Vertu garage.
The Rover sur la cohabitation dans le quartier chinois, très éclairé et éclairant. Je cite seulement quelques derniers passages qui chiffrent les différentes dynamiques et qui résument l’aspect financier (et moral):
Some residents from Milton Parc and the adjacent Devonshire are similarly upset about the state of homelessness in their own neighbourhoods and have taken to filing a class action lawsuit against the City of Montreal, local health authorities and local homeless shelters.
With the help of The Center for Research-Action on Race Relations (CRARR), they are suing for up to $25,000 per resident impacted by the lack of safety and security in the neighbourhood because of the unhoused population. The lawsuit states that the presence of unhoused people has infringed on the Charter rights of housed residents living in the neighbourhood by undermining their right to life and security.
In 2025, the city invested $824 million in Montreal’s police force, compared to $10 million on fighting homelessness and $6.5 million for social housing projects. It also invests an average of $25 million annually in community organizations.
Last October, the City of Montreal even hired SIRCO, the same private security firm that dismantled the pro-Palestinian encampment at McGill University, to patrol Chinatown after residents were complaining about unhoused residents. The $120,000 project got guards to monitor and record any criminal activities happening in the neighbourhood.
If more funding is being funnelled into policing and initiatives like private security firms patrolling Chinatown, and attention is focused on lawsuits to sue local homeless shelters, who will pour resources into affordable housing and essential community services?
‘’ Alongside their demand for financial compensation, they are also asking for the court to order a permanent injunction for unhoused people in the area to be separated into “occasional homeless people who are sane” and “chronically homeless people who are physically and/or mentally ill and/or exhibit antisocial behaviour and/or are seriously intoxicated.” They ask for the latter group to be examined by a doctor and potentially “placed” in a specialized facility for their mental health or substance use, according to court documents reviewed by The Rover "
J’en reviens pas de lire ça. Comment on pourrait même déterminer de telles choses sans gravement atteindre aux droits de la personne. On est plus dans les années 50 où on institutionnalisait tous les gens avec des problèmes contre leur gré. Et une fois que les résidents auraient reçu leur 25 000$, qu’est-ce qui changerait? Ça serait de l’argent gaspillé. Je suis vraiment surpris que le CRARR ait même accepté d’aider à bâtir une telle poursuite et j’espère vraiment qu’elle sera rejetée.
Santé mentale au Québec : près de 600 personnes attendent une place d’hébergement
Alors que les effets de l’itinérance se font de plus en plus ressentir, les ressources intermédiaires en santé mentale s’organisent tant bien que mal pour accompagner les Québécois aux prises avec des problèmes psychologiques. Mais les ressources et les places manquent cruellement pour répondre à la demande sans cesse grandissante. Et ce, même s’il en coûte moins cher à la société de loger les personnes sans abri que de les laisser dans la rue.
Residents at downtown Montreal seniors’ home allege rights violations
“Somebody has to help us,” said Ana DeVita, a resident at Manoir Charles Dutaud, a city-run seniors’ residence in downtown Montreal where tenants say they’re being neglected and living in unsafe conditions. Adriana Gentile reports.