Dans l’ensemble, le nombre d’intervenants en itinérance est en augmentation au pays.
Le nombre de personnes qui œuvrent auprès des itinérants augmente plus vite en Ontario et en Colombie-Britannique qu’au Québec. Montréal, deuxième ville en importance au Canada, ne compte que 8,2 % des travailleurs de ce secteur, révèle Statistique Canada.
Dans l’ensemble, le nombre d’intervenants en itinérance est en augmentation au pays. Le secteur compte 10 130 travailleurs de plus qu’en 2016, selon les données du recensement de 2021 diffusées mercredi. Mais si les hausses sont de 79 % en Ontario et de 64 % en Colombie-Britannique, elles ne sont que de 22 % au Québec. En 2021, le Québec comptait 1330 travailleurs dans ce secteur. En Colombie-Britannique ? 2270. En Ontario : 4000. Près de la moitié de tous ces travailleurs sont dans les six plus grandes villes canadiennes, mais la part de Montréal, deuxième ville en importance au pays, n’est que de 8,2 %. Toronto est en tête avec 15,6 %, suivie de Vancouver (12,3 %), Montréal (8,2 %), Edmonton (4,4 %), Ottawa–Gatineau (4,3 %) et Calgary (3,8 %).
Un salaire de 34 000 $
Ces travailleurs sont plus nombreux, mais ils sont aussi plus pauvres. Le revenu médian des personnes qui offrent des services aux sans-abri était de 34 000 $ en 2020, en baisse de 3,4 % par rapport à celui enregistré en 2015, sans correction pour tenir compte de l’inflation, note Statistique Canada. « Ces chiffres nous confirment ce que le communautaire répète sans cesse. Les conditions de vie des travailleuses du communautaire en itinérance sont directement liées au manque de financement permanent et suffisant des différents [ordres de gouvernement] », réagit Annie Savage, directrice du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM).
Trois fois plus de femmes
Sans surprise, les femmes sont trois fois plus nombreuses que les hommes à travailleur auprès des personnes en situation d’itinérance. En 2021, « près de trois personnes sur quatre qui travaillaient dans le secteur du soutien à l’itinérance (73,8 %) étaient des femmes », précise Statistique Canada. Cependant, le nombre d’hommes est en augmentation. Depuis 2016, on compte 1175 travailleurs de plus, pour un total de 2655 hommes. La proportion des femmes est passée de 76,5 % à 73,8 % entre 2016 et 2021. Le nombre de travailleurs racisés est aussi à la hausse. En 2021, 28 % des travailleurs en itinérance appartenaient à un groupe racisé́.
Multitude de compétences
Ces employés sont nombreux à être titulaires d’un diplôme universitaire. Près de 4 salariés sur 10 ont un baccalauréat ou un diplôme de niveau supérieur. « Ces personnes représentaient le plus grand groupe de travailleurs au sein du secteur du soutien à l’itinérance selon le niveau de scolarité́ atteint », souligne Statistique Canada. « Ça prend une multitude de compétences. Les enjeux vécus par les personnes en itinérance sont multiples et complexes. On a un niveau d’expertise ou de connaissances ou d’expérience super important, mais en même temps, on n’est pas capables de rivaliser avec le réseau de la santé, par exemple, ou même la Ville de Montréal, en termes de salaires et de conditions de travail », souligne Annie Savage, du RAPSIM.
Nouveau petit campement urbain à côté de l’église St. John the Evangelist en plein QDS à l’intersection St-Urbain et Président-Kennedy. Je présume que la Ville de Montréal ne peut pas les déloger étant donné qu’ils sont sur le terrain de l’église mais si rien n’est fait le campement risque de grossir et ça pourrait devenir un risque d’incendie pour cette jolie petite église construite en 1878. C’est une autre preuve qu’il y a un manque important de ressources pour ces personnes vulnérables.
Les personnes en situation d’itinérance qui ont trouvé refuge sous l’autoroute Ville-Marie devront s’installer ailleurs. PHOTO : RADIO-CANADA / ELYSE ALLARD
Radio-Canada Publié à 19 h 09
Le campement de sans-abri situé sous l’autoroute Ville-Marie, au centre-ville de Montréal, pourra être démantelé à partir du 15 juin comme prévu, a tranché un juge de la Cour supérieure.
Dans une décision rendue mardi, le juge Pierre Nollet a reconnu que l’expulsion des personnes qui vivent dans des tentes sous l’autoroute Ville-Marie comporte son lot de risques pour le groupe, mais il a noté qu’il existe plusieurs ressources mises à leur disposition.
La situation qui met en danger la santé, la sécurité et la vie des [sans-abri de ce campement] n’est pas seulement l’expulsion des lieux où ils se trouvent présentement, mais aussi le fait qu’ils ont été forcés ou ont préféré recourir à cette solution d’hébergement en l’absence ou méconnaissance des ressources nécessaires pour les loger, peut-on lire dans le jugement.
La Cour supérieure ordonne également au gouvernement du Québec de se conformer à son propre engagement, inscrit dans l’avis d’éviction du 5 avril 2023, d’offrir aux personnes évincées d’entreposer leurs biens à leur demande.
Selon le juge, rien n’indique que les campeurs auraient quitté d’eux-mêmes les lieux avant la mi-juillet si un sursis leur avait accordé.
Une clinique juridique a aidé le groupe de 15 ou 20 sans-abri à obtenir deux injonctions du tribunal, plus tôt cette année, afin de reporter le démantèlement du campement. Le but consistait à donner plus de temps aux occupants pour se trouver un autre endroit où vivre.
Un premier avis d’expulsion a été transmis aux sans-abri en novembre dernier, mais le ministère des Transports a choisi de reporter ses travaux de réfection de l’autoroute pour laisser le temps aux campeurs de partir.
C’est finalement en mars que le ministère s’est tourné vers les tribunaux afin d’obtenir un avis d’expulsion.
Dans sa décision, le juge Nollet souligne que ce terrain qui appartient à la province n’est pas un espace public comme un parc, ce qui fait en sorte que les campeurs n’ont pas le droit de s’y trouver.
Il ajoute que des preuves irréfutables démontrent que les travaux sur l’autoroute sont absolument nécessaires, rappelant que la région de Montréal a déjà été témoin des conséquences désastreuses du manque d’entretien des infrastructures routières.
Outre les conséquences économiques, il y a des conséquences humaines en jeu. Elles ne peuvent être ignorées, précise le juge dans sa décision.
Le ministère des Transports du Québec demande depuis novembre dernier le démantèlement du campement d’une douzaine de personnes sous l’autoroute Ville-Marie, parce qu’il doit y entreprendre un chantier de 36 millions.
Les sans-abri vivant dans un campement sous l’autoroute Ville-Marie, près du centre-ville de Montréal, devront quitter les lieux avant le 15 juin, a décidé un juge de la Cour supérieure, mardi.
Les représentants du groupe de campeurs avaient demandé à la cour de leur donner jusqu’au 15 juillet avant l’expulsion, pour qu’ils aient le temps de trouver des logements, mais cela leur a été refusé par le juge Pierre Nollet.
Le ministère des Transports du Québec (MTQ), propriétaire du terrain, demande depuis novembre dernier le démantèlement du campement d’une douzaine de personnes, parce qu’il doit entreprendre un chantier de 36 millions, sur trois ans, pour la réfection du pont de l’autoroute.
La présente affaire met en relief les défis monumentaux rencontrés afin de répondre aux besoins de la population itinérante.
Le juge Pierre Nollet, dans sa décision
Le juge explique qu’il doit examiner « la balance des inconvénients ». « Il faut rechercher laquelle des deux parties subit le plus grand préjudice selon que l’injonction interlocutoire est accordée ou refusée dans l’attente d’une décision sur le fond », écrit-il.
« Communauté d’entraide »
Pour les campeurs, une expulsion signifie la fin de leur « communauté d’entraide », reconnaît le juge. « Il existe un risque que le démantèlement du campement provoque des effets dévastateurs sur le filet de sécurité et d’entraide que celui-ci assure et plongerait ses membres plus profondément dans l’instabilité et l’isolement », peut-on lire dans le jugement.
Mais chaque jour de retard dans les travaux pose aussi un danger pour la sécurité des usagers de l’autoroute Ville-Marie, puisque les dommages aux structures sont importants. « Des fissures dans le béton sont visibles et sont un signe potentiel de réduction de la capacité structurale », note le juge, ajoutant que des interventions d’urgence pourraient forcer des fermetures imprévues, « affectant les milliers d’usagers quotidiens ».
« La région de Montréal a déjà pu constater les conséquences désastreuses de l’absence de soins appropriés apportés aux infrastructures routières. Outre les conséquences économiques, il y a des conséquences humaines en jeu. Elles ne peuvent être ignorées. »
Retards coûteux
Tout en donnant raison au gouvernement, le juge Nollet souligne que les retards occasionnés par le refus des campeurs de quitter les lieux coûteront des centaines de milliers de dollars aux contribuables. « Dans ce contexte, il peut paraître étonnant que la relocalisation des occupants ne fasse pas partie des coûts du projet », avance-t-il, ajoutant que tous seraient sortis gagnants d’une utilisation des fonds publics pour loger ces sans-abri. « Il s’agit toutefois d’une décision qui relève de l’exécutif [gouvernement] et non du judiciaire. »
La semaine dernière, l’avocate du MTQ a évoqué des frais de 2 millions occasionnés par les retards du chantier.
Le juge Nollet souligne aussi que les démarches pour reloger les habitants du campement auraient dû être entreprises bien avant.
La preuve est faite que ces ressources existent. […] Si tous s’étaient mobilisés en novembre 2022 pour trouver une solution, on ne parlerait pas de la présente situation.
Le juge Pierre Nollet
La Clinique juridique itinérante, qui représente les campeurs devant la justice, était en cour la semaine dernière pour demander une prolongation jusqu’au 15 juillet du délai accordé avant le démantèlement. La date du 15 juin avait précédemment été fixée par un autre jugement.
Leur avocate a alors expliqué que seulement trois sans-abri ont pu être relocalisés dans des logements jusqu’à maintenant, dont un dans un refuge temporaire.
Un couple, dont la femme de 42 ans est enceinte, était en voie d’inscription au Programme de supplément au loyer (PSL), mais il n’avait toujours pas trouvé d’appartement. Six autres campeurs, âgés de 44 à 69 ans, n’avaient pas non plus de logement où s’installer ; ils étaient en train de compléter la paperasse nécessaire à leur participation au PSL. Quant à trois autres résidants des lieux, ils se sont montrés peu réceptifs à obtenir de l’aide pour délaisser leur tente.
Le directeur de la Clinique juridique itinérante, Me Donald Tremblay, a indiqué en fin de journée mardi qu’il étudiait le jugement avant de décider s’il y aurait appel. Quant aux démarches pour trouver de l’hébergement pour les campeurs, elles sont toujours en cours, a-t-il dit.
L’histoire jusqu’ici
Novembre 2022
Une quinzaine de sans-abri ayant planté leur tente sous l’autoroute Ville-Marie reçoivent un avis d’éviction du ministère des Transports du Québec (MTQ). L’avis est levé le 9 novembre, mais aucune nouvelle date n’est fixée.
Mars 2023
Les campeurs sont sommés de quitter les lieux à la fin du mois. La Clinique juridique itinérante dépose une demande d’injonction pour leur permettre d’y demeurer jusqu’au 15 juillet 2023, le temps de leur trouver des logements permanents.
24 avril 2023
La Cour supérieure donne aux campeurs un sursis jusqu’au 15 juin 2023. Le MTQ annonce qu’il démarre le chantier dans les zones où il n’y a pas de danger pour les campeurs.
30 mai 2023
La Clinique juridique itinérante demande que le délai soit prolongé jusqu’au 15 juillet.
La nouvelle maison de chambres, un ancien hôtel situé près de la Place Dupuis
Une maison de 20 chambres pour sortir des femmes de l’itinérance, ça peut sembler bien peu en comparaison de l’ampleur des besoins. Mais dans un contexte de crise du logement, chaque nouveau logement compte.
La directrice de l’organisme montréalais Chez Doris, Marina Boulos-Winton, était donc fière, mardi, de faire visiter son nouvel établissement, tout en soulignant que la demande est énorme pour de tels services, « étant donné la crise de l’itinérance, qui a augmenté pendant la pandémie, ainsi que les coûts de logement et l’inflation », a-t-elle fait remarquer.
La nouvelle maison de chambres, un ancien hôtel situé près de la Place Dupuis, accueillera dès la semaine prochaine les premières des 20 femmes de 28 à 62 ans qui ont été dans la rue pour des périodes variant entre 3 mois et 10 ans. En tout temps, jour et nuit, deux intervenantes seront sur place pour les accompagner dans leurs démarches de « réaffiliation sociale ».
La directrice de l’organisme montréalais Chez Doris, Marina Boulos-Winton
« La résidence est un programme transitoire entre l’itinérance et un appartement dans le marché privé », explique Alexandra Delgado, responsable des services de réinsertion et de logement pour Chez Doris.
Dans la rue, il y a des compétences qui se perdent, alors l’objectif est de leur redonner la maîtrise de leur vie. Leur but peut être, par exemple, d’apprendre à cuisiner ou d’entreprendre une thérapie.
Alexandra Delgado, responsable des services de réinsertion et de logement pour Chez Doris
L’alcool y sera toléré, avec beaucoup de règles, et les femmes pourront entrer même si elles sont intoxiquées.
Mme Boulos-Winton fait un bref portrait de quelques-unes des futures résidantes : l’une d’elles, âgée de 58 ans, sort d’une relation abusive et violente qui a duré 20 ans et s’est retrouvée sans-abri après avoir été évincée de son logement ; une autre, une dame de 62 ans qui souffre de schizophrénie, a perdu son appartement au début de la pandémie.
« La maladie mentale est un gros problème qui empêche de trouver un logement stable, déplore Mme Boulos-Winton. Il manque de services dans le réseau de la santé, et plusieurs femmes refusent les services, ce qu’elles ont le droit de faire, tant qu’elles ne sont pas un danger pour elles-mêmes ou pour les autres. Alors il faut malheureusement attendre qu’il arrive quelque chose pour avoir un mandat de la cour qui les oblige à se faire soigner. »
Des femmes refusées chaque soir
Parce que la demande a augmenté pendant la pandémie, Chez Doris a ouvert en septembre 2022 un refuge de nuit de 24 lits d’urgence, en plus de son centre de jour. Mais l’organisme doit refuser entre quatre et neuf femmes chaque nuit. Certaines sont obligées de dormir dans la rue ou dans des tentes.
Les 20 locataires de la nouvelle maison de chambres ont accès à des cuisines et des salons communs, et à de grandes terrasses extérieures.
L’achat et la rénovation de l’ancien hôtel ont coûté 6,4 millions. Le projet a vu le jour grâce à l’appui de la Ville de Montréal et à une contribution financière de plus de 5 millions du gouvernement du Canada par l’entremise de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), dans le cadre d’une Entente Canada-Québec pour la création rapide de logements. Le gouvernement du Québec allouera pour sa part un supplément au loyer, ce qui permettra aux futures résidantes de débourser seulement 25 % de leurs revenus pour se loger, alors que le loyer mensuel de chaque chambre a été fixé à 858 $.
Le philanthrope montréalais Bash Shetty (au centre) a fait un don de 1 million de dollars à la résidence.
Le reste provient de donateurs privés, notamment du philanthrope montréalais Bash Shetty, qui a fait un don de 1 million de dollars. La nouvelle résidence porte d’ailleurs son nom. M. Shetty, qui a fait carrière dans le droit et l’assurance maritimes, était présent à l’inauguration, mais n’a pas voulu donner d’entrevues aux médias.
Les maisons comme bouée
En septembre, Chez Doris inaugurera un autre immeuble comportant 26 studios. Puis, en 2025, une résidence de transition qui offrira des logements pour des périodes de trois mois à deux ans.
Le responsable de l’habitation au comité exécutif de la Ville de Montréal, Benoit Dorais, présent à l’inauguration, a souligné que les maisons de chambres sont souvent la bouée qui permet aux itinérants de sortir de la rue, en raison de leur loyer abordable. Montréal a d’ailleurs assujetti 100 maisons de chambres à son droit de préemption, qui lui donne un droit de premier refus quand l’une de ces propriétés est mise en vente.
Au cours de la dernière année, la Ville a acheté quatre maisons de chambres, et d’autres transactions sont à venir, promet M. Dorais. « On a prévu un fonds de 600 millions sur 10 ans pour ces achats, rappelle-t-il. C’est un montant astronomique, du jamais-vu. »
5 juillet 2023 à 15h02 - Mis à jour 5 juillet 2023 à 15h30 4 minutes de lecture
Mardi soir, plusieurs citoyens exaspérés et inquiets des enjeux liés à l’itinérance dans leur quartier se sont rendus aux conseils d’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension et de Ville-Marie pour se plaindre à leurs élus directement.
«Qu’est-ce que vous allez faire pour qu’on puisse dormir chez nous tranquilles?», a demandé Johanne Sigouin, une résidente de Villeray, à sa mairesse d’arrondissement, Laurence Lavigne Lalonde.
Habitant en face du refuge Notre-Dame-du-Rosaire, qui héberge une quarantaine d’itinérants, Mme Sigouin affirme faire de l’insomnie depuis que les usagers se réunissent sur le parvis de l’église, devant chez elle, pour faire la fête la nuit. Selon la citoyenne, rien n’ira en s’améliorant cet été considérant les périodes de canicule à venir.
«Moi, aujourd’hui, depuis 4h15 que je suis debout à cause d’itinérants saouls comme des bottes à prendre un coup toute la nuit. On est à bout. [Les employés du] refuge nous disent qu’ils peuvent juste gérer ce qui se passe à l’intérieur du refuge, mais dans la rue, ils ne gèrent rien», a-t-elle déclaré au micro devant les élus municipaux.
Malgré les plaintes formulées auprès du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), rien ne change, déplore Johanne Sigouin, puisque les policiers ne peuvent pas intervenir dans ce genre de situation. «On n’est pas prioritaires parce qu’il n’y a personne en danger… Il n’y a que nous qui ne dormons pas…», a-t-elle mentionné.
La mairesse de l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, Laurence Lavigne Lalonde, a assuré que des équipes étaient déjà mobilisées pour faciliter la cohabitation et trouver rapidement des solutions à ce tapage nocturne.
«Que ce soit les gens du refuge, les membres du conseil d’administration du refuge, les équipes de la police ou les organismes communautaires, les équipes travaillent pour essayer de trouver des solutions pour pouvoir intervenir sur le parvis de l’église. Je comprends le mandat de l’abri, mais vous avez raison qu’il faut aussi des interventions substantielles au pourtour de l’église», a-t-elle mentionné.
Mobilisation dans le Village
Après avoir manifesté dans les rues du Village, mardi soir, des citoyens de Ville-Marie se sont eux aussi rendus au conseil de leur arrondissement pour dénoncer des problèmes de sécurité dans le secteur en lien avec la hausse de l’itinérance.
Si la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a pris des mesures pour renforcer la sécurité dans le cadre de sa stratégie d’intervention collective pour le Village, des citoyens estiment que celles-ci ne seront pas suffisantes pour renverser la vapeur.
Coorganisateur et instigateur de la manifestation «J’aime mon village» de mardi soir, Christian Généreux a pris la parole au conseil d’arrondissement pour demander aux élus d’interpeller tous les acteurs, soit les décideurs, les élus municipaux, mais aussi les députés et les ministres provinciaux et fédéraux, «afin qu’ils soient réunis le plus rapidement possible pour ainsi tabler sur un plan d’action» et les convaincre de déployer les ressources nécessaires à sa réalisation.
Il est plus évident qu’il est temps d’agir et, malheureusement, ce sentiment d’urgence, on ne le sent pas.
Christian Généreux
Considérant que la «capacité d’accueil» du nombre de refuges dans le secteur du Village a été dépassée, M. Généreux a aussi demandé aux élus de cesser de délivrer des permis d’occupation dans le Centre-Sud, particulièrement dans le Village, pour toute nouvelle initiative reliée à l’itinérance.
Selon le conseiller du district Saint-Jacques dans Ville-Marie, Robert Beaudry, il faut plutôt travailler en collaboration avec les organismes communautaires. L’élu estime que ce n’est pas rendre service aux personnes vulnérables que de leur enlever des ressources.
«Nous avons, actuellement, des organisations qui nous disent ne pas avoir les moyens d’accueillir des personnes. C’est pour cette raison-là qu’elles se retrouvent dans la rue. C’est pour cette raison-là que ces personnes sont en détresse dans l’espace public et que ça crée des impacts d’insécurité auprès de la population et des commerçants», a-t-il ajouté.
Je trouve vraiment regrettable la position de l’organisateur de la manif dans le Village. Non seulement ils ne veulent plus de permis pour des ressources en itinérance, ils veulent aussi que les permis pour celles-ci ne soient pas renouvelées. Hors, il y a des personnes itinérantes qui sont aussi membres de la communauté LGBTQ. On peut vouloir des actions dans le Village sans tomber dans le NIMBYisme
Les voisins de « l’allée du crack » racontent leur « enfer » à Montréal
Des toxicomanes envahissent leurs immeubles tous les jours pour y trouver refuge. Au centre d’injection supervisée du coin de la rue, on comprend le désarroi des résidents, mais on manque de ressources et on est dépassé par la crise des surdoses.
Des résidents du centre-ville déplorent que leurs immeubles deviennent des refuges pour toxicomanes.
PHOTO : RADIO-CANADA
Thomas Gerbet
Publié à 4 h 00
Alexandra vit dans la peur chaque fois qu’elle sort de son immeuble de la rue Charlotte, en plein Quartier des spectacles de Montréal. « Ce matin, j’avais quelqu’un qui vendait de la drogue à côté de mon garage à cinq heures et demie. »
La coiffeuse de 45 ans nous montre la porte d’entrée de son édifice à condos, de nouveau fracturée par des itinérants qui entrent par effraction pour se droguer ou pour dormir à l’intérieur.
Une personne occupe l’escalier d’un immeuble à condos de la rue Charlotte, ses affaires posées près d’une tache d’urine.
PHOTO : RADIO-CANADA
Quand je prends mon ascenseur, j’ai peur, avoue-t-elle. Mon condo est au 6e étage. Un matin, je suis sortie et un gars venait de faire ses besoins sur mon plancher.
« Appeler la police, ça prend une heure. Donc, il faut que je m’obstine moi-même avec un itinérant qui est complètement gelé, rendu au sixième dans mon building. »
— Une citation de Alexandra, résidente de la rue Charlotte
Ramasser des seringues et des excréments humains sur le trottoir ou dans leurs immeubles est devenu une habitude des résidents du quartier. La présence d’urine est tellement fréquente à l’entrée des bâtiments que le bitume a commencé à se dégrader.
La semaine passée, il y avait du sang dans mon escalier, parce qu’il y en a un qui s’est piqué dans mon immeuble et qui a manqué sa veine, raconte-t-elle.
Des taches de sang dans la cage d’escalier d’un immeuble à condos de la rue Charlotte.
PHOTO : RADIO-CANADA
Par crainte de représailles, Alexandra nous a demandé de ne pas montrer son visage. Son témoignage fait écho à celui de plusieurs résidents qui vivent au coin de la rue Charlotte et de la rue Berger. Il y a tellement de consommateurs de drogues dures et de vendeurs à cet endroit qu’ils le surnomment « l’allée du crack ».
Lors du passage de Radio-Canada, des toxicomanes étaient assis par terre en pleine rue, en train de se piquer; d’autres étaient couchés devant des entrées d’immeubles. Une fenêtre était brisée au premier étage d’un édifice à condos. Des déchets en tout genre jonchaient le sol de la rue.
Du matériel pour se droguer, comme des seringues, se trouve dans la rue Berger.
PHOTO : RADIO-CANADA
Le site d’injection supervisé montré du doigt
Pour Alexandra, la cause de tout ça, c’est la proximité du service d’injection supervisée Cactus, sur la rue Berger. Ouvert en 2017, cet endroit permet à des toxicomanes de consommer en sécurité et d’être pris en charge en cas de surdose. Cet organisme distribue aussi du matériel de consommation stérile à emporter. Même les vendeurs en reçoivent.
Je comprends tout à fait le désarroi des résidents, dit le directeur général de Cactus, Jean-François Mary, que nous avons rencontré à l’intérieur du centre d’injection supervisée. Je constate chaque jour une dégradation de la situation dans le quartier.
Jean-François Mary, directeur général de Cactus Montréal.
PHOTO : RADIO-CANADA / THOMAS GERBET
Même s’il y a toujours eu de la drogue et de l’itinérance dans ce secteur, il a remarqué un cocktail explosif depuis 2019. La pandémie et un contexte d’anxiété généralisée ont stimulé la consommation de drogue.
Il y a aussi eu des changements dans le monde du crime organisé et dans le type de drogues en circulation. Le nombre de surdoses est en forte augmentation. À Montréal, en salle de consommation, elles sont passées de 77 en 2019-2020 à 351 en 2022-2023, soit 456 % de hausse.
« En ce moment, on a en moyenne deux surdoses par jour dans la salle [de Cactus]. »
— Une citation de Jean-François Mary, directeur général de Cactus Montréal
L’organisme en a déjà plein les bras à l’intérieur avec 200 consommateurs accueillis chaque jour, alors, gérer la rue, ce n’est pas notre mandat, dit Jean-François Mary.
« Je les comprends de chialer, parce que nous aussi, ça nous dérange. Nous, de l’autre côté, on gère la frustration des usagers. »
— Une citation de Jean-François Mary, directeur général de Cactus Montréal
Cactus a dû réduire ses heures d’ouverture de 15 h à 2 h du matin en raison du manque d’infirmières fournies par le réseau de la santé et des services sociaux. Après minuit, les professionnelles de la santé ne sont plus disponibles et le nombre de cabines d’injection ouvertes passe de 10 à 3.
Des cabines au centre d’injection supervisée de Cactus Montréal.
PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / PAUL CHIASSON
Quelqu’un qui est en manque, qui vient dans une salle de consommation pour rester en vie et qui arrive devant un local où il y a une attente d’une heure parce qu’on a été obligés de réduire la capacité [à cause de] l’absence de personnel infirmier, ben pour nous, c’est un problème aussi, explique M. Mary.
La consommation se déplace donc dans la rue et dans les immeubles alentour.
« Le manque d’espace fait en sorte que ces gens-là vont aller dans les entrées d’immeubles, ils vont essayer de rentrer dans les cours… Ils n’ont pas de toilettes et ils ont besoin de déféquer. Ils ne vont pas déféquer dans un endroit à la vue de tous, donc ils vont aller dans un endroit caché, et ça, c’est les entrées d’immeubles. »
— Une citation de Jean-François Mary, directeur général de Cactus Montréal
L’organisme rappelle que les itinérants et les toxicomanes sont les « principales victimes » de la violence dans la rue et que beaucoup cherchent à se protéger des vols ou des agressions en se réfugiant dans les immeubles.
Des condos qui ont remplacé les lieux de vie des itinérants
Jean-François Mary explique que les personnes qui fréquentent « l’allée du crack » sont les mêmes personnes qui font parler d’elles dans le Village ou autour de la station de métro Berri-UQÀM. Il déplore le manque d’hébergement d’urgence au centre-ville de Montréal.
Non seulement on a beaucoup plus de gens dans la rue, mais ils n’ont nulle part où aller, dit-il en évoquant les gens à l’aide sociale et les travailleurs pauvres incapables de se loger.
Un homme dort sur un sac de poubelle devant la sortie de secours d’un immeuble à condos, rue Berger.
PHOTO : RADIO-CANADA
Il dénonce les politiques d’urbanisme des dernières années. On a déplacé ces gens-là [les itinérants]. Tous ces nouveaux […] condos se sont faits aux dépens des populations qui vivaient ici, par exemple dans des maisons de chambres ou dans des hôtels bon marché.
Déception et sentiment d’abandon par les pouvoirs publics
Le choc entre ces deux mondes est d’autant plus frustrant qu’Alexandra avait déménagé, il y a 12 ans, dans un quartier qui était supposé devenir de plus en plus beau, en pleine effervescence.
« J’ai déménagé là parce que c’était le Quartier des arts et spectacles, alors je pensais vraiment que la Ville allait soutenir le coin. […] En tant que citoyenne à Montréal qui paie des taxes, je trouve que c’est déplorable, ce que la ville est devenue**.** »
— Une citation de Alexandra, propriétaire d’un condo sur la rue Charlotte
Bien sûr, elle s’attendait à croiser un itinérant et un drogué ici et là, mais maintenant, c’est rendu que le soir, je vais arriver chez moi après le travail et il va y avoir à peu près 20 personnes avec des aiguilles dans les mains, toutes sales, devant ma porte de garage. Et là, je leur demande de bouger, [mais] ils ne veulent rien comprendre.
Un homme se drogue devant la porte d’entrée d’un immeuble à condos de la rue Charlotte.
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Les syndicats de copropriété de la rue Charlotte déplorent que leurs frais de condos explosent, car ils doivent engager des gardiens de sécurité la nuit, réparer presque toutes les semaines les portes d’entrée brisées et faire nettoyer les aires communes. La facture atteint 50 000 $ pour un des immeubles cette année.
Des extincteurs sont volés pour être revendus et la fumée du crack dans les immeubles déclenche occasionnellement les alarmes d’incendie, donc l’intervention des pompiers. Les habitants sont aussi réveillés au milieu de la nuit par la sonnerie de l’intercom parce que des gens essaient d’entrer dans l’édifice.
L’entrée de cet édifice à condos est régulièrement défoncée par des toxicomanes qui tentent de pénétrer à l’intérieur de l’immeuble.
PHOTO : RADIO-CANADA / THOMAS GERBET
Des vendeurs de drogue ont même loué un condo dans un des immeubles. On y a trouvé des centaines de seringues.
On vit un enfer, témoigne Alexandre Gonzalez, qui siège au syndicat de copropriété d’un des édifices à condos de la rue Charlotte. Il décrit « une jungle » et un « no man’s land » dans la rue.
« On a beaucoup plus de drogués qu’avant tout en ayant moins de moyens qu’avant. […] Ces gens ne sont plus gérés par quiconque. La rue doit être gérée, et ça, ça appartient aux pouvoirs publics. »
— Une citation de Alexandre Gonzalez, administrateur d’un édifice à condos de la rue Charlotte
Des ambulanciers interviennent auprès d’un toxicomane, rue Berger.
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M. Gonzalez raconte qu’il a appelé les ambulanciers à plusieurs reprises pour signaler des surdoses à proximité ou à l’intérieur de son bâtiment. Lui aussi vit dans le quartier depuis 15 ans et situe à 2020 le début de la dégradation de la situation. Ça empire.
Le 21 juin, Alexandre et des copropriétaires ont écrit un énième courriel d’appel à l’aide à la Ville de Montréal, à la police et au réseau de la santé et des services sociaux. L’objet du message est sans équivoque : La Honte de Montréal – Berger/Charlotte en perdition.
Dans leur courriel, ils ont écrit ceci : Nous ne comprenons pas ce qu’attend la Ville pour venir intervenir. La police ne se déplace plus ou avec des délais dépassant l’entendement.
« On se sent démuni et on a l’impression que les services publics nous ignorent. »
— Une citation de Alexandre Gonzalez, administrateur d’un édifice à condos de la rue Charlotte
L’état du plancher des aires communes d’un immeuble de la rue Charlotte.
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Caroline, une résidente de l’immeuble d’en face, a elle aussi écrit à la Ville, à la police et aux autorités de la santé le 27 juin.
La situation devient invivable et intenable, a écrit cette femme de 46 ans qui a été frappée à l’œil, il y a trois semaines, par une personne dans un état second à qui elle refusait l’accès à l’immeuble. Notre concierge s’est fait agresser physiquement à deux reprises et menacer au couteau.
« Il y a deux mois, nous avons dû appeler les pompiers et une ambulance, car une personne s’est shootée dans les salles de déchets à l’étage. Elle a fait une surdose et avait barré la porte. Nous avons dû défoncer pour y accéder. »
— Une citation de Caroline, résidente de la rue Charlotte
Une toxicomane affalée dans l’escalier d’un immeuble à condos de la rue Charlotte.
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Comme Alexandre Gonzalez, Caroline n’est pas du tout opposée à la présence de Cactus, mais elle est de plus en plus découragée. On voudrait avoir une cohabitation saine, mais ça devient difficile.
Pour moi, c’est déchirant, car je vois que les personnes qui fréquentent notre immeuble sont de plus en plus jeunes, explique-t-elle. C’est vrai que, pour eux, c’est une question de survie.
« Je comprends que des fois, l’option, c’est de se cacher dans notre immeuble ou de survivre dans la rue, surtout quand je vois des jeunes femmes. Elles sont vulnérables. »
— Une citation de Caroline, résidente d’un condo de la rue Charlotte
Le directeur général de Cactus, Jean-François Mary, a accepté de nous accompagner pour rencontrer Caroline sur le trottoir de la rue Charlotte.
Jean-François Mary dialogue avec une résidente de la rue Charlotte.
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Il y a des choses qui dépassent nos capacités, les capacités des résidents du quartier, et c’est là, la responsabilité des pouvoirs publics, dit Jean-François Mary.
« Ce n’est pas normal qu’au Canada, un pays extrêmement riche, à Montréal, une ville extrêmement riche, il y ait des résidents qui servent de refuge. »
— Une citation de Jean-François Mary, directeur général de Cactus Montréal
Caroline lui avoue qu’elle envisage de transporter une trousse de naloxone sur elle pour intervenir en cas de surdose d’opioïdes devant chez elle.
Nous, on se sent vraiment abandonnés par la Ville dans tout ça, dit Caroline. Nous aussi, répond Jean-François Mary. Ce sont deux solitudes.
Que fait la police?
Les résidents du quartier à qui nous avons parlé constatent tous qu’il faut attendre en moyenne 45 minutes avant une intervention de la police à la suite d’un appel. Ils regrettent le déménagement du poste de quartier, qui se trouvait auparavant au coin de la rue et dont les voitures de patrouille faisaient des va-et-vient dans le secteur.
Plusieurs témoins affirment que les agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) les encouragent à appeler au 911 le plus souvent possible pour des raisons statistiques et pour que les ressources consacrées au secteur puissent augmenter. Le SPVM n’a pas répondu à ces allégations.
Dans un courriel, la porte-parole Mélanie Bergeron écrit que les policières et policiers du poste de quartier 21 sont présents sur le terrain pour répondre aux appels et faire les interventions nécessaires pour assurer la sécurité du secteur. Ils peuvent compter sur le soutien d’unités spécialisées en itinérance, notamment.
La Ville se dit proactive
L’arrondissement de Ville-Marie est au fait de la situation et met en place des actions proactives dans ce dossier en collaboration avec ses différents partenaires, nous écrit Hugo Bourgoin, porte-parole de la Ville de Montréal. La sécurité des citoyennes et des citoyens est primordiale pour la Ville de Montréal.
La Ville explique avoir mis en œuvre depuis 2022 des actions de nettoyage et de récupération des seringues souillées à la demande des résidents, en plus de sensibiliser leurs usagers aux [problèmes] de cohabitation que leurs comportements peuvent engendrer. Des tournées auprès des personnes vulnérables du secteur sont aussi organisées.
« Plusieurs pistes de solution sont envisagées et seront discutées lors de la prochaine rencontre de “bon voisinage”, telle que l’augmentation de la présence policière lors de plages horaires ciblées. »
— Une citation de Hugo Bourgoin, porte-parole de la Ville de Montréal
Une personne dort dans le hall d’entrée d’un immeuble à condos de la rue Charlotte.
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Le réseau de la santé « extrêmement préoccupé »
Le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, qui fournit des infirmières à Cactus, réitère que les services d’injection supervisée sont « essentiels » et représentent une mesure d’atténuation en ce qui concerne la consommation par injection dans l’espace public.
Le CIUSSS affirme avoir augmenté le financement de l’organisme, mais il reconnaît que les infirmières manquent. À l’heure actuelle, l’ensemble du réseau de la santé et des services sociaux fait face à des difficultés de recrutement et de rétention de personnel, explique le porte-parole Jean-Nicolas Aubé. Malheureusement, ces embûches se transposent dans les services de consommation supervisée, tant pour le recrutement d’infirmières que pour le recrutement d’intervenant·e·s communautaires dans les organismes.
« Nous sommes extrêmement préoccupés par la situation actuelle dans Ville-Marie et nous sommes sensibles aux difficultés éprouvées par les résident·e·s du secteur. »
— Une citation de Jean-Nicolas Aubé, porte-parole du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal
Selon le CIUSSS, les problèmes de cohabitation au centre-ville sont multifactoriels et ce n’est pas la présence de services de consommation supervisée qui explique par elle seule la situation tendue dans le quartier.
Les solutions sont multiples et nécessiteront la mobilisation concertée de tous les partenaires concernés, ajoute Jean-Nicolas Aubé.
Pour Alexandra, la solution évidente serait de déménager, mais elle craint que personne ne veuille acheter son condo.
Ce n’est pas du ressort de la Ville… C’est le CIUSSS qui fournit les infirmiers et le financement pour l’organisme. Le provincial a un rôle énorme à jouer dans cette crise.
Bin voyons… on est quand même très loin du creux de l’an dernier. La Ville a fait beaucoup d’effort pour améliorer la propreté et surveiller les rues, et ça fonctionne. Le Village est vraiment mieux qu’il était, même si il y a toujours un problème. Que voulez vous que la Ville fasse de plus?
C’est tout simplement irrespectueux envers les résidents qui doivent faire face à ce comportement antisocial. Les toxicomanes n’ignorent pas que ce qu’ils font aux autres est agaçant, et parfois effrayant ou violent. Ce sont toujours des êtres humains qui ont des décisions à prendre, et j’ai fini de justifier toutes sortes de comportements grossiers. Ils font ce qu’ils veulent parce qu’il n’y a littéralement aucune conséquence, personne ne peut leur dire non et l’SPVM a essentiellement abandonné. Et pour l’individu qui gère Cactus, de blâmer les condos pour une augmentation de l’itinérance est complètement ridicule. La grande majorité des sans-abri, qui sont invisibles, ne consomment pas de drogue et ne menacent pas de poignarder les autres. ils n’entrent pas non plus par effraction pour pisser dans l’escalier. À un moment donné, les gens doivent admettre que nos méthodes pour réduire les externalités négatives de la toxicomanie échouent lamentablement, et que nous sommes même pas proche du pire scénario. Regardez l’état de Vancouver. C’est complètement ingérable et ça va devenir même plus si nous ne changeons pas immédiatement toute notre infrastructure de traitement de la toxicomanie (y compris une réouverture des établissements psychiatriques).
Oui, le Village est plus propre et sécuritaire. Mais, en tant que personne y vivant, je vois quotidiennement des personnes complètement au fond du baril, de la misère humaine abjecte. Je ne trouve tout simplement pas cela acceptable. Le plan de la Ville de Québec inclut de nombreuses actions par rapport aux logements, à l’acquisition de terrain, pour aider les organismes à obtenir des locaux. On parle même d’acquérir des maisons de chambres!
C’est certains qu’on pourrait tous les mettre en prison et dans les hôpitaux psychiatriques, mais considérant que les problèmes de santé mentales sont exacerbés par le fait d’être dans la rue et de consommer de la drogue de mauvaise qualité, il me semble plus judicieux de penser à la prévention (logements sociaux, maisons de chambre, etc) et à la réhabilitation de plusieurs d’entre eux qui seraient certainement capables de devenir des membres productifs de notre société. Cela serait probablement moins coûteux et plus bénéfique pour tout le monde!
ce n’est pas ce que je veux, je suis sûr que vous êtes au courant. Et ce n’est pas productif de simplement renoncer à un argument en balayant la main car la personne veut simplement que tout le monde soit en prison ou à l’hôpital-prison. Je sais que c’est plus compliqué que ça.
Mais il y en a certainement qui, si leurs actions étaient traitées avec la même sévérité que les actions de n’importe quel non-toxicomane, seraient déjà en prison. J’ai été déjà coincé dans le métro et j’ai été poursuivi la nuit. Et ça fait peur des fois. Par des gens que je vois encore souvent se promener. Quand j’ai dit zéro conséquence, je veux dire qu’à moins que quelqu’un ne soit tué, on ne s’attend pas a ce que les toxicomanes ou que ceux avec des maladies mentaux respectent les autres. Cela doit probablement changer.
Le problème malheureusement est que la justice répressive ne fait qu’exacerber ces problématiques - beaucoup des personnes à la rue ont déjà fait des séjours en prison et y retourneront. Cette approche vraisemblablement n’a pas fait ses preuves. Il faut plus de ressources, beaucoup plus de ressources de proximité pour attraper ces gens avant qu’il ne soit trop tard. On lit dans l’article que le Cactus n’est pas toujours en mesure d’offrir un ‘cubicule’ d’injections - est-ce que c’est la seule raison pour laquelle certains choisissent plutôt les immeubles privés?