Alors que la crise de l’itinérance frappe durement Montréal, le fédéral a annoncé vendredi qu’il versera au gouvernement Legault 50 millions pour soutenir 205 projets sur deux ans partout au Québec.
Des projets de halte-chaleur et d’hébergement d’urgence seront ainsi mis sur pied, entre autres.
Rappelons que dans les dernières semaines, le nombre d’itinérants a beaucoup augmenté dans le métro de Montréal et la Société de transport de Montréal (STM) a interdit le flânage en imposant une obligation de circulation.
Ottawa et Québec ont réussi à s’entendre sur la sélection des 205 projets, a-t-on précisé au cabinet du ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant. Le financement arriverait ainsi à point nommé alors que la situation se dégrade.
Les 50 millions permettront aussi de renforcer des équipes mobiles, pour une intervention rapide et ciblée auprès des personnes en situation d’itinérance, a-t-on indiqué.
Les fonds iront aussi à des centres de jour et à des banques alimentaires. De plus, il y aura du soutien pour les jeunes à risque imminent d’itinérance pour qu’ils obtiennent un accompagnement spécialisé et des ressources.
Un message a été fusionné à un sujet existant : Cartes, plans et signalétique métropolitaine
Alors, à quoi ressemble l’ambiance dans le métro de Montréal, deux semaines après l’« expulsion » des flâneurs ?
Réponse courte : c’est le jour et la nuit.
Toutes les stations que j’ai visitées, même les plus bordéliques, sont soudain devenues beaucoup plus calmes et propres. Certaines étaient si désertes que c’en était déroutant.
J’ai quand même un malaise avec cette mesure. Je comprends le sentiment d’insécurité des gens. En même temps, je comprends aussi qu’on sacre ces personnes en situation d’itinérance dehors où elles seront encore plus en danger, laisser à elles-mêmes… Je comprends ce que les intervenants disent aussi. C’est une situation ridicule. Mais en même temps, le métro n’est pas un hôpital ou un centre d’hébergement. Comme une autre personne l’a mentionné, le vrai test sera l’hiver prochain…
L’aéroport international Montréal-Trudeau sert de refuge à des personnes en situation d’itinérance, selon ce qu’a appris TVA Nouvelles.
La société à but non lucratif Aéroports de Montréal (ADM) a confirmé jeudi l’information, expliquant toutefois qu’elle n’avait ni la capacité ni le mandat de desservir cette clientèle vulnérable.
«Montréal compte un grand nombre de personnes en situation d’itinérance et les ressources en hébergement pour ces gens étant limitées, YUL Aéroport international Montréal-Trudeau peut servir de refuge à l’instar d’autres lieux publics dans la métropole», a indiqué l’organisme par courriel.
Depuis l’entrée en vigueur de la directive antiflânage dans le métro de Montréal, des sources disent avoir constaté une légère recrudescence de leur présence à l’aéroport international Montréal-Trudeau, surtout la nuit, où ils se réfugient pour dormir.
Aéroports de Montréal a toutefois mentionné que ce n’était pas «une situation nouvelle ou qui découle directement des récentes mesures déployées par la STM».
Je viens d’apprendre pourquoi le passage entre la station de métro Lucien-L’Allier et la gare de train Lucien-L’Allier est si problématique. Le passage est sous la juridiction du Centre Bell, donc les constables spéciaux de la STM ne peuvent pas agir à cet endroit.
Résumé
Québec a choisi où installer ses minimaisons pour itinérants
Par Émilie Pelletier, Le Soleil
31 mars 2025 à 04h00
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Le terrain ciblé pour accueillir des minimaisons pour itinérants est voisin du Parc-O-Bus D’Estimauville. (Frédéric Matte/Le Soleil)
Un microquartier d’unités modulaires pour héberger des itinérants verra le jour en juin dans le secteur D’Estimauville pour une durée d’au moins deux ans, a appris Le Soleil.
La Ville de Québec va de l’avant avec un projet pilote de minimaisons. À compter de juin, le terrain municipal voisin du Parc-O-Bus D’Estimauville, sur le boulevard Sainte-Anne, verra apparaître quatre unités modulaires «d’hébergement transitoire» pour loger jusqu’à six individus.
Un centre de recrutement des Forces armées canadiennes se situe tout juste à côté, alors que les nouveaux bureaux du siège social de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) se trouvent de l’autre côté de la rue, sur l’avenue D’Estimauville.
Le terrain ciblé pour accueillir des minimaisons pour itinérants est voisin du Parc-O-Bus D’Estimauville. (Frédéric Matte/Le Soleil)
Au total, trois modules de deux studios individuels et un autre pour des espaces communs seront installés sur le lot ciblé, à proximité de l’emplacement choisi pour un futur pôle d’échanges du tramway de Québec, prévu dans une deuxième phase du projet.
Salle de bain complète, espace cuisine et chambre seront inclus dans chacun des studios réservés à des personnes «en situation de grande précarité».
Pas de va-et-vient
«Seules les personnes recommandées» par des organismes communautaires et autres organisations seront admises.
La Ville de Québec y voit une façon d’assurer une «stabilité dans la fréquentation du site».
Les minimaisons constitueront un «lieu de vie stable et sécuritaire» pour les individus concernés pour une période temporaire allant de 7 à 30 jours, avant qu’ils puissent accéder à un logement permanent, selon l’administration municipale.
Le terrain retenu, propriété de la Ville de Québec, est actuellement vacant. (Frédéric Matte/Le Soleil)
Une équipe spécialisée d’intervention du CIUSSS de la Capitale-Nationale veillera sur place à assurer des services de santé et de services sociaux. Le nombre limité d’unités permettra aux employés du réseau public «d’offrir un accompagnement adapté» aux personnes logées temporairement, envisage-t-on.
Pour deux ans, le projet pilote est évalué à 1,74 million de dollars.
Le CIUSSS de la Capitale-Nationale, la Société d’habitation du Québec et la Ville de Québec se répartiront la facture. L’Office municipal d’habitation du Québec (OMHQ) et un organisme communautaire qui reste à être choisi participeront aussi au projet, le premier à titre de gestionnaire immobilier et le second pour l’animation et la gestion d’un espace de socialisation.
«Plan de cohabitation» à venir
Pour rassurer les voisins, la Ville de Québec soutient que des «mesures de mitigation» et un suivi serré seront effectués tout au long du projet pilote.
Avec ses partenaires, elle envisage de tenir des activités publiques afin de garantir une «acceptabilité sociale» du projet de minimaisons auprès du voisinage. À terme, «un plan de cohabitation» sera déployé.
Cette mesure, incluse dans le Plan d’action en itinérance de la Ville de Québec, se veut une réponse au phénomène de l’itinérance visible qui ne cesse de gagner du terrain dans les banlieues de Québec.
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Les minimaisons pour itinérants arrivent à Québec
Au moment d’évoquer l’idée pour la première fois, en juin dernier, le maire Bruno Marchand s’engageait à établir un ou deux quartiers de ces habitations d’«urgence» hors du centre-ville, dans des endroits où les itinérants et les besoins sont déjà présents.
«Ce ne sera pas une piquerie, c’est un endroit où les gens vont vivre», avait-il promis.
«Si on veut sortir les gens de la rue, ça prend des endroits pour les héberger. Nous avons besoin de lieux de répit pour répondre à l’urgence, mais nous avons aussi besoin d’unités d’habitation transitoire», expose désormais le maire Marchand.
Le gouvernement du Québec embarque
En optant pour des unités modulaires, les différents partenaires disent s’inspirer d’une formule de plus en plus expérimentée au Canada et ailleurs dans le monde en raison de ses «avantages», dont des coûts «raisonnables».
De même, les habitations temporaires peuvent être installées rapidement pour répondre à des besoins hors du centre-ville, tout en pouvant être déplacées au besoin, «aux bénéfices d’une population vulnérable», déclare France-Élaine Duranceau, ministre responsable de l’Habitation.
«L’hébergement de transition est l’un des meilleurs moyens d’aider les personnes en situation d’itinérance à sortir de la rue et à cheminer vers un avenir meilleur. En plus de leur offrir un toit, cette initiative permet de tisser des relations de confiance et d’assurer un accompagnement adapté aux besoins de ces personnes afin de les aider à retrouver leur autonomie», salue le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant.
Le plus récent dénombrement du gouvernement du Québec chiffre autour de 1000 sans-abri dans la région de la Capitale-Nationale, une hausse de 36 % depuis le précédent rapport de 2018.
L’organisme Mission Bon Accueil ouvre un projet d’hébergement transitoire de 50 unités
New transitional housing project sees Montreal shelter partner with private landlords
The Welcome Hall Mission’s new initiative includes spaces for 50 people to spend up to three months as they search for more permanent housing solutions.
The Welcome Hall Mission officially opened a 50-studio transition housing program near Montreal’s Village to help people come out of homelessness.
The transition to housing program reserves 42 spots for men and eight for women and gender-diverse people on their own floor as they go through the process of finding a permanent home with personalized support.
Some pets will also be allowed to stay with their owners thanks to a collaboration with the Montreal SPCA.
C’est dans cet immeuble selon le reportage de CTV
L’itinérance doit être très rare, très courte et non récurrente. Si on peut s’assurer que les gens ont un logement, on va être en mesure d’avoir moins de services d’urgence. Et c’est ça qu’on souhaite : le but, c’est de ne pas ouvrir des refuges d’urgence.
Sam Watts, PDG de l’organisme Mission Bon Accueil
Résumé
De l’itinérance à une vie rangée, le parcours inspirant d’Yvon Robertson
Par Solveig Beaupuy, Le Quotidien
5 avril 2025 à 04h00
Yvon Robertson veut véhiculer un message d’espoir et montrer qu’avec un peu de volonté et en acceptant les mains tendues, on peut se sortir de la rue. (Tom Core/Le Quotidien)
Yvon Robertson ne l’a pas eu facile. Né dans un contexte de violence conjugale, il s’est retrouvé plongé dans l’itinérance dès l’âge de 14 ans. Il a connu les coups, l’humiliation, la prostitution, la toxicomanie. Malgré tout, il a réussi à se sortir de la rue et véhicule aujourd’hui un message d’espoir pour ceux qui aimeraient aussi mettre ce pan de vie derrière eux.
«Je suis né à l’hôpital de Chicoutimi. Ma mère a accouché à cinq mois tellement mon père la battait. J’ai passé cinq mois dans un incubateur, j’étais un enfant très malade», raconte-t-il.
Quelques années plus tard, ses parents ont divorcé et il est parti vivre à Montréal avec sa mère.
On aurait pu croire que sa vie allait s’améliorer après ce début chaotique, mais ça n’a pas été le cas. Ça a été tout le contraire même, une véritable dégringolade. Mais elle a été suivie par une reprise en main, longue, mais inspirante, qui témoigne que tout est possible dans la vie et qu’il n’est jamais trop tard.
La Maison des sans-abri de Chicoutimi a joué un rôle salvateur pour Yvon Robertson, notamment grâce à la bienveillance des intervenants et des activités organisées. (Rocket Lavoie/Archives Le Quotidien)
14 ans, drogué, prostitué, itinérant
La mère d’Yvon a reproduit les schémas qu’elle avait toujours connus et s’est mise à le battre elle aussi. À l’âge de 10 ans, il a commencé à écumer les familles et les centres d’accueil pour maltraitance et abus. Et ce n’est pas à l’école qu’il pouvait trouver de la paix et du réconfort, parce que là aussi, il recevait des coups et des brimades des autres élèves.
«À 14 ans, j’assumais ouvertement que j’étais gai. Et à l’école, j’étais persécuté, j’étais la tapette de service», confie le sexagénaire.
Ses grands-parents ont bien tenté de le recueillir, mais ils ont fini par le placer dans un centre jeunesse, à Chicoutimi, duquel il a réussi à s’échapper. Il a fait à nouveau plusieurs séjours dans des familles d’accueil avant d’être officiellement émancipé par la Cour.
Yvon Robertson a été émancipé à 14 ans et est tombé dans l’itinérance. Il a parcouru toute la province avant de revenir se stabiliser et s’établir à Chicoutimi, la ville qui l’a vu naître et grandir. (Tom Core/Le Quotidien)
L’itinérance et la toxicomanie se sont ensuite peu à peu imposées comme le seul mode de vie possible à ses yeux. Il recevait 50 $ par semaine et devait se débrouiller avec ça. Alors la prostitution a, elle aussi, peu à peu fait son apparition, comme un moyen non plus de vivre, mais de survivre.
«J’ai subi plus de jugement par rapport à ma sexualité qu’à mon itinérance.»
— Yvon Robertson
Il a mené cette vie pendant près de 40 ans avant d’avoir le déclic, de décider de changer du tout au tout et de reprendre sa destinée en main.
Retour aux sources et nouvelle vie
Il a alors décidé de revenir à Chicoutimi, la ville qui l’a vu grandir et où il a passé de bons moments, malgré tout. Il est alors devenu un habitué de la Maison des sans-abri, il participait aux activités organisées et y faisait aussi du bénévolat.
«J’étais tellement révolté que ça m’a pris 10 séjours là-bas avant que je me stabilise. Ils m’ont encouragé à prendre une chambre, et c’est ce que j’ai fait, pendant huit ou dix ans. J’étais polytoxicomane, et j’ai réussi à me sortir de tout. Si j’ai réussi ma réinsertion, c’est grâce à la Maison des sans-abri de Chicoutimi», reconnait-il.
À 55 ans, Yvon Robertson a pu se placer dans un HLM, et cela fait maintenant huit ans qu’il l’occupe. Lui qui a connu à la fois la solitude, la vie en groupe, à l’extérieur et à l’intérieur, a maintenant beaucoup de mal à laisser entrer quelqu’un dans son petit cocon.
Pour survivre, Yvon Robertson est tombé dans la prostitution. Depuis, il a dû mal à retomber en amour. (Tom Core/Le Quotidien)
«Mon appartement, c’est mon intimité, c’est comme un petit trésor», soutient-il.
On pourrait penser que de respecter des règlements aurait pu être compliqué pour lui, mais en réalité, il n’en est rien. Yvon Robertson croit même que suivre les règles de la société lui a permis de se donner un cadre et de reprendre sa vie en main.
«J’ai retrouvé mon intégrité et mon estime de moi. Maintenant, quand je trouve un porte-monnaie, je ne regarde même pas dedans, je vais directement le porter à une place.»
— Yvon Robertson
Il s’est aussi trouvé un meilleur ami pour la vie, son adorable chien Yokaï, qui le comble de bonheur et remplit ses yeux de petites étoiles dès qu’il en parle.
Mais à cause de la prostitution et de nombreux abus de sa gentillesse, il explique avoir beaucoup de misère à retomber amoureux. Cela fait 20 ans qu’il n’a pas eu de compagnon. Pourtant, du haut de ses 62 ans, il n’est pas inquiet de trouver, un jour, chaussure à son pied.
«Vaut mieux être seul que mal accompagné», relativise-t-il.
S’il avait un conseil à donner aux personnes qui vivent en situation d’itinérance, qui veulent s’en sortir, mais qui n’y arrivent pas, ce serait de persévérer, de ne rien lâcher, même si ça ne marche pas, et de réessayer encore et encore. Il connait d’ailleurs tous les sans-abri à Chicoutimi, et est toujours prêt à leur tendre la main s’ils ont besoin d’aide.
«J’ai de la reconnaissance pour les intervenants. S’ils n’avaient pas été là, je serais encore à Montréal, et je n’aurais pas fait de vieux os», murmure l’homme qui n’a aucune malice dans les yeux.
Jeudi 3 avril avait lieu un 5 à 7 pour célébrer les 25 ans de la Table de lutte contre la pauvreté de Chicoutimi. (Tom Core/Le Quotidien)
25e de la Table de lutte contre la pauvreté
Ce témoignage, Yvon Robertson l’a livré à l’occasion du 25e anniversaire de la Table de lutte contre la pauvreté. Un quart de siècle un peu «doux amer», selon Marie-Christine Laforge, agente de développement à la Corporation de développement communautaire (CDC) du Roc, notamment parce que les combats menés sont toujours les mêmes, et que les problématiques liées à la pauvreté s’amplifient et touchent de plus en plus de monde.
«Avant la pauvreté touchait les personnes plus vulnérables, sur le chômage ou avec des assistances sociales. Mais maintenant, on remarque des travailleurs à temps plein qui viennent nous demander de l’aide. L’épicerie est rendue tellement chère par exemple, que c’est difficile de se rendre à la fin du mois», a-t-elle mentionné.
Elle explique également que personne n’est à l’abri de tomber dans la pauvreté et, par glissement, dans l’itinérance.
Le portrait de la pauvreté a beaucoup changé dans les dernières années à Saguenay, si bien que maintenant, des travailleurs à temps plein demandent de l’aide alimentaire, par exemple. (Tom Core/Le Quotidien)
«Une perte d’emploi, une séparation, tout changement abrupt peuvent précipiter quelqu’un dans la pauvreté. Les gens ont moins de coussins financiers, ils sont de plus en plus endettés et ne peuvent pas faire d’autres prêts, ce qui les amène à demander de l’aide. Et des fois ils ne le font pas parce qu’ils se sentent coupables et vont essayer de survivre le plus longtemps possible», continue-t-elle.
L’environnement dans lequel on grandit et on évolue peut aussi avoir des répercussions sur notre avenir, selon elle.
«Ça aide à avoir des piliers, des stratégies dans la vie. Le soutien de la communauté et de la famille, c’est super important, alors quand on ne l’a pas, ça peut être des facteurs qui vont aider ou non les personnes vulnérables.»
À lire demain, un deuxième texte de notre série sur l’itinérance : Devenir itinérant par choix… et choisir de s’en sortir.
La STM est un en train de condamné les bancs les extrémités des la station Bonaventure, au niveau de la mezzanine
Visible, invisible… et inchiffrable ? : Itinérance | Visible, invisible… et inchiffrable ? | La Presse
Le centre Bell met de la musique forte ça décourage le flânage dans le milieu du passage mais on l’entend moins à l’entrée. Ils devraient changer pour du violoncelle en plein jour.