On se croirait retourner au moyen-âge avec des conditions d’expulsions inhumaines et indignes d’un pays civilisé. Le gouvernement Trump exige le respect pour lui-même, mais use de sa puissance pour écraser les pays qui refusent ce genre de traitement dégradant à leurs ressortissants.
Menotter et entraver des passagers dans un avion est contraire aux règles de l’OACI. Cela équivaut à les condamner automatiquement à la mort en cas d’accident aérien, en les empêchant d’évacuer sécuritairement pour sauver leur propre vie.
Je suis scandalisé par ses bassesses, ça promet pour l’avenir. 
Résumé
Refus de vols militaires d’immigrés expulsés Donald Trump annonce une série de sanctions contre la Colombie
PHOTO PABLO VERA, AGENCE FRANCE-PRESSE
La façade de l’ambassade des États-Unis à Bogotá, le 26 janvier 2025
(Washington) Le président américain Donald Trump a annoncé dimanche une série de sanctions contre la Colombie, une escalade spectaculaire en représailles à la décision de Bogotá de refouler des avions militaires transportant des immigrés expulsés par les États-Unis.
Publié à 12 h 09 Mis à jour à 17 h 48
Agence France-Presse
Cette annonce fait suite à la décision du président de gauche colombien, Gustavo Petro. « Un migrant n’est pas un criminel et doit être traité avec la dignité qu’un être humain mérite, a déclaré M. Pétro sur X. Nous accueillerons nos ressortissants dans des avions civils, sans les traiter comme des criminels ».
Washington va notamment imposer des droits de douane de 25 % sur tous les biens colombiens entrant aux États-Unis, qui seront portés à 50 % dans une semaine, a détaillé Donald Trump sur sa plateforme Truth Social, malgré l’accord de libre-échange entre les deux pays.
IMAGE TIRÉE DU COMPTE TRUTH SOCIAL DE DONALD TRUMP
Réponse de Bogotá
Le président colombien Gustavo Petro a réagi dans la soirée en annonçant à son tour sur X avoir donné ordre à son ministre du Commerce extérieur de « relever à 25 % les droits de douane sur les importations provenant des États-Unis ».
Le train de sanctions annoncé par Donald Trump comporte également une interdiction d’entrée aux États-Unis et une révocation des visas pour les responsables du gouvernement colombien, ses alliés et ses partisans ainsi que des « inspections renforcées » à l’entrée pour tous les ressortissants colombiens et marchandises en provenance de ce pays, a-t-il précisé.
« Ces mesures ne sont que le commencement », a prévenu le président républicain, accusant le gouvernement colombien de se dérober à ses « obligations juridiques d’accepter le retour des criminels qu’ils ont forcé les États-Unis à accueillir ».
La présidence colombienne a également annoncé qu’elle allait envoyer son avion « pour faciliter le retour dans la dignité des ressortissants qui devaient arriver dans le pays ce matin, par des vols d’expulsion ».
PHOTO RAUL ARBOLEDA, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Le président colombien, Gustavo Petro
Il n’a pas précisé combien de vols en provenance des États-Unis devaient atterrir en Colombie ni combien de migrants expulsés ils transportaient.
Une source à la présidence colombienne a assuré à l’AFP que les États-Unis n’avaient pas suivi « la procédure régulière suivie dans ces cas entre les deux pays ».
Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a déclaré dans un communiqué que M. Petro avait commencé par approuver les vols, mais qu’il avait ensuite « annulé son autorisation lorsque les avions étaient en vol ».
Menottes
Donald Trump a promis de lancer « le plus grand programme d’expulsions de l’histoire américaine », et la Maison-Blanche s’est targuée cette semaine de l’arrestation de centaines de « migrants criminels illégaux », soulignant qu’ils avaient été expulsés par avions militaires plutôt que civils, comme c’était le cas précédemment.
Depuis son investiture le 20 janvier, les États-Unis n’avaient pas encore effectué d’expulsions vers la Colombie, mais cela a été le cas vers le Guatemala et le Brésil.
Le responsable de la politique américaine d’expulsions massive d’immigrés en situation irrégulière, Tom Homan, a affirmé dimanche sur la chaîne ABC que les migrants pourraient être expulsés vers un pays tiers si leur pays d’origine refusait de les accueillir.
Samedi, c’est le Brésil qui avait exigé des explications à Washington pour le « traitement dégradant » de migrants irréguliers brésiliens expulsés par les États-Unis, à bord d’un vol arrivé la veille à Manaus (Nord).
Selon Brasilia, 88 Brésiliens se trouvaient dans l’avion.
À bord, « ils ne nous ont pas donné d’eau, nous étions pieds et poings liés, et ils ne nous laissaient même pas aller aux toilettes », a déclaré Edgar Da Silva Moura, un informaticien de 31 ans, arrivé au Brésil par ce vol après sept mois de détention aux États-Unis.
« Il faisait trop chaud, certains se sont évanouis », a-t-il ajouté.
Selon la ministre brésilienne chargée des Droits humains, Macaé Evaristo, l’avion transportait également « des enfants autistes, ou souffrant d’un handicap, qui ont vécu des situations très graves ».
PHOTO DOUGLAS MAGNO, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Un homme expulsé des États-Unis est accueilli par des proches à l’aéroport international de Confins, dans l’État de Minas Gerais, au Brésil, le 25 janvier 2025.
Le ministère brésilien de la Justice a ordonné aux autorités américaines de « retirer immédiatement les menottes » lorsque l’avion a atterri, dénonçant le « mépris flagrant des droits fondamentaux » de ses citoyens.
Une source gouvernementale brésilienne avait souligné vendredi à l’AFP que cette expulsion n’avait « pas de relation directe » avec l’opération contre les clandestins lancée par la nouvelle administration Trump, mais s’inscrivait dans le cadre d’un accord bilatéral entre le Brésil et les États-Unis, de 2017.