Un investisseur européen intéressé par le Mont-Sainte-Anne
Le ministre Pierre Fitzgibbon a confirmé que le gouvernement n’investirait pas dans le Mont-Sainte-Anne comme le demandait le gestionnaire de la station. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Jean-Philippe Martin
Publié à 6 h 12 HNE
L’entreprise e-Liberty Group voit grand pour l’industrie de ski dans l’est du Québec et se dit prêt à investir dans le Mont-Sainte-Anne, même y devenir opérateur. Elle affirme avoir fait part de son intérêt au gouvernement du Québec.
Propriété du milliardaire albertain Murray Edwards, l’entreprise Resorts of the Canadian Rockies (RCR) est actuellement gestionnaire de la station de ski du Mont-Sainte-Anne.
On est prêt effectivement à faire cet investissement a partir du moment où le gouvernement fait son [travail de négociation] avec Murray Edwards et RCR, explique Christian Mars, le président de la Compagnie des Montages de Ski du Québec et de e-Liberty Group, une compagnie suisse qui gère une billetterie en ligne pour plus d’une centaine de stations de ski en Europe.
Au Québec, l’entreprise exploite pour une première saison le Mont Grand-Fonds de Charlevoix et compte y investir 55 millions de dollars. Elle s’apprête également à prendre en charge la gestion du Mont Lac-Vert, actuellement exploité par la Municipalité d’Hébertville au Lac-Saint-Jean.
Je ne suis pas là pour dire : “je vais vous acheter votre station”, en revanche je suis là pour dire : “oui, je vais acheter de nouvelles remontées mécaniques, je vais acheter de nouveaux canons à neige, je vais investir dans la station”. Ça, oui.
Christian Mars, président de e-Liberty Group, se dit intéressé à investir dans le Mont-Sainte-Anne.
Photo : Radio-Canada
L’homme d’affaires qui a visité les stations de Stoneham et du Mont-Sainte-Anne à Québec a constaté que d’importants investissements sont requis. Au Mont-Sainte-Anne seulement, selon lui, les premières études faites par les fournisseurs d’équipements démontrent que des investissements de 200 M$ sont nécessaires à relativement court terme. Ce montant exclut les investissements en immobilier.
Le Massif de Charlevoix a retiré son offre d’achat de la montagne en juin dernier.
Rappelons que cet automne, le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon a confirmé que le gouvernement n’investirait pas dans le Mont-Sainte-Anne comme le demandait RCR.
Difficile de parler avec RCR
En entrevue avec Radio-Canada, Christian Mars explique que c’est compliqué avec RCR.
Vous avez toute une strate de cadres, de dirigeants même, mais au bout du compte il y a une seule personne [NDLR le propriétaire, Murray Edwards] qui décide.
Il affirme s’être entretenu avec plusieurs acteurs intéressés par le dossier.
Yvon Charest, le président des Amis du Mont-Sainte-Anne, confirme que le groupe a eu des discussions avec M. Mars à deux reprises et considère qu’il semble sérieux.
On veut donner des options au gouvernement, le plus qu’ils en ont, le mieux c’est, dit-il.
J’insiste, notre démarche n’est absolument ni hostile ni agressive, on dit simplement nous on a un projet, on a une stratégie, on a quelques moyens. Si vous voulez faire partie de l’aventure, rejoignez-nous, et si vous ne voulez pas, il n’y a pas de soucis.
Une citation de Christian Mars, président de e-Liberty Group et la Compagnie des Montages de Ski du Québec
Il affirme prendre cette approche avec RCR sauf que je ne discute pas avec RCR, je discute avec le gouvernement.
Un lobbyiste est inscrit au registre québécois dans le but de permettre des investissements gouvernementaux dans les centres de ski pour e-Liberty dans les régions de Capitale-Nationale et Saguenay–Lac-Saint-Jean. Il implore le gouvernement de trouver une solution au conflit entourant le Mont-Sainte-Anne au plus tard ce printemps.
Au moment d’écrire ses lignes, le bureau de Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, n’avait pas répondu à nos questions.
Une vision pour le ski dans l’est du Québec
L’homme d’affaires franco-suisse souhaite créer une destination touristique unifiée dans l’est du Québec centrée sur le ski alpin.
Outre le fait qu’elle soit déjà l’opérateur de la station de Mont Grand-Fonds dans le Charlevoix, la Compagnie des Montages de Ski du Québec souhaite également devenir gestionnaire du Mont Lac-Vert dans au Lac-Saint-Jean à partir du 1er janvier 2024. Le conseil municipal d’Hébertville a voté le 4 décembre à l’unanimité une résolution en vue d’entreprendre le transfert de la gestion des opérations à la compagnie.
Christian Mars affirme discuter avec une troisième station de ski qu’il ne peut pas encore nommer et ajoute : je discute avec Daniel Gauthier [propriétaire du Massif de Charlevoix] pour savoir si on peut faire des choses ensemble.
Si en Europe, les stations de ski vendent du dénivelé, au Québec, la hauteur des montagnes ne le permet pas.
En revanche, vous avez de la multiactivité, explique l’homme qui souhaite vendre des forfaits via les plateformes opérées par e-Liberty Group.
Les vacanciers pourraient alors skier dans plusieurs stations de ski et participer à des activités hivernales typiquement québécoises telles que la motoneige ou de la pêche blanche.
Vous avez des tas d’avantages, mais le seul désavantage c’est que vous avez 73 stations qui se battent dans le même gâteau, laisse-t-il tomber.
De la même façon que Vail resort Company ou Alterra cherchent à unifier leurs skieurs autour des forfaits Epic et Icon, nous devons créer ce forfait sur l’Est-du-Québec, de Stoneham au Mont Lac-Vert, que ce soit par des prises de participations ou des accords commerciaux.
Une citation de Christian Mars, président de e-Liberty Group et la Compagnie des Montagnes de Ski du Québec
Il affirme pouvoir atteindre son objectif sans les montagnes sous la gouverne de RCR, mais ce sera plus long.
Depuis qu’il a pris en charge les activités du Mont Grand-Fonds, l’investisseur a acheté une nouvelle dameuse et six canons à neige qui fonctionnent aussi lors de températures marginales. Selon lui, cet investissement a permis à la station de lancer ses activités avec trois semaines d’avance. Une remontée mécanique débrayable de six places au coût de 14 M$ a été commandée et sera installée d’ici décembre 2024.