Pas mal cela… à toutes les consultations de ce genre, il y a du n’importe quoi et ça décourage les promoteurs qui finissent par tabletter leur projet.
Je ne vois pas comment un hôtel embourgeoise un quartier? Richard Bergeron a déjà mentionné que pour qu’il y ait embourgeoisement, il faut que les anciens résidents soient chassés par l’arrivée de nouveaux résidents… Ici c’est uin hôtel qui enlève aucune résidence du marché.
La réaffectation de l’entrepôt Van Horne sème l’inquiétude
Adil Boukind Archives Le Devoir
De nombreux citoyens ont aussi indiqué qu’ils étaient inquiets que le projet contribue à embourgeoiser davantage ce quartier qui a déjà beaucoup changé avec les années.
Olivier Du Ruisseau
18 h 10
Transports / Urbanisme
« C’est moche », « gentrification agressive », « la communauté n’en veut pas » … Les citoyens sont nombreux à manifester leur inquiétude sur les réseaux sociaux, cette semaine, quant au projet de la société immobilière Rester Management de construire un hôtel, des bureaux et des commerces dans l’emblématique entrepôt Van Horne, dans le Mile-End.
Puisque le projet déroge à plusieurs dispositions du Règlement d’urbanisme de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal et que le bâtiment revêt une importance patrimoniale et affective pour les résidents du secteur, la Ville de Montréal a exceptionnellement lancé, lundi, un questionnaire en ligne afin de consulter les citoyens quant à la réaffectation proposée.
C’est le conseil d’arrondissement, suivant un avis de son comité consultatif d’urbanisme, qui devra déterminer, entre l’été et l’automne 2023, si la demande de « projet particulier de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble » émise par le promoteur sera adoptée ou refusée. La décision de l’arrondissement sera donc éclairée par l’avis des citoyens.
Depuis lundi, les réseaux sociaux s’enflamment et le questionnaire en ligne connait un fort achalandage. « Je suis assez soufflée par les chiffres », explique Marie Plourde, conseillère municipale qui représente le district du Mile-End. Au moment où ces lignes étaient écrites, plus de 6300 personnes avaient rempli le sondage. « Normalement, quand on obtient entre 300 et 700 réponses on est très content », ajoute la conseillère.
Une architecture controversée
Sous une publication Facebook de la Ville de Montréal annonçant le lancement de la consultation, plus de 300 personnes ont commenté. « C’est moche, c’est lourd », s’est insurgée une internaute, déplorant un manque de verdure autour du projet.
Photo: Zébulon Perron / Thomas Balaban
Le projet prévoit une nouvelle annexe au bâtiment original qui est loin de faire l’unanimité.
« La section arrière me dérange énormément, a commenté un autre. Pourquoi encore une structure monstrueuse, laide et surtout, qui ne cadre absolument pas avec le reste du bâtiment qui est en brique. » Le projet, conçu par le designer Zébulon Perron et l’architecte Thomas Balaban, prévoit en effet une nouvelle annexe au bâtiment original qui est loin de faire l’unanimité.
Mme Plourde, qui préfère attendre avant la fin de la consultation publique avant de se prononcer elle-même sur le projet, se veut cependant rassurante. Elle se réjouit que les enseignes originales, ainsi que la tour d’eau sur le toit, « la seule qui reste sur le Plateau Mont-Royal », seraient restaurées et préservées.
« Ce qui est important pour les citoyens et pour le requérant, c’est d’abord d’assurer la pérennité de ce bâtiment qui est d’une valeur exceptionnelle, dit-elle. Est-ce que ce sera avec ce projet ou avec un autre ? Ça reste à voir. »
Craintes d’embourgeoisement
De nombreux citoyens ont aussi indiqué qu’ils étaient inquiets que le projet contribue à embourgeoiser davantage ce quartier qui a déjà beaucoup changé avec les années. « Deux visions s’opposent, indique Mme Plourde. Certaines personnes estiment qu’un hôtel permettrait d’alléger la multiplication des Airbnb illégaux, et d’autres croient qu’une clientèle d’hôtel de luxe pourrait faire en sorte que de petits commerces devraient se transformer ou être évacués. »
Maxime Brown, un artiste montréalais, a suggéré, sur Facebook, que la réaffectation du projet devrait permettre des « usages sociaux » adaptés aux besoins du quartier. « Il faut absolument garder un usage industriel-léger qui serve aux nombreuses PME, artistes et musiciens qui vivent une pénurie de locaux », dit-il, s’inspirant du Bâtiment 7 à Pointe Saint-Charles.
« S’il y avait une recette miracle contre la gentrification, on le saurait », rétorque Mme Plourde. La conseillère ne ferme pas la porte à des solutions comme celles proposées par M. Brown. Or, c’est « très délicat », dit-elle, puisque « ça nécessite des discussions » avec le promoteur et qu’il « pourrait dire non » aux conditions de la Ville et abandonner le projet.
« Cela suscite une question : jusqu’où traçons-nous la ligne pour maintenir le patrimoine ?, se demande Mme Plourde. Les grands bâtiments patrimoniaux, si on n’a personne pour les entretenir, on risque de les perdre. »
Ce sont toutefois « les citoyens qui auront le dernier mot », ajoute la conseillère. Les Montréalais sont appelés à répondre au questionnaire en ligne jusqu’au 12 février.