L’ilot Dorchester est un incontournable pour l’économie du quartier St-Roch et de la ville de Québec. Ce développement insufflera le dynamisme indispensable pour renverser la vapeur notamment de la dévitalisation de la rue St-Joseph.
J’ai bien hâte de voir la proposition finale mais déjà je suis enchanté parce qu’il était nécessaire d’avoir un nouveau projet immobilier structurant pour le centre-ville de la capitale.
Pendant ce temps la CAQ menace le quartier Saint-Roch craint «un coup de 12 dans la chaloupe»
Résumé
Saint-Roch craint «un coup de 12 dans la chaloupe»
Par Émilie Pelletier, Le Soleil
18 février 2025 à 04h00|
Mis à jour le18 février 2025 à 08h47
Des impacts sont anticipés dans les commerces de Saint-Roch si le gouvernement du Québec concrétise le déménagement de ses fonctionnaires. (Frédéric Matte/Le Soleil)
La perspective de voir le gouvernement du Québec déménager ses fonctionnaires hors de Saint-Roch inquiète les commerçants et le milieu des affaires, qui considèrent que cette analyse envoie un drôle de message de la part d’un joueur important pour la vitalité d’un quartier qui en a bien besoin.
Tel que le rapportait Le Soleil vendredi, Québec est en «analyse» de tous ses baux pour ses espaces en location, «avec une volonté de prioriser l’occupation» des immeubles qu’il détient en propriété. Un plan duquel il espère tirer des «économies budgétaires».
À lire aussi
Québec songe à sortir ses fonctionnaires de Saint-Roch
La Société québécoise des infrastructures (SQI) n’est propriétaire d’aucun immeuble dans le quartier Saint-Roch. Toutes les adresses occupées par des fonctionnaires sont des locaux loués à des promoteurs immobiliers.
Encore lundi, la SQI n’était pas en mesure de chiffrer le nombre de travailleurs susceptibles d’être concernés par cette «optimisation» à venir, ni même de dire combien d’employés ont leur bureau dans Saint-Roch.
«Il ne nous est pas possible de fournir davantage d’informations avant la fin de cette analyse», répond la porte-parole Anne-Marie Gagnon dans une succincte déclaration écrite acheminée au Soleil.
À lui seul, l’édifice du 390, boulevard Charest Est, où sont temporairement logés les fonctionnaires du ministère des Finances jusqu’en 2027, abrite 368 personnes, selon les informations du Soleil.
Question sondage
Québec doit-il attendre avant de se décider?
La SQI ne s’avance pas non plus à savoir si tous ses locaux loués dans différents édifices pourraient être touchés.
«Un coup de 12 dans la chaloupe»
Les bureaux du ministère des Finances sont temporairement déménagés sur le boulevard Charest Est. (Pascal Ratthé/Archives Le Soleil)
Mais sans égard aux chiffres, autant la Ville de Québec que la Société de développement commercial Saint-Roch (SDC) et la Chambre de commerce et d’industrie de Québec (CCIQ) affirment leur vive opposition à la possibilité de voir des fonctionnaires de l’État québécois être délocalisés vers d’autres lieux de travail, ailleurs que dans Saint-Roch.
«On a pris les mesures pour signifier notre forte objection», s’est prononcé le conseiller municipal de Saint-Roch—Saint-Sauveur, Pierre-Luc Lachance, sur ses réseaux sociaux, samedi.
«Ce serait tirer un coup de 12 dans la chaloupe que le gouvernement a lui-même aidé à construire au début des années 2000.»
— Pierre-Luc Lachance, conseiller municipal de Saint-Roch—Saint-Sauveur
«Avec la Ville et le privé, c’est plus de 500 millions qui ont été réinvestis dans le quartier et la relance s’est faite grandement aussi par l’implantation d’institutions fortes et de travailleurs — dont les fonctionnaires — avec des salaires intéressants», a rappelé Pierre-Luc Lachance.
«En tant que porte-parole des commerçants, jamais on ne va appuyer une décision comme ça. On a besoin que les grands employeurs amènent des travailleurs pour assurer une vitalité dans le quartier et pour faire fonctionner les commerces», tranche en entrevue au Soleil la directrice générale de la SDC, Marie-Pier Ménard.
Autre tuile
Si le télétravail a fait mal au centre-ville, la perte davantage d’employés pourrait empirer la situation commerciale déjà fragile, craint cette dernière.
La pandémie a fait chuter le nombre de travailleurs dans le secteur. Des 12 700 comptabilisés en 2011, le recensement de 2021 en comptait environ la moitié, avant le retour post-crise sanitaire.
«Si ces gens qui viennent peut-être deux jours par semaine [au bureau] ne sont pas là, c’est sûr que ça va avoir un impact», s’inquiète Mme Ménard, en référence à la politique gouvernementale de retour au travail. Elle cite entre autres le cas des restaurants, qui assoient à leur table de nombreux fonctionnaires chaque jour.
«Le gouvernement devrait prendre en considération le fait que des commerces autour vont peut-être en souffrir.»
— Marie-Pier Ménard, directrice générale de la SDC Saint-Roch
Pour elle, le gouvernement du Québec devrait plutôt «prendre exemple sur la Ville de Québec» pour ramener des employés, et pas l’inverse.
Comme la SDC Saint-Roch, la Chambre de commerce et d’industrie de Québec entend faire ses représentations pour demander à la SQI «de considérer le maintien de ses travailleurs».
La Société québécoise des infrastructures n’est pas en mesure de chiffrer combien de fonctionnaires travaillent dans Saint-Roch et combien pourraient être appelés à déménager. (Frédéric Matte/Archives Le Soleil)
Son président et chef de la direction, Frédérik Boisvert, dit ne pas être «contre la vertu» de voir l’État optimiser l’occupation de ses locaux, mais insiste sur le fait que «personne n’a intérêt à dévitaliser des quartiers de la capitale nationale» de plusieurs emplois de qualité qui génèrent des retombées.
Après le télétravail, l’itinérance a contribué à un certain «effritement de la clientèle», mais le déménagement de fonctionnaires provinciaux pourrait aussi «générer une perte nette en termes de fréquentation dans les commerces», anticipe M. Boisvert.
«La clientèle ne court pas vers Saint-Roch comme avant.»
— Frédérik Boisvert, président et chef de la direction de la Chambre de commerce et d’industrie de Québec
«On ne peut pas y aller juste de manière comptable, plaide le patron de la Chambre de commerce. La SQI doit s’asseoir avec ses partenaires et comprendre l’impact de ses décisions sur la mixité».
La dévitalisation a un prix, juge aussi la SDC Saint-Roch. «Plus on occupe un quartier, plus il va devenir attrayant. Un centre-ville qui a l’air vide, ce n’est pas attrayant», dit sa directrice générale.
Saint-Roch «abandonné»
En plus du déclin commercial des dernières semaines, Saint-Roch traverse aussi d’autres crises comme celle de l’habitation et de l’itinérance, observe Marie-Noëlle Béland, directrice générale de l’Engrenage Saint-Roch. Et Québec a un «rôle» de s’investir, plaide-t-elle.
«Que le gouvernement songe à délocaliser les fonctionnaires, c’est comme un abandon supplémentaire, dans un contexte où on sent qu’il ne prend pas les mesures à la hauteur de la crise qui se vit, alors que c’est lui qui a le plus de leviers pour le faire», dénonce la représentante du groupe communautaire.
«On a un beau chantier devant nous, de faire un quartier où il fait bon vivre et travailler pour tout le monde. Il serait intéressant de sentir que le gouvernement fait partie de la solution.»