100 000 logements d’ici 2040 : Québec devra appuyer sur l’accélérateur
Le taux d’inoccupation des logements à Québec est de 0,9 %. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Guillaume Tremblay-Leclerc
Publié à 4 h 00 HNE
Les constructions dans le secteur résidentiel ont explosé à Québec en 2025. Pour la deuxième fois en 15 ans, plus de 5000 logements ont été mis en chantier cette année. Le travail est toutefois loin d’être terminé; la Ville devra accélérer la cadence si elle espère atteindre son « ambitieux, mais réaliste » objectif de 100 000 nouvelles unités d’ici 2040.
De janvier à octobre, 5006 mises en chantier ont été recensées à Québec par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). C’est une augmentation de 58 % par rapport à 2024 et de 68 % comparativement à l’année précédente.
C’est aussi la première fois en quatre ans et la deuxième en 15 ans que le plateau des 5000 logements mis en chantier en une année est atteint. Un peu plus de 6000 unités avaient été construites au sortir de la pandémie, en 2021.
Nombre de logements mis en chantier par année à Québec
| Nombre de logements |
Année |
| 5006 |
2025 (10 premiers mois de l’année) |
| 3174 |
2024 |
| 2981 |
2023 |
| 4476 |
2022 |
| 6065 |
2021 |
| 4002 |
2020 |
| 4407 |
2019 |
| 3404 |
2018 |
| 3464 |
2017 |
| 2755 |
2016 |
| 3643 |
2015 |
| 2554 |
2014 |
| 3039 |
2013 |
| 4412 |
2012 |
| 2893 |
2011 |
Source : Ville de Québec
La moitié des nouvelles constructions comptabilisées jusqu’ici cette année sont concentrées dans les deux mêmes secteurs. 1368 logements ont été mis en chantier dans Sainte-Foy-Sillery et 1134 dans Les Rivières.
Nombre de logements mis en chantier par secteur
| Secteur |
Nombre |
Pourcentage |
| Haute-Ville |
242 |
5 % |
| Basse-Ville |
422 |
8 % |
| Sainte-Foy-Sillery |
1368 |
27 % |
| Les Rivières |
1134 |
22 % |
| Beauport |
474 |
9 % |
| Charlesbourg |
631 |
12 % |
| Haute-Saint-Charles |
605 |
12 % |
| Val-Bélair-L’Ancienne-Lorette |
191 |
4 % |
| Saint-Augustin-Cap-Rouge |
38 |
1 % |
| Total (qui comprend les villes de L’Ancienne-Lorette et de Saint-Augustin- de-Desmaures) |
5105 |
100 % |
Source : Ville de Québec
La Ville se prépare toutefois à appuyer sur l’accélérateur. Elle souhaite ajouter 100 000 nouveaux logements sur son territoire d’ici 15 ans. Pour y arriver, un peu plus de 6500 unités devront être construites en moyenne chaque année.
C’est un objectif qui est ambitieux, mais je pense que c’est un objectif qui est réaliste. On a montré qu’on était capable d’avancer et d’accélérer. Maintenant, on a un contexte qui est favorable et qui nous permet d’imaginer qu’on va être capable de faire davantage, soutient Marie-Pierre Boucher, conseillère du district de Louis-XIV et responsable du dossier de l’habitation à la Ville de Québec.
La première pelletée de terre du tramway de Québec est prévue en 2027. (Image d’archives)
Photo : Ville de Québec
Car le projet de tramway, dont la première pelletée de terre est prévue en 2027, changera la donne et devrait contribuer à attirer de nouveaux promoteurs, selon l’élue.
Tout le long du tracé du tramway, il y a un potentiel de densification quand même très intéressant. […] On le voit déjà, il y a plusieurs projets qui ont été amenés dans la dernière année […] le long du tracé, ajoute-t-elle.
Marie-Pierre Boucher est responsable du dossier de l’habitation à la Ville de Québec.
Photo : Radio-Canada / Gabriel Paré-Asatoory
La Ville mise également sur une densification dite douce pour atteindre sa cible. Elle permet depuis 2024 la construction de logements accessoires et la conversion de certaines pièces, comme un sous-sol, en unité d’habitation.
Ce sera pas juste la construction de gros immeubles le long du tracé du tramway. En banlieue, par exemple, c’est l’ajout d’un deuxième étage, le fait d’avoir une habitation en dessous du garage, une habitation dans le fond de la cour. C’est ce type de modification là, aussi, qui permet de densifier, énumère Marie-Pierre Boucher.
Après la crise du logement, la crise de l’abordabilité
D’ici la fin de l’année, 795 logements sociaux auront été mis en chantier en 2025 à Québec. Cela représente environ 16 % de toutes les mises en chantier recensées cette année.
Avec ce nombre, la Ville dépasse facilement l’objectif de 500 logements sociaux qu’elle s’était fixé.
Le Bureau d’animation et information logement du Québec métropolitain (BAIL), qui défend les droits des locataires, aimerait cependant que l’administration Marchand en fasse davantage. Pour diminuer la pression sur le marché privé, un minimum de 20 % de logements sociaux est nécessaire, selon l’organisme.
Félix Marois est organisateur communautaire au BAIL.
Photo : Radio-Canada / Gabriel Paré-Asatoory
La crise du logement se transforme tranquillement en crise de l’abordabilité, constate Félix Marois, organisateur communautaire au BAIL.
Il y a des logements disponibles. Le taux d’inoccupation augmente partout dans la province. […] Par contre, pour la majorité des locataires, même si on est capables de trouver un logement, il est trop dispendieux, admet-il.
On se rend compte que la vaste majorité de ce qui se construit est considéré comme du logement de luxe. On parle de 3 1/2 à 1300 $, 1400 $. Des 4 1/2 à 1800 $. C’est à l’extérieur de la capacité de payer de la majorité des locataires de la région.
Une citation de Félix Marois, organisateur communautaire au BAIL
La Ville répond qu’elle voudrait en faire plus. Malheureusement, on n’a pas tous les leviers pour atteindre cette cible-là [de 20 %], se désole Marie-Pierre Boucher, qui rappelle que la Ville est tributaire des décisions du gouvernement du Québec.
Pour que la cible de 20 % soit atteinte, au moins 1300 logements sociaux par année seraient nécessaires. (Photo d’archives)
Photo : La Presse canadienne / Christinne Muschi
L’administration s’engage à nouveau à construire un minimum de 500 logements sociaux l’an prochain, malgré l’augmentation à prévoir du nombre de mises en chantier.
Assez de travailleurs?
L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) voit d’un bon œil la cible de la Ville, mais rappelle que l’industrie est confrontée elle aussi à la pénurie de main-d’œuvre. Au moins 16 000 travailleurs de la construction additionnels seraient nécessaires.
Pour faire sortir de terre 100 000 logements d’ici 2040, [il faut] poursuivre les efforts pour permettre la formation en alternance travail-études. […] Il faut aussi renforcer les programmes qui sont déjà en place pour attirer plus de femmes ou de personnes [issues de l’immigration], estime David Goulet, directeur du service économique à l’APCHQ.
David Goulet est directeur du service économique de l’APCHQ. (Photo d’archives)
La Ville devrait également miser sur les logements préfabriqués, selon lui.
C’est peut-être pas la solution à tous les enjeux, mais si on construit plus rapidement et mieux, ce sera plus simple d’atteindre cet objectif de 6500 [logements] par année, croit M. Goulet.
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