Des bâtiments iconiques de Montréal ont vu leur maçonnerie se couvrir de grilles de protection contre les chutes de débris, dans les derniers mois, alors que la belle saison et ses touristes arrivent à grands pas.
Résumé
Maçonnerie dangereuse Montréal sous grillages
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
« Les sécurisations installées visent à protéger le domaine public et seront retirées quand elles n’auront plus d’utilité », a indiqué le centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), propriétaire du CPE Alexis-le-Trotteur, rue Clark.
Des bâtiments iconiques de Montréal ont vu leur maçonnerie se couvrir de grilles de protection contre les chutes de débris, dans les derniers mois, alors que la belle saison et ses touristes arrivent à grands pas.
Publié à 1h09 Mis à jour à 8h00
Philippe Teisceira-Lessard Équipe d’enquête, La Presse
Ces interventions ne font pas l’objet d’un recensement, mais le nombre de bâtiments totalement ou partiellement emballés pour éviter une catastrophe pourrait d’ailleurs être en augmentation, selon des spécialistes du domaine. Cette solution est utilisée en dernier recours.
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Les murs extérieurs de la Place des Arts, d’une tour du Complexe Desjardins et de l’église St. Michael the Archangel (Saint-Michel-Archange), un symbole du Mile End, font tous actuellement l’objet de mesures de sécurité. Ils sont loin d’être les seuls.
« Le paysage [est] ponctué de ces bâtiments emballés de filets sombres constellés de rondelles d’ancrage galvanisées », a déploré Dinu Bumbaru, fondateur d’Héritage Montréal, dans un échange avec La Presse.
Pour M. Bumbaru, cet état de fait illustre « le triste état de notre parc immobilier public, hospitalier et scolaire notamment » et que « la culture de l’entretien a pris le bord devant l’appétit de design neuf au goût du jour ».
La Place des Arts a expliqué que c’est une inspection qui l’a forcée à prendre des mesures. « Certains parements de béton montrant des signes de dégradation, la Place des Arts a mis en place, à titre préventif, un système de filets sur l’édifice de la salle Wilfrid-Pelletier », a indiqué Marie-Claude Lépine par courriel. « Une étude sur les parements de la salle Wilfrid-Pelletier est en cours et lorsqu’elle sera complétée, les résultats seront communiqués au ministère de la Culture et des Communications. »
L’église St. Michael the Archangel n’a pas immédiatement rappelé La Presse. Le Complexe Desjardins nous a dirigé vers Doubletree Hilton, l’hôtel qui se trouve dans la tour qui fait l’objet de mesures de protection.
« Beaucoup plus souvent qu’avant »
Selon deux acteurs de l’industrie, la présence apparemment croissante de ces mesures de protection en ville pourrait être liée aux inspections plus fréquentes des façades imposées par Québec depuis 2013. Cette décision avait été prise dans la foulée de la mort d’une femme de 33 ans, tuée rue Peel par la chute d’un morceau de façade en 2009.
« S’il y a un professionnel qui fait une inspection et qui dit qu’il y a un risque pour le public, les propriétaires doivent agir dès maintenant », a expliqué Nicolas Croteau, de la firme spécialisée en maçonnerie Atwill-Morin.
Certains clients vont dire : je ne ferai pas tout mon projet tout de suite, mais ils ont quand même l’obligation d’assurer la protection du public.
Nicolas Croteau, de la firme Atwill-Morin
L’entreprise procède parfois elle-même à ce genre de travaux de sécurisation.
Une fois les problèmes détectés, le contexte économique pousse peut-être certains propriétaires à faire « le strict minimum » pour sécuriser leur façade plutôt que de rapidement se lancer dans une réfection, a-t-il ajouté.
Même son de cloche chez Marc-André Pilon, de Barry Cordages. L’entreprise vend des filets de sécurité. « Les travaux tardent plus qu’avant », a-t-il analysé, en entrevue téléphonique. « Comme c’est très dur d’avoir un entrepreneur pour faire les travaux, j’ai l’impression que des réparations temporaires de stabilisation vont se faire beaucoup plus souvent qu’avant. »
La Régie du bâtiment du Québec (RBQ) a indiqué qu’elle recevait environ 35 déclarations de situation dangereuse par année depuis le resserrement de 2013, dans la foulée d’inspections de façades. « Quand il y a un signalement, automatiquement, ça déclenche une intervention de la RBQ avec le propriétaire pour le suivi de la situation », a expliqué le porte-parole Sylvain Théberge.