Verrues urbaines

Cette photo est sur St-Urbain en face des anciens pavillons du CUSM

Ohhhh mb!

Que faire avec les immeubles à logements abandonnés?

Le bâtiment au coin des rues Bienville et Saint-André est abandonné depuis une quinzaine d’années. Photo: Zoé Arcand/Journal Métro

Zoé Arcand

19 mai 2023 à 18h54 - Mis à jour 19 mai 2023 à 18h56 5 minutes de lecture

Depuis 15 ans, le bâtiment situé au 4651-4657 rue Saint-André est inhabité. Et il décrépit. Des citoyens se mobilisent, interpellent les élus, qui disent être tenus «en otage». Mais la bâtisse n’appartient pas à la Ville, elle appartient à un particulier. En pleine crise du logement, que peuvent faire citoyens et municipalités pour rendre ces potentiels immeubles à logement exploitables?

C’est «toute la rue» qui aimerait voir l’immeuble rénové, reconstruit ou démoli. Peu importe, dit Sophie, une voisine, «pourvu qu’on en fasse quelque chose d’autre. Ça pourrait être des logements sociaux!». Le propriétaire de l’immeuble désaffecté, lui, ne vient jamais dans le coin, dit Sylvie, une autre voisine.

Stevens Coulombe est propriétaire et gestionnaire d’un portefeuille immobilier de plusieurs centaines d’unités au Québec. En 2017, il s’est vu refusé un permis de démolition pour cet immeuble. Le bâtiment avait des «propriétés architecturales intéressantes», dit l’attaché de presse du Plateau-Mont-Royal, Julien Deschênes.

À part les pierres de la bâtisse, je ne vois pas comment la situation actuelle du bâtiment met en valeur l’architecture. Et ça fait des années que c’est comme ça.

Sylvie, une voisine.

L’état du bâtiment, dont le zonage permettrait 2 à 3 logements, se dégrade. L’administration du Plateau Mont-Royal dit faire ce qu’elle peut. Elle dit y envoyer des inspecteurs pour s’assurer que la bâtisse est sécuritaire et que personne n’y «squat». Elle a remis un montant total de 5421 $ en constat d’infraction au propriétaire alors que son immeuble ne respectait pas les règlements municipaux.

Les bâtiments vacants sont des créatures fiscales. S’ils sont laissés vacants, c’est parce que c’est payant.

Adam Mongrain, directeur d’habitation de Vivre en ville.

Les voisins jugent la situation dangereuse et mal contrôlée. Malgré les visites d’inspecteurs, des personnes se l’accaparent. «On est surtout inquiet pour les feux», disent les voisines. Sophie raconte que «des briques tombent souvent de la bâtisse». Récemment, sa fille en a presque reçu une sur la tête. Les barrières entourant l’immeuble sont facilement déplaçables et des jeunes s’y faufilent facilement. Elles rendent la ruelle «très active» et impraticable.

Les bâtiments délabrés et abandonnés sont nombreux à Montréal. Selon le directeur habitation de Vivre en ville, Adam Mongrain, les mécanismes que peuvent employer les municipalités ne permettent pas des interventions structurantes permettant de réhabiliter un immeuble vacant ou sous-utilisé.

Les résidents de ce quartier familial envoient régulièrement des courriels à la Ville, et l’interpellent sur les réseaux sociaux. Mais elle a «les mains liées», surtout lorsqu’elle n’est pas propriétaire de l’immeuble laissé vacant en question, dit M. Mongrain.

Quelles options pour le 4651-4657 Saint-André?

Avec les réglementations provinciales actuelles, il est difficile pour Montréal d’intervenir. Un projet de loi – le PL16 – modifiant la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme est étudié en commission parlementaire. Le directeur d’habitation de Vivre en ville souhaite qu’à l’adoption de ce projet de loi, les municipalités aient plus de flexibilité sur ce qu’elles ont le droit d’acheter, de faire, et comment elles peuvent intervenir.

«Une des choses les plus intéressantes que j’ai vue à ce niveau-là est ce qui est fait dans la ville de Joliette», dit M. Mongrain. Cette municipalité a mis sur pied un registre de salubrité. Avec l’aide d’inspecteurs municipaux, l’administration est capable de «suivre la santé des bâtiments» et les contrevenantes aux règlements municipaux par les propriétaires.

Ainsi, un suivi «beaucoup plus serré» et des amendes «beaucoup plus intéressantes» servent davantage qu’un encadrement fiscal. Car quand de tels encadrements sont mis en place en visant des cas spécifiques, «on attrape souvent d’autres choses dans le filet», créant ainsi d’autres règlements imparfaits.

Évidemment, un tel registre nécessiterait beaucoup de ressources, surtout pour une grande ville, dit Adam Mongrain, «mais ça a quand même un bon potentiel pour réhabiliter le stock».

Une avenue intéressante, toujours selon M. Mongrain, serait d’imposer une réglementation différenciée qui permettrait de donner un avantage compétitif aux organismes sans but lucratif. Donner l’avantage du marché à des organismes comme Entremise, qui permettent de faire de l’occupation transitoire d’espaces laissés à l’abandon, permettrait d’exploiter les terrains comme celui au coin de Saint-André et Bienville.

Pour cela, il faudrait de nouvelles réglementations municipales, mais aussi provinciales permettant des «ententes passerelles» entre les propriétaires et d’autres tiers. Car lorsqu’on observe que des immeubles sont laissés vacants, c’est souvent parce que le marché ne punit pas ces comportements.

Du côté de l’Arrondissement du Plateau Mont-Royal, Julien Deschênes dit que des avenues visant à contraindre le propriétaire à agir sont explorées avec les affaires juridiques, mais ne peut en dire plus, puisque ces discussions sont confidentielles. M. Coulombe n’a pas répondu aux demandes d’entrevues envoyées par Métro.

La Ville aurait eu des «discussion» avec ce propriétaire «qui ne coopère pas du tout», dit M. Deschênes. La Ville et M. Coulombe auraient exploré un «possible projet de rénovation» ainsi qu’une possible vente de l’immeuble. «Aucune de ces deux pistes ne fut concluante», dit l’attaché de presse des élus du Plateau. Aucun projet officiel n’aurait été déposé à l’arrondissement.

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C’est quoi cette horreur, un bunker allemand de la 2e guerre mondiale?

Who knows, it could be an ancient Hells Angels bunker ?

Nous vous laisser pas avoir par son apparence! C’est ça qui se passe quand on laisse un beau bâtiment à l’abandon! Enlèves les graffitis, remplaces les fenêtres et les portes, changes ou restores la corniches, plus un brin de paysagement et t’as un vrai petit bijou devant toi

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Contrairement aux verrues urbaines classiques, celle-ci pose un véritable problème de sécurité, en plus de nuire sérieusement à l’image de la rue Ste-Catherine récemment rénovée dans ce secteur.

On sait que la Ville tente de négocier une entente avec l’entreprise propriétaire située à New-York, en vue de sauver au moins la façade du bâtiment. Étant donné l’urgence d’agir, on peut espérer que des compromis se fassent de part et d’autre dans le but de favoriser un projet de redéveloppement de ce site dans les meilleurs délais.

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Vieux-Montréal « Ça fait dur »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Le Palais des congrès de Montréal est propriétaire, rue Saint-Antoine, d’immeubles en ruine.

Des immeubles centenaires délabrés défigurent une entrée du cœur historique de Montréal, déplorent plusieurs observateurs

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Philippe Teisceira-Lessard
Philippe Teisceira-Lessard La Presse

L’impatience gronde face à un ensemble de bâtiments en très mauvais état qui enlaidit l’une des principales entrées touristiques du Vieux-Montréal.

Les immeubles centenaires de la rue Saint-Antoine, entre Clark et Saint-Urbain, appartiennent depuis 2020 au Palais des congrès de Montréal, qui prévoit agrandir ses installations à cet endroit.

En attendant la réalisation du projet – qui ne semble pas soulever d’enthousiasme à Québec –, les immeubles actuels prennent la poussière. Leur allure s’est encore dégradée l’an dernier avec l’installation d’une imposante structure métallique pour soutenir l’une des façades. Le tout devant les yeux des milliers de touristes qui sortent du métro Place-d’Armes ou des autocars qui se stationnent juste devant.

« Ça fait dur », a déploré le défenseur du patrimoine Dinu Bumbaru, de Héritage Montréal.

Le temps que le projet du Palais des congrès avance – qui n’est pas à la vitesse grand V –, ce serait peut-être une bonne idée d’avoir une stratégie temporaire d’amélioration […] pour que ça ne soit pas pénible.

Dinu Bumbaru, défenseur du patrimoine chez Héritage Montréal

« Avoir des bâtiments à l’abandon n’est pas digne de Montréal, surtout au centre-ville », a lancé pour sa part Aurélie de Blois, porte-parole de Tourisme Montréal. « Toute amélioration de la trame urbaine est un plus pour notre destination. »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Le Palais des congrès de Montréal prévoit agrandir ses installations.

En décembre dernier, le ministre des Finances du Québec a publiquement affirmé que la taille actuelle du Palais des congrès était suffisante, avant que son bureau ne précise que le projet d’agrandissement était toujours à l’étude.

Pendant des années, avant leur expropriation pour 22 millions en 2020, les terrains ont été visés par des réserves foncières de Québec qui ont bloqué leur aménagement. Un projet de tour de 20 étages comprenant 142 logements a notamment été torpillé.

« Travaux de consolidation »

Le Palais des congrès de Montréal, pourtant un organisme public, a refusé toutes les demandes d’entrevue de La Presse sur cette situation. Il a aussi refusé de transmettre les expertises effectuées sur ces bâtiments.

Dans un courriel non signé, on nous a indiqué que ces bâtiments « avaient été laissés à l’abandon depuis plus de 10 ans » avant leur achat en 2020. « Immédiatement, le Palais a demandé que des expertises soient réalisées pour faire un état des lieux, continue la missive. Celles-ci ayant démontré la vétusté de ces bâtiments, le Palais des congrès a promptement entamé les travaux de consolidation requis afin de sécuriser les lieux. »

L’organisme a ajouté qu’il avait procédé à l’installation « d’échafaudages de protection sur la façade », à la « réintroduction de l’électricité pour chauffer les bâtiments durant l’hiver » et à la « consolidation générale des bâtiments ». Le Palais des congrès a ajouté qu’il était conscient qu’un énorme ventre-de-bœuf se développait sur un mur de briques de l’un des immeubles.

« Un incontournable »

L’élu responsable de l’urbanisme au sein de l’administration Plante, Robert Beaudry, représente le district où se trouve cet ensemble de bâtiments.

En entrevue téléphonique, il a dit vouloir connaître « très rapidement » les intentions du gouvernement du Québec quant à l’agrandissement du Palais des congrès « pour travailler une démarche sur ces bâtiments-là ».

Ça va être important pour nous comme administration de nous asseoir avec eux [le Palais des congrès] pour savoir ce qu’est le plan de match.

Robert Beaudry, responsable de l’urbanisme à la Ville de Montréal

Pour Tourisme Montréal, la solution au problème ne fait pas de doute : « Ces bâtiments cesseront de gêner la vue lorsqu’ils seront transformés vers la vocation souhaitée : l’agrandissement du Palais des congrès, a écrit Aurélie de Blois. Pour Tourisme Montréal, c’est un incontournable. Chaque année, la capacité insuffisante du Palais est un obstacle à quelques dizaines d’organisations potentiellement intéressées par Montréal pour y tenir leurs évènements d’affaires. »

« Des éléments très rares »

Robert Beaudry et Dinu Bumbaru ont signalé que malgré leur piètre état, les bâtiments en cause ont tout de même une valeur patrimoniale certaine.

« Il y a des bâtiments, pour certains, qui sont très intéressants. On a eu la chance de visiter celui qui est du côté de la rue Saint-Urbain. L’extérieur a pour l’instant besoin d’un peu d’amour, mais l’intérieur a des éléments très rares des intérieurs du XIXe siècle, a dit M. Bumbaru. Ce ne sont pas juste des façades. »

Il serait franchement déplorable que la solution du Palais des congrès consiste à détruire ces bâtiments, a-t-il ajouté, surtout qu’ils sont situés aux abords de la zone patrimoniale du Vieux-Montréal, qui commence juste de l’autre côté de la rue Saint-Antoine.

Les détruire, « ce n’est pas ça qu’on veut », a-t-il dit. « On ne peut pas jeter des morceaux de ville à terre et mettre du gazon à la place. »

Des chantiers, encore des chantiers

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Les bâtiments délabrés ne sont pas les seuls à miner le coup d’œil à l’entrée du Vieux-Montréal. Plusieurs travaux majeurs ceinturent le quartier, dont la réfection du pont d’étagement Saint-Laurent et les chantiers de deux legs retardataires du 375e anniversaire de Montréal célébré en 2017, soit la place des Montréalaises et le square Viger.

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Je n’ai pas vu de post sur ce projet mais le bâtiment qui fait l’angle Viger - St Hubert a été complètement rasé. Cela faisait plusieurs années qu’il était entouré d’échafaudages / à l’abandon. Si quelqu’un trouve de l’info sur le projet :

Il ne croit pas qu’il y avait pas de projet en particulier

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Il aurait été bien d’exiger la reconstruction des façades extérieures a l’identique. C’était tout de même des bâtiments patrimoniaux.

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Un nouveau règlement mis en place par la ville de Montréal promet des amendes plus salé pour ceux qui laissent leurs bâtiments dépérir. Ce même règlement oblige les propriétaires à faire un minimum d’entretient.

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Un message a été scindé en un nouveau sujet : Projet Saint-Laurent / Fleury - X étages

Un message a été fusionné à un sujet existant : Projet Saint-Laurent / Fleury - X étages

L’usine de produits du tabac, JTI-Macdonald. Pas une verrue, mais plus un usage aberrant au centre de l’île, à deux pas d’une station de métro et pôle communautaire.

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J’habite ce coin et c’est vraiment désolant de constater que les stationnements de Macdonald détruisent la trame commerciale de la rue Ontario. La ville doit mettre ses culottes face aux grands propriétaires comme Macdonald dont les pratiques affectent le développement urbain pour tous.

Une autre aberration est les immenses stationnement de la Sûreté du Québec en plein centre-ville. Il n’y a aucune acceptabilité sociale et environnementale pour que notre gouvernement possède des actifs sous cette forme.

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Ces grands espaces imperméables contribuent aussi aux nombreuses inondations en ville, plus spécifiquement dans Centre-Sud.

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Effectivement, très désolant de voir autant d’espaces de stationnements à proximité d’une station de métro et dans un quartier assez central. De plus, dans une période ou le manque de logement se fait sentir gravement, il serait temps que la ville augmente la taxe/stationnement afin de ‘‘forcer’’ les proprios de construire sur ces dits stationnements.

Mais dans ce cas-ci, est-ce que tous les stationnements encadré dans l’image appartiennent à JTI-Macdonald ?

Dans ce cas-ci, étant donné que le propriétaire est le gouvernement, je me dis que ca doit être relativement facile de leur faire comprendre qu’il serait bien de convertir une partie de ces espaces en projet résidentiel surtout qu’il prévoit construire des centaines de logements abordables dans le futur rapproché alors pourquoi ne pas profiter de ces beaux terrains.

Oui. Je croyais que c’était un stationnement mutualisé, mais c’est complètement à JTI.