Résumé
Voyages Où peut-on en avoir pour son dollar ?
PHOTO CHRISTINE WISE, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES
Front de mer à Geworge Town, capitale des îles Caïmans
Pas de doute, les Québécois veulent continuer de voyager malgré la faiblesse de notre devise canadienne. Dans ce contexte, le choix de la destination peut faire toute la différence. Dans quels pays, donc, un Québécois se sentirait-il plus riche ou… très pauvre ? Tour d’horizon en dix destinations.
Publié à 5 h 00
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Isabelle Dubé La Presse
Où on se sent plus riche
Tunisie
PHOTO AMMAR AWAD, ARCHIVES REUTERS
Sousse, station balnéaire de l’est de la Tunisie, est reconnue pour ses immenses plages de sable fin.
Coût de la vie : 55,1 % inférieur à celui du Canada.
Trio dans un resto rapide : 7 $ (15 $ au Canada)
Hôtel 3 étoiles pour 2 (5 juillet) : de 47 $ à 112 $
« Ceux qui boudent la Floride risquent de se retrouver sur les plages tunisiennes, affirme Justin Bordeleau, de Voyages Arc-en-ciel. On n’a jamais vendu autant de séjours en Tunisie, notamment les trois semaines avec vols directs en formule tout inclus à 2500 $. Les gens peuvent faire des excursions dans des endroits magnifiques et dépaysants. » Le Maroc n’est pas cher non plus et se compare à la Tunisie, soutient Sandra Trépanier, d’Explorateur voyages, qui organise des excursions partout dans le pays.
Viêtnam
PHOTO JAMES MACDONALD, ARCHIVES BLOOMBERG
La vieille ville de Hội An, dans la province de Quảng Nam, est prisée des touristes, notamment pour ses excursions sur le fleuve Thu Bôn, l’un des plus pittoresques du pays.
Coût de la vie : 54,5 % inférieur à celui du Canada.
Trio dans un resto rapide : 6,75 $ (15 $ au Canada)
Hôtel 3 étoiles pour 2 (5-6 juillet) : de 21 $ à 78 $
« En Asie du Sud-Est, on en a vraiment pour notre argent pour l’hébergement, les repas et les transports, indique Sandra Trépanier, qui organise des séjours sur mesure avec chauffeurs au Viêtnam. La nourriture est excellente, les gens sont gentils et les paysages diversifiés (plages, montagnes, rivières). C’est plus avantageux que la très touristique Thaïlande et plus intéressant que le Laos. »
« Attention, prévient la chroniqueuse voyages Marie-Julie Gagnon, parce que quand on se sent soudain bien riche, on peut se laisser emporter par tout ce qu’on peut se procurer et on n’économise plus. »
Colombie
PHOTO FEDERICO RIOS, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES
Une touriste prend une photo alors qu’elle navigue sur le Magdalena, fleuve le plus important de Colombie, près de Mompox, ville patrimoniale du nord du pays.
Coût de la vie : 52,5 % inférieur à celui du Canada
Trio dans un resto rapide : 10,42 $ (15 $ au Canada)
Hôtel 3 étoiles pour 2 (5 juillet) : de 52 $ à 168 $
« J’ai fait deux semaines en transport collectif en Colombie aux Fêtes avec trois enfants de 7, 9 et 11 ans dans des zones rurales et modestes, relate Justin Bordeleau, de Voyages Arc-en-ciel. Les cartels de la drogue, la criminalité et la corruption volent le show dans les médias, mais à aucun moment on ne s’est sentis en danger. Les gens sont accueillants, le coût de la vie est ridicule, il y a du patrimoine, de la nature, du culturel à voir. On a adoré ! Il ne faut toutefois pas être pressé quand on se déplace. »
Albanie
PHOTO MARIA MAVROPOULOU, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES
Gjirokastër, dans le sud du pays, est classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO. La municipalité à l’architecture ottomane attire de plus en plus de touristes.
Coût de la vie : 30,3 % inférieur à celui du Canada
Trio dans un resto rapide : 12,42 $ (15 $ au Canada)
Hôtel 3 étoiles pour 2 (5-6 juillet) : de 40 $ à 170 $
« Voisine de la Grèce, l’Albanie est la prochaine Croatie, déclare Andrew D’amours, de Flytrippers. C’est beau, pas cher, sûr et encore authentique. Les infrastructures touristiques ne sont pas aussi développées qu’ailleurs en Europe, mais l’Albanie est en train d’ouvrir un nouvel aéroport directement sur la côte. D’ici quelques années, ça va se développer en fou et ce sera bondé. C’est l’endroit où aller avant que ça devienne trop populaire. C’est mon coup de cœur. J’y suis allé deux fois. »
Cuba
PHOTO LISETTE POOLE, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES
Le secteur touristique cubain n’est toujours pas revenu à son niveau prépandémie.
Coût de la vie : 30,9 % inférieur à celui du Canada
Trio dans un resto rapide : 9,95 $ (15 $ au Canada)
Hôtel 3 étoiles pour 2 (5 juillet) : de 39 $ à 178 $
« Cuba ne s’est pas complètement relevé de la pandémie, constate Justin Bordeleau, de Voyages Arc-en-ciel. Mais parce que les gens veulent continuer à voyager dans un contexte économique plus difficile et avec un budget restreint, Cuba entre dans l’équation. On va les diriger vers les bonnes chaînes, celles qui ont des ententes négociées avec plus de stabilité pour ce qui est de l’approvisionnement. Je ne te raconterai pas de salades. Ça reste très inégal. L’expérience ne sera pas pareille d’une semaine à l’autre. »
Où on se sent plus pauvre
Suisse
PHOTO ARND WIEGMANN, ARCHIVES REUTERS
Le chocolatier Confiserie Sprüngli, à Zurich, connu notamment pour ses macarons Luxemburgerli.
Coût de la vie : 71,2 % plus élevé qu’au Canada
Trio dans un resto rapide : 24,36 $ (15 $ au Canada)
Hôtel 3 étoiles pour 2 (5 juillet) : de 272 $ à 795 $
Bon nombre de Québécois rêvent d’aller au pays des montagnes, du chocolat et des montres coûteuses. La destination est sûre, calme, propre, avec des paysages époustouflants… Et lorsque la caissière à l’épicerie vous demandera si vous voulez un cornet (sac) pour transporter vos achats, vous aurez aussi le souffle coupé en regardant votre facture. Aliments, hôtels, restaurants, transports publics, vêtements, tout est plus cher en Suisse. « La Suisse, c’est traumatisant, affirme Marie-Julie Gagnon. Ce n’est pas rare d’acheter du chocolat pour 100 $. » Le salaire moyen des Suisses est nettement plus élevé que celui des Canadiens.
Islande
PHOTO ANDREW TESTA, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES
La station thermale Blue Lagoon, dans le sud-ouest de l’Islande
Coût de la vie : 48 % plus élevé qu’au Canada
Trio dans un resto rapide : 26,92 $ (15 $ au Canada)
Hôtel 3 étoiles pour 2 (5 juillet) : de 209 $ à 548 $
La célèbre destination des volcans aux noms imprononçables, des geysers, du Blue Lagoon, plongée dans le noir plusieurs mois par année, mais qui offre un soleil de nuit en été, a toujours coûté cher, sauf lors de la crise économique de 2008. « Lorsqu’il y avait un vol direct à bas prix Montréal-Reykjavik, les gens disaient : tant pis si ça coûte plus cher là-bas, parce que le billet n’est vraiment pas cher. Mais le transporteur islandais à bas prix WOW Air a fait faillite », rappelle la chroniqueuse voyages Marie-Julie Gagnon, qui indique l’importance dans l’équation du billet d’avion. À l’inverse, partir en Asie pour une courte période ne vaudra pas la peine à cause du prix du billet d’avion.
Îles Caïmans
Coût de la vie : 86,2 % plus élevé qu’au Canada
Trio dans un resto rapide : 20,75 $ (15 $ au Canada)
Hôtel 3 étoiles pour 2 (5 juillet) : de 283 $ à 497 $
« Dans cette région des Caraïbes, Antigua, Barbade, les îles Caïmans, ce sont des pays qui recherchent du tourisme de luxe, observe Justin Bordeleau. Ils veulent jouer la carte du profil du voyageur, avec des prix qui ne sont pas accessibles pour tout le monde. C’est un choix stratégique. Ceux qui vont là-bas avec leur beau grand voilier et dans leur deuxième résidence secondaire de paradis fiscal ne craignent pas les restaurants chers et aiment les petites boutiques de type Chanel. »
Norvège (et autres pays scandinaves…)
PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE
Tromsø. ville du nord de la Norvège, est surnommée le « Paris du Nord »
Coût de la vie : 26,2 % plus élevé qu’au Canada
Trio dans un resto rapide : 18,88 $ (15 $ au Canada)
Hôtel 3 étoiles pour 2 (5 juillet) : de 130 $ à 350 $
Les spectaculaires fjords de la Norvège font rêver et n’ont rien à voir avec celui du Saguenay, désolé. Oui, les Québécois ont souvent envie d’aller dans les pays scandinaves pour diverses raisons : les paysages, l’architecture innovante, leur modèle de société, les Vikings, la Laponie ou le groupe ABBA. Or, les pays scandinaves n’ont jamais été abordables pour les Canadiens. Les taxes sont élevées, car elles servent à financer le modèle de société qui fournit une meilleure qualité de vie, mais les salaires des Scandinaves sont généralement plus élevés.
États-Unis
PHOTO JEENAH MOON, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES
Le coût de la vie à New York est nettement plus élevé qu’à Montréal.
Coût de la vie : 11,3 % plus élevé qu’au Canada
Coût de la vie : 72,0 % plus élevé à New York qu’à Montréal
Trio dans un resto rapide : de 15,83 $ et 17,26 $ à New York (15 $ au Canada)
Hôtel 3 étoiles pour 2 (5 juillet) : de 275 $ à 657 $ à New York
« Avant, tout le monde allait aux États-Unis et ne calculait le taux de change qu’en ajoutant un petit pourcentage et c’était correct. Mais plus maintenant, constate Andrew D’Amours. Avec l’inflation qu’il y a aux États-Unis, tout est rendu cher, et combiné au taux de change, c’est fou. C’est aussi trompeur, parce que tu te dis que c’est proche et que tu n’as pas besoin de payer de billet d’avion. Mais après deux jours, tu te rends compte que tu aurais dû payer un billet d’avion pour aller dans une destination plus loin et moins chère. Avec le contexte actuel, c’est une raison de plus de ne pas y aller. »
Méthodologie
Nous avons consulté les taux de change, Hellosafe, Milesopedia, Trivago, l’Indice Big Mac, Numbeo (fournisseur de données participatives sur le coût de la vie dans divers pays du monde) et quatre spécialistes en voyages pour comprendre ce que les voyageurs québécois recherchent.
Nos experts :
- Marie-Julie Gagnon, autrice de livres sur les voyages, chroniqueuse voyage
- Sandra Trépanier, conseillère en voyages sur mesure chez Explorateur voyages
- Andrew D’amours, cofondateur de Flytrippers, qui aide les Canadiens à « voyager plus pour moins »
- Justin Bordeleau, président de Voyages Arc-en-ciel à Trois-Rivières et à Shawinigan-Sud
Résumé
Comment j’ai épargné 14 500 $ en Europe
PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE
Si vous désirez visiter la Provence à petit prix, envisagez l’échange de maisons !
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Marie-Eve Fournier La Presse
](La Presse | Marie-Eve Fournier)
Il semble y avoir deux sortes de voyageurs. Ceux qui ne jurent que par les hôtels très confortables et les autres, prêts à essayer des façons moins coûteuses et traditionnelles de voir le monde.
Publié hier à 19 h 26
Ces dernières années, j’ai limité fortement le coût de mes voyages estivaux en famille en ne payant pas un sou de logement. J’ai échangé ma maison. Cela m’a permis de visiter Barcelone, Paris, Toulouse, Madrid, ainsi que les environs d’un charmant petit village près d’Aix-en-Provence.
En tout, ces échanges ont totalisé 10 semaines, soit 70 nuits, au beau milieu de l’été. Chacun fut impeccable.
Combien ai-je économisé au bas mot ? Pour le découvrir, j’ai regardé le prix des chambres d’hôtel dans les villes visitées. Pour chacune, j’ai privilégié l’option la moins chère pour une famille, soit des hôtels à 3 étoiles.
En tenant compte des prix actuels1, je calcule que l’échange de maisons m’a permis d’épargner au moins 14 500 $. Cela équivaut à une moyenne de 207 $ par nuit, un montant inférieur à la moyenne montréalaise (261 $) en août 2024, selon des données colligées de CoStar publiées par Radio-Canada.
En élevant mes exigences d’un cran et choisissant des hôtels dans la moyenne, et non pas les plus économiques, je pourrais sans aucun doute prétendre à une économie de plus de 20 000 $. Et ce montant n’inclut que la portion logement du voyage.
En prime, j’ai pu bénéficier chaque fois d’espaces bien plus vastes et verts, parfois d’une piscine, et toujours d’atouts agréables ou utiles comme un parasol et des serviettes de plage, des vélos, une cuisine et son garde-manger rempli, une salle de lavage, un siège d’auto, des jouets, une glacière, et même un magnifique figuier rempli de fruits juteux.
Quant à l’échange de voitures, il représente en Europe un rabais de 500 à 1000 $ par semaine. Là encore, la faiblesse du huard nous joue des tours. J’ai tenté cette expérience à deux reprises seulement, puisque les transports en commun dans les villes européennes sont efficaces. Mon assureur a demandé une photo du permis de conduire de mon invité, mais cela n’a pas eu d’incidence sur la prime. Pour la maison, il ne voyait pas l’intérêt d’être prévenu.
Et si j’avais comparé avec la plateforme Airbnb ? Les familles qui veulent deux chambres et une cuisine apprécient particulièrement cette plateforme. J’ai aussi fait le calcul des coûts pour mes 70 nuits et c’était encore plus cher que l’hôtel.
En favorisant encore une fois les options les moins chères, je suis arrivée à une économie totale de 15 500 $. Une moyenne de 221 $, donc, en incluant les frais de nettoyage et de réservation qui font grimper la facture finale.
Bien sûr, l’espace est plus spacieux, plus agréable, ce qui justifie sans doute l’écart de prix. Les utilisateurs s’en plaignent néanmoins, car au départ, l’idée derrière Airbnb était de faire diminuer le coût des voyages.
Mes calculs ne sont pas parfaits, puisque j’utilise des prix d’aujourd’hui pour des voyages réalisés dans les sept dernières années. Comme on sait, l’inflation a changé la donne. Certes, ils donnent une idée des économies que vous pourriez faire dans l’avenir.
Et en tenant compte des économies indirectes, je suis convaincue que je serais arrivée au même résultat. Prenons uniquement l’exemple des repas. Quand on s’installe dans une maison, on fait son café du matin, on y déjeune, on s’achète des bouteilles de vin pour l’apéro, on se bricole des pique-niques, on passe chez le traiteur après une journée bien remplie pour se reposer.
Mais le plus beau, c’est qu’en l’absence de logement à payer, on peut prendre son temps.
Lors d’une canicule en Provence, pensez 44 ou 45 degrés, nous avons passé six jours sur le bord de la piscine, à lire et à manger du gelato. Ces journées ne coûtaient rien ! Quand le logement est gratuit, rester une ou quatre semaines à destination a peu d’impact sur le budget si on ne fréquente pas les restaurants tous les jours.
Si on aime les animaux et que les responsabilités ne nous rebutent pas, on peut aussi voyager à peu de frais en offrant ses services de gardiennage.
Sara a séjourné gratuitement pendant un mois dans un domaine de cinq étages à Chennevières-sur-Marne, en banlieue de Paris. En échange, elle gardait deux chats. « C’était tellement grand, ma sœur est venue nous visiter avec sa fille. On prenait la petite Fiat pour aller au marché, le train pour visiter Paris et les environs », m’a-t-elle raconté. Le site Nomador fonctionne comme un site de rencontre sur lequel les propriétaires d’animaux magasinent leur gardien.
Lorsque je raconte mes échanges de maisons, je vois souvent de l’inconfort dans les regards.
— Quoi, tu laisses des étrangers fouiller dans tes bobettes ?
— Tu n’as pas peur de te faire voler des choses, de t’en faire briser ?
— Il me semble que je serais mal à l’aise de dormir dans le lit de quelqu’un d’autre…
Je comprends ces a priori, ces malaises. Mais j’ai le sentiment que les plateformes comme HomeExchange rassemblent des membres partageant les mêmes valeurs de respect et de confiance.
De plus, chaque membre est évalué par ses pairs, ce qui accroît la pression pour être impeccable et recommandable. Et, par un phénomène que je ne pourrais expliquer, après trois heures dans une maison à ouvrir quelques armoires pour voir où sont les choses et à découvrir le contenu des bibliothèques, on s’y sent vraiment comme chez soi.
Le plus grand inconvénient de la formule est le temps qu’elle requiert. Il faut proposer beaucoup d’échanges, attendre les réponses, s’entendre sur des dates, discuter par visioconférence. Avant le jour J, un grand ménage s’impose.
L’échange de maisons n’est peut-être pas fait pour tout le monde, mais il représente une option enrichissante pour ceux qui souhaitent explorer le monde autrement, sans se ruiner.
- Les prix ont été colligés sur la plateforme Expedia pour des dates en août prochain. Au cœur de Barcelone, on ne trouve pas vraiment de chambre à deux lits à moins de 325 $ canadiens la nuit. À Toulouse, un budget de 150 $ suffit, alors qu’à Madrid, les chambres à 200 $ ne manquent pas. Dans la région d’Aix-en-Provence, il y a des choix intéressants à 175 $. Du côté de Paris, presque toutes les chambres d’hôtel appropriées pour une famille sont affichées à plus de 400 $ la nuitée.