Les experts consultés par Le Devoir estiment que Montréal est loin des excès observés à Venise, à Barcelone ou à Amsterdam, où les autorités mettent en place des mesures pour limiter les visiteurs et apaiser les résidents en colère. « Le tourisme de masse est une question de perception. Lorsqu’un résident ressent une perte de qualité de vie, comme ne plus pouvoir profiter de son parc ou de son restaurant de quartier, c’est problématique. […] On n’est pas rendus là à Montréal », affirme Luc Renaud, professeur au département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM.
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Selon un sondage de Tourisme Montréal publié en juillet, 85 % des Montréalais sont fiers de la popularité touristique de leur ville. Quelque 75 % soutiennent même la croissance du tourisme, estimant qu’il apporte du dynamisme à la métropole et à leur quotidien. À Montréal, le taux de « tourismophobie », soit le fait d’être « opposé au tourisme et à sa promotion », est seulement de 4 %.
Le Petit Robert a ajouté ce terme à son dictionnaire en mai dernier, soulignant l’intensification du débat autour du surtourisme. Face à ce phénomène, qui touche particulièrement les centres historiques européens, les villes sont poussées à réagir activement et les voyageurs, à réfléchir à leurs pratiques. Un reportage d’Alexandre Vigneault.
Descendue dans la rue comme des milliers de Barcelonais, une manifestante interpelle les clients sur la terrasse d’un restaurant du centre de la ville, le 6 juillet.
(Barcelone) Peut-on concilier les intérêts des touristes et des résidants ? C’est le défi auquel ont fait face les architectes de la « nouvelle » Rambla, à Barcelone, célèbre avenue qui a été le théâtre d’une imposante manifestation contre le surtourisme le mois dernier. La capitale catalane est devenue un symbole du ras-le-bol ressenti par les résidants des centres historiques de certaines villes d’Europe.
Les rues du quartier Gracia sont animées en ce vendredi soir de juillet. Plaça del Diamant, des bambins s’amusent dans une minuscule aire de jeu, sous l’œil attentif de leurs parents. Plaça de la Virreina, dominée par l’église Santa Creu, ils sont nombreux à prendre l’apéro sous le soleil déclinant. Un peu plus loin, à la plaça del Sol, des enfants courent derrière des ballons ou des cerceaux au milieu des touristes et des habitants attablés aux terrasses.
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Ici, la capitale catalane n’a pas l’air d’une carte postale, mais d’une ville européenne ordinaire, et Gracia, d’un quartier où des gens travaillent, sortent se divertir ou rentrent à la maison après le boulot. Comme sur le Plateau Mont-Royal, dans La Petite-Patrie ou le Mile End.
À un détail près : sous la surface, une colère gronde.
Ici et là, des graffitis et des autocollants pestent contre les nuisances apportées par les visiteurs. « Le tourisme tue les villes », voit-on sur une poubelle. « Touristes, rentrez chez vous », semonce un graffiti. « Assez, posons des limites au tourisme », dit une affiche invitant les citoyens à une manifestation, le 6 juillet dernier.
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L’appel a été entendu. Ce jour-là, des milliers de personnes sont descendues au centre de Barcelone, envahissant sa plus célèbre avenue, La Rambla. Une démonstration de force, ponctuée de gestes bon enfant : des manifestants ont symboliquement enfermé les touristes sur des terrasses ou dans des hôtels en utilisant des cordons de plastique et d’autres les ont arrosés avec des fusils à eau.
Ce n’était pas la première fois que le tourisme était pointé par les citoyens à Barcelone ni le seul endroit où les citoyens manifestent leur mécontentement. À Mallorca, principale île des Baléares, des manifestations ont aussi eu lieu en mai et en juillet de cette année. Les résidants s’y plaignent notamment de ne plus avoir accès à leurs propres plages et d’être envahis par des fêtards intoxiqués à l’alcool.
Dehors, les résidants !
Ces mouvements de foule témoignent d’un malaise réel et profond, estime Arnau Boix i Pla, architecte impliqué dans le réaménagement de La Rambla. « Les gens ont l’impression de se faire expulser de chez eux », dit-il. La Rambla a déjà été un point de rencontre pour les Barcelonais, elle ne l’est plus, constate-t-il.
Des touristes se prennent en photo devant la Sagrada Família, célèbre basilique de Barcelone, en mars.
La désagrégation du tissu social des environs de La Rambla, l’architecte et urbaniste Itziar González i Virós l’a vécue aux premières loges. Elle a longtemps habité dans le centre de Barcelone, où elle possède toujours un appartement. Les changements ont commencé il y a plus de 30 ans, selon elle, lorsque la capitale catalane a commencé à se préparer à accueillir les Jeux olympiques de 1992.
Des milliers de Barcelonais ont pris la rue le 6 juillet pour exprimer leur ras-le-bol face au tourisme de masse.
« On a fait plein de choses qui sont très bien [pour les Jeux], mais c’est aussi à cette époque que la mairie a fait cette alliance avec les hôteliers et les gens de la publicité », dit-elle. Les intérêts financiers ont commencé à prendre le pas sur ceux des résidants et mené à la détérioration de la vie dans le centre de Barcelone, selon elle, citant autant l’embourgeoisement des quartiers centraux que l’afflux de touristes venus faire la fête, l’émergence d’un marché pour les articles de contrefaçon, ainsi qu’un renouveau du commerce de la drogue et de la prostitution.
Pour un projet citoyen
Partisane d’une architecture sociale, Itziar González i Virós place les êtres humains au cœur de ses projets. Dans le cas de la « nouvelle » Rambla, ce souci ne passait pas seulement par la consultation des riverains, mais par une « coopération citoyenne » à part entière. « On a réussi à avoir 500 personnes qui se sont engagées pendant six mois dans le projet », précise-t-elle.
Convaincue que le bien commun n’existe que si la communauté elle-même existe, la directrice de la réfection de La Rambla avait aussi mis sur pied une assemblée citoyenne permanente qui devait avoir à l’œil le respect d’un équilibre entre tourisme et résidants pour en rendre compte à la mairie.
PHOTO DOLORS PENA BUXO, FOURNIE PAR ITZIAR GONZALEZ I VIROS
L’architecte et urbaniste Itziar González i Virós est à la tête de ZERO, qui a remporté le concours pour le réaménagement de La Rambla de Barcelone.
Si on se contente de voter une fois tous les quatre ans et qu’on ne fait rien entre-temps, le pouvoir se met à travailler plus avec des lobbies et pas avec les citoyens.
Itziar González i Virós, responsable du réaménagement de La Rambla, à Barcelone
« Ce qui s’est passé, c’est que la municipalité a décidé de réaliser la partie physique, parce que le plan de réaménagement faisait consensus, mais ils ont réussi à éteindre la communauté », se désole-t-elle. La mise en place d’un « espace critique » incitant passants et visiteurs à réfléchir au tourisme et à son impact a lui aussi été mis de côté, précise Itziar González i Virós.
Gérer la circulation
La Rambla a néanmoins été repensée en tenant compte des citoyens. « On a fait une espèce d’ingénierie des fluides », résume-t-elle. La colonne vertébrale du projet était de faire en sorte que le flux de touristes arpentant La Rambla de bas en haut entrave le moins possible celui des résidants qui, eux, ne font que la traverser pour aller d’El Raval au Barri Gotic, les deux quartiers qui bordent l’avenue.
Arnau Boix i Pla raconte que la circulation automobile a été réduite, que les espaces piétons ont été élargis et que les guides faisant des visites de groupe ne pourront s’arrêter qu’à des endroits prédéterminés. Itziar González i Virós en parle comme de « places » d’où il est possible d’observer les édifices et d’autres points d’intérêt.
Réaménager une avenue ne suffira pas à reconstruire le tissu urbain des environs de La Rambla pour le rendre plus accessible et agréable pour les voisins. Ici comme dans les centres de quantité de villes ou de villages d’Europe prisés par les visiteurs, la nature de nombreux commerces a changé. Sur La Rambla et autour, bien des kiosques et des magasins qui offraient des produits ou services pour les résidants ont fait place « à des boutiques où faire des achats impulsifs de souvenirs », décrit Itziar González i Virós.
Dans l’espoir de nourrir autre chose que le tourisme, les artisans de la nouvelle Rambla envisageaient également d’utiliser les colonnes Morris et autres espaces d’affichage disponibles pour faire la promotion d’activités significatives sur le plan culturel plutôt que de visites guidées, dit également Arnau Boix i Pla. Il n’était pas acquis au moment d’écrire ces lignes que cette idée allait se concrétiser.
Arnau Boix i Pla est membre d’une coopérative en architecture et en urbanisme qui a contribué à développer les plans de la nouvelle Rambla de Barcelone.
L’idée n’est pas de faire la vie dure aux touristes, mais de canaliser le flux de touristes pour faire de la place aux résidants.
Arnau Boix i Pla, architecte impliqué dans le réaménagement de La Rambla
La Ville de Barcelone se dit sensible aux doléances des citoyens. Des documents soumis à La Presse par la mairie détaillent une série de mesures visant à endiguer le surtourisme, dont des actions pour contrôler la location à court terme d’appartements. Le maire Jaume Collboni a par ailleurs répété ces dernières semaines qu’il mettra en place des mesures visant à récupérer au bénéfice des citoyens pas moins de 10 000 appartements actuellement utilisés pour de l’hébergement touristique. La location illégale fait aussi l’objet d’une lutte plus musclée dans la capitale catalane.
Difficile retour en arrière
Luc Renaud, professeur associé au département d’études urbaines et touristiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), signale que le basculement d’une ville vers une économie touristique peut être rapide. Dubrovnik, prisé par les touristes européens depuis longtemps déjà, a notamment connu une explosion de popularité depuis que sa vieille ville a servi de décor à King’s Landing, de la populaire série Game of Thrones.
« Revenir en arrière, c’est extrêmement difficile, ça peut prendre 10 ou même 15 ans pour retrouver un semblant de vie quotidienne », estime l’universitaire. D’où cette mobilisation citoyenne dans les centres historiques de plusieurs villes qui ont atteint un « point de saturation » en Europe, que Luc Renaud dit comprendre, puisqu’il ne croit pas tellement à l’autorégulation spontanée de l’industrie touristique, dont l’intérêt est au contraire d’attirer plus de visiteurs.
« C’est la résistance citoyenne [qui va faire changer les choses], souligne-t-il. Les populations locales doivent se prendre en main et dire non, on ne veut pas que notre milieu de vie devienne un espace touristique [voir autre texte : « Le cas du Vieux-Québec »]. C’est la mobilisation des communautés qui permet d’ouvrir un dialogue avec l’industrie touristique. »
15,6 millions
Nombre de touristes ayant visité Barcelone en 2023. La ville compte 1,7 million d’habitants, et l’agglomération urbaine en compte 5,7 millions.
10 101
Nombre d’appartements loués à court terme pour les touristes que la municipalité veut ramener dans le parc locatif résidentiel
12,75 milliards d’euros
Retombées économiques directes du tourisme dans la grande région de Barcelone
Source : Observatoire de tourisme de la ville de Barcelone
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE
La rue Saint-Jean est piétonnisée durant la haute saison touristique. C’est l’une des rues où l’affluence de visiteurs se fait le plus sentir dans le Vieux-Québec.
Le terme « surtourisme » ne fait pas partie du vocabulaire lorsqu’il est question du Vieux-Québec, quartier très prisé par les visiteurs. Ne souhaitant pas vivre les problèmes qu’on voit en Europe, les acteurs du monde du tourisme et les résidants se concertent… et arrivent à s’entendre.
La chose a été mise au clair d’entrée de jeu par toutes les personnes interviewées par La Presse pour ce reportage : on n’est en situation de surtourisme nulle part au Québec. Le terme « surtourisme » dérange, visiblement. Il n’évoque plus seulement des lieux touristiques bondés, de moins en moins agréables à visiter, mais aussi la colère de citoyens qui se sentent dépossédés des espaces publics où ils vivent au quotidien. C’est le cas des centres historiques de quantités de villes en Europe, d’Athènes à Amsterdam en passant par Prague, Venise, Lisbonne et plusieurs villes d’Espagne, dont Malaga, Palma de Mallorca et Barcelone.
PHOTO SOPHIE GRENIER, FOURNIE PAR L’ALLIANCE DE L’INDUSTRIE TOURISTIQUE DU QUÉBEC
Geneviève Cantin, PDG de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec
Il n’y a pas de surtourisme au Québec, ça n’existe pas.
Geneviève Cantin, PDG de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec (AITQ)
« On n’est pas au même niveau de problème qu’en Europe et on ne veut jamais se rendre là », insiste Robert Mercure, directeur de Destination Québec Cité (DQC). Il y a des journées où l’achalandage est très important dans le Vieux-Québec, conviennent-ils, mais le milieu touristique et les autorités restent à l’affût pour préserver la qualité de vie des résidants.
Cette sensibilité des entités chargées de gérer le tourisme à Québec n’est pas apparue par magie. Les résidants du Vieux-Québec ont contribué à la faire naître. Ne souhaitant pas se retrouver dans une situation aussi critique qu’en Europe ou face à des coups d’éclat comme la manifestation survenue à Barcelone plus tôt cet été, ils se sont mobilisés, raconte Michel Masse, président du Comité des citoyens du Vieux-Québec (CCVQ).
Une réflexion portée par les citoyens
Après s’être « beaucoup battus » contre les impacts négatifs du tourisme dans le passé, les résidants ont adopté une autre approche durant la pause forcée de la pandémie. En décembre 2021, avec d’autres partenaires, les membres du CCVQ ont organisé un colloque pour discuter des façons de faire du tourisme « autrement » dans leur quartier, très prisé par les visiteurs d’ici et d’ailleurs.
Cette « journée de réflexion » a rassemblé une vingtaine de groupes communautaires et d’associations touristiques, dont l’administration portuaire, l’Association des hôteliers de la région de Québec, des gens d’affaires et le Bureau des grands évènements de Québec. « C’était la première fois que tous ces grands partenaires se réunissaient », souligne Michel Masse.
Québec a accueilli 4 millions de visiteurs en 2023, en majorité du Québec, mais aussi 1,5 million de touristes venus d’ailleurs.
Ce rassemblement a été le fruit d’un travail de longue haleine : en amont, le CCVQ avait rencontré individuellement chacun de ces partenaires pour amorcer un dialogue. Les résidants du quartier avaient aussi réfléchi de leur côté aux problèmes qu’ils constataient et à des solutions envisageables. Ces efforts concertés ont fait en sorte qu’au moment de l’ouverture du colloque, « un certain consensus » existait déjà quant à la nécessité de faire autrement dans le Vieux-Québec, assure le président du comité de résidants.
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE
Michel Masse, président du Comité des citoyens du Vieux-Québec
Ce dialogue, aussi reconnu et apprécié tant à DQC qu’à l’AITQ, a porté ses fruits. Michel Masse raconte que le CCVQ est en communication régulière avec tous les grands évènements qui se tiennent dans le cœur historique de Québec, et qu’il a par exemple été consulté avant même la reprise des concerts à l’Agora du Vieux-Port de Québec, dans le cadre de la SuperFrancoFête. Des discussions ont eu lieu au sujet des niveaux sonores et de la gestion de foule. « C’est un grand succès », se réjouit Michel Masse. D’un seul concert à l’été 2022, l’évènement est en effet passé à 10 spectacles cet été.
Changer les mentalités
La concertation a donné lieu à des gestes très concrets, comme la piétonnisation d’un plus grand nombre de secteurs du Vieux-Québec, où l’accès en voiture est réservé aux résidants. Or, c’est « la mentalité » de l’industrie et de la ville de Québec face au tourisme qui se trouve transformée par ce dialogue, comprend-on. Soucieux de désengorger la rue Saint-Jean, les abords du Château Frontenac et la place Royale, par exemple, des efforts sont mis pour attirer les touristes vers d’autres quartiers ou d’autres attractions, comme l’île d’Orléans et la chute Montmorency.
Ainsi, 72 % des résidants de Cité-Limoilou (qui inclut le Vieux-Québec) considèrent comme facile la cohabitation entre touristes et résidants.1
Robert Mercure, directeur de Destination Québec Cité, l’équivalent de l’office de tourisme de la ville de Québec
« Même dans le Vieux-Québec, il y a des coins qui sont sous-visités. Ce n’est pas vrai que c’est plein à craquer partout », précise Robert Mercure. Établir des parcours touristiques pour inciter les visiteurs à découvrir des « trésors cachés » de ce quartier fait partie des initiatives positives à mettre en place pour désengorger les lieux les plus fréquentés, selon M. Mercure. L’encadrement du tourisme à Québec se fait dans une perspective de croissance, ajoute-t-il, mais avec une bonne gestion de l’achalandage.
Le port de Québec a aussi revu son objectif d’accueillir 400 000 croisiéristes chaque année dans ses installations et vise toujours environ 150 000 passagers. « Rien n’est imposé », souligne Geneviève Cantin. Ce changement de cap découle de la concertation mise en place avec la Ville et les résidants. « Ils ont trouvé un équilibre entre la croissance – c’est important, la croissance, parce que ce sont quand même des retombées économiques majeures pour le Québec – et la qualité de vie », dit-elle.
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE
La terrasse Dufferin est l’un des endroits les plus prisés par les visiteurs à Québec.
Dans une volonté d’allonger et de diversifier la saison touristique, Québec accueillera aussi pour la première fois des bateaux de croisière au cours de l’hiver 2025, soulignent par ailleurs Robert Mercure et Michel Masse. « La vie n’est pas rose, convient le président du CCVQ, il y a encore des choses à corriger et à ajuster, mais on sent une volonté d’améliorer la façon dont le tourisme se fait, d’impliquer davantage les résidants et d’offrir une meilleure expérience aux touristes. »
1Sondage Léger mené pour la Ville de Québec à l’été 2023
Qu’en est-il de la taxe touristique aux Îles-de-la-Madeleine ?
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE
L’archipel a fait marche arrière quant à l’imposition d’une taxe touristique.
Dans l’air depuis quelques années, l’idée d’une taxe de 30 $ imposée aux visiteurs des Îles-de-la-Madeleine devait s’appliquer cette année. Or, après l’avoir officialisée, la municipalité a fait volte-face et l’a rendue « volontaire ». Des « raisons opérationnelles » ont motivé ce changement. La vérification du paiement devait être faite aux deux points de sortie de l’archipel, soit au quai d’embarquement du traversier et à l’aéroport. « Comme nous n’avons pas eu l’autorisation de Transports Canada pour effectuer cette vérification à l’intérieur de l’aéroport et qu’elle ne se serait faite qu’à un seul point de sortie, le règlement a donc dû être modifié », explique Isabelle Cummings, aux communications de la municipalité. Un bilan sera fait plus tard à l’automne pour envisager la suite des choses.
La police de Venise donne une amende à un guide touristique, le 25 avril, jour d’entrée en vigueur d’un règlement limitant à 25 le nombre de participants à une visite guidée.
Le surtourisme tient principalement à une chose : il y a trop de monde au même endroit au même moment. C’est vrai devant la Joconde de Vinci, au Louvre, comme dans le centre historique de Dubrovnik, en Croatie. Un peu partout, des solutions sont testées ou mises en place pour trouver un équilibre entre les besoins des résidants et ceux des visiteurs. En voici quelques-unes.
PHOTO ILVY NJIOKIKTJIEN, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES
À Amsterdam, on opte pour la dispersion des touristes.
Pour réduire l’engorgement de son centre historique, Amsterdam cherche à disperser les visiteurs en les attirant ailleurs. La Ville promène désormais les lettres géantes de sa célèbre enseigne « I Amsterdam », qui créait une cohue d’amateurs d’égoportraits devant le Rijksmuseum, dans des coins moins fréquentés de la ville pour attirer l’attention sur d’autres attractions ou des évènements ponctuels. Le château Muider et la plage Zandvoort ont respectivement été rebaptisés Amsterdam Castle et Amsterdam Beach afin de signifier leur proximité avec la ville et y attirer les touristes.
Touristes sur la place Saint-Marc de Venise, le 25 avril, jour de l’entrée en vigueur du billet touristique à 5 euros pour les visiteurs d’un jour.
Venise, symbole du tourisme de masse, a fait un test au début de la présente saison touristique : elle a imposé un ticket d’accès à sa zone la plus courue pendant les week-ends du mois de juin jusqu’à la fin de juillet. Seuls les visiteurs d’un jour devaient se procurer ce billet, au coût de 5 euros (environ 7,50 $) ; ceux passant au moins une nuitée dans la Sérénissime en étaient exemptés. La mesure sera réévaluée au terme de ce projet-pilote. Venise a aussi limité à 25 le nombre de participants à une visite guidée.
La citadelle de Machu Picchu fait l’objet de mesures de protection, incluant une limitation du nombre de touristes. Ce joyau de l’Amérique précolombienne est photographié ici en novembre 2020, pendant la pandémie.
Imposer une limite quotidienne de visiteurs est une mesure qui peut paraître radicale, mais que des instances gouvernementales ont jugée essentielle pour préserver des sites de haute valeur patrimoniale. Au Pérou, le nombre de visiteurs quotidien au Machu Picchu a été fixé à 4500 en 2024 et ceux-ci doivent obligatoirement effectuer une visite guidée. Seules 500 personnes par jour peuvent accéder au site par le chemin de l’Inca, au terme d’un trek de quatre jours. Barcelone limite aussi l’accès à son emblématique parc Güell, conçu par Gaudí, à 1400 visiteurs à l’heure.
PHOTO JUAN MABROMATA, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Des femmes posent à Times Square, le mois dernier. La Ville de New York interdit désormais les locations de moins de 30 jours.
Louer un appartement donne l’impression d’être plus proche des gens du pays qu’on visite, et c’est souvent plus grand et moins cher qu’un hôtel, ce qui est bien pratique lorsqu’on voyage en famille. Ici comme à l’étranger, des municipalités serrent la vis aux locations à court terme, qui contribuent à la rareté des logements pour les résidants. Luc Renaud, professeur au département d’études urbaines et touristiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), constate que c’est une arme à double tranchant : ces mesures éloignent des visiteurs qui cherchent un contact avec la culture locale et favorisent le secteur hôtelier. Il signale que les prix des chambres ont « explosé » à New York depuis que la Ville a interdit les locations de moins de 30 jours.
Touristes près de la cathédrale de Palma, à Palma de Mallorca, en juillet 2024. Les citoyens excédés par le surtourisme ont incité les autorités à prendre des mesures pour faire décroître le nombre de visiteurs dans cette île de la Méditerranée.
Disant d’abord que le tourisme à Barcelone est « l’histoire d’un succès », la Ville reconnaît qu’il est maintenant temps « de s’interroger et de débattre au sujet du volume de touristes qu’on peut accueillir », dans un document envoyé à La Presse. Dans la foulée d’un forum de concertation avec leurs citoyens, les autorités de Majorque, la plus grande des îles Baléares, ont quant à elles convenu de cesser de faire la promotion du tourisme et de participer aux grandes foires internationales de ce secteur. Elles vont aussi reconvertir en logements résidentiels les hôtels vétustes.
Manifestation contre le tourisme de masse à Palma de Mallorca, le 21 juillet
Peut-on continuer à voyager en tenant compte des impacts du tourisme sur les communautés qu’on visite ? Des spécialistes suggèrent des pistes d’action.
« Il faut se rappeler que, là où on voyage, il y a des gens qui vivent, qui travaillent, qui vont à l’école, qui vont au parc avec leurs enfants », énumère Geneviève Turner, directrice « pollinisatrice » de Tourisme durable Québec. « Ça veut dire limiter le bruit et les autres comportements qui pourraient avoir un impact négatif sur eux. » Respecter les consignes, comme ne pas prendre d’échantillons de sable ou des cailloux sur une plage et ne pas toucher quand un écriteau le commande, est aussi une façon de voyager en faisant preuve de considération pour la communauté qui nous accueille.
Geneviève Turner, directrice « pollinisatrice » de Tourisme durable Québec
Faire des choix écoresponsables
En planifiant son voyage, on peut opter pour des établissements hôteliers aux pratiques « durables » ou « écoresponsables » en vérifiant les certifications, dit Luc Renaud, professeur associé au département d’études urbaines et touristiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Geneviève Turner recommande de limiter sa consommation d’eau et d’avoir avec soi une « trousse zéro déchet » : plats pour rapporter les restes de repas au restaurant, bouteille, ustensiles et sacs réutilisables pour faire ses courses afin de limiter sa consommation de plastique à usage unique.
Luc Renaud, professeur au département d’études urbaines et touristiques de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM
Sortir des sentiers trop fréquentés
« Ça, c’est difficile », dit d’emblée Luc Renaud. On ne peut pas reprocher à quelqu’un qui va en France pour la première fois de vouloir voir Paris… Geneviève Turner invite néanmoins à éviter de faire du tourisme de type « bucket list » et à se demander pourquoi on voyage. « Est-ce qu’on veut aller quelque part juste pour prendre des photos et pouvoir raconter qu’on y est allé, ou on veut connecter avec les gens ? », demande-t-elle. Ralentir, étirer son séjour quand c’est possible et choisir de fréquenter des quartiers, des villes ou des régions moins pris d’assaut par les touristes sont aussi des options.
Voyager hors saison
Pour ceux qui le peuvent, voyager hors des périodes les plus courues est une solution gagnante. En plus d’être économique, c’est plus apaisant et ça favorise le contact avec les locaux. « Ça donne une meilleure expérience au touriste comme aux gens de la place », dit Geneviève Turner. Luc Renaud est d’accord avec le principe, mais estime qu’il faut être réaliste : l’impact de ce choix sera limité, puisque la majorité des gens continueront de prendre des vacances l’été, notamment en raison des calendriers scolaires.
C’est abominable toute cette quincaillerie made in china , je suppose , dans ces boutiques de souvenirs. En plus, lorsqu’ils suspendent à l’extérieur de leur boutique en façade , le plus souvent sur des immeubles magnifiques historiques, des affreux t-shirts. Il devrait y avoir une réglementation esthétique dans des quartiers historiques et vite .
The City of Montreal’s plan to drop the licensing requirement for tour guides is raising concerns within the industry about the potential impact on the quality and accuracy of city tours.
Sandrine Trudel-Laurendeau said she studied hundreds of hours to get her tour guide license and lead tourists around town.
“It’s a knowledge that has been passed from generations to generations. And it would be sad to just end it all like that without really thinking about all the impacts,” Trudel-Laurendeau said in an interview.
Montreal is one of the few remaining cities in North America that requires a license.
A 240-hour mandatory course at the ITHQ, a hotel, tourism and restaurant school in Montreal, is required for certification. The course costs around $2,000.
Je fais partie de la dernière cohorte et c’est très déconcertant comme nouvelle même si on sait depuis un moment que ça se trame. J’avoue ne pas comprendre pourquoi la Ville veut se débarrasser du permis, surtout qu’on a déjà vu plusieurs reportages sur les guides non certifiés qui disent n’importe quoi. Je me doute que la plupart d’entre eux n’ont pas de mauvaises intentions, mais le cours est vraiment complet et ce serait dommage pour tous ceux qui ont investi du temps et de l’argent se voient relégués au même niveau que des gens qui s’improvisent guides
Après la pandémie, les hôtels améliorent leur sort
Après des années difficiles pendant la pandémie, l’achalandage dans les hôtels canadiens bat des records. Un sommet depuis six ans.
Une situation enviable mais dont les bénéfices ne se « font pas » sentir de manière égale dans l’ensemble de l’industrie.
Un reportage de Philippe de Montigny.
Après des années difficiles durant la pandémie de COVID-19, l’achalandage dans les hôtels au Canada a atteint son niveau le plus élevé depuis août 2018. Le taux d’occupation à l’échelle nationale s’est établi à près de 80 % le mois dernier, selon les données de la firme CoStar.
Depuis trois ans, les pointes d’achalandage de l’industrie en période estivale progressent chaque année. Le secteur hôtelier au pays a maintenant repris tout le terrain perdu lors de la pandémie, pendant laquelle il enregistrait régulièrement des taux d’occupation sous la barre des 30 %.