Terre des Hommes - Expo 67

c’est vraiment un problème majeur. » Le terrain est zoné résidentiel avec des hauteurs permises appréciables, ce qui pourrait allécher des promoteurs immobiliers.

« D’autre part, il y a le risque de griffintownisation avec des hauteurs permises de quelque 20 étages. Certains citoyens nous ont interpellés à ce sujet. »

Ils s’en crisse pas mal du bâtiment, c’est juste une manière détournée d’empêcher l’application du plan d’urbanisme, ce qui est pas surprenant, les habitants de h 67 sont ben bourgeois et veulent continuer à être seuls sur “leur” péninsule.

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On n’a pas le choix que de développer tous les terrains au coeur de la ville si on souhaite limiter l’étalement urbain. La Cité du Havre ne fera pas exception, car elle est trop bien située près du centre-ville avec des terrains qui valent aujourd’hui une petite fortune. Pour cela il faudra un plan de développement qui saura maintenir un sain équilibre entre les espaces verts et le résidentiel, avec un service de transport publique amélioré doublé d’infrastructures de mobilité active. Or n’en déplaise aux résidents d’Habitat 67, ils doivent comprendre que ces espaces ne leurs sont pas réservés et que la Ville a tout intérêt à densifier la zone urbaine de façon durable partout où c’est possible.

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Je suis allée voir la bâtisse pour le fun aujourd’hui






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Merci pour ces photos!
Tellement de potentiel, c’est fou.
Ce bâtiment a déjà tout ce qu’il faut en terme de qualités architecturales.

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Voici une photo prise en 1977 alors que le Musée d’art contemporain était dans cet édifice.

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Quel site incroyable au potentiel énorme mais malheureusement sous utilisé comme plusieurs de nos sites et de nos bâtiments parfois même majestueux

Merci pour ce reportage photo !

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Quel avenir pour l’ancien bâtiment du Musée d’art contemporain?


Jacques Nadeau,Le Devoir
L’ancien Musée d’art contemporain de Montréal avait été mis en vente par LotoQuébec, mais a été retiré temporairement du marché récemment, à la demande de la Société du parc Jean-Drapeau.

Jean-François Nadeau
17 octobre 2023
Culture

L’édifice qui a accueilli, à ses débuts, le Musée d’art contemporain de Montréal a été mis en vente par Loto-Québec. Devant la pression, il a été retiré temporairement du marché récemment. Situé dans la Cité-du Havre, construit dans le cadre de l’exposition universelle de 1967, ce vaste bâtiment, avec ses grandes salles, pourrait-il connaître une nouvelle vocation publique ?

Il ne répondait plus aux besoins de Loto-Québec, a plaidé cet organisme parapublic qui en est le propriétaire. Celui-ci l’a donc mis en vente. C’est à la demande de la Société du parc Jean-Drapeau que Loto-Québec a accepté de retirer, pour l’instant, le bâtiment du marché immobilier.

La mise en vente a été suspendue. L’affaire continue de préoccuper plusieurs observateurs. Le lieu pourrait bien servir d’éventuel pavillon d’accueil à la Société du parc Jean-Drapeau, estime Véronique Doucet, la directrice générale de l’organisation, en entrevue à Radio-Canada.

Jointe par Le Devoir, la Société affirme que, dans le cadre d’un projet de transformation, elle travaille « à définir des stratégies en lien avec la valorisation du patrimoine ». Des discussions ont été amorcées afin de pouvoir récupérer ce bâtiment, sorte de porte d’entrée naturelle de tout le site planté au milieu du fleuve. « Cette démarche s’inscrit dans notre vision d’avenir du parc, laquelle repose sur notre engagement de faire bénéficier au grand public la richesse de son patrimoine culturel, naturel et bâti, et ce, en misant sur la protection des patrimoines pour les générations futures. »

Inquiétudes de Phyllis Lambert

Phyllis Lambert, la fondatrice du Centre canadien d’architecture, n’en revient pas. « Si le gouvernement et ses créatures ne veulent pas avoir des projets privés qui ne soient pas d’intérêt public, pourquoi est-ce qu’ils réalisent le pire eux-mêmes ? » Elle rappelle que si « protéger la langue apparaît comme une évidence au Québec », la question du patrimoine devrait être considérée du même pied. « Le patrimoine, c’est la même chose ! Ce doit être pris en même temps [que la langue]. C’est tout aussi important pour dire qui nous sommes », soutient l’architecte émérite. « Il n’y a pas de volonté claire du gouvernement de s’occuper du patrimoine. Ça tombe toujours entre deux départements, dans le vide », déplore-t-elle.

L’édifice mis en ballant sur les flots du désengagement des pouvoirs publics est situé dans la Cité-du-Havre, à deux pas de l’emblématique Habitat 67, dessiné par l’architecte Moshe Safdie. Connu au départ sous le nom de Musée d’art Expo 67, l’immeuble a été dessiné par un réputé cabinet d’architectes de Québec. Il s’agit d’une des premières réalisations importantes de Paul Gauthier et de Gilles Guité, deux jeunes architectes qui formeront, avec leur aîné Jean-Marie Roy, l’une des plus importantes agences de Québec qui donne corps à une architecture d’ici à l’heure de la Révolution tranquille.

C’est en ces lieux que furent logées les expositions du Musée d’art contemporain de Montréal jusqu’au déménagement de l’institution en 1992, sur son site actuel de la Place des Arts, fermé pour des rénovations dont l’échéance est sans cesse repoussée.

Un des derniers édifices de l’Expo 67

Selon Héritage Montréal, cet édifice constitue l’« un des derniers immeubles datant de l’Expo 67 en bon état pouvant encore servir aujourd’hui ». L’organisme explique que le bâtiment avait été construit pour accueillir une exposition thématique formée d’oeuvres de partout dans le monde.

Comment peut-on se retrouver encore avec un bâtiment d’une telle importance culturelle mis en vente du jour au lendemain par une société liée à l’État ? Pour Phyllis Lambert, « ce n’est pas acceptable qu’on veuille vendre un édifice public comme ça, sans discussion publique. Il faut trouver des solutions. Comment peut-on si mal planifier l’avenir de nos biens collectifs ? » L’architecte émérite est choquée du mauvais sort lancé à cet édifice, à l’exemple de bien d’autres. « Le gouvernement est là pour protéger la société et son patrimoine. Comment peut-il oser mettre en vente une chose comme ça ? C’est situé dans une zone culturelle majeure », soutient Phyllis Lambert en entrevue.

Résidente d’Habitat 67, ancienne recherchiste pour le cinéma, Lucette Lupien a fait des pieds et des mains, au cours des derniers mois, pour alerter le public du risque que court ce bâtiment historique. Il s’agit, soutient-elle, d’un important témoin de l’effervescence des années 1960. « J’espère qu’une solution sera trouvée. Ça n’a pas de bon sens de laisser aller un bien public de la sorte, dessiné par des Québécois, sans plus de considération sur ce qu’il représente, sur ce qu’il est. »

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Je me demande si le bâtiment ne devrait pas être rénové et accueillir un pavillon du musée d’art contemporain pour accueillir des projets spéciaux d’exposition. Un peu comme le MoMA PS1 du MoMA à NYC. L’agrandissement du MACM ne leur donnera que 28% plus d’espace d’exposition… Et la vocation initiale de celui-ci était un lieu d’exposition d’art moderne/contemporain.

Avec le développement du quartier Bridge-Bonaventure et la densification de la Cité-du-Havre, c’est à réfléchir.

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Ouf ! :sweat_smile: C’était minuit moins une avant de perdre ce trésor aux ordures.

Une précieuse plaque d’Expo 67 retrouvée dans les poubelles plus de 33 ans après sa disparition

Plaque Expo
GRACIEUSETÉ VICKY TREMBLAY

LE JOURNAL DE MONTRÉAL | LOUIS-PHILIPPE MESSIER | Mercredi, 25 octobre 2023 19:30

À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.

Par un concours de circonstances, la Société du parc Jean-Drapeau a pu récupérer une plaque commémorative d’Expo 67 qui aurait été arrachée puis dérobée de son socle de la Place des Nations possiblement avant 1990.

Deux étudiantes d’une école secondaire d’Hochelaga ont fait la trouvaille sur leur heure de dîner.

La plaque attendait les éboueurs parmi les sacs de vidanges à l’angle des rues De Rouen et Desjardins.

N’importe qui aurait pu s’emparer de cet artefact orphelin.

«On aime les antiquités, alors la plaque a vraiment attiré notre attention», se souvient Léa St-Denis.

«Mon père est fan d’Expo 67 et je lui ai texté une photo. Il serait vite venu la chercher, mais il n’a pas eu le temps» ajoute Vicky Tremblay.

Le manège des jeunes femmes autour de la plaque a attiré l’attention du député d’Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, qui passait justement par là en compagnie de son attaché politique.

«J’ai dit aux filles que nous allions transporter la plaque jusqu’à mon bureau de circonscription avant d’avertir la Société du parc Jean-Drapeau», confie Alexandre Leduc.

Les deux hommes ont bien sûr forcé «solidairement» pour transporter la plaque.

«Ça avait à peu près le poids d’un BIXI», affirme M. Leduc.

Quelqu’un de la Société du parc Jean-Drapeau est ensuite passé pour prendre la plaque.

Plaque Expo
Le député Alexandre Leduc pose devant la plaque qu’il a ensuite apportée à son bureau de circonscription avant de la restituer à la Société du parc Jean-Drapeau. GRACIEUSETÉ ALEXANDRE LEDUC

Selon les experts

Pour avoir rédigé le cahier spécial 50 ans d’Expo 67 pour Le Journal de Montréal en 2017, je connais un peu le sujet.

Je suis allé trouver deux experts vraiment incontestables, des encyclopédies vivantes de l’événement, pour connaître leur avis.

«On remarque que la plaque comporte une erreur de date qui indique qu’elle a été fabriquée avant qu’on sache que l’Expo allait durer deux jours de plus que prévu pour lui permettre d’atteindre le cap des 50 millions de visiteurs», analyse Julie Bélanger, la présidente de «Les Amis d’Expo 67», qui a guidé des centaines de promenades historiques sur les lieux.

«Quand une plaque n’est pas d’origine, c’est mentionné quelque part dessus: ça dit que c’est une reproduction et ça donne l’année.»

«Or, sur cette plaque, qui rappelle une autre plaque d’origine encore sur le site, c’est vierge de toute mention de ce genre.»

Selon Mme Bélanger, il s’agit, de toute évidence, de la plaque d’origine.

Pourquoi a-t-elle été volée?

«Mon hypothèse est que ça a été dérobé comme tant d’autres objets de l’Expo 67 pour servir à décorer un salon, mais que ça a fini entre les mains de quelqu’un qui ne savait pas ce que c’était», explique l’historien Roger La Roche.

«Les vols de morceaux de l’Expo 67 étaient un problème déjà pendant l’événement.»

Marché d’Expo 67

Lorsque le site devenu celui de Terre des Hommes a été laissé presque à l’abandon à partir des années 1980, c’est devenu une foire d’empoigne.

N’importe qui, muni d’un bon pied de biche, pouvait arracher une plaque.

Un marché de pièces issues de l’Expo 67 existe.

«Quelqu’un a déjà proposé de me vendre le pavillon de la Thaïlande en pièces détachées et j’ai acheté pour ma collection le devant d’un train Expo Express qui a été sauvé de la ferraille», raconte Mme Bélanger.

La plus spectaculaire acquisition de Mme Bélanger: une authentique cuisine d’origine d’Habitat 67 qu’elle a intégralement remontée dans son chalet de Saint-Calixte.

https://www.journaldemontreal.com/2023/10/25/une-precieuse-plaque-dexpo-67-retrouvee-dans-les-poubelles-plus-de-33-ans-apres-sa-disparition

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Lettre d’opinion dans Le Devoir

Du Musée d’art d’expo 67 à la politique des choses


Photo: Jacques Nadeau, Le Devoir
Le destin tragique du Musée d’art d’expo 67 démontre que nous sommes collectivement en proie à un anthropocentrisme délétère, écrivent les autrices.

Eve Seguin et Mathilde Michaud
Les autrices sont respectivement professeure de science politique et candidate à la maîtrise en science politique à l’Université du Québec à Montréal.
13 novembre 2023
Idées

Propriété de Loto-Québec, le Musée d’art d’expo 67, devenu ensuite le Musée d’art contemporain (MAC) jusqu’en 1992, n’a aucune chance de gagner le gros lot. L’entreprise veut en effet s’en débarrasser et ceux qui ont cru que le gouvernement interviendrait pour sauver cet édifice patrimonial n’avaient manifestement pas entendu les propos inquiétants tenus par le ministre de la Culture devant l’incendie du Monastère du Bon Pasteur. Le 31 octobre, le ministre a refusé une demande de classement de l’ancien bâtiment du Musée dans la foulée du décret 1503-2023 du 4 octobre, qui autorise Loto-Québec à le vendre pour une somme dépassant $10M.

Loto-Québec a élaboré 22 critères de développement durable, mais la préservation de la beauté, de la gloire, et de l’Histoire ne semble pas en faire partie. Pourtant, dès le Plan directeur d’expo 67, le Musée avait vocation à être pérenne et a été construit en béton armé dans le style brutaliste. Mais le sort que l’entreprise lui réserve maintenant est sa vente à un promoteur immobilier en vue de sa destruction et de la construction d’une luxueuse tour à condos avec vue sur le fleuve. Le tout sous les applaudissements de la Ville de Montréal, qui insinue que la manoeuvre contribuera à résorber la crise du logement. Le sauvetage in extremis par la Société du parc Jean-Drapeau est donc hautement improbable.

La disparition physique du Musée n’est que le dernier épisode dans une série de crimes commis par l’État québécois, dont l’effet dramatique a été de le soustraire du domaine public. Comme l’a noté Hannah Arendt, le domaine public est notre monde commun. C’est un espace d’apparence où les choses, matérielles ou non, sont vues et entendues de tous, ce qui permet l’exercice de la faculté politique par excellence : le jugement. Pourquoi apparaître est-il important ? Parce que ce qui n’est pas vu et entendu est privé de réalité, comme le savent tous les tyrans. La démolition du Musée était annoncée dès 1992 quand il a été retiré du domaine public après le déménagement du MAC au centre-ville.

En effet, alors qu’il avait été visité, commenté, et admiré par des centaines de milliers de personnes, l’État l’a alors laissé à l’abandon pendant cinq ans. C’est le péché originel. En 1997, l’État a méprisé sa singularité en l’incluant avec d’autres biens dans une même transaction. Son nouveau propriétaire, la filiale Casiloc de Loto-Québec, en a rajouté. Un édifice exceptionnel, ayant abrité des oeuvres exceptionnelles, de l’art précolombien à Matisse, a ainsi fini en vulgaire entrepôt. Non contente d’en bafouer la dignité en lui retirant sa fonction muséale, l’entreprise l’a saccagé pour en faire un authentique « bâtiment de service ». En 2006, une étude patrimoniale a documenté son délabrement avancé et dressé une liste sordide de modifications perpétrées à l’intérieur comme à l’extérieur.

Aujourd’hui, le site est géré par l’agence immobilière Trustcan et tout porte à croire qu’il n’y a plus d’activité depuis des années même si des néons sont encore allumés à l’intérieur. Quand on s’approche, on est accueilli par un panneau « Propriété privée, entrée interdite ». Mais ce qui frappe par-dessus tout, c’est que le Musée est entouré d’une végétation pléthorique dont l’effroyable effet est de l’invisibiliser.

En arrivant de l’autoroute Bonaventure sur l’avenue Pierre-Dupuy, on a du mal à le voir derrière le massif de grands arbres. Il est également séparé du siège de l’Administration Portuaire de Montréal par un écran végétal. A l’avant, une haie informe a été plantée sur l’ancien emplacement des deux plans d’eau qui étaient disposés de part et d’autre de l’entrée. Avec cette haie, c’est toute la spécificité architecturale du Musée qui se trouve dissimulée à la vue : la projection en porte-à-faux des quatre espaces rectangulaires qui composent le 2e étage, une forme qualifiée de « remarquable » par plusieurs. Cachez ce Musée que je ne saurais voir : voilà le motto depuis trente ans. Dès lors, l’idée de tenir une consultation publique sur son avenir paraît presque incongrue…

L’État et ses excroissances ont choisi d’éradiquer un objet majestueux. Ils privent les générations futures d’un témoin durable d’expo 67, événement unique dans l’Histoire. Ils ajoutent à la désorientation d’une société consumériste. Ils nous spolient d’un lieu de rassemblement public, d’une occasion de juger de la beauté ou de la laideur de ce qui nous entoure. Bref, ils amputent le monde commun et nous renvoient à notre petite vie.

Le destin tragique du Musée d’art d’expo 67 démontre que nous sommes collectivement en proie à un anthropocentrisme délétère. Il confirme que la politique du patrimoine n’est que la consécration du droit de destruction de l’artifice humain, et qu’il faudra tôt ou tard la remplacer par une culture et une politique des choses. Il faut espérer qu’un parti cherchant à se renouveler saisira l’importance du monde commun.

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