Ouf ! C’était minuit moins une avant de perdre ce trésor aux ordures.
Une précieuse plaque d’Expo 67 retrouvée dans les poubelles plus de 33 ans après sa disparition
GRACIEUSETÉ VICKY TREMBLAY
LE JOURNAL DE MONTRÉAL | LOUIS-PHILIPPE MESSIER | Mercredi, 25 octobre 2023 19:30
À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
Par un concours de circonstances, la Société du parc Jean-Drapeau a pu récupérer une plaque commémorative d’Expo 67 qui aurait été arrachée puis dérobée de son socle de la Place des Nations possiblement avant 1990.
Deux étudiantes d’une école secondaire d’Hochelaga ont fait la trouvaille sur leur heure de dîner.
La plaque attendait les éboueurs parmi les sacs de vidanges à l’angle des rues De Rouen et Desjardins.
N’importe qui aurait pu s’emparer de cet artefact orphelin.
«On aime les antiquités, alors la plaque a vraiment attiré notre attention», se souvient Léa St-Denis.
«Mon père est fan d’Expo 67 et je lui ai texté une photo. Il serait vite venu la chercher, mais il n’a pas eu le temps» ajoute Vicky Tremblay.
Le manège des jeunes femmes autour de la plaque a attiré l’attention du député d’Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, qui passait justement par là en compagnie de son attaché politique.
«J’ai dit aux filles que nous allions transporter la plaque jusqu’à mon bureau de circonscription avant d’avertir la Société du parc Jean-Drapeau», confie Alexandre Leduc.
Les deux hommes ont bien sûr forcé «solidairement» pour transporter la plaque.
«Ça avait à peu près le poids d’un BIXI», affirme M. Leduc.
Quelqu’un de la Société du parc Jean-Drapeau est ensuite passé pour prendre la plaque.
Le député Alexandre Leduc pose devant la plaque qu’il a ensuite apportée à son bureau de circonscription avant de la restituer à la Société du parc Jean-Drapeau. GRACIEUSETÉ ALEXANDRE LEDUC
Selon les experts
Pour avoir rédigé le cahier spécial 50 ans d’Expo 67 pour Le Journal de Montréal en 2017, je connais un peu le sujet.
Je suis allé trouver deux experts vraiment incontestables, des encyclopédies vivantes de l’événement, pour connaître leur avis.
«On remarque que la plaque comporte une erreur de date qui indique qu’elle a été fabriquée avant qu’on sache que l’Expo allait durer deux jours de plus que prévu pour lui permettre d’atteindre le cap des 50 millions de visiteurs», analyse Julie Bélanger, la présidente de «Les Amis d’Expo 67», qui a guidé des centaines de promenades historiques sur les lieux.
«Quand une plaque n’est pas d’origine, c’est mentionné quelque part dessus: ça dit que c’est une reproduction et ça donne l’année.»
«Or, sur cette plaque, qui rappelle une autre plaque d’origine encore sur le site, c’est vierge de toute mention de ce genre.»
Selon Mme Bélanger, il s’agit, de toute évidence, de la plaque d’origine.
Pourquoi a-t-elle été volée?
«Mon hypothèse est que ça a été dérobé comme tant d’autres objets de l’Expo 67 pour servir à décorer un salon, mais que ça a fini entre les mains de quelqu’un qui ne savait pas ce que c’était», explique l’historien Roger La Roche.
«Les vols de morceaux de l’Expo 67 étaient un problème déjà pendant l’événement.»
Marché d’Expo 67
Lorsque le site devenu celui de Terre des Hommes a été laissé presque à l’abandon à partir des années 1980, c’est devenu une foire d’empoigne.
N’importe qui, muni d’un bon pied de biche, pouvait arracher une plaque.
Un marché de pièces issues de l’Expo 67 existe.
«Quelqu’un a déjà proposé de me vendre le pavillon de la Thaïlande en pièces détachées et j’ai acheté pour ma collection le devant d’un train Expo Express qui a été sauvé de la ferraille», raconte Mme Bélanger.
La plus spectaculaire acquisition de Mme Bélanger: une authentique cuisine d’origine d’Habitat 67 qu’elle a intégralement remontée dans son chalet de Saint-Calixte.
https://www.journaldemontreal.com/2023/10/25/une-precieuse-plaque-dexpo-67-retrouvee-dans-les-poubelles-plus-de-33-ans-apres-sa-disparition