«Ça me prend plus d’une heure»: une réforme des autobus qui passe mal à Montréal
Sept lignes d’autobus de la STM ont été abolies dans le sud-ouest et le sud du centre-ville
Depuis les changements, George Spassov met plus d’une heure pour se rendre au travail, à Dorval. Photo BEN PELOSSE

Anouk Lebel
Samedi, 14 septembre 2024 00:00
Samedi, 14 septembre 2024 07:53
Des résidents du sud-ouest de Montréal se sentent laissés pour compte par la Société de transport de Montréal (STM) qui élimine sept lignes d’autobus dans le cadre d’une réforme qui fait beaucoup de mécontents. Le Journa l a parlé avec trois de ces usagers frustrés.
Presque deux fois plus long qu’avant
Un travailleur montréalais pense se tourner vers sa voiture depuis que son temps de transport a presque doublé pour se rendre au travail.
Publicité
«Ça me prend plus d’une heure. Ils augmentent le prix de la passe mensuelle à 100$, mais le service, lui, diminue», déplore George Spassov, qui habite à Saint-Henri et travaille dans l’industrie automobile, à Dorval.
Il estime qu’avant la réforme, il lui fallait environ 40 minutes pour aller au travail en prenant deux autobus, le métro et sa trottinette électrique.
La ligne 191, qui l’amenait au métro, a été abolie. L’autobus 190, qui prend le relais, est plus loin de chez lui et ne fait pas le même parcours.
«Ça n’a pas de sens de prendre autant de temps pour faire 14 km en transport en commun, aussi bien le faire en voiture», dit-il.
Plus compliqué en fauteuil roulant
Une femme en fauteuil roulant voit doubler son temps de transport sans l’autobus qui la menait de chez elle vers le métro Lionel-Groulx, l’une des seules stations du secteur qui dispose d’ascenseurs.
Christine Kenny, atteinte de la sclérose en plaques et en chaise roulante, n’a tout simplement plus accès à un autobus qui l’amène au métro Lionel-Groulx. Photo BEN PELOSSE
«Déjà, ma vie était dure, la STM rend ça encore plus compliqué. Ils n’ont pas pensé du tout aux personnes à mobilité réduite», fustige Christine Kenny, 52 ans.
Celle qui habite le quartier Pointe-Saint-Charles est atteinte de sclérose en plaques. Elle avait l’habitude de prendre l’autobus pour faire ses courses, aller à ses rendez-vous médicaux ailleurs dans le sud-ouest.
Depuis que le trajet de la ligne 71 a été modifié, elle doit prendre un autre autobus jusqu’au métro Bonaventure pour avoir accès à des ascenseurs, pour ensuite revenir sur la ligne verte, ce qui lui prend le double du temps.
Publicité
Ce sera le cas jusqu’à ce que le métro Atwater soit doté d’ascenseurs, fin décembre.
«On a tenu en compte le fait que la station Atwater serait accessible, mais les travaux vont prendre plus de temps. Ce n’est pas synchronisé avec la refonte», reconnaît Fanja Rajesson, conseillère au développement des réseaux à la STM.
Un lien coupé entre deux quartiers
Une citoyenne de LaSalle a démarré une pétition pour sauver l’autobus 58 Wellington, le seul lien entre son quartier et le sud de Verdun, où on trouve la plupart des garderies du secteur.
Sandrine Galand Photo fournie par CHLOÉ CHARBONNIER
«Les nouvelles lignes n’offrent pas du tout de connexion entre ces deux quartiers», déplore Sandrine Galand.
L’enseignante de littérature avait l’habitude de prendre l’autobus avant de déposer ses jumeaux à la garderie, à Verdun, avant de prendre le métro pour aller au cégep où elle travaille.
«C’est devenu une gymnastique incroyable, qui inclut huit minutes de marche avec des enfants de 4 ans», soupire-t-elle.
Elle fait valoir que de nombreux citoyens avaient besoin de ce lien pour se rendre à la promenade Wellington, une importante artère commerciale, à l’hôpital de Verdun, à l’Institut Douglas, à l’école secondaire Monseigneur-Richard.
À ce jour, plus de 5000 personnes ont signé la pétition en ligne.
De nombreuses plaintes
La STM a déjà reçu 220 plaintes au sujet de la réforme des autobus depuis son entrée en vigueur, le 26 août.
L’objectif était d’améliorer l’accès au centre-ville et aux métros par des autobus plus fréquents et plus directs, explique Fanja Rajesson, conseillère au développement des réseaux.
Il ne s’agit pas d’une diminution de service, mais bien d’une «restructuration», se défend la porte-parole.
Elle assure que les tronçons des sept lignes qui n’existent plus ont été ajoutés à d’autres parcours.
Les 7 lignes abolies
15 Sainte-Catherine
58 Wellington
75 de la Commune
78 Laurendeau
109 Shevchenko
116 Lafleur/Norman
191 Broadway/Provost
https://www.tvanouvelles.ca/2024/09/27/ca-me-prend-plus-dune-heure-une-reforme-des-autobus-qui-passe-mal-a-montreal