Stade olympique et la Tour de Montréal (rénovations)

Metallica au Stade olympique : pourquoi la qualité sonore était-elle inégale?

Foule monstre à l'intérieur du Stade olympique dans un éclairage bleuté.
Metallica a attiré quelque 125 000 personnes vendredi et dimanche soir au Stade olympique de Montréal.
PHOTO : PAGE FACEBOOK D’EVENKO

Radio-Canada
Publié à 15 h 58 HAE

De nombreuses personnes ont déploré sur les réseaux sociaux la piètre qualité du son lors des deux concerts de Metallica au Stade olympique de Montréal, vendredi et dimanche. Ce n’est rien pour arranger la mauvaise réputation de l’endroit en matière d’acoustique. Réjean Laflamme, spécialiste du son et président de Spica Acoustique, nous explique pourquoi il est si complexe d’obtenir une qualité sonore satisfaisante.

Le preneur de son, dont l’entreprise se consacre à la gestion du bruit résiduel, affirme d’emblée que l’édifice n’a pas été imaginé pour accueillir des événements musicaux.

Le stade a été construit en 1973-1974. L’architecte était très bon, mais il n’a tenu compte d’aucun paramètre acoustique; ce n’était pas sa priorité, explique M. Laflamme.

[À l’intérieur], il y a presque 20 secondes de réverbération, c’est-à-dire que si l’on fait une note dans le stade, elle résonne pendant 20 secondes. Dans une chanson où il y a plusieurs notes qui se suivent, ça devient un fouillis total.

Depuis plusieurs années, les stades sont construits en tenant compte des paramètres acoustiques. C’est ça, la différence.

Une citation de Réjean Laflamme, preneur de son et PDG de Spica Acoustique

Le spécialiste, qui a d’ailleurs produit un rapport portant en partie sur l’acoustique du Stade olympique de Montréal en 2010, pointe aussi la fameuse toile qui recouvre le sommet de l’édifice. C’est une toile en Kevlar, le son rebondit là-dessus comme sur une vitre. Il faudrait une toile plus absorbante, avec de meilleurs paramètres acoustiques, explique-t-il.

Une vue aérienne du Stade olympique de Montréal.
Le Stade olympique de Montréal n’a pas été conçu initialement pour accueillir des événements musicaux à grand déploiement.
PHOTO : GETTY IMAGES / PHOTOS.COM

Il y aurait aussi un gros travail de correction d’acoustique à faire dans le bol en béton au niveau de la section 200 […] C’est envisageable, mais c’est plusieurs millions de dollars. Il faut aussi qu’ils changent l’anneau technique, donc je ne pense pas que ce soit leur priorité.

127 000 mélomanes en deux soirs

De son côté, Cédric Essiminy, conseiller en relations publiques pour le Parc olympique, tient à préciser que de nombreux spectateurs et spectatrices n’ont eu que de bons commentaires sur les deux concerts de Metallica ce week-end, qui ont attiré plus de 127 000 personnes.

La qualité sonore comporte un volet, selon moi, qui est un peu plus arbitraire, explique-t-il en réponse aux mauvaises critiques.

La bonne qualité pour l’un peut être de la mauvaise qualité pour un autre. Mais nous, ce qu’on souhaitait offrir, c’est une expérience comparable à ce qui se fait dans les autres stades de la même envergure.

Foule monstre dans un stade entourée de tours affichant des éclairs.
Les huit tours à relais installées dans le Stade olympique afin de diminuer la réverbération
PHOTO : PAGE FACEBOOK D’EVENKO

Il rappelle aussi que Metallica avait sa propre équipe de sonorisation et que l’équipe du Stade olympique avait fait ses devoirs en installant des tours de relais pour diminuer autant que possible l’écho et la réverbération.

Il concède toutefois que le Stade olympique de Montréal a ses propres caractéristiques qui font en sorte que la qualité sonore peut être inégale entre les sections. On remarque à chaque événement qu’il y a des “poches” où le son peut plus se réverbérer. Ça dépend de plusieurs facteurs : le système de son, la configuration de la scène, le type de musique…

Le système de son de Metallica, le summum selon Réjean Laflamme

Face aux limites intrinsèques au Stade olympique, Réjean Laflamme est d’avis que le promoteur evenko et l’équipe de Metallica ont fait tout en leur possible pour s’assurer d’avoir le meilleur son possible.

Le système de son qu’il y avait hier et vendredi, c’est le summum. Il a été conçu pour les stades par la compagnie Meyer, et on peut dire que c’est l’un des trois meilleurs systèmes au monde, mais le stade est difficile à amadouer, résume-t-il.

La scène centrale était la meilleure façon de travailler. Ils ont mis toutes les chances de leur bord et ils ont travaillé fort, je peux vous le dire.

Deux musiciens jouent de la guitare et de la basse sur scène.
Robert Trujillo et James Hetfield de Metallica
PHOTO : PAGE FACEBOOK D’EVENKO

Changer la toile avant tout

Nos intervenants se rejoignent aussi sur un autre point : il faudra changer la toile avant de penser à l’acoustique du stade. C’est sûr qu’avec le changement de toiture, il y a des améliorations qui vont pouvoir être accordées à l’acoustique afin d’augmenter la qualité sonore du lieu, affirme Cédric Essiminy.

Ça demande plusieurs millions en investissements pour corriger l’acoustique, et il faut que ça se fasse après le toit, explique Réjean Laflamme. On ne peut pas faire l’acoustique avec un toit qui doit être changé, parce qu’on ne sait pas comment ça va sonner avec le nouveau toit.

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