Société

Un idéologue est un danger public

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur


Maxime Pedneaud-Jobin
MAXIME PEDNEAUD-JOBINCollaboration spéciale

Publié à 1h49 Mis à jour à 7h00

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L’idéologie […] fournit la théorie qui lui permet de blanchir ses actes à ses propres yeux comme à ceux des autres. Ainsi a-t-on vu les inquisiteurs s’appuyer sur le christianisme, les conquérants sur la grandeur de leur patrie, les colonisateurs sur l’idée de civilisation, les nazis sur la race, les jacobins et les bolcheviques sur l’égalité, la fraternité et le bonheur des générations futures

Soljenitsyne, L’archipel du Goulag

Quand on milite pour une cause, quand on fait de la politique, on défend une certaine vision du monde, une certaine idéologie, et c’est bien. Le problème survient quand cette idéologie devient plus importante que les faits, que la réalité, que la science… car toujours, le réel se venge.

Pour des raisons purement idéologiques, Pierre Poilievre ne mettra pas un sou dans le projet de tramway de Québec. Le chef conservateur devient donc un adversaire des automobilistes de Québec pris dans la circulation, car dans la réalité, ce sont les transports en commun qui permettent de lutter efficacement contre la congestion routière.

Pour des raisons purement idéologiques, Justin Trudeau a refusé pendant des années de parler de « capacité d’accueil » des immigrants. Le chef libéral est donc devenu, dans les faits, responsable des mauvaises conditions dans lesquelles les nouveaux arrivants sont accueillis au Canada1. Dans le réel, pour accueillir quelqu’un chez soi, il faut avoir la « capacité » de le faire.

La déréglementation, donc l’idéologie du laisser-faire, est l’une des causes de la crise financière de 2008, l’une des causes du drame de Lac-Mégantic et la cause de nombreuses catastrophes environnementales. Aujourd’hui, Éric Duhaime prétend sans rire qu’en matière de logement, la déréglementation est une solution2, alors que le libre marché n’a jamais réussi à répondre à la demande des plus démunis, il n’a jamais protégé les locataires et il a généralisé l’étalement urbain et les constructions bas de gamme.

En matière de gestion de l’État, un idéologue est un danger public.

La voie de l’idéologue est aussi la voie de la paresse. Plus besoin de réfléchir. En décembre dernier, Vincent Brousseau-Pouliot a rapporté les résultats d’une fascinante étude de 2003 faite à l’Université Yale. Un professeur a demandé à ses étudiants les plus progressistes de choisir entre deux programmes d’aide pour les familles pauvres. Les étudiants ont évidemment suivi leurs convictions et choisi le programme d’aide le plus généreux. Le professeur a ensuite introduit une nouvelle variable : le Parti démocrate appuyait le programme le moins généreux, et le Parti républicain le programme qui l’était le plus. Les étudiants ont changé d’idée et choisi d’appuyer le programme le moins généreux… parce qu’il était appuyé par le Parti démocrate⁠3. L’idéologue, quand il cesse de réfléchir, peut nuire à sa propre cause.

Pour Raymond Aron, la fermeté de l’idéologue exprime moins le courage que la lâcheté. Facile de faire de la morale plutôt que de la politique (Trudeau). Facile de proposer des solutions simples à des problèmes complexes (Duhaime). Facile de dire aux gens ce qu’ils veulent entendre (Poilievre). Plus difficile de nuancer, d’expliquer, d’avouer ne pas tout savoir. Pour Aron, il y aurait même un certain « héroïsme de l’incertitude4 ».

Le chef-d’œuvre de George Orwell 1984 dépeint un monde où l’idéologie a tout emporté. Dans le discours public, le réel n’existe plus. « La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force. » Dans cet univers, « l’hérésie des hérésies est le sens commun ». Le sens commun, chez nous, serait de reconnaître qu’ajouter des infrastructures routières ne règle pas les problèmes de congestion. Ce serait de reconnaître que l’augmentation brutale de la population a nécessairement un effet sur la crise du logement. Ce serait reconnaître qu’en matière de logement, le libre marché absolu a des effets pervers considérables.

Redisons-le : en matière de gestion de l’État, un idéologue est un danger public.

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Dans une réponse cinglante, un responsable de la Ville de Montréal s’est défendu de gérer des « crises sociales tous les jours ».

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Campements propalestiniens François Bonnardel critique la passivité de la Ville de Montréal

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Campement propalestinien au square Victoria

Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, dénonce l’inaction de la Ville de Montréal devant la multiplication des campements sur son territoire. « Nous commençons à voir les conséquences de cette approche passive », a-t-il déploré, réagissant à un acte de vandalisme commis sur le bâtiment de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Publié à 15h57 Mis à jour à 17h07

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Léa Carrier
Léa Carrier La Presse

Ce qu’il faut savoir

  • Les bureaux de la Caisse de dépôt et placement du Québec ont été la cible d’un acte de vandalisme.
  • Le ministre québécois de la Sécurité publique, François Bonnardel, a dénoncé l’inaction de la Ville de Montréal quant aux campements.
  • Dans une réponse cinglante, la Ville s’est défendue de gérer des « crises sociales tous les jours ».

« On s’attend à ce que tous les leaders politiques dénoncent les débordements et les actions d’occupation du territoire public », a déclaré François Bonnardel sur les réseaux sociaux.

La ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, a appuyé sa sortie. « L’attentisme de [la Ville de Montréal] a assez duré, les campements doivent être démantelés », a-t-elle renchéri, interpellant également l’Université McGill, où un campement propalestinien est installé depuis plus de deux mois.

Dans une réponse cinglante, un responsable de la Ville de Montréal s’est défendu de gérer des « crises sociales tous les jours ».

C’est un acte de vandalisme posé contre les bureaux de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) qui a déclenché la prise de bec. La devanture de l’immeuble avait été aspergée de peinture rouge, déclenchant une enquête du Service de police de la Ville de Montréal.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Une porte-parole du campement propalestinien au square Victoria a affirmé ne pas connaître l’auteur du vandalisme, ajoutant qu’il ne « faut pas s’étonner de voir ce genre de choses ».

Sur les réseaux sociaux, le ministre Bonnardel a fait le lien avec le campement propalestinien situé à proximité.

Fin juin, des manifestants propalestiniens ont planté leurs tentes au square Victoria, exigeant que l’institution retire ses investissements dans des entreprises « complices de l’occupation israélienne ».

Au même moment, un nouveau campement est apparu au parc des Faubourgs, dans le quartier Centre-Sud à Montréal, cette fois pour s’opposer au démantèlement des campements pour itinérants.

« Je suis surpris de ne pas entendre davantage la Ville de Montréal sur l’enjeu des campements. De notre côté, nous avons fait connaître clairement notre position dès le début », a poursuivi M. Bonnardel, qui a plus d’une fois demandé leur démantèlement.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre québécois de la Sécurité publique, François Bonnardel

Piqué au vif, le responsable de l’itinérance au comité exécutif de la Ville de Montréal, Robert Beaudry, a réagi aux critiques sur les réseaux sociaux.

« Si l’on veut parler de passivité, parlons de vos actions en matière de crise des opioïdes, de crise du logement, de crise des vulnérabilités et de crise du financement du transport collectif », a-t-il rétorqué.

Franchement ! La Ville de Montréal gère des crises sociales tous les jours. Moins de tweets et plus de soutien seraient appréciés. Le SPVM fait un travail colossal pour maintenir le caractère sécuritaire de Montréal dans un contexte international difficile.

Robert Beaudry, conseiller municipal, sur X

« Il ne faut pas s’étonner »

Une manifestation réunissant une vingtaine de personnes a convergé vers le square Victoria mercredi. Une porte-parole du campement propalestinien a affirmé ne pas connaître l’auteur du vandalisme, ajoutant qu’il ne « faut pas s’étonner de voir ce genre de choses ».

« Nous comprenons qu’il y ait une forme d’indignation envers cette institution qui a une part de complicité dans le génocide », a expliqué Safa Chebbi.

En conférence de presse, les organisateurs du campement propalestinien ont sollicité une rencontre « d’urgence » avec le président et directeur général de la CDPQ, Charles Émond.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Charles Émond, président et directeur général de la CDPQ

Il n’y a pas eu de dialogue avec l’institution depuis le début de l’occupation, a déploré Safa Chebbi. « On aimerait qu’ils prennent au sérieux le campement », a-t-elle fait valoir.

Les manifestants ont par ailleurs dénoncé l’arrestation du principal porte-parole du campement, Benoit Allard. Celui-ci a été arrêté lundi dernier, alors qu’il marchait à proximité du campement, selon Mme Chebbi.

« On considère que ça a été fait de manière ciblée. C’est une forme de profilage et de répression politique », a-t-elle dénoncé.

Avec Isabelle Ducas, La Presse

La Ville de Montréal procède depuis tôt vendredi matin au démantèlement du campement érigé par des manifestants propalestiniens au square Victoria.
Publié à 6h52 Mis à jour à 9h22

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Le campement propalestinien du square Victoria démantelé

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La Ville de Montréal procède depuis tôt vendredi matin au démantèlement du campement érigé par des manifestants propalestiniens au square Victoria.

Publié à 6h52 Mis à jour à 9h22

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Léa Carrier
Léa Carrier La Presse

Vers 5 h, un employé de l’arrondissement de Ville-Marie s’est présenté aux portes du campement muni d’un mégaphone.

« Il disait qu’on était sur un terrain public et qu’on devait décamper », a raconté une manifestante, pour qui l’opération était une « surprise ». « J’ai couru à l’intérieur, essayé de réveiller les gens ».

Peu après, une dizaine de policiers ont pénétré à l’intérieur du campement, où dormaient une quinzaine de personnes.

« On a monté une petite barricade, mais il n’y avait rien à faire, a relaté un autre manifestant. Ils étaient plus que nous ».

Finalement, le campement a été évacué sans débordement. « Il n’y a pas eu de violence », a-t-il précisé.

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À l’arrivée de La Presse, les manifestants étaient tenus à l’écart derrière un ruban de sécurité. Ils étaient escortés un à un à l’intérieur du campement afin de récupérer leurs effets personnels.

Pendant ce temps, des employés de la ville s’affairaient à démonter les abris et décrocher les pancartes. Des camions à ordures étaient stationnés à proximité afin de faciliter l’opération de nettoyage.

Le Service de police de la Ville de Montréal n’a pas voulu donner davantage de détails sur l’opération alors que celle-ci est toujours en cours. Un bilan plus complet sera communiqué lorsque le démantèlement sera terminé.

La mairesse Valérie Plante devrait tenir un point de presse sur le démantèlement plus tard en avant-midi.

Le campement en question était établi au square Victoria depuis le 22 juin. Des militants du collectif Désinvestir pour la Palestine réclamaient que la Caisse de dépôt et placement du Québec mette fin à ses relations avec des établissements israéliens complices, selon eux, de la guerre en cours entre Israël et le Hamas. Le collectif demandait aussi à Québec de fermer son bureau en Israël.

Un autre campement propalestinien, établi sur le campus de l’Université McGill, demeure en place pour l’instant.

Avec Jean-Philippe Arcand, La Presse

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Campement propalestinien McGill ferme son campus et annonce le démantèlement

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Des agents du Service de police de la Ville de Montréal sont sur les lieux en soutien.

Une importante opération est en cours mercredi matin à l’Université McGill, au centre-ville de Montréal, alors que la direction de l’université a décidé de procéder au démantèlement du campement propalestinien installé sur le campus depuis la fin avril.

Publié à 6h25

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La Presse Canadienne

Dans un communiqué publié mercredi matin, la direction de McGill a annoncé que le campus du centre-ville sera fermé pour la journée afin de procéder au démantèlement.

Les évènements, cours d’été et autres activités prévus pour la journée sont annulés et la communauté universitaire est priée de ne pas se rendre sur les lieux.

La direction estime que le campement installé sur le terrain inférieur du campus représente « une menace de plus en plus importante pour la santé et la sécurité » et soutient que « la situation s’est envenimée au point où des actes criminels ont été commis sur le campus la fin de semaine dernière ».

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Le campement sur le campus de l’Université McGill, samedi dernier.

Elle a donc pris la décision de démanteler le campement « dans une optique de protection de la communauté de l’université et de l’intégrité de (sa) propriété ».

Des agents du Service de police de la Ville de Montréal sont sur les lieux en soutien.

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Fumer du crack, prendre de la cocaïne ou s’injecter du fentanyl, à l’abri de poursuites judiciaires, c’est maintenant possible au Québec. Sauf que le gouvernement Legault n’en a informé à peu près personne, même pas les policiers.

La possession simple de drogue, soit la possession sans intention d’en faire le trafic, est déjudiciarisée de facto depuis l’an dernier. Le cabinet du ministre de la Justice du Québec a confirmé à Radio-Canada l’information d’abord rapportée par Le Devoir, lundi.

Je pense que c’était déjà assez évident, étant donné qu’on voit presque tous les jours des gens fumer du crack et s’injecter dans le métro et à l’extérieur un peu partout. Ce que je trouve insensé, c’est qu’il est mentionné dans l’article que la police d’Ottawa n’arrête plus les trafiquants de drogue. Dans une ville qui est envahie par la consommation publique et les comportements antisociaux (ce qui n’est généralement observé que dans les villes plus grandes), c’est une pratique très intéressante…

La solitude de leur voisin de table les a bouleversés. Sa vulnérabilité aussi.

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Parrainage civique Montréal « Bruno nous ramène à l’essentiel »

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La solitude de leur voisin de table les a bouleversés. Sa vulnérabilité aussi.

Publié à 1h28 Mis à jour à 5h00

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Caroline Touzin
Caroline Touzin Équipe d’enquête, La Presse

David Dumaresq et Vanessa Gohier brunchaient en amoureux au restaurant quand le jeune déficient intellectuel s’est mis à leur parler. « Il était tellement attachant », se souvient la jeune professionnelle qui travaille en architecture.

Le jeune homme est parti en oubliant de payer. Le couple de Laval a offert à la serveuse de régler sa facture. Son élan de générosité aurait pu s’arrêter là.

La scène a marqué le couple au point où il a décidé de « parrainer » un adulte vivant avec une déficience intellectuelle.

« Ça a été l’élément déclencheur, mais on avait déjà cette sensibilité-là, raconte Vanessa. Moi, j’avais une amie trisomique au primaire et David a une cousine qui est autiste. »

Alors dans la mi-vingtaine, le couple avait peu de responsabilités – il résidait encore chez les parents de Vanessa – et beaucoup de temps libre. David et Vanessa sont ainsi devenus parrain et marraine de Bruno, un Montréalais dans la jeune trentaine vivant avec une déficience intellectuelle.

Cinq ans, une maison, deux emplois exigeants et un bébé plus tard, les jeunes professionnels sont toujours dans la vie de Bruno.

Pas question de rompre leur engagement, malgré leur horaire chargé.

CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

David Dumaresq et Vanessa Gohier sont bénévoles chez Parrainage civique Montréal depuis cinq ans maintenant. Ils ont désormais une fillette, Tessa, qui « adore » le filleul de ses parents, Bruno.

« On vit dans un monde qui va tellement vite, raconte la mère de famille. Bruno nous ramène à l’essentiel ; il nous rappelle que le bonheur réside dans des choses simples, des moments partagés. »

« Sa bonne humeur est contagieuse », ajoute David.

Bénévoles recherchés

L’organisme Parrainage civique Montréal, qui existe depuis 1979, a aujourd’hui un « besoin urgent » de nouveaux bénévoles.

Sa mission est de soutenir l’intégration sociale d’adultes vivant avec une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme. Quelque 120 adultes sont ainsi jumelés à des bénévoles dans la métropole.

Or, la demande dépasse l’offre. De beaucoup. Environ une cinquantaine d’autres attendent d’être jumelés. Certains depuis cinq ans.

Il y en aurait plus encore sans « la décision difficile » que l’organisme a prise de fermer la liste d’attente en novembre 2022 ; liste qui vient d’être rouverte. Faute de moyens, l’organisme n’a pas d’employé qui se consacre à temps plein au recrutement de bénévoles.

L’objectif étant de développer une relation d’amitié entre le filleul et le parrain ou la marraine. « On n’est pas dans la logique d’aidant ou de prise en charge, explique sa directrice générale, Christina Charron-St-Pierre. On est dans la relation égalitaire qui bénéficie autant à l’un qu’à l’autre. »

Le défi, c’est « l’engagement à long terme » des bénévoles, explique Mme Charron-St-Pierre. L’organisme exige un engagement d’au moins un an avec le filleul.

« Les gens sont débordés, travaillent beaucoup. Ils se sentent moins interpellés par cela », poursuit-elle.

Cela étant dit, les bénévoles vivent une relation tellement enrichissante qu’ils n’ont plus l’impression d’accomplir des tâches de bénévolat, raconte la directrice générale de l’organisme.

Sans rien enlever à la distribution de paniers de Noël, par exemple, on parle de quelque chose de plus « profond », « d’authentique », illustre-t-elle.

Des bénévoles sont engagés auprès de l’organisme depuis 15, 20 même 30 ans. « Ça fait du bien à l’âme » de côtoyer des gens qui ne sont pas neurotypiques, dit Mme Charron-St-Pierre.

Le profil des filleuls est varié. Certains ont des déficiences légères, d’autres plus lourdes. Ils peuvent être relativement autonomes comme ils peuvent être sous la responsabilité de l’État (tutelle ou curatelle publique). La plupart vivent toutefois dans une certaine pauvreté et un réseau social très limité. Les jumelages sont réalisés soigneusement en fonction des intérêts et des limites de chacun, affirme Mme Charron-St-Pierre.

David et Vanessa témoignent du bonheur d’avoir Bruno comme filleul dans l’espoir d’en inspirer d’autres à s’engager comme eux.

Donner l’exemple

Le trio fait des activités chaque mois. Chacune des activités débute par « un bon café », décrit Bruno qui s’empresse de nous dire avec fierté que, lui aussi, il « travaille ». Le trentenaire est aide-concierge dans un immeuble du quartier Rosemont.

Ensemble, ils ont joué aux quilles – « c’est moi le meilleur », interrompt Bruno –, assisté à un match du Rocket de Laval et fait du camping, entre autres.

Très spontané, Bruno nous annonce que s’il remporte le gros lot à la loterie, il amènera la famille de son parrain et de sa marraine, en plus de la sienne évidemment, « au Mexique ».

Bruno vit chez ses parents avec son frère Victor, aussi déficient intellectuel. Maria et Manuel Fernandez sont reconnaissants de l’arrivée de Vanessa et de David dans la vie de leur fils. Cela leur donne des petits moments de répit bien mérités.

Vanessa et David sont extraordinaires. Ils font maintenant partie de la famille.

Maria Fernandez, mère de Bruno

La preuve : le couple est désormais invité dans les célébrations familiales chez les Fernandez. Tout comme le couple qui parraine Victor par l’intermédiaire du même organisme. Au passage du photographe de La Presse fin juin, les trois familles célébraient la Saint-Jean ensemble autour de sardines portugaises — la spécialité culinaire de Maria.

« Pour nous, c’est important que notre fille, Tessa, soit exposée à la différence et qu’elle développe une certaine sensibilité », ajoute Vanessa. Au-delà de la différence, la petite de 2 ans est toujours heureuse de voir Bruno, qui ne se fait pas prier pour jouer avec elle.

« Ce serait notre rêve qu’elle devienne marraine à son tour un jour », lance la jeune mère de famille. La voie est tracée.