Société

Un idéologue est un danger public

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur


Maxime Pedneaud-Jobin
MAXIME PEDNEAUD-JOBINCollaboration spéciale

Publié à 1h49 Mis à jour à 7h00

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L’idéologie […] fournit la théorie qui lui permet de blanchir ses actes à ses propres yeux comme à ceux des autres. Ainsi a-t-on vu les inquisiteurs s’appuyer sur le christianisme, les conquérants sur la grandeur de leur patrie, les colonisateurs sur l’idée de civilisation, les nazis sur la race, les jacobins et les bolcheviques sur l’égalité, la fraternité et le bonheur des générations futures

Soljenitsyne, L’archipel du Goulag

Quand on milite pour une cause, quand on fait de la politique, on défend une certaine vision du monde, une certaine idéologie, et c’est bien. Le problème survient quand cette idéologie devient plus importante que les faits, que la réalité, que la science… car toujours, le réel se venge.

Pour des raisons purement idéologiques, Pierre Poilievre ne mettra pas un sou dans le projet de tramway de Québec. Le chef conservateur devient donc un adversaire des automobilistes de Québec pris dans la circulation, car dans la réalité, ce sont les transports en commun qui permettent de lutter efficacement contre la congestion routière.

Pour des raisons purement idéologiques, Justin Trudeau a refusé pendant des années de parler de « capacité d’accueil » des immigrants. Le chef libéral est donc devenu, dans les faits, responsable des mauvaises conditions dans lesquelles les nouveaux arrivants sont accueillis au Canada1. Dans le réel, pour accueillir quelqu’un chez soi, il faut avoir la « capacité » de le faire.

La déréglementation, donc l’idéologie du laisser-faire, est l’une des causes de la crise financière de 2008, l’une des causes du drame de Lac-Mégantic et la cause de nombreuses catastrophes environnementales. Aujourd’hui, Éric Duhaime prétend sans rire qu’en matière de logement, la déréglementation est une solution2, alors que le libre marché n’a jamais réussi à répondre à la demande des plus démunis, il n’a jamais protégé les locataires et il a généralisé l’étalement urbain et les constructions bas de gamme.

En matière de gestion de l’État, un idéologue est un danger public.

La voie de l’idéologue est aussi la voie de la paresse. Plus besoin de réfléchir. En décembre dernier, Vincent Brousseau-Pouliot a rapporté les résultats d’une fascinante étude de 2003 faite à l’Université Yale. Un professeur a demandé à ses étudiants les plus progressistes de choisir entre deux programmes d’aide pour les familles pauvres. Les étudiants ont évidemment suivi leurs convictions et choisi le programme d’aide le plus généreux. Le professeur a ensuite introduit une nouvelle variable : le Parti démocrate appuyait le programme le moins généreux, et le Parti républicain le programme qui l’était le plus. Les étudiants ont changé d’idée et choisi d’appuyer le programme le moins généreux… parce qu’il était appuyé par le Parti démocrate⁠3. L’idéologue, quand il cesse de réfléchir, peut nuire à sa propre cause.

Pour Raymond Aron, la fermeté de l’idéologue exprime moins le courage que la lâcheté. Facile de faire de la morale plutôt que de la politique (Trudeau). Facile de proposer des solutions simples à des problèmes complexes (Duhaime). Facile de dire aux gens ce qu’ils veulent entendre (Poilievre). Plus difficile de nuancer, d’expliquer, d’avouer ne pas tout savoir. Pour Aron, il y aurait même un certain « héroïsme de l’incertitude4 ».

Le chef-d’œuvre de George Orwell 1984 dépeint un monde où l’idéologie a tout emporté. Dans le discours public, le réel n’existe plus. « La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force. » Dans cet univers, « l’hérésie des hérésies est le sens commun ». Le sens commun, chez nous, serait de reconnaître qu’ajouter des infrastructures routières ne règle pas les problèmes de congestion. Ce serait de reconnaître que l’augmentation brutale de la population a nécessairement un effet sur la crise du logement. Ce serait reconnaître qu’en matière de logement, le libre marché absolu a des effets pervers considérables.

Redisons-le : en matière de gestion de l’État, un idéologue est un danger public.

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Dans une réponse cinglante, un responsable de la Ville de Montréal s’est défendu de gérer des « crises sociales tous les jours ».

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Campements propalestiniens François Bonnardel critique la passivité de la Ville de Montréal

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Campement propalestinien au square Victoria

Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, dénonce l’inaction de la Ville de Montréal devant la multiplication des campements sur son territoire. « Nous commençons à voir les conséquences de cette approche passive », a-t-il déploré, réagissant à un acte de vandalisme commis sur le bâtiment de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Publié à 15h57 Mis à jour à 17h07

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Léa Carrier
Léa Carrier La Presse

Ce qu’il faut savoir

  • Les bureaux de la Caisse de dépôt et placement du Québec ont été la cible d’un acte de vandalisme.
  • Le ministre québécois de la Sécurité publique, François Bonnardel, a dénoncé l’inaction de la Ville de Montréal quant aux campements.
  • Dans une réponse cinglante, la Ville s’est défendue de gérer des « crises sociales tous les jours ».

« On s’attend à ce que tous les leaders politiques dénoncent les débordements et les actions d’occupation du territoire public », a déclaré François Bonnardel sur les réseaux sociaux.

La ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, a appuyé sa sortie. « L’attentisme de [la Ville de Montréal] a assez duré, les campements doivent être démantelés », a-t-elle renchéri, interpellant également l’Université McGill, où un campement propalestinien est installé depuis plus de deux mois.

Dans une réponse cinglante, un responsable de la Ville de Montréal s’est défendu de gérer des « crises sociales tous les jours ».

C’est un acte de vandalisme posé contre les bureaux de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) qui a déclenché la prise de bec. La devanture de l’immeuble avait été aspergée de peinture rouge, déclenchant une enquête du Service de police de la Ville de Montréal.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Une porte-parole du campement propalestinien au square Victoria a affirmé ne pas connaître l’auteur du vandalisme, ajoutant qu’il ne « faut pas s’étonner de voir ce genre de choses ».

Sur les réseaux sociaux, le ministre Bonnardel a fait le lien avec le campement propalestinien situé à proximité.

Fin juin, des manifestants propalestiniens ont planté leurs tentes au square Victoria, exigeant que l’institution retire ses investissements dans des entreprises « complices de l’occupation israélienne ».

Au même moment, un nouveau campement est apparu au parc des Faubourgs, dans le quartier Centre-Sud à Montréal, cette fois pour s’opposer au démantèlement des campements pour itinérants.

« Je suis surpris de ne pas entendre davantage la Ville de Montréal sur l’enjeu des campements. De notre côté, nous avons fait connaître clairement notre position dès le début », a poursuivi M. Bonnardel, qui a plus d’une fois demandé leur démantèlement.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre québécois de la Sécurité publique, François Bonnardel

Piqué au vif, le responsable de l’itinérance au comité exécutif de la Ville de Montréal, Robert Beaudry, a réagi aux critiques sur les réseaux sociaux.

« Si l’on veut parler de passivité, parlons de vos actions en matière de crise des opioïdes, de crise du logement, de crise des vulnérabilités et de crise du financement du transport collectif », a-t-il rétorqué.

Franchement ! La Ville de Montréal gère des crises sociales tous les jours. Moins de tweets et plus de soutien seraient appréciés. Le SPVM fait un travail colossal pour maintenir le caractère sécuritaire de Montréal dans un contexte international difficile.

Robert Beaudry, conseiller municipal, sur X

« Il ne faut pas s’étonner »

Une manifestation réunissant une vingtaine de personnes a convergé vers le square Victoria mercredi. Une porte-parole du campement propalestinien a affirmé ne pas connaître l’auteur du vandalisme, ajoutant qu’il ne « faut pas s’étonner de voir ce genre de choses ».

« Nous comprenons qu’il y ait une forme d’indignation envers cette institution qui a une part de complicité dans le génocide », a expliqué Safa Chebbi.

En conférence de presse, les organisateurs du campement propalestinien ont sollicité une rencontre « d’urgence » avec le président et directeur général de la CDPQ, Charles Émond.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Charles Émond, président et directeur général de la CDPQ

Il n’y a pas eu de dialogue avec l’institution depuis le début de l’occupation, a déploré Safa Chebbi. « On aimerait qu’ils prennent au sérieux le campement », a-t-elle fait valoir.

Les manifestants ont par ailleurs dénoncé l’arrestation du principal porte-parole du campement, Benoit Allard. Celui-ci a été arrêté lundi dernier, alors qu’il marchait à proximité du campement, selon Mme Chebbi.

« On considère que ça a été fait de manière ciblée. C’est une forme de profilage et de répression politique », a-t-elle dénoncé.

Avec Isabelle Ducas, La Presse

La Ville de Montréal procède depuis tôt vendredi matin au démantèlement du campement érigé par des manifestants propalestiniens au square Victoria.
Publié à 6h52 Mis à jour à 9h22

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Le campement propalestinien du square Victoria démantelé

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La Ville de Montréal procède depuis tôt vendredi matin au démantèlement du campement érigé par des manifestants propalestiniens au square Victoria.

Publié à 6h52 Mis à jour à 9h22

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Léa Carrier
Léa Carrier La Presse

Vers 5 h, un employé de l’arrondissement de Ville-Marie s’est présenté aux portes du campement muni d’un mégaphone.

« Il disait qu’on était sur un terrain public et qu’on devait décamper », a raconté une manifestante, pour qui l’opération était une « surprise ». « J’ai couru à l’intérieur, essayé de réveiller les gens ».

Peu après, une dizaine de policiers ont pénétré à l’intérieur du campement, où dormaient une quinzaine de personnes.

« On a monté une petite barricade, mais il n’y avait rien à faire, a relaté un autre manifestant. Ils étaient plus que nous ».

Finalement, le campement a été évacué sans débordement. « Il n’y a pas eu de violence », a-t-il précisé.

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À l’arrivée de La Presse, les manifestants étaient tenus à l’écart derrière un ruban de sécurité. Ils étaient escortés un à un à l’intérieur du campement afin de récupérer leurs effets personnels.

Pendant ce temps, des employés de la ville s’affairaient à démonter les abris et décrocher les pancartes. Des camions à ordures étaient stationnés à proximité afin de faciliter l’opération de nettoyage.

Le Service de police de la Ville de Montréal n’a pas voulu donner davantage de détails sur l’opération alors que celle-ci est toujours en cours. Un bilan plus complet sera communiqué lorsque le démantèlement sera terminé.

La mairesse Valérie Plante devrait tenir un point de presse sur le démantèlement plus tard en avant-midi.

Le campement en question était établi au square Victoria depuis le 22 juin. Des militants du collectif Désinvestir pour la Palestine réclamaient que la Caisse de dépôt et placement du Québec mette fin à ses relations avec des établissements israéliens complices, selon eux, de la guerre en cours entre Israël et le Hamas. Le collectif demandait aussi à Québec de fermer son bureau en Israël.

Un autre campement propalestinien, établi sur le campus de l’Université McGill, demeure en place pour l’instant.

Avec Jean-Philippe Arcand, La Presse

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Campement propalestinien McGill ferme son campus et annonce le démantèlement

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Des agents du Service de police de la Ville de Montréal sont sur les lieux en soutien.

Une importante opération est en cours mercredi matin à l’Université McGill, au centre-ville de Montréal, alors que la direction de l’université a décidé de procéder au démantèlement du campement propalestinien installé sur le campus depuis la fin avril.

Publié à 6h25

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La Presse Canadienne

Dans un communiqué publié mercredi matin, la direction de McGill a annoncé que le campus du centre-ville sera fermé pour la journée afin de procéder au démantèlement.

Les évènements, cours d’été et autres activités prévus pour la journée sont annulés et la communauté universitaire est priée de ne pas se rendre sur les lieux.

La direction estime que le campement installé sur le terrain inférieur du campus représente « une menace de plus en plus importante pour la santé et la sécurité » et soutient que « la situation s’est envenimée au point où des actes criminels ont été commis sur le campus la fin de semaine dernière ».

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Le campement sur le campus de l’Université McGill, samedi dernier.

Elle a donc pris la décision de démanteler le campement « dans une optique de protection de la communauté de l’université et de l’intégrité de (sa) propriété ».

Des agents du Service de police de la Ville de Montréal sont sur les lieux en soutien.

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Fumer du crack, prendre de la cocaïne ou s’injecter du fentanyl, à l’abri de poursuites judiciaires, c’est maintenant possible au Québec. Sauf que le gouvernement Legault n’en a informé à peu près personne, même pas les policiers.

La possession simple de drogue, soit la possession sans intention d’en faire le trafic, est déjudiciarisée de facto depuis l’an dernier. Le cabinet du ministre de la Justice du Québec a confirmé à Radio-Canada l’information d’abord rapportée par Le Devoir, lundi.

Je pense que c’était déjà assez évident, étant donné qu’on voit presque tous les jours des gens fumer du crack et s’injecter dans le métro et à l’extérieur un peu partout. Ce que je trouve insensé, c’est qu’il est mentionné dans l’article que la police d’Ottawa n’arrête plus les trafiquants de drogue. Dans une ville qui est envahie par la consommation publique et les comportements antisociaux (ce qui n’est généralement observé que dans les villes plus grandes), c’est une pratique très intéressante…

La solitude de leur voisin de table les a bouleversés. Sa vulnérabilité aussi.

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Parrainage civique Montréal « Bruno nous ramène à l’essentiel »

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La solitude de leur voisin de table les a bouleversés. Sa vulnérabilité aussi.

Publié à 1h28 Mis à jour à 5h00

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Caroline Touzin
Caroline Touzin Équipe d’enquête, La Presse

David Dumaresq et Vanessa Gohier brunchaient en amoureux au restaurant quand le jeune déficient intellectuel s’est mis à leur parler. « Il était tellement attachant », se souvient la jeune professionnelle qui travaille en architecture.

Le jeune homme est parti en oubliant de payer. Le couple de Laval a offert à la serveuse de régler sa facture. Son élan de générosité aurait pu s’arrêter là.

La scène a marqué le couple au point où il a décidé de « parrainer » un adulte vivant avec une déficience intellectuelle.

« Ça a été l’élément déclencheur, mais on avait déjà cette sensibilité-là, raconte Vanessa. Moi, j’avais une amie trisomique au primaire et David a une cousine qui est autiste. »

Alors dans la mi-vingtaine, le couple avait peu de responsabilités – il résidait encore chez les parents de Vanessa – et beaucoup de temps libre. David et Vanessa sont ainsi devenus parrain et marraine de Bruno, un Montréalais dans la jeune trentaine vivant avec une déficience intellectuelle.

Cinq ans, une maison, deux emplois exigeants et un bébé plus tard, les jeunes professionnels sont toujours dans la vie de Bruno.

Pas question de rompre leur engagement, malgré leur horaire chargé.

CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

David Dumaresq et Vanessa Gohier sont bénévoles chez Parrainage civique Montréal depuis cinq ans maintenant. Ils ont désormais une fillette, Tessa, qui « adore » le filleul de ses parents, Bruno.

« On vit dans un monde qui va tellement vite, raconte la mère de famille. Bruno nous ramène à l’essentiel ; il nous rappelle que le bonheur réside dans des choses simples, des moments partagés. »

« Sa bonne humeur est contagieuse », ajoute David.

Bénévoles recherchés

L’organisme Parrainage civique Montréal, qui existe depuis 1979, a aujourd’hui un « besoin urgent » de nouveaux bénévoles.

Sa mission est de soutenir l’intégration sociale d’adultes vivant avec une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme. Quelque 120 adultes sont ainsi jumelés à des bénévoles dans la métropole.

Or, la demande dépasse l’offre. De beaucoup. Environ une cinquantaine d’autres attendent d’être jumelés. Certains depuis cinq ans.

Il y en aurait plus encore sans « la décision difficile » que l’organisme a prise de fermer la liste d’attente en novembre 2022 ; liste qui vient d’être rouverte. Faute de moyens, l’organisme n’a pas d’employé qui se consacre à temps plein au recrutement de bénévoles.

L’objectif étant de développer une relation d’amitié entre le filleul et le parrain ou la marraine. « On n’est pas dans la logique d’aidant ou de prise en charge, explique sa directrice générale, Christina Charron-St-Pierre. On est dans la relation égalitaire qui bénéficie autant à l’un qu’à l’autre. »

Le défi, c’est « l’engagement à long terme » des bénévoles, explique Mme Charron-St-Pierre. L’organisme exige un engagement d’au moins un an avec le filleul.

« Les gens sont débordés, travaillent beaucoup. Ils se sentent moins interpellés par cela », poursuit-elle.

Cela étant dit, les bénévoles vivent une relation tellement enrichissante qu’ils n’ont plus l’impression d’accomplir des tâches de bénévolat, raconte la directrice générale de l’organisme.

Sans rien enlever à la distribution de paniers de Noël, par exemple, on parle de quelque chose de plus « profond », « d’authentique », illustre-t-elle.

Des bénévoles sont engagés auprès de l’organisme depuis 15, 20 même 30 ans. « Ça fait du bien à l’âme » de côtoyer des gens qui ne sont pas neurotypiques, dit Mme Charron-St-Pierre.

Le profil des filleuls est varié. Certains ont des déficiences légères, d’autres plus lourdes. Ils peuvent être relativement autonomes comme ils peuvent être sous la responsabilité de l’État (tutelle ou curatelle publique). La plupart vivent toutefois dans une certaine pauvreté et un réseau social très limité. Les jumelages sont réalisés soigneusement en fonction des intérêts et des limites de chacun, affirme Mme Charron-St-Pierre.

David et Vanessa témoignent du bonheur d’avoir Bruno comme filleul dans l’espoir d’en inspirer d’autres à s’engager comme eux.

Donner l’exemple

Le trio fait des activités chaque mois. Chacune des activités débute par « un bon café », décrit Bruno qui s’empresse de nous dire avec fierté que, lui aussi, il « travaille ». Le trentenaire est aide-concierge dans un immeuble du quartier Rosemont.

Ensemble, ils ont joué aux quilles – « c’est moi le meilleur », interrompt Bruno –, assisté à un match du Rocket de Laval et fait du camping, entre autres.

Très spontané, Bruno nous annonce que s’il remporte le gros lot à la loterie, il amènera la famille de son parrain et de sa marraine, en plus de la sienne évidemment, « au Mexique ».

Bruno vit chez ses parents avec son frère Victor, aussi déficient intellectuel. Maria et Manuel Fernandez sont reconnaissants de l’arrivée de Vanessa et de David dans la vie de leur fils. Cela leur donne des petits moments de répit bien mérités.

Vanessa et David sont extraordinaires. Ils font maintenant partie de la famille.

Maria Fernandez, mère de Bruno

La preuve : le couple est désormais invité dans les célébrations familiales chez les Fernandez. Tout comme le couple qui parraine Victor par l’intermédiaire du même organisme. Au passage du photographe de La Presse fin juin, les trois familles célébraient la Saint-Jean ensemble autour de sardines portugaises — la spécialité culinaire de Maria.

« Pour nous, c’est important que notre fille, Tessa, soit exposée à la différence et qu’elle développe une certaine sensibilité », ajoute Vanessa. Au-delà de la différence, la petite de 2 ans est toujours heureuse de voir Bruno, qui ne se fait pas prier pour jouer avec elle.

« Ce serait notre rêve qu’elle devienne marraine à son tour un jour », lance la jeune mère de famille. La voie est tracée.

« On constate de plus en plus que les enfants et même les adultes n’ont pas une attitude normale devant leur écran. C’est omniprésent. Pour moi, c’est grave ce qui se passe, et il faut agir », lance le maire de Seine-Port, Vincent Paul-Petit, en entrevue dans ses bureaux de l’hôtel de ville.

Un débat aussi québécois

Au Québec, pendant ce temps, le gouvernement Legault songe à interdire les téléphones cellulaires dans les écoles lors du renouvellement de sa « stratégie écran ». Le téléphone est déjà interdit en classe depuis janvier dernier, mais pas plus largement.

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La Presse en France Le village qui a interdit le téléphone intelligent en public

PHOTO HENRI OUELLETTE-VÉZINA, LA PRESSE

Depuis quelques mois, des autocollants où on peut lire « commune sans smartphone » ont fait leur apparition un peu partout à Seine-Port, village au sud de Paris « où il fait bon vivre », comme le dit sa devise.

(Seine-Port) Parce que le téléphone intelligent est devenu « omniprésent » dans nos vies, un village au sud de Paris vient d’interdire son utilisation dans les lieux publics. La décision, contestée par certains, applaudie par d’autres, a néanmoins été appuyée par plus d’un habitant sur deux. Et elle fait jaser partout en Europe, où la dépendance aux écrans est, comme au Québec, un problème plus criant que jamais.

Publié à 1h24 Mis à jour à 5h00

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Henri Ouellette-Vézina
Henri Ouellette-Vézina La Presse

« On constate de plus en plus que les enfants et même les adultes n’ont pas une attitude normale devant leur écran. C’est omniprésent. Pour moi, c’est grave ce qui se passe, et il faut agir », lance le maire de Seine-Port, Vincent Paul-Petit, en entrevue dans ses bureaux de l’hôtel de ville.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Depuis quelques mois, des autocollants où on peut lire « commune sans smartphone » ont fait leur apparition un peu partout dans ce village cossu et très charmant « où il fait bon vivre », comme le dit sa devise, comptant quelque 2000 habitants.

Cela découle d’un référendum tenu le 3 février dernier sur l’« interdiction » du téléphone intelligent dans les espaces publics comme les parcs, les écoles, les rues ou les commerces, voire les rassemblements publics.

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Environ 54 % des habitants ont voté en faveur de la mesure, qui s’accompagnait de « recommandations » sur un sain usage des écrans à la maison, mais ne prévoit toutefois aucune sanction.

La loi ne nous permet pas de le faire, et de toute façon, ce qu’on veut surtout, c’est marquer les esprits, faire réfléchir les gens. Et on le voit que ça a un impact.

Vincent Paul-Petit, maire de Seine-Port

Pour la prochaine rentrée scolaire, il proposera à tous les parents qui le désirent de se procurer gratuitement un téléphone sans internet, ne permettant donc que d’envoyer des messages textes, d’appeler ou de prendre des photos.

« On va en donner à tous les ménages qui s’engagent, en contrepartie, à ne pas acheter de téléphones intelligents à leurs jeunes. Et ce qu’on espère, c’est que ça suscite un entrain, que les jeunes aient ça en quantité et arrivent à communiquer entre eux autrement », souffle M. Paul-Petit.

PHOTO HENRI OUELLETTE-VÉZINA, LA PRESSE

Le maire de Seine-Port, Vincent Paul-Petit

À deux reprises dans les derniers mois, la Dre Anne-Lise Ducanda, médecin et fondatrice du Collectif surexposition écrans (CoSE), est venue donner des conférences à Seine-Port sur l’effet néfaste des écrans chez les jeunes. Elle s’inquiète depuis des années des effets nocifs de la surexposition aux téléphones sur le développement cognitif des jeunes.

Un message à faire passer

Dans le village, la plupart des habitants que nous avons rencontrés saluent le « rôle d’alerteur » que joue ainsi le maire sur la question de la dépendance aux écrans, mais certains s’inquiètent de la manière très stricte dont cette « interdiction » a été présentée.

« La démarche en elle-même est très louable. Après, ça reste une liberté individuelle, donc chacun est libre de faire ce dont il a envie, mais c’est plutôt positif. Je vois moins les gens sortir leur téléphone sur les terrasses, ou aux abords des écoles. On sent que le message est passé », affirme Murielle Jourdes, qui habite Seine-Port depuis déjà plusieurs années.

PHOTO HENRI OUELLETTE-VÉZINA, LA PRESSE

Murielle Jourdes, habitante de Seine-Port

Mme Jourdes raconte notamment qu’il y a quelques jours, devant une école, « une jeune fille qui était sur son téléphone l’a rangé quand elle a vu le gendarme arriver ».

« Ça démontre que même s’il n’y a pas de sanction réelle, les jeunes et les moins jeunes ont un certain respect de la décision. Ça fait son chemin dans leur tête aussi et c’est tant mieux », note Mme Jourdes.

Devant un restaurant dans lequel elle s’apprête à entrer pour dîner, Édith Duport partage somme toute le même avis. « Ça génère beaucoup de discussions. Et c’est tant mieux, parce que c’est vrai que ça envahit complètement la vie des jeunes. Ils en deviennent dépendants et on doit se poser des questions », note-t-elle.

« Le problème, c’est qu’on ne se rend pas compte à quel point ça devient addictif. Il faut vraiment être prudents », affirme quant à lui Pascal, un père de famille natif de la région. « Ça a été mal présenté au départ, avec une notion d’interdiction qui ne m’a pas plu personnellement, mais sur le fond, on est entièrement d’accord sur l’effet de sensibilisation que ça provoque », ajoute sa conjointe, Nadège, tout sourire.

En France, les jeunes âgés de moins de 15 ans ne peuvent avoir de téléphone cellulaire à l’école. En visite au Québec en avril, le premier ministre Gabriel Attal avait dit craindre une « catastrophe sanitaire et éducative » chez les jeunes.

PHOTO HENRI OUELLETTE-VÉZINA, LA PRESSE

Une rue de Seine-Port

Un débat aussi québécois

Au Québec, pendant ce temps, le gouvernement Legault songe à interdire les téléphones cellulaires dans les écoles lors du renouvellement de sa « stratégie écran ». Le téléphone est déjà interdit en classe depuis janvier dernier, mais pas plus largement.

« C’est un sujet qui est très important, on le reconnaît. On n’a pas attendu pour agir, on a interdit les cellulaires dans les classes. Est-ce qu’il faut aller plus loin ? On y réfléchit, on vous reviendra là-dessus », a dit le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville.

Le maire Vincent Paul-Petit l’avoue : « c’est une mesure qui, en soi, n’est pas populaire et n’est pas applicable de la même manière partout », surtout dans de grandes villes où les bassins de population sont beaucoup plus importants.

« En France, par exemple, on sait qu’on aura besoin d’un coup de main de l’État, avec une réglementation beaucoup plus forte, si on veut aller plus loin. Mais je pense que ce qu’on peut faire à notre niveau, on doit le faire pour amener les gens à se questionner davantage », avance le maire à ce sujet.

Son administration présentera d’ailleurs bientôt un film alertant sur les effets nocifs des écrans dans les écoles, en vertu d’une collaboration avec le département de Seine-et-Marne, qui compte plus de 1,4 million d’habitants. « On veut faire réaliser à tout le monde que l’écran, l’économie de l’attention qui va avec, bref le téléphone mobile, c’est complètement destructeur de lien social, d’humanité », conclut l’élu.

À déplacer si ce n’est pas le bon fil.

https://x.com/ksituan/status/1831360054433661385/

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J’ai voulu republier cet article dans ce fil à cause des informations très pertinentes sur les revenus des familles au Québec et au Canada. Des statistiques reliées opportunément au projet RoyalMount (mais pas seulement ) que je ne voulais pas noyer dans le millier d’autres messages concernant l’évolution de ce projet.

Résumé

Qui va magasiner au Royalmount ? | Une famille sur quatre gagne plus de 150 000 $ par année à Montréal | La Presse

:orange_heart:

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2 octobre 2024

L’Institut de la statistique du Québec désire informer les représentants des médias qu’il diffusera sur son site Web le lundi 7 octobre à 9 h les projections de l’évolution future de la population québécoise pour les 50 prochaines années. Ces projections couvriront la période allant de 2021 à 2071 pour le Québec et de 2021 à 2051 pour les 17 régions administratives et les 7 régions métropolitaines de recensement.

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L’annuaire téléphonique tire sa révérence

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Annuaires des Pages Jaunes dans un bac de recyclage

Vous avez déjà recherché le numéro d’un ami (ou le vôtre) dans un bottin téléphonique ? Désolé, vous êtes officiellement vieux. C’est qu’après plus de 130 ans, les compagnies de téléphone ne seront plus tenues de fournir sur demande les annuaires imprimés répertoriant les numéros de téléphone des particuliers.

Publié à 1h37 Mis à jour à 6h00

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Nicolas Bérubé
Nicolas Bérubé La Presse

Plus dans l’obligation

Dans une décision annoncée le 25 septembre, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a accédé à la demande de sociétés de téléphonie de ne plus être dans l’obligation de fournir un annuaire imprimé répertoriant le numéro des clients. Depuis 2010, les annuaires téléphoniques des clients résidentiels étaient offerts sur demande seulement. Jusqu’ici, la réglementation les obligeait à en fournir un aux clients qui en faisaient la demande.

« Protections de gardien de but »

Dans une opinion minoritaire, le conseiller Bram Abramson, du CRTC, a défendu l’annuaire téléphonique. « Ils ont servi à toutes sortes de choses, des protections de gardien de but improvisées aux chaises hautes portables. » Des entreprises exclues de l’annuaire se sont déclarées « presque détruites » par le passé, note-t-il, ajoutant que des « populations vulnérables ou défavorisées » dans des « collectivités rurales et éloignées » pourraient avoir encore besoin d’un annuaire imprimé. M. Abramson appelle les entreprises à continuer de fournir ces annuaires au besoin, « même si elles ne sont plus dans l’obligation de le faire ».

Téléphonie filaire

Il faut dire que l’annuaire téléphonique, qu’il soit imprimé ou en ligne, a été de moins en moins utilisé à mesure que les communications ont migré vers les téléphones portables et les services en ligne. « Les abonnements à la téléphonie filaire, avec leurs listes par défaut [dans l’annuaire], ont reculé. L’adoption des numéros de téléphone sans fil, non répertoriés dès le départ, a progressé », note le CRTC pour expliquer son choix.

Les Pages Jaunes toujours actives

Les Pages Jaunes, dont la mission est d’aider les entreprises locales à entrer en contact avec leurs clients, continueront toutefois de publier et de diffuser « de façon ciblée » des annuaires en papier répertoriant les façons de contacter différentes entreprises. « La décision du CRTC ne change aucunement notre mission, signale par courriel l’équipe des communications de l’entreprise. En utilisant notre propre méthode de ciblage, Pages Jaunes continue de distribuer les annuaires Pages Jaunes à travers le Canada, y compris au Québec, pour compléter notre large éventail de services [offerts sur le web]. Nous anticipons que tous ces services continueront d’être disponibles pendant de nombreuses années. »

1880

C’est l’année de la publication du premier annuaire téléphonique au Canada. Publiées par la Bell Telephone Company du Canada, à Toronto, les premières éditions des annuaires téléphoniques contenaient une liste restreinte de noms d’abonnés et d’entreprises. En 2002, Bell a vendu ses activités d’annuaires au Groupe Pages Jaunes.

Le changement d’heure qui aura lieu dans la nuit du 2 au 3 novembre prochain sera-t-il le dernier au Québec? Radio-Canada a appris que le gouvernement Legault analyse la possibilité d’abolir cette pratique. Le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, en fera l’annonce mardi.

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