Secteur Bridge-Wellington (Devimco) - Jusqu'à 30 étages

Ce n’est pas la 1re fois que Serge Goulet sort dans les médias en espérant mettre de la pression sur les élus… :roll_eyes:

Devimco inquiète quant à l’avenir du Bassin Wellington

MARTIN JOLICOEUR

Samedi, 22 janvier 2022 00:00
MISE À JOUR Samedi, 22 janvier 2022 00:00

L’abandon surprise du projet de villes-sœurs par le baseball majeur cette semaine ne met nullement un terme aux ambitions de développement du Groupe Devimco dans le secteur du Bassin Wellington, où l’on projetait la construction d’un stade.

Ce qui n’empêche pas son président, en entrevue avec Le Journal, de se montrer particulièrement pessimiste face à l’avenir du secteur et des orientations que l’administration municipale pourrait lui imposer. Au risque même, dit-il, de retarder – peut-être pendant des décennies – tout développement du secteur.

« On est déçu, affirme Serge Goulet. Au moment où les gens désertent Montréal, que les tours de bureaux sont vides, qu’on est en train de tuer une génération de restaurateurs […], on ne peut certainement pas se réjouir qu’un projet pareil [le retour du baseball] ne se réalise pas. […] Montréal avait vraiment besoin de ce genre de grand projet là. »

Des investissements à oublier?

Cela dit, croit-il, ce secteur en friche du quartier Pointe-Saint-Charles, non loin de Griffintown et du Bassin Peel, demeure un actif de grande valeur.

Devimco y a acquis pour un total de 700 000 pi2 depuis 2017. La Société immobilière du Canada est le deuxième propriétaire foncier en importance dans le secteur, avec 600 000pi2.

« Je ne pense pas que leurs valeurs [des terrains du secteur] soient affectées par la présence ou non d’un stade de baseball. »

Par contre, craint-il, le dépôt prochain par la Ville de sa vision de développement du secteur Bridge-Bonaventure - qui comprend le secteur du Bassin Wellington - pourrait avoir au contraire un effet dévastateur sur les 2,5 milliards $ d’investissements immobiliers à vocation mixte (commercial et résidentiel) que Devimco prévoyait dans le secteur.

La Ville bloquée en 1970

La Ville n’a pas encore annoncé ses couleurs. Elle doit le faire d’ici peu. Mais les signaux que Devimco perçoit lui font craindre le résultat d’« un exercice bâclé », un projet « décevant » et « dépassé », qu’on croirait sorti « des années 70 », sans station du REM et une densification « inférieure » aux banlieues.

S’il s’avérait, ce scénario aurait pour conséquence de détourner Devimco de ses projets dans le secteur, dit-il.

«Écoutez, nos terrains sont ̈zonés ̈ industriels (…) Depuis le début de la pandémie, tout le monde a besoin d’espaces industriels. (…) Nous, on va les louer sous le zonage actuel (industriel), sur un ou deux étages, et that’s it.

« Je vais arrêter de me casser la tête avec la Ville. On a de l’ouvrage sur la Rive-Sud pour les dix prochaines années et ça roule l’enfer. C’est tout. »

https://www.journaldemontreal.com/2022/01/22/devimco-inquiete-pour-pointe-saint-charles

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Est-ce qu’on peut vraiment prendre cette menace au sérieux ? Devimco va vraiment vouloir passer à côté d’un tel potentiel ? Dans le meilleur des cas, un autre promoteur (genre Brocco ou Prével) va racheter les terrains et les développer si Devimco ne veut pas attendre après la ville.

La densification en banlieue par Devimco est, selon moi, un positif pour la banlieue, mais ce n’est pas ce que je souhaite pour Montréal. On ne va pas refaire un Griffintown où Devimco dicte le développement et la ville s’adapte.

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Fuck him up, Valérie.

Je n’ai absolument aucune confiance en Serge Goulet et cette compagnie. Griffintown? RoyalMount? Childrens? Solar? Pas des projets très bien réussis, et on a vu comment ils se foutent de la ville et de la Ville. Aucune pitié.

Pis on se calme avec les “signaux” perçus… C’est clairement juste pour faire peur… Next

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??? :joy:

Royalmount c’est Carbonleo de Andrew Lufty il me semble.
Solar Uniquartier à mon avis c’est plutôt joli dans l’ensemble.
Sinon il y a le Maestria qui est très joli aussi pour l’instant et plutot unique en ville selon moi.

Griffintown horrible je suis d’accord mais faut dire que les paramètres serrés imposés par la ville nuisent beaucoup à l’expression architecturale. Si on se retrouve avec un quartier de blocs de même hauteur qui occupent le maximum d’espace c’est pas vraiment de la faute de Devimco.

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Au-delà de la réglementation, qui à mon sens a un peu sauvé ce qui était en train de partir dans tous les sens, il y a l’aspect cheap et architectural, qui eux, relèvent de Devimco.
À part Maestria et le MAA, Devimco fait généralement dans le “horrible” à “bof”, tant urbanistiquement qu’architecturalement.

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Ouhh la la @Barbes_Rochechouart vous êtes dur…Mais je suis absolument d’accord avec @OusmaneB. Je peux aussi m’avancer pour dire que votre commentaire de petite personne ne fera pas plus avancer les choses :slight_smile: Quand vous dites ‘‘Pas des projets très bien réussis…’’ vous vous rendez compte que ce sont des projets sold out en moins d’un an ? n’oublions pas que Devimco est derrière le quartier dix30, qui a ensuite développé le Solar Uniquartier… sans parlé du Maestria et le MAA ! :wink:

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Je ne pense pas que d’utiliser le pourcentage de vente / vitesse de vente des projets est un bon indicateur si le projet est bon ou non.

Le Solar Uniquartier est peut-être le meilleur projet en banlieue, mais il y a encore de grosses lacunes, comme une présence bien trop forte de stationnements et un manque de connectivité avec les autres quartiers.

La plupart des projets à Montréal sont assez médiocres, surtout dans le coin de Griffintown. Il suffit de voir le Mary Robert ou le Square Children’s. Puis, Devimco ne semble pas vouloir faire mieux, comme le montre Auguste et Louis ou encore les projets à Longueuil.

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Oui bizarrement dès que c’est un peu plus lousse au niveau des contraintes ça construit plus beau et c’est ça mon point. Je suis sûr que Griffintown aurait pu être plus beau sans les restrictions aussi aggressives sur la hauteur des batiments par exemple. Le fait qu’on se retrouve avec du mur à mur de même hauteur montre que l’appétit pour plus était présent. Moi je trouve ça toujours facile de jeter la pierre aux promoteurs alors que c’est la ville qui fixe les règles du jeu. La ville fait ses choix et les promoteurs font les leurs.

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Pour avoir travaillé à la fois avec la ville, sur un CCU et pour des promoteurs, les promoteurs ont beaucoup à se reprocher.

Les marges de profits sont énormes. Et ils font quand même souvent le choix d’opter pour une architecture sans intérêt et des matériaux d’extrêmement faible qualité. Rien dans le règlement de la ville n’exige des revêtements cheap, et la sacro-sainte hauteur n’a rien à voir là-dedans.

C’est un choix du promoteur de s’en mettre plus dans les proches, au détriment de la ville, pour lequel il n’a aucun intérêt.

Ceci dit, la ville a quand même à se reprocher de ne pas se donner plus d’outils pour forcer les promoteurs à quitter la médiocrité!

Malheureusement, la qualité ne fait pas partie de la culture à Montréal. Si on ne la force pas, elle n’existe pas.

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Quels sont les outils possibles pour améliorer nos projets? Des PIIA qui couvrent l’ensemble des secteurs centraux?

Ce serait un bon départ, mais les solutions sont infinies.

On peut aussi complètement aller ailleurs, comme ça se fait dans d’autres villes.

Souvent sur ce genre de projet, ce ne sont pas des équipes pour qui le design est la principale force.
Et la ville n’a pas les compétences ni la sensibilité pour orienter les promoteurs.

À Toronto ils testent actuellement une nouvelle méthode sur un projet au centre-ville.
Une firme reconnue pour sa force en design et en qualité a été engagée par la ville pour évaluer et critiquer le projet. La relation n’est donc pas ville - architecte mais bien architecte - architecte. Au lieu que le promoteur présente un projet fini à la ville, la firme externe a été impliquée tôt dans le processus et ses commentaires ont été pris en considération tout au long du développement.

La ville est contente parce qu’elle a l’assurance d’avoir un bon projet, et le promoteur est content, parce que son projet va être accepté du premier coup, en plus d’avoir pris beaucoup de valeur.

Et ce n’est qu’un exemple parmi des tonnes, chaque ville a sa façon de faire.

La nôtre est de se contenter de peu et avoir pitié des pauvres promoteurs.

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Alors pourquoi le même promoteur construit de belle tours quand des hauteurs de 200m et 120m sont permises ? Véreux à temps partiel ? J’y crois vraiment pas. Il y a clairement un lien entre qualité architecturale et contraintes liées aux projets.

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C’est une très fausse corrélation.

Il y a aussi de très très bons projets à 120m et de très mauvais à 200m.
Et c’est lié à de très nombreux facteurs, mais clairement pas la hauteur.

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Griffintown passe par le CCU du sud Ouest, right? J’ai remarqué que Ville-Marie est généralement (pas toujours) assez rigoureux sur l’esthétique des projets qui lui sont proposés. Je pense entre autre au projet de Canvar qu’elle avait rejeté à cause de la pauvreté de design du projet proposé, et l’impact qu’il aurait sur la ville vu ses 200m.

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Je crois que le plus important facteur commun de l’intérêt architectural de nos grandes tours est tout simplement leur clientèle et le prix au pied carré. Quand Canvar voulait construire une tour locative de 200m, la première version était tellement laide que le CCU voulait la bloquer à tout prix. Et il y a aussi des tours de 120m qui sont très belles dans le plus haut-de-gamme. Au final, ça dépend vraiment qui est ton client.

Dernièrement, c’était Prével qui se plaignait d’un règlement d’urbanisme de la ville forçant des tours plus hautes, mais moins trapues. La raison? C’est beaucoup plus rentable de construire de gros planchers, et les prix du marché de Montréal incitent les promoteurs à cibler cette gamme de prix.

Et après tout, le règlement ne change pas au delà de la hauteur, qu’un édifice soit à 120m, 200m, 80m… L’enfilade des édifices entre la rue Balmoral et la Place des Festivals est super chouette, et c’est quoi, max 60m (j’y vais de mémoire ici)?

Lorsqu’on regarde une autre échelle, et incidemment l’échelle dans laquelle vit la majorité des gens, dans les petits projets multi-logements, je dirais que l’approche du Plateau Mont-Royal très réglementé (on parle d’architecture, pas de densité!) permet la restauration des éléments patrimoniaux, encourage les contrastes contemporains de matériaux et de couleurs, a une réflexion sur l’intégration avec la rue, l’aménagement paysagé, etc… C’est rare que je vois un nouveau projet qui est complètement moche. Sans ces règlements, on construirait comme il y a 20 ans: ce qu’on considère des verrues maintenant. À l’opposé, le projet moche est la norme en banlieue, sans réglementation: c’est le festival de la boîte en vinyle, des stationnements de surface comme seule relation avec la rue, l’absence d’aménagement paysagé, etc…

Devimco a construit des édifices moches dans Griffintown. Avec les mêmes contraintes, d’autres édifices sont beaucoup plus intéressants dans le même quartier. Des architectes font des petits édifices plus intéressants sur 3 étages. Et quand la pandémie a commencé, quel secteur s’est distingué par une hausse drastique des ventes des résidents, par rapport au reste de la ville? Le royaume de Devimco, Griffintown, pour ensuite nous parler que Montréal se vide… À partir de ses propres condos. Je crois que la méfiance envers le promoteur est méritée, et le discours du promoteur un peu déplacé. Devimco est une force positive au final, c’est un bâtisseur, mais je ne crois pas que ses dirigeants ont une culture de qualités urbaines contemporaines. Ils veulent construire le moins chers possible avec le plus de pieds carrés possibles. C’est normal pour une compagnie privée qui a du succès, mais on peut collectivement imposer d’autres critères.

Je suis complètement d’accord avec toi que la réglementation ne doit pas être une force qui limite le potentiel de nos édifices, l’originalité, l’innovation! La réglementation doit être une plancher, un minimum. Mais je ne crois pas que la culture d’architecture et d’aménagement urbain au Québec en soit là pour le moment (sauf exceptions), ou du moins Devimco n’a pas fait cette preuve. Je suis assez certain qu’ils refuseraient un quartier potentiellement moins denses mais mieux conçus (le genre où une famille voudrait faire toute sa vie, par exemple, un quartier qu’ils n’ont jamais fait) par simple soucis de rentabilité maximale.

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Je suis d’accord avec la majorité de ton texte qui apporte une autre perspective qui peut être est un peu plus dans mon angle mort. Je souhaitais répondre à ce bout cependant car dans mes souvenirs Prével se plaignait de la réduction des surfaces de plancher SANS augmentation de la hauteur permise en même temps. Et moi personnellement c’est ce que je reproche à la ville. De toujours « serrer la vis » sans jamais concéder quoi que ce soit de son coté. Ce qui force quand même les promoteurs à faire avec ou à carrément abandonner leur projet tel que conçu initialement. C’est vraiment pas comme ça que la ville va atteindre ses objectifs de construction de logements sociaux. Pour le bassin peel la ville a même tenu des rencontres sans inviter les promoteurs. Pendant la campagne les sorties contre le privé ont été multiples surtout vers la fin. Mon scepticisme n’est pas fortuit. Normalement ce sont ceux qui votent pour Projet Montréal qui devraient encore plus les talonner sur leurs promesses et le moyen de les réaliser. Ils l’ont vraiment trop facile à balancer des chiffres gargantuesques tout en faisant exactement ce qu’il faut pour ne pas les atteindre.

Voici un article qui rappelle les dissenssions entre la ville et les promoteurs. Je vois déjà arriver les commentaires qui diront que c’est du chantage et qu’ils n’ont qu’à aller construire ailleurs s’ils ne sont pas contents des règles que fixe la ville mais je suis convaincu que Montréal ne gagne rien à les frustrer. La ville n’a pas l’argent pour développer ces terrains. Sans les promoteurs elle n’atteindra jamais ses cibles. Et eux ne mettront pas leur argent s’ils n’y trouvent pas leur compte.

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Je crois que c’est un bon point. Je pense que la ville devrait avoir de meilleurs outils pour permettre ces concessions, quelque chose de plus encadré et prévisible que les dérogations.

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La mairesse a effectivement resserré la vis quand il est question de dérogations. Dans le PPU des faubourgs la hauteur a été diminué suite a une recomendation de OCPM. (Pareil pour la grandeur des étages) Mais vu que la densité POS n’as pas changé, le nombre de logements va rester le même. Le nombre de logement sociaux ne va pas changer non plus. Dans cette situation la ville avait négocié la construction de logement sociaux avant même le PPU. Les développeurs ont tanté de briser l’accord et de l’utiliser pour forcer une modification du PPU sans succès.

Au final, je suis d’accord qu’il ne faut pas juste nuire au profit des développeurs sans raison, mais très souvent le profit et la qualité du developpement sont incompatible. C’est un acte de balance. Est-ce que la ville est présentement trop exigeante? Je ne trouve pas. Les developpeurs doivent s’habituer à fournir de la qualité.

Quant au nombre de logements sociaux, je ne m’inquiete pas trop non plus. Dans le secteur Bridge-Wellington, la ville tient le gros bout du baton. Si elle veut un certain nombre de logement sociaux dans le projet, elle peut l’exiger. C’est probablement pour ça que Prével s’oppose aussi publiquement au nouveau projet. Vu que leur profit est en péril, ils vont continuer à s’opposer à une vision urbanistique à échelle humaine.

Quel avenir pour le bassin Peel ?

PHOTO YVES TREMBLAY, ARCHIVES LES YEUX DU CIEL

Le bassin Peel en 2019

Maintenant que le projet de stade de baseball de Stephen Bronfman est mort et enterré, que deviendra le bassin Peel ? En dévoilant prochainement sa vision d’aménagement pour le secteur, la Ville tranchera entre deux positions diamétralement opposées en matière d’aménagement du territoire.

Publié à 7h00

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André Dubuc

André Dubuc La Presse

Dans le coin gauche, le groupe Action-Gardien de Pointe-Saint-Charles propose l’aménagement d’un quartier dense à échelle humaine destiné aux logements communautaires et sociaux sur les terrains de près de 80 000 mètres carrés appartenant à la Société immobilière du Canada (SIC), une société de la Couronne.

L’idée est d’utiliser un terrain appartenant au gouvernement fédéral pour offrir du logement aux démunis au moment où la valeur des terrains est plus élevée que jamais et où il manque de logements sociaux.

Les bâtiments résidentiels compteront majoritairement trois ou quatre étages, et pas plus de huit, pour un maximum de « 1000 logements sociaux et communautaires sur les terrains fédéraux, pour un milieu de vie entièrement retiré du marché spéculatif », lit-on sur le site web de l’organisme. Les commerces, services et équipements collectifs ne dépasseront pas quatre étages. Le groupe propose de transformer le bâtiment administratif de Loto-Québec en école.

Action-Gardien a pris note de la récente décision du baseball majeur.

Un stade de baseball n’est pas acceptable sur des terrains publics. Il était grand temps de fermer définitivement la porte à cette lubie portée par de milliardaires investisseurs.

Extrait du fil de nouvelle du groupe Action-Gardien de Pointe-Saint-Charles

Créer de la richesse

Dans le coin droit, le promoteur Devimco propose d’utiliser le potentiel du site pour créer de la richesse. Il propose la construction de 4000 à 5000 logements, dans des tours pouvant atteindre 20 étages, un pôle d’emplois de 600 entreprises dans le domaine des technologies propres, tout en réservant des terrains pour des services publics comme une école. Devimco contrôle environ 30 % des terrains du côté sud du bassin Peel.

Dans un entretien, le président de Devimco, Serge Goulet, s’est dit déçu de la tournure des évènements. « La Ville annoncera bientôt sa vision de développement. Mais si son idée correspond à ce qu’on entend autour de la table de concertation, c’est très décevant. On s’oriente vers une densification du territoire plus faible qu’en banlieue. »

Au moment où les gens désertent Montréal, nous avons la chance de relancer le développement économique avec un campus de haute technologie, mais les gens ne semblent pas intéressés.

Serge Goulet, président de Devimco

Devimco indique qu’il fera une dernière tentative en présentant un nouveau projet, en mai. Si cela ne satisfait pas la Ville de Montréal, le promoteur se contentera de louer les terrains qu’il détient dans le secteur à des fins industrielles, selon le zonage en place. Il vient de signer un bail à long terme avec Ray-Mont Logistiques.

Le regard d’experts

En attendant de connaître la position de la Ville, La Presse a demandé à trois experts de l’aménagement du territoire à quoi devrait ressembler le bassin Peel à l’avenir.

Selon Danielle Pilette, professeure associée au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, il n’est pas opportun que le projet soit entièrement consacré aux habitations à loyer modique.

« L’esprit est d’avoir une mixité sociale », dit-elle. Avec le règlement 20-20-20 sur la mixité, peu importe le promoteur, il devra obligatoirement livrer des logements sociaux et abordables, selon elle. « En raison de contraintes financières comme la décontamination du terrain, le reste du projet va être relativement cher. »

D’après Mme Pilette, la Ville de Montréal devra tenir compte de la concurrence de ce qui se construit autour des gares du Réseau express métropolitain (REM) à Brossard.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Danielle Pilette, professeure associée au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM

Le bassin Peel doit reprendre, probablement en plus dense et de meilleure qualité, ce qu’on trouve à Brossard.

Danielle Pilette

Sur la question de la densité, elle insiste sur la préservation des percées visuelles sur le centre-ville et le mont Royal. « Je ne vois certainement pas 25 étages au bassin Peel », précise la professeure.

Mme Pilette doute toutefois de la construction d’une station du REM au sud du canal de Lachine en l’absence de stade et ne croit pas que la Ville deviendra propriétaire du terrain de la SIC même si elle dispose d’un droit de préemption.

Opinion contraire chez Christian Savard, directeur général de l’organisme Vivre en ville. « Dans un monde idéal, c’est la Ville qui détient le terrain. Elle fait ensuite le plan directeur. Elle le subdivise. Elle garde des lots pour le social et distribue les autres lots entre différents prometteurs et différentes tenures », explique-t-il au téléphone.

Selon lui, le modèle du promoteur unique qui achète un grand terrain et qui aménage lui-même un quartier au complet n’est plus l’approche à privilégier.

D’après M. Savard, la présence d’une station du REM au sud du canal de Lachine est souhaitable pour désenclaver ce quartier à fort potentiel. « Pour justifier cette éventuelle gare, il faudra toutefois accepter une certaine densité autour de la gare », reconnaît-il.

« Le bassin Peel est un secteur à relativement haute densité », soutient, de son côté, le professeur Jean-Philippe Meloche.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Jean-Philippe Meloche, professeur à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal

Je n’y ferais pas des bâtiments de trois ou quatre étages. Si on fait du logement social, il est important de maximiser les ressources ; sinon, on gaspille le terrain et on aide moins de gens à se loger à bon prix.

Jean-Philippe Meloche

Il prône lui aussi une mixité sociale sur le site. « On ne veut pas un parc de logements sociaux. Généralement, ça stigmatise et ce ne sont pas les projets les mieux réussis », dit celui qui enseigne à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal.

Comme exemple récent d’aménagement urbain efficace qui n’a pas traîné en longueur, M. Meloche cite le Campus MIL, dans le quartier Mile-Ex, où l’Université de Montréal a aménagé son second campus.
https://www.lapresse.ca/affaires/2022-01-27/developpement/quel-avenir-pour-le-bassin-peel.php

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J’aime bien l’idée du Campus MIL comme inspiration pour le Bassin Peel, bien que je souhaiterais plus de densité puisqu’on est au pied du centre-ville. En fait la valeur des terrains sera certainement déterminante dans les choix à suivre, puisqu’il faudra tout de même viser la rentabilité des futures constructions. Donc oui à la mixité sociale, car il en faudra pour tout le monde. Mais non à une réplique de Griffintown, parce qu’ici l’imagination et la qualité architecturale devront cette fois-ci dominer et nous guider dans l’élaboration d’un véritable quartier modèle à tous les points de vue, dont les montréalais seront fiers.

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