Quelles maladies animales peut-on attraper en mangeant de la viande ?
Sara Rodrigue
« La crise de l’hélium dure depuis 15 ans, alors il y a eu des progrès dans les coûts des appareils de récupération, dit M. Grutter. Il y a 10 ans, ça m’aurait coûté 1 million, mais là, on s’en est tirés à 300 000 $. Mais la liquéfaction consomme beaucoup d’électricité. C’est une solution qui fonctionne tant qu’on n’a pas à payer notre électricité. C’est l’université qui s’en charge. Et au Québec, on est chanceux parce que l’électricité n’est pas chère. »
L’abc de l’hélium
L’hélium est le liquide le plus froid qui existe, avec une température d’ébullition de -269 degrés Celsius. C’est seulement 4 degrés au-dessus du zéro absolu.
Il est impossible de synthétiser l’hélium dans une usine. « Les seules manières de production sont dans les étoiles et lors de l’émission de radioactivité par certains éléments dans le sol terrestre », dit M. Masson. Les centrales nucléaires ne génèrent pas d’hélium parce qu’elles utilisent l’uranium.
L’été dernier, le gouvernement américain a vendu à une société allemande sa réserve stratégique d’hélium, qui fournit entre le quart et le tiers de la production américaine. L’Oncle Sam est de loin le premier producteur mondial, suivi par le Qatar. La Russie n’a pas une grande production, mais joue un rôle important dans le marché des exportations, et son hélium est visé par les sanctions occidentales. La valeur boursière des producteurs américains d’hélium a d’ailleurs explosé en février 2022.
Les pénuries d’hélium sont en partie dues à un changement du mode de production du gaz naturel.
« L’hélium était traditionnellement un sous-produit de la production de gaz naturel », dit Chris Bakker, d’Avanti Helium, un producteur albertain. « Mais il n’y a pas d’hélium dans le gaz de schiste. »
Ces pénuries seront aggravées par la croissance importante des lancements spatiaux, parce que les satellites sont des utilisateurs d’hélium, et aussi par le désir des États-Unis de développer une industrie américaine des puces électroniques, selon M. Bakker.
En 2011, le début des pénuries d’hélium avait causé une rupture de stock chez les vendeurs de ballons d’anniversaire à l’hélium.
Migrer vers un gaz dangereux
Devant l’augmentation des coûts, plusieurs laboratoires ont migré de l’hélium à l’hydrogène, un autre gaz dont la température d’ébullition est très basse.
Mais ce qu’on gagne sur le plan des coûts, on le perd sur le plan de la sécurité. L’hydrogène est plus explosif. Pour un appareil qui en nécessite beaucoup, comme le nôtre, le danger est trop grand.
Jean-François Masson, directeur du département de chimie de l’UdeM
Pour ceux que ça intéresse, le 92e congrès de l’ACFAS se tiendra à l’ETS du 5 au 9 mai en collaboration avec l’université Concordia. Vous pouvez aussi faire du bénévolat et avoir un accès gratuit à toutes les colloques!
De quoi meurent les centenaires?
Par Jean-François Cliche, Le Soleil
Résumé
De quoi meurent les centenaires?
Par Jean-François Cliche, Le Soleil
20 avril 2025 à 04h00
Pour se rendre à 100 ans, il faut une robustesse qui fait que les centenaires ne décèdent pas, en moyenne, des mêmes causes que les autres. (123RF)
SCIENCE AU QUOTIDIEN / «Il semble y avoir de plus en plus de centenaires au Canada. Hormis un accident, quelles sont les principales causes de mortalité chez ceux qui sont en «relative bonne santé» ? Par comparaison avec une voiture qui a de l’âge, quelle serait la pièce qui fait le plus souvent défaut ? Est-ce que ce sont des gènes qui deviennent déficients?», demande Michel Giroux, de La Pocatière.
Pendant longtemps, et c’est un fait assez parlant au sujet de notre démographie, Statistique Canada ne publiait pas routinièrement de données sur les centenaires. L’information existait, évidemment, mais sur le site web de l’agence, les groupes d’âge s’arrêtaient aux 85-89 ans, sans doute parce que les 90 ans et plus étaient jugés trop peu nombreux pour qu’il vaille la peine de les présenter séparément.
Cela a changé en l’an 2000, quand StatCan a ajouté les catégories 90-94 ans, 95-99 ans et 100 ans et plus. Cette année-là, les centenaires étaient presque 3400 au pays, ce qui, dans la population générale, représentait à peine plus de 1 personne sur 10 000, d’après StatCan. En 2024, on en dénombrait plus de 11 500, ou presque 3 personnes sur 10 000 — 2,83 pour être précis.
Donc oui, il y a effectivement beaucoup plus de centenaires qu’avant.
Les «cavaliers de l’Apocalypse»
Maintenant, la question de M. Giroux est plutôt originale. Habituellement, on se demande qu’est-ce qui fait vivre les centenaires plus longtemps. Mais effectivement, eux aussi finissent par nous quitter, il le font juste beaucoup plus tard que les autres. Alors de quoi meurent-ils ?
«Les causes de décès ne sont pas les mêmes chez les centenaires. Ce que j’appelle les «quatre cavaliers de l’Apocalypse» qui sont les causes de mortalité les plus fréquentes en Occident, soit le cancer, les maladies cardiovasculaires, les maladies neurodégénératives et le syndrome métabolique, ces problèmes-là apparaissent beaucoup plus tard chez les centenaires», indique d’emblée Dre Dounia Rouabhia, gériatre au CHU de Québec.
«Par exemple, illustre-t-elle, dans une population normale, environ une personne sur cinq va décéder du cancer avant 72 ans, alors que chez les centenaires, le cancer n’apparaît souvent que proche de 100 ans. Et c’est la même chose pour d’autres problèmes de santé.»
Ainsi, une étude suédoise parue en 2021 dans le Journal of Gerontology : Medical Science a trouvé, en comparant 3500 personnes âgées de moins de 100 ans (moyenne : 81,3 ans) avec 220 centenaires que chez ces derniers, les maladies chroniques (qu’elles soient cardiaques, digestives, neuropsychiatriques, etc.), les handicaps (incapacité à faire différentes tâches) et les signes de déclin cognitif commencent entre 4 et 9 ans plus tard que chez les autres. Et ils y survivent plus longtemps.
«Il y a beaucoup de génétique là-dedans, explique Dre Rouabhia. (…) Il y a une survie sélective qui fait que les centenaires sont en moyenne des gens plus robustes, avec une génétique avantageuse.»
(D’ailleurs, une étude japonaise a observé que les frères et sœurs des centenaires ont autour de quatre fois plus de chances de passer le cap des 90 ans que la moyenne.)
À cause de cela, les causes de mortalité ne sont pas les mêmes dans toutes les tranches d’âge. Par exemple, une étude menée à Shanghaï a montré qu’entre 60 et 74 ans, les principales causes de décès étaient les tumeurs malignes au poumon (12 %), à l’estomac (11 %), au pancréas et au foie (7 % chacun). Entre 75 et 89 ans, c’étaient les infections pulmonaires (17%) qui tuaient le plus, suivies des obstructions chroniques des poumons (9%) et des maladies coronariennes (7%) — et les cancers du poumon n’arrivait qu’en quatrième place dans cette tranche d’âge, à 6,9 %.
Passé 90 ans, dans cet article, les infections pulmonaires prenaient encore plus de place, avec pas moins de 27% (!) des décès, suivi d’une série de problèmes cardiaques et/ou respiratoires. Le premier cancer sur la liste, soit les tumeurs malignes à l’estomac, arrivait en 8e position, n’expliquant que 1,8 % de la mortalité.
Une étude anglaise est arrivée en 2014 à des conclusions relativement semblables, du moins pour les infections pulmonaires : 6% des décès entre 80 et 84 ans, et presque trois fois plus (17,7%) chez les centenaires.
Il faut faire attention, cependant, avec ces études-là, avertit Dre Rouabhia. À une certaine époque, et c’est encore vrai dans des pays comme la Chine, les gens fumaient beaucoup, «sans compter la pollution qu’il y a dans certains endroits. Ça peut biaiser les résultats de ces grandes études de cohortes là».
Alors on verra ce que trouveront des études futures sur la mortalité passé 60 ans. Mais il est acquis que les centenaires décèdent de causes globalement différentes des autres — moins de cancers, plus de problèmes cardiaques, plus de pneumonies.
Vous vous posez des questions sur le monde qui vous entoure ? Qu’elles concernent la physique, la biologie ou toute autre discipline, notre journaliste se fera un plaisir d’y répondre. À nos yeux, il n’existe aucune «question idiote», aucune question «trop petite» pour être intéressante ! Alors écrivez-nous à : jfcliche@lesoleil.com.
“C’est de loin le plus gros rassemblement scientifique multidisciplinaire de langue française au monde”, indique Martin Maltais, le président de l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences (Acfas).
Environ 6000 personnes d’une trentaine de pays participeront aux 247 colloques organisés cette année. De ce nombre, environ 700 viennent de l’extérieur du Québec.
Le congrès n’a pas d'équivalent, ni au Canada anglais ni dans le monde francophone. C’est en quelque sorte l'équivalent en français de la rencontre annuelle de l'American Association for the Advancement of Science, qui se déroule en anglais.
Une citation de Martin Maltais, président de l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences (Acfas)
Résumé
Pourquoi ce monopole chinois?
Par Jean-François Cliche, Le Soleil
4 mai 2025 à 04h00|
Mis à jour le4 mai 2025 à 07h53
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Des terres rares, dans le sens horaire en commençant par le centre à l’arrière : du praseodymium, du cerium, du lanthanum, du neodymium, du samarium, et du gadolinium (commons.wikimedia.org /commons.wikimedia.org )
SCIENCE AU QUOTIDIEN / «Les médias mentionnent souvent ces temps-ci le quasi-monopole que la Chine détient sur les terres rares. Cela donne l’impression que les gisements sont principalement situés dans ce pays, mais est-ce bien le cas? Il me semble très peu probable que le hasard des bouleversements géologiques sur plusieurs centaines de millions d’années ait concentré ces ressources dans un seul pays. Alors comment ce monopole s’explique-t-il?» demande Michel Renaud, de Charlesbourg.
Les «terres rares» sont un des groupes de minéraux les plus importants dans le monde, d’un point de vue industriel. On s’en sert pour une foule de choses, notamment la fabrication d’aimants qui sont essentiels pour fabriquer, notamment, des moteurs électriques et des turbines d’éoliennes.
La Chine, qui a effectivement un quasi-monopole sur la production de terres rares, est évidemment consciente de leur importance et elle s’en sert à son avantage: elle impose des quotas d’exportation depuis longtemps pour se garder la part du lion et elle a même coupé une grande partie de ses exportations vers les États-Unis ce printemps, en guise de représailles aux tarifs douaniers que Washington lui avait imposés.
Alors d’où lui vient ce monopole?
Malgré ce que leur nom indique, ça n’est pas de la rareté de ces éléments qui explique cette situation. Il s’agit d’un groupe de 17 éléments qui ne sont, en fait, pas si rares que cela. Et pour tout dire, ce ne sont pas vraiment des «terres» non plus, ce qui en fait sans doute le groupe chimique le plus mal nommé de l’histoire des sciences.
À leur découverte, aux XVIIIe et XIXe siècles, on appelait terres les matériaux qui ne se transformaient pas chimiquement quand on les chauffait. C’est ce nom là qui leur est resté, lit-on dans un rapport de la commission géologique américaine. Mais ce sont plutôt des «métaux», donc des éléments d’apparence lustrée ou métallique qui conduisent généralement bien la chaleur et l’électricité.
Plus abondantes que l’argent
De même, la plupart des terres rares sont relativement abondantes dans la croûte terrestre — même plus que des éléments connus depuis bien plus longtemps, comme l’or et l’argent. Le cérium et le lanthane, par exemple, sont présents dans la croûte terrestre à raison de 0,3 partie par million (ppm) en moyenne, ce qui est beaucoup plus que l’or (0,001 ppm) et l’argent (0,06 ppm).
Cependant, les terres rares atteignent très rarement des teneurs élevés dans des gisements précis, alors que l’or et l’argent peuvent être très concentrés — localement, bien sûr. Donc en ce sens, on peut sans doute dire qu’elles sont «rares».
La Chine a bel et bien été «choyée» par la géologie, à cet égard. Les estimés varient, mais l’Empire du Milieu possèderaitentre 40 % et 50 % des réserves prouvées de terres rares du monde. C’est énorme, mais ça n’est clairement pas suffisant pour parler d’un monopole.
Non, le quasi monopole de la Chine se trouve du côté des capacités de traitement et de raffinage des terres rares.
Comme l’expliquait un rapport récent de l’Institut des études sur l’énergie d’Oxford, le chemin qui mène du minerai au métal pur est particulièrement long et ardu dans le cas des terres rares.
Il y a d’abord un procédé d’enrichissement qui utilise des méthodes assez classiques (par flottage, par magnétisme, par gravité, etc.) qui amène les concentrations de terres rares de 1-10 % jusqu’à 50-60 %, mais il y a une série d’étapes plus compliquées à franchir par la suite pour atteindre une pureté de 99,9 %.
En outre, lisait-on récemment dans la Revue de l’Institut polytechnique de Paris, les minerais contiennent généralement plusieurs sortes de terres rares différentes, qu’il faut donc séparer. Or, comme les membres de cette «famille» ont des propriétés physiques et chimiques qui se ressemblent beaucoup, ça n’est pas une tâche facile. Il faut le faire une terre rare à la fois, et dans un certain ordre.
L’ancien dirigeant chinois Deng Xiaoping
En soi, ça n’est pas suffisant pour expliquer le monopole chinois. Mais cela montre qu’il n’est pas facile non plus d’«entrer» dans cette industrie. Et la Chine en a fait une priorité depuis très longtemps.
Dès 1992, le dirigeant chinois de l’époque, Deng Xiaoping, avait déclaré: «Le Moyen-Orient a le pétrole. La Chine a les terres rares.» L’État, qui est très interventionniste là-bas, appuie massivement cette industrie, et depuis longtemps, si bien qu’en date de 2018, l’Empire du Milieu avait accumulé 23 000 brevets reliés aux terres rares de plus que les États-Unis, alors que les deux pays étaient nez-à-nez dans les années 1990.
C’est ce qui a permis à la Chine de surpasser les États-Unis dans la production de terres rares dès la fin des années 1980, puis de rapidement prendre toute la place à partir des années 2000, montre un rapport de la Commission géologique américaine.
En fait, l’ascendant de la Chine sur le raffinage des terres rares est tel que certains pays «producteurs» ne font qu’enrichir leur minerai et l’envoient ensuite en Asie pour le reste de la séparation et du raffinage. C’est pour cela que bien qu’elle n’ait «que» 40 % des réserves mondiales connues, la Chine compte pour 70 % des minéraux bruts extraits et 87 % de la production mondiale de terres rares raffinées.
Et cette position dominante lui permet d’étouffer la concurrence, en jouant sur les prix. Comme l’explique le document d’Oxford cité plus haut, les installations qu’il faut pour séparer et raffiner les terres rares sont extrêmement coûteuses: dans la séquence qui mène de la mine au métal raffiné, ces équipements comptent pour 80 % des coûts en capitaux et entre 50 et 75 % des coûts d’opération.
Sachant que la Chine peut faire s’effondrer les prix à sa guise, investir des milliards dans la construction d’une usine est un pari extrêmement risqué pour n’importe quelle entreprise.
C’est en partie, avec la complexité des opérations, ce qui explique pourquoi les efforts mis jusqu’à présent pour briser le monopole chinois n’ont pas donné de résultats spectaculaires.
Étude de l’Université Laval Un outil pourrait modifier les globules rouges pour obtenir du sang « sur mesure »
PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE
La découverte d’une équipe de chercheurs de l’Université Laval pourrait éventuellement pallier les pénuries chroniques qui affligent les banques de sang.
(Montréal) L’outil d’édition génomique CRISPR-Cas pourrait permettre de modifier des globules rouges produits en laboratoire afin de les rendre compatibles avec tous les groupes sanguins, portent à croire des travaux réalisés à l’Université Laval.
Publié le 5 mai
Jean-Benoit Legault La Presse Canadienne
On pourrait donc envisager de produire, un jour, du sang « sur mesure » pour des patients qui ont des groupes sanguins rares ou qui ont besoin de transfusions sanguines récentes. La découverte pourrait aussi éventuellement pallier les pénuries chroniques qui affligent les banques de sang.
« Pour les gens qui ont vraiment besoin d’un sang rare, ça pourrait devenir intéressant parce que même si c’était complexe et difficile à produire, on pourrait avoir une solution pour eux », a dit l’auteur de l’étude, le professeur Yannick Doyon de la faculté de médecine de l’Université Laval.
La compatibilité du sang dépend de molécules antigéniques qui se trouvent à la surface des globules rouges. Si le système immunitaire du récipiendaire de la transfusion ne reconnaît pas ces molécules, il les attaque et les détruit comme s’il s’agissait d’un envahisseur.
La technique mise au point par le professeur Doyon et ses collègues utilise le système d’édition génomique CRISPR-Cas pour inactiver les gènes codant pour certains antigènes de la surface des globules rouges. L’équipe a éventuellement réussi à produire du sang compatible avec tous les groupes sanguins.
Mais cette transformation ne représente que la moitié du défi, prévient le professeur Doyon, puisqu’on ne dispose pas en ce moment de la technologie nécessaire pour produire en laboratoire des quantités suffisantes de globules rouges.
« Le premier défi, c’est de produire assez de globules rouges, a ajouté le professeur Doyon, qui est également chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval. Et on n’a pas encore cette capacité d’en produire en quantité assez importante. Parce qu’après ça, la modification génétique, ça se fait quand même bien. »
Le professeur Doyon travaille actuellement au développement d’une technique in vitro qui permet de différencier des cellules précurseures de globules rouges en globules rouges matures, et à les multiplier.
Les conclusions de la nouvelle étude ont été publiées par le journal médical Human Molecular Genetics.