C’est normal qu’on évalue la performance des médecins. Nous avons déjà plusieurs organismes d’excellence en matière de santé. Le ministère va trop loin lorsqu’on parle de rémunéré selon la performance. La santé est un domaine beaucoup trop compliqué. Ça ne me surprendrait pas que la CAQ veut le modèle quantitatif parce que c’est McKinsey qui leur recommande… N’empêche qu’un modèle qualitatif veut juste dire plus de paperasse pour le médecin et moins de soins. Il me semble qu’il doit y avoir de l’expertise à la tonne au Québec pour trouver une réforme qui est déjà éprouvée, mais bon, le présent gouvernement et la science, ça fait deux. Il nous le prouve tous les jours.
Santé: et si le Québec s’inspirait de la Norvège?
«Notre organisation a pris part récemment à une mission d’étude en Norvège, un pays reconnu pour son approche inclusive, décentralisée et efficace en matière de santé et de services sociaux, écrit Dominique Salgado du Comité d’action des personnes vivant des situations de handicap. (Dominique Salgado, CAPVISH)
POINT DE VUE / Le Québec traverse une crise majeure dans son système de santé. Le réseau est sous tension, les professionnels sont à bout de souffle, et l’accès aux soins est devenu un parcours d’obstacles pour trop de citoyens.
Dans ce contexte, le soutien à domicile (SAD) — pourtant reconnu depuis des décennies comme une solution humaine, efficace et durable — reste sous-financé, morcelé et trop souvent privatisé.
Aujourd’hui, près de 20 000 personnes au Québec attendent un premier service à domicile. En 2023, à peine 10 % des besoins en SAD ont été comblés par le réseau public. Résultat: des milliers de personnes en perte d’autonomie sont contraintes de se tourner vers des services privés, souvent coûteux, qui fragilisent encore davantage les familles.
Et pendant ce temps, moins de 13 % des heures d’aide à domicile sont offertes par le personnel public, ce qui démontre une érosion alarmante du caractère public de notre système.
C’est dans cette perspective que notre organisation a pris part récemment à une mission d’étude en Norvège, un pays reconnu pour son approche inclusive, décentralisée et efficace en matière de santé et de services sociaux.
Là-bas, chaque citoyen peut choisir librement son médecin de famille, accéder à un rendez-vous en moins de cinq jours, et recevoir des soins adaptés à ses besoins, à domicile. Le tout, avec un financement public robuste et un accompagnement centré sur l’autonomie et la dignité.
À titre de comparaison, la Norvège investit 11 232 $ CAN par habitant en santé, contre 7913 $ au Québec. Ce pays consacre 11,3 % de son PIB à la santé, alors que le Québec, malgré une part semblable (12 %), dessert une population bien plus nombreuse avec des ressources nettement inférieures par habitant.
La Norvège compte aussi 4,6 médecins pour 1000 habitants, contre seulement 2,5 au Québec. Le résultat? Un système plus fluide, plus humain, et moins dispendieux à long terme.
Selon un rapport de l’IRIS, si le Québec adoptait un modèle semblable à celui de la Norvège, il pourrait réaliser jusqu’à 32 milliards de dollars d’économies, simplement en réinvestissant intelligemment, en réduisant la fragmentation des services et en valorisant le soutien de proximité.
Il est temps de tirer des leçons concrètes de cette expérience. Dans les prochaines semaines, des recommandations seront adressées au gouvernement du Québec, et en particulier au ministère de la Santé et des Services sociaux. Car plus que jamais, le Québec doit réinventer sa manière de prendre soin. Non pas par des réformes comptables, mais par un engagement profond envers la dignité des personnes, la justice sociale et le bon sens.
Le soutien à domicile n’est pas un luxe. C’est un droit, une priorité, une urgence.
Dominique Salgado, directeur général, CAPVISH – Comité d’action des personnes vivant des situations de handicap
Résumé
Québécois soignés en Ontario: la facture frise les 240 millions
Par Justine Mercier, équipe d’enquête
23 juin 2025 à 04h07
Les montants remboursés par la RAMQ pour des soins prodigués à des Québécois en sol ontarien ont augmenté l’an dernier. (Simon Séguin-Bertrand/Archives Le Droit)
Que ce soit pour une chirurgie cardiaque, un accouchement ou encore l’otite du petit dernier, des dizaines de milliers de Québécois ont traversé la frontière les séparant de l’Ontario, l’an dernier, pour recevoir des soins. Ces services ont généré une facture de 237 millions de dollars pour les contribuables de la Belle Province.
Des données obtenues par Les Coops de l’information auprès de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) montrent que les remboursements faits aux hôpitaux et aux médecins ontariens ont grimpé de 7%, entre 2023 et 2024, passant de 222 à 237 millions.
Plus de la moitié de cette facture découle de soins rendus à des résidents de l’Outaouais. «Ce n’est aucunement surprenant», laisse tomber le directeur général de l’organisme Action Santé Outaouais, Mathieu Charbonneau.
Au cabinet du ministre de la Santé, Christian Dubé, on souligne que le gouvernement du Québec investit «massivement pour améliorer nos infrastructures et notre attractivité par rapport à l’Ontario, notamment grâce aux nouvelles conventions collectives qui bénéficient au personnel de l’Outaouais».
Le cabinet de M. Dubé ajoute que «tous les efforts» sont déployés, de concert avec Santé Québec, pour accroître «l’accès aux soins pour les citoyens de toutes les régions».
Soins hospitaliers
Ce sont les hôpitaux qui empochent la plus grande partie des montants versés pour des soins obtenus en Ontario par des citoyens couverts par la RAMQ.
Les réclamations annuelles faites par les centres hospitaliers de la province voisine ont franchi pour la première fois, en 2024, le cap des 200 millions.
Santé Québec indique d’ailleurs que la hausse des remboursements à l’Ontario «est principalement attribuable à l’augmentation du coût des services hospitaliers».
En plus des factures transmises par des hôpitaux, la RAMQ doit aussi payer pour celles reçues des médecins ontariens. Pour 2024, on parle de 30,5 millions pour les services rendus à des dizaines de milliers de Québécois.
Il s’agit d’une légère baisse par rapport à l’année précédente, mais les médecins disposent d’un an pour soumettre des réclamations, de sorte que le montant final pourrait être légèrement supérieur. En Outaouais, Mathieu Charbonneau souligne que plusieurs citoyens de la rive québécoise ont perdu leur suivi avec un médecin de famille ontarien.
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«Il y a une croissance démographique en Outaouais et les besoins augmentent, donc ça montre qu’en matière de services de médecins, c’est comme si l’Ontario mettait le pied sur le frein un peu [pour les patients du Québec]», expose le directeur général d’Action Santé Outaouais.
Le cas particulier de l’Outaouais
Plus de la moitié des 206,6 millions versés par la RAMQ à des hôpitaux ontariens concernent des résidents de l’Outaouais ayant obtenu des soins dans des établissements d’Ottawa, l’an dernier.
Les trois campus de l’Hôpital d’Ottawa ont soigné des Québécois pour un total de 40,9 millions, l’an dernier. Le Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario n’est pas bien loin derrière, avec des réclamations de 39,3 millions soumises à la RAMQ pour des services rendus à des enfants et adolescents demeurant de l’autre côté de la rivière des Outaouais.
L’Hôpital d’Ottawa a reçu plus de 40 millions de dollars de la RAMQ pour des services rendus à des résidents de l’Outaouais en 2024. (Simon Séguin-Bertrand/Archives Le Droit)
Chez Action Santé Outaouais, Mathieu Charbonneau estime que la tendance à la hausse ne pourra pas être renversée sans une injection massive d’argent dans le réseau régional. «Tant et aussi longtemps qu’il n’y aura pas de réinvestissement dans les infrastructures de santé et qu’il n’y aura pas une véritable stratégie en matière de main-d’oeuvre pour l’Outaouais, on ne sera pas capable de rapatrier ces dépenses et ces services-là», dit-il.
M. Charbonneau rappelle que selon l’Observatoire du développement de l’Outaouais, le réseau de la santé de la région souffre d’un sous-financement évalué à près de 350 millions de dollars pour l’année 2023.
«C’est comme si on accepte que l’Outaouais est dépendante de l’Ontario et qu’il n’y a rien à faire. […] Le ministre de la Santé ne peut pas se cacher derrière Santé Québec. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités et financer l’Outaouais à la hauteur de ses besoins pour mettre fin à l’iniquité de financement.»
— - Mathieu Charbonneau, directeur général d’Action Santé Outaouais
Des dizaines de millions à Hawkesbury
L’Hôpital général de Hawkesbury, dans l’Est ontarien, n’est pas en reste.
Les plaques d’immatriculation arborant le «Je me souviens» sont monnaie courante dans cette municipalité comptant à peine plus de 10 000 habitants: la RAMQ a remboursé 51,2 millions à l’hôpital local pour des soins rendus à des Québécois, l’an dernier. Il s’agit d’une hausse de 22% par rapport à 2023.
À partir de Grenville, dans les Laurentides, il suffit de traverser un pont et de rouler quelques kilomètres pour arriver à l’Hôpital général de Hawkesbury.
Les québécois ont consommé pour plus de 50 millions de dollars de soins l’an dernier à l’Hôpital général de Hawkesbury. (Archives Le Droit, Patrick Woodbury)
Ce sont justement les résidents des Laurentides qui sont à l’origine de la plus grosse part de la facture reçue par la RAMQ pour des soins rendus en 2024 dans cet hôpital, soit tout près de 21 millions.
En attendant l’ouverture du futur hôpital de Vaudreuil-Soulanges, dans quelques années, les résidents de la Montérégie ont de leur côté consommé pour presque 17 millions$ de soins à l’Hôpital général de Hawkesbury, l’an dernier.
Santé Québec affirme que «l’ouverture prochaine de l’hôpital de Vaudreuil-Soulanges et à plus long terme le projet du nouvel hôpital de l’Outaouais constitueront des leviers importants pour réduire les déplacements des usagers québécois vers l’Ontario», en soulignant que «ces établissements offriront notamment des soins de pointe et des services spécialisés».
«Notre objectif est de garantir un accès équitable aux soins pour tous les Québécois.»
— Santé Québec
Et l’inverse?
La Belle Province soigne elle aussi des patients ontariens, mais dans une bien moindre mesure.
En 2023-2024, l’Ontario a remboursé à la RAMQ des montants totalisant 24,3 millions pour de soins fournis à ses résidents. C’est presque huit fois moins que la facture qui a été transmise par l’Ontario pour des patients du Québec.
«Comme société, nous prioriserons toujours que les Québécois puissent être soignés gratuitement quand ils en ont besoin, note le cabinet de Christian Dubé. Ainsi, lorsque des personnes se font soigner ailleurs au Canada, la RAMQ est responsable de rembourser les frais encourus.»
Produit cancérigène L’EPA entend revoir l’interdiction de l’amiante chrysotile
PHOTO TING SHEN, ARCHIVES REUTERS
L’Agence de protection de l’environnement (EPA) prend le contrepied d’une cinquantaine de pays ayant interdit l’amiante.
L’Agence de protection de l’environnement (EPA) entend revoir les restrictions instaurées pour empêcher l’utilisation de l’amiante chrysotile aux États-Unis.
Publié à 0 h 00
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Marc Thibodeau La Presse
Ce qu’il faut savoir
- L’Agence américaine de protection de l’environnement entend revoir les restrictions visant à empêcher l’utilisation continue de l’amiante chrysotile aux États-Unis.
- La décision suscite une importante levée de boucliers chez les environnementalistes et les spécialistes en santé publique opposés à l’utilisation de ce produit cancérigène.
- Plus de 50 pays, dont le Canada, ont déjà interdit l’amiante sous toutes ses formes depuis plusieurs années.
Elle prend ainsi le contrepied d’une cinquantaine de pays ayant interdit ce produit cancérigène de longue date, dont le Canada, qui a formellement pris position en 2018 après avoir longtemps défendu l’idée que son utilisation sans danger était possible.
L’Asbestos Disease Awareness Organization (ADAO), qui lutte depuis des années contre de grands acteurs industriels pour faire interdire l’amiante sous toutes ses formes aux États-Unis, estime que la décision de l’EPA « va faire reculer la nation » en matière de réglementation et « mettre des vies à risque ».
« C’est un sérieux revers pour la santé publique qui va créer du chaos et de la confusion », a indiqué la présidente de l’organisation, Linda Reinstein, dans un communiqué rappelant que 40 000 Américains meurent chaque année de maladies découlant de l’exposition à l’amiante.
L’Environmental Protection Network (EPN) voit pour sa part dans l’annonce de l’EPA la preuve que les groupes industriels qui continuent d’utiliser l’amiante dans certains produits resserrent leur emprise sur le processus réglementaire.
La décision des dirigeants de l’agence montre qu’ils « opèrent sans contraintes alors qu’ils multiplient les faveurs » envers des sociétés polluantes sans considérer l’impact sur la population américaine, dénonce l’EPN.
Évaluer d’autres solutions
L’annonce des intentions de l’EPA a été faite indirectement avec le dépôt à la mi-juin d’une requête judiciaire révélée par le New York Times.
Une administratrice estimait qu’il était nécessaire de revoir si les restrictions imposées pour l’amiante chrysotile « allaient au-delà de ce qui est requis » pour éliminer le risque lié au produit.
Lynn Ann Dekleva, qui a travaillé pendant des années à l’EPA puis à l’American Chemistry Council avant de revenir à l’Agence au début de l’année, a indiqué dans une déclaration sous serment qu’il était nécessaire d’évaluer si d’autres solutions, comme l’imposition de « mesures de protection en milieu de travail », seraient plus appropriées que l’interdiction du produit.
Elle a précisé que la réflexion pourrait notamment mener à la poursuite d’un processus de production de chlore à base d’amiante favorisé par une demi-douzaine de firmes.
Mme Dekleva a précisé que le processus de révision prendrait 30 mois en raison des ressources limitées de l’EPA, sans préciser si l’organisation veillerait à faire respecter l’interdiction en vigueur durant cette période, une omission qui inquiète l’ADAO.
Une longue bataille
La régulation de l’amiante a fait l’objet de décennies de batailles judiciaires aux États-Unis avant que ne soit adopté en 2016 un ambitieux projet de loi visant à conférer au gouvernement de larges pouvoirs en matière de contrôle des produits toxiques.
Ce n’est finalement qu’en mars 2024 que l’EPA a annoncé sa décision d’interdire l’utilisation continue dans une demi-douzaine de secteurs de l’amiante chrysotile, qui est la seule forme du produit toujours utilisée activement aux États-Unis.
Plusieurs des restrictions prévoyaient une mise en place progressive sur plusieurs années de manière à éviter un impact économique démesuré pour les entreprises concernées.
L’ex-dirigeant de l’EPA Michael Regan, qui a quitté son poste en décembre avant le retour à la présidence de Donald Trump, avait déclaré que l’interdiction de l’amiante chrysotile « n’était que le début du travail à faire » pour protéger les Américains contre toute exposition dangereuse à des produits chimiques toxiques.
« Je n’ai pas de mots »
La valse-hésitation de l’EPA en matière de régulation de l’amiante chrysotile rappelle de mauvais souvenirs au conseiller scientifique de l’Association des victimes de l’amiante du Québec (AVAQ), Norman King.
« Je n’ai pas de mots pour qualifier une telle décision », souligne l’épidémiologiste, qui ne voit aucune raison valable sur le plan de la science ou de la santé publique pouvant justifier une levée même partielle de l’interdiction de l’amiante.
Il n’existe aucun doute sur son caractère cancérigène et aucun seuil d’exposition minimale sécuritaire n’a été déterminé même si le sujet a longtemps fait débat au Québec sous l’influence de l’industrie locale de l’amiante, rappelle M. King.
L’action des dirigeants de l’EPA relativement à l’amiante chrysotile reflète la faible importance qu’accorde l’administration américaine aux questions de santé publique, juge le spécialiste.
Le phénomène est illustré notamment, dit-il, par la nomination du militant antivaccin Robert Kennedy fils au poste de secrétaire à la Santé ou celle d’un ancien dirigeant d’Amazon à la tête de l’Occupational Safety and Health Administration (OSHA), qui avait fustigé l’entreprise relativement aux conditions de travail de ses employés.
« Il n’y a aucune préoccupation pour le bien-être de la population. Ce qu’on voit, ce sont des lobbyistes et des milliardaires qui poussent pour faire avancer leurs intérêts », relève M. King.
Qu’est-ce que l’amiante chrysotile ?
Le chrysotile (aussi appelé amiante blanc) est le type d’amiante le plus exploité et le plus utilisé dans le monde, particulièrement dans le secteur de la construction.
La dernière mine de chrysotile à avoir été exploitée au Canada, située à Thetford Mines, a mis fin à ses activités en novembre 2011. Le sous-sol québécois recèle toujours du chrysotile.
Comme les autres types d’amiante, le chrysotile peut causer le cancer. On le retrouve dans presque tous les produits à base d’amiante offerts sur le marché, comme les garnitures de freins, les conduites d’eau et d’égout, ainsi que les isolants.
Fannie Arcand, La Presse
Des cellules souches auraient « guéri » le diabète de type 1
Résumé
Selon une étude Des cellules souches auraient « guéri » le diabète de type 1
PHOTO MOHAMED ABD EL GHANY, ARCHIVES REUTERS
Cette étude, si elle est loin d’être parfaite, nous rapproche quand même un peu plus du jour où ces patients n’auront plus besoin de doses d’insuline pour contrôler leur glycémie, a commenté le docteur Rémi Rabasa-Lhoret, un expert de cette maladie à l’Institut de recherches cliniques de Montréal.
Une thérapie de cellules souches a permis de rétablir la production d’insuline chez une dizaine de patients atteints d’un diabète de type 1, révèle une étude publiée par le prestigieux New England Journal of Medicine.
Publié le 4 juillet
Jean-Benoit Legault La Presse Canadienne
Cette étude, si elle est loin d’être parfaite, nous rapproche quand même un peu plus du jour où ces patients n’auront plus besoin de doses d’insuline pour contrôler leur glycémie, a commenté le docteur Rémi Rabasa-Lhoret, un expert de cette maladie à l’Institut de recherches cliniques de Montréal qui est passé à un cheveu de participer à ces travaux.
« C’est un grand pas dans la bonne direction », a-t-il dit.
Quatorze patients ont été recrutés aux fins de cette étude. Deux sont morts en cours de route, l’un d’une méningite cryptococcale et l’autre d’une démence préexistante. Le besoin d’insuline exogène a été réduit ou éliminé chez les 12 sujets restants, au point où 83 % d’entre eux n’avaient plus besoin d’insuline 12 mois après le début du traitement.
« Bien que l’élimination du besoin d’insuline exogène soit souhaitable, les résultats de cette étude montrent les avantages cliniques de la restauration de la fonction des îlots pancréatiques, même en l’absence d’élimination complète du traitement à l’insuline », écrivent les auteurs.
On a aussi constaté une absence complète d’évènements hypoglycémiques graves chez les 12 participants qui ont reçu une dose complète de la thérapie et complété un suivi d’au moins 12 mois.
On garde toujours cet espoir, a dit le docteur Rabasa-Lhoret, « de réussir à guérir le diabète de type 1 en permettant aux gens de retrouver les cellules qui produisent l’insuline ». Pour le moment, cette option n’est accessible qu’à un nombre infime de patients chaque année et implique une greffe soit du pancréas en entier, soit des cellules productrices d’insuline ― ce qui nécessite, bien évidemment, le décès récent d’un donneur compatible.
Le patient devra ensuite s’astreindre à un régime d’immunosuppression pour empêcher son système immunitaire de rejeter la greffe.
La nouvelle étude se heurte au même obstacle, puisque les cellules souches utilisées provenaient de donneurs étrangers et non du patient lui-même. À ce sujet, la plupart des effets secondaires constatés ont été légers ou modérés, assurent les auteurs de l’étude, et étaient essentiellement attribuables à la thérapie immunosuppressive requise.
« Le principal inconvénient [de la thérapie de cellules souches] est qu’on doit encore prendre un traitement antirejet, a dit le docteur Rabasa-Lhoret. Et pour le diabète de type 1, on a d’autres solutions. »
Il faut garder à l’esprit, a-t-il rappelé, qu’un traitement d’immunosuppression n’a rien de banal puisqu’il comporte un risque non négligeable de certaines infections et même de certains cancers. Ainsi, même si cela n’est pas évoqué dans l’étude, on ne peut pas exclure que la méningite cryptococcale qui a emporté un des participants soit associée à cette immunosuppression, a ajouté le docteur Rabasa-Lhoret.
Cela étant dit, la nouvelle étude franchit « une étape absolument indispensable pour aller vers quelque chose sans immunosuppression », a-t-il souligné.
Un éventuel traitement sans immunosuppression impliquera la transformation de cellules souches prélevées chez le patient en cellules capables de produire de l’insuline.
C’est toutefois plus facile à dire qu’à faire, a prévenu le docteur Rabasa-Lhoret, et l’exploit n’a à présent été réalisé que chez un seul patient, dans le cadre d’une étude dont les résultats n’ont pas encore été publiés.
Quand on prend les cellules souches d’un patient pour les retransformer en cellules qui produisent de l’insuline, a-t-il expliqué, « on peut introduire des petites différences qui feront que l’organisme pourrait commencer à ne pas les reconnaître », ce qui provoquerait une réaction immunitaire indésirable et potentiellement dangereuse.
On devra aussi s’assurer que ces cellules souches ne causent pas d’autres problèmes à moyen ou à long terme, par exemple en se transformant en cellules cancéreuses, a-t-il dit.
« Le Saint-Graal que les patients recherchent, c’est une guérison », a rappelé le docteur Rabasa-Lhoret.
Mais avec les solutions dont on dispose en ce moment pour gérer le diabète de type 1, a-t-il poursuivi, les inconvénients de l’immunosuppression deviennent « pas mal moins intéressants ».
Il y aura forcément des gens qui n’arriveront pas à prendre leur insuline ou qui auront d’autres problèmes, a rappelé le docteur Rabasa-Lhoret, « et il y aura un petit marché chez ces gens-là, mais la prochaine étape est vraiment l’absence d’immunosuppression ».
« On sait maintenant que c’est faisable, a-t-il conclu. Ce n’est pas chez la souris, ce n’est pas chez le rat, ce n’est pas chez le cochon, c’est chez l’humain. On sait que c’est faisable de greffer des cellules et de produire l’insuline chez les patients, ce qui est assez magique quand même. »
Le traitement mis à l’essai dans le cadre de cette étude de phase 1/2 a été développé par l’entreprise de biotechnologie Vertex, qui a déjà fait parler d’elle après avoir mis sur le marché un traitement ― également à base de cellules souches ― contre la fibrose kystique et qui, pour une première fois, s’attaquait aux causes profondes de la maladie et non uniquement à ses symptômes.
Résumé
Un traitement prometteur pour le cancer de la prostate enfin remboursé
Par Philippe Chabot, Le Soleil
7 juillet 2025 à 04h05
Selon des statistiques de la Société canadienne du cancer, 5000 Canadiens sont décédés d’un cancer de la prostate l’an dernier, ce qui représente 11 % de tous les décès par cancer chez les hommes en 2024. (Archives Associated Press)
Le gouvernement du Québec remboursera dorénavant le Pluvicto, un traitement prometteur qui pourrait aider les hommes atteints du cancer de la prostate à vivre plus longtemps, avec moins d’effets indésirables.
Pour les hommes dont le cancer de la prostate s’est étendu dans le corps, il n’existe aucun traitement pour les guérir. Leur espérance de vie dépasse rarement trois ans.
Ceux n’ayant pas répondu aux deux premières lignes de traitement, dont la castration et la chimiothérapie de docetaxel, en sont souvent à leur dernière année de vie.
Or, ils ont désormais une option pour vivre plus longtemps tout en atténuant leurs souffrances, indique au Soleil le Dr Frédéric Arsenault, président de l’Association des médecins spécialistes en médecine nucléaire du Québec.
«Pas d’effets secondaires»
Le Pluvicto, un médicament novateur qui entraîne peu d’effets indésirables, est remboursé par le gouvernement du Québec depuis le 2 juillet 2025, a annoncé la compagnie Novartis à l’origine de ce produit.
«Avec le Pluvicto, on ne retrouve pas d’effets secondaires comme des bouffées de chaleur, une diminution de la libido et des troubles érectiles», mentionne le Dr Arsenault, qui pratique au CHU de Québec.
Novartis Canada explique au Soleil que son médicament cible directement une protéine à la surface des cellules cancéreuses, ce qui permettrait de réduire les dommages causés aux tissus sains et de minimiser les effets secondaires.
«Ce traitement était aussi populaire, parce que les premiers résultats étaient positifs. On arrivait à prolonger la vie des patients et à améliorer leur qualité de vie», ajoute le Dr Arsenault.
Selon lui, entre 200 et 300 patients québécois pourraient bénéficier de ce traitement chaque année. Il consiste en six doses administrées par voie intraveineuse, à raison d’une toutes les six semaines.
«Ils n’ont pas besoin de pilules ou d’avoir un traitement tous les jours, pointe le Dr Frédéric Arsenault. Mais ce n’est pas un vaccin, ça ne guérit pas. L’objectif est de prolonger leur vie», répète-t-il.
Selon des statistiques de la Société canadienne du cancer, 5 000 Canadiens sont décédés d’un cancer de la prostate l’an dernier, ce qui représente 11 % de tous les décès par cancer chez les hommes en 2024.
Traitement coûteux
Au printemps 2024, des voix se faisaient entendre pour rendre ce traitement accessible à tous. L’uro-oncologue Fred Saad du Centre hospitalier de l’Université de Montréal militait notamment pour que le Pluvicto puisse être couvert pour certains patients.
Auparavant, seulement ceux ayant une assurance privée qui le couvre ou ayant les moyens de le payer eux-mêmes y avaient accès. L’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé estime que le traitement par Pluvicto coûte annuellement 122 489 $ par personne.
Malgré son «coût élevé», l’INESSS recommandait en juin 2023 le remboursement du traitement, à la condition que «le fabricant contribue à réduire le fardeau économique sur le système de santé».
Entre 200 et 300 patients québécois pourraient bénéficier du traitement chaque année. (pluvicto.com)
Le Pluvicto a donc fait l’objet de négociations de prix avec Novartis par l’entremise de l’Alliance pancanadienne pharmaceutique, auxquelles le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec prenait part.
«Ces négociations ont été longues», fait savoir le Dr Frédéric Arsenault.
Après la conclusion des négociations avec l’Alliance pancanadienne pharmaceutique à la fin de 2024, Novartis a mené des discussions avec le gouvernement du Québec pendant près de six mois avant d’en arriver à une entente.
«Novartis se réjouit de la décision de financer publiquement le Pluvicto, une étape importante pour assurer un accès équitable à tous les patients canadiens admissibles», nous indique succinctement l’entreprise.
Le prix négocié est certainement beaucoup moins élevé que le montant affiché, avance le Dr Arsenault. «Les autorités considèrent donc qu’il est à son juste prix pour l’offrir aux patients.»
«Ça ouvre un bel avenir pour les patients au Québec. Dans cinq à dix ans, on prévoit avoir des traitements similaires pour le cancer du sein, du pancréas, de l’estomac et du foie», conclut le président de l’Association des médecins spécialistes en médecine nucléaire du Québec.