Le projet Royalmount réduit sa superficie commerciale
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
Les travaux sur le site du projet Royalmount, qui avaient commencé avant la pandémie, sont arrêtés. Ils devraient reprendre à la fin de l’été.
La livraison de la première phase est reportée à l’automne 2023
Publié le 28 avril 2021 à 5h00
Nathaëlle Morissette
La Presse
La pandémie a joué dans les plans du Royalmount. Reportée depuis le début de la crise, la première phase du projet controversé de centre commercial et résidentiel, à l’angle des autoroutes 15 et 40, verra finalement le jour à l’automne 2023 avec une superficie destinée aux détaillants réduite de 25 % par rapport à ce qui avait été prévu initialement.
Jusqu’à maintenant, plus de 40 % des espaces commerciaux sont déjà loués, et des ententes ont été conclues avec le chef montréalais renommé Antonio Park pour l’ouverture de deux nouveaux concepts de restaurant, a indiqué mardi Nicolas Désourdy, vice-président exécutif et associé chez Carbonleo, promoteur du projet, dans le cadre d’une conférence virtuelle organisée par le Conseil québécois du commerce de détail.
M. Désourdy admet que la crise actuelle a donné lieu à toutes sortes de réflexions à propos du projet, dont la première phase est évaluée à un peu moins de 2 milliards de dollars. « On est humains. Comme tout le monde, on est passés un petit peu par toute la gamme d’émotions », a-t-il confié au cours d’une entrevue accordée à La Presse, en marge de la conférence portant sur l’avenir des centres commerciaux. « Est-ce qu’on a déjà pensé à renoncer à notre projet ? Non. Est-ce que ça nous a amenés à avoir toutes sortes de réflexions ? Absolument. »
« Si ce n’était pas de la COVID-19, ce serait différent. Il a fallu s’adapter, il a fallu réagir, explique M. Désourdy. On a décidé de reporter l’ouverture d’un an. C’est une bonne chose. Je pense qu’aujourd’hui, on est contents des changements qu’on a apportés, [comme celui de] réduire un peu notre [offre commerciale]. »
De 200 espaces destinés à des fins commerciales — magasins, restaurants, espaces de divertissement —, le promoteur, qui veut en faire une destination axée sur les marques de luxe, est passé à 170. « On a réduit d’environ 25 % notre superficie de la première phase. On avait une phase qui était autour de 1,1 million pi2, et là, on est plus autour des 825 000 pi2 dans notre première phase », dit M. Désourdy. C’est sûr qu’on va avoir un peu moins de détaillants. »
« En ce moment, on négocie avec plus de 150 détaillants, ajoute-t-il. Aucun ne nous a dit, au cours des 14 derniers mois, qu’il voulait se retirer. » Le projet cherche à attirer des marques de luxe de partout dans le monde. On assure toutefois vouloir avoir une teinte québécoise.
« Je ne veux pas que vous pensiez que c’est un projet qui n’est qu’international, a tenu à dire Nicolas Désourdy. Évidemment, on a beaucoup de détaillants qui viennent de l’international, des États-Unis. Mais on a aussi beaucoup de détaillants québécois. On a des gens du Québec, de Montréal. Il y en a beaucoup qui sont en train de se positionner dans ce marché du luxe, qui veulent compétitionner avec les Moncler [marque de manteaux haut de gamme]. »
Un parc linéaire, des espaces publics, des bureaux et des logements s’ajouteront éventuellement au projet au cours des prochaines années. La question du zonage résidentiel n’est toutefois pas réglée. « On est en démarche avec la Ville de Mont-Royal et celle de Montréal pour ajouter le volet résidentiel à notre projet. Ça va bon train. Nos discussions avancent. »
Reprise des travaux
Par ailleurs, sur le site, à l’angle des autoroutes 15 et 40, les travaux qui avaient commencé avant la pandémie sont arrêtés. Ils devraient reprendre à la fin de l’été. « Quand on a décidé de reporter le projet d’un an, on a aussi réussi à trouver une façon de réduire notre période de construction. Donc, ça nous permet de reprendre les travaux de façon graduelle seulement à la fin de l’été 2021. »
La construction de la passerelle piétonne enjambant le boulevard Décarie pour relier la station de métro De la Savane et la place publique du Royalmount devrait commencer au même moment. À ce sujet, Carbonleo nie avoir demandé une participation financière du gouvernement, comme on pouvait le lire dans la fiche du promoteur apparaissant au Registre des lobbyistes en mai 2020. « C’est faux, lance sans détour M. Désourdy. On n’a demandé aucun sou. On la paie nous-mêmes. C’est quand même considérable, c’est un projet de 20 millions de dollars qui va devenir une entité plus publique. »
Projet controversé
Rappelons que, depuis le début, le projet Royalmount ne fait pas l’unanimité. Manque de mesures d’atténuation de la congestion routière, absence de proposition de logement social dans son volet résidentiel et trouble du voisinage appréhendé par la direction de Dollarama, dont les entrepôts et le centre de distribution sont situés tout près, comptent parmi les critiques faites au projet au cours des dernières années.
Selon Christian Savard, directeur général de Vivre en ville, qui a toujours affirmé que ce n’était « pas un bon projet pour l’armature commerciale de Montréal », la crise actuelle serait une bonne occasion pour le promoteur de revoir complètement le concept. « On devrait effectivement un peu recommencer à zéro pour ce secteur, impliquer le promoteur, soutient-il. Il y a peut-être certains morceaux de son projet qui peuvent encore s’avérer intéressants. »
« C’est vendu comme une destination ; ce n’est pas vendu comme étant des commerces de proximité. Donc, les commerces de destination, les restaurants, les grandes marques sont surtout au centre-ville, ajoute-t-il. Il y a tout un écosystème qu’on pourrait venir déstabiliser avec cette offre de nouvelles surfaces commerciales. »
« Mais je pense que l’idée du mégaplex commercial doit être abandonnée pour le bien du promoteur, pour le bien du site et pour le bien du commerce de détail. »
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