REV Henri-Bourassa

Un premier tronçon sera réaménagé dès cette année dans Saint-Laurent, entre les rues Félix-Leclerc et Miniac, pour y intégrer du transport actif ; un deuxième le sera en 2024 dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville – Montréal n’était pas en mesure mardi matin de préciser quand le SRB serait ajouté. Ce sont surtout les secteurs de Montréal-Nord, d’Ahuntsic-Cartierville et de Saint-Laurent qui en profiteront.

Le Vieux-Montréal sera piétonnisé

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Le Vieux-Montréal, dont seule la rue Saint-Paul Est piétonne durant l’été, deviendra progressivement « le royaume des piétons », a déclaré la mairesse.

La Ville de Montréal piétonnisera un quadrilatère complet du Vieux-Montréal à compter de l’été 2024 et transformera dès cette année le boulevard Henri-Bourassa en « véritable corridor de mobilité durable », a annoncé mardi la mairesse Valérie Plante, à l’ouverture du deuxième Sommet Climat Montréal.

Publié à 10h44 Mis à jour à 11h47

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Jean-Thomas Léveillé
JEAN-THOMAS LÉVEILLÉLA PRESSE


Henri Ouellette-Vézina
HENRI OUELLETTE-VÉZINALA PRESSE

Ces deux mesures s’inscrivent dans l’objectif de décarbonation des transports que la métropole s’est donné pour 2040. Le Vieux-Montréal, dont seule la rue Saint-Paul Est piétonne durant l’été, deviendra progressivement « le royaume des piétons », a déclaré la mairesse.

« On a la chance d’avoir un vrai quartier historique, un quartier très couru, très populaire ; on veut le rendre plus convivial », a-t-elle expliqué, citant les exemples de Vienne, Bruxelles, Amsterdam ou Montpellier, qui ont exclu les voitures de leur cœur historique.

La piétonnisation s’amorcera en 2024, le temps de délimiter le quadrilatère et de « penser à ce qui doit être mis en place pour que ce soit un succès », a indiqué Mme Plante.

Corridor de mobilité durable

Montréal entreprendra par ailleurs dès cet été la transformation du boulevard Henri-Bourassa, pour éventuellement y aménager un axe du Réseau express vélo (REV) et un axe de Service rapide par bus (SRB), un projet qui avait été promis par l’administration Plante lors de la campagne électorale de 2021.

À l’époque, le coût du projet avait été évalué à environ 6 millions le kilomètre, ce qui, en tenant compte des 10 kilomètres sur lesquels il s’étendrait, donnerait un coût estimé de 60 millions.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Cet axe de circulation de huit voies traversera « des dizaines d’écoles », des parcs se trouvent à proximité et six collisions mortelles ainsi que 42 collisions faisant des blessés graves y sont survenues entre 2014 et 2021, a souligné la mairesse Plante.

C’est aussi la voie de circulation de la Société de transport de Montréal (STM) la plus occupée de la ville, avec 50 000 voyageurs par jour. La STM rappelle d’ailleurs que ce projet est inscrit dans la Vision 2025 des voies réservées de la métropole depuis maintenant deux ans.

C’est le recalibrage d’un boulevard qui est névralgique, on veut le rendre agréable sécuritaire pour l’ensemble des usagers de la route.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Un premier tronçon sera réaménagé dès cette année dans Saint-Laurent, entre les rues Félix-Leclerc et Miniac, pour y intégrer du transport actif ; un deuxième le sera en 2024 dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville – Montréal n’était pas en mesure mardi matin de préciser quand le SRB serait ajouté. Ce sont surtout les secteurs de Montréal-Nord, d’Ahuntsic-Cartierville et de Saint-Laurent qui en profiteront.

Sortir les camions des petites rues

Montréal entend aussi « sortir les camions de livraison de [ses] rues locales », en multipliant les initiatives comme le projet Colibri, qui consiste à effectuer avec des petits véhicules zéro émission les livraisons locales à partir de mini-entrepôts.

Pour y parvenir, la Ville déploiera une Stratégie de logistique urbaine et décarbonée d’ici 2024, pour à la fois décarboner les transports et sécuriser les rues de quartier. La décarbonation des transports amènera aussi une « plus-value », affirme Valérie Plante, puisqu’elle aura pour effet d’alléger la circulation.

« La congestion dans la région de Montréal coûte plus de 4 milliards de dollars par année, dit-elle. On a tout intérêt à s’attaquer à la décarbonation du transport. »

La mairesse Plante a appelé les participants au Sommet Climat Montréal à ne pas se laisser décourager par la hausse des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la métropole, que rapportait La Presse mardi. La rencontre doit avoir « l’effet inverse », dit-elle : « Il faut se motiver, il faut se mobiliser, il faut se rappeler ce qu’on a fait de bon et se donner l’énergie pour aller plus loin, plus fort ».

Des usagers déjà « habitués »

La directrice générale de Piétons Québec, Sandrine Cabana-Degani, a parlé mardi d’une « excellente nouvelle » pour le Vieux-Montréal. « On fait ainsi comme plusieurs autres villes dans le monde qui décident actuellement de piétonniser leur cœur historique. C’est l’endroit où il y a déjà énormément de visiteurs et de piétons, et qui se parcourt très bien à pied », soutient-elle.

L’aménagement des rues dans le Vieux-Montréal, ajoute Mme Degani, « favorise aussi déjà la prise de possession par les piétons, avec des rues très étroites et un manque d’espace sur les trottoirs ». « Autrement dit, les gens marchent déjà naturellement dans la rue, ils y sont habitués », fait-elle valoir.

Son groupe réclame toutefois « un peu plus de détails » sur la nature des zones piétonnisées avant de se prononcer davantage. « On comprend que ce sera une zone à priorité piétonne, donc probablement que la livraison va demeurer permise à certaines heures, et qu’il y aura possibilité d’accéder pour les personnes à mobilité réduite d’autres façons. Tout ça est à prendre en considération », affirme la DG.

Celle-ci espère plus globalement que « le piéton aura une place prépondérante » dans l’éventuelle « zone zéro émission » au centre-ville de Montréal, que l’administration Plante projette de créer d’ici 2030. Au Royaume-Uni, Londres avait annoncé l’an dernier que sa zone de faibles émissions de gaz à effet de serre (GES) serait élargie à tout le Grand Londres, où vivent 9 millions de personnes.

L’opposition, elle, accueille l’annonce en demi-teintes. « L’administration Plante n’apprend pas de ses erreurs et arrive avec une annonce sur le coin d’une table sans même préciser quel quadrilatère sera piétonnier et sans consultation auprès des commerçants et résidents », dit son chef Aref Salem.

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