Réseau express vélo du centre-ville Le CHUM s’oppose à la piste cyclable sur Viger
PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE
« Depuis plusieurs années, on a transmis et communiqué avec la Ville de Montréal pour lui dire que nous étions inquiets et en désaccord avec la piste cyclable sur Viger, qui passe devant l’entrée des ambulances du CHUM », soutient Danielle Fleury, PDG adjointe du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM).
Risques d’accident et de congestion routière : dans une mise en demeure envoyée à la Ville de Montréal, le CHUM s’oppose à l’établissement du nouveau Réseau express vélo (REV) dans l’entourage immédiat de l’hôpital. Une sortie publique qui déçoit les instances de la Ville.
Publié à 15h51 Mis à jour à 17h08
Lila Dussault La Presse
« Le problème, c’est que nos patients ne viennent pas à vélo », résume en entrevue Danielle Fleury, PDG adjointe du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). Elle a fait parvenir le 29 juin dernier une mise en demeure à la mairesse de Montréal Valérie Plante pour s’opposer au projet du Réseau express vélo (REV). Celui-ci vise à rendre la piste cyclable de l’avenue Viger Est, qui existait déjà avant l’arrivée du CHUM, plus sécuritaire.
Un nouveau tronçon du REV verra le jour pour relier le centre-ville de Montréal d’est en ouest. Dans l’arrondissement de Ville-Marie, où se situe le CHUM, les pistes cyclables unidirectionnelles vont longer l’avenue Viger Est et la rue Saint-Antoine Est, de part et d’autre de l’autoroute Ville-Marie, sur une distance de 1,5 km. Les travaux doivent commencer en juillet.
Pour ce faire, une voie de circulation automobile sera retirée sur l’avenue Viger tandis que la piste cyclable qui longe déjà le CHUM depuis 12 ans sera élargie et sécurisée. « On vient mieux partager l’espace public », estime Robert Beaudry, responsable de l’urbanisme au comité exécutif de la Ville de Montréal.
La Direction régionale de santé publique (DRSP) est en faveur du REV, mais maintient que des solutions doivent être trouvées pour ne pas nuire aux activités de l’hôpital. « L’arrivée du REV va permettre de diminuer le débit de circulation véhiculaire et permettre d’améliorer la sécurité de l’ensemble des usagers dans ce secteur », soutient Jean Nicolas Aubé, relationniste pour la DRSP.
L’opposition officielle à Montréal affirme que l’administration plante fait preuve d’une « attitude cavalière » envers le CHUM. « Nous l’invitons à une plus grande ouverture, à rediscuter avec eux et à se mettre en mode solution afin qu’un projet cyclable sécurisé voie le jour dans le secteur sans compromettre l’accès prioritaire aux services d’urgence », indique Aref Salem, chef de l’opposition officielle à l’hôtel de ville.
Le CHUM contre cette piste cyclable
« Depuis plusieurs années, on a transmis et communiqué avec la Ville de Montréal pour lui dire que nous étions inquiets et en désaccord avec la piste cyclable sur Viger, qui passe devant l’entrée des ambulances du CHUM », soutient Danielle Fleury.
À cette intersection, des ambulances garées empiètent régulièrement sur la voie cyclable, le temps que les ambulanciers terminent leurs dossiers et informent leur centrale qu’ils sont à nouveau disponibles, affirme Mme Fleury. Une cinquantaine d’ambulances vont au CHUM chaque jour.
La Ville de Montréal a rencontré le CHUM à de nombreuses reprises, selon M. Beaudry, pour proposer des aménagements à cet endroit, comme des entrées charnières, de la signalisation, une matérialité différente au sol, un signal sonore quand les portes du garage des ambulances ouvrent, et des espaces réservés aux ambulances dans la rue Sanguinet, à côté. « On ne fait jamais de compromis sur la sécurité, assure-t-il, mais on sent énormément de fermeture de la part [du CHUM] sur ce sujet-là. »
Pour Jean-François Rheault, PDG de Vélo Québec, l’argument du CHUM ne tient pas la route, car l’arrivée de REV va améliorer la sécurité pour tous les usagers du secteur.
Des problèmes de circulation ?
La réduction des voies de circulation sur l’avenue Viger interpelle aussi Mme Fleury. Dans la mise en demeure envoyée à la Ville de Montréal, elle explique que plus de 5500 personnes se déplacent au CHUM tous les jours pour travailler ou faire du bénévolat. Le CHUM accueille aussi quotidiennement aux consultations externes plus de 4500 patients, souvent accompagnés, et jusqu’à 220 patients aux urgences.
Si certains patients viennent en transport en commun, plusieurs se déplacent en transport adapté, en voiture ou en taxi, souligne Mme Fleury. « C’est vrai que le transport actif est là pour diminuer le nombre de véhicules, reconnaît-elle, mais on veut protéger l’accès au CHUM pour les patients. »
Après plusieurs tentatives de communication avec les instances de la Ville de Montréal, qualifiées de « dialogue de sourds » par Mme Fleury, le CHUM a décidé d’envoyer une mise en demeure pour se faire entendre.
Le CHUM dément toutefois l’idée d’être contre le transport actif. « On ne veut pas en faire un débat vélo contre automobilistes, soutient Danielle Fleury. Ce qu’on remet en question, c’est l’endroit qui a été choisi [pour le REV]. »
Et à quel endroit serait-ce plus approprié ? Selon la mise en demeure, la réponse est : « pas dans l’entourage immédiat du CHUM ».