Réseau eau potable de Montréal - Discussion générale

Inondation dans Saint-Michel: la conduite d’eau était «sous surveillance»

De gauche à droite: Martin Guilbault, chef de division du SIM, Chantal Morissette, directrice du Service de l’eau de la Ville de Montréal, et Valérie Plante constatent les dégâts causés par le bris d’aqueduc dans Saint-Michel. Photo: Nicolas Monet, Métro

Nicolas Monet

28 juillet 2023 à 16h25 - Mis à jour 28 juillet 2023 à 17h03 4 minutes de lecture

La conduite d’eau qui s’est brisée tôt vendredi matin au coin de la rue Bélanger et de la 18e Avenue était «sous [la] surveillance» du Service d’eau de la Ville de Montréal. Le bris d’aqueduc a plongé sous l’eau un secteur de Saint-Michel et mené à l’évacuation de 18 ménages.

La conduite, installée en 1974, a été classée comme «conduite à remplacer» après une inspection en 2019, a révélé la directrice du Service d’eau, Chantal Morissette, vendredi, en conférence de presse. Les travaux étaient prévus pour 2026.

«Notre administration a toujours pris extrêmement au sérieux le remplacement et l’entretien du réseau d’aqueduc», a défendu la mairesse Valérie Plante. «On sait que l’entretien du réseau d’aqueduc a été sous-financé pendant des décennies […]. On doit mettre les bouchées doubles.»

C’est une conduite qui est fragile, qui était sous surveillance.

Chantal Morissette, directrice du Service de l’eau de la Ville de Montréal

La Ville a investi 656 millions dans les cinq dernières années pour la réfection du réseau d’aqueduc, qui fait plus de 4000 km. «Il va toujours y en avoir, des bris d’aqueduc», a prévenu Mme Morissette.

«On n’est pas à l’abri d’événements comme il vient de se passer ou encore de pluies torrentielles et d’événements climatiques qui augmentent et qui rajoutent une pression extrêmement forte sur le réseau d’aqueduc», a abondé la mairesse Plante.

La situation désormais «sous contrôle»

L’eau a commencé à couler à flots un peu avant 4h vendredi matin. Plusieurs appartements au niveau du sous-sol ont été inondés jusqu’au plafond. Une voiture au-dessus de la fuite a été avalée par le sol qui s’est affaissé. Plusieurs citoyens se sont retrouvés à la rue, l’eau aux mollets, constatant les dégâts et tentant de préserver au sec le plus de possessions possible.

Les causes de l’éclatement de la conduite d’eau de trois pieds de diamètre sont toujours inconnues. Les équipes des travaux publics de la Ville sont arrivées vers 6h pour tenter de colmater la fuite, a expliqué Chantal Morissette. Après des analyses pour identifier la conduite en cause et les valves à fermer, la pression d’eau a finalement baissé à partir de 11h. Une fermeture séquentielle des conduites d’eau connexes devait être effectuée au préalable pour éviter d’autres bris.

La fuite d’eau a été colmatée, laissant dans son sillage une voiture qui s’est engouffrée dans le sol. Nicolas Monet, Métro.

«La situation est sous contrôle», a assuré Valérie Plante en après-midi. Le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) a terminé le pompage des nombreux sous-sols et garages inondés, a indiqué pour sa part Martin Guilbault, chef de division du SIM.

Avant que les sinistrés puissent réintégrer leur résidence, les pompiers doivent vérifier que toutes les installations électriques qui ont été en contact ou à proximité des flots soient sécuritaires. «On en a pour quelques heures encore», a affirmé M. Guilbault.

Le Service de l’eau travaillera dans les prochains jours à sécuriser les valves défaillantes, à excaver la conduite, à déterminer ce qui a causé le bris et à mener les travaux de réparation.

Aucune estimation des coûts n’est disponible pour le moment. Toutefois, les réparations d’urgence coûtent environ 10 fois plus cher que les réparations planifiées, a laissé savoir la mairesse.

Un avis d’ébullition est en vigueur dans le secteur, touchant près de 75 000 personnes.

Wow ! heureusement qu’elle était sous-surveillance…

Ce qui démontre bien le caractère imprévisibles des infrastructures souterraines d’une certaine époque. Des fissures peuvent se développer soudainement suite à des pressions anormales causées par les extrêmes du climat de plus en plus manifestes.

Gestion de l’eau à Montréal Des milliards requis en investissements, l’avis du public demandé

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Une salle de l’usine de production d’eau potable Atwater

Les infrastructures vieillissantes, les changements climatiques et la croissance démographique exercent une pression importante sur les ressources en eau de Montréal. Devant l’ampleur des enjeux et des investissements prévus, la Ville lance une consultation publique sur l’avenir de l’eau sur son territoire.

Publié à 17h21

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Stéphane Blais La Presse Canadienne

Montréal gaspille trop d’eau potable, elle rejette trop de polluants dans le fleuve Saint-Laurent, ses infrastructures vieillissantes sont incapables d’avaler la quantité d’eau de plus en plus grande déversée lors de pluies diluviennes et la Ville ne dispose pas d’assez d’argent pour mettre à jour et adapter ses infrastructures liées à la gestion de l’eau.

Voilà quelques constats soulevés dans un rapport préparé par la Commission sur l’eau, l’environnement, le développement durable et les grands parcs.

Gaspillage d’eau potable

Le Canada est parmi les pays qui gaspillent le plus son eau potable et la ville de Montréal est l’une des pires villes du pays à ce sujet, selon le rapport de la commission.

La consommation d’eau à des fins résidentielles de la population montréalaise se situe à 367 litres par personne par jour, selon les données de 2020, alors qu’elle est de 220 litres en moyenne au Canada.

« À Paris, c’est 120 litres par jour et à Londres, c’est 140 litres », a expliqué Maja Vodanovic, responsable de la concertation avec les arrondissements et de l’eau au comité exécutif de la Ville de Montréal.

Les fuites d’eau dans le réseau de distribution sont en partie responsables de ce piètre bilan. L’administration municipale estime que le quart de l’eau gaspillée provient des fuites.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

« Il y a des fuites dans le réseau public, mais il y a aussi énormément de fuites dans les maisons », a précisé Maja Vodanovic à La Presse Canadienne, en ajoutant « qu’il y a encore énormément de commerces qui se climatisent avec l’eau potable ».

L’élue invite la population à participer en grand nombre à la consultation publique, pour trouver des solutions à ces problèmes.

La protection de la ressource

Les rejets industriels dans le fleuve et les plans d’eau de l’île sont en constante évolution, selon la commission, et seulement 38 % des cours d’eau ont une « qualité satisfaisante ».

« On sait aujourd’hui que le fleuve Saint-Laurent compte parmi les fleuves les plus pollués en micro plastique. Il est dans les mêmes catégories que les fleuves très pollués d’Asie », a indiqué Maja Vodanovic, en faisant référence notamment aux substances per-et polyfluoroalkylées (PFAS), que l’on retrouve dans de nombreux produits de consommation et qui peuvent causer des problèmes de santé.

Selon l’élue, il faut agir à la source, pour réduire ce type de polluants qui se retrouvent dans l’eau, notamment lors du lavage des vêtements dans des laveuses qui ne contiennent pas le filtre approprié.

Les raccordements inversés de bâtiments, c’est-à-dire lorsqu’il y a un croisement entre l’égout sanitaire et pluvial, sont également une source importante de pollution. Quand des inondations surviennent dans les secteurs où des bâtiments ont des raccordements inversés, les eaux usées sanitaires s’écoulent dans la rivière des Prairies et le fleuve Saint-Laurent. Les eaux usées sont donc rejetées dans l’environnement sans traitement.

Adaptation au changement climatique

Selon la responsable de la concertation avec les arrondissements et de l’eau au comité exécutif, la Ville de Montréal a reçu 20 000 signalements de résidences inondées depuis 2013 et « ce nombre va augmenter ».

« Même si on refaisait tous les égouts, ça coûterait entre 7 et 8 milliards, il y aurait quand même des inondations. »

Elle a souligné que l’adaptation au changement climatique implique également de « modifier le cadre bâti de certaines maisons, en mettant des murets, des clapets, des drains ». Il faut « faire des bassins en béton » et « changer la géométrie de certaines rues pour que l’eau soit acheminée vers des terrains vagues ».

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Les grands chantiers de l’adaptation au changement climatique passent également par les infrastructures vertes. Il faut plus de végétation pour absorber l’eau de pluie, afin d’éviter qu’elle surcharge les infrastructures vieillissantes du réseau souterrain de la ville.

Cela comprend l’utilisation de toits verts, de jardins de pluie, de bassins de rétention d’eau et de surfaces perméables pour capturer et stocker l’eau.

« Selon les projections pour 2050, les intensités critiques des pluies augmenteront en moyenne de 15 % par rapport à aujourd’hui et la fréquence des inondations risque de doubler », souligne le rapport de la Commission sur l’eau, l’environnement, le développement durable et les grands parcs.

Maja Vodanovic estime à un milliard de dollars par année la somme nécessaire pour financer la gestion de l’eau.

« C’est une des raisons pourquoi l’ensemble des villes demande au gouvernement du Québec la mise en place d’un Pacte vert de 2 milliards par année pour les cinq prochaines années », a souligné celle qui est également mairesse de l’arrondissement de Lachine.

La consultation publique sur la gestion de l’eau va se dérouler jusqu’au 4 octobre prochain et les recommandations seront présentées et adoptées lors d’une assemblée publique le 5 décembre.

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Le communiqué de presse

La Ville de Montréal consulte la population pour concevoir sa nouvelle stratégie montréalaise de l’eau

Publié le 14 août 2023 à 10 h 28
Source Cabinet de la mairesse et du comité exécutif

Montréal, le 14 août 2023 — La Ville de Montréal est fière d’annoncer le lancement de la consultation publique sur l’avenir de l’eau de Montréal.

Cette consultation, qui se déroulera en trois étapes, permettra non seulement d’informer les citoyennes et les citoyens des enjeux reliés à l’eau, mais aussi de sonder la population sur l’avenir de l’eau dans la métropole. Ces informations serviront ensuite à orienter la nouvelle stratégie montréalaise de l’eau.

Dans un contexte de résilience des infrastructures et d’adaptation aux changements climatiques, la consultation permettra également de mettre en lumière les divers enjeux reliés aux eaux potable, usée et pluviale, de même que les défis en matière de gestion publique de la ressource.

« L’eau est prise pour acquise parce qu’il y en a beaucoup ici. Pourtant, elle ne devrait pas l’être. Les infrastructures de l’eau, dont la grande majorité sont souterraines, donc invisibles pour la population, nécessitent d’importants investissements pour maintenir le service, mais aussi en raison des changements climatiques. Notre ville doit s’adapter, être plus résiliente. La gestion de l’eau doit aussi être revue dans cette optique », a déclaré Maja Vodanovic, responsable de la concertation avec les arrondissements et de l’eau au comité exécutif de la Ville de Montréal.

« J’invite les Montréalaises et les Montréalais à participer en grand nombre à cette consultation publique. Il s’agit d’une occasion unique de s’exprimer quant à cette précieuse ressource collective qu’est l’eau. Cette consultation permettra de démystifier la gestion de l’eau, mais aussi d’aborder les enjeux des prochaines années, surtout dans un contexte d’urgence climatique. Qu’est-ce qui préoccupe la population? Quelles devraient être les priorités? Voilà ce que nous souhaitons savoir », a ajouté Julie Roy, présidente de la Commission sur l’eau, l’environnement, le développement durable et les grands parcs.

Processus de la consultation publique

Étape 1 - Présentation et récolte d’information

● 14 août 2023 - Lancement de la consultation publique sur l’avenir de l’eau de Montréal. Dépôt des documents sur le site web de la Commission sur l’eau, l’environnement, le développement durable et les grands parcs.

● 14 août au 4 octobre 2023 - Mise en ligne d’une page Réalisons Montréal pour informer la population de la consultation. Jusqu’au 4 octobre, les gens pourront se prononcer en partageant leurs commentaires, opinions et idées pour enrichir la réflexion.

● 24 août 2023 - Assemblée publique d’information. Présentation du dossier de consultation et période de questions et commentaires du public.

● 24 août au 11 septembre 2023 - Sondage s’adressant à l’ensemble de la population. Le sondage permettra de sonder la population sur les grands enjeux de l’eau et sa gestion publique. Les réponses permettront d’enrichir la réflexion afin d’orienter la prochaine stratégie montréalaise de l’eau.

Étape 2 - Assemblées publiques d’audition

● 3 et 4 octobre 2023 - Assemblées publiques d’audition des mémoires et avis. La date limite d’inscription pour présenter un avis est le 22 septembre. Les mémoires et avis doivent être transmis au plus tard le mercredi 27 septembre 2023.

Étape 3 – Adoption des recommandations

5 décembre 2023 - La Commission présentera et adoptera publiquement ses recommandations lors d’une assemblée publique virtuelle.

Je vois pas en quoi demander l’avis de la population va réellement faire changer quelque chose. La ville a besoin d’investissements considérables dans ses infrastructures et les reconstruire de manière plus résiliantes. Pas besoin de dépôt de mémoires là-dessus ou de sondage d’opinion sur l’eau.

La ville sait déjà ce qu’elle doit faire de son côté. Ce que la ville devrait faire c’est forcer les privés à en faire plus, comme obliger les toitures vertes au delà d’une certaine superficie. Toronto le fait depuis plus que 10ans…

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Je vois quelques bonnes raisons :

  1. 20 000 signalements d’inondation en 10 ans, soit plus de 2 000 par an. Ça fait beaucoup de monde déjà impliqué et qui attend un plan d’actions concrets de la ville. Avec une augmentation des inondations prévues à chaque année, rien d’encourageant.
  2. Les investissements faramineux, 1G$ par an idéalement, qui ampute d’autant le budget pour d’autres projets « plus intéressants ». Il faut un certain appui de la population à mon avis.
  3. Les propriétaires sont souvent impliqués, soit par des travaux conjoints, ou justement par de nouvelles réglementations qui ont un impact sur leur propriété.
  4. La Ville profite de cette occasion pour diffuser l’info, la démarche et, surtout, le futur plan d’actions. Par cette consultation, ça démontre une certaine action ou volonté de la ville de régler des situations désagréables pour certains.
    Après, est-ce que ça va réellement changer les actions, peut-être par une certaine priorisation d’actions plutôt que d’autres, mais peut-être pas grand chose aussi. Je ne m’y connais pas assez en consultation publique.
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Entretien du réseau Montréal réfléchit à de nouvelles taxes sur l’eau

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Installations de l’usine de filtration d’eau Atwater, à Montréal

Montréal réfléchit à l’introduction de nouvelles taxes sur l’eau pour combler l’énorme déficit d’entretien de son réseau, révèle un document de consultation récemment rendu public.

Publié à 1h30 Mis à jour à 5h00

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Philippe Teisceira-Lessard
Philippe Teisceira-Lessard La Presse

Un quart de l’eau potable produite par la métropole est perdu dans les fuites du réseau de distribution d’eau en raison du mauvais état de l’infrastructure, un bilan qui s’améliore, mais demeure problématique.

« Les méthodes de financement de la gestion de l’eau ont atteint leurs limites », affirme la Ville de Montréal dans un document rendu public la semaine dernière.

L’administration y soumet des questions aux Montréalais : « Êtes-vous d’accord avec l’introduction progressive de nouvelles mesures fiscales pour limiter l’impact financier des investissements de l’eau sur les générations futures ? Si oui : Est-ce que ces mesures devraient être de la même ampleur pour les propriétaires non résidentiels que pour les propriétaires résidentiels ? »

« Dans un contexte où les revenus de la Ville sont limités, l’ampleur des infrastructures de l’eau et des coûts reliés à leur maintien et à leur opération mérite de faire l’objet d’un grand débat public », a affirmé le cabinet de Valérie Plante par l’entremise de son attachée de presse Catherine Cadotte. « Les mesures écofiscales dans les secteurs non résidentiels ont fait consensus lors du dernier forum sur la fiscalité. La Ville cherche à établir de nouveaux consensus autour de la gestion de l’eau à Montréal. »

La réflexion sur l’instauration de nouvelles taxes environnementales (écofiscalité) n’est pas nouvelle. L’hiver dernier, l’administration Plante a publié un document de consultation évoquant différents projets : taxe kilométrique ou taxe sur les surfaces imperméables. Objectif : combler le trou anticipé de 200 millions dans le budget 2024 de la Ville.

« Les taxes foncières, qui représentent la principale source de revenus de la Ville, ne lui permettent plus d’assumer convenablement ses dépenses et ses responsabilités croissantes », affirmait alors Dominique Ollivier, présidente du comité exécutif de Valérie Plante.

Un milliard par année nécessaire

Les problèmes de financement au service de l’eau sont particulièrement criants, selon Montréal.

Quelque 8 % des conduites d’eau potable sont considérés comme en mauvais ou très mauvais état, un bilan qui s’améliore grâce à une hausse importante des investissements depuis 2011.

Toutefois, « d’ici 2030, 25 % des canalisations d’eau potable et 12 % des égouts seront en mauvais ou très mauvais état si nous maintenons le niveau d’investissement annuel actuel », ajoute la Ville de Montréal. « Pour viser l’élimination du déficit et construire les nouvelles infrastructures nécessaires au respect de la réglementation et à l’augmentation de la résilience, il est nécessaire d’investir en moyenne un milliard de dollars par an pendant les dix prochaines années », soit deux fois la somme actuelle.

À Montréal, la plupart des bâtiments non résidentiels commenceront à payer une taxe sur l’eau en 2024. Pour l’instant, ils reçoivent une facture fictive afin de les préparer, sauf certaines grandes entreprises industrielles qui doivent déjà payer.

Au niveau communication ce sera un bon exercise, car les gens doivent mieux comprendre les enjeux et les solutions proposées, notamment ce qui se fait ailleurs dans le domaine, comme ton exemple à Toronto. On comprend que ces gros investissements dérangeront sûrement la mobilité locale, en multipliant les chantiers. Raison de plus pour rechercher l’acceptabilité sociale et qui sait tenter d’innover par des méthodes moins invasives?

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Consommation d’eau Plante évoque une taxe sur les piscines

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

La mairesse de Montréal a écarté mardi la possibilité d’imposer une taxe sur chaque litre d’eau consommé par les Montréalais, tout en évoquant d’autres options, comme une taxe sur les piscines.

Publié à 13h31

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Philippe Teisceira-Lessard
Philippe Teisceira-Lessard La Presse

Mme Plante et son équipe cherchent ces jours-ci des solutions pour combler l’énorme déficit d’entretien dans les infrastructures montréalaises de l’eau. Un document de consultation rendu public la semaine dernière par la Ville de Montréal évoque d’ailleurs le scénario de nouvelles taxes sur l’eau.

« Il n’est pas question qu’il y ait un compteur d’eau chez le monde. C’est impossible, ça ne va pas se produire », a dit Valérie Plante mardi, en marge d’une conférence de presse. « Il y a déjà une redevance pour les industries qui va être mise en place l’année prochaine. […] Pour les individus, on n’ira jamais là. »

« Mais il faut regarder : par exemple, ailleurs au Québec, il y a une contribution pour ceux qui ont des piscines. Ça pourrait être une chose qu’on met en place, a-t-elle dit. Ou encore, comment on pourrait avoir une redevance sur les surfaces qui sont imperméables » et empêchent donc l’eau de s’écouler naturellement.

Valérie Plante a fait valoir que l’exercice de consultation qui commence ces jours-ci est « nécessaire ». « On est en rattrapage, a-t-elle déploré. Il faut continuer à investir, surtout quand on sait qu’il y a de plus en plus d’évènements, de pluies torrentielles, d’inondations. Ça a un impact majeur sur nos canalisations. »

Pas de hausse du fardeau fiscal, exige l’opposition

L’opposition officielle à l’hôtel de ville de Montréal a reconnu que la Ville faisait face à des problèmes importants de financement de ses infrastructures de l’eau, mais dit refuser que le poids financier de la situation soit imposé aux citoyens.

« Le fardeau fiscal pèse lourd dans la balance des contribuables montréalais, alors que l’administration Plante a décidé d’imposer l’an dernier la plus importante hausse de taxes municipales depuis une décennie », a fait valoir le porte-parole Alan DeSousa dans un communiqué.

« Si la mairesse choisit de hausser le fardeau fiscal des Montréalais pour financer les infrastructures de l’eau ou d’imposer de nouvelles mesures fiscales, elle devra diminuer d’autres charges », a-t-il ajouté. « L’administration doit éviter de tomber dans le piège de refiler systématiquement la facture aux citoyens et plutôt privilégier des approches alternatives. »

C’est de l’eau qui est envoyé dans notre système d’égoût souvent inutilement, en plus d’être souvent une problématique d’îlot de chaleur.

Tant qu’à utiliser un bâton pour financer une part de notre réseau d’aqueduc, celui-là semble cibler une bonne problématique à décourager.

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Entrevue : Montréal envisage de taxer l’eau potable

Selon le rapport de la Commission sur l’eau, Montréal est une des villes au Canada qui gaspille le plus d’eau potable. Selon des données de 2020, 26 % de l’eau potable est perdue, soit 360 millions de litres par jour, l’équivalent de 150 piscines olympiques. La ville lance une consultation publique sur l’avenir de l’eau sur son territoire.

Entrevue avec Maya Vodanovic, mairesse de l’arrondissement de Lachine, et responsable des dossiers liés à l’eau pour la Ville de Montréal.


« Pas question qu’il y ait un compteur d’eau chez le monde », assure Valérie Plante

Valérie Plante portant des lunettes fumées reflétant un gratte-ciel du centre-ville de Montréal.
La mairesse Valérie Plante souhaite trouver de nouvelles solutions pour combler le déficit d’entretien des infrastructures de l’eau de Montréal.
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Radio-Canada
Publié à 14 h 03 HAE

Si la mairesse de Montréal, Valérie Plante, admet considérer l’adoption de nouvelles mesures d’écofiscalité dans son prochain budget afin de combler le déficit d’entretien de son réseau d’aqueduc, elle jure ne pas avoir l’intention d’installer des compteurs d’eau dans les résidences.

La première magistrate de la métropole a insisté mardi pour écarter cette idée d’emblée. On regarde les mesures d’écofiscalité, mais il n’est pas question qu’il y ait un compteur d’eau chez le monde, a-t-elle assuré en mêlée de presse. On s’entend : c’est impossible. Ça ne va pas se produire.

Dans la foulée, Mme Plante a toutefois évoqué la possibilité de mettre en place une contribution spéciale pour ceux qui ont des piscines, comme c’est déjà le cas ailleurs au Québec. Elle a également mentionné l’imposition éventuelle d’une redevance sur les surfaces qui sont imperméables.

L’introduction de nouvelles mesures fiscales visant à limiter l’impact financier des investissements de l’eau fait partie d’une réflexion plus large entamée en prévision de la production du budget de la Ville de Montréal pour l’année 2024. La consultation publique se déroulera jusqu’au 4 octobre prochain.

Valérie Plante buvant un verre d'eau.
Le financement des infrastructures de l’eau fait partie des enjeux abordés dans la consultation publique que la Ville de Montréal vient de lancer en vue de l’élaboration de son prochain budget.
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Les infrastructures montréalaises sont vieillissantes, ce qui exerce une pression importante sur les ressources en eau de la métropole. La Ville estime qu’il faudra investir en moyenne 1 milliard de dollars par an pour les dix prochaines années pour combler le déficit d’entretien de son réseau.

L’administration de Projet Montréal a déjà commencé à taxer l’eau consommée dans les immeubles non résidentiels, a rappelé Mme Plante, mardi. Les propriétaires devraient normalement recevoir leur première facture en décembre pour refléter la première année d’application de la mesure. Elle sera payable en 2024.

Diminuer d’autres charges pour trouver un équilibre

L’opposition officielle à l’Hôtel de Ville reconnaît pour sa part que la Ville est confrontée à un déficit de maintien des actifs important et que des solutions doivent être trouvées.

Cela dit, les Montréalais doivent déjà composer avec un lourd fardeau fiscal, a rappelé par courriel son porte-parole en matière d’infrastructures, Alan DeSousa, rappelant que l’administration Plante avait décrété l’an dernier « la plus importante hausse de taxes municipales depuis une décennie ».

Si la mairesse choisit d’imposer de nouvelles mesures fiscales, elle devra diminuer d’autres charges afin d’équilibrer les dépenses encourues par les résidents et les commerçants, affirme M. DeSousa.

L’administration doit éviter de tomber dans le piège de refiler systématiquement la facture aux citoyens et plutôt privilégier des approches alternatives, telles qu’une meilleure gestion des finances publiques et une priorisation des dépenses, dit-il.

Un chapiteau dressé au milieu du square Phillips sous lequel se tient la mairesse Plante en point de presse.
« Montréal va bien », assure Valérie Plante.
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

La mairesse a fait le point sur la question du financement des infrastructures de l’eau mardi, au centre-ville, en marge d’un long point de presse organisé dans le but de dresser un bilan de la saison estivale en cours.

La veille, Tourisme Montréal avait fait savoir que la métropole connaissait un achalandage comparable à celui qui avait cours avant la pandémie de COVID-19.

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Je n’ai malheureusement pas trouvé de fil de discussion sur le réseau d’eaux usées de Montréal… :upside_down_face:

Gestion des eaux usées Au cœur d’un des plus gros bassins de rétention de Montréal


PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE | Le bassin de rétention Rockfield permettra de réduire les déversements d’eaux usées dans le canal de Lachine.

L’un des plus gros bassins de rétention des eaux usées jamais construits à Montréal sera mis en service d’ici la fin de l’année. Au lieu de déverser des eaux sales et contaminées quatre ou cinq fois par année dans le canal de Lachine, l’imposante structure souterraine permettra de décharger une fois tous les cinq ans.

18 août 2023 | Publié à 1h03 Mis à jour à 5h00 | SARA CHAMPAGNE | LA PRESSE

La Ville de Montréal a permis à La Presse de descendre 10 mètres sous terre afin de constater l’ampleur de l’ouvrage baptisé Rockfield.

À l’heure où les précipitations sont de plus en plus abondantes, ce nouveau bassin était devenu essentiel pour réduire les refoulements d’égouts et le rejet d’eaux usées dans les voies fluviales, expliquent les experts responsables de sa construction. D’autant que le canal de Lachine est voué à devenir une destination récréotouristique prisée avec ses planches à pagaie, canots, kayaks et petits voiliers.


PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE | Vue sur les pompes du bassin de rétention Rockfield, qui aura la capacité de recueillir l’équivalent de 15 piscines olympiques en 45 minutes.

À lui seul, le nouveau bassin de drainage aura la capacité de retenir l’équivalent de 15 piscines olympiques, soit 45 000 m³ ou 45 millions de litres.

En comparaison, celui situé au rond-point Acadie, qui a fait la manchette lors d’un refoulement sur l’autoroute en 2017, a une capacité de 460 m³ (460 000 litres).

« C’est de la petite bière, le bassin de rétention Acadie, si on le compare à celui-ci », a lancé le porte-parole de la Ville de Montréal, Philippe Sabourin, en ouvrant les portes menant à l’imposante structure ceinturée d’acier.


PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE | À première vue, le bassin de rétention des eaux usées Rockfield ressemble à un immense stationnement souterrain avec ses colonnes de béton.

Au premier coup d’œil, le nouveau bassin Rockfield, qui doit son nom à l’ancien quartier ouvrier, ressemble ni plus ni moins à un immense stationnement soutenu par des colonnes de béton. Mais sa conception est très complexe, « colossale », explique Shabnam Jamshidbeigy, l’ingénieure chargée de projet du Service de l’eau de la Ville de Montréal.

Afin de bien en illustrer l’ampleur, le responsable de la conception des travaux, Hugo St-Denis, a déroulé ses maquettes. Il a fallu décontaminer le sol, a-t-il expliqué. Ensuite, 90 000 tonnes de roc ont été excavées par dynamitage. Le nouveau bassin, construit boulevard Saint-Joseph, dans le vieux quartier industriel de Lachine, juste à côté de la gare, a posé de nombreux défis. Notamment à cause de la présence d’une conduite d’eau.


PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE | Hugo St-Denis, responsable de la conception des travaux du bassin Rockfield, et l’ingénieure Shabnam Jamshidbeigy, de la Ville de Montréal

« Nous sommes sur un ancien terrain privé, explique Mme Jamshidbeigy. Le propriétaire ignorait la présence de la conduite d’eau. Il a fallu la démanteler, mettre en place un réseau temporaire. Un obstacle qui a retardé les travaux. »

L’installation d’un mur de soutènement a également représenté un énorme défi, ajoute M. St-Denis. Sur les lieux, plus de 14 000 m³ de béton, soit 28 000 tonnes, ont été coulés. Et plus de 2000 tonnes d’acier d’armature qui ont été installées pour renforcer la structure.


PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE | Chantier du bassin Rockfield, dans le vieux quartier industriel de Lachine

Plus loin sur le terrain, tout en bas d’une série d’escaliers en fer, trois gigantesques pompes ont été assemblées. Une fois le bassin en service, elles serviront à transporter l’eau drainée vers le collecteur Saint-Pierre. Pour un éventuel traitement des eaux. Le tout sera géré à distance, à la station d’épuration. À l’heure actuelle, des travaux de raccordement sont en cours.

Réseau de bassins

Ces dernières années, la construction et la réparation des bassins de rétention de la métropole ont nécessité des investissements majeurs. En 2019, le gouvernement fédéral a débloqué plus de 54 millions afin de contribuer à aménager quatre bassins de rétention des eaux pluviales, dont celui situé dans le secteur de l’échangeur Turcot.

Celui-ci, à Lachine, aura nécessité 45 millions en investissements lors de sa mise en service.

Les nouveaux bassins doivent s’ajouter à la vingtaine de bassins existants dans la métropole. Leur but premier est de réduire l’impact des crues soudaines, notamment les inondations printanières.

Le bassin Rockfield aura la capacité de couvrir un large territoire de l’île de Montréal, allant de Lachine, Côte‑des‑Neiges–Notre‑Dame‑de‑Grâce, LaSalle, Saint‑Laurent, Le Sud‑Ouest, jusqu’à Hampstead, Montréal‑Ouest et Westmount.

Le porte-parole de la Ville de Montréal, Philippe Sabourin, a indiqué qu’en 2022, les bassins avaient permis de gérer 1856 débordements. C’est deux fois plus qu’en 2021, où 721 débordements avaient été gérés. « C’est dire à quel point les précipitations ont augmenté », a-t-il ajouté.

LES GRANDS OUVRAGES DE RÉTENTION D’EAUX USÉES DE LA VILLE DE MONTRÉAL

  • Ouvrage de rétention Rockfield, capacité de 45 000 m³ ou 45 millions de litres d’eau (en construction)
  • Ouvrage de rétention Turcot, capacité de 30 000 m³ ou 30 millions de litres d’eau (en conception)
  • Ouvrage de rétention C.-Renard, capacité de 24 500 m³ ou 24,5 millions de litres d’eau (en service)
  • Ouvrage de rétention Lavigne, capacité de 20 000 m³ ou 20 millions de litres d’eau (en service)
  • Ouvrage de rétention William, capacité de 12 000 m³ ou 12 millions de litres d’eau (en construction)0
    Source : Ville de Montréal

EN SAVOIR PLUS

  • 45 minutes
    Le débit estimé de l’entrée d’eau du bassin Rockfield est de 16 m³ ou 16 000 litres d’eau par seconde. Lors de fortes pluies, le bassin se remplira en moins de 45 minutes. La vidange du bassin sera possible en 24 heures, en partie par gravité et à l’aide d’un puissant système de pompage.
    SOURCE : VILLE DE MONTRÉAL
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L’eau potable n’est pas gratuite

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

« Le plus urgent et le plus important, c’est de réparer les infrastructures d’eau de Montréal pour réduire les fuites », affirme notre éditorialiste.


Vincent Brousseau-Pouliot
Vincent Brousseau-Pouliot La Presse

Les Montréalais détiennent un titre peu enviable : champions de la consommation d’eau potable.

Publié à 1h43 Mis à jour à 5h00

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Parmi les grandes villes au Québec et au Canada, c’est à Montréal qu’il se consomme le plus d’eau potable. Traduction : c’est à Montréal qu’il se gaspille le plus d’eau potable⁠1. On est aussi parmi les pires grandes villes en Occident à ce chapitre, selon les chiffres de la Ville de Montréal.

Il n’y a pas de quoi être fier.

En pleine crise climatique, alors que 1,4 milliard d’humains vivent dans des zones où le risque de manquer d’eau potable est élevé⁠2, il est indécent de gaspiller à ce point une ressource aussi précieuse.

Les citoyens qui se préoccupent de leur portefeuille devraient aussi être contrariés. Ce n’est pas parce qu’on est au bord du Saint-Laurent que l’eau potable est gratuite. Les villes doivent la traiter, la distribuer aux résidants. Tout ça coûte de l’argent (513 millions par an à Montréal, dont les coûts annuels des dépenses d’infrastructures).

Si on veut réduire le gaspillage, qui nous coûte au moins 100 millions par an⁠3, faudra-t-il prendre notre douche moins longtemps ? Oui et non.

À court terme, le principal problème n’est pas le nombre de minutes passées chaque matin sous la douche. C’est l’état des conduites d’eau de la Ville de Montréal. Une partie d’entre elles ne sont pas en bon état. Résultat : on « gaspille » 26 % de notre eau potable parce qu’elle ne se rend pas aux résidences, pas parce qu’on prend sa douche trop longtemps. C’est une proportion plus élevée que dans la plupart des villes.

Les citoyens peuvent prendre soin d’éviter de gaspiller l’eau. Ces petits gestes comptent.

Mais le plus urgent et le plus important, c’est de réparer les infrastructures d’eau de Montréal pour réduire les fuites.

C’est justement la priorité de l’administration de Valérie Plante, qui vient de lancer une consultation publique sur l’avenir du réseau d’eau potable.

En 2023, les Montréalais paieront 513 millions en taxes foncières au service de l’eau (la ligne « taxe spéciale relative au service de l’eau » sur votre compte de taxes foncières). Ces 513 millions seront réinvestis entièrement pour produire l’eau potable, que ce soit en dépenses de fonctionnement ou en dépenses d’infrastructures.

Le problème, c’est que Montréal n’investit pas assez pour réparer ses infrastructures de l’eau, avoue la Ville elle-même.

Montréal prévoit investir 530 millions par an pendant 10 ans (surtout par emprunt). Or, pour remettre son réseau à niveau, il faudrait investir 962 millions par an pendant 10 ans. Il manque donc 430 millions par année.

Qui paiera la facture ? Malheureusement, l’argent ne pousse pas dans les arbres ni sous l’eau.

On ne voit pas de solution miracle.

Pourrait-on séparer la facture entre la Ville de Montréal (qui trouverait des sous dans les budgets existants en étant plus efficace), le gouvernement du Québec et les contribuables montréalais (une modeste hausse de taxes à moyen terme, une fois la crise de l’inflation terminée) ?

Personne n’aime les hausses de taxes foncières, surtout dans le contexte actuel. Mais l’autre avenue – laisser nos infrastructures de l’eau se dégrader – est encore pire. Et coûtera encore plus cher. Aussi bien faire les investissements nécessaires tout de suite.

Ça, c’est la solution à court terme.

À long terme, il faudra bien un jour se résoudre à installer des compteurs d’eau dans nos résidences.

La mairesse de Montréal Valérie Plante a écarté d’emblée cette idée, qui coûterait environ 100 millions. Elle songe plutôt à une taxe sur les piscines, comme à Longueuil, Saint-Lambert, Saguenay et Prévost.

On comprend que le scandale des compteurs d’eau à Montréal vers la fin des années 2000 ait marqué les esprits. Mais ce n’est pas parce qu’il y a eu de très graves problèmes dans l’attribution de ce contrat qu’il faut jeter à jamais aux poubelles le concept des compteurs d’eau.

À Toronto, toutes les résidences ont un compteur d’eau, et les Torontois paient l’eau potable selon leur consommation. À Vancouver, 15 % des résidences ont un compteur d’eau, obligatoire pour toutes les nouvelles résidences.

Actuellement, les Montréalais paient l’eau potable avec leurs taxes foncières (en fonction de la valeur de leur maison), peu importe leur consommation d’eau. Il n’y a pas d’incitatif financier pour combattre le gaspillage, en faisant attention à sa consommation, en améliorant l’efficacité de sa salle de bain (par exemple avec un réservoir de toilette à faible chasse) ou en éliminant les fuites d’eau à l’intérieur de sa résidence (par exemple un robinet qui coule).

Avec des compteurs d’eau et une tarification selon la consommation, on inciterait les Montréalais à éviter le gaspillage. Ça s’appelle l’écofiscalité, et ça deviendra de plus en plus nécessaire et fréquent.

Mais la première étape, c’est de s’attaquer à la plus grande source de gaspillage d’eau potable : les vieilles infrastructures de la Ville.

  1. Parmi les 10 plus grandes villes du Québec, Montréal a la consommation d’eau potable la plus importante. Si on compte tous les villes et villages du Québec, Montréal (327 litres par personne par jour) se classe au 30e rang en 2021, dépassé notamment par Sainte-Thérèse (621 litres par personne par jour) et Saint-Lambert (396 litres par personne par jour).

2. Consultez l’article des Nations unies sur la rareté de l’eau (en anglais)

  1. Si on gaspille 26 % de l’eau potable (le taux de fuites) et que le budget annuel de l’eau potable à Montréal est de 513 millions, on peut ainsi estimer le coût du gaspillage à environ 130 millions par an. De son côté, le journal Métro a calculé que le gaspillage d’eau potable coûtait en moyenne 406 millions par an, en se basant sur un coût officiel de 3 $ pour 1000 litres d’eau potable. Ce coût officiel, évalué par la Ville et le gouvernement du Québec, comprend à la fois les dépenses de fonctionnement (environ 80 cents pour 1000 litres d’eau potable) et les dépenses d’infrastructures de l’eau effectuées et à effectuer.

Lisez l’article de Métro « Montréal, une ville où coulent encore trop de dollars »

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Hausse de la redevance sur l’eau Les grands préleveurs paient dorénavant plus cher

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

L’embouteillage d’eau est visé par un taux additionnel de 350 $ par million de litres d’eau.

Les entreprises qui prélèvent de grandes quantités d’eau au Québec la paient beaucoup plus cher depuis le 1er janvier, mais cette hausse de la redevance sera insuffisante à elle seule pour atteindre l’objectif du gouvernement Legault, qui vise une gestion efficace et durable de la ressource, préviennent différents observateurs.

Publié à 0h55 Mis à jour à 6h00

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

Le montant de la redevance est ainsi passé de 2,50 $ à 35 $ par million de litres dans le cas d’une utilisation pour laquelle l’eau n’est pas incorporée dans un produit et est retournée dans la nature après utilisation, par exemple dans un procédé industriel.

Pour les utilisations qui prévoient l’incorporation de l’eau dans un produit, comme la fabrication de boissons ou encore de pesticides ou engrais agricoles, le taux a été augmenté à 150 $ par million de litres, contre 70 $ auparavant.

L’embouteillage d’eau, qui entre dans cette seconde catégorie, est aussi visé par un taux additionnel de 350 $ par million de litres d’eau, portant ainsi la redevance totale à 500 $, dans le but avoué de faire disparaître du marché l’embouteillage d’eau provenant des systèmes de distribution publics.

Toute personne physique ou morale prélevant 75 000 litres d’eau ou plus par jour, ne serait-ce qu’une journée dans l’année, est assujettie à payer la redevance sur l’eau – ce seuil sera d’ailleurs abaissé à 50 000 litres par jour à partir du 1er janvier 2026.

Finis, les secrets

Ces hausses de la redevance sur l’eau découlent de la Loi instituant le Fonds bleu et modifiant d’autres dispositions, adoptée en juin dernier, qui rend aussi obligatoire la publication des volumes d’eau prélevés, de l’identité des préleveurs et de l’endroit où les prélèvements sont effectués pour quiconque consomme 75 000 litres d’eau ou plus par jour.

« Pour la première fois, on lève le secret sur l’eau au Québec, c’est une avancée qui est historique », a souligné l’avocat Merlin Voghel, du Centre québécois du droit de l’environnement.

« C’est une grande victoire », a renchéri Rébecca Pétrin, directrice générale d’Eau Secours.

Les deux organisations militent depuis 2018 pour que les données sur les grands consommateurs d’eau du Québec soient accessibles au public.

Mais cette avancée ne constitue qu’un premier pas, puisque la transparence est loin d’être complète, nuancent Mme Pétrin et Me Voghel.

Seulement 355 entreprises sur les plus de 21 000 dont les activités sont assujetties à la redevance ont prélevé 75 000 litres ou plus par jour en 2021, indique le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

C’est donc moins de 2 % des entreprises prélevant de l’eau dont les données seront rendues publiques.

Il va falloir collecter beaucoup plus de données, abaisser le seuil de déclaration au moins à 20 000 litres par jour.

Rébecca Pétrin, d’Eau Secours

Faute d’avoir un portrait d’ensemble, le gouvernement sera condamné à agir « à l’aveuglette », prévient-elle.

« Ce ne sont pas nécessairement les plus gros utilisateurs qui ont un impact, ça peut être l’accumulation de plusieurs petits utilisateurs », dit-elle, donnant l’exemple du sud du Québec, où certaines régions ont récemment connu des pénuries d’eau, même si elles comptent peu ou pas de très grands préleveurs.

L’argent ne réglera pas tout

L’augmentation de la redevance ne permettra pas à elle seule une meilleure gestion de l’eau, préviennent Eau Secours et le Centre québécois du droit de l’environnement.

« Tant et aussi longtemps que les minières, les alumineries, le milieu agroalimentaire vont avoir de l’argent pour payer des redevances, ils vont continuer à surconsommer cette ressource-là », dit Rébecca Pétrin, qui déplore que les papetières soient exemptées du nouveau cadre réglementaire et que les minières ne soient tenues qu’à fournir des estimations de leur consommation plutôt que de se doter de compteurs d’eau.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Bouteilles d’eau sur les étagères d’un marché

Elle salue néanmoins le fait que le nouveau cadre réglementaire prévoit qu’il soit révisé tous les cinq ans, ce qui démontre à son avis la volonté du gouvernement de resserrer les règles.

L’embouteillage d’eau est « l’exemple le plus frappant », estime Merlin Voghel, qui souligne que 1 million de bouteilles de 1 litre d’eau vendues 3,50 $ généreraient des revenus de 3,5 millions à l’entreprise ayant prélevé cette eau, qui ne verserait que 500 $ en redevance à l’État.

Est-ce que ce sera suffisant pour avoir une influence sur la consommation par les préleveurs en eau ? Il y a lieu de se questionner.

Merlin Voghel, du Centre québécois du droit de l’environnement

Les revenus de la redevance sur l’eau, qui devraient s’élever à quelque 30 millions de dollars, estime le gouvernement, seront versés dans le tout nouveau Fonds bleu, entré en vigueur le 1er janvier, dans lequel Québec injectera aussi 550 millions sur cinq ans.

Le Fonds bleu a pour objectif d’offrir un financement « adéquat, prévisible et suffisant » de mesures de protection, restauration, mise en valeur et gestion des ressources en eau, comme la prévention des inondations, la conservation des écosystèmes aquatiques et l’amélioration de la gouvernance de l’eau.

Embouteilleurs rabroués par le ministre

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Les embouteilleurs réunis au sein de l’Association canadienne des boissons ont tenté d’être exemptés de la redevance la plus élevée visant le prélèvement de l’eau pour l’incorporer dans un produit, en affirmant lors de l’étude du projet de loi en commission parlementaire que l’eau qu’ils utilisent retourne éventuellement dans la nature, après avoir été bue, un argument qui a valu à leur représentant les remontrances du ministre Benoit Charette.

L’histoire jusqu’ici

Juin 2018

Eau Secours et le Centre québécois du droit de l’environnement font une demande pour connaître les quantités d’eau prélevées par les entreprises d’embouteillage au Québec, mais le gouvernement refuse, invoquant le secret commercial.

Décembre 2020

La Commission d’accès à l’information donne raison au gouvernement, une décision qui sera confirmée 15 mois plus tard par la Cour du Québec.

Avril 2023

Le gouvernement Legault dépose un projet de loi sur la transparence et les redevances sur l’eau, qui sera adopté en juin.

Janvier 2024

Entrée en vigueur de la hausse de la redevance sur l’eau.

En savoir plus

  • 2010
    Année de l’entrée en vigueur de l’instauration de la redevance sur l’eau, qui n’avait pas été majorée jusqu’au 1er janvier dernier.

source : Centre québécois du droit de l’environnement

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L’eau potable au Québec provient à 90 % de systèmes d’aqueducs qui fournissent une des meilleures eaux au monde. Malgré cela, le tiers des usagers se dotent d’un système de filtration. A-t-on vraiment besoin de filtres à eau? Si oui, que filtrent-ils, exactement?

“On peut être fiers de nos infrastructures municipales, mises en place dans les dernières décennies, pour assurer un service de 100 % qualité, 100 % du temps”, explique Mathieu Laneuville, président-directeur général de Réseau Environnement, un organisme à but non lucratif qui regroupe des spécialistes en environnement.

Résumé

Les filtres à eau : en a-t-on vraiment besoin?

Une personne vide une cruche d'eau dans un verre.

Assurez-vous que le filtre à eau que vous achetez correspond à vos besoins.

Photo : getty images/istockphoto / Dzurag

Publié à 4 h 00 HAE

L’eau potable au Québec provient à 90 % de systèmes d’aqueducs qui fournissent une des meilleures eaux au monde. Malgré cela, le tiers des usagers se dotent d’un système de filtration. A-t-on vraiment besoin de filtres à eau? Si oui, que filtrent-ils, exactement?

On peut être fiers de nos infrastructures municipales, mises en place dans les dernières décennies, pour assurer un service de 100 % qualité, 100 % du temps, explique Mathieu Laneuville, président-directeur général de Réseau Environnement, un organisme à but non lucratif qui regroupe des spécialistes en environnement.

Les normes en vigueur au Québec sont parmi les plus élevées au monde, non seulement par le type de traitement qu’on fait subir à notre eau, mais aussi par la fréquence des tests effectués pour s’assurer du respect de ces normes, renchérit le spécialiste.

Il arrive cependant que l’eau des aqueducs municipaux ait une odeur de chlore, ce qui est tout à fait normal et inoffensif étant donné la faible concentration de ce désinfectant. Dans notre réseau d’aqueduc, souvent, on va réinjecter du chlore pour s’assurer que l’eau reste de bonne qualité tout au long de notre réseau, ajoute M. Laneuville.

Si l’eau de votre robinet a une odeur de chlore, il faut savoir que cette substance s’évapore d’elle-même lorsqu’on laisse l’eau stagner dans un pichet pendant quelques heures. Et si votre eau est brouillée, c’est qu’elle contient de l’air. Il suffit de la laisser à l’air libre quelque temps. Dans ces deux cas, un filtre à eau n’est pas nécessaire.


Bannière L'épicerie.

Par ailleurs, certaines personnes s’inquiètent de la présence de résidus de pesticides ou d’autres contaminants dans l’eau. Or, ce n’est pas la source principale des préoccupations de Benoit Barbeau, professeur titulaire au Département des génies civil, géologique et des mines de Polytechnique Montréal.

On parle de contamination dans l’eau, mais il y a aussi d’autres sources de contamination : l’air que vous respirez, la nourriture que vous mangez. Quand on fait cette analyse, on s’aperçoit que bon, finalement, l’eau n’est pas notre vecteur principal de contamination la plupart du temps, déclare-t-il.

Un filtre à eau dans un pichet.

Le composant de base d’un filtre est le charbon actif, qui agit comme une éponge pour absorber les molécules organiques.

Photo : Radio-Canada / L’épicerie

Lorsqu’un filtre est recommandé

Pour environ un million de personnes au Québec, l’eau provient d’autres sources qu’un aqueduc, par exemple un puits. Dans ce cas, l’eau doit bien sûr être analysée, et il peut arriver qu’on ait à la filtrer.

Il en va de même lorsque les canalisations sont vétustes ou faites de plomb. Dans les anciennes maisons, les entrées de service, c’est-à-dire la section entre la conduite et le robinet, peuvent effectivement contenir du plomb.

Les municipalités sont au courant et il y a des travaux qui se font actuellement pour pouvoir les réparer. Entre-temps, avant qu’on répare ces conduites, l’usage d’un filtre peut être recommandé.

Une citation de Mathieu Laneuville, PDG de Réseau Environnement

Le composant de base d’un filtre est le charbon actif, qui agit comme une éponge pour absorber les molécules organiques, mais il n’est pas efficace contre toutes les molécules.

On a créé de petites billes de plastique spécialement faites pour éliminer différents types de composés. On appelle ça des résines. Souvent, les filtres les plus performants vont être constitués d’un mélange de charbon et d’un mélange de résine, explique Benoit Barbeau.

5:41

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L’épicerie

Les filtres à eau : en a-t-on besoin?

Le reportage de Myriam Fehmiu.

Filtrer le plomb

Quand un filtre est vraiment nécessaire, il faut prendre le temps de le choisir judicieusement.

Si on a une entrée de service en plomb, le risque qu’on dépasse la norme sur le plomb est presque de 100 %. Dans ce cas, c’est mieux d’utiliser un pichet filtrant qui a été certifié pour éliminer le plomb. Ce ne sont pas tous les pichets filtrants qui permettent d’éliminer le plomb, précise Benoit Barbeau.

Même si un filtre détient des certifications d’organismes reconnus, comme la certification NSF ou le Gold Seal de la Water Quality Association, il n’est pas nécessairement certifié pour éliminer le plomb.

Les différentes certifications :

  • La certification WQA S-200 confirme les informations inscrites sur l’emballage et le fait que le filtre a été conçu et fabriqué avec des matériaux sécuritaires.
  • La certification NSF/ANSI 42 atteste de son côté que le filtre agit pour rehausser les qualités esthétiques de l’eau.
  • La norme NSF/ANSI 53 garantit une diminution des contaminants qui ont des effets néfastes sur la santé humaine, dont le plomb.

Le filtre ZeroWater, très gros, contient du charbon actif et des résines; il filtre le plomb. C’est un filtre qui va complètement déminéraliser l’eau, dit M. Barbeau.

Les filtres Brita ne filtrent pas tous le plomb. Brita a deux types de filtres : les filtres blancs et les bleus Elite. Si vous voulez éliminer le plomb, les filtres bleus Elite sont à utiliser. Les filtres n’offrent pas la même performance, explique notre expert.

Le corps humain a besoin de minéraux, donc si vous ne buvez que de l’eau déminéralisée, vous pourriez éventuellement souffrir de carence.

Et pour filtrer les autres contaminants?

Difficile de savoir quel modèle de filtre élimine quel type de contaminant. Faute d’un étiquetage clair, il faut souvent consulter le site Internet du fabricant.

Si on veut s’assurer de l’efficacité optimale d’un filtre à eau, il faut voir à le remplacer au moment opportun. Les filtres, c’est principalement de l’absorption. Et un absorbant, ça retient des contaminants, explique Benoit Barbeau.

Il met en garde contre le danger de la saturation du filtre. On va donc se mettre à boire des contaminants qui ont été retenus précédemment. La recommandation de changer le filtre régulièrement, c’est une bonne recommandation, avise-t-il.

Évitez la poubelle, puisque la plupart des fabricants récupèrent les filtres usagés pour en disposer de façon sécuritaire.

Bref, les filtres à eau sont-ils toujours utiles? Si vous êtes reliés à un système d’aqueduc municipal, ce n’est pas vraiment nécessaire pour des raisons de santé. Si vous le faites, c’est pour des raisons esthétiques seulement, conclut Benoit Barbeau.

Avec les informations d’Alain Roy

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