Entrevue : Montréal envisage de taxer l’eau potable
Selon le rapport de la Commission sur l’eau, Montréal est une des villes au Canada qui gaspille le plus d’eau potable. Selon des données de 2020, 26 % de l’eau potable est perdue, soit 360 millions de litres par jour, l’équivalent de 150 piscines olympiques. La ville lance une consultation publique sur l’avenir de l’eau sur son territoire.
Entrevue avec Maya Vodanovic, mairesse de l’arrondissement de Lachine, et responsable des dossiers liés à l’eau pour la Ville de Montréal.
« Pas question qu’il y ait un compteur d’eau chez le monde », assure Valérie Plante
La mairesse Valérie Plante souhaite trouver de nouvelles solutions pour combler le déficit d’entretien des infrastructures de l’eau de Montréal.
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS
Radio-Canada
Publié à 14 h 03 HAE
Si la mairesse de Montréal, Valérie Plante, admet considérer l’adoption de nouvelles mesures d’écofiscalité dans son prochain budget afin de combler le déficit d’entretien de son réseau d’aqueduc, elle jure ne pas avoir l’intention d’installer des compteurs d’eau dans les résidences.
La première magistrate de la métropole a insisté mardi pour écarter cette idée d’emblée. On regarde les mesures d’écofiscalité, mais il n’est pas question qu’il y ait un compteur d’eau chez le monde, a-t-elle assuré en mêlée de presse. On s’entend : c’est impossible. Ça ne va pas se produire.
Dans la foulée, Mme Plante a toutefois évoqué la possibilité de mettre en place une contribution spéciale pour ceux qui ont des piscines, comme c’est déjà le cas ailleurs au Québec. Elle a également mentionné l’imposition éventuelle d’une redevance sur les surfaces qui sont imperméables.
L’introduction de nouvelles mesures fiscales visant à limiter l’impact financier des investissements de l’eau fait partie d’une réflexion plus large entamée en prévision de la production du budget de la Ville de Montréal pour l’année 2024. La consultation publique se déroulera jusqu’au 4 octobre prochain.
Le financement des infrastructures de l’eau fait partie des enjeux abordés dans la consultation publique que la Ville de Montréal vient de lancer en vue de l’élaboration de son prochain budget.
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Les infrastructures montréalaises sont vieillissantes, ce qui exerce une pression importante sur les ressources en eau de la métropole. La Ville estime qu’il faudra investir en moyenne 1 milliard de dollars par an pour les dix prochaines années pour combler le déficit d’entretien de son réseau.
L’administration de Projet Montréal a déjà commencé à taxer l’eau consommée dans les immeubles non résidentiels, a rappelé Mme Plante, mardi. Les propriétaires devraient normalement recevoir leur première facture en décembre pour refléter la première année d’application de la mesure. Elle sera payable en 2024.
Diminuer d’autres charges pour trouver un équilibre
L’opposition officielle à l’Hôtel de Ville reconnaît pour sa part que la Ville est confrontée à un déficit de maintien des actifs important et que des solutions doivent être trouvées.
Cela dit, les Montréalais doivent déjà composer avec un lourd fardeau fiscal, a rappelé par courriel son porte-parole en matière d’infrastructures, Alan DeSousa, rappelant que l’administration Plante avait décrété l’an dernier « la plus importante hausse de taxes municipales depuis une décennie ».
Si la mairesse choisit d’imposer de nouvelles mesures fiscales, elle devra diminuer d’autres charges afin d’équilibrer les dépenses encourues par les résidents et les commerçants, affirme M. DeSousa.
L’administration doit éviter de tomber dans le piège de refiler systématiquement la facture aux citoyens et plutôt privilégier des approches alternatives, telles qu’une meilleure gestion des finances publiques et une priorisation des dépenses, dit-il.
« Montréal va bien », assure Valérie Plante.
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La mairesse a fait le point sur la question du financement des infrastructures de l’eau mardi, au centre-ville, en marge d’un long point de presse organisé dans le but de dresser un bilan de la saison estivale en cours.
La veille, Tourisme Montréal avait fait savoir que la métropole connaissait un achalandage comparable à celui qui avait cours avant la pandémie de COVID-19.