Le Devoir a compilé une liste des pires voies cyclables au Québec, plusieurs à Montréal
Quelles sont les pires voies cyclables du Québec?
Photo: Adil Boukind, Le Devoir
Jean-François Rheault, le président-directeur général de Vélo Québec, estime que les voies cyclables développées il y a vingt ou trente ans ne sont pas en phase avec les attentes des cyclistes. En photo, l’intersection du boulevard Samson et de l’autoroute 13, à Laval.
Roxane Léouzon
24 juillet 2023
Transports / Urbanisme
Qu’on s’en serve pour les déplacements, la détente ou le sport, qu’il soit propulsé par un moteur électrique ou par nos bons vieux quadriceps — ou les deux —, le vélo fait de plus en plus d’adeptes et occupe de plus en plus de place sur nos routes, au grand plaisir des uns ou déplaisir des autres. Aujourd’hui, Le Devoir vous présente sa recension de quelques voies cyclables parmi les plus problématiques de la province.
Certaines pistes sont pleines de trous. D’autres se terminent abruptement dans des endroits à forte circulation automobile. D’autres encore traversent des bretelles d’autoroute de façon dangereuse.
« La barrière principale à la pratique du vélo, quand on sonde les cyclistes, c’est le manque d’infrastructures sécuritaires », souligne le président-directeur général de Vélo Québec, Jean-François Rheault.
Selon ce dernier, les voies cyclables développées il y a vingt ou trente ans ne sont pas en phase avec les attentes des cyclistes, dont le nombre ne cesse d’augmenter, et les normes de conception, qui ont beaucoup évolué. Or, trop peu d’argent est investi pour à la fois construire de nouveaux aménagements et mettre à jour les infrastructures existantes, estiment plusieurs groupes de défense des cyclistes. Dans certains cas, des compromis sur la qualité des nouvelles voies cyclables sont également faits pour ne pas nuire au trafic automobile, croit M. Rheault.
Photo: Marie-France Coallier, Le Devoir
Boulevard De Maisonneuve, Montréal
Les cyclistes qui empruntent le boulevard De Maisonneuve, en particulier entre la rue Frontenac et l’avenue Papineau, doivent affronter des cratères et des bosses dans la chaussée. Certains tronçons sont tout simplement impraticables. C’est sans parler des nombreux travaux routiers, qui forcent presque toujours à emprunter des voies temporaires délimitées par des cônes orange. Attention de ne pas se perdre dans ses pensées, il faut souvent ralentir pour éviter de se retrouver le nez sur l’asphalte. « L’entretien de la chaussée est encore plus important pour les cyclistes que pour les voitures. Les villes devraient prioriser ça », dit Jean-François Rheault. Mention spéciale également, à ce chapitre, à la piste qui longe la rue Sherbrooke au sud du parc Maisonneuve.
Photo: Adil Boukind, Le Devoir
Rue de la Commune, Montréal
La piste cyclable qui relie théoriquement le Vieux-Port et le canal de Lachine s’interrompt soudainement entre la rue Bonsecours et le boulevard Saint-Laurent. Quelques choix s’offrent alors au cycliste lors des jours estivaux achalandés : descendre de son vélo et marcher à travers la foule sur environ 500 mètres, rouler en zigzaguant entre les piétons, emprunter une route de gravelle officiellement interdite ou tenter sa chance dans le trafic automobile de la rue de la Commune. De l’autre côté de ce dilemme, la belle piste reprend son cours comme si de rien n’était. Inconfortable et frustrant, selon M. Rheault.
Photo: Adil Boukind, Le Devoir
Boulevard Samson et autoroute 13, Laval
Le boulevard Samson, à Laval, est bordé par une bande cyclable constituée d’un simple marquage au sol, pas toujours bien visible. Au croisement de l’autoroute 13, ce marquage indique aux cyclistes de traverser les bretelles d’entrée et de sortie à des endroits où les voitures accélèrent ou décélèrent. Difficile de s’y sentir en sécurité. Au croisement de l’autoroute 25, dans l’est de Montréal, le portrait est similaire. Les cyclistes circulant sur la bande cyclable de la rue Sherbrooke se retrouvent carrément au milieu des voitures qui roulent à toute vitesse.
Photo: Google Maps
Pont de Québec
Le pont de Québec est le seul lien qui permette de traverser le fleuve à pied ou à vélo pour se rendre dans la capitale à partir de la Rive-Sud. Une piste cyclable se rend d’ailleurs jusqu’à ce dernier. Or, sur le pont lui-même, l’espace pour les piétons et les vélos est si étroit qu’il est pratiquement impossible que deux bicyclettes roulent en même temps en sens inverse. Il faut donc descendre de son vélo. La situation est presque inversée sur le pont Jacques-Cartier. La piste cyclable qui s’y trouve est un peu plus adéquate, mais pour s’y rendre à partir du Vieux-Longueuil, les options de voies aménagées sont limitées.
Photo: Google Maps
Boulevard de la Gappe, Gatineau
La piste bidirectionnelle qui longe le boulevard de la Gappe, à Gatineau est ponctuée de très nombreuses entrées charretières de commerces. Les automobilistes qui arrivent de toutes les directions doivent la traverser lorsqu’ils vont se stationner pour faire leurs emplettes. « Le nombre de fois où j’ai failli me faire frapper est hallucinant », dit Laura Darche, présidente d’Action vélo Outaouais. Les piétons ont aussi tendance à marcher sur la piste, constate Mme Darche, puisque le trottoir adjacent se trouve plus près de la route. Sur quelques tronçons, la piste est même tracée directement sur l’unique trottoir. La très achalandée et étroite piste bidirectionnelle de la rue Rachel, à Montréal, passe aussi devant beaucoup d’intersections et d’entrées charretières, ce qui est « extrêmement inconfortable », selon Jean-François Rheault.
Photo: Marie-France Coallier, Le Devoir
Rue Notre-Dame, Montréal
La piste cyclable qui serpente le long de la rue Notre-Dame, à l’extrême sud de Montréal, est loin de la route fréquentée par des camions poids lourds en direction du port. Les cyclistes arrivent donc souvent aux intersections dans un angle de 45 degrés, ce qui ne permet pas aux véhicules de les voir. Selon M. Rheault, la solution pourrait être de la transformer en pistes unidirectionnelles ou de faire des aménagements qui protègent les cyclistes aux intersections, comme des feux de circulation adéquats. Notons également que la piste n’est pas éclairée la nuit et que, peu après l’intersection avec la rue Sainte-Catherine, elle ne devient qu’un marquage sur le mince trottoir.
Photo: Google Maps
3e Avenue, Québec
Cette artère commerciale du quartier Limoilou est très achalandée. La bande cyclable y est peinte à gauche des places de stationnement, ce qui force les automobilistes à la couper. « La cohabitation est extrêmement difficile », estime Angèle Pineau-Lemieux, porte-parole de l’organisme Accès transports viables, qui défend les usagers du transport en commun et actif de cette région. « La plupart des nombreux cyclistes n’osent même pas rouler sur la bande cyclable, parce qu’il n’y a aucun espace de protection contre l’emportiérage, et qu’on est dans un secteur commercial où il y a beaucoup d’arrêts ponctuels, des livraisons, des stationnements en double file. »
Photo: Google Maps
Intersection boulevard des Allumettières/Promenade du Lac-des-Fées, Gatineau
Pour traverser une bretelle à cet endroit, les cyclistes doivent effectuer une longue boucle en pente descendante, passer sous un viaduc, et faire l’ascension d’une autre boucle. Les véhicules motorisés, eux, peuvent simplement continuer tout droit sur le boulevard des Allumettières ou emprunter la bretelle qui descend vers la promenade du Lac-des-Fées. « Cette conception sert à permettre aux voitures de descendre du viaduc sans faire d’arrêt. À noter que cet aménagement est un important connecteur qui relie un très grand quartier résidentiel au centre-ville. Comme obstacle à la pratique du vélo utilitaire par monsieur et madame Tout-le-Monde, c’est dur de faire mieux », dit Laura Darche.
Photo: Valérian Mazataud, Le Devoir
Intersection chemin de Chambly/ boulevard Vauquelin, Longueuil
À cette intersection, des pistes bidirectionnelles se rejoignent de toutes parts. Mais pour les traverser, les cyclistes doivent se rendre à un petit îlot de trottoir afin d’appuyer sur un bouton, puis traverser au passage piéton.