Réseau cyclable du Grand Montréal

Résumé

Déplacements dans le Grand Montréal Le vélo prend de la vitesse

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Le nombre de résidants du Grand Montréal qui enfourchent leur vélo pour effectuer leurs déplacements quotidiens a doublé entre 2018 et 2023, selon une mise à jour de l’enquête métropolitaine Perspectives mobilité de l’ARTM.

Les Montréalais se déplacent de plus en plus à vélo pour aller au travail, mais ces gains se font essentiellement aux dépens du transport collectif. Ces dernières années, beaucoup ont choisi de troquer leur carte OPUS contre un casque et deux roues.

Publié à 5 h 00

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Henri Ouellette-Vézina La Presse

](La Presse | Henri Ouellette-Vézina)

Davantage de vélos dans les rues

Les chiffres sont clairs : le nombre de résidants du Grand Montréal qui enfourchent leur vélo pour effectuer leurs déplacements quotidiens a doublé entre 2018 et 2023. Dans une mise à jour de son enquête métropolitaine Perspectives mobilité, l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) établit que 4,1 % des travailleurs ont utilisé une monture pour aller au boulot au moment de l’enquête en 2023, contre 2,1 % cinq ans plus tôt. La hausse est particulièrement forte dans le centre de Montréal, où 11 % des déplacements ont été réalisés à vélo, contre 6 % en 2018. Hors de l’île, le vélo reste peu utilisé ; moins de 1 % des travailleurs emploient ce mode de transport.

Le transport collectif perd des adeptes

Cette adoption du vélo n’a toutefois pas réduit le nombre de voitures sur les routes. Au contraire, la part de l’automobile a augmenté de 1,4 point depuis 2018. Le transport collectif a perdu le plus d’adeptes ; sa part modale a diminué de 4,2 points. Et c’est dans le cœur de Montréal que la chute s’avère la plus forte, avec un recul de 5,7 points. À l’extérieur de l’île de Montréal, la voiture a comblé le vide laissé par la désaffection du transport collectif. À Laval, par exemple, la part des déplacements en auto a augmenté de 3,7 points, contre moins d’un point pour le vélo.

Un service fragile

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Le Réseau express métropolitain

Pour la conseillère associée aux transports actifs, Marianne Giguère, le transport collectif « a perdu en qualité et en fréquence » dans certains secteurs à Montréal. « On a perdu beaucoup de lignes d’autobus au profit du Réseau express métropolitain (REM), par exemple, et ça ne s’est pas toujours rapporté de façon efficace pour les usagers. L’offre a diminué au moment même où la pandémie faisait en sorte de modifier les habitudes des gens durablement », raisonne-t-elle. Le vélo persiste toutefois « puisque n’importe où on prend soin de faire un réseau cyclable soigné, confortable, fiable, les gens vont l’utiliser », affirme l’élue, qui aimerait une étude sur le vélo en particulier, pour savoir si cette hausse est ponctuelle ou incarne une tendance à long terme.

L’exemple de Copenhague

PHOTO CHARLOTTE DE LA FUENTE, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Cyclistes se déplaçant à Copenhague, capitale du Danemark

De façon générale, le transport collectif « va souvent varier de manière inverse avec le vélo » en matière de part modale, observe le professeur à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal Jean-Philippe Meloche. « À Copenhague, par exemple, la part modale du vélo a augmenté énormément et frise aujourd’hui les 50 %, sauf que les gens ont beaucoup déserté le transport collectif », analyse-t-il. « Ça donne une ville potentiellement plus en santé et moins polluée, donc c’est positif, mais ça n’affecte pas nécessairement la voiture, puisque les automobilistes sont très ancrés dans leurs habitudes, plus que les autres. Bref, si on n’a pas de politique qui vient encadrer l’usage de l’auto, on va tout le temps avoir le même nombre de voitures sur les routes », ajoute M. Meloche.

Quel rôle pour le vélo électrique ?

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

La Société de transport de Montréal interdit les vélos électriques dans le métro.

Selon Magali Bebronne, directrice des programmes chez Vélo Québec, le vélo électrique est probablement responsable de cette situation, du moins en partie. « C’est soudainement beaucoup plus accessible pour une plus grande partie du public, ça augmente le territoire de rabattement vers le transport collectif », note-t-elle. Mais la Société de transport de Montréal (STM), qui interdit les vélos électriques dans le métro, « marque un petit recul », note Mme Bebronne. « On n’a pas encore tout à fait libéré le potentiel de l’intermodalité avec le vélo électrique », songe la gestionnaire. Elle appelle les sociétés de transport à « augmenter le nombre de stationnements sécuritaires autour de leurs installations », les vélos électriques étant plus onéreux et plus susceptibles d’être volés.

Des alliés d’abord

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Il faut à tout prix éviter de tomber dans le piège d’« opposer le vélo et le transport collectif », affirme la titulaire de la Chaire mobilité à Polytechnique Montréal, Catherine Morency.

N’empêche, il faut à tout prix éviter de tomber dans le piège d’« opposer le vélo et le transport collectif », affirme la titulaire de la Chaire mobilité à Polytechnique Montréal, Catherine Morency. « Quelqu’un qui est sur son vélo, peut-être que le lendemain, il va être dans le transport collectif. C’est ça qu’on voudrait, en tout cas. Ces deux modes doivent être ensemble pour contribuer à réduire la dépendance à l’auto, et non pas l’inverse », dit-elle. « Le problème, c’est que nos réseaux de transport collectif sont tout sauf efficaces pour un paquet de corridors de déplacements. Notre planification manque encore cruellement d’ambition et de compréhension des réalités », conclut la spécialiste.

Lisez une lettre du Conseil régional de l’environnement de Montréal

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