Lors d’une visite de plus de 30 jours, une preuve d’enregistrement sera requise en tout temps pour les voyageurs, et une prise des empreintes digitales sera exigée, à moins d’en être exempté.
Ces nouvelles règles nous font nous sentir indésirables aux USA », a écrit Sylvain Robitaille, dont le couple passe de cinq à six mois par année à Fort Lauderdale. « Plusieurs propriétaires ont décidé de vendre, nous n’avons jamais vu autant de panneaux à vendre de la part des Canadiens ici », a-t-il ajouté.
Ce qui est beaucoup plus préoccupant, surtout si on est un citoyen canadien ou un snowbird, c’est le fait qu’on doit avoir sur nous en tout temps la preuve de notre enregistrement », explique Me Séguin.
Et si on ne l’a pas, on est passible d’accusations au criminel. Et si on est reconnu coupable au criminel, ça peut remettre en question aussi notre capacité à voyager aux États-Unis dans le futur.
Résumé
Snowbirds Au revoir la Floride ?
PHOTO CHANDAN KHANNA, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Coucher de soleil à Miami Beach, en Floride. Le Sunshine State pourrait perdre de son attrait chez les « snowbirds », maintenant qu’un décret de Donald Trump les vise.
Aux États-Unis, plus du quart des dépenses touristiques des Canadiens a été effectué… en Floride, l’an dernier. Mais de nombreux snowbirds songent sérieusement à lui dire au revoir, maintenant qu’un décret les vise : une décision qui pourrait faire mal à l’économie du Sunshine State.
Publié à 5 h 00

[
Megan Foy La Presse
](La Presse | Megan Foy)
« Protéger le peuple américain contre l’invasion » : tel est l’intitulé du décret signé par Donald Trump la journée de son investiture, complètement passé sous le radar. S’il met principalement en place des mesures de répression contre les migrants sans papiers, c’est la première fois que les États-Unis ciblent ainsi les Canadiens.
Résultat : le Sunshine State pourrait perdre de son attrait chez les « snowbirds », car ils y sont visés.
Lors d’une visite de plus de 30 jours, une preuve d’enregistrement sera requise en tout temps pour les voyageurs, et une prise des empreintes digitales sera exigée, à moins d’en être exempté.
Sauf que les touristes canadiens sont importants pour l’économie américaine.
En 2024, ils ont dépensé 20 milliards de dollars chez leurs voisins, selon la U.S. Travel Association, dont 6,5 milliards seulement dans l’État de la Floride.
Mais la soudaine prise de connaissance de cette mesure en repousse déjà plusieurs, a constaté La Presse après avoir lancé un appel à tous, vendredi dernier.
« Ces nouvelles règles nous font nous sentir indésirables aux USA », a écrit Sylvain Robitaille, dont le couple passe de cinq à six mois par année à Fort Lauderdale. « Plusieurs propriétaires ont décidé de vendre, nous n’avons jamais vu autant de panneaux à vendre de la part des Canadiens ici », a-t-il ajouté.
L’exode est déjà commencé : les Canadiens représentaient près d’un quart des vendeurs étrangers en Floride entre avril 2023 et mars 2024, contre 11 % un an plus tôt, selon la National Realtors Association. Mais quel serait l’impact pour la Floride, si le nombre de touristes canadiens diminuait – même de 10 % ? Il y aurait non seulement deux millions de visites en moins, mais 14 000 personnes risqueraient aussi de perdre leur emploi, selon la U.S. Travel Association.
Selon Snowbird Advisor, environ la moitié des « oiseaux migrateurs » canadiens possèdent des biens immobiliers aux États-Unis.
PHOTO LYNNE SLADKY, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE
Plage à Surfside, en Floride
« Ayant une propriété, vais-je la vendre ? Attendre que le marché remonte ? La louer à des Américains ? Ou attendre que le cauchemar Trump s’efface ? Vendre et voyager ailleurs ? Actuellement tout est insécurisant à cause d’un seul homme… », souligne de son côté Yves Goulet.
De nombreux autres lecteurs ont écrit à La Presse pour faire part de leurs préoccupations, même s’ils ne sont pas propriétaires.
Ma conjointe et moi avions des plans pour aller deux mois [aux États-Unis] l’hiver prochain. Nous remettons ça à dans au moins quatre ans. On verra si les Américains auront repris le contrôle de leur pays.
Eric Crevier, lecteur de La Presse
L’Association canadienne des snowbirds travaille actuellement avec des représentants du Congrès pour modifier cette exigence d’enregistrement, afin que les voyageurs canadiens en soient exemptés, peut-on lire sur son site web.
Une incompréhension de la mesure
Malgré tout, certains lecteurs n’étaient pas du même avis : certains soulignent même que cela ne change pas grand-chose pour eux, car ils s’enregistrent déjà auprès des U.S. Citizenship and Immigrant Services (USCIS).
« Présentement, lorsque j’entre ou que je quitte les USA par voie terrestre, [je remplis] un formulaire I-94. On nous demande notre lieu de résidence aux USA lors de notre séjour », explique Sylvain Boucher, par courriel.
Mais ce n’est pas l’enregistrement qui est problématique, selon Me Marc-André Séguin, associé chez Exeo avocats et expert en immigration américaine. « Si on entre aux États-Unis aujourd’hui par voie aérienne, on est automatiquement enregistré, et si on entre par voie terrestre, ce n’est pas automatique, mais règle générale, ça a tendance à être fait », explique-t-il.
« Ce qui est beaucoup plus préoccupant, surtout si on est un citoyen canadien ou un snowbird, c’est le fait qu’on doit avoir sur nous en tout temps la preuve de notre enregistrement », explique Me Séguin.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE
Me Marc-André Séguin, associé chez Exeo avocats et expert en immigration américaine
Et si on ne l’a pas, on est passible d’accusations au criminel. Et si on est reconnu coupable au criminel, ça peut remettre en question aussi notre capacité à voyager aux États-Unis dans le futur.
Me Marc-André Séguin, expert en immigration américaine
Le formulaire I-94, ou Arrival-Departure Record Card, sert à enregistrer les entrées et sorties des personnes qui ne sont ni citoyens américains ni résidents permanents légaux.
D’après le site du gouvernement des États-Unis, un formulaire est habituellement remis au voyageur lorsqu’il arrive par avion ; par voie terrestre, il suffit d’en faire la demande. Or, le formulaire n’est pas obligatoire pour « la plupart des citoyens canadiens qui sont en visite ou en transit », peut-on lire sur le site web.
Compte tenu des contradictions entre la réglementation actuelle et le nouveau décret, les avocats spécialisés en droit de l’immigration, dont le cabinet Exeo, ont exigé des précisions à l’administration Trump.
Jointe par La Presse, la déléguée du Québec à Miami n’a pas souhaité commenter le décret, puisque les modalités restent toujours à préciser.