Réaménagement de l'Av. Pierre-de-Coubertin

Oui, c’est effectivement une pratique bien à la mode à Montréal ces dernières années parce qu’elle donne une fausse impression de biodiversité, qui était le buzz word à la mode avant «place éponge».

La biodiversité est très importante, mais elle est clairement incomprise.
Changer d’essence à chaque arbre est plus problématique que bénéfique.
Ce n’est qu’un artifice de développement durable. Mais qui est au final très peu durable.

Espérons que ça cesse rapidement.

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j’ai remarqué qu’il y a des groupements de 2 ou 3 arbres un à côté de l’autre de la même essence

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Je ne comprends pas toujours quand @Gtmtl parle des tableaux excels, ou plutôt leur surutilisation pour des choses qualitatives, mais ici, je suis entièrement d’accord.

Depuis l’agrile du frêne et la prise de conscience de ne pas avoir qu’une même espèce, il y a eu un virage à l’opposé total à Montréal, en prévilégiant la diversité et la résilience des espèces à tout prix. Ce n’est pas négatif, il est primordial de s’assurer que nos arbres vivront au travers des importantes perturbations dans les décénnies à venir.

Néanmoins, de nombreux autres aspects sont oubliés, comme la cohérence des aménagements, l’intégration dans le milieu, le paysage.

De nombreux aménagements n’ont aucun sens dans leur contextes et n’ont aucune cohérence paysagère. De nombreux paysages naturels ont disparus dans les dernières décénnies dans la région de Montréal et ceux aménagés dans les 15 dernières années ne sont pas à la hauteur de ceux perdus.

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J’aimerais bien lire vos sources d’information.

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“C’est pas beau”

C’est quand même une personne qui pense ces espaces dans sa vie professionnelle, je suis certain qu’il y a une explication plus étoffée :wink:

Mais je suis aussi très curieux d’entendre la raison, je pensais que de multiplier les espèces était plus résilient en général. C’est l’occasion d’apprendre de quoi.

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Il a raison en partie. Le plus gros problème est qu’on continue de planter des arbres de façons individuelle tandis qu’ils vivent mieux en communauté. On devrait avoir de plus grandes fausse d’arbre et planter ensemble une même espèces. Après, bien sûr il faut diversifier les espèces mais pas nécessairement dans un même espace donnés.

Sur la rue Peel et la rue du Shannon, j’ai remarqué que les fosses étaient toutes reliées entre elles… Ça ne parait juste pas en surface. En plus, il y a des cellules d’enracinement sous le trottoir.

Exemple dans MHM, dans la Zone de rencontre Simon-Valois (ça semble être devant le supermarché Métro)

En surface

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Cependant du point de vue de la biodiversité, trop multiplier les espèces n’apporte rien et peut même nuir. Il y a une raison pour laquelle les boisés naturels sont formées d’une espèce dominante avec une ou deux espèces secondaires. Et que ces espèces varient dans le temps selon les conditions et l’age du boisé.

Les milieux naturels ayant la biodiversité la plus riche n’ont pas 20 essences différentes partout. Les espèces vont se concentrer aux mêmes endroits selon les conditions du site : les zones plus humides vont favoriser les érables argentés, certains frênes, les zones sabloneuses les chênes bicolores et les pins, les lisières, clairières et zones de regénérescences favorisent les bouleaux, peupliers et aubépines, etc.

Qu’un tronçon de rue possède 10 essences en quelques dizaines de mètres ne favorisera pas une plus grande biodiversité que s’il s’agissait d’une à trois espèces vivant bien ensemble. Les différences de croissances et de besoins peuvent même freiner le bon développement de certains individus.


Il faut donc aussi penser à l’environnement de la plantation. Si on voulait revégétaliser les rues et les surfaces minéralisées de l’ile Sainte-Hélène, il serait une erreur de planter plusieurs essences différentes selon les grilles de résiliences. Sur l’ile, il y a une étonnante miccocoulaie à ormes, il faudrait donc planter en majorité des miccocouliers et des ormes et finir avec des essences qui font du sens pour le milieu et la résilience de la forêt.

Près du parc Jeanne-Mance et du mont Royal, planter plusieurs micocouliers ne ferait pas beaucoup de sens, puisque le milieu est davantage composés de chênes et d’érables.

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La «beauté» n’est jamais un critère parce qu’elle est trop subjective.
Surtout quand il s’agit d’espace public.

Je crois qu’il faut d’abord diviser le sujet en deux:

  1. L’aspect paysager

  2. L’aspect de la biodiversité

  3. Pour ce qui est de l’aspect paysager, davantage conceptuel, ça rejoint les propos de @Fleurdelys.

Il est important de distinguer une rue d’un parc ou d’une place, ou même d’une esplanade ou d’un parvis ou d’un square. Chaque typologie a ses logiques, ses principes. Pour différentes raisons historiques, culturelles, sociales et sensibles.

Dans le cas d’une rue, ce sont des arbres d’alignement. Dans la logique d’un alignement, il doit y avoir récurrence, une certaine répétition. Une rue n’est pas une démonstration de tupperware ni une salle de montre. L’aménagement doit se subordonner, ne pas essayer de crier plus fort que le contexte. C’est une question d’humilité et de modestie, qu’il n’est pas toujours facile d’atteindre mais qui est essentielle.

C’est comme si pour des raisons de tendance politique, on plaçait le long d’une rue que des lampadaires de modèles, couleurs, formes et hauteurs variés. Il y aurait une surcharge visuelle complètement nuisible au paysage urbain.

On fait la même chose ici avec des arbres.
Ce n’est donc pas une question de beauté, mais bien de rigueur, de cohérence, de pérennité, de qualité des ambiances.

Malheureusement, il est difficile de trouver une source pour ces aspects, qui tiennent davantage du domaine du sensible.

  1. Pour ce qui est de l’aspect de la biodiversité, c’est une notion extrêmement incomprise et politiquement manipulée.

Comme je l’ai dit précédemment, la biodiversité est importante, essentielle. Encore faut-il comprendre pourquoi et comment. Sans rentrer dans une formation complète, il y a deux éléments à retenir.

2.1 La biodiversité, ce n’est pas uniquement de varier les végétaux. Il faut également de la biodiversité dans les sols qu’on utilise. Et cet aspect est souvent évacué dans les projets urbain, alors que c’est une donné essentielle. Si tu plantes 28 sortes d’arbres différentes mais que c’est toute la même terre basique, tu passes à côté du sujet.

2.2 La biodiversité nécessite une masse critique. On accroche beaucoup sur l’aspect «diversité», mais on oublie le mot «bio». Évidemment ça prend de la variété! C’est terminé l’époque à laquelle on plantait toute une rue de la même essence. Mais autant de diversité peut causer d’autres problèmes. Les insectes et les oiseaux ont chacun des essences d’ arbres «préférées». S’il n’y a pas assez d’exemplaires d’une même essence, l’effort est inutile, les animaux et insectes qui dépendent des végétaux ne pourront pas en profiter, et tous les beaux dessins avec des papillons partout ne se réaliseront jamais.

Après, il y a aussi des catégories. Comme j’ai dit, ça prend une certaine diversité, mais elle doit être logique. Un arbre fruitier à côté d’un arbre colonnaire à côté d’un petit arbre à côté d’un arbre à grande déploiement, ce n’est pas logique. Les arbres travaillent aussi ensemble. Le meilleur exemple reste une forêt sauvage. Jamais on a naturellement ce type de mélange. On ne devrait pas le forcer non plus.

En conclusion (pour une rue):

  1. Miser sur la biodiversité des sols aussi
  2. Se limiter aux essences urbaines (pas de conifères ou d’arbres fruitiers)
  3. Regrouper entre 5 et 8 arbres de même essence consécutifs
  4. Assurer la comptabilité des arbres

Je tenterai de vous trouver une source. Honnêtement, la meilleure source c’est le congrès annuel de l’association des architectes paysages du Canada, durant lequel ce sujet est abordé à chaque années (le prochain aura lieu début juin). Ça semble être un problème commun dans plusieurs villes. Il y a aussi parfois des conférences à ce sujet au jardin botanique. Les politiciens veulent exagérer la biodiversité pour montrer qu’ils font leur travail et qu’ils répondent aux demandes citoyennes. Ils veulent que ça paraissent, que ça se voit. Donc on met un pommier à côté d’un érable parce que c’est plus vendeur qu’un érable à côté d’un ormes. Même si on final on nuit plus qu’autre chose et que le pommier va mourir dans 5 ans.

Le projet voisin de l’entrée Viau du parc olympique reste un bon exemple. Il y a 10 essences différentes, mais regroupées pour donner une masse critique, et toutes compatibles et complémentaires.

J’ai été trop lent, @Fleurdelys a déjà bien répondu!

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En même temps, ce sont les architectes paysagers et les équipes d’horticulture des arrondissements ou de la Ville-Centre qui conçoivent les espaces publics. (pour les plus gros projets, les firmes externes peuvent être appelées à faire la conception via le processus d’appels d’offres publics). Les personnes élus donnent juste les orientations, mais ne décident pas du fin détail sur les arbres à planter et de quelle facon.

Sur les plans présentés aux personnes élues, il n’y a pas les essences d’arbres, juste leur emplacement. C’est dans le devis de l’appel d’offres qu’on voit la liste, mais ce n’est pas toujours le cas non plus.

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J’imagine que ça dépend des arrondissements.
Pour un projet sur lequel j’ai récemment travaillé, on nous a imposé les essences, le nombre et l’emplacement des arbres.

Ce qui va à l’encontre des principes de responsabilité professionnelle d’ailleurs.

Mais je vous l’accorde, je pointe le politique mais dans certains cas ces demandes viennent aussi de chefs de divisions et de directeurs. Dans tous les cas, les enjeux restent les mêmes!

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il faut vraiment mélanger les essences, c’est super important. Sinon, on fini par des catastrophes avec des rues lunaires s’il arrive des maladies (ex. Agrile du frêne).

Moi je lis les propos de @Gtmtl et je me dis que ça me tenterait prendre un café avec ! J’aime bien vos explications, je dors moins niaiseux à chaque fois que je vous lis. :slight_smile:

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(Ça serait un bon sujet pour une rencontre)

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Sur ma rue dans Rosemont, 95% des arbres sont des frênes et le quart a déjà été abattu dans les quelques années. Éventuellement quasiment tous les arbres de la rue seront remplacés donc la canopée sera fortement affectée. Ça aurait été bien d’avoir un mix de 5-7 essences, l’impact de l’abatage d’une seule essence aurait été bien moindre.

Le même problème s’est produit avec les ormes dans les années 50.

Bravo à la ville pour ne pas refaire les mêmes erreurs.

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Je comprends mieux et effectivement le discours peut être sur simplifié dans la présentation de projets urbains, principalement pour informer du projet à la population générale. Je ne pense pas que les experts se vantent de créer des milieux à forte biodiversité lorsqu’on est dans un contexte d’arbre de rue. Ceci dit, les fragilités des arbres sont souvent similaire au sein d’espèces semblables. Il est primordial de diversifier les espèces, sous-espèces, etc., selon un pourcentage proposé pour assurer la pérennité de la canopée dans un contexte où le nombre d’arbres est fortement limité par la présence d’autres infrastructures. Même si c’est moins élégant, même s’il n’y avait aucune espèce similaire dans ce secteur avant, etc. Ceci dit, la pratique aura tout avantage à se raffiner avec le temps en fonction des principes actualisés des architectes paysagistes. Au final, ce sont eux qui conçoivent ces espaces.

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J’aimerais voir des forêts urbaines se multiplier sur le territoire. Les espaces autour des autoroutes (bretelles d’accès/sorties) seraient de bons endroits pour ce type de plantation.

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Au juste @Gtmtl tu es architecte ? Ça me semble bien intéressant tout ce que tu dis haha.

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