Réaménagement de la rue Saint-Hubert (2021)

La renaissance de la Plaza Saint-Hubert

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La mythique Plaza Saint-Hubert, dans le quartier Rosemont à Montréal, a fait peau neuve, après des années de travaux majeurs.

Connue pour ses boutiques de robes de mariée et sa marquise, la Plaza Saint-Hubert se transforme. Pendant que les travaux d’envergure s’étiraient, des dizaines de commerces ont fermé, mais d’autres ont bourgeonné et pris la relève. Entre recherche de nouveautés et préservation des classiques, la mythique artère commerciale se réinvente.

Publié le 1er mai 2021 à 6h00

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Nathaëlle Morissette Nathaëlle Morissette
La Presse

« Il y a vraiment une nouvelle vague »

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Des passantes arpentent la Plaza remodelée sous sa nouvelle marquise.

Les travaux ont frappé plus durement que la pandémie sur la Plaza Saint-Hubert.

La présence de tracteurs et de poussière a eu raison de nombreux commerces : 80 ont fermé au cours des trois dernières années. Mais en contrepartie, 89 nouveaux magasins se sont établis pendant la même période.

Le trou béant laissé au beau milieu de l’artère aura ainsi fait naître une nouvelle génération de commerçants. Nombreux sont ceux qui sont d’ailleurs venus s’établir juste avant les travaux… et la hausse potentielle des loyers.

« Depuis mon arrivée, il y a eu des vagues de commerces qui ont ouvert, mais jamais comme on voit en ce moment. » Assis sur un banc que l’on a installé sur le trottoir nouvellement revêtu de la Plaza, Mike Parente, directeur général de la Société de développement commercial (SDC) de cette rue mythique, célèbre pour sa marquise, rêve déjà à l’inauguration de l’artère en juin.

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Mike Parente, directeur général de la Société de développement commercial de la Plaza Saint-Hubert

L’homme qui entame sa 16e année à ce poste a des raisons de se réjouir de l’arrivée du printemps : les travaux sont enfin terminés et plusieurs nouveaux venus ont décidé d’adopter la Plaza.

À propos de ceux qui ont fermé, M. Parente tient à préciser que l’on compte seulement deux faillites. Les autres fermetures seraient attribuables à des baux qui n’ont pas été renouvelés. Et comme le malheur des uns fait le bonheur des autres, ce phénomène a permis à de nouveaux cafés, épiceries, magasins de vêtements de prendre la place de ceux qui sont partis, et ce, à prix raisonnable.

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« Le but, c’était d’entrer avant la construction et d’établir notre clientèle. On savait qu’une fois que tout serait fini, les loyers et les taxes augmenteraient », lance sans détour Massimo Vincelli, copropriétaire de Conserva, une épicerie fine qui a ouvert ses portes en juillet 2018.

« Je pense que dans un an, deux ans, ça va être rendu très, très cher », a-t-il expliqué lorsque La Presse est allée le rencontrer dans son commerce au début de la semaine dernière.

On voit déjà que la Plaza est beaucoup plus populaire et, avec ça, tout monte. Il y a vraiment une nouvelle vague : plein de monde qui arrive avec de nouvelles idées.

Massimo Vincelli, copropriétaire de Conserva

Et la détermination de l’équipe de Conserva a même influencé d’autres entrepreneurs qui ont voulu l’imiter. C’est le cas de Catherine Lecompte, propriétaire d’Arloca, une boutique de cadeaux dont les produits, allant des cartes aux bijoux en passant par la vaisselle, sont produits au Québec et au Canada. « Conserva, ça m’a inspirée, raconte-t-elle. Je suis allée leur parler. Ils sont arrivés six mois avant moi. Je me suis dit : si eux l’ont fait, c’est parce qu’ils voient le potentiel comme moi, je le vois. Ça m’a tirée vers le haut. »

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Catherine Lecompte, propriétaire d’Arloca

« Je cherchais une rue commerçante qui me plaisait bien », dit-elle en ajoutant dans la foulée qu’à ce moment-là, la Plaza n’était pas dans ses meilleures années. « Mais quand j’ai su qu’il allait y avoir des travaux, j’ai vu à long terme. D’ici deux ans, c’est certain que ça va être plus difficile [de s’installer]. »

Plus au nord, les propriétaires de La pâtisserie du Rosaire ont pour leur part saisi l’occasion en quittant leur local loué du Plateau Mont-Royal pour acheter un immeuble de 2500 pi2 sur la Plaza, où ils ont installé leur boutique, leur boulangerie et leur atelier de production de natas, les fameuses tartelettes portugaises popularisées par le directeur national de la santé publique, le Dr Horacio Arruda.

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Danny Machado, propriétaire de La pâtisserie du Rosaire

« Sur le Plateau, ce n’était ni louable ni achetable », lance sans détour Danny Machado, copropriétaire de l’entreprise familiale fondée il y a plus de 30 ans. « Comme les travaux allaient commencer, il y a beaucoup de gens qui ont décidé de fermer leur magasin et de vendre leur immeuble. Rue Rachel, on n’était pas vraiment sur une artère commerciale. Là, on voit la différence. Il y a tout le temps du mouvement. »

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Locaux à louer

Actuellement, les locaux sur la Plaza se louent entre 18 $ et 30 $ le pied carré, selon Mike Parente. « Habituellement, quand les travaux sont finis dans un secteur, il y a une tendance à aller vers la hausse [des prix], croit-il. C’est probablement beaucoup mieux de s’installer aujourd’hui que d’attendre dans deux ou trois ans. Je pense que les propriétaires sont très motivés à louer. Avec la fin des travaux, c’est une occasion parfaite. »

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Or, lors de notre passage sur l’artère commerciale qui s’étend entre les rues Bellechasse et Jean-Talon, plusieurs locaux étaient encore à louer et d’autres semblaient complètement à l’abandon. Impossible d’avoir des chiffres précis sur le nombre de locaux à louer ou vacants. « Je ne vous donnerai pas de chiffres. La raison, c’est que c’est en évolution constante, explique M. Parente. Les chiffres que je vais vous donner aujourd’hui risquent de changer demain. »

La réalité, c’est qu’il n’y en a pas tant que ça, de locaux vacants. Il y en a moins qu’avant les travaux.

Mike Parente, directeur général de la SDC de la Plaza Saint-Hubert

« Pour moi, poursuit-il, c’est une très bonne nouvelle. Ce qui donne l’impression qu’il semble y avoir beaucoup de locaux vacants, c’est que certains immeubles sont en attente de travaux et que les propriétaires ne les loueront pas tant que leurs rénovations ne seront pas terminées. »

Des façades et des robes de mariée

Par ailleurs, M. Parente souligne que grâce au programme Réussir@Montréal (PR@M), les commerces des artères commerciales en chantier ont droit à des subventions pour effectuer des travaux, notamment sur leurs façades.

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« Je pense que les propriétaires d’immeuble ont une responsabilité dans la vitalité d’une rue commerciale. Ce sont eux qui rénovent. Ils ont des subventions. J’ose espérer que les propriétaires vont se réveiller », estime pour sa part Anne Lespérance, propriétaire de la boutique de vêtements Belle+Rebelle, qui ajoute avoir une excellente relation avec celui qui détient l’immeuble abritant ses locaux.

En plus du renouvellement des façades, l’importance de la présence des boutiques de robes de mariée et de tenues de bal a été soulignée par plusieurs commerçants. « Ça reste quand même une niche importante pour la rue », tient à rappeler Mike Parente.

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La boutique de robes de mariée Oui, je le vœux

Près de 70 commerçants sur la Plaza dépendent de l’évènementiel : mariages, bals et fêtes de toutes sortes. « On va chercher d’autres clientèles, croit Chantal Parizeau, propriétaire de la boutique de robes de mariée Oui, je le vœux. Ça fait de l’animation différente. Tant qu’il y a du mouvement… »

« Je souhaite qu’il y ait de la variété, ajoute pour sa part Mme Lespérance. Ce sont des gens de partout au Québec qui viennent pour les robes. C’est une destination. Ça fait partie de l’identité de la Plaza. »

La Plaza au fil du temps

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La Plaza Saint-Hubert en bref

Créée en 1959, elle s’étend de la rue Bellechasse à la rue Jean-Talon

Elle compte 400 commerçants et professionnels, dont 70 liés à l’événementiel

30 % sont de propriétaires occupants, 70 % sont locataires

85 % des commerces sont indépendants

Des « vétérans » et de nouveaux venus

Nathaëlle Morissette Nathaëlle Morissette
La Presse

Anne Lespérance

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Propriétaire de la boutique Belle+Rebelle depuis 14 ans
Nombre d’employés : 6
Vend des vêtements pour femme dont la grande majorité sont des créations québécoises.

Ce qu’elle pense de la Plaza maintenant : « Ce sont toutes des boutiques indépendantes qui ouvrent sur la Plaza. Ça apporte une unicité que je suis super contente qu’on puisse conserver. Il y a des commerces de qualité. Il y a une nouvelle vague. Il y a plusieurs trucs en même temps et je sais que les locaux vides vont se remplir. »

Pour l’avenir ? « Il y a une augmentation de mes ventes. En plus, on a retrouvé les chiffres qu’on faisait en 2018, avant les travaux. Ça, c’est encourageant. C’est la première fois. Si on ne referme pas, je pense que ça va être un bel été. »

Catherine Lecompte

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Propriétaire de la boutique Arloca depuis deux ans
Nombre d’employés : 3
Articles de papeterie, vaisselle, savons conçus au Québec et au Canada.

Ce qu’elle pense de la Plaza maintenant : « Il y a un renouveau, c’est certain. Les travaux, c’était un gros, gros poids. La pandémie en plus qui est arrivée pendant les travaux, ç’a été quand même dur à accepter. »

Pour l’avenir ? Catherine Lecompte souhaite que la Plaza reste « éclectique », qu’elle ait de nouveaux commerces et conserve ceux qui ont fait sa renommée, comme les boutiques de robes de mariée et de tenues de bal. « Il faut que ça reste. Les robes de mariée et de bal attirent les gens pendant la relâche scolaire. Elles attirent aussi les Américains. L’an passé en février, j’ai eu plein d’Américains parce qu’ils venaient magasiner les robes de bal. Ça prend de tout. »

Chantal Parizeau

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Propriétaire de la boutique Oui, je le vœux depuis 28 ans
Nombre d’employés : 15 La boutique de Mme Parizeau compte un total de 2000 robes de mariée.

Ce qu’elle pense de la Plaza maintenant : « Je suis très satisfaite des beaux travaux, dit-elle en ajoutant que son propriétaire a rénové la façade de la bâtisse. C’est sûr qu’il y en a beaucoup qui n’ont pas survécu. Mais nous, ça fait quand même 28 ans qu’on est en affaires. »

Pour l’avenir ? « C’est sûr que c’est au ralenti », admet Mme Parizeau, qui a enregistré une baisse de 70 % de ses ventes. « Tant qu’il n’y a pas de salles de réception d’ouvertes, on oublie ça. La mariée, c’est sûr qu’elle ne veut pas se marier avec un masque. C’est la plus belle journée de sa vie. On s’entend que ce n’est pas ça qu’elle veut. »

Massimo Vincelli

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Copropriétaire de Conserva depuis juillet 2018
Nombre d’employés : 7 Conserva est une épicerie fine vendant notamment des légumes, des charcuteries, de la bière et des vins québécois.

Ce qu’il pense de la Plaza maintenant : « On voit déjà que la Plaza est beaucoup plus populaire et avec ça, tout monte. Il y a vraiment une nouvelle vague : plein de monde qui arrive avec de nouvelles idées. »

Pour l’avenir ? M. Vincelli estime que l’achat de proximité deviendra de plus en plus important pour les citoyens du coin, d’où la pertinence de la Plaza. « On a fait beaucoup de recherches. Dans ce quartier-ci, il y a beaucoup de jeunes professionnels, des familles. Ils aiment rester dans le quartier [pour faire leurs courses]. »

Graeme Anthony

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Copropriétaire de la boutique Lopez MTL depuis 2019
Nombre d’employés : 4
Lopez MTL vend des chandails à manches courtes, casquettes et bonnets inspirés de la mode de rue (streetwear).

Ce qu’il pense de la Plaza maintenant : La fin des travaux a visiblement eu un impact sur son chiffre d’affaires. « On a triplé nos ventes depuis la fin de la construction. Chaque fin de semaine, on est en augmentation. »

Pour l’avenir ? Lors de notre rencontre, M. Anthony, qui a déjà connu des périodes de gros travaux sur d’autres artères commerciales, semble confiant. Il a su se bâtir une solide clientèle. Il a l’impression d’être arrivé juste au bon moment, avant les travaux. « On a été capables de se faire une clientèle, on a pris deux ans à faire des erreurs avec les commandes, ce qui plaît aux clients, ce qui fonctionne moins bien. »
https://www.lapresse.ca/affaires/entreprises/2021-05-01/la-renaissance-de-la-plaza-saint-hubert.php

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Faut nuancer que Mario Girard est un chroniqueur, pas un journaliste ! Et en plus, c’est pas mal son style de se plaindre. On se souviendra de son outrage devant la couleur des brouettes sur l’Avenue Mont-Royal.

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En fait l’ancienne marquise masquait en partie ces façades inélégantes. Avec la nouvelle marquise elle deviennent plus visibles et le défi est de convaincre les dizaines de propriétaires différents d’améliorer la leur en profitant des subventions offertes par la Ville. Malheureusement on peut s’attendre qu’un certain nombre y soit indifférent et qu’il faudra sûrement plusieurs années, suite à la vente des propriétés concernées avant d’homogénéiser le tout.

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J’avancerais aussi la nuance que l’ancienne marquise est responsable de ces façades laides.

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Effectivement, puiqu’étant moins visibles, les propios n’y voyait pas d’avantages à les améliorer.

Et l’ancienne marquise compliquait les travaux; l’installation d’échafaudages était pratiquement impossible.

Pour ma part, c’est une réussite sur toute la ligne que le réaménagement de la rue St-Hubert (d’autant plus que, sauf erreur, le projet a respecté scrupuleusement son budget et son échéancier). Un exemple parfait de ce doit être le réaménagement de nos rues par le biais de projets municipaux intégrés (infrastructures + utilités publiques + aménagement): un vecteur de multiplication des investissements privés (rénovations + densification + intensification des usages) qui permettront rapidement à la ville de se rembourser le projet et d’investir l’“équité” ainsi accumulée dans d’autres projets structurants de reconfiguration de l’espace public.

D’autant plus que, dans ce projet comme dans plusieurs autres (Peel, Ste-Catherine), l’attente en vaut la peine pour les commerçants: les projets intégrés donnent des travaux beaucoup plus longs mais en contrepartie, ceux-ci peuvent miser sur l’avenir de cette rue puisque celle-ci sera exempte de travaux majeurs de toute sorte pour plusieurs décennies! Quelle meilleure assurance pour un commerçant cherchant à se lancer en affaires que la garantie de ne pas être embêté par un chantier pour plusieurs années au moins.

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1er mai 2021





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La Presse a mis le doigt sur ce qui rend la Plaza si unique: la grande majorité de ses commerces sont indépendants et n’ont qu’une seule succursale.

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Un phénomène distinctif et rare qui définit bien l’économie de ce quartier particulier. La rénovation de cette rue aura donc permis de mieux pérenniser les affaires, en lui donnant au passage un second souffle.

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À partir de 12:23:

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This was my impression a few weeks ago. Along with the automobile congestion — parking, double-parking (aux flasheurs), and crawling traffic — it was just a generally unpleasant place to be.

C’est vrai qu’on a l’impression qu’il y a une constante congestion sur cette rue à cause de son aménagement. En tant que piéton, ça ne me dérange pas plus qu’il faut, mais c’est certain que je ne m’aventurerais jamais là en voiture.

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À une certaine époque St-Hubert servait de voie de transit nord-sud. Depuis le réaménagement des voies et de la rue, elle ne peut plus jouer ce rôle efficacement. Donc à éviter si on ne fait que passer.

Les enseignes au néon vont redonner du prestige à cette artère jadis spectaculaire. À suivre…

De quelles enseignes tu parles?

http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/PAGE/TRANSPORTS_FR/MEDIA/DOCUMENTS/pistes_intervention_planche_3.PDF

C’est dans le plan de réaménagement de la Plaza.

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Ce serait incroyable! Merci du partage

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Je suis confus. Ça me semble être une proposition de (l’excellente) firme d’architecture la Shed, on voit leur logo dans le coin inférieur. Je crois que cette firme à participé à l’appel de propositions mais n’a rien gagné.

Je doute donc que ce document soit le plan de réaménagement officiel, mais je peux me tromper.

Il faudrait aller dans cette direction because la Plaza risque d’être, disons, plutôt terne. Sans grand intérêt. Voyons voir.