Quartier Latin - Discussion générale

Je trouve que ces reportages et ces discours manquent souvent de mentionner que l’augmentation de l’itinérance est un problème, et que des ressources doivent être mises à profit pour aider ces gens. Ce n’est pas juste une question de cohabitation et d’incompréhension.

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Il y a une vidéo sur le site du Devoir

Le propriétaire du Saint-Sulpice explique les raisons de la fermeture du bar

Jessica Nadeau
31 janvier 2023
Économie

Refusant d’augmenter les prix pour sa clientèle étudiante, qui a fait les belles années du bar Le Saint-Sulpice, le propriétaire Maurice Bourassa s’est résigné à fermer boutique. Mais déjà, l’homme d’affaires a de nouveaux plans pour la bâtisse et l’immense terrain adjacent qu’il possède. Et les étudiants seront encore au centre du projet.

Pour plusieurs générations d’étudiants, Le Saint-Sulpice, situé à un jet de pierre de l’UQAM et du cégep du Vieux Montréal, sur la rue Saint-Denis, à Montréal, a été un lieu de rendez-vous et de festivités, au point où il a acquis le titre d’« institution » et même de « bar mythique » au fil des ans. Mais après 43 ans de service, le propriétaire a décidé de passer à autre chose.

« Je trouve ça triste », affirme-t-il, confortablement installé chez lui, où Le Devoir l’a rencontré en fin de journée lundi. Ses grands yeux bleus, qui quelques minutes plus tôt étaient tout vifs, se brouillent un peu. « Ça a pris beaucoup de temps pour monter cette entreprise, j’aurais souhaité qu’elle continue, mais il n’y a pas eu de relève. »

L’homme évoque les bons souvenirs d’une époque révolue : les rencontres, les fêtes, l’ambiance des soirées. « Autour des années 2000, c’était très achalandé », raconte-t-il. Sourire aux lèvres, il parle des célébrations du 30e anniversaire du bar, où l’artiste Armand Vaillancourt avait dévoilé une statue qui agrémente depuis la célèbre terrasse de l’établissement.

Mais alors, pourquoi fermer ? « Actuellement, le mètre carré est trop cher pour qu’on fixe des prix abordables comme on avait l’habitude avec notre clientèle étudiante, c’est une des raisons principales, confie-t-il. J’avais comme objectif d’offrir aux étudiants des prix adaptés à leur budget. »

Mais il n’y a pas que les prix, avoue-t-il. « Les comportements ont changé, il y a moins de gens qui vont dans les bars maintenant », note-t-il dans un haussement d’épaules résigné. C’est une tendance qui, selon lui, a débuté avec l’interdiction de fumer dans les bars et sur les terrasses.

Juste avant la pandémie, à l’automne 2019, Maurice Bourassa a fait de grands travaux. Lorsque ceux-ci ont été terminés, la pandémie a frappé, forçant les bars et les restaurants à fermer pendant de longs mois. Le Saint-Sulpice n’a jamais rouvert ses portes, et le bar est aujourd’hui vide. Il sert désormais de lieu de tournage pour la télé.

« Remettre aux étudiants »

Maurice Bourassa a mis l’établissement en vente en 2019, mais personne n’a voulu reprendre le fonds de commerce. Plusieurs promoteurs ont démontré de l’intérêt pour y construire des condos, mais aucune offre ne s’est concrétisée, car la Ville refuse que des constructions s’élèvent sur plus de trois étages, explique-t-il.

L’homme d’affaires refuse également de morceler le terrain, dont la superficie dépasse les 21 000 pieds carrés et qui a des accès sur les rues Saint-Denis, Émery et Sanguinet. « J’ai souvent eu l’occasion de morceler tout ça : le terrain, juste la maison en avant, ou juste la rue Émery. Mais moi, je me dis que je n’ai pas ramassé tout ça ensemble pour rediviser et faire de petites choses. Je veux faire quelque chose d’imposant puisque le terrain le permet. »

« J’en fais mon deuil [du bar], mais je ne reste pas là à rien faire. Je pense à développer », explique-t-il avec enthousiasme. Avec une firme d’architectes, il travaille sur un projet qu’il veut présenter à la Ville de Montréal. « Je vais proposer un ensemble résidentiel qui répond aux besoins du milieu. On veut mettre des résidences pour étudiants, comme de petits studios, mais aussi des services de proximité : dépanneur, garderie, petit bistro, des choses comme ça. Je trouve que ce serait une bonne occasion de remettre aux étudiants ce qu’ils ont fait pendant toutes ces années à m’encourager. »

Sur son bureau, un écran diffuse en direct les images de la caméra de sécurité située à l’entrée du Saint-Sulpice. Il sourit en y voyant des journalistes interroger les passants sur la fermeture de l’établissement. Plus tôt dans la journée, il a lu quelques commentaires laissés sous la publication Facebook qu’il a écrite dimanche pour annoncer la fermeture. « Ça me fait plaisir que les gens aient apprécié l’endroit, qu’ils aient eu du plaisir en y venant. [Ça me fait dire que] j’ai réussi. »

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Wow, j’espère que son projet va se concrétiser! Ça donne chaud au coeur de voir quelqu’un redonner ainsi à sa communauté

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Secteur Berri-UQAM Plante planche sur des solutions, mais demande l’aide de Québec

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Édicule de la station de métro Berri-UQAM, actuellement en rénovation, à l’angle des rues Berri et Sainte-Catherine

Il faudra accélérer la revitalisation de la portion est du centre-ville autour de la station Berri-UQAM, dont l’image est devenue « triste », avoue la mairesse de Montréal, Valérie Plante. Promettant plusieurs solutions concrètes dans les prochains mois, l’élue implore toutefois le gouvernement Legault de lui donner des ressources supplémentaires pour « réduire la pression ».

Publié à 5h00

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Henri Ouellette-Vézina
Henri Ouellette-Vézina La Presse

« Avec les vitrines fermées, l’image du quadrilatère, c’est triste en ce moment, on le comprend. Mais je pense que la photographie qu’on prend aujourd’hui est probablement la plus difficile de l’année. On est au courant de la situation, on la prend extrêmement au sérieux, et on travaille pour accélérer les choses », a assuré la mairesse en entrevue avec La Presse.

Vendredi dernier, en annonçant la fermeture de sa succursale de la rue Berri, le Groupe Archambault avait notamment montré du doigt « l’évolution du tissu urbain dans le secteur », devenu à ses yeux « un laboratoire de mixité urbaine » aux dépens de l’achalandage. Mardi, le chroniqueur de La Presse Maxime Bergeron rappelait que bien des résidants ne se sentent plus en sécurité, la population itinérante ayant explosé dans la place Émilie-Gamelin, tout comme l’usage et la vente de drogues dures. (1)

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Commerces fermés à l’angle des rues Sainte-Catherine et Saint-Hubert. Le magasin Archambault qui fermera ses portes en juin prochain se trouve non loin.

Mme Plante, elle, explique le phénomène par « plusieurs éléments ». D’abord, les récentes rénovations au Quartier des spectacles et au square Viger « ont créé des concentrations de populations qui étaient avant plus éparpillées dans la ville ». « L’hôtel Dupuis qui a servi de refuge pendant la pandémie, c’était absolument nécessaire, mais ça aussi, ça a amené des gens qui étaient peut-être ailleurs avant », dit l’élue.

Plante voit « la lumière au bout du tunnel »

En plus de la fermeture de commerces, les travaux en cours de la Société de transport de Montréal (STM) à l’édicule Sainte-Catherine, qui doivent se terminer prochainement, « sont aussi venus fracturer le quartier », ajoute Mme Plante.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

La mairesse de Montréal, Valérie Plante

On a travaillé fort pour refaire les abords de l’UQAM, mais ça, on ne le voit pas pour l’instant.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Cela dit, les solutions s’en viennent, insiste la mairesse, notamment avec les travaux majeurs de tuyauterie en vue dans le Village, qui permettront d’investir « significativement » dans l’aménagement des rues. Le Groupe Mondev, qui compte ériger deux tours d’habitation locatives du côté sud de la place Émilie-Gamelin, fera aussi partie de la solution, promet-elle.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Place Émilie-Gamelin

« On veut les aider pour que le bâtiment soit bien accueilli dans le milieu, justement parce qu’il fait face à Émilie-Gamelin. Et il y a l’Îlot Voyageur aussi, qu’on voit surtout comme un potentiel d’habitation. […] Loin de moi l’idée de dire que tout va bien, mais je vois la lumière au bout du tunnel », dit Mme Plante.

Côté sécurité, elle confirme avoir demandé au Service de police de la Ville de Montréal d’être « plus présent » dans les environs, mais dit aussi miser beaucoup sur l’Équipe mobile de médiation en intervention sociale (EMMIS), qui dispose jusqu’ici de 14 intervenants psychosociaux au centre-ville. « Plusieurs commerçants nous l’ont dit : ce n’est pas nécessairement la police qu’ils veulent quand un itinérant est couché devant leur vitrine le matin. »

Québec interpellé

Pour changer les choses, « la santé devra faire partie de la solution, avec les CIUSSS et le gouvernement du Québec », nuance toutefois la mairesse.

« Tout le monde doit être en mode solutions, insiste-t-elle. C’est très important qu’on réduise la pression dans le centre-ville au niveau des services offerts aux plus vulnérables. Je comprends par exemple que le gouvernement a choisi l’hôtel Dupuis pour les demandeurs d’asile, mais en même temps, on aurait aimé ça avoir les ressources appropriées. Ça fait un mélange qui ne facilite pas la cohabitation. »

Les ressources d’aide, enchaîne la mairesse, « ça ne doit pas être qu’au centre-ville, sinon ce n’est pas soutenable pour les commerçants et les familles ».

Ultimement, « il faut que le gouvernement nous donne des ressources supplémentaires, qu’il nous aide à réfléchir sur comment on réduit la pression dans le secteur pour les plus vulnérables, tout en étant cette ville d’accueil à laquelle on est attachés », soutient encore l’élue municipale.

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Ce qui a de bon dans la fermeture annoncé du Archambault, si on peut dire qu’il y a du bon, c’est que cela aura permis de mettre en lumière la triste réalité de ce quartier. Car moi qui se trouve souvent dans le secteur, j’avais une sorte de frustration à savoir que personne ne parlait de la situation et que rien n’était fait pour régler les problèmes. Et cela me faisait mal au cœur de constater qu’une partie du Quartier latin était délaissée et qu’on semblait s’en foutre.

Alors, cela étant dit, maintenant que tous les médias ainsi que certains politiciens ont pris connaissance de la situation, il est désormais temps de passer à l’action et de ne pas laisser le tout tomber dans l’oubli comme ca arrive trop souvent. D’ailleurs, je dis bravo à Monsieur Bourassa du Saint-Sulpice pour avoir à cœur son secteur immédiat et pour avoir une vision intéressante et originale pour son quartier.

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À l’émission radio Tout un matin

Secteur Berri-UQAM : « La cohabitation est difficile », admet Valérie Plante

Entrevue avec Valérie Plante : Le plan pour la relance du secteur Berri-UQAM

La mairesse Valérie Plante souligne que la présence de la policière et des travailleurs sociaux sera augmentée dans le secteur Berri-UQAM.PHOTO : Radio-Canada / Jean-Claude Taliana

Tout un matin
Publié le 2 février 2023

Le secteur Berri-UQAM à Montréal manque-t-il d’amour? La pandémie de COVID-19, l’augmentation de la précarité dans le quartier et la fermeture partielle de la station de métro du côté de l’édicule Sainte-Catherine sont autant de raisons qui expliquent l’état actuel du secteur, selon Valérie Plante. La mairesse de Montréal affirme au micro de Patrick Masbourian être bien au fait de la situation.

Avant de plonger dans le vif du sujet, Valérie Plante réagit également aux propos émis par Claude Paradis, alias le « curé de la rue », fondateur de l’organisme Notre-Dame-de-la-Rue, plus tôt à l’émission. Ce dernier estime que la Ville de Montréal n’en fait pas assez pour les personnes en situation d’itinérance, une position que Valérie Plante trouve « injuste » et « déconnectée » de la réalité.

« On est là pour accompagner les organismes et les refuges », affirme la mairesse. Elle précise que le rôle de son administration est complémentaire à celui de la santé publique et qu’il revient au gouvernement du Québec de mettre en place les ressources nécessaires pour aider davantage les sans-abri.


Centre-Sud : « Il faut que les ressources financières descendent », dit Valérie Plante


La première vague de froid extrême arrivera début février au Québec avec un ressenti annoncé de -40 °C.
PHOTO : RADIO-CANADA / JEAN-CLAUDE TALIANA

Radio-Canada
Publié à 12 h 18

Pénurie de personnel en intervention sociale, manque de budget pour améliorer la situation : voilà les principaux arguments présentés par la mairesse de Montréal Valérie Plante, jeudi, pour expliquer que le milieu de vie dans le secteur du Centre-Sud, près du centre-ville touristique, continue de se détériorer.

Si on veut en faire plus, il faut que les ressources financières descendent, a-t-elle répondu en entrevue à l’émission Tout un matin. Malgré les aides provinciales et fédérales octroyées pour freiner les effets de la pandémie, des commerces continuent de fermer.

Le Groupe Archambault a annoncé vendredi son intention de mettre la clé sous la porte du magasin situé au croisement des rues Berri et Sainte-Catherine Est, tout près de la place Émilie-Gamelin, expliquant par communiqué que ce secteur était devenu un laboratoire de mixité urbaine.

Plusieurs raisons expliquent l’évolution de ce quartier, a répondu Mme Plante à Radio-Canada. La fermeture du métro a créé une fracture, [il y eu ] la COVID, la précarité dans le secteur, l’hôtel Place Dupuis qui a servi de refuge.

Des plans sont actuellement à l’étude pour revitaliser les abords de l’UQAM, a indiqué la mairesse en précisant que des sommes ont été prévues pour refaire le Village. Les morceaux sont en place, mais ça prend un certain temps, a-t-elle reconnu.

Froid extrême

Une équipe mobile de médiation et d’intervention sociale (EMMIS) a été déployée dans le cadre d’un projet pilote pour limiter les interventions policières et améliorer la cohabitation entre riverains et personnes vulnérables. Il manque toutefois plus de la moitié des intervenants psychosociaux sur les 34 employés prévus.

Le problème de pénurie de main-d’œuvre nous ralentit dans l’embauche, a répondu Mme Plante tout en défendant l’approche proactive de la Ville sur les mesures d’urgence mises en place afin que les personnes sans-abri puissent s’abriter du froid.

Deux sites d’hébergement sont ouverts entre 20 h et 9 h afin que les itinérants puissent dormir ou à tout le moins se réchauffer.

Cette année, les places dans les refuges et les haltes-chaleur passeront de 900 à 1600. S’il manque de place, on ajoutera des ressources supplémentaires, a aussi promis Mme Plante.

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Des pistes de solutions évoquées par différents acteurs du milieu communautaire. Cet article souligne un fait auquel je n’avais pas pensé: les sites d’injection supervisés ne peuvent pas accueillir les utilisateurs qui consomment par inhalation car il faut une ventilation appropriée. Apparemment, il y en aura bientôt un dans le Sud-Ouest (Maison Benoît-Labre qui aménage de nouveaux locaux), sinon Cactus et Spectre de rue ont commencé les démarches pour “retrofit” leur ventilation mais évidemment, pandémie, financement…À suivre, mais c’est vrai que ça pourrait aider pas mal.

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Vox Pop du Journal Métro… :microphone: :walking_man: :walking_woman:

Le Quartier latin: Berri mal en point, Saint-Denis se relève


L’annonce de La fermeture du mythique magasin de musique Archambault a provoqué de multiples réactions. | Photo: Robert Dolbec: Métro Média

Journal Métro | MONTRÉAL | Robert Dolbec | 9 février 2023 à 16h07

Depuis les récentes annonces de la fermeture du magasin Archambault et du café-bar Le Saint-Sulpice, l’avenir du Quartier latin, haut lieu de la culture francophone de Montréal, s’annonce sombre. Y a-t-il lieu de s’inquiéter?

Métro s’est rendu sur place en début de semaine pour tenter d’y voir plus clair. Une quinzaine de piétons et une demi-douzaine de commerçants ont bien voulu s’exprimer sur le sujet.

Sur la rue Saint-Denis, entre Sherbrooke et Sainte-Catherine, le Quartier latin comporte de nombreux pôles d’attraction. La Grande Bibliothèque, l’UQAM, l’Espace St-Denis, la Cinémathèque québécoise, le cégep du Vieux Montréal et le CHUM. Ils attirent en moyenne 120 000 personnes par semaine, selon les données de la Société de développement commercial (SDC) du Quartier latin.

En revanche, plus à l’est, sur la rue Berri, de Sainte-Catherine à Ontario, et malgré la présence de la magnifique Grande Bibliothèque, les parages ont un aspect plus lugubre.

Une rue Berri amochée

Le conseiller municipal du district Saint-Jacques, Robert Beaudry, connaît bien le quartier. Il résume en quelques phrases les principaux obstacles à surmonter: «Le secteur du parc Émilie-Gamelin est situé à la jonction des pôles commerciaux du Village et du Quartier latin. Nous devons composer avec des enjeux complexes, comme l’itinérance, la toxicomanie et la santé mentale.»

De plus, Robert Beaudry confirme que les nombreux bâtiments vacants, jumelés aux chantiers de construction de la Société de transport en commun (STM) dans le secteur, contribuent à créer un sentiment d’insécurité. «Ces travaux dureront jusqu’en 2025. Nous prenons tous les moyens possibles pour en diminuer les impacts», assure-t-il.


Les bâtiments vacants contribuent au sentiment d’insécurité. Photo: Robert Dolbec, Metro Média

Mario Papineau a vécu dans le quartier pendant 35 ans. Il y revient régulièrement pour des rendez-vous médicaux au CHUM ou pour assister à des spectacles au Théâtre St-Denis. «Je ne reconnais plus mon quartier. Dans le secteur de la Place Dupuis, c’est désolant. Le célèbre Da Giovanni a déménagé avec trois ou quatre autres commerces pour faire place à un projet immobilier qui ne fonctionne pas. Et là, juste à côté, on apprend que Archambault va fermer. Je préfère maintenant aller dans le Quartier des spectacles, un peu plus à l’ouest, où tout est propre et bien organisé.»


Mario Papineau Photo: Robert Dolbec Métro Média

Marc Charbonneau a fréquenté le Quartier latin pendant 15 ans. Il revient à l’occasion pour se remémorer de bons souvenirs. Cette semaine, il a tenu à se rendre chez Archambault avant que le commerce ferme définitivement. «C’est vraiment dommage. Je suis un peu nostalgique. C’est la dernière fois que je viens dans ce secteur, car j’irai maintenant acheter mes livres ailleurs.»

Pour sa part, Lucien Desrosiers, un employé de l’UQAM rencontré à proximité de la Grande Bibliothèque, ne se montre pas plus optimiste. «Juste ici, on voit un terminus d’autobus très mal entretenu et l’îlot Voyageur, ce vaste projet immobilier qui n’a jamais levé et qui reste placardé depuis des années.»


Lucien Desrochers Photo: Robert Dolbec Métro Média

La rue Saint-Denis respire mieux

Haut lieu de la culture francophone de Montréal, le Quartier latin est le cœur commercial d’un pôle étudiant majeur. Des milliers d’étudiants de l’UQAM ou du cégep du Vieux Montréal ont fréquenté ses bars et profité du côté ludique du secteur.

Dans ce contexte, l’annonce de la fermeture du café-bar Le Saint-Sulpice après 43 années d’activités a été accueillie avec tristesse par d’anciens habitués nostalgiques de leurs soirées mémorables. Sur le site Facebook du café-bar, 605 personnes ont réagi et 296 personnes ont commenté la publication annonçant la nouvelle.

Néanmoins, la fermeture du Saint-Sulpice ne freinera pas l’essor que prend la rue Saint-Denis depuis la fin de la pandémie, assurent des commerçants du secteur.

Selon Dominique A., gérante du resto VEGO, tout est revenu à la normale depuis la fin de la pandémie. «Nous avons la chance d’avoir une clientèle régulière composée d’étudiants, d’enseignants de l’UQAM ou du cégep du Vieux Montréal et des employés de la Grande Bibliothèque. Et mis à part la pénurie de main-d’œuvre, j’entrevois l’avenir avec optimisme.»


Dominique A., gérante du resto Vego Photo: Robert Dolbec, Métro Média

Pour sa part, le propriétaire du pub L’Île Noire, Michel Lavallée, est encore plus optimiste. Ayant tenu son commerce durant 20 ans sur la rue Ontario et depuis maintenant 13 ans sur la rue Saint-Denis, il pose un regard historique qui lui permet d’amener certaines nuances. «Il y a toujours eu une différence entre le Quartier latin et la place Émilie-Gamelin. Ici, il n’y a plus de violence pas plus que de vendeurs de drogues comme dans les années 1970 à 1990», soutient-il.

Michel Lavallée croit également que la fermeture du Saint-Sulpice était prévisible et qu’elle ne nuira pas à l’avenir du Quartier latin. «Le Saint-Sulpice est fermé depuis plus 18 mois et il est à vendre depuis plus de 10 ans. Le seul et unique problème se résume au prix exorbitant demandé par son propriétaire», tranche-t-il.


Michel Lavallée, propriétaire du pub L’Île Noire Photo: Robert Dolbec, Metro Média

Michel Lavallée affirme également que la vie culturelle est plus que jamais présente sur la rue Saint-Denis. «L’arrivée de la bibliothèque Saint-Sulpice et la Maison de la chanson et de la musique du Québec amènent un vent de fraîcheur. De plus, de nouveaux restaurants ouvrent et il n’y a pratiquement plus de bâtiments vacants.»

Le conseiller municipal Robert Beaudry ne contredira certainement pas les propos du propriétaire du pub L’Île Noire. «L’an dernier, nous avons piétonnisé la rue et ce fut un succès. De plus, plusieurs activités d’animation sont instaurées, par exemple la grande glissade entre les rues Sherbrooke et Ontario qui attirera des milliers de personnes à la fin de février.»

Robert Beaudry est également fier de constater l’arrivée de plusieurs microbrasseries dans le secteur comme le Saint-Bock, le Saint-Ciboire et les 3 Brasseurs, établissements venant préserver le cachet si particulier du Quartier latin.

Finalement, les étudiants qui fréquentent actuellement l’UQAM ou le cégep du Vieux Montréal ne se préoccupent vraiment pas des doléances des étudiants nostalgiques qui les ont précédés. Les commentaires de Ludovic Pellan et de Gérard Lussier le confirment.


Ludovic Pellan, étudiant au cégep du Vieux Montréal Photo: Robert Dolbec, Métro Média

«Je suis arrivé au mois d’avril l’an dernier et j’ai fait à peu près tous les restos et les bars du Quartier latin. C’est drôlement agréable de vivre dans ce coin de la ville», mentionne le premier.

«Je sors dans les bars avec d’autres étudiants et j’invite souvent des amis qui sont à l’extérieur du quartier à venir découvrir les lieux avec moi. C’est certain que l’on ne peut pas s’ennuyer avec un environnement comme ça», indique le second.


Gérard Lussier, étudiant Photo: Robert Dolbec, Métro Média

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Il est vrai que le Quartier Latin/rue Saint-Denis se porte mieux et la place Émilie-Gamelin/rue Berri, aucun doute. Premièrement parce qu’il y a un cachet surtout avec la rue Saint-Denis fermé pendant près de 6 mois mais aussi grâce aux grandes rénovations actuelles et à venir du Théâtre Saint-Denis, du cinéma du Quartier Latin et de la Maison de la chanson. Les petites micro-brasserie aussi donne une certaine pulsion au secteur. Maintenant, le travail n’étant pas terminé, il faudrait agrandir l’espace piétonnier, notamment de la ruelle derrière le Saint-Sulpice qui pourrait connecter avec Emery mais aussi Saint-Denis. D’ailleurs le proprio du Saint-Sulpice semble penser à quelque chose de similaire.

Par contre, il ne faut pas laisser l’édicule du métro coin Saint-Denis et de Maisonneuve dans l’état actuel. Je trouve insultant d’arriver en haut et de me faire offrir toute sorte de drogue pas des petits vendeurs agressifs. Une de mes amies refuse de sortir à cette station de métro depuis qu’elle a fait la connaissance des lieux il n’y a pas longtemps. Donc elle vient en voiture, plus sécuritaire dit-elle.

Pour le secteur Berri et Émilie-Gamelin, malheureusement, il n’y a pas d’espoir à l’horizon. Aucun plan concret, aucune construction importante, aucun ajout institutionnel ou culturel. De plus, des immeubles abandonnés et des projets non terminés trainent dans le décors depuis des lustres sans que personne semble s’en inquiéter. Et bien voilà le résultat nous frappe tous en pleine face aujourd’hui.

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Plusieurs articles dans Le Devoir sur le Quartier latin et son histoire

Berri-UQAM: une désaffection qui saute aux yeux


Photo: Marie-France Coallier Le Devoir
La pauvreté exacerbée par la pandémie n’est pas étrangère à ce changement d’atmosphère.

Jean-Louis Bordeleau
11 février 2023
Société

Les usagers l’ont remarqué : les vendeurs de drogue et les itinérants sont plus visibles depuis la pandémie dans le métro, particulièrement à la station Berri-UQAM. La fermeture temporaire de l’édicule de la place Émilie-Gamelin concentre les activités illicites dans les autres bouches d’entrée. Tour du secteur pour remonter aux racines du problème.

Un petit tour de la zone suffit pour le prouver. Là, une personne se contorsionne sur elle-même, les yeux révulsés. On entend plus loin un cri aux syllabes indéchiffrables. Ici, la drogue s’échange au vu et au su de tous.

« Juste ici, ce midi, quelqu’un se promenait avec une hache et frappait partout. Il y avait un paquet de flics qui sont arrivés », témoigne Françoise Isabelle, qui fréquente l’Université du Québec à Montréal depuis une décennie. Habituée depuis un bon moment à « enjamber des cadavres », elle confirme la dégradation récente de l’ambiance du secteur. « Dans l’UQAM, on a régulièrement des junkies qui entrent dans l’école. Toutes les toilettes sont barrées maintenant avec un système de clés. Parfois, tu arrivais dans celles du premier étage et les toilettes étaient en sang. »

« Pour m’en aller chez nous, je prends l’autobus au coin. L’été, c’est presque épeurant », raconte de l’autre côté de la rue le professeur Robert Saucier, qui travaille à l’UQAM depuis 40 ans. « Ça a déjà été beaucoup plus calme que ça… Je dirais plus qu’avant, c’était une attitude “je fais mes petites affaires”. Mais là, il y a une concentration. De voir dans le parc 30 personnes, c’est considéré comme normal. Mais parfois, il y en a maintenant 100-125. C’est plein. »

Les étudiants décrochent

Le contraste frappe d’autant plus depuis que les étudiants désertent les environs de l’Université.

« Je ne vois pas mes étudiants sortir [dans plusieurs bars de la rue Saint-Denis]. Ce n’est pas la clientèle aussi. On voit trois Harley-Davidson stationnées devant certains établissements », observe Robert Saucier, qui déplore du même souffle le prix élevé de l’alcool des estaminets d’aujourd’hui.

Les plus anciens du quartier confirment cette perte de vitesse de la rue Saint-Denis au profit de rues plus au nord. « Ce sont les modes, explique Ginette Emma, résidente du Quartier latin depuis 1975. Quand l’avenue du Mont-Royal a pris de l’extension, ça s’est parlé et les files ont migré par là-bas. C’est autre chose. Je me trouve dépassée quand je viens ici. »

« Quand on vient le soir, il y a quand même du monde. Mais, ce n’est pas l’effervescence. Ce n’est plus l’endroit où tu sors sur la terrasse pour regarder des gens. J’ai fait ça pendant des années », ajoute-t-elle. « Bien des choses ont changé à cause de l’itinérance. À partir du moment où il n’y a plus la jeunesse, d’autres gens s’installent. »

Les regards neufs constatent la même chose. « J’aime bien le quartier. C’est un quartier super, ici. Sauf l’entrée de métro là-bas, pointe Arthur Grenouillet, un étudiant français croisé devant l’UQAM. Sortir sur Saint-Laurent, sur Laurier ou dans le Vieux-Montréal, oui ! Mais sortir sur Berri-UQAM, la nuit ? Non ! »

La pauvreté exacerbée par la pandémie n’est pas étrangère à ce changement d’atmosphère. Quand Hugo Rioux entrait pour la première fois dans l’UQAM, il y a dix ans, « c’était la rue Saint-Denis sans construction […] agréable et chaleureuse ».

« Maintenant, tu vois les constructions et tout ça qui se passe. Berri-UQAM est très triste. » Impossible de griller une cigarette sans que des personnes viennent le déranger pour quémander une petite portion de fumée. Cette scène incongrue s’est déroulée à trois reprises durant le petit tour du quartier du Devoir.

Toute cette misère gravite aussi autour de la chapelle Notre-Dame-de-Lourdes, coin Berri et Sainte-Catherine.

« Ça fait longtemps qu’on trouve de la drogue et de l’itinérance au parc Émilie-Gamelin, raconte Roger Twance, rencontré à l’accueil du lieu sacré. Mais, depuis quelques mois, il y a une plus grande présence. On en voit de plus en plus. »

Berri-UQAM n’est pas la seule station de métro à pâtir de cette misère sans nom, selon cet ancien travailleur social du square Cabot. « Je prends souvent le métro et, au métro de l’Assomption par exemple, j’ai remarqué qu’un itinérant s’était installé. On ne voyait pas ça avant. De plus en plus, chaque station de métro a quelqu’un de couché par terre avec ses affaires. »

Depuis longtemps, mais jamais autant

Une « présence accrue » de gendarmes est mise en place pour s’occuper du problème, se défend la Société de transport de Montréal (STM). « On constate l’évolution du profil des personnes qui passent dans nos stations de métro », confirme-t-on aux bureaux des relations publiques.

« Depuis la pandémie, on voit davantage [les itinérants] parce qu’à un moment donné, il ne restait plus qu’eux. Pendant deux ans, ils ont fait leur nid et ne se cachent plus », reconnaît Kevin Grenier, président de la Fraternité des constables et inspecteurs de la STM.

Si les constables font preuve d’une certaine tolérance à l’égard des itinérants qui fréquentent la station Berri-UQAM, il admet que les trafiquants de drogue donnent du fil à retordre aux agents qui n’ont que des bâtons télescopiques. « On n’est pas armés. Ils ne se cachent même pas de nous, déplore M. Grenier. Ils nous font de l’intimidation parce qu’ils savent qu’on ne va pas leur sauter dessus. C’est toujours le jeu du chat et de la souris. Je trouve que ce n’est pas invitant pour les touristes. » Et certains de ces vagabonds portent même des armes-jouets, ce qui peut être potentiellement dangereux.

L’UQAM n’a pas directement répondu aux questions du Devoir concernant la décrépitude sociale avoisinante. Louis Baron, le recteur intérimaire, a cependant fait parvenir jeudi à la communauté uqamienne un message promettant « un soutien accru aux personnes marginalisées et aux organismes qui leur viennent en aide, une réelle amélioration de la sécurité et de la propreté des espaces publics, ainsi que le développement de projets aptes à favoriser la cohabitation sociale et la revitalisation de notre quartier ».

Des travaux par-dessus le marché

Concernant l’édicule de la place Émilie-Gamelin, la STM précise qu’elle a dû le fermer pour remplacer la toiture de la station de métro et des refroidisseurs d’eau qui s’y trouvent. La première phase des travaux se terminera au printemps prochain et l’entrée sera accessible durant l’été. Mais les travaux reprendront à l’automne. L’entrée retrouvera son allure cadenassée au moins jusqu’au printemps 2024.

Chantal Montmorency, directrice générale de l’Association québécoise pour la promotion de la santé des personnes utilisatrices de drogues, un organisme qui prône la décriminalisation de la drogue, croit que l’on se trompe de cible. « Je me préoccupe de la façon dont on prend soin des gens qui n’ont plus rien. Pour moi, c’est bien plus grave que de dire qu’il y a davantage d’itinérants et que ça me dérange parce que je me fais quêter [de l’argent]. Si je me fais quêter, c’est parce que j’ai les moyens de donner », souligne-t-elle.

Elle n’avale pas l’argument du « laboratoire de mixité urbaine » avancé par l’enseigne Archambault pour justifier la fermeture dans le quartier. « Si Archambault s’en va, c’est parce que ce n’est plus possible de faire des affaires à Montréal. Ce n’est pas parce qu’il y a des itinérants dans sa vitrine. […] Les clients d’Archambault ont juste commencé à acheter en ligne. »

Puis, le problème prend surtout racine dans la misère qui s’enfonce à Montréal. « S’il y a plus d’itinérants au centre-ville, c’est qu’ils n’ont pas d’autres endroits où aller. Vouloir les tasser n’est pas une solution. »

Avec Jeanne Corriveau


Deux siècles passés entre pauvreté et richesse


Photo: Marie-France Coallier Le Devoir Le malfamé, même s’il n’a plus le même visage aujourd’hui, côtoie les splendeurs du centre-ville depuis les tout débuts de la métropole.

Jean-Louis Bordeleau
11 février 2023
Transports / Urbanisme

La misère qui saute aux yeux autour de Berri-UQAM ces temps-ci n’est pas nouvelle. Le malfamé, même s’il n’a plus le même visage aujourd’hui, côtoie les splendeurs du centre-ville depuis les tout débuts de la métropole. Retour dans le passé pour comprendre le présent du Quartier latin.

En 1800, la « cité de Montréal » dépasse à peine la rue Berri. Des vergers fleurissent dans ce fief de riches familles canadiennes-françaises. Les Papineau, Viger, Guy, Valois et Cherrier prospèrent dans ce qu’on appelait jadis le quartier Saint-Jacques.

Déjà, à cette époque, la richesse côtoie la misère. En 1842, à l’est du faubourg naissant, s’installe une communauté religieuse : les Soeurs de la Providence.

Ce pilier de la charité montréalaise naît de la volonté d’une certaine Émilie Gamelin. Son « asile de la Providence » construit sur la place qui porte aujourd’hui son nom sert une soupe populaire. Cet « asile » héberge aussi « 60 femmes infirmes », dont « 6 folles, 11 imbéciles, 9 paralytiques, 6 nerveuses, 6 boiteuses, 12 sourdes, 4 sourdes-muettes » à la mort de soeur Gamelin, en 1851, selon les chroniques de l’époque.

Pour ajouter à une misère qui hante les lieux, une « prison de correction » s’installe à l’angle de l’actuel boulevard De Maisonneuve, peut-on lire sur une carte datée de 1912. Il s’agit en réalité d’une école, l’institut Saint-Antoine, qui « réforme » les vagabonds de l’époque.


Photo: BAnQ
Le centre-ville de Montréal tel qu’il était en 1912

« Il n’y avait pas que des garçons délinquants », explique l’historien de Montréal Exploration Bernard Vallée. « Les jeunes délinquants étaient placés avec des orphelins ou des familles dysfonctionnelles. Il y avait également des jeunes filles qu’on décrivait comme délinquantes, mais aussi des jeunes filles qui venaient de familles dysfonctionnelles. À l’époque, on ne faisait pas la différence. »

L’Université de Montréal — sous la tutelle de l’Université Laval — se bâtit non loin, insufflant une dose de chaos estudiantin au quartier. L’église Saint-Jacques — longtemps la cathédrale de Montréal avant qu’elle ne passe au feu et que l’on construise une nouvelle cathédrale au square Dominion — trônait au centre de ce quartier mixte. Dans ces rues finissent par se croiser « autant des gens de la bourgeoisie que de la classe ouvrière ». On oublie d’ailleurs qu’on y distribuait au début du XXe siècle du lait pasteurisé. « Ç’a fait tomber de manière exceptionnelle la mortalité infantile », conte M. Vallée.

De mixte à bigarré

La belle époque respire dans ce quartier composé d’artisans, de bourgeois, de leurs enfants universitaires, de magasins, de bars… et d’organismes de charité.

Une vague de désuétude s’incruste dans le Quartier latin lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale. Les mieux nantis quittent alors ce quartier pour le nouvel eldorado bourgeois de la métropole : Outremont. Les somptueuses demeures se subdivisent en maisons de chambres. Ouvriers et étudiants bigarrent un bas de la ville que l’on soigne de moins en moins. « Ce sont des maisons dans lesquelles des célibataires vivent, mais qui ont des revenus plus modestes », raconte Bernard Vallée.


Photo: BAnQ
Le magasin Dupuis Frères verra passer au fil des ans bourgeois et démunis devant ses portes, à la limite des quartiers riches et pauvres du centre-ville.

Les résidents s’entassent dans ces rues remplies. L’institut Saint-Antoine se transporte dans l’Est vers 1930. Le déménagement de l’Université de Montréal se met en branle. On lorgne les hauteurs du mont Royal. La densité atteint un point tel que les bordels, les maisons de jeu et une faune interlope prolifèrent entre Saint-Denis et Saint-Laurent. Rien de bien chic.

Un second historien, le professeur émérite de l’UQAM Paul-André Linteau, parle carrément de « transformation radicale » du secteur. « Les Soeurs de la Providence étaient toujours là. Elles vont avoir leur fameuse soupe populaire dans le quartier. Elles vont venir en aide aux démunis du quartier, raconte-t-il. Quand on allait vers l’est, il y avait comme une gradation entre Sainte-Marie, Hochelaga et Maisonneuve. Le plus pauvre, c’était Sainte-Marie. Ç’a été comme ça jusqu’aux années 1960. »

Une modernité en cul-de-sac

Un ménage s’impose à l’orée des Trente Glorieuses. « On était à ce moment-là dans du vieux stock urbain. Des maisons construites dans la deuxième moitié du XJXe siècle, qui, 100 ans plus tard, étaient devenues des taudis dans plusieurs cas. La réputation est plus dégradée », raconte Paul-André Linteau dans son livre sur la rue Sainte-Catherine.

Les élans de grandeurs du maire Jean Drapeau passent un coup de balai dans ce centre-ville. S’ouvre un métro avec un espoir de renouveau. La malchance ou la mauvaise foi (l’histoire ne le dit pas) facilite les choses. Le bâtiment des Soeurs de la Providence brûle en 1963, libérant du coup l’îlot central.


Photo: Archives de Montréal
Le bâtiment des Soeurs de la Providence brûle en 1963, juste à temps pour que l’on installe à cet endroit la station centrale du nouveau métro de Montréal.

L’architecture autoroutière domine le paysage quand on inaugure en octobre 1966 l’édicule de la station de métro Berri-De Montigny. Des stationnements complètent la place fraîchement nivelée.

« La rue Berri, une rue ordinaire qui se heurtait aux jardins de l’Asile de la Providence, est prolongée, indique Bernard Vallée. On veut en faire une sorte d’autoroute, de voie rapide qui rejoint la Métropolitaine. C’est ce qui explique la largeur incroyable de la rue devant la Bibliothèque nationale et le début d’échangeur qu’on trouve dans le coin. »

Parmi les autres destructions sous le rouleau compresseur de la modernité, nommons le célèbre magasin Dupuis Frères fondé en 1868, remplacé depuis par le brutalisme aveugle de l’immeuble « Place Dupuis ». On recycle également le Red Light en construisant les Habitations Jeanne-Mance. La pauvreté se retrouve une nouvelle fois à la rue.


Photo: Vincent Massaro, archives de Montréal
L’actuelle place Émilie-Gamelin après le passage de Jean Drapeau

Les années passent et ce qui devait n’être que temporaire devient permanent. Une trentaine d’années s’écouleront avant que ne poussent sur l’asphalte du stationnement, en 1992, les Jardins Gamelin, que l’on visite aujourd’hui.

Toutes ces rénovations aux parfums de modernité laissent un goût amer dans la bouche des historiens amoureux de Montréal, comme Bernard Vallée, qui parle d’une « stérilisation » de la vie urbaine. « Pourtant, on est en plein centre-ville ! La dégradation a commencé par des projets qui n’ont pas vraiment tenu compte du coin. »

Les traces de cet abandon tranquille du tissu social abondent. Un peu au sud, l’ancienne École du meuble, où naquit le manifeste Refus global, au coin de René-Lévesque et de Berri, demeure ignorée de tous . Tout à côté, le CHSLD Jacques-Viger est fermé depuis plus de dix ans, laissant à l’agonie un splendide bâtiment patrimonial cumulant 150 ans de vie utile. Au nord, la Bibliothèque nationale du Québec semble avoir fermé les livres sur une deuxième phase. Le projet qui devait prolonger ce temple du savoir jusqu’à la rue Ontario ne fait plus parler ni rêver personne. Et doit-on revenir sur la triste saga de l’îlot Voyageur et de sa gare désaffectée qui mène les voyageurs vers un édicule « insalubre » ?

L’histoire semble donc se répéter avec, à l’ouest, un quartier bourgeois qui regarde vers ses spectacles, à l’est, un quartier populaire qui s’y concentre et, au milieu, un quadrilatère duquel on détourne les yeux.

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Mon dieu la dernière photo, quelle horreur… god bless l’UQAM qui est venu remplir ça

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L’art de se mettre la tête dans le sable et de ne pas reconnaitre qu’il y a un problème qui devient de plus en plus important. Que les raisons qu’Archambault a donné pour la fermeture de son magasin soient plus ou moins vrais, là n’est pas le point. Il y a un problème majeur dans ce secteur. C’est laid, c’est dangereux, c’est triste, ce n’est pas agréable et ni invitant du tout. D’ailleurs, l’itinérance est un problème qui est peut-être difficile à résoudre mais celui des petits revendeurs de drogues à la sortie des bouches de métro est plus facile à régler selon moi. Il s’agit d’y aller avec la loi tout simplement. Soit on a le droit de vendre et laisse tel quel ou soit on a pas le droit et alors dans ce cas il faut arrêter ces criminels et les produire en justice de façon sévère.

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On note cette semaine que le coin a été nettoyé. Devant le Pharmaprix il y a beaucoup moins de détritus!

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Oui St-Denis va bien, mais on se tasse d’un coin de rue et c’est une autre histoire…

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Ce qui me désole et me peine le plus dans le délabrement et le quasi abandon d’une partie du quartier latin, c’est le risque de perdre une destination unique en Amérique du nord et qui est, depuis les années 60, une destination pour célébrer le Montréal culturel francophone.

Le texte de Philippe Léger dans le JdeMTL de samedi résume très bien la situation mais surtout la désolation de voir s’effriter le ‘‘centre-ville’’ francophone de Montréal. Moi je ne dis pas que tout est perdu car il y a beaucoup d’espoir, sauf que le manque de considération de la part des autorités est inquiétant. Par contre, comme je l’ai déjà dit, s’il y a une bonne chose depuis l’annonce de la fermeture du Archambault, c’est que tous les médias ont désormais l’œil sur le quartier et que cela met, je l’espère, de la pression sur la politique et c’est maintenant à eux d’établir un plan de relance sérieux.

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On est en train d’abandonner une partie du Montréal francophone et c’est inquiétant | JDM (journaldemontreal.com)

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Le Devoir nous offre un balado sur le Quartier Latin avec le journaliste Jean-Louis Bordeleau

[Balado] Décrocher la une | L’abandon tranquille du Quartier latin, à Montréal | Le Devoir

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Non seulement l’UQAM devrait participer à la relance du Quartier latin mais, selon moi, elle est la plus importante institution du quartier et la revitalisation du secteur lui bénéficierait grandement, ne serait-ce qu’en terme d’image. Oui, il est temps qu’elle prenne plus de place dans ‘‘son’’ quartier et qu’elle y apporte sa contribution.

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Depuis quelque temps le Quartier Latin fait beaucoup parler de lui et de façon plutôt négative. J’ai pensé qu’il serait approprié de faire une tournée entière du quartier afin d’avoir un compte rendu le plus précis possible de la situation commerciale ainsi que des terrains et immeubles vacants. Pour cette tournée je me suis inspiré du compte twitter de caraya ( (1) Les Verrues du Village (@VerruesVillage) / Twitter ainsi que des nombreuses tournées de vincemtl sur de nombreuses rue commerciales en ville.

Donc, l’invitation est lancée à quiconque est intéressé à faire la tournée du Quartier Latin le samedi 15 avril à 15h. Et ensuite, vers 17h il sera alors temps de prendre un apéro dans un bar/pub/café du secteur pour faire connaissance entre membres de Agora et discuter du Quartier latin.

Ceux et celles qui sont intéressés n’hésitez pas à le faire savoir sur ce fil de discussion ou en privé.

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