Protection du territoire

Suite de l’histoire du prolongement du boulevard Béliveau à Longueuil

Aux prises avec les dégâts de travaux routiers qui ont détruit un habitat essentiel à la survie de la rainette faux-grillon, la Ville de Longueuil terminera le chantier, mais en aménageant l’infrastructure de façon à protéger ce petit batracien de plus en plus menacé en raison de la disparition des milieux humides. Le Devoir a eu droit à une présentation du projet.

Le chantier du prolongement du boulevard Béliveau, à Longueuil, est à l’arrêt depuis l’automne 2021, mais la destruction des milieux humides est bien visible. Le tronçon routier de 300 mètres, conçu au départ pour faciliter le déplacement automobile et pour développer davantage le secteur résidentiel, a coupé en deux un important complexe de milieux humides et boisés, un des derniers à subsister sur le territoire de la ville.

Boul. Béliveau : Longueuil fin prête à aller de l’avant

Il y a 9 heures
Modifié à 8 h 28 min le 21 mars 2025
Par Michel Hersir

La projection du nouveau boul. Béliveau. (Photo: gracieuseté)

Le permis obtenu, la Ville de Longueuil pourra enfin aller de l’avant et terminer le prolongement du boul. Béliveau. Ce projet qui avait causé l’ire de plusieurs en 2021, notamment pour son empiètement sur un habitat essentiel de la rainette faux-grillon, sera visiblement complété à l’été 2026.

Malgré la controverse entourant le projet, celui-ci avait été complété à 75% en 2021. Le réseau souterrain, les égouts sanitaires et pluviaux, l’aqueduc, la structure de chaussée, le réseau d’éclairage. Tout ça avait déjà été complété.

«Il manquait vraiment juste le trottoir, la piste cyclable et le pavage à mettre en place pour avoir terminé le projet», expliquent les experts de la Ville de Longueuil qui ont travaillé sur le nouveau projet.

Mais voilà, la Cour supérieure suspend le chantier en octobre 2021, à la suite notamment d’un avis faunique du ministère de la Faune, des Forêts et des Parcs qui évoque les dangers du projet pour la rainette. Les travaux n’ont plus repris depuis.

Béliveau 2.0

Pas de travaux, mais beaucoup de travail en coulisse. La division du génie et celle de l’environnement ont planché sur une version 2.0 du projet, qui tenterait de retrouver les conditions optimales pour la rainette, celles qu’elle avait avant la construction.

«Ce qui est fait est fait. C’était illusoire de défaire ce qui avait été fait. Là, c’était plutôt : comment optimiser la situation?» souligne Louis-Pascal Cyr, porte-parole de la Ville de Longueuil.

Exit l’urbanisation de cette portion, entre le boul. Vauquelin et la portion déjà construite de l’autre côté. L’emprise du prolongement est également réduite, celle de la route, du trottoir et de la piste cyclable aussi, le stationnement et le terre-plein sont retirés et on végétalise au possible.

Un exemple de passage faunique pour petite faune. Il est notamment prévu d’y garder un peu d’eau pour maintenir l’humidité et d’y mettre des roches et troncs pour créer des refuges. (Photo: gracieuseté)

Des noues végétalisées, soit de petites fosses peu profondes, seront de plus mises en place de chaque côté de la rue afin de retenir et traiter les eaux de pluie avant de les rejeter vers l’égout pluvial et de créer des petites zones de biodiversité à même l’emprise du boulevard.

La rainette, elle? Parmi les aménagements, on lui prépare trois tunnels exactement aux élévations qu’il y avait avant le projet – en plus du passage faunique qui avait déjà été aménagé en 2021 –, des fossés de chaque côté et des barrières de déviation entre les fossés et le boulevard. «On ne devrait pas avoir de mortalité sur le boulevard», soulignent les experts.

Ceux-ci informent en outre avoir été au-delà des recommandations de consultants et du ministère pour obtenir un aménagement optimal.

Depuis l’arrêt des travaux, c’est à ça que ressemble le prolongement du boul. Béliveau. Les citoyens du secteur y circulent déjà à la marche et à vélo. (Photo: gracieuseté)

Sous la loupe d’un chercheur

La Ville de Longueuil s’est associée avec un chercheur de l’Université Laval afin de mesurer l’efficacité des passages fauniques. Celui-ci remettra des recommandations à la Ville.

«On pense que c’est un projet qui pourrait faire école, que d’autres administrations pourraient s’en inspirer. On est super fier», soutient M. Cyr.

L’appel d’offres devrait être lancé au printemps, le contrat accordé à l’été et le début des travaux amorcé à l’automne, puis poursuivi au printemps 2026.

«Les gens ont hâte de voir l’aboutissement de ce projet-là!»

-Lysa Belaïcha, conseillère municipale du secteur

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Je suis pessimiste par rapport à ces tunnels. La rainette a besoin de conditions assez spécifiques : des étangs non-reliés au réseau hydrographique et exposés au soleil. Même si on recréer des habitats humides potentiels pour la rainette sous le boulevard, elle n’aura pas de soleil, élément crucial dans sa période de reproduction qui devrait d’ailleurs commencer dans les prochains jours / semaines.

Les milieux qui ont été détruit pour le boulevard servaient à la reproduction, donc il y a une perte nette de superficie de reproduction et donc, une pression toujours plus grande sur la survie de l’espèce.

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11 messages ont été fusionnés à un sujet existant : Stablex (agrandissement)

Milieu humide

Après avoir analysé trois différents scénarios, le Centre de services scolaire des Découvreurs (CSSDD) a décidé que le projet d’agrandissement du Collège des Compagnons serait mis en place derrière l’école, à l’entrée quatre.

L’emplacement choisi occasionnera donc la coupe de 147 arbres dans le boisé des Compagnons. Ce qui équivaut à un peu moins de 2 % de l’ensemble du boisé.

Le secteur A accueillera une vingtaine de classes modulaires d’ici l’automne 2026. (Centre de services scolaire des Découvreurs)

Le Répertoire des milieux naturels d’intérêt de la Ville de Québec démontre que le secteur choisi pour les travaux d’agrandissement se trouve dans une zone habitant des érablières rouges humides.

Selon l’environnementaliste, il n’y a «aucun doute» que la zone choisie pour l’agrandissement est dans un milieu humide.

«Quand je suis retourné, j’ai pu identifier des plantes de milieu humide dans l’espace», relate M. Desroches.

La Ville doit s’expliquer sur ce sujet, soutient pour sa part le député Sol Zanetti.

Les travaux d’agrandissement se trouveront dans l’unité quatre du boisé. (Ville de Québec)

Le projet de classes modulaires du Collège des Compagnons ne touche toutefois pas le milieu humide identifié par le Plan régional des milieux humides et hydriques de la Ville.


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Juste en face d’un autre projet contesté Agrandissement du parc-nature du Bois-d’Anjou (2020)

Voici une photo satellite de l’endroit en question.

Si jamais quelqu’un cherche des squelettes dans le placard de Luis Miranda, il y a beaucoup de matière avec le milieu humide près du Golf d’Anjou. Ce maire avait déjà donné le go pour asphalter des parties naturelles de ce secteur dans une réunion faite en catimini tout en sachant que l’arrondissement ne pouvait pas donner de permis. Je ne trouve plus ma source malheureusement.

Entre une carrière, une autoroute et une raffinerie, peu sembler être une dompe pour certains. Par-contre ce milieu laissé en friche est un poumon pour les zones environnantes. Le gravier a été ajouré en 2019 (pas mal dans le temps où les autres faits dont je parle sont arrivés). Voici une photo du terrain en 2008:


Pour avoir habité tout près, je peux vous dire que la bande verte entre la carrière, l’autoroute et les maisons est l’habitat de plusieurs animaux, dont une famille de renard. Il m’est arrivé souvent de voir des énormes oiseaux rôder dans le coin.

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Résumé

Nouveau régime forestier: retour des blocus en Haute-Mauricie?

Par Éric Faucher, Le Nouvelliste

7 mai 2025 à 04h00

Des membres de la communauté, dont le militant Dave Petiquay, n’ont pas attendu le signal du conseil de bande pour s’installer en bordure de la route forestière 25 de La Tuque. (Facebook / Danakona Dave Pitikwi)

En voulant «moderniser» le régime forestier, se pourrait-il que Québec soit en train d’ouvrir la porte au retour des blocus forestiers en Haute-Mauricie? C’est en tout cas ce qui a poussé certains membres de la communauté Atikamekw à se réinstaller aux abords de la route forestière 25 à La Tuque, sans y bloquer la circulation… pour le moment.



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La ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, a déposé le projet de loi 97 le 23 avril dernier à l’Assemblée nationale. Celui-ci vise principalement une modernisation du régime forestier, mais plusieurs voix discordantes ont depuis émané de la société civile.

«La modernisation du régime forestier est essentielle pour assurer la pérennité de la filière forestière partout au Québec et protéger les communautés qui en dépendent. Il nous faut un régime forestier plus agile, plus souple et plus prévisible qui prend mieux en compte les réalités régionales», mentionnait la ministre caquiste au moment du dépôt.



«Il faut également adapter nos forêts aux changements climatiques afin de les rendre plus productives et résilientes», continuait-elle.

Des organismes comme Nature Québec, la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec), la Fédération québécoise des gestionnaires de zecs ou encore la Fédération des pourvoiries du Québec ont tous dénoncé le projet de loi, depuis.

À ceux-ci s’ajoutent les voix des syndicalistes d’Unifor Québec, de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), du Syndicat des Métallos et de la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN).

Constant Awashish, le Grand Chef de la Nation Atikamekw. (Stéphane Lessard/Archives Le Nouvelliste)

De son côté, le Conseil de la Nation Atikamekw (CNA) avait aussi réagi fortement, déplorant d’avoir été exclu de la conception du projet de loi. À l’instar d’autres communautés autochtones de la province, le CNA évoquait son «impression de faire un pas en arrière en redonnant plus de contrôle à l’industrie forestière».

«La ministre connaissait très bien notre position par rapport au nouveau régime forestier. Nous lui avons offert notre participation à la rédaction du projet de loi qui affectera nos droits sur notre territoire ancestral. Nous lui avons indiqué que cela aiderait à conforter tout le monde. Elle a refusé.»

— Constant Awashish, le Grand Chef de la Nation Atikamekw

Le communiqué alors émis par le conseil tribal mettait d’ailleurs en garde face aux possibilités «que cela entraîne des manifestations sur le territoire qui pourraient accentuer les préjugés, entraîner une escalade de conflits et, ainsi, ébranler la paix sociale».

Les gardiens du territoire fourbissent leurs armes

Des militants ralentissent la circulation sur la route forestière 25 à La Tuque. (Facebook / Danakona Dave Pitikwi)

Des membres de la communauté, dont le militant Dave Petiquay (ou Pitikwi selon la graphie traditionnelle), n’ont pas attendu le signal du conseil de bande pour s’installer en bordure de la route forestière 25 de La Tuque. Celui qui a l’habitude de l’organisation de blocus sur cette route pour faire valoir des revendications de sa nation ne souhaite que ralentir la circulation pour l’instant.



Avec ses camarades de l’Association des Gardiens du territoire Nehirowisiw Aski, il veut montrer son désaccord avec le projet de loi 97.

«On n’est pas là pour détruire l’industrie forestière, on est là pour sauver nos territoires», mentionne-t-il dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

«Nous autres, l’argent passe deuxième. C’est sûr qu’on aimerait ça en avoir, mais la priorité, c’est de pouvoir contrôler notre territoire, le dessiner. C’est ça le plus important», soulignait l’activiste pour la cause des Premières Nations lors d’une entrevue avec Le Nouvelliste, l’été dernier.

Pour Dave Petiquay, comme pour ceux qui s’affichent comme gardiens du territoire, ce nouveau régime forestier constitue ainsi un pas de recul dans l’affirmation de la souveraineté des nations autochtones. Ils dénoncent également l’extraction intensive des ressources naturelles et son impact sur l’environnement et les générations futures.

L’action de ralentissement de celui qui préfère le terme Nehirowisiw à celui d’Atikamekw, puisqu’il s’agit du nom traditionnel de la nation autochtone, a débuté lundi et devrait s’étendre jusqu’à mercredi.



Pour la suite des choses, l’Association des Gardiens du territoire Nehirowisiw Aski organise ce samedi le Rassemblement des nations au Club latuquois. (Facebook / Association des Gardiens du territoire Nehirowisiw Aski)

Pour la suite des choses, l’Association des Gardiens du territoire Nehirowisiw Aski organise ce samedi le Rassemblement des nations au Club latuquois. Le régime forestier sera à l’ordre du jour de l’assemblée où est conviée «toute personne intéressée par les actions des gardiennes et gardiens du territoire», aux côtés de thèmes comme la souveraineté territoriale ou le déclin de la biodiversité.

Le maire de La Tuque irrité

Le maire de La Tuque, Luc Martel, paraît irrité par la situation. Dans un commentaire sous une publication de Dave Petiquay sur les réseaux sociaux, supprimé depuis, le premier magistrat se montrait cinglant, laissant sous-entendre que le militant mène ces actions pour ses intérêts personnels.

Par le passé, l’élu ne s’est pas gêné pour dénoncer les blocus forestiers organisés par celui qui se considère comme un gardien du territoire.

«On parle d’un Atikamekw, mais si ça avait été un blanc, on l’aurait appelé un criminel, on s’entend», affirmait-il au Nouvelliste l’an dernier. «N’importe qui, faire ce qu’il a fait, se serait fait embarquer et serait en dedans aujourd’hui», poursuivait-il.

Le militant Dave Petiquay. (Sylvain Mayer/Archives Le Nouvelliste)

Concernant le nouveau régime forestier, la Ville de La Tuque se montre pour sa part plutôt enthousiaste, mais garde une certaine prudence. «Nous sommes heureux de constater que certains éléments que nous avons portés à l’attention du gouvernement semblent avoir été entendus. Cela démontre une écoute de la part des autorités provinciales», avait indiqué l’appareil municipal par voie de communiqué.

«Malgré cette ouverture, plusieurs aspects du projet de loi nécessitent des précisions importantes», ajoutait-on toutefois.