Je l’ai mentionné plusieurs fois et tu l’insinues aussi: leur modèle d’affaire est un gros aléa moral (moral hazard).
En gros c’est essentiellement: Je capture du revenu (tarification), mais tout écart entre le revenu et mes attentes seront comblés par le gouvernement.
En applicant cela, quel est la différence entre capter le 3.50$ du client ou le prendre du gouvernement? Je dirais même que le gouvernement est plus facile à interagir avec, puisque c’est un seul entité qui paie tout à la fois.
Cela explique:
Et cela a toujours fonctionné… jusqu’à la situation actuelle où le gouvernement n’est pas pressé à payer l’écart.
Note: Je ne dis pas que c’est entièrement de la faute de l’ARTM/STM cette dette (COVID et tout), mais ça n’aide pas la cause, et rien n’indique qu’ils n’auraient pas étés déficitaires dans une situation normale (quoi que sûrement avec des montants plus petits). Le problème est chronique, il faut se le rappeler.
Ce genre d’aléas moral n’est pas propre aux transports (ARTM/STM, VIA rail). La santé, l’éducation, même techniquement les hypothèques de maisons (la SCHL assure la totalité du montant, donc les banques sont peu exposés aux risques de mauvaises créances).
En gros, there’s no skin in the game.
Exemple alternative avec la CDPQi, on promet de combler une fréquentation minimale, ce qui est bien, mais le modèle offre d’autres incitatifs négatives:
- Tu as investit de ton argent (même si c’est des fonds publics, la CDPQ gère ses fonds) dans ce projet, alors arranges-toi de pouvoir la récupérer. Si ça tombes en ruines, ça vaudra pas grand chose.
- Si tu coûtes plus cher à opérer, arranges-toi.
- Si le client est frustré de ton service et t’ignores, tu perds en fréquentation et c’est ton problème.
et positives:
- Si tu te dépasses (hausse de fréquentation), tu te génères plus de profits.
- Si c’est valorisant d’habiter près d’une de tes stations et qu’on développes autour de toi, tu te génères plus de profits.
- Si les gouvernements sont impressionnés de ton travail, tu auras d’autres opportunités d’affaires. Présentement cela ne s’appliquerait pas à l’ARTM/STM, et personne d’autre n’a été attiré par CDPQi encore, mais c’est un incitatif tant que la CDPQi voit cela comme une opportunité d’affaires. Ça peut changer.
Et au final, c’est quoi la différence entre la STM et la CDPQi? Dans les 2 cas c’est l’ARTM qui les paient. C’est juste que la CDPQi est plus incité à bien fonctionner selon son modèle d’affaire (les règles sont définis et exposés d’entrée de jeu) et a des meilleures marges de manoeuvres (captation foncière, développement de propriétés, export du modèle, etc.).
Je suis surpris que les médias ignorent, volontairement ou pas, le 3-5G$ de fonds que CDPQi aurait mis sur le projet et qui de facto manque au nouveau budget. J’ai hâte de voir la réaction de Québec lorsque la facture sera chiffré.
Et en partant avec un budget fixe, je m’attends à ce que ce projet emprunte des évolutions similaire à l’expérience du Train de l’Est et du SRB Pie-IX: entre ce qui est offert et ce qui sera livré…