Politique provinciale

Largement déficitaire ? Non, largement sous-budgété

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Eric Girard, ministre des Finances du Québec


Francis Vailles
Francis Vailles La Presse

On ne sait jamais vraiment combien le gouvernement prévoit accorder à ses employés en période de négociations. Et il est impossible de le deviner dans ses prévisions budgétaires. Secret d’État.

Publié à 1h05 Mis à jour à 6h30

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L’information est hautement stratégique, bien camouflée dans les chiffres du budget, sans quoi le gouvernement perdrait son rapport de force dans ses négociations avec les syndicats.

On vous offre 10,3 % sur 5 ans, disait encore le gouvernement fin octobre, mais quel chiffre prévoyait vraiment le ministre des Finances, Eric Girard, et qui a un impact sur le déficit ? Impossible de savoir.

Impossible, mais selon les échos que j’ai eus ces dernières semaines, le gouvernement caquiste ne pensait jamais devoir verser autant. Ces échos ont été en quelque sorte confirmés dimanche par François Legault : « On se retrouve avec un budget qui est largement déficitaire. Beaucoup plus déficitaire qu’il était avant ces négociations-là », a dit le premier ministre, appuyant sur le mot « beaucoup ».

Inconscient des attentes des employés

À moins que ce soit pour nous préparer au pire, cette confirmation nous amène à nous demander si l’administration Legault n’était pas déconnectée de la réalité du terrain en entrant dans les négos, inconsciente des réelles attentes de ses employés.

Après des années de vaches maigres et avec l’inflation galopante, les employés de l’État espéraient énormément de ces négociations. Ils avaient le gros bout du bâton pour la première fois depuis des lustres.

Les attentes étaient d’autant plus élevées que le gouvernement avait des finances publiques en relativement bonne santé et venait de baisser les impôts. D’autant plus élevées, aussi, que le gouvernement pouvait se permettre de hausser généreusement les salaires des députés et de payer des millions aux Kings de Los Angeles (d’accord, c’est une goutte comparée aux salariés de l’État, mais ça donne le ton).

Résultat : entre la première offre de décembre 2022 et l’entente de principe, les offres salariales ont doublé, passant de 9,3 % à 18,6 % sur 5 ans, en incluant l’effet composé des hausses.

Comment ne pouvait-on pas prévoir un tel rapport de force et ses effets sur notre situation budgétaire collective ? Comment penser que les employés accepteraient seulement 2,5 % par année de hausse salariale ? Comment le gouvernement Legault peut-il justifier, maintenant, une hausse plus marquée du déficit attendu ?

Aujourd’hui, quoi qu’en pense la gauche, le Québec investit plus que jamais depuis 20 ans dans les missions de l’État, notamment en santé et en éducation, exception faite de la pandémie.

Soutien aux aînés, allocation famille, allocation logement, crédit pour garde d’enfants, maternelle 4 ans, maisons des aînés : toutes ces nouvelles mesures ont pour effet de gonfler les dépenses. Tant et si bien que le niveau atteint maintenant 24,8 % du produit intérieur brut (PIB), loin de la moyenne des 15 années qui ont précédé la pandémie (22,4 %), selon la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke1.

Et très loin de la moyenne des autres provinces canadiennes, d’environ 7 points de pourcentage plus bas (17,8 % du PIB).

En ajoutant les salaires maintenant fort respectables de ses employés, personne ne pourra vraiment dire que le gouvernement a sous-investi dans les missions de l’État…

Le gouvernement se retrouve toutefois avec un véritable casse-tête pour les prochaines années. Car en plus des hausses de dépenses déjà élevées et des nouveaux salaires, il fait face à une économie anémique.

Le PIB n’a pratiquement pas progressé en 2023, alors que le ministre des Finances prévoyait une hausse de 0,6 % l’automne dernier, dans son Point sur la situation économique et financière. Et pour 2024, la hausse du PIB risque d’être modeste, entraînant avec elle une baisse des recettes de l’État.

À combien sera le déficit ? Difficile de savoir, puisqu’on ne sait pas jusqu’à combien le gouvernement était prêt à concéder aux employés, comme je l’expliquais.

La Chaire en fiscalité et en finances publiques (CFFP) de l’Université de Sherbrooke calcule que le déficit atteindra 1,1 milliard de plus que les 4,1 milliards déjà prévus en 2024-2025, si l’on suppose que ce déficit était calculé sur la base de l’offre aux employés de la fin d’octobre (10,3 % sur 5 ans). L’écart irait en s’accroissant pour atteindre près de 3 milliards de plus que prévu en 2027-2028, à la dernière année des conventions.

Et il faut y ajouter l’impact du ralentissement économique sur les recettes de l’État, qui pourrait se chiffrer en centaines de millions… Ayoye !

À mon avis, la hausse réelle du déficit sera moindre que celle calculée par la CFFP, du moins la portion attribuable aux conventions collectives.

Pourquoi ? Parce qu’il est improbable que le gouvernement ait prévu si peu pour ses employés (10,3 % sur 5 ans), dans le contexte. Il y aura tout de même un écart significatif, puisqu’il n’avait pas budgété les 17,4 % sur 5 ans finalement conclus (ou 18,6 % avec l’effet composé), mais pas aussi grand que celui de la CFFP.

Quoi qu’il en soit, pour respecter la Loi sur l’équilibre budgétaire, le gouvernement doit revenir au déficit zéro sur un horizon de 5 ans.

Déjà, le gouvernement a promis de ne pas réduire les services en santé et en éducation pour boucler ses budgets. Il compte plutôt faire des coupes dans les autres services, qu’on pense aux transports, à la justice et au système de garde d’enfants, dont les besoins sont très grands.

Dans ce contexte, il est bien difficile d’imaginer qu’il n’y aura « pas d’austérité, pas de coupures de services et pas de hausses d’impôts », comme l’a affirmé François Legault dimanche.

Devait-il donner autant aux employés de l’État ? Probablement, en raison des retards qui existaient et de la pénurie de main-d’œuvre.

Il est dommage, toutefois, que ces négos n’aient pas davantage solutionné les problèmes non salariaux, comme la composition des classes, d’une part, ou la flexibilité réclamée aux employés, d’autre part. Il faudra être imaginatif pour régler ces problèmes, car les caisses sont à sec, désormais…

1. Consultez le mémoire de la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke

La ligne passe aussi par Val-David et Val-Morin. Mais effectivement, ça date un peu maintenant. Le temps passe vite !

Sur ta carte on remarquera le même principe autour de Sutton.

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Trop drôle!

Infoman a créé le groupe FB « Mouvement non merci, Denis!!! » après l’émission de ce soir et il y a déjà près de 10 fois plus de membres que le groupe « Mouvement Non Merci!!! » créé par Denis Coderre la semaine dernière! :rofl:

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Résumé

Vers le budget Girard Le temps est venu de revoir les dépenses

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Eric Girard, ministre des Finances du Québec

Contribuables, il vous faut modérer vos attentes en vue du budget que le ministre des Finances Eric Girard présentera le 12 mars. Les demandes acheminées au bureau du ministre ont afflué cette année encore lors des consultations prébudgétaires, mais les coffres sont vides et la récession guette le Québec.

Publié à 1h24 Mis à jour à 5h00

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Hélène Baril
Hélène Baril La Presse

À moins d’ajouter à la dette, « on ne voit aucune marge de manœuvre pour de nouvelles initiatives du gouvernement dans les années qui viennent », dit Louis Lévesque, responsable du comité des finances publiques de l’Association des économistes québécois, qui a généralement l’oreille du ministre des Finances.

Le premier ministre François Legault a déjà prévenu les Québécois que le déficit sera plus élevé que prévu en raison des hausses de salaire consenties aux employés du secteur public. Le retour au déficit zéro sera reporté dans le temps. Il a aussi clairement indiqué qu’il n’est pas question d’augmenter les impôts.

Dans le mémoire qu’ils ont soumis au ministre des Finances, les économistes québécois estiment que le Québec n’a pas les moyens de financer de nouveaux services ni de réduire le fardeau fiscal. Ils soulignent que la croissance des revenus ralentit et que les pressions en santé et en éducation vont en augmentant.

Ils suggèrent plutôt au gouvernement de se pencher sur la colonne des dépenses. De l’austérité, alors que la récession est à nos portes, est-ce vraiment une bonne idée ?

« Il ne s’agit pas de sabrer, mais de contraindre les dépenses, tempère Louis Lévesque. Le Québec n’est pas en récession, mais plutôt en pause de croissance. »

Rythme insoutenable

Le Québec dépense plus que les autres provinces et l’écart est actuellement le plus élevé des 30 dernières années, souligne le mémoire de l’Association des économistes. En dollars, ces dépenses supplémentaires totalisaient 12 milliards en 2022-2023. Ce rythme d’augmentation des dépenses est insoutenable, selon les économistes.

Selon Louis Lévesque, le temps est venu de passer en revue des activités « que l’État n’a plus besoin de faire ». Au fil du temps, « on a juste rajouté des couches, on n’en enlève jamais et on a maintenant un niveau de dépenses historique ».

Un exemple : les crédits d’impôt à l’industrie des jeux vidéo et les autres programmes liés à un manque chronique d’emplois. « C’était une bonne idée dans un contexte donné, mais on est maintenant dans un autre univers », dit-il.

Beaucoup de fonds publics pourraient être réalloués ou utilisés plus efficacement : les subventions à l’achat de véhicules électriques en sont un autre exemple. Selon l’Association des économistes, il s’agit d’une dépense fiscale qui a non seulement un coût élevé, mais qui fait aussi fuir la richesse hors du Québec.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Selon l’Association des économistes, les subventions à l’achat de véhicules électriques sont un bon exemple d’une dépense fiscale qui a non seulement un coût élevé, mais qui fait aussi fuir la richesse hors du Québec.

Il n’y a pas de véhicules électriques faits au Québec, alors c’est une fuite d’argent vers l’extérieur. Ça ne ralentit pas non plus la croissance du parc automobile. Et parce que les véhicules électriques sont plus lourds, ça accroît le rythme de dégradation du réseau routier.

Louis Lévesque, responsable du comité des finances publiques de l’Association des économistes québécois, à propos des subventions à l’achat de véhicules électriques

Un directeur parlementaire du budget

Le contexte inflationniste actuel n’est pas favorable à une augmentation des taxes à la consommation, reconnaît l’Association des économistes, mais à moyen terme, il faudra que le Québec augmente les taxes à la consommation pour pouvoir réduire le poids de l’impôt des particuliers dans les revenus de l’État.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Les économistes sont favorables à une augmentation de la TVQ et à une hausse de la taxe sur l’essence, qui n’a pas été indexée depuis 11 ans.

Comme la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke, les économistes sont favorables à une augmentation de la TVQ et à une hausse de la taxe sur l’essence, qui n’a pas été indexée depuis 11 ans.

Maintenant que la cible d’inflation de 2 % de la Banque du Canada est en vue, le contexte est plus propice à ce rééquilibrage de la fiscalité, souligne Louis Lévesque.

Les économistes proposent aussi au ministre Eric Girard de créer un poste de directeur parlementaire du budget, pour pouvoir voir plus loin que le cadre budgétaire actuel.

Cinq ans, soit l’horizon de planification actuel du ministre des Finances, c’est trop court, souligne Louis Lévesque. « Il faut voir plus loin », dit-il.

Il donne l’exemple des projets d’investissements publics dans les infrastructures et du plan d’expansion annoncé par Hydro-Québec, qui auront un impact cumulatif important sur l’endettement de la province, des municipalités et d’Hydro-Québec.

Un directeur parlementaire pourrait réaliser des analyses à long terme utiles à la prise de décision et à la priorisation des projets.

Il s’agit d’une nouvelle dépense, mais son coût – estimé à 5 millions annuellement si on se fie à l’expérience de l’Ontario – se justifie amplement par l’importance des enjeux, selon l’Association des économistes.

En savoir plus

  • 360 millions
    Coût estimé pour 2023 du crédit d’impôt de 37,45 % sur les salaires pour l’industrie du jeu vidéo

Source : ministère des Finances du Québec

1,2 milliard
Coût prévu des subventions à l’achat de véhicules électriques entre 2021 et 2026

Source : ministère des Finances du Québec

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Le projet de révision présenté l’automne dernier par la Commission de la représentation électorale fait notamment disparaître une circonscription en Gaspésie (Gaspé, sur la photo) et une dans l’Est de Montréal.

Je trouve ça triste pour les régions qui perdraient des circonscriptions mais ce n’est pas normal que certains comtés comptent plus du double de citoyens que d’autres, excluant les Îles de la Madeleine prévu dans la loi.

Le principe du poids égal des circonscriptions devrait être le premier critère à respecter dans les révisons de la carte électorale, déjà que le processus du first-past-post cause une bonne différence entre la volonté populaire et la composition de l’Assemblée Nationale.

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Ça pourrait être réglé si on s’entendait pour changer le nombre de députés, car toujours garder le même, ces problématiques territoriales vont continuées d’exister

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C’est quand la dernière fois que le nombre de députés a été changé?

Le 18 juin 1987(date à laquelle la loi a passée) :smiling_face_with_tear:
https://assnat.qc.ca/fr/patrimoine/Chronologie/chrono83.html

Selon Wikipédia, 125 députés depuis les élections de 1989 (34e législature)

image

Il y en avait 122 après les élections de 1985

image

Population du Québec
1985 : 6 645 778
1989 : 6 882 602

Donc + 3 députés pour environ 240 000 personnes de plus

Gros saut de 12 députés entre les élections de 1976 et celles de 1981
1976 : 110 députés / 6 362 125 habitants
1981 : 122 députés / 6 523 258 habitants

pis on est 2 M de plus maintenant :melting_face::melting_face::melting_face:

Attention par contre. Le découpage se fait par nombre d’électeur et non par nombre de citoyens. C’est pour cette raison que Montréal perd des sièges, malgré la croissance de sa population. Je pense que ce n’est pas la bonne façon de faire. Les députés représentent TOUTE la population, pas seulement leurs électeurs.

Idéalement on devrait juste avoir une forme de représentation proportionnelle par région administrative, basée sur le nombre d’habitants.

Voici ce que ça donnerait selon la population des régions en 2022:

|Abitibi-Témiscamingue|2|
|Bas-Saint-Laurent|3|
|Capitale-Nationale|11|
|Centre-du-Québec|4|
|Chaudière-Appalaches|7|
|Côte-Nord|1|
|Estrie|7|
|Gaspésie|1|
|Lanaudière|8|
|Laurentides|10|
|Laval|7|
|Mauricie|4|
|Montérégie|22|
|Montréal|30|
|Outaouais|6|
|Saguenay-Lac-Saint-Jean|4|
|Sièges standards| 127 |

|Nord-du-Québec|1|
|Îles-de-la-Madeleine|1|
|Sièges particuliers|2|

|Total| 129 |

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Québec) Les consultations sur le projet de loi 51 qui vise à moderniser l’industrie de la construction débutent mardi à l’Assemblée nationale, sur fond de grogne des syndicats. Le ministre du Travail, Jean Boulet, assure que « tout ce qui est dans le projet de loi est ouvert à la discussion ».

Résumé

Projet de loi sur la construction « Il n’y a rien d’exclu », assure Jean Boulet

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Jean Boulet

(Québec) Les consultations sur le projet de loi 51 qui vise à moderniser l’industrie de la construction débutent mardi à l’Assemblée nationale, sur fond de grogne des syndicats. Le ministre du Travail, Jean Boulet, assure que « tout ce qui est dans le projet de loi est ouvert à la discussion ».

Publié à 7h09

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Thomas Laberge La Presse Canadienne

« Il n’y a rien d’exclu. […] L’important, c’est de faire des recommandations qui sont respectueuses des objectifs que nous avons, c’est-à-dire de réduire les délais, de diminuer les coûts, d’avoir des organisations de travail plus flexibles », a-t-il affirmé en entrevue avec La Presse Canadienne.

Le ministre assure ne pas avoir de crainte en raison du mécontentement que suscite déjà son projet de loi. « Je suis heureux de débuter les consultations. […] Ça me rend toujours fébrile. C’est un projet de loi qui est modéré, équilibré et perfectible », assure-t-il.

Le projet de loi 51 déposé en février par le ministre du Travail vise à assurer une plus grande mobilité des travailleurs entre les régions du Québec et à accroître la polyvalence des travailleurs en permettant un partage de tâches entre certains métiers.

Si les organisations patronales ont en général applaudi au dépôt de ce projet de loi, il en est autrement des syndicats, qui s’inquiètent des répercussions sur leurs membres. La FTQ-Construction manifeste d’ailleurs mardi devant l’Assemblée nationale.

Mobilité et polyvalence

L’association syndicale qui représente 90 000 membres est critique de la volonté du gouvernement de permettre une plus grande mobilité des travailleurs de la construction entre les régions. « C’est les gens, les pères et les mères de famille qui élèvent leurs enfants dans ces régions-là, qui vont avoir des problèmes à travailler dans leur propre région administrative. Ce n’est pas vrai qu’il va y avoir de l’ouvrage à fond la caisse dans toutes les régions administratives du Québec », soutient le directeur général de la FTQ-Construction, Éric Boisjoly en entrevue avec La Presse Canadienne.

Le ministre Boulet défend cette mesure dans sa pièce législative. « C’est important de prioriser l’embauche régionale, les travailleurs qui sont disponibles et qui veulent faire des heures. Mais il faut s’assurer que les projets industriels qui vont se réaliser un peu partout au Québec – qu’on pense à la filière batterie ou énergie –, qu’on ait la main-d’œuvre disponible pour s’assurer que ces projets voient le jour dans les meilleurs délais possible. La mobilité interrégionale est quand même conditionnelle, elle est contrôlée », explique-t-il.

Les règles actuelles de priorité d’embauche régionale font qu’un employeur qui décroche un contrat dans une autre région que la sienne peut y emmener un nombre limité de ses travailleurs réguliers. Il doit aussi embaucher des travailleurs dans la région où il a décroché ce contrat.

La FTQ-Construction craint également que la plus grande polyvalence demandée aux travailleurs de la construction ait des impacts sur leur sécurité. Éric Boisjoly soutient qu’il est déjà possible pour un carreleur, par exemple, d’aller chercher sa carte de compétence dans un autre domaine, mais qu’il s’agit d’un phénomène marginal. « Pourquoi ? Parce que les gens veulent être compétents, ils veulent être employables et ils veulent être productifs dans leur champ d’activité », affirme-t-il.

Encore ici, le ministre soutient que le projet de loi encadre la question de la polyvalence afin d’éviter les effets pervers. « Il y a un certain nombre de conditions dans la loi qui permettent d’éviter que ça ait un impact négatif sur la qualité de la construction, pour ne pas que ça soit en contradiction avec les compétences des travailleurs et pour ne pas que ça ait de répercussions négatives sur leur santé et leur sécurité. C’est pour permettre une exécution plus agile du travail sur les chantiers de construction », a dit M. Boulet.

Certains métiers seront exclus de ce partage des tâches, pour des raisons de sécurité, comme ceux d’électricien, de plombier, de mécanicien d’ascenseur et de grutiers, sauf ceux qui travaillent sur les camions-flèches.

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Budget du Québec 2024

Résumé

Budget du Québec 2024 Six choses à savoir sur le budget

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Avec son sixième budget, qui pourrait être le plus déficitaire de l’histoire, le grand argentier du Québec, Eric Girard, promet de déposer l’an prochain un plan de retour à l’équilibre budgétaire, dont l’atteinte est repoussée à 2029-2030.

Avec son sixième budget, qui pourrait être le plus déficitaire de l’histoire, le grand argentier du Québec, Eric Girard, promet de déposer l’an prochain un plan de retour à l’équilibre budgétaire, dont l’atteinte est repoussée à 2029-2030. D’ici là, il lance un chantier pour « optimiser » les dépenses de l’État. Voici six choses à savoir sur un budget écrit à l’encre rouge.

Publié à 16h18

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Hugo Pilon-Larose
Hugo Pilon-Larose La Presse

Le déficit se creuse

L’encre bleue caquiste prend une fois de plus cette année une couleur rouge foncé. En 2024-2025, le ministre des Finances, Eric Girard, prévoit un déficit de 11 milliards, après versements au Fonds des générations et incluant une provision pour éventualités, ce qui pourrait être plus imposant qu’au pire de la pandémie. « Ce déficit est tributaire d’un contexte économique et climatique difficile, mais il est également nécessaire pour améliorer, dès maintenant, les services à la population. Il est nécessaire et il est gérable », affirme-t-il. Dans ce contexte, le retour à l’équilibre budgétaire, qui était prévu pour 2027-2028, est désormais repoussé en 2029-2030. Un nouveau plan pour y arriver doit être annoncé dans le prochain budget.

39 %

Le poids de la dette nette du Québec au 31 mars 2024. Le gouvernement veut le réduire à 30 % du PIB d’ici 2037-2038 en rétablissant, entre autres, l’équilibre budgétaire.

Nouveau mot tendance : « optimisation »

Ne cherchez pas les termes « austérité » ou « rigueur budgétaire » dans ce nouveau budget d’Eric Girard, vous ne les trouverez pas. Pour retrouver l’équilibre budgétaire, le ministre des Finances entreprend ce printemps une importante opération d’« optimisation » des dépenses de l’État. Ce chantier doit générer des revenus additionnels de 2,9 milliards d’ici cinq ans, prévoit-il. Des aides fiscales aux entreprises seront révisées pour réduire leur coût de 1 milliard sur cinq ans. Les principales entreprises du gouvernement (Hydro-Québec, Loto-Québec, la SAQ, la SQDC et Investissement Québec) « devront également effectuer des efforts d’optimisation et d’efficience » équivalents.

96,5 millions

Investissement sur cinq ans pour renforcer le contrôle fiscal et la lutte contre les crimes économiques. Québec prévoit que ces mesures permettront de gérer des revenus supplémentaires de 660 millions sur la même période.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Le ministre des Finances, Eric Girard, prévoit un déficit de 11 milliards en 2024-2025.

L’économie fait du surplace

« L’économie a fait du surplace en 2023 », rappelle Eric Girard, mais le taux de chômage est malgré tout resté « largement en deçà de celui de l’ensemble du Canada et le plus faible parmi les provinces ». Dans ce contexte, le ministre des Finances prévoit que la croissance du PIB réel sera « modeste » en 2024, pour atteindre 0,6 %, mais qu’elle devrait s’accélérer l’an prochain, en 2025, à 1,6 %. « L’économie du Québec est bien positionnée pour amorcer une reprise durable au deuxième semestre de l’année 2024, de manière synchronisée avec la baisse graduelle des taux d’intérêt et la diminution de l’inflation », analyse le grand argentier du gouvernement.

443 millions

Investissement sur cinq ans pour stimuler la croissance économique et mettre en place des laboratoires industriels, soutenir les secteurs de l’aérospatiale, de l’aluminium et des nouvelles technologies, entre autres.

En attendant Santé Québec

En même temps qu’il déploie la nouvelle agence Santé Québec, le gouvernement investit près de 3,7 milliards sur cinq ans, et plus exactement 730 millions cette année, pour appuyer « une organisation humaine et efficace des soins de santé et des services sociaux ». Concrètement, le ministre Eric Girard attribue 1,8 milliard pour l’accès aux soins et la fluidité dans les hôpitaux, 1,1 milliard pour maintenir la qualité des soins et les services aux aînés et 738 millions aux services sociaux. Ces sommes sont toutes ventilées sur cinq ans. Au total, la croissance des dépenses de programmes pour la Santé et les Services sociaux atteint 5,3 % en 2024-2025.

300 millions

Revenus additionnels, sur cinq ans, que le gouvernement croit obtenir en effectuant deux hausses de la taxe sur les produits du tabac de 2 $ chacune par cartouche de 200 cigarettes, effectives le 13 mars 2024 et le 6 janvier 2025.

La réussite des élèves

Après un automne chaud marqué par une grève historique en éducation et le renouvellement des conventions collectives, Québec prévoit un « relèvement considérable des dépenses » de 818,7 millions sur cinq ans (293 millions en 2024-2025) pour ajouter des investissements dans le soutien à la réussite des élèves (544,5 millions sur cinq ans), dans la rétention et l’attraction du personnel scolaire (113,6 millions sur cinq ans), pour soutenir plusieurs organismes comme le Club des petits déjeuners (60,6 millions sur cinq ans) et pour s’attaquer au problème récurrent de la vétusté des écoles (100 millions d’ici 2028-2029). Au total, la croissance des dépenses de programmes en éducation atteint 7,6 % en 2024-2025.

420 millions

Somme sur cinq ans destinée aux universités et au secteur des études supérieures pour favoriser la réussite et la rétention des étudiants, soutenir les formations jugées « prioritaires », accroître et entretenir les logements étudiants.

La fin de « Roulez vert » en 2027

Les consommateurs de véhicules électriques peuvent encercler le 1er janvier 2027 au calendrier, date à laquelle le gouvernement mettra fin à « Roulez vert ». En vertu de ce programme, qui sert d’incitatif pour électrifier le parc automobile, Québec verse jusqu’à 7000 $ à un acheteur d’un véhicule entièrement électrique jusqu’au 31 décembre prochain. Ce montant sera décroissant ces prochaines années et prendra fin au 1er janvier 2027. En matière de lutte contre les changements climatiques, le ministre Eric Girard prévoit une somme de 128 millions de dollars sur cinq ans (20,8 millions en 2024-2025), incluant 29 millions pour augmenter la capacité de la SOPFEU à combattre les incendies de forêt.

102 millions

Sommes sur cinq ans destinée à améliorer la sécurité des citoyens dans le cadre des changements climatiques, comprenant une enveloppe de 61 millions pour « agir face à la hausse des sinistres majeurs ».

Répartition des dépenses de portefeuilles (en millions de dollars)

  • Santé et Services sociaux : 61 909
  • Éducation et Enseignement supérieur : 33 424
  • Service de la dette : 9 762
  • Famille : 8 498
  • Transports et Mobilité durable : 6 603
  • Emploi et Solidarité sociale : 5 615
  • Conseil du trésor et Administration gouvernementale : 5 275
  • Affaires municipales et Habitation : 5 064
  • Autres : 21 427

Total : 157 577

Résumé

Budget du Québec 2024 Déficit record de 11 milliards à Québec

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Le déficit du Québec explose et fracasse un record : 11 milliards de dollars, presque quatre fois plus que prévu. Le gouvernement Legault repousse le retour à l’équilibre budgétaire dans cinq ans. Il donne un premier coup de balai dans des crédits d’impôt, mais le vrai ménage se fera plus tard, en bonne partie après les élections de 2026.

Publié à 16h16 Mis à jour à 16h24

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Tommy Chouinard
Tommy Chouinard La Presse

Pour sortir du trou, il lance un « examen » complet des « dépenses des ministères et des organismes », mais aussi des « dépenses fiscales liées tant au régime d’imposition des particuliers qu’à celui des sociétés et au régime des taxes à la consommation ».

« Tout est sur la table », a affirmé le ministre des Finances, Eric Girard, en conférence de presse mardi. Il y a deux exceptions. « On vient de baisser les impôts, on ne les remontera pas », a-t-il précisé. Et « je n’annoncerai pas une hausse de la TVQ dans les prochaines années ». Le fruit de cet examen des dépenses sera connu dans un an.

APPEL À TOUS

Ce nouveau budget du ministre Eric Girard répond-il à vos attentes ?

Écrivez-nous

Le gouvernement sort tout de même le couperet dès maintenant. Il annonce des mesures pour « optimiser l’action de l’État » afin de dégager des économies de 2,9 milliards en cinq ans.

Il révise à la baisse les crédits d’impôt soutenant les emplois du secteur des technologies de l’information. Il en abolit un autre destiné aux entreprises pour garder en emploi des travailleurs d’expérience, mesure « qui n’a pas eu les effets attendus ».

Québec demande des « efforts d’optimisation » de 1 milliard en cinq ans aux sociétés du gouvernement (Hydro-Québec, Loto-Québec, la Société des alcools du Québec, la Société québécoise du cannabis et Investissement Québec). Une telle opération avait été prévue lors du premier mandat mais avait été abandonnée en raison de la pandémie.

Le fisc va également resserrer son filet pour recouvrer des sommes dues et lutter contre les crimes économiques. Québec observe une sous-déclaration du prix de vente pour les véhicules usagés de 10 ans ou plus dans le but d’éluder le paiement de la TVQ. Il va prendre les moyens pour récupérer les 60 millions par année qui lui échappent en ce moment.

Il pige dans les poches des fumeurs : la taxe sur le tabac augmente de 2 $ par cartouche de 200 cigarettes dès mercredi et sera haussée du même montant le 6 janvier 2025.

Un record

Malgré ces mesures, Québec prévoit un déficit de 11 milliards en 2024-2025, après le versement au Fonds des générations qui sert à réduire le poids de la dette. Il s’attendait à un trou de 2,9 milliards. Ses dépenses augmentent presque deux fois plus que ses revenus (4,4 % contre 2,4 %).

« Ça pourrait être le déficit le plus élevé en dollars » de l’histoire du Québec, a reconnu Eric Girard en présentant son sixième budget. Il est même plus gros que celui enregistré durant la pandémie de COVID-19 – 10,7 milliards en 2020-2021. En pourcentage du produit intérieur brut (PIB), le déficit était toutefois plus élevé dans les années 1990, a voulu nuancer le grand argentier du gouvernement.

Le déficit de 11 milliards est presque deux fois plus important que celui de l’année qui se terminera le 31 mars (6,3 milliards, en hausse de plus de 2 milliards par rapport aux prévisions de décembre, apprend-on).

10 milliards pour les négos

Pourquoi le déficit gonfle-t-il autant ? Le gouvernement dépense 4 milliards de plus que prévu, notamment en raison des ententes pour renouveler les conventions collectives des employés de l’État. La bonification des salaires (17,4 % en cinq ans) et des conditions de travail contenues dans les ententes déjà conclues et celles à venir lui coûtera 3 milliards par année de plus que ce qu’il avait anticipé.

Québec calcule que les ententes avec le Front commun intersyndical (CSN, FTQ, CSQ et APTS) et la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), de même que celle à venir avec la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), représentent jusqu’à 7 milliards de dollars par année à terme. D’autres groupes – dont les fonctionnaires, les professionnels, les éducatrices en CPE et les médecins – n’ont toujours pas une nouvelle entente. Québec estime que tous les nouveaux contrats de travail lui coûteront au total 10 milliards de dollars, ce qui portera la masse salariale de l’État de 60 à 70 milliards par an à terme.

« On a fait le choix d’investir dans nos ressources humaines. C’est très important pour la pérennité du système de santé public et notre école publique que la qualité et l’accessibilité des services s’améliorent. Alors, oui, ça amène un déficit élevé en 2024-2025 », a plaidé Eric Girard.

Bonne nouvelle pour des rentiers

L’augmentation plus forte qu’anticipé de la population et la hausse des coûts des infrastructures ont aussi creusé le déficit.

Québec ajoute également des nouvelles dépenses de près de 2 milliards avec son budget. La moitié va à l’éducation et à la santé.

« La mesure dont je suis le plus fier, c’est l’élimination à compter du 1er janvier 2025 de la réduction de la rente de retraite pour les aînés de 65 ans et plus en situation d’invalidité », a affirmé Eric Girard. La rente augmentera jusqu’à 3930 $ par année pour les 77 000 personnes âgées concernées.

Le déficit explose également parce que la stagnation de l’économie entraîne une baisse des revenus attendus de 1,6 milliard. Les revenus en provenance des entreprises du gouvernement chutent de 1 milliard, principalement ceux d’Hydro-Québec. Les incendies de forêt ont entraîné une baisse du niveau de ses principaux bassins, ce qui a réduit le volume des exportations.

Report du déficit zéro

Dans ce contexte, le gouvernement Legault change son plan de match : il ne vise plus un retour à l’équilibre budgétaire en 2027-2028. Il repousse l’atteinte du déficit zéro de deux ans, en 2029-2030.

Québec présentera son plan de retour à l’équilibre budgétaire dans un an, à l’occasion du dépôt du prochain budget.

La tâche s’annonce difficile. Les déficits prévus pour les prochaines années vont de 8,5 milliards en 2025-2026 à 4 milliards en 2028-2029, année précédant le retour promis à l’équilibre budgétaire. C’est donc un « déficit structurel » de 4 milliards que le gouvernement devra éliminer.

« Le déficit est gérable, et on va s’en occuper. Je m’y engage personnellement », a affirmé Eric Girard.

Son vaste « examen » des dépenses fiscales et celles des ministères permettra « d’identifier des premières sources d’économies qui traceront la voie vers l’équilibre budgétaire ».

« On va regarder pourquoi ces mesures-là ont été mises, c’est quoi leur efficacité aujourd’hui, est-ce que c’est toujours nécessaire ? », a résumé Eric Girard.

Preuve que les remises en question sont en cours : les rabais à l’achat d’un véhicule électrique – le programme Roulez vert – seront réduits graduellement à compter du 1er janvier pour disparaître en 2027.

Les ministères et les organismes devront se serrer la ceinture dans les prochaines années. La taille de l’État a plutôt grossi sous la gouverne caquiste jusqu’ici : en deux ans, le nombre de fonctionnaires a bondi de 7,6 % pour atteindre 78 456 « équivalents temps complets » (ETC). Le nombre de travailleurs hors de la fonction publique – comme dans les réseaux de la santé et de l’éducation – a augmenté de 1,7 % (493 424 ETC).

Austérité en vue ? « On peut avoir une gestion beaucoup plus efficiente tout en permettant d’assurer les services à la population », a déclaré la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel.

À suivre.

Ça s’est joué en décembre. Les économistes et les experts en finances publiques n’y ont vu que du feu. Mais avec cette entourloupette, le ministre des Finances, Eric Girard, s’est permis de pelleter encore plus loin les problèmes budgétaires du Québec en reportant jusqu’à 2029-2030 le retour à l’équilibre budgétaire.

Résumé

Budget du Québec 2024 L’entourloupette du ministre des Finances

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Le ministre des Finances, Eric Girard, et le premier ministre François Legault


Stéphanie Grammond
Stéphanie Grammond La Presse

Ça s’est joué en décembre. Les économistes et les experts en finances publiques n’y ont vu que du feu. Mais avec cette entourloupette, le ministre des Finances, Eric Girard, s’est permis de pelleter encore plus loin les problèmes budgétaires du Québec en reportant jusqu’à 2029-2030 le retour à l’équilibre budgétaire.

Publié à 1h01 Mis à jour à 5h00

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Et tant pis pour la jeune génération qui paiera la note plus tard. Avec intérêts.

Ça s’est joué lors de la révision de la Loi sur l’équilibre budgétaire, juste avant Noël. Il fallait donner plus de souplesse à cette loi qu’on avait dû suspendre durant la crise du crédit et la pandémie. Lors des périodes de grand stress, il n’était pas facile de respecter l’obligation de revenir à l’équilibre budgétaire en cinq ans.

Sauf qu’en abrogeant l’ancienne loi pour la remplacer par une nouvelle, la Coalition avenir Québec (CAQ) en a subtilement profité pour remettre les compteurs à zéro en s’accordant une nouvelle période de grâce de cinq ans, sans l’ombre d’un débat public. Cela lui donne la latitude pour revenir à l’équilibre budgétaire seulement en 2029-2030.

Rendue là, la province aura été dans le rouge pendant neuf ans. Sur cette période, elle aura accumulé des déficits de 55 milliards. Juste pour cette année, on s’attend à un déficit record de 11 milliards… presque quatre fois plus élevé que ce qui était prévu (3 milliards) dans le budget précédent.

La CAQ ne peut plus rejeter la faute sur la pandémie, qui est derrière. Elle ne peut pas non plus tout mettre sur le dos des incendies de forêt de l’été dernier, du faible niveau d’eau qui a réduit les revenus d’Hydro-Québec ou des conventions collectives avec les employés de l’État, qui coûteront quelque 3 milliards par an.

Il ne faut pas oublier que le gouvernement s’était lié les mains dans le dos, auparavant, en réduisant les impôts des contribuables et en bonifiant le crédit d’impôt aux aînés, ce qui le prive de 3,3 milliards par an. Des baisses d’impôt à crédit qui ont été financées à l’aide du Fonds des générations, faut-il le rappeler.

Ce n’est que l’année prochaine que le ministre Girard présentera son plan de retour à l’équilibre budgétaire. Ce ne sera pas de la tarte.

À la page G7 du budget – la préférée du ministre des Finances, si vous voulez tout savoir –, on trouve deux chiffres cruciaux : la croissance des revenus du gouvernement, qui sera de 3,3 % par année d’ici cinq ans, et la croissance des dépenses, qui sera de 2,9 % sur la même période.

L’écart entre les deux est de 0,4 %. Pour éliminer le déficit structurel, il faudra augmenter ce différentiel à 1,1 %. Ce chiffre peut sembler très abstrait, très mince. Mais pour y arriver, il faudra prendre des décisions douloureuses.

Attendez-vous à des années de vaches maigres, bien loin du discours de la CAQ lors des dernières élections.

D’ailleurs, le ministre des Finances n’a pas voulu réitérer les promesses de baisses d’impôt que la CAQ avait programmées pour les prochaines années.

À la place, la CAQ se fait réaliste et mise sur un judicieux exercice d’optimisation des dépenses gouvernementales et fiscales. Hausser les impôts ou la TVQ n’est pas dans les cartons. Mais déjà, la CAQ modifie les crédits d’impôt aux entreprises et aux particuliers qui ne sont plus efficaces.

Par exemple, Québec rationalise les crédits d’impôt pour les entreprises du secteur des technologies de l’information qui avaient été conçus à l’époque où le taux de chômage était dans le plafond. Aujourd’hui, les entreprises s’arrachent la main-d’œuvre spécialisée, et on peut revoir l’aide sans crainte de les voir déménager hors du Québec.

Pour les particuliers, la CAQ fera disparaître le programme Roulez vert, qui finance l’achat de véhicules électriques, jugeant qu’il y a des mesures plus efficaces pour lutter contre les changements climatiques. La CAQ rehausse aussi la taxe sur les cigarettes.

Fort bien. Mais il faudra aller beaucoup plus loin pour équilibrer les livres. Et le gouvernement hésite encore à donner un vrai coup de barre, par crainte de se faire accuser de pratiquer l’austérité.

Cette année, il a considérablement augmenté les dépenses en santé (+ 4,2 %) et en éducation (+ 9,3 %). Mais cela fait en sorte que plusieurs autres ministères verront leur budget diminuer, notamment ceux des Affaires municipales et de l’Habitation, de la Culture et des Communications, de l’Environnement et des Ressources naturelles…

Il n’y a pas de miracle : l’équilibre budgétaire ne reviendra pas de lui-même. Oui, la CAQ propose des initiatives intéressantes pour améliorer la productivité. Oui, elle réclame davantage de transferts d’Ottawa. Croisons-nous les doigts pour que cela gonfle nos coffres.

Mais dans les prévisions du gouvernement, le gros des nouvelles dépenses se sera réalisé d’ici trois ans, tandis que la plupart des efforts d’optimisation donneront des résultats par la suite. Dépenser maintenant, souffrir plus tard. Plus on attend pour prendre le virage, plus on augmente les risques d’accident de parcours.

Et il n’y aura pas toujours une entourloupette pour repousser les efforts à plus tard.

(Québec) Le ministre des Finances, Eric Girard, minimise les feux jaunes émis par les firmes de notation financière Moody’s et DBRS Morningstar quant à l’ampleur du déficit qu’il a présenté dans son budget mardi. Le Parti libéral du Québec s’en inquiète et craint une augmentation des coûts d’emprunt.

Résumé

Inquiétudes des firmes de notation Girard minimise, le PLQ s’inquiète

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Eric Girard

(Québec) Le ministre des Finances, Eric Girard, minimise les feux jaunes émis par les firmes de notation financière Moody’s et DBRS Morningstar quant à l’ampleur du déficit qu’il a présenté dans son budget mardi. Le Parti libéral du Québec s’en inquiète et craint une augmentation des coûts d’emprunt.

Publié à 10h06 Mis à jour à 11h02

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Tommy Chouinard
Tommy Chouinard La Presse


Fanny Lévesque
Fanny Lévesque La Presse


Martin Vallières
Martin Vallières La Presse

Le gouvernement Legault anticipe un déficit record de 11 milliards pour l’exercice budgétaire 2024-2025, soit presque fois plus que son estimation antérieure de 3 milliards et près de deux fois plus que les déficits moyens de 6 milliards des deux années précédentes. Le premier ministre François Legault a déclaré mercredi et a réitéré jeudi que ce déficit est « raisonnable ».

Or, au lendemain du dépôt du budget, les analystes de la firme Moody’s ont produit un rapport préliminaire qui accorde un premier avis « négatif » au sujet de la notation de crédit du gouvernement du Québec. L’avis des agences est déterminant pour l’évolution des coûts d’emprunt du gouvernement.

« Il n’y a eu aucune indication que la cote (de crédit du Québec) changeait », a réagi le grand argentier du gouvernement lors d’une mêlée de presse jeudi. « Ils disent qu’un déficit de 11 milliards, c’est un élément négatif pour le crédit du Québec. Ils ne disent pas qu’ils sont négatifs sur la cote de crédit du Québec. »

« Ces agences émettent toujours des communiqués après un budget, c’est leur pratique normale, a ajouté Eric Girard. Il n’y a absolument personne qui prétend qu’un déficit de 1,5 % du PIB, c’est positif. Ni moi, ni personne. Et ce que les agences ont dit, c’est qu’un déficit élevé, ce n’est pas positif. Mais elles ont rappelé que le Québec a des cibles de dette à long terme, que le Québec a réitéré son engagement de revenir à l’équilibre budgétaire et que l’économique du Québec est diversifiée. »

Selon le rapport de Moody’s, « la baisse des résultats budgétaires est un constat négatif de crédit [credit negative] qui met en évidence les pressions auxquelles le gouvernement du Québec fait face tant sur les revenus que sur les dépenses. […] Ces pressions budgétaires sont telles que la province est limitée dans ses capacités d’utiliser la flexibilité fiscale [hausses de taxes et d’impôts, réductions de dépenses] que nous attribuons habituellement aux provinces canadiennes. »

Chez la firme DBRS Morningstar, on note que « les perspectives financières [du gouvernement du Québec] se sont clairement détériorées, reflétant une économie provinciale stagnante, des augmentations de salaire plus élevées que prévu dans le secteur public et une baisse des revenus d’Hydro-Québec. À moyen terme, ces perspectives moroses pourraient affecter l’évolution des notations de crédit » du gouvernement provincial.

Eric Girard a rappelé que ces avis préliminaires ne représentent pas l’équivalent d’une révision ou d’une baisse de la cote de crédit par les firmes. « Avant qu’il y ait une modification de cote, il y aurait un avis, on appelle ça en anglais un negative outlook (perspective négative, NDLR), il n’y avait pas ça dans les communiqués. Ce que disent les agences, c’est qu’un déficit de cette ampleur n’est pas un élément positif du point de vue du crédit du Québec. »

Pour le PLQ, « c’est important que la CAQ se ressaisisse ». « C’est pour tous les Québécois, aujourd’hui, ça va coûter plus cher, emprunter », a même lancé le porte-parole libéral en matière de finances, Fred Beauchemin. « Ce matin, on a eu des mises en garde de Moody’s et DBRS sur les finances publiques du Québec : déficit record, pas de plan de retour à l’équilibre budgétaire en sont la cause. Dans le monde obligataire, mardi, après le budget, le coût d’emprunt relatif du Québec a augmenté. Hier, après la conférence du premier ministre, le coût d’emprunt s’est encore plus détérioré », a énuméré M. Beauchemin.

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Eric Girard a plutôt déclaré que le signal des marchés a été positif. « Hier, nous avons fait une émission dans le marché canadien. L’émission a été bien reçue, ça a été vendu, les investisseurs étaient au rendez-vous et ont pris acte de ces notes des agences de notation », a-t-il affirmé.

Les libéraux considèrent que les avis préliminaires des agences sont « avertissement solide » pour le gouvernement Legault. « Ça veut dire que plusieurs personnes regardent le marché obligataire du Québec et se posent à la question à savoir s’il va y avoir un nouveau programme d’émissions obligataires », a expliqué M. Beauchemin. Ce scénario, s’il se concrétise, fera augmenter les coûts d’emprunt pour le Québec.

« Dans le marché obligataire, tout se tient ensemble […] tout le monde va avoir à payer plus cher pour emprunter à la banque », a-t-il prévenu. M. Beauchemin a par ailleurs remis en doute la « crédibilité » du ministre des Finances, Eric Girard, qui s’est « trompé » à plus d’une reprise au cours des dernières années, selon lui.

Le PQ relativise

Pour sa part, le Parti québécois a affirmé que la situation financière du Québec n’est pas « castastrophique » et qu’il faut être prudent quant au message que doit envoyer le gouvernement.

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« Comme politicien, au Québec, peu importe le parti auquel on appartient, il faut faire attention à cette question-là, de la décote et des risques », a soutenu le député péquiste Pascal Paradis.

« Il ne faut pas entretenir cette vision-là que le Québec est dans une situation risquée. Il ne faut pas entretenir ce discours-là. Quand on regarde le ratio de la dette par rapport au PIB, déficit par rapport au PIB, le Québec est encore dans une situation qui le place assez avantageusement par rapport à toutes sortes de pays occidentaux, notamment en Europe », a-t-il ajouté.

Selon le PQ, le gouvernement place le Québec dans une situation « plus difficile à cause des choix qu’il a effectués », le manque de planification et les « coûts du fédéralisme ».

L’évènement avait marqué les esprits, en 2019. Pour la première fois de l’histoire moderne, le Québec devenait moins endetté que l’Ontario, signe de notre rattrapage face à notre concurrent de toujours(1).

Publié à 0h47 Mis à jour à 6h30

Or voilà, les finances bancales du Québec, jumelées à un assainissement de la situation en Ontario, ramènent le Québec derrière notre voisin cette année. Ce retour en arrière ne devrait pas plaire à François Legault, dont l’objectif est de rattraper la richesse ontarienne, pas l’inverse.

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Le Québec redevient plus endetté que l’Ontario

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Dans le budget présenté mardi, donc, il est indiqué que la dette du Québec atteindra 39 % de notre produit intérieur brut (PIB) au 31 mars 2024, soit un point au-dessus de l’Ontario (38 %).


Francis Vailles
Francis Vailles La Presse

L’évènement avait marqué les esprits, en 2019. Pour la première fois de l’histoire moderne, le Québec devenait moins endetté que l’Ontario, signe de notre rattrapage face à notre concurrent de toujours(1).

Publié à 0h47 Mis à jour à 6h30

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Or voilà, les finances bancales du Québec, jumelées à un assainissement de la situation en Ontario, ramènent le Québec derrière notre voisin cette année. Ce retour en arrière ne devrait pas plaire à François Legault, dont l’objectif est de rattraper la richesse ontarienne, pas l’inverse.

Dans le budget présenté mardi, donc, il est indiqué que la dette du Québec atteindra 39 % de notre produit intérieur brut (PIB) au 31 mars 2024, soit un point au-dessus de l’Ontario (38 %). À pareille date l’an dernier, le Québec était à égalité avec l’Ontario, à 38,3 %, et précédemment, nous étions sous l’Ontario(2).

Bref, 2024 restera dans l’histoire comme l’année où le Québec est redevenu plus endetté que son voisin. Et selon les prévisions, ça ne changera pas de sitôt, puisque la dette du Québec (en pourcentage du PIB) continuera d’augmenter avant de redescendre, alors que celle de l’Ontario reculera davantage au cours des prochaines années(3).

En valeur absolue, la dette nette du Québec atteindra 226 milliards au 31 mars 2024, en hausse de 15 milliards par rapport à l’année précédente. Cette hausse s’explique par le déficit et les investissements nets dans les infrastructures, notamment.

La santé financière d’une province a des effets bien concrets. Elle lui permet de se financer à meilleurs taux auprès des prêteurs.

Cette année, le Québec est encore parvenu à obtenir un taux très légèrement plus bas que celui de l’Ontario (1 point de base, ou 0,01 %), mais cet écart était de 5 points de base en 2022 et il a toujours été favorable au Québec depuis l’été 2017. Au rythme où vont les choses, une inversion favorisant l’Ontario est à prévoir.

Il faut dire que la province de Doug Ford a séduit les agences de notation de crédit depuis deux ans.

Certes, l’Ontario a encore une cote de crédit légèrement moins favorable que celle du Québec chez Moody’s et Standard & Poor’s. Cette cote de la dette à long terme chez Standard & Poor’s est de A+ pour l’Ontario et de AA- pour le Québec(4).

Mais les choses changent, tranquillement. Et avec son redressement financier, l’Ontario est parvenu à se faire accoler une perspective positive à sa cote de crédit chez les deux agences, et la prochaine étape la ferait augmenter à AA-, comme le Québec.

Le Québec vit une situation inverse, en quelque sorte. Mercredi, les agences Moody’s et DBRS Morningstar n’ont pas aimé le déficit du Québec dévoilé mardi pour l’année 2024-2025, de 11 milliards, comme le rapportait mon collègue Martin Vallières(5).

Sans accoler une perspective négative à la cote du Québec, les analystes de Moody’s écrivent que « la baisse des résultats budgétaires est un constat négatif de crédit ».

Le Fonds des générations à la rescousse

Le niveau élevé des emprunts du Québec n’est pas sans conséquence. Le budget nous apprend que le gouvernement doit puiser 9,4 milliards de dollars sur trois ans dans le Fonds des générations pour réduire ses programmes d’emprunts.

Le recours au Fonds sera particulièrement élevé au cours de la prochaine année (4,4 milliards en 2024-2025). La ponction sera de 2,5 milliards l’an prochain (2025-2026), autant qu’en 2023-2024. C’est comme si Québec pigeait dans ses revenus courants pour rembourser directement sa dette plutôt que de faire des versements au Fonds des générations(6).

De tels prélèvements sont exceptionnels, quoique pas nécessairement contre-indiqués. Certains jugent qu’il est même préférable de rembourser directement la dette plutôt que d’engraisser le Fonds, ce qui est moins risqué, d’autant plus en cette période de taux d’emprunt élevés.

Il reste que le Québec se prive ainsi des rendements du Fonds pour cet argent. En 2023, le Fonds, géré par la Caisse de dépôt et placement, a obtenu un rendement de 9,3 %, ce qui est nettement supérieur au coût des nouveaux emprunts du gouvernement (4,1 %). Et depuis 17 ans, la moyenne des rendements a été de 5,6 %, soit 2,4 points de plus que le coût des fonds sur la période.

Ce que j’en pense ? L’endettement moindre n’est pas une fin en soi. Il est possible d’avoir une dette raisonnable ET des services publics nombreux et adéquats.

De plus, le Québec possède un actif admirable en Hydro-Québec que n’ont pas les autres provinces. Cet actif pourrait réduire notre dette nette si on utilisait la valeur marchande d’Hydro-Québec plutôt que sa valeur comptable.

Autre élément : notre endettement est loin d’être inquiétant comme il y a 10 ans, alors que notre dette nette atteignait un sommet de 53,9 % du PIB. Enfin, le gouvernement caquiste dit avoir la ferme intention d’atteindre sa cible d’endettement plus faible de 32,5 % du PIB dans 15 ans.

N’empêche. À 39 % de son PIB, le Québec a aujourd’hui la deuxième dette nette la plus élevée des provinces, après Terre-Neuve-et-Labrador (44,3 % de son PIB). Le taux du Québec est 10 points au-dessus de la moyenne pondérée des 10 provinces (29,9 % de leur PIB).

Cet endettement plus lourd exige un redressement avant que la situation ne s’empire et n’affecte nos services publics.

  1. Et quand je parle de l’histoire moderne, je parle d’une époque qui remonte pratiquement à Maurice Duplessis, à la fin des années 1950.

  2. En fait, après être tombée sous l’Ontario en 2019, la dette nette du Québec a été redressée pour des questions comptables techniques, si bien que c’est en 2022, avec cette nouvelle définition, que le Québec est retombé sous l’Ontario.

  3. Les chiffres de l’Ontario pourraient changer selon le budget qui sera déposé prochainement. Les données du texte sont basées sur l’analyse du 13 février du Bureau de la responsabilité de l’Ontario de février 2024.

Consultez les perspectives économiques de l’hiver 2024 en Ontario

  1. C’est en 2016 que l’Ontario a vu sa cote reculer derrière celle du Québec sous le mandat de l’ex-première ministre libérale Kathleen Wynne après des années de très gros déficits.

Lisez « Un revirement financier historique Québec-Ontario » 5. Lisez « Des firmes de notation financière s’inquiètent du déficit budgétaire du Québec »

  1. Le gouvernement a même dû vider les deux tiers du Fonds d’information sur le territoire (registre foncier), y puisant 400 millions pour soulager les besoins d’emprunts.

Précision

Dans ma chronique du jeudi 14 mars, une erreur d’édition a fait dire à la 2e note au bas du texte que la hausse annuelle composée des ententes salariales donnait 8,8 % pour l’année débutant le 1er avril 2024 (6 % pour 2023 et 2,8 % pour 2024). Il aurait plutôt fallu lire 9 %, avec l’effet composé, comme le précisait le texte de la chronique qui renvoyait à la note.

Je trouve les québecois un peu ingrats comme électorat. Après le magnifique travail de Carlos Leitão, qui a réduit la croissance des dépenses, tout ce dont on parlait c’était l’horrible AUSTÉRITÉ libérale. Tout le monde s’en foutait du travail qui a été fait pour avoir des finances saines et arrêter enfin de constamment dépenser au dessus de nos moyens. Libérez nous des libéraux ça disait.

Là la CAQ vient de tout gacher avec un gros déficit. Et les gens se plaignent encore ? Alors que c’étaient les mêmes qui minimisaient le gros travail du gouvernement précédent. Qu’est ce qu’on veut à la fin ? J’ai envie de dire que l’on a un peu ce qu’on mérite sur ce coup. Méchant je sais. Mais bon ils vont sortir l’épouvantail des immigrants ou du français et direct les gens vont oublier. Ça marche à tous les coups ça.

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