Relié à la politique, mais d’un point de vue historique:
L’objectif d’augmenter les taux de participation est louable, mais quelle mauvaise idée. Le vote électronique n’est pas sécuritaire et c’est une erreur monumentale d’en faire usage pour le mécanisme le plus critique de notre gouvernement.
Cette vidéo de Tom Scott résume bien les problèmes:
S’ils voulaient vraiment augmenter le taux de participation, ils mettraient en place un système de représentation proportionnel…
Assez sure que le vote en ligne c’est uniquement pour sauver de l’argent.
Ça sauve de l’argent sur le long terme, mais la première élection sous ce mode ne serait pas nécessairement économique, vu les coûts d’implantation, de test, la surveillance accrue lors des premières utilisations et l’inévitable audit qui suivrait…
Dans un monde où la confiance envers les institutions est à la baisse, je suis plus un partisan du vote en personne, sur papier, avec des mesures d’accessibilités telles qu’une plus grande période de vote, une augmentation du vote itinérant (genre aller dans les CHSLD, les hôpitaux, les écoles, etc.) et la possibilité de voter n’importe où.
Sauvez de l’argent ? Il n’y a absolument aucun projet d’informatisation des systèmes gouvernementaux qui s’est passé correctement, sans complètement défoncer les budgets ou pleins de bogues ! Sans compter la possibilité de fraude !
Les seuls qui vont se réjouir et sauver possiblement de l’argent, ce sont les employeurs qui pourront demander le retrait de l’obligation de libération pour aller voter.
Vous y allez un peu fort… Il y a plein d’exemples de projets gouvernementaux en SIO qui se sont bien passés, on en entend juste pas parler… Les médias préfèrent bien plus parler de choses comme SAAQclic parce que ça vend plus de papier (numérique).
La plupart du Plan d’Action Numérique en Éducation et en Enseignement Supérieur en est un bon exemple, presque toutes les mesures de ce plan ont été implantées depuis 2017 sans trop trop de problèmes, incluant des trucs majeurs comme le SAFIRH, le système financier/RH du réseau de l’enseignement supérieur.
Je ne dis pas que le gouvernement n’a pas de problèmes dans ses projets d’implantation, mais ce n’est pas non plus une catastrophe. Vous seriez surpris du nombre d’entreprise qui perdent des millions de dollars dans des projets TI pour lesquels elles sont mal préparées ou mal conseillées… Le gros défi dans un contexte gouvernemental c’est la lourdeur de l’appareil de prise de décision et l’impact démesuré d’un bris de service comparé à une entreprise privée.
On parle quand même d’un projet de très grande envergure où il ne faut absolument aucun problème !! Si on peut aller au comptoir quand même quand SAAQclic ne marche pas, il en est tout autrement pour le vote !!
Et j’en reviens au problème principal, il faut aussi un moyen infaillible pour identifier l’électeur. Désolé, mais ça c’est impossible !
C’est sans aucun doute dans l’air du temps de chercher à sauver de l’argent et du temps avec des solutions informatiques. Moi-même j’en fais ma carrière depuis plusieurs années. Notre système actuel pourrait sembler anachronistique pour certains, mais il y a de très bonnes raisons de ne pas procéder avec une solution technologique.
La sécurité informatique, particulièrement dans un contexte réseauté, est une cible en mouvement constant. Pour qu’un système soit véritablement sécuritaire, il faut non seulement faire confiance à l’intégralité des logiciels installés sur le serveur gouvernemental, mais aussi au matériel physique du serveur lui-même. Un système qui était sécuritaire en 2025 ne le sera pas forcément en 2030. Du côté d’Élections Québec, rien de moins qu’une vigie constante par des gens hautement spécialisés et compétents serait nécessaire pour s’assurer que le système est sécuritaire.
Je rappelle que ce n’est pas si loin dans le passé qu’on a eu Log4j, une vulnérabilité qui a causé la fermeture soudaine d’une panoplie de services en ligne gouvernementaux. Quel est le plan si une telle vulnérabilité est exposée pendant la tenue d’une élection? Ou pire, qu’une telle vulnérabilité existe et est exploitée par un mauvais acteur sans notre connaissance?
De plus, pour un vote en ligne, il faut non seulement faire confiance à la sécurité du serveur géré par le gouvernement, mais aussi aux appareils utilisés par les électeurs; si ceux-ci sont compromis, on ne peut nullement faire confiance que l’intention de vote transmise au gouvernement est réellement celle de l’électeur. Pour ne prendre qu’un exemple, il existe une panoplie d’extensions de navigateur web (Adblockers, etc) qui ont les permissions de lire et modifier les données de site web et qui sont installées sur des millions de navigateurs. Il suffit qu’un développeur mal intentionné injecte du code dans une de ces extensions pour potentiellement annuler ou modifier le vote d’un individu sans leur connaissance. De tenir une élection qui passe par les appareils informatiques du grand public, c’est implicitement de faire confiance à une panoplie d’intérêts privés qui contrôlent et produisent les logiciels et le matériel pour ceux-ci.
Il y a également un risque de compromettre une élection via une attaque sociale plutôt qu’informatique; par exemple une campagne de désinformation qui dirige les électeurs vers un faux site qui prétend enregistrer leur vote.
Bref, les angles d’attaque pour compromettre une élection tenue en ligne sont trop multiples pour que j’aie confiance en ce genre de processus. Peut-être qu’il y aura un avenir où la technologie aura évolué suffisamment pour que ce soit envisageable, mais on n’est pas du tout rendu là.
C’est pas très compliqué, en terme d’implantation de système, si on veut que 100% des processus de production fonctionnent sans problème, il faut tester tester tester… Ça se fait déjà, mais ça coûte extrêmement cher. Le vrai problème de SAAQclic, ça a été une mauvaise gestion des délais de cutover (le go live a été repoussé de 2 semaines sans aucun changement au plan de déploiement…) et surtout une très mauvaise préparation aux problèmes qui ont suivis…
En fait vous faites allusion à la seule chose que je trouverais légitime d’informatiser, à savoir le processus d’authentification des électeurs dans les bureaux de vote… Aux dernières élections plein de gens ont été capable de voter plusieurs fois en se présentant à des bureaux de vote différents, parce que l’identification et l’enregistrement se font sous papier…
Sans aller jusqu’au vote en ligne, il existe une panoplie de solutions qui peuvent rendre nos élections plus efficaces et mieux gérées. On peut sauver beaucoup d’argent sans toucher au processus de vote lui même.
Il n’a toujours pas trouvé sa boussole…
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE
Le premier ministre François Legault
Michel C. Auger Collaboration spéciale
En arrivant à son caucus, la semaine dernière, le premier ministre François Legault a demandé à ses députés de se « recentrer » sur les cinq priorités de son parti depuis sa fondation : éducation, économie, santé, environnement et protection de notre identité.
Publié à 1h10 Mis à jour à 6h00
Question : y a-t-il quelque chose que fait le gouvernement du Québec qui n’entre pas directement ou indirectement sous l’une ou l’autre de ces têtes de chapitre ? Or, en politique, quand tout est une priorité, rien n’est une priorité.
M. Legault avait quitté l’Assemblée nationale en décembre en demandant au père Noël de lui donner une boussole. De toute évidence, il ne l’a pas encore trouvée.
En tout cas, pas ce type de boussole qui permet de donner des priorités précises à un gouvernement. Celui-ci n’est que dans la deuxième année de son mandat, mais il donne bien davantage l’impression de chercher son souffle que d’avoir une feuille de route précise.
D’autant que les finances publiques ne vont pas bien. Les négociations du secteur public ont coûté plus cher que prévu et il faudra donc emprunter davantage, a déjà expliqué le ministre des Finances, Eric Girard.
Le premier ministre a promis à Sherbrooke qu’il y aurait de la rigueur budgétaire, mais pas d’austérité. Il devrait parler à son prédécesseur. Philippe Couillard parlait toujours de rigueur, mais c’est le mot « austérité » qui s’est tout de même imposé. Il ne faudra pas beaucoup de compressions dans les services à la population pour que la chose se reproduise.
Cela dit, certaines priorités s’imposent d’elles-mêmes, et si le gouvernement Legault veut se donner un nouveau départ, il devrait déjà savoir qu’il y a des dossiers majeurs qui sont loin d’être réglés.
D’abord, quoi qu’on puisse en penser, les négociations du secteur public ne sont pas terminées. Il n’y a pas d’entente avec les infirmières et, en éducation, il n’est pas du tout certain que l’entente conclue à la table sera ratifiée quand tout le monde se sera prononcé.
Le gouvernement a cru qu’il pourrait pas mal tout régler en mettant un peu plus d’argent sur la table, mais plusieurs syndicats ont rejeté cette approche.
L’enjeu majeur demeure les conditions de travail, et l’insatisfaction des syndiqués est manifeste, ce qui explique la difficulté de faire ratifier les nouvelles conventions collectives.
« Ce n’est pas vrai que l’ensemble des problèmes se monnaient. Au contraire. Il faut que ce soit des conditions de travail qui, à moyen et long terme, viennent faire toute la différence dans le réseau public de la santé », rappelait récemment Julie Bouchard, la présidente de la FIQ. De toute évidence, le gouvernement n’a pas la même vision des choses.
La crise du logement devrait aussi être une priorité du gouvernement. Mais la faiblesse de la ministre responsable n’inspire pas la plus grande confiance. C’est une crise qui, pourtant, touche l’ensemble du Québec, de la métropole aux plus petites villes en région.
Le gouvernement Legault a créé le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ) il y a deux ans.
Mais selon la Société d’habitation du Québec, seulement 46 logements financés par le PHAQ sont actuellement « en réalisation » et aucun n’est en exploitation.
Pour donner une idée de l’ordre de grandeur du problème, prenons l’exemple de la ville de Québec. L’administration du maire Bruno Marchand voudrait doubler les mises en chantier pour répondre à la demande, à raison de 5000 nouvelles unités par année pour les trois prochaines années.
On ne s’étonnera pas que, le mois dernier, quand la ministre France-Élaine Duranceau a annoncé la construction de 1000 nouveaux logements sociaux subventionnés, la réaction des groupes intéressés par les questions du logement ait été loin d’être joyeuse.
Mais en plus de ces deux urgences à régler, il faudra surveiller les effets à long terme des changements de structure qui ont été adoptés à la fin de la dernière session en éducation et en santé.
Dans les deux cas, il s’agissait essentiellement d’un exercice de concentration des pouvoirs entre les mains du ministre, dans le cas de l’éducation, et du nouveau « top gun » dans celui de l’agence Santé Québec.
Sauf que la centralisation des pouvoirs n’est pas nécessairement un gage d’efficacité et de meilleure gestion. Même que l’histoire tendrait plutôt à nous démontrer le contraire.
Mais, il faut donner la chance au coureur et se dire que, tout de même, voici un effort pour trouver des solutions à long terme à des problèmes récurrents.
Parce que si le premier ministre Legault finit par trouver sa boussole, elle devrait lui indiquer qu’il lui faut travailler sur le long terme et éviter les solutions cosmétiques, et les exercices de relations publiques, comme il l’a fait trop souvent, en particulier dans le dossier linguistique.
M. Legault a encore près de trois ans avant les prochaines élections et une super-majorité à l’Assemblée nationale. Ce serait dommage de continuer de gaspiller un tel mandat.
N’est pas Jacques Parizeau qui veut
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE
Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon
Régis Labeaume Maire de la Ville de Québec de 2007 à 2021, collaboration spéciale
Il y a de quoi s’ennuyer de la science de Jacques Parizeau quand on constate la position actuelle du chef du Parti québécois, qui souhaiterait créer une nouvelle monnaie nationale dans un Québec souverain.
Publié à 0h49 Mis à jour à 7h00
Le Parti québécois mène actuellement dans les sondages, devenant ainsi le premier parti à faire bouger les aiguilles politiques au Québec depuis cinq ans. On ne s’en plaindra pas.
En corollaire, cette ascension exige de tomographier les intentions du parti et de son chef. C’est le tribut du succès.
Cela a été dit et écrit, le chef du PQ ne cache pas son jeu quant à l’indépendance, jusqu’à maintenant. Il a compris qu’il devait impérativement récupérer la clientèle souverainiste pour que son parti survive.
Mais PSPP vit dangereusement. Si courir après le trouble veut dire quelque chose, ça doit ressembler à ça : vouloir créer une nouvelle devise québécoise, en même temps qu’un nouveau pays, au XXIe siècle, en Amérique du Nord.
L’automne dernier, quand on lui a rappelé que René Lévesque et Jacques Parizeau ont toujours refusé d’abandonner le dollar canadien dans un Québec souverain, il a déclaré que cela n’avait rien à voir, que le contexte économique n’était plus du tout le même, parce que nous serions dans une économie standardisée à l’échelle internationale.
PHOTO ROBERT NADON, ARCHIVES LA PRESSE
Jacques Parizeau, en 1995, année du deuxième référendum sur la souveraineté du Québec
Je m’imagine « Monsieur », comme on appelait Jacques Parizeau, à l’époque, entendre cela et expliquer les mystères de la vie à l’inconvenant. Et Monsieur l’aurait fait « les deux doigts dans le nez », une de ses expressions alors qu’il était ministre omnipotent des Finances à Québec.
PSPP parle d’une économie qui se serait métamorphosée en moins de 30 ans. La belle affaire ! Évidemment, en 1996, c’était au siècle dernier, l’économie de charrette de ce temps-là, c’est la préhistoire. Le XXIe siècle, les petits pères, arrivez en ville ! On fait maintenant dans le transnational, tout est interrelié.
OK, mais pourquoi on deviendrait souverain alors ?
Pour des raisons culturelles ?
Ben oui, c’est comme ça que je l’ai toujours compris : la langue, la culture, et tout et tout !
Alors répétez-le, et cessez de nous faire croire que notre économie va swinger la bacaisse dans l’fond d’la boîte à bois, et stratosphérer dans l’heure suivant la déclaration d’indépendance !
Les ténors de la souveraineté se sont toujours dits en faveur de conserver le dollar canadien dans un Québec indépendant lors des deux référendums au Québec sur la question.
En tout cas, moi, j’ai voté deux fois « oui » sur cette base-là.
Heureusement, PSPP a semblé plus ouvert à la fin de la dernière session parlementaire, en expliquant qu’il demeurait ouvert au dollar canadien et que la réflexion se continuait jusqu’à la production d’un livre bleu, sur lequel voteront les instances du Parti québécois en 2025.
Souvenons-nous qu’une monnaie est fondamentalement un vecteur de l’expression de confiance en un système politique et économique. On ne peut pas décider de créer une nouvelle monnaie comme on commande un extra fromage sur une pizza.
Vous me parlerez d’une autre nouvelle monnaie, l’euro…
Absolument, mais après un processus qui a duré des années, 11 pays l’ont utilisé lors de sa création. Une vingtaine le font actuellement, avec plus de 300 millions d’utilisateurs, 20 ans plus tard, dans une Europe presque unifiée monétairement, avec quelques exceptions.
Mais la zone euro n’a pas été exempte de crises sérieuses pendant ces 20 ans. La Banque centrale européenne est venue plusieurs fois à sa rescousse. Rappelons-nous seulement la crise de la dette publique grecque.
On utilise souvent l’exemple de la Suède et de sa monnaie, la couronne. La petite différence est qu’elle a un historique plus que centenaire, qu’elle est bien ancrée dans l’économie mondiale, dans un pays avec une balance commerciale excédentaire.
Alors qu’un nouvel étalon monétaire québécois serait aujourd’hui utilisé par un État de 9 millions de personnes et compétitionnerait avec les dollars de nos voisins canadiens et américains, dans un nouveau pays qui importe plus qu’il exporte.
Nuances.
Et comprenez-moi bien, cela n’a rien à voir avec ma confiance dans notre économie et le Québec. C’est juste que je préfère l’expertise de Jacques Parizeau à celle de PSPP dans le domaine.
Je ne crois pas que le peuple aurait le goût d’angoisser sur le sort de sa nouvelle devise sur les marchés, avec des spéculateurs qui salivent à la vue d’un nouveau joujou monétaire à faire pirouetter pour s’emplir les poches. Ces traders internationaux n’ont aucune pitié ; le temps d’un dodo et ça peut être la catastrophe au réveil.
Et je doute que la Caisse de dépôt et placement aurait le goût de trop investir nos économies pour soutenir la devise fleurdelysée sur ces marchés. Et il ne faudrait pas s’attendre à ce que la Banque Royale du Canada le fasse à sa place.
Le PQ fera bien ce qu’il veut, mais il sera très facile pour ses adversaires politiques de faire la peau à cette idée de monnaie québécoise : a walk in the park.
Le PQ se ramasserait Gros-Jean comme devant dans un éventuel référendum, parce que ça déchanterait solide dans la population.
Je pense que soumis de cette façon à la population, le projet de souveraineté est appelé à foirer lamentablement et qu’on ne lui aura jamais fait aussi mal !
Bravo, champions !
Ça change vite dans les sondages
Espérons que la CAQ n’utilise pas ces résultats pour faire d’autres annonces bizarres pour essayer de remonter dans les sondages.
Budget du Québec La mission impossible d’Eric Girard
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE
Le ministre des Finances, Eric Girard
« Votre mission, à supposer que vous l’acceptiez, consiste à équilibrer le budget du Québec d’ici cinq ans, en ramenant les dépenses à leur niveau prépandémique, tout en assurant des services adéquats en santé et en éducation. Cette bande s’autodétruira dans cinq secondes. Bonne chance. »
Publié à 1h16 Mis à jour à 5h00
On imagine facilement Eric Girard dans un scénario de Mission impossible, à voir les défis que le ministre des Finances s’est lancés en vue du budget qu’il déposera d’ici quelques semaines.
C’est comme s’il voulait faire entrer un triangle dans un cercle.
Pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir, la Coalition avenir Québec (CAQ) fait face à des choix budgétaires très difficiles. Des choix qui feront d’autant plus mal que la CAQ n’a pas préparé la population aux temps durs, bien au contraire.
L’an dernier encore, alors que ses revenus étaient gonflés par l’inflation, la CAQ a offert une généreuse baisse d’impôts permanente. Il était pourtant clair que l’inflation reviendrait comme un boomerang, lorsque les employés de l’État réclameraient des augmentations de salaire, faisant grimper les dépenses du gouvernement.
Le ministre des Finances n’aura pas le choix d’adapter son scénario, déjà très serré.
Dans sa dernière mise à jour économique, présentée en novembre dernier, il tablait sur une croissance des dépenses de portefeuille de seulement 1,6 % l’an prochain, un niveau inférieur à l’inflation.
Un effort de rigueur est bienvenu, car la CAQ a été tellement dépensière depuis cinq ans que le niveau de dépenses par habitant n’a jamais été aussi élevé au Québec depuis 30 ans, si on exclut l’année de la pandémie, constate l’Association des économistes québécois (ASDEQ)1.
Mais pour limiter la croissance à 1,6 % l’an prochain, sans nuire à la santé et à l’éducation, la CAQ a l’intention de réduire de 2,4 % toutes les autres dépenses. Imaginez le défi : la liste d’attente ne cesse de s’allonger pour les garderies ; la justice débordée remet en liberté des gens accusés de crimes graves ; les routes et les écoles tombent en ruine…
Or, les choix seront encore plus douloureux que prévu en novembre dernier. D’abord parce que l’économie tournera plus lentement, si on se fie aux récentes prévisions de Desjardins et de la Banque Nationale.
Et ensuite parce que les ententes pour le renouvellement des conventions collectives coûteront, à terme, 2,9 milliards de plus par année que prévu, selon la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke2.
La CAQ voudra-t-elle se serrer la ceinture encore plus ? Il y aura de la rigueur, mais « pas d’austérité », jurait il y a quelques jours le premier ministre François Legault. On aurait cru qu’il jouait dans le même film que son prédécesseur Philippe Couillard !
Pour se donner de l’air, Eric Girard a plutôt averti que les « déficits vont être plus importants », ouvrant la porte à un report du retour à l’équilibre budgétaire prévu pour 2027-2028, après sept années dans le rouge.
Mais en agissant ainsi, la CAQ transgresserait les lois sur l’assainissement de nos finances publiques qui ont été modernisées en décembre dernier. Cela entacherait la crédibilité du Québec sur les marchés financiers, ce qui pourrait finir par nous coûter plus cher en intérêts.
Et fondamentalement, si on reporte davantage le retour à l’équilibre budgétaire, on se retrouve à pelleter nos problèmes sur le dos des générations futures, alors que l’équité intergénérationnelle est déjà mise à mal.
N’oublions pas que les baisses d’impôt accordées l’an dernier, à crédit, ont été financées en réduisant les versements au Fonds des générations, reportant ainsi de cinq ans l’objectif de réduire la dette nette à 30 % du PIB (soit en 2037 plutôt qu’en 2032).
N’oublions pas non plus que nos infrastructures souffrent d’un manque d’entretien chronique. Les remettre à niveau coûterait 35 milliards de dollars, un montant qui a doublé en six ans. C’est un autre fardeau qu’on laisse aux jeunes qui auront aussi à composer avec les coûts des changements climatiques et du vieillissement de la population.
Au nom des jeunes qui en ont bavé à cause de la pandémie, il faut garder le cap sur le retour à l’équilibre budgétaire. Non, ce ne sera pas facile. Mais soyons transparents et misons sur la productivité.
Côté transparence, Québec pourrait s’engager à fournir périodiquement un rapport sur l’équité intergénérationnelle, comme en Australie3. Ce serait un mandat taillé sur mesure pour un futur directeur parlementaire du budget qui veillerait à la soutenabilité budgétaire de la province à long terme. François Legault en parlait il y a 10 ans sur les banquettes de l’opposition. Go !
Côté productivité, il serait temps de faire le ménage dans notre fiscalité. Pourquoi ne pas revoir les coûteux programmes d’aide aux entreprises conçus à l’époque où l’on voulait créer des emplois ? Aujourd’hui, on manque de travailleurs, pas d’emplois ! L’argent pourrait être redéployé pour mieux favoriser l’innovation. Ultimement, cela permettrait d’augmenter nos revenus… et de mieux faire face aux défis de nos finances publiques.
Mais tout cela prendra du temps. D’ici là, il faudra du courage politique à la CAQ pour accomplir sa mission. Bonne chance.
1. Consultez l’avis du Comité des politiques publiques de l’ASDEQ
Après un premier mandat la CAQ a démontré qu’elle était allé au bout de sa courte vision et que sa réélection la présente dorénavant comme un gouvernement déjà usé par le pouvoir.
La CAQ joue-t-elle dans la ligue d’impro ?
PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE
Le premier ministre François Legault, jeudi
Le truc quand on marche avec un café trop plein dans nos mains, c’est de regarder au loin plutôt que de fixer le liquide bouillant qui menace de nous brûler les doigts.
Publié hier à 19h00
Regarder au loin. Marcher droit, malgré les obstacles. C’est cette vision assumée et inspirante qu’on attend d’un bon leader, qu’il soit chef d’entreprise ou chef d’État. Et c’est ce qui fait trop souvent défaut à la Coalition avenir Québec (CAQ) depuis le début de son nouveau mandat.
Bousculé par les nouvelles, le premier ministre François Legault enchaîne les décisions intempestives et les reculs incohérents, alimentant sa chute dans les sondages.
Un faux pas n’attend pas l’autre.
François Legault accuse l’opposition de lui lancer de la boue, par pure partisanerie. Mais le gouvernement s’enlise lui-même dans la vase avec le financement politique.
Jeudi, un couple qui a perdu sa fille dans un accident de la route a fait une révélation très choquante. On a exigé qu’il paie 200 $ pour parler quelques minutes à la ministre des Transports Geneviève Guilbault de son combat pleinement justifié1 pour réduire le taux d’alcool au volant à 0,05.
Plus les cas s’additionnent, plus on a le mauvais sentiment que la CAQ avait un modus operandi visant à monnayer l’accès aux ministres, ce qui est interdit.
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE
La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, mercredi
La CAQ a bien tenté de mettre le couvercle sur la marmite, la semaine dernière, en décidant d’arrêter complètement de recevoir des dons privés, tout en demandant aux autres partis de l’imiter.
Voyons donc ! Abolir le financement privé en politique ne peut pas se faire en claquant des doigts, sans autre forme de débat. Et de toute façon, il s’agit d’une fausse bonne idée qui risquerait notamment de freiner l’émergence de nouvelles formations politiques puisque tout le financement viendrait alors du public… qui verse l’argent en fonction du nombre de votes aux dernières élections2.
Si la CAQ voulait donner l’impression de laver plus blanc que blanc, elle a plutôt l’air de vouloir étouffer les critiques et la concurrence.
Décision précipitée. Opération ratée.
Parlons maintenant de publicité politique : la CAQ vient d’opérer un demi-tour en recommençant à s’annoncer sur Facebook et Instagram.
Ah bon ? L’été dernier, la CAQ avait pourtant varlopé Québec solidaire et le Parti libéral du Québec qui n’avaient pas embarqué dans le mouvement de boycottage afin de protester contre la décision de Meta de bloquer les nouvelles canadiennes de ses plateformes.
Difficile de justifier le douteux demi-tour de la CAQ. Dans les médias, la série noire se poursuit. BCE a annoncé jeudi de nouvelles compressions qui s’ajoutent à celles de TVA, des Coops de l’information, de Metro Média…
Au-delà des licenciements, si tristes soient-ils, c’est notre culture et notre démocratie qui sont en jeu. C’est l’information, essentielle aux régions, qui est écrasée par les géants étrangers, qui accaparent les revenus publicitaires sans contribuer à notre société.
À quand le plan promis par le ministre de la Culture et des Communications Mathieu Lacombe ? Silence radio. On a pourtant besoin d’une vision claire et réfléchie de la part de Québec.
Mais ces temps-ci, on dirait plutôt que la CAQ joue dans la ligue d’impro.
C’est à croire que la CAQ a été tellement sonnée par sa défaite lors de l’élection complémentaire de Jean-Talon, en octobre dernier, qu’elle a perdu le nord.
Lors de la création de la CAQ, François Legault envoyait l’image d’un homme d’affaires, indépendant de fortune, capable de prendre des décisions difficiles pour le bien commun et l’avenir du Québec, sans chercher à s’accrocher au pouvoir.
Mais aujourd’hui, il fait dans le clientélisme politique, comme le démontrent ses surprenants coups de tête (le 3e lien reste le plus bel exemple) et ses décisions malavisées (pensez à la hausse des droits de scolarité des étudiants anglophones, critiquée autant par les universités francophones que par le comité consultatif de la ministre de l’Enseignement supérieur).
En cherchant à plaire à certains, la CAQ finit par déplaire à un grand nombre.
On le voit dans le sondage Léger/Le Journal de Montréal diffusé cette semaine. Le Parti québécois confirme son avance (32 % des appuis), loin devant la CAQ (25 %).
Or, ce transfert du vote nationaliste n’est pas dû à un regain d’appui à la souveraineté, qui stagne à 35 %, mais à la personnalité du chef Paul St-Pierre Plamondon.
En prenant les rênes du PQ, au pire moment de son histoire, PSPP a promis de mettre l’accent sur l’indépendance du Québec, malgré la tiédeur de la population face à l’option souverainiste. Il est resté fidèle à ses convictions durant la campagne électorale.
Plus le PQ se rapprochera du pouvoir, plus il sera aux prises avec son éternel dilemme : parler de la séparation du Québec, quitte à perdre des votes, ou parler des sujets qui préoccupent davantage la population, quitte à décevoir ses partisans.
Mais pour l’instant, la cohérence de PSPP permet au PQ de se démarquer de la CAQ, qui donne trop souvent dans l’improvisation.
En politique, ça ne fait rire personne.
1. Lisez l’éditorial « Dans le champ avec notre 0,08 » 2. Lisez l’éditorial « Le financement politique, en a-t-on vraiment besoin ? »
Désolé de remonter ce sujet des résultats électoraux précis de 2022, mais après quelques revisites, quelques éléments surprenants m’ont sauté aux yeux.
La diversité politique dans la baie des Chaleurs. C’est une région où vivent différentes populations parfois de façon assez hétérogènes, mais le milieu rural favorise quand même l’esprit de communauté. Avec des populations plus anglophones, parfois vieillissantes, le PLQ trouve sa place. La population francophone plus âgée se ressent par la présence de la CAQ, mais je n’arrive pas à comprendre la différence entre ceux qui votent pour la CAQ et ceux qui votent pour le PQ. Il y avait peut-être un enjeu local qui favorisait le PQ près de Maria. Il y aussi une certaine population plus à gauche, artistique et communautaire, représentée par QS. Bref, pour une population relativement petite, cette diversité me parait fascinante. Particulièrement près de New-Carlisle (près du district conservateur), où 4 partis se côtoient !
Ensuite, dans les Laurentides, il y a une anomalie orange, concentrée dans la région de Val-David - Val-Morin - Sainte-Agathe. C’est assez connu qu’il y a, dans cette région, une espèce de bulle hippie. L’ancien slogan de Val-David illustrait parfaitement cette réalité locale : " Un monde à part ". Je pense que de plus en plus, il y a là une population à mi-chemin avec le Plateau. C’est un milieu artistique très vivant, je dirais similaire au Mile End, avec des types de commerces assez particuliers et un réseau communautaire très développé.
C’est devenu un endroit très recherché et très chère, la seule vraie gentrification rurale que je connaisse. Au delà de l’idéologie et des mentalités des gens qui y habitent, c’est une région assez différente du reste des Laurentides, puisque là aussi, l’esprit communautaire est extrêmement fort, mais également car on y retrouve une quantité assez bonne de commerces et de services par rapport à la petite taille de la population et la faible densité.
On voit assez bien la présence anglophone dans le comté de Huntingdon, l’un des derniers fort des anglophones à l’extérieur de Montréal au moment où la population anglophone rurale migrait massivement vers Montréal dans la seconde moitié du 19e siècle.
On voit aussi des secteurs oranges dans les quartiers plus denses (et pour la plupart, plus défavorisés par rapport au reste de leur ville) dans les villes à l’extérieur de Montréal. Ces quartiers sont également plus “urbains” que le reste de leur comté. Pour Rouyn-Noranda, je trouve ça particulièrement choquant, puisque ceux vivant à proximité de la fonderie Horn ont voté davantage pour QS, mais la grande superficie du comté rend cette réalité locale moins importante.
Finalement, quand on regarde l’ensemble du territoire, on se rend compte qu’il existe bien plus de différences régionales que ce que laisse croire la carte des victoires des comtés. Montréal n’est définitivement pas la seule région qui se démarque du reste du Québec et au sein même de la ville, les différences politiques sont extrêmement marquées selon les quartiers, parfois selon les rues.
Pour Val-David—Val-Morin, je crois que ça s’explique par la contestation de la ligne haute-tension. Il y a de la grogne écologique, alors les électeurs se tournent vers QS.
Un peu comme à Rouyn-Noranda en 2018.
C’était pas plutôt à Morin-Heights / Saint-Adolphe-d’Howard? Ça reste que cette contestation date déjà un peu, donc son effet devrait s’être réduit. Il y a certainement une culture locale qui favorise QS.
Val-David a toujours été très artiste, un peu hippie. Ce n’est pas surprenant.
Après, pour QS, la plupart du temps les sections de votes dans les centres urbains hors Montréal et Québec représentent les concentrations d’étudiants autour des universités. C’est pour ça que QS performent bien dans Hull, Rimouski ou Rouyn-Noranda (en partie, ELT est aussi une excellente députée).