Éric Caire était au courant, selon le directeur de SAAQclic, François Legault le défend
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE
Éric Caire, ministre de la Cybersécurité et du Numérique.
(Québec) Visé par de nouvelles allégations à l’effet qu’il était bien informé des déboires du projet SAAQclic, le ministre Éric Caire garde la confiance de François Legault.
Publié à 10 h 00 Mis à jour à 10 h 52

[
Vincent Larin La Presse
](La Presse | Vincent Larin)
[
Fanny Lévesque La Presse
](La Presse | Fanny Lévesque)
Dans une entrevue accordée au Devoir mercredi, l’ancien directeur du programme CASA, Karl Malenfant, un acteur central dans le rapport explosif de la vérificatrice générale (VG), affirme avoir rencontré le ministre de la Cybersécurité à plusieurs reprises pour l’informer notamment des dépassements de coûts.
« Je lui ai fait de la reddition de comptes : tout n’était pas toujours vert », indique le vice-président de la SAAQ aujourd’hui retraité. Ce que n’a pas nié le ministre Éric Caire, mercredi matin, tout en affirmant que l’information que lui remettait alors Karl Malenfant était erronée comme le démontre, selon lui, l’audit de la VG.
« Les rapports qu’il nous faisait, c’était des rapports que tout allait bien », s’est-il défendu.
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE
François Legault
Une défense semblable à celle présentée la veille par le premier ministre François Legault qui répétait que la VG était « arrivée à la conclusion que le gouvernement avait mal été informé ».
Or, Guylaine Leclerc a beau avoir confirmé, dans son rapport, que le PDG et le C. A. de la SAAQ s’étaient fait remettre de l’information « non complète ou erronée », elle ne statue pas sur ce que les ministres savaient des problèmes de la société d’État.
François Legault répand donc de l’information « inexacte », a déploré le chef de l’opposition officielle, Marc Tanguay, mercredi. « Il ne peut plus plaider cette excuse. »
L’opposition maintient la pression
Le Parti libéral du Québec va jusqu’à demander la démission des ministres François Bonnardel, Geneviève Guilbault et Éric Caire. Selon le chef intérimaire, les trois élus n’ont plus la légitimité d’agir comme ministre.
« S’ils n’assument pas leurs responsabilités ministérielles, la conséquence, c’est qu’ils quittent, clairement », a lancé Marc Tanguay. « De un, leur version n’est pas crédible, on n’a jamais rien su, on nous a cachés… C’est comme s’ils étaient absents. À quelle heure ils commencent à être responsables ? De deux, ils cachent la vérité. Puis quand je dis ça, c’est un fait, caviarder, c’est cacher la vérité », a-t-il ajouté.
Les libéraux réclament au gouvernement de rendre publics des extraits de procès-verbaux du conseil d’administration de la SAAQ qui ont été largement caviardés en réponse à une demande d’accès à l’information.
Pour Québec solidaire, le ministre Éric Caire doit aussi être démis de ses fonctions. « Il faut rentrer dans le fond des choses […] Éric Caire ferait bien de partir, il est d’une incompétence terrible, il pourrait au moins commencer par une commission d’enquête ça lui permettrait d’être utile pour quelque chose », a décoché le député Haroun Bouazzi.
Selon le Parti québécois, le témoignage de M. Malenfant donne une raison de plus pour tenir une commission d’enquête publique.
« Ce qu’on croyait comprendre, c’est qu’Éric Caire n’avait jamais été en contact avec quiconque dans ce dossier-là. Là, on apprend qu’ils se sont parlé, ils se sont rencontrés. Quelle a été la nature des rencontres, la fréquence ? Quelle est l’information qui a été partagée avec Éric Caire pour qu’aujourd’hui il se lave les mains de l’ensemble de l’œuvre ? » a lancé Joël Arseneau.