Dans le Devoir aujourd’hui
Place Angrignon pourrait changer de vocation
Adil Boukind Le Devoir L’entreprise ne désire pas commenter l’initiative ni détailler ce qu’elle compte faire des immeubles existants.
Ulysse Bergeron
20 novembre 2021
Le Groupe Westcliff veut transformer Place Angrignon en un « projet résidentiel mixte » où cohabiteraient commerces de proximité et résidents. L’entreprise ne désire pas commenter l’initiative ni détailler ce qu’elle compte faire des immeubles existants.
Westcliff, propriétaire d’une vingtaine de centres commerciaux, dont Place Angrignon et Carrefour Angrignon, vient d’inscrire l’une de ses filiales au Registre des lobbyistes du Québec.
L’entreprise veut convaincre la Ville de Montréal de modifier la réglementation d’urbanisme actuelle pour réaliser ce qu’elle présente comme « un projet résidentiel mixte commercial ».
Environ 1600 logements — dont des « condos et des appartements locatifs » — cohabiteraient avec des commerces de proximité.
Les modifications demandées « visent à permettre l’augmentation de la hauteur et de la densité autorisée », peut-on lire dans le registre. L’entreprise demande de faire passer la hauteur autorisée de 6 à 16 étages, ce qui permettrait d’augmenter le coefficient d’occupation.
Westcliff ne désire pour le moment pas commenter la démarche ni détailler ce qu’il compte faire des immeubles qui se trouvent sur le terrain.
La seconde vie des centres commerciaux
Place Angrignon est une plaza à aire ouverte qui compte huit locataires, dont un Toys“R”Us.
Or, sa visibilité et son achalandage, elle les doit principalement à Carrefour Angrignon, qui se trouve à côté. Ce dernier, l’un des principaux centres commerciaux de la région de Montréal, réunit plus de 200 détaillants sur une superficie de 1,5 million de pieds carrés.
Dans les dernières semaines, des démarches similaires ont été entamées par des propriétaires de centres commerciaux.
En octobre, Place Versailles a entamé des démarches similaires auprès de la Ville de Montréal pour transformer le centre commercial en « un projet immobilier mixte » où cohabiteraient commerces, espaces de bureaux et résidences : condominiums, appartements locatifs et logements sociaux.
En octobre, la montréalaise Canderel annonçait vouloir racheter des actifs de Cominar pour 2,2 milliards de dollars.
Au sujet des centres commerciaux dont elle deviendrait propriétaire — Mail Champlain, Centre Rockland, Centre Laval, Centropolis, etc. —, le chef de la direction de l’entreprise, Brett Miller, disait au Devoir : « Il faudra certainement changer l’utilisation de parties de ces immeubles en fonction des besoins des communautés qui se trouvent autour. »
Une voie qui passe également par la réalisation de projets qui intègrent commerces et résidences.
La volonté des propriétaires de centres commerciaux d’insuffler un second souffle à leur établissement s’inscrit « dans une tendance de fond qu’on observe depuis plusieurs années », rappelle Jean-François Grenier, directeur principal au Groupe Altus.
L’objectif est double : maximiser l’espace et aller chercher des revenus additionnels. Concernant les revenus additionnels, Jean-François Grenier avance que différentes stratégies peuvent être privilégiées : « Si ce sont des condos que l’on construit, on vend des droits aériens et ça rapporte sur le coup. Si ce sont des appartements locatifs que l’on construit, l’entreprise est alors de facto un investisseur qui va tirer des revenus qui vont s’étaler dans le temps. »
Dans certains cas, la construction de logements peut également servir à créer de l’achalandage. « Mais dans le cas de Westcliff et de Place Angrignon, le nombre de logements [1600] ne deviendra pas le principal moteur d’achalandage pour un centre comme Carrefour Angrignon », fait-il remarquer.
En effet, Carrefour Angrignon dessert des secteurs — LaSalle, L’Île-des-Sœurs, Montréal, Lachine, Montréal-Ouest, Notre-Dame-de-Grâce, Côte-Saint-Luc, voire Dorval et Châteauguay — dont les populations totalisent près de 612 000 personnes.