Annulation du Grand Prix du Canada Les gouvernements paieront 25,5 millions en 2030 et 2031
PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE
Québec, Ottawa et Montréal ont annoncé officiellement mercredi matin l’annulation du Grand Prix du Canada de Formule 1 en 2021 pour des raisons sanitaires.
(Montréal et Québec) Les gouvernements paieront en moyenne 25,5 millions par an à la F1 pour avoir le droit de présenter le Grand Prix du Canada en 2030 et en 2031.
Publié le 28 avril 2021 à 11h47 Mis à jour à 12h05
Vincent Brousseau-Pouliot
La Presse
Tommy Chouinard
La Presse
Québec, Ottawa et Montréal ont annoncé officiellement mercredi matin l’annulation du Grand Prix du Canada de Formule 1 en 2021 pour des raisons sanitaires. Les gouvernements et la F1 ont aussi convenu de reporter les deux années perdues par la pandémie (2020 et 2021) à la fin du contrat actuel, qui se terminait originalement en 2029, tel que rapporté mercredi matin par La Presse.
Quatre ministres, dont la ministre fédérale du Développement économique Mélanie Joly et le ministre de l’Économie du Québec Pierre Fitzgibbon, ainsi que la mairesse de Montréal Valérie Plante ont fait l’annonce lors d’une conférence de presse virtuelle mercredi matin.
En 2030, les gouvernements paieront 25 millions à la F1 (Liberty Media) pour avoir le droit de présenter la course. En 2031, ce sera 26 millions. Il s’agit d’une hausse des subventions annuelles versées à la F1 d’environ cinq millions par an par rapport au contrat précédent.
De 2015 à 2024, les gouvernements paient en moyenne 18,7 millions par an à la F1. De 2025 à 2029, il était déjà prévu (depuis une prolongation du contrat en 2017) que le montant annuel de subventions passerait en moyenne à 19,7 millions par an durant cette période.
De 2029 à 2030, le montant versé à la F1 passera donc de 19,7 millions à 25 millions. Il s’agit d’une hausse de 27 % sur le contrat précédent (+5,3 millions par an). En 2031, il y aura une hausse additionnelle de 4 % (+1 million) par rapport à 2030.
Cette hausse de 27 % des subventions à la F1 est beaucoup plus importante que la hausse du dernier renouvellement pour 2025-29, alors que la hausse avait plutôt été de 5 % (+1,0 million).
Cette hausse à 25 millions puis à 26 millions par an servira en pratique de plancher aux négociations avec la F1 quand les parties voudront renouveler leur entente au-delà de 2031.
Ottawa, Québec et Montréal (la Ville de Montréal et Tourisme Montréal par le biais d’une taxe sur l’hébergement) paient généralement les subventions à la F1 à parts égales.
« C’est tout le Québec qui en ressortira gagnant », dit Fitzgibbon
Les gouvernements Trudeau et Legault estiment qu’il s’agit d’une bonne entente.
« Le Grand Prix du Canada génère des retombées économiques importantes, et il fallait assurer son retour l’an prochain et sa pérennité à long terme. Nous sommes arrivés à une bonne entente, et c’est tout le Québec qui en ressortira gagnant », a déclaré le ministre de l’Économie du Québec Pierre Fitzgibbon, par voie de communiqué.
« L’engagement que prend notre gouvernement aujourd’hui en renouvelant son soutien à la tenue du Grand Prix du Canada pour deux années supplémentaires témoigne de l’importance que nous accordons au rôle du tourisme dans la relance économique du pays », a indiqué la ministre fédérale du Développement économique Mélanie Joly, par voie de communiqué.
La mairesse de Montréal Valérie Plante et le promoteur local du Grand Prix, le Groupe de course Octane, se sont réjouis de la prolongation de contrat jusqu’en 2031.
« Bien sûr, on aurait souhaité que le Grand Prix puisse se dérouler cette année. Mais la bonne nouvelle, c’est que Montréal ne perdra pas les Grands Prix de 2020 et de 2021, puisque nous les reportons à la fin de l’entente, soit en 2030 et en 2031 », a souligné Valérie Plante par voie de communiqué.
« Bien qu’il soit difficile et décevant de faire face à une telle conclusion une deuxième année de suite, la santé et la sécurité des Montréalais, des Québécois et des Canadiens sont et resteront toujours la priorité. Je souhaite souligner la collaboration des autorités de santé publique, gouvernementales et municipales au cours des derniers mois et je me réjouis de la nouvelle confirmant aujourd’hui la prolongation de l’entente avec la Formule 1 jusqu’en 2031 », a affirmé François Dumontier, président et chef de la direction du Groupe de course Octane, le promoteur local du Grand Prix du Canada, par voie de communiqué.
Retombées fiscales de 8,1 millions, retombées économiques de 42,2 millions
Dans une année normale – sans pandémie, avec des spectateurs –, le Grand Prix du Canada génère des retombées fiscales de 8,1 millions par an pour les gouvernements (5,7 millions à Québec, 2,4 millions à Ottawa).
L’évènement, qui attire 92 273 spectateurs (dont 52 % qui sont des touristes de l’extérieur du Québec), a généré des retombées économiques de 42,4 millions en 2015, selon une étude réalisée conjointement par Québec, Montréal et le Groupe de course Octane. Cette étude se base sur les chiffres de l’édition 2015. Il s’agit de la dernière étude révélée publiquement.
5,5 millions de dollars aussi pour la promotion
En plus des subventions à la F1 (Liberty Media), Québec et Ottawa dépenseront jusqu’à 5,5 millions de dollars « dans la promotion auprès des amateurs de F1, qui engendrons des retombées majeures pour les commerces et l’économie de Montréal ». Le communiqué de presse diffusé par les différents paliers de gouvernement ne précise toutefois pas comment sera dépensé ce montant de 5,5 millions.
La F1 a hâte de revenir en 2022
La F1 dit avoir hâte de revenir à Montréal en 2022. « Il est décevant pour nous de ne pas pouvoir être au Canada cette année, mais nous avons déjà hâte d’y retourner l’an prochain. Le Canada est une étape fantastique de notre saison. On y trouve des adeptes formidables et un circuit propice à des courses captivantes. Nous serons de retour en 2022 pour offrir des moments des plus palpitants à Montréal », a indiqué Stefano Domenicali, PDG de la F1, par voie de communiqué.
La F1 a annoncé mercredi qu’elle va déménager pour cette année la course prévue à Montréal du 11 au 13 juin à Istanbul, en Turquie.
Avis divergents de l’opposition à Québec
« C’est malheureux » que le Grand Prix soit annulé, « mais honnêtement, la priorité en ce moment c’est encore la situation sanitaire et ça demeure de se sortir de cette crise-là », a réagi le député et leader parlementaire du Parti libéral du Québec, André Fortin.
Selon lui, « il ne faut pas sous-estimer l’impact » de cet évènement en termes de retombées pour Montréal et le Québec. C’est pourquoi une aide financière supplémentaire du gouvernement du Québec peut être justifiée à ses yeux afin d’assurer l’avenir du Grand Prix dans la métropole. Québec doit toutefois présenter une analyse comparative de la valeur de ces investissements par rapport aux retombées économiques de l’évènement et des garanties obtenues quant au maintien de la course à Montréal, a-t-il ajouté juste avant l’annonce des gouvernements.
De son côté, le chef parlementaire du Parti québécois, Pascal Bérubé, estime que le Grand Prix « mérite la considération que le gouvernement lui accorde en ce moment ». Il avait négocié l’entente avec la F1 en 2013, à titre de ministre du Tourisme sous le gouvernement Marois. Québec avait alors payé pour des nouveaux paddocks et un hôpital de piste, entre autres, afin de préserver la course dans la métropole.
« C’est un évènement hors-norme qui a des retombées extraordinaires pour le Québec en termes de visibilité, en termes de nuitée, de restauration. On peut bien avoir un jugement sur l’industrie automobile et parfois les dépassements nocturnes là, mais ça rapporte beaucoup. On a déjà fait l’analyse d’opportunité, et c’est un évènement qu’on aurait de la difficulté à remplacer », a-t-il soutenu.
Pascal Bérubé rappelle que le promoteur local, François Dumontier, n’a plus de revenus depuis deux ans en raison des annulations de l’évènement causées par la pandémie. Il se demande si l’aide supplémentaire lui permettra de « se maintenir à flot ». « La crainte que j’ai, c’est qu’en 2022, le Grand Prix ne revienne pas et que ça aille en Turquie, par exemple », a-t-il dit, rappelant que tout est une question d’argent dans cette industrie.
Pour Québec solidaire, annuler l’édition 2021 du Grand Prix était « la chose à faire », surtout qu’« on n’a pas encore gagné la lutte contre le virus encore ». Mais contrairement aux autres partis, il s’oppose à toute aide gouvernementale pour cet évènement. « On considère que cette industrie devrait avoir zéro argent public », a lancé sa co-porte-parole Manon Massé. « Ce sont des évènement qui, premièrement sont extrêmement polluants et qui, deuxièmement, font en sorte que l’argent public est investi là où il n’y a pas besoin d’argent public. »
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